Le docteur Joseph Souberbielle, chirurgien au Tribunal révolutionnaire et juré au procès de Marie-Antoinette

Joseph Souberbielle, né le 18 mars 1754 à Pontacq dans les Pyrénées-Atlantiques et décédé le 11 juillet 1846 à Paris, était un médecin français. Proche de Robespierre, il fut, en 1793, juré au tribunal révolutionnaire, qui condamna, parmi beaucoup d'autres, Marie-Antoinette.
Il fut également l'un des jurés lors de la première audience du procès de Georges Danton et des dantonistes.



Chirurgien à Paris, Souberbielle fut un des plus zélés détracteurs de la méthode inventée par le frère Côme en 1779 pour l'opération de la pierre ; il se montra en conséquence fort opposé à la lithotritie inventée par le docteur Civiale (source : wikipedia).

Souberbielle, en chirurgien de la gendarmerie impériale de Paris :



En tant que médecin, Souberbielle était chargé de vérifier, pour le compte du Tribunal révolutionnaire, si les femmes qui invoquaient un état de grossesse afin de tenter de retarder leur procès ou échapper à la guillotine, étaient réellement enceintes. G. Lenôtre rapporte que Souberbielle "restait sourd à leurs supplications. Ses procès verbaux ont été conservés : les deux diagnostics qu'il eut à porter sont implacables. Ils concernent une couturière, la dame Drieux, et la dame Kolly, épouse d'un fermier général."

Souberbielle a demandé à plusieurs reprises, son admission à la Légion d'honneur, sans succès. Il l'a demandé la première fois en 1808, alors qu'il était chirurgien-major de la garde nationale parisienne et médecin de diverses associations charitables et disposait déjà d'une certaine réputation comme "opérateur de la pierre". Après cette date, son nom ne figure plus dans la liste des médecins, ni dans celle des chirurgiens publiées par le premier almanach impérial de l'an XIII; même absence dans celui de 1811, ce qui conduit à s'interroger sur le point de savoir si la faculté l'aurait éliminé du nombre de ses membres (?).

A la Restauration, il "dut renoncer à tous ses emplois" nous dit G. Lenôtre. Après 1830, il reparut, et présenta même au roi Louis-Philippe Ier, une députation des vainqueurs de la Bastille (Souberbielle avait participé à la prise de la Bastille), au nom desquels il prononça un discours au cours duquel il dit "Sire, nous formons les voeux les plus sincères pour la conservation de votre personne inviolable et sacrée... Nous souhaitons que votre auguste famille vive éternellement...".    Beau retournement de veste ! Tout en recevant avec bienveillance la députation des vainqueurs de la Bastille, Louis-Philippe Ier s'abstint d'un mot aimable à l'adresse de Souberbielle qui, 40 ans plus tôt avait envoyé son père (Philippe Egalité) à l'échafaud !

Il vécut ses dernières années "presque invisible", au premier étage d'une maison de la rue Birague, dans un logement qui présentait l'aspect d'un véritable capharnaüm (source: G. Lenôtre).

Voici une photo de Souberbielle à la fin de sa vie :



Pour info, la photographie a été inventée en 1839...

Non seulement il n'a jamais eu aucun scrupules à envoyer des tas de gens à la guillotine mais ce type n'a en plus cessé de courir derrière les honneurs. Quand on voit ses portraits, on sent le gars persuadé d'avoir été un grand homme, un héros pour la France... boudoi29

Cet individu ne m'inspire qu'un mépris aussi grand que sa courses aux honneurs...c'est dire !

Bien à vous.

Il a un air faux sur les deux portraits , un sourire de Judas.

Dans son livre Juger la reine, Emmanuel de Waresquiel écrit des informations complémentaires intéressantes au sujet de Souberbielle...

Je le cite (extraits) :

Un seul des 15 jurés, Joseph Souberbielle, l'un des médecins de la Conciergerie et tout à la fois le médecin personnel de Robespierre, tente de se récuser.
Il ne peut siéger, plaide-t-il, puisqu'il a soigné l'accusée dans sa prison et a eu des contacts personnels avec elle.
Mais Souberbielle est un franc républicain. On a besoin de lui dans le jury.

