Bachaumont : Les mémoires secrets
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Bachaumont : Les mémoires secrets
Comte d'Hézècques a écrit:Ah ce Bachaumont, derrière qui se cachent peut-être plusieurs observateurs zelésMme de Sabran a écrit:Il s'est trouvé ainsi debout seul, lorsque S.M. a paru. Elle s'en est aperçue, et sans égard au cérémonial, si essentiel à Versailles, a ordonné qu'on donnât à M. Poinçot un siège, ce qui fit gémir les courtisans rigides attachés aux formes.
Et voilà que la reine offusque encore ces courtisans pour qui le droit au tabouret fut une question de vie ou de mort :
Eh bien, justement en parlant de Bachaumont :n,,;::::!!!: , vois donc :
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Les tefticules... Cela a du faire mal :
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Certes ! Mieux vaut ne pas tefter ...
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
J'ai toujours cru comprendre que ces mémoires étaient sujets à la plus grande prudence, rapportant non pas des faits observés, comme le font des mémoires, mais des ragots.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
En l'occurrence, nous avons tout lieu de l'espérer ! àè-è\':
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Et comme aujourd'hui, on s'en délecte : boudoi26
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Voilà ! Il faut en prendre et en laisser .
Mais cela en dit long sur l'état d'esprit général ( même s'il se fourvoie ) car ces informations sont recueillies avec gourmandise dans le public.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Tout à fait !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Cela par le plus du lectorat que du sujet en lui même !!
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Mais vu que l'auteur décrit/les auteurs décrivent si bien les scènes, comme s'ils y ont assisté, ne serait-ce pas des gens malveillants de la Cour qui se cachent derrière le pseudonyme de Bachaumont, en exagérant les faits ?
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Ragots à l'extérieur ou diffamation de l'intérieur, leur but et leur véracité sont les mêmes !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Ce que je trouve dommage c'est que beaucoup d'auteurs aient cité ces Mémoires dans leurs livres d'histoire ou leurs biographies comme une source fiable boudoi29
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
C'est vrai, tu as raison . Et portant force est de constater que les mémoires eux-mêmes, des divers contemporains, ainsi que leurs souvenirs ou journaux intimes, peuvent également être suspects de subjectivité ou tout simplement d'erreur.
C'est pourquoi souvent nos sources sur un même objet sont contradictoires .
Comment s'y retrouver et démêler le vrai du faux ?
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Reinette a écrit:C'est un peu le Voici de l'époque.
Je pense que c'est encore pire, mais c'est plaisant à lire, à ne pas prendre pour argent comptant. Il n'est a mon sens pas possible de s'appuyer dessus.
Invité- Invité
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Quand l'esprit de réformes s'attaque aussi aux tefticules :
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Les MEMOIRES SECRETS
La collection du "BACHAUMONT" qui a été écrite par plusieurs rapporteurs de cancans est importante
mais il existe un petit livre qui ne comporte que les ragots et textes sur la famille royale , la Reine et le Roi.
on peut le trouver en édition XIX° et c'est le livre à posséder car il centralise l'ensemble des sujets intéressants.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
désolée de ne pouvoir mettre le titre à cause de SERVING.
mais il existe un petit livre qui ne comporte que les ragots et textes sur la famille royale , la Reine et le Roi.
on peut le trouver en édition XIX° et c'est le livre à posséder car il centralise l'ensemble des sujets intéressants.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
désolée de ne pouvoir mettre le titre à cause de SERVING.
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
Joseph Xaupi (1688-1778)
Joseph-Jean-François-Raymond Xaupi naquit à Perpignan, le 16 mars 1688. Il fut tenu sur les fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Jean, par l'Intendant du Roussillon, Raymond de Trobat, et par sa marraine la comtesse de Mosset, Raphaëlle de Cruilles et d'Aguilar.
Entré de bonne heure dans les ordres, il étudia la théologie dans l'Université de Paris, où il reçut le doctorat de cette faculté. Le 11 avril 1705, alors qu'il n'était point encore oint de l'huile sainte de la prêtrise, il fut pourvu par le roi de la riche commende de Saint-André de Jau, abbaye cistercienne située sur le versant de la montagne de Mosset.