"Si quelqu'un avait à te récuser, aurait dit le président Herman, ce serait l'accusation, car tu aurais pu être touché par la grandeur de son infortune."
Souberbielle siègera, ne sera touché par rien et votera comme les autres.

Et plus loin, au sujet de ses liens avec Robespierre :

On l'a vu, Souberbielle est son médecin personnel. C'est un habitué de la maison Duplay. Robespierre le consulte régulièrement et se fait soigner par lui de ses ulcères.

Enfin, en complément de ce que nous avions noté au début de ce sujet :

Celui-là traverse tous les régimes, protégé par son incontestable réputation de chirurgien.
Il est nommé à la tête du service de santé de l'Ecole de Mars (l'ancienne école militaire), puis chirurgien de la gendarmerie de Paris sous l'Empire.
En 1814, au retour des Bourbons, il ne cherche même pas à s'esquiver et se présente sans façon aux Tuileries devant le roi avec tout l'état-major de la gendarmerie.
A son nom, la duchesse d'Angoulême, la seule survivante du Temple, se serait évanouie.
(...)

Il finit par mourir, de guerre lasse, rue Royale (ce qui ne s'invente pas) à Paris en 1846, à plus de 90 ans.
Il est de ceux, mais ils sont rares, que la Révolution a conservés.

François Gérard a fait son portrait en 1819. Je lui trouve le regard intelligent, l'air bon et avenant d'un grand bourgeois en redingote noire et cravate blanche nouée très haut autour de son cou.


François Pascal Simon Gérard
Portrait du Docteur Souberbielle - 1819
Photo (C) RMN-Grand Palais / Benoît Touchard

Souvent, les visages ne disent rien de la violence des hommes.
Souberbielle est le seul membre du jury de Marie-Antoinette dont on ait conservé un daguerréotype, sans doute pris peu avant sa mort par le photographe Trinquart. (déjà illustré dans l'un de nos précédents messages)
(...)

L'un de ses jeunes amis, le docteur Poumiès, dit qu'il était resté jusqu'au bout fidèle à ses convictions républicaines et à son amitié pour Robespierre.
Il conservait chez lui une pierre de l'ancienne prison royale enchâssée dans une caisse en acajou couronnée d'un bonnet phrygien.
Il est le dernier témoin. Pas forcement le plus représentatif.
Quand il disparaît, la reine est morte depuis cinquante-trois ans !

Souberbielle serait à l'origine d'un régime à base de ce bouillon de poulet pour faire tenir la Reine qui était fortement affaiblie, et qu'elle puisse durer jusqu'au procès... fervent révolutionnaire, il aurait pourtant été touché par les conditions de vie de la Reine à la conciergerie et lui rendait régulièrement visite.
Il aurait cherché à se faire récuser comme juré et même à "apitoyer" le jury...


sur tumblr.com :

“Souberbielle m’a dit aussi: ‘Pendant le procès de Danton, avec lequel j’étais très lié, je n’osais le regarder. J’étais décidé à le condamner, car j’avais la preuve certaine qu’il méditait le renversement de la République, dont il était l’ennemi implacable. Au contraire, j’aurais donné ma vie pour sauver Robespierre, que j’aimais comme un frère. Personne ne sait mieux que moi combien son dévouement à la République était sincère, désintéressé, absolu. Il a été le bouc émissaire de la Révolution ; mais il valait mieux qu’eux tous.’”


Entretien avec le docteur Souberbielle tiré des "Souvenirs du docteur Poumiès de la Siboutie", dont des extraits sont publiés dans Hippolyte Buffenoir, "Les Portraits de Robespierre", Appendice X, p. 182.

Nous avons aussi cet autre sujet où Souberbielle apparaît comme médecin de la reine prisonnière :      https://marie-antoinette.forumactif.org/t2503-marie-antoinette-borgne-selon-le-dr-soubervielle?highlight=borgne

En 1814, au retour des Bourbons, Souberbielle ne cherche même pas à s'esquiver ...   comme le relate E. de Waresquiel ( via la nuit, la neige ) ci-dessus .   Mais en 1830, quand Louis-Philippe prend le pouvoir après les journées de Juillet, il est de nouveau aux Tuileries à la tête d'une députation des Vainqueurs de la Bastille. Il avait pourtant envoyé Philippe Égalité, le père du nouveau roi, à la guillotine !
Vraiment le gars qui ne doute de rien !  