Le jeune docteur en Sorbonne fut choisi par les autorités religieuses et civiles de la province, pour prononcer dans l'église cathédrale de Saint-Jean de Perpignan, l'Oraison funèbre de Louis XIV, à l'occasion du service qui fut célébré le 20 décembre 1715, pour le repos de l'âme de ce prince.
Le 13 février 1716, il devint chanoine de la cathédrale d'Elne, et archidiacre du Vallespir, le 11 juillet 1724.
Xaupi avait fixé à Paris sa résidence habituelle. Grâce à des talents naturels qu'activait un travail constant et opiniâtre, grâce aux ressources pécuniaires dont il disposait, l'abbé de Jau put consacrer ses loisirs à la culture des belles-lettres.
Ses douces vertus, sa bienfaisance, la sûreté de son commerce, le rendirent cher à ses nombreux amis, surtout à Mme Doublet de Bersan.
C'est en tant que membre du cercle littéraire présidé par cette dame savante qu'il collabora aux Nouvelles à la main ; cette publication a depuis donné naissance aux Mémoires de Bachaumont, en 30 volumes.
( l'abbé Capeille )
Troisième enfant de Marguerite le Roux et de François Legendre, fermier général, Marie Anne Legendre manifesta de bonne heure beaucoup de goût pour les belles-lettres et les arts : elle maniait habilement le burin.
Devenue, en 1698 l’épouse de Louis Doublet, intendant du commerce, secrétaire des commandements de Monsieur, frère de Louis XIV, puis du Régent, elle usa de sa fortune pour satisfaire son goût des choses de l’esprit.
Sans parler des séjours dans son château de Breuillepont, souvent célébré en prose et en vers par ses hôtes ...
... elle allait chez le peintre Coypel où elle rencontrait Caylus, Fréret, Helvétius, Marivaux. Elle était aussi du souper dit des quinze livres, qui couronnait ces réunions, souper périodique dont le prix ne changeait pas.
Madame Doublet réunissait, tous les samedis, dans son salon, connu sous le nom de « Paroisse » (un appartement dépendant du couvent parisien des Filles de Sainte-Thérèse) une société choisie bien que fort mélangée de personnalités marquantes dans les sciences, les arts et les lettres. On y trouvait, outre son frère l’abbé Legendre, Mairan, La Curne Sainte-Palaye, Piron, Mirabaud ( * ), Voisenon, Falconet, Foncemagne, le comte d’Argental, l’abbé Chauvelin, l’abbé Xaupi, etc. Chacun des admis avait sa place marquée et son portrait au-dessus du fauteuil qu’il occupait.
( * ): Non, non, il ne s'agit pas de Mirabeau mal orthographié ! Jean-Baptiste de Mirabaud, né à Paris en 1675 et mort à Paris le 24 juin 1760, est un homme de lettres et traducteur français.
Voltaire, qui condamna violemment l'ouvrage du baron, dénonça la supercherie en ces termes : « Hélas ! notre bon Mirabaud n’était pas capable d’écrire une page du livre de notre redoutable adversaire. »
Buffon, au contraire : « Mirabaud joignit toujours le sentiment à l'esprit, et nous aimons à la lire comme nous aimions à l'entendre ; mais s'il avait si peu d'attachement pour ses productions, il craignait si fort le bruit et l'éclat, qu'il a sacrifié celles qui pouvaient contribuer le plus à sa gloire. »
Or donc ...
Le salon de Mme Doublet est connu comme « le réseau de nouvellistes à la main le plus célèbre du XVIIIe siècle » : on y mettait en commun des informations collectées dans la journée qui étaient redistribuées sous forme de « nouvelles à la main ». Deux registres étaient posés sur deux pupitres : sur l’un, on inscrivait les nouvelles douteuses, sur l’autre les nouvelles vraies.
Chacun, en arrivant, lisait la feuille du jour, et l’augmentait de ce qu’il savait de sûr des faits de la politique et des lettres, dévoilait les anecdotes du théâtre, de la cour et de la ville.
Après chaque récit, l’assemblée délibérait et décidait de l’inscription sur l’un ou sur l’autre registre. Les valets copiaient ensuite les bulletins, et s’en faisaient un revenu en les distribuant au public.
L’ami intime de la maîtresse de la maison, Louis Petit de Bachaumont, présidait aux discussions académiques qui occupaient une partie de la soirée, puis aux soupers par lesquels elles se terminaient.
Mme Doublet et son frère, l'abbé Legendre :
Deux fois par semaine, Bachaumont faisait un journal des extraits de ces registres, et le répandait dans le public sous forme de nouvelles à la main, manuscrites.
La diffusion de ces textes se développa toujours davantage à partir des années 1760, à une échelle toujours plus large, bien au-delà de Paris « chez les plus éminents représentants de la noblesse provinciale, mais également à l'étranger, et notamment en Allemagne et aux Pays-Bas par l'intermédiaire d'Antoine-Joseph Aubry de Julie ».
Leur succès fut si grand qu’on demandait, pour s’assurer de l’authenticité d’un récit : « Cela sort-il de chez Mme Doublet ? ». :
Voltaire, pour désavouer la paternité d’une pièce de vers scandaleuse imprimée sous son nom, ne trouva ainsi pas de publicité meilleure que celle des registres de la Paroisse ; il écrivit au comte d’Argental :
« Protestez donc, je vous en prie, dans le grand livre de Mme Doublet, contre les impertinens qui m’attribuent ces impertinences ».
Ces bulletins, qui devaient nécessairement prendre le ton de la société du temps, constituaient un résumé de tout ce qui se disait dans le monde. On y trouvait l’analyse des pièces de théâtre, le compte rendu des assemblées littéraires et des procès célèbres ; la notice des livres nouveaux, et en particulier des livres clandestins et prohibés, auxquels la saveur du fruit défendu donnait plus de piquant et de relief ; des pièces rares ou inédites, en vers et en prose, dont beaucoup n’auraient pu être imprimées sans risque, les chansons et vaudevilles satiriques, les anecdotes et les bons mots, que l’on était d’autant plus attentif à recueillir qu’ils étaient plus méchants ; enfin les aventures de société, les faits et gestes de la cour, bien souvent embellis par la médisance.
Ils avaient en outre une dimension nettement hostile aux Jésuites et pro-parlementaire.
C’est dans ces nouvelles à la main, qui eurent tant d’importance jusqu’à la Révolution, que Pidansat de Mairobert puis Barthélémy-François Moufle d'Argenville puisèrent pour constituer les 36 volumes des célèbres Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France (Paris, 1771, 6 vol. in-12) publiés entre 1777 et 1789, Mémoires secrets « qui s'affirmèrent sans tarder comme l'un des plus grands succès de la littérature clandestine européenne »
( Merci WIKI ! )
Pidansat de Mairobert :
Rue Vivienne, dans les dépendances du couvent des Filles-Saint-Thomas
Une association littéraire dans les salons de Madame Doublet
Sur l’emplacement d’une partie du couvent se trouve aujourd’hui le bâtiment qui abrite l’A.F.P !
A l’emplacement aujourd’hui des bâtiments de l’AFP, ce cénacle sera l’inventeur du journalisme de faits-divers, alimentant les ambassades et les milieux artistiques et mondains d’informations inédites.
Les Nouvelles à la Main.
Par Bernard Vassor
Ce centre réunissait des littérateurs, des savants, des journalistes, des académiciens, et échappait ainsi à la censure royale.
Marie-Anne Legendre Doublet de Persan qui occupait un appartement loué par les dames de Saint-Thomas, tenait ce privilège de son frère l’abbé-Legendre.
Elle était la veuve d’un intendant de commerce.
L’endroit était connu sous le nom de « La Paroisse ». Dans cette assemblée, les femmes étaient nombreuses : Madame d’Argenson, Madame du Boccage, Madame Rondet de Villeneuve, Madame de Besanval et quelques autres.
Certains participants pourtant étaient parfois poursuivis. Un certain Blanchard fut condamné à être battu et fustigé au milieu du Pont-neuf, ayant pendu au cou deux écriteaux, un devant et un derrière, portant la mention « Gazetier à la main ». L’abbé Prévost, accusé malgré ses protestations, fut exilé à Marseille.