Il ne parviendra pourtant jamais à entrer à l'Académie royale de Médecine .
Il professa toute sa vie une indéfectible fidélité à Robespierre, et survécut cinquante-trois ans à Marie-Antoinette ...

On m'a: montré, dans mon enfance, celui qu'on appelait le chirurgien de Robespierre, ce docteur Souberbielle, qui allait de grand matin, chez les Duplay, panser les ulcères variqueux de son client ( Robespierre ) . - Attaché au service médical du tribunal révolutionnaire, quand une femme condamnée à mort se disait enceinte, dans l'espoir d'un sursis, il ne manquait jamais de déclarer que la grossesse était simulée, pour l'envoyer plus vite à l'échafaud . .."....

Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3141-les-femmes-enceintes-devant-le-tribunal-revolutionnaire?highlight=femmes

Celui-là aussi proclamait la bonté d'âme de « l'ami Robespierre », et il en donnait pour preuve: que, l'un des partisans du grand homme, accusant l'échafaud de mollesse et de torpeur - le grand homme, indigné, avait livré au bourreau ce buveur de sang: - qui n'était autre que le général Henriot! ! !
Voilà un témoin bien renseigné et digne de foi!

STEFANE-POL
Autour de Robespierre

http://docnum.univ-lorraine.fr/pulsar/RCR_543952103_Zs706.pdf

Encore un ignoble !   

Pour le procès de la Reine, Souberbielle aurait cherché à se récuser. Herman à Souberbielle, à propos de Marie-Antoinette :
".....car tu aurais pu être touché par la grandeur de Son infortune. "
Ah quand même !
Mais ça n'a rien changé pour l'intéressée.
Que d'amitiés absolues à suscitées Robespierre ! Le peintre Chatelet, Saint-Just, Souberbielle....
A propos de médecins et de Robespierre, je remarque que ces hommes proprets, ont souvent des mains souillées de sang. Exemple : Robespierre, Guillotin, Napoléon !
Citations : "Le Dr Guillotin avait porté son amour de la propreté corporelle à un degré tél qu'il la considérait comme LA BASE DE LA VIE SOCIALE. Lui même se lavait sans cesse les mains à l'eau chaude salée, surtout après chaque consultation". (Là, franchement, il me fait penser à l'instigatrice meurtrière Lady Macbeth qui se frotte sans cesse les mains pour en effacer le sang de son Roi, que "Tous les parfum de l'Arabie ne sauraient faire partir..."). Guillotin à détesté Napoléon encore plus efficace que lui. Citation : "Il ne lui reconnaissait (à Napoléon) qu'une seule qualité, la propreté. Cet homme a beaucoup de défauts, mais il se lave. Il a compris l'importance des soins corp, c'est pourquoi il se frotte d'eau de Cologne avec tant de soin. ()chéri va....orels

Il a compris l'importance des soins corporels, c'est pourquoi il se frotte d'eau de Cologne avec tant de soin". (Chéri, va !).
Ces citations sont tirées des essais : DE MA FENÊTRE. Friedrich Sieburg. 1943, Éd. de la Toison d'or, Bruxelles et Paris. Ce monsieur, écrivain, officier, étant alors en Occupation à Paris. Il n'a pas précisé si Hitler était aussi très propre...

La propreté est une règle de vie essentielle.
Elle peut aussi être un T.O.C. , trouble obsessionnel compulsif .
( trouble psychique caractérisé par l'apparition répétée de pensées intrusives . Merci Wiki )

Je suis étonnée de lire que Napoléon était un homme propre, lui qui écrivait à Marie-Louise : " Ne vous lavez plus, j'arrive ! "
A moins que ce mot célèbre soit une blagounette ?