Bachaumont lui-même fit plusieurs séjours à la Bastille. Madame Doublet fut menacée d’enfermement dans un couvent.
« La Paroisse » se tint tranquille quelques temps. Madame Doublet resta quarante ans sans sortir (Grimm). àè-è\':
Pendant quarante ans, « C’est de ce coin que partirent tous les bruits dont les affairés et les friands de bruits s’étaient toujours approvisionnés à grand peine. »
L’ami de toujours de madame Doublet, co-fondateur de cette confrérie, était le principal « rédacteur » de ces nouvelles.
Louis-Petit de Bachaumont (1690-1771) prit sous son aile, avec la complicité de madame Doublet, un jeune homme, Mathieu François Pidansat de Mairobert (1727-1779), dont certains prétendaient qu’il était le fils naturel de madame Doublet et de Bachaumont.
A la mort de celui-ci, Mairobert prendra le relais pour la rédaction des « Nouvelles à la Main ». _Il réunira les articles de Bachaumont en une publication intitulée : « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762, par feu Monsieur Bachaumont » qui obtiendra un succès phénoménal.
Mairobert fut censeur royal, secrétaire honorifique du roi et des commandements du duc de Chartres, plus tard Philippe-Egalité.
Impliqué dans le scandale de « l’affaire du marquis de Brunoy », dont les débauches homosexuelles scandalisaient le tout Paris, il s’est suicidé le 30 mars 1779.
C’est Mouffle d’Angerville qui complètera les « Mémoires secrets » qui comptent 36 volumes et qui aura l’honneur de bénéficier d’un petit tour à la Bastille.
Les têtes de turc « des Nouvelles », étaient La Harpe et Beaumarchais.
Beaumarchais aura la chance d’être enfermé à Saint Lazare après la mort des auteurs des " Mémoires " et d’éviter la publicité de la fessée publique qui lui fut administrée comme punition.
pimprenulle a écrit:Et comme aujourd'hui, on s'en délecte : boudoi26
Serait-ce à dire, ma chère pimprenulle, que les époques changent mais pas les hommes ?
.
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
C'est fou de retrouver des rescapés du Grand Siècle en plein Siècle des Lumières !
Invité- Invité
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
En voyant le tableau de Mme Doublet avec son frère, l'on a peine à imaginer que cette petite mamie mougeotte apparemment bien inoffensive ait pu être passible d'emprisonnement ... :
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bachaumont : Les mémoires secrets
;
Bachaumont, selon la marquise de Créquy :
... je vous dirai quelques mots sur le sieur de Bachaumont, qui était un imbécile dans le genre de l'historien Suétone, et qui n'a jamais su faire autre chose que d'écouter et d'enregistrer des bruits de carrefour.
Il est mort en 1770, âgé de 82 ans ; les notes manuscrites qu'il a laissées ne commencent qu'à l'année 1759 et finissent en 1766 : ainsi les prétendus Mémoires de Bachaumont, qui vont jusqu'à la fin de l'année 1787 (c'est-à-dire plus de 22 ans après la mort de ce nouvelliste), sont nécessairement apocryphes.
On disait qu'il était fils naturel du maréchal de Villars ; et, dans tous les cas, il n'avait aucune espèce de rapport avec cet autre Bachaumont, le caudataire du cardinal de Retz, l'un des auteurs du voyage en Provence et le compagnon de l'aimable Chapelle. Celui dont il est question passait sa vie chez Mme Doublet de Persan, qu'il avait aimée constamment et sans distraction depuis sa jeunesse ; et l'on peut dire qu'il est mort en adoration devant elle. Elle avait de l'esprit, la présidente Doublet, et, si elle avait eu l'usage d'un autre monde, elle aurait été bien aimable. Elle est morte en 1772, à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, et depuis quarante-deux ans elle n'était pas sortie de sa chambre à coucher. On la rencontrait jadis à l'hôtel de Béthune et chez les d'Aligre, où j'étais fâchée de ne la plus trouver ; mais je n'ai jamais pu me résoudre à la voir chez elle : je n'ai jamais pu supporter les bureaux d'esprit, les lectures et les preneurs de notes.