Je trouve hallucinant que soit parvenu jusqu’à nous un daguerréotype ( donc une quasi photo ), d’un homme qui avait un an de plus que la Reine...
On a 2 photos de Louis Philippe, un daguerréotype de Marie Louise, un de la Duchesse de Berry. Je ne désespère toujours pas d’en retrouver un de la Duchesse d’Angoulême un jour...

Ces mains, qui ont donc prodigué des soins à la Reine dans son cachot, ces mêmes mains qui se sont aussi levées pour la condamner à mort, lors du procès :

C'était à main levée ? En présence de la condamnée ? Pourtant toutes ces gravures sur votre forum, sur E Bay, parfois d'origine anglaise, montrent la lecture du verdict à la Reine, assise ? Pourquoi, pour son exécution, lui ont-ils refusé la robe noire de veuve ?

A main levée (comme pour le Roi), à peu près certain, mais vérifiez dans Waresquiel.
En fait, le délibéré s’est fait en l’absence de la Reine, qu’on avait fait sortir. Elle n’apprend en effet le verdict qu’ensuite, de la bouche du président Hermann.

Vicq d Azir a écrit:Je trouve hallucinant que soit parvenu jusqu’à nous un daguerréotype ( donc une quasi photo ), d’un homme qui avait un an de plus que la Reine...

Oui, c'est fou ...

Merci pour ces photos, la dernière de quel film ? A ces vilaines grosses mains de médecin qui n'auraient jamais dû donner la mort, je préfère le Révolutionnaire (sans doute) qui a prêté son bras gauche à une femme affaiblie, EN ÔTANT SON CHAPEAU ET EN LE TENANT BAS DE LA MAIN DROITE. Quel beau geste. Il a eu des ennuis, non ?

C'était Souberbielle ?

Non, je crois que c’était plutôt un gendarme, ou un garde: l’officier Debusnes, je crois me souvenir...
Oui cela lui a valu quelques ennuis, je crois, mais pas la mort. Il s’en est sorti en disant que son devoir était de conserver l’accusée en vie jusqu’à son juste châtiment (ou quelque chose comme ça...). Mais il doit bien apparaître quelque part sur le forum ?
Il avait fait trois choses toutes simples, mais risquées à l’époque :
- Retiré son chapeau pour conduire la prisonnière de son cachot, au rez-de-chaussée, à la Grande Salle du tribunal, à l’étage, en empruntant un escalier en colimaçon, obscur et très raide..
- Sur le retour, après le verdict, lui avoir passé un verre d’eau...
- Sur ce trajet, prêté son bras, après qu’elle se soit plainte « qu’elle avait peine à se conduire » ....

Quant à la photo: le Marie Antoinette de 55, avec Michèle Morgan. Cette fois, ils l’ont mise avec sa robe noire...

Merci, honneur à lui. Bien sûr, sa réponse est un petit mensonge.

Bonjour

Je me permets de vous dire que Souberbielle savait ce dont souffrait Marie Antoinette, Il mettait au courant à l Incorruptible sur sa santé. Elle souffrait d'un certain cancer de l'utérus.

C'est en effet très probable, Marie-Antoinette perdait beaucoup de sang.

Bonjour, Eléonore, soyez la bienvenue parmi nous .

Mémoire d'une prescription de "médicaments" pour la "veuve Capet" en septembre 1793. Histoire de la faire tenir debout...jusqu'au bout.
Source AN.



- Deux flacons garnis de leur étui de sel volatile de vinaigre dont un à l'estragon
- Une potion calmante composée avec de l'au de tilleul, de fleur d'oranger, sirop de capillaire et de liqueur d'Hofman dans un flacon bouché
- Un bouillon rafraichissant et calmant fait au bain marie fait avec maigre de veau, chair de poulet et plantes diverses
- Le bouillon réitéré
- Plus la potion ci-dessus réitéré

Bonjour Mme de Sabran, je vous remercie de m'avoir accueillie dans ce forum sympathique!
Oui c est très triste ce dont la Reine souffrait.... Sa fin fut atroce.... :/

Marie-Jeanne, bonjour  Quel trésor vous avez trouvé en ce qui concerne la prescription si longue pour le soin de la santé de la Reine! Je n avais jamais vu ceci, ni dans les livres d Histoire ou autres! Merci de nous faire savoir sur ceci!