Je vous ai déjà dit que les Nouvelles à la main sortaient de chez Mme Doublet, et voici comment on y procédait régulièrement. Le secrétaire de la présidente enregistrait les anecdotes et toutes les nouvelles de la soirée ; ses deux laquais (qui devaient absolument savoir écrire) en faisaient six copies, ce qui les occupait souvent pendant toute la nuit ; on envoyait ces bulletins par des commissionnaires, et dans la matinée, à toutes les principaux amis de la maison, qui était MM. de Mirabeau, de Mairan, Falconnet, de Bachaumont, Trublet et Trudaine.
Mais ce qui ne manquait pas d'arriver souvent, c'était que ces Messieurs manquaient de prudence, et que leurs valets recopiaient ces bulletins, dont ils se faisaient un gros bénéfice en les distribuant aux Ambassadeurs, aux étrangers de marque, et même à des financiers, se disait-il. Il en résultait des tracasseries insupportables : on chassait des laquais, on cherchait à s'expliquer ; et tout ceci finissait par une visite où l'on se disait les plus aimables choses en ayant soin de ne se parler de rien. Ce qu'il y avait d'ennuyeux, c'est que c'était toujours à recommencer.
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Bachaumont, selon la marquise de Créquy :
... je vous dirai quelques mots sur le sieur de Bachaumont, qui était un imbécile dans le genre de l'historien Suétone, et qui n'a jamais su faire autre chose que d'écouter et d'enregistrer des bruits de carrefour.
Il est mort en 1770, âgé de 82 ans ; les notes manuscrites qu'il a laissées ne commencent qu'à l'année 1759 et finissent en 1766 : ainsi les prétendus Mémoires de Bachaumont, qui vont jusqu'à la fin de l'année 1787 (c'est-à-dire plus de 22 ans après la mort de ce nouvelliste), sont nécessairement apocryphes.
On disait qu'il était fils naturel du maréchal de Villars ; et, dans tous les cas, il n'avait aucune espèce de rapport avec cet autre Bachaumont, le caudataire du cardinal de Retz, l'un des auteurs du voyage en Provence et le compagnon de l'aimable Chapelle. Celui dont il est question passait sa vie chez Mme Doublet de Persan, qu'il avait aimée constamment et sans distraction depuis sa jeunesse ; et l'on peut dire qu'il est mort en adoration devant elle. Elle avait de l'esprit, la présidente Doublet, et, si elle avait eu l'usage d'un autre monde, elle aurait été bien aimable. Elle est morte en 1772, à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, et depuis quarante-deux ans elle n'était pas sortie de sa chambre à coucher. On la rencontrait jadis à l'hôtel de Béthune et chez les d'Aligre, où j'étais fâchée de ne la plus trouver ; mais je n'ai jamais pu me résoudre à la voir chez elle : je n'ai jamais pu supporter les bureaux d'esprit, les lectures et les preneurs de notes.
Je vous ai déjà dit que les Nouvelles à la main sortaient de chez Mme Doublet, et voici comment on y procédait régulièrement. Le secrétaire de la présidente enregistrait les anecdotes et toutes les nouvelles de la soirée ; ses deux laquais (qui devaient absolument savoir écrire) en faisaient six copies, ce qui les occupait souvent pendant toute la nuit ; on envoyait ces bulletins par des commissionnaires, et dans la matinée, à toutes les principaux amis de la maison, qui était MM. de Mirabeau, de Mairan, Falconnet, de Bachaumont, Trublet et Trudaine.
Mais ce qui ne manquait pas d'arriver souvent, c'était que ces Messieurs manquaient de prudence, et que leurs valets recopiaient ces bulletins, dont ils se faisaient un gros bénéfice en les distribuant aux Ambassadeurs, aux étrangers de marque, et même à des financiers, se disait-il. Il en résultait des tracasseries insupportables : on chassait des laquais, on cherchait à s'expliquer ; et tout ceci finissait par une visite où l'on se disait les plus aimables choses en ayant soin de ne se parler de rien. Ce qu'il y avait d'ennuyeux, c'est que c'était toujours à recommencer.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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