Le Courrier de l'Europe
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Le Courrier de l'Europe
Cité avec l'aimable permission du duc de Devonshire et du Chatsworth House Trust:la duchesse de Polignac à Georgiana de Devonshire a écrit:
Elle m'a demandé quelle était mon opinion sur vos troubles en Angleterre, et si j'étais d'un parti . Je lui ai dit que j'étais pour M. Fox, d'abord parce que je savais que vous l'aimiez, de plus parce que ses discours sont si bien écrits qu'il fait mon bonheur quand je lis le Courrier de l'Europe. Effectivement, je crois qu'il est impossible de parler avec plus d'esprit et d'éloquence.
COURRIER DE L'EUROPE (1776-1792)
Directeur : Swinton. Principaux rédacteurs : SERRES DE LA TOUR, THÉVENEAU DE MORANDE, BRISSOT.
C'est le vendredi 28 juin 1776 que parut le premier numéro du Courier de l'Europe. Il s'ouvre par une adresse au public où on lit entre autres1 :
«La passion du Peuple Anglais pour les Ecrits périodiques de toutes les dénominations, semblerait au premier coup d'œil lui être particulière ; parce que, dans le fait, aucune autre Nation ne nous en fournit l'exemple : mais, lorsque l'on observe que la lecture de ces Papiers devient aussi un besoin journalier pour tous les Etrangers qui sont en état d'en jouir ; on est porté à croire que ce goût serait le même chez tous les Peuples, si la Liberté de la Presse n'était pas exclusivement un privilège des Anglais.
Il est dans Londres une quantité prodigieuse d'Etrangers qui n'ayant pas assez séjourné en Angleterre pour se familiariser avec la langue qu'on y yarle [sic] se trouvent seuls privés de cette espèce de plaisir, auquel un Papier Français les ferait participer ; c'est essentiellement cette considération qui a donné lieu à une Société de Gens de Lettres de publier le Papier ci-dessus annoncé».
Le premier numéro du journal prit soin d'expliquer en faveur de ses lecteurs étrangers ce qu'était l'opposition parlementaire en Angleterre. Une lettre de Paris datée du 25 juin et insérée dans le second numéro du Courier (2 juil. 1776) présente, par la chanson suivante, l'opposition en France, les encyclopédistes et leur attribue ce programme :
«On verra tous les états / Entr'eux se confondre, / Les pauvres sur leurs grabats / Ne plus se morfondre : / Des biens on fera des lots / Qui rendront les gens égaux. / Du même pas marcheront / Noblesse et roture, / Les Français retourneront / Au droit de nature ; / Adieu parlements, et loix, / Adieu Ducs, Princes, Rois2».
Cependant, on lira par la suite un article encore plus hardi sur la France et sur ceux qui la gouvernent. C'est probablement le même correspondant de Paris3 qui, dans le cinquième numéro du Courier (12 juil. 1776) fait le portrait de plusieurs ministres français. Le comte de Vergennes, seul, en sort sans égratignure :
«Mr de Vergennes occupé de son travail au milieu de l'intrigue semble se soucier fort peu de tout ce qui se passe autour de lui ; apellé par ses talens dans la politique au département qui lui est confié ; il est peut-être le seul qui connaisse les devoirs de sa place, et soit en état de les remplir ; mais on le dit timide, et cette timidité est cause qu'il veut quelquefois pour les autres au lieu de vouloir pour lui».
Mais Marie-Antoinette et Maurepas ne seront pas quittes à si bon marché :
«Il existe deux pouvoirs intermédiaires entre le Roi et le groupe que je viens de vous définir, qui sont [...] et un vieux Ministre, dont les charmes et la ruse combattent sans cesse, l'emportent tour-à-tour dans le boudoir ou dans le cabinet. Ces deux partis, également puissants près du maître, (sans avoir l'air de se contrarier ouvertement) sont si diamétralement opposés dans tous leurs plans, que cette diversité d'intérêts met tous les jours un des deux partis à deux doigts de sa perte : en ajoutant le mauvais état des finances, l'enfance de la marine, et le bouleversement des troupes à ce tableau, vous aurez de notre administration une idée précise. C'est cette fluctuation de crédit et d'intrigues qui laisse la guerre dans le cabinet».
A Versailles, cet article a fait l'effet d'une bombe. Le 16 juillet, déjà, le comte de Vergennes, ministre des Affaires étrangères, écrit à Rigoley d'Ogny, le ministre des Postes, qui avait attiré son attention sur le Courier, pour lui faire part des intentions de Louis XVI relativement à cette gazette, dont il était important, écrit-il4, «d'empêcher l'introduction dans le Royaume». Le même jour5, il adresse une feuille du Courier à Le Noir, le lieutenant-général de police à Paris, en lui apprenant la décision du roi «afin que vous preniez toutes les mesures qui pourront dépendre de vous pour qu'elle [la gazette] ne se répande pas dans Paris, et pour que la lecture n'en soit tolléré dans quelque lieu que ce puisse être».
Les Mémoires secrets de Bachaumont montrent que, malgré son existence éphémère, le Courier de l'Europe n'avait pas manqué d'éveiller la curiosité des gens du métier. Le 9 août 1776, Bachaumont commente ainsi (p. 205-206) les mesures prises par le gouvernement :
«S.M. a été si fâchée contre l'audace des auteurs de la nouvelle Gazette Françoise instituée à Londres, que non seulement elle a ordonné au Sr. Doigny d'en empêcher l'introduction par la poste, mais qu'elle a défendu à ses Ministres d'en recevoir aucun exemplaire ; en sorte que la curiosité est en défaut et que personne ne peut savoir sur quel ton sont montés les numéros suivans».
L'interdiction du Courier de l'Europe ne sera pourtant pas de longue durée. Beaumarchais paraît sur la scène. Dans une lettre du 8 septembre 1776 adressée à Vergennes, il se fait l'avocat tant du journal que de son propriétaire écossais, Samuel Swinton, marchand de vin de Londres, ancien officier de la marine anglaise. Nous publions cette lettre intégralement6 :
«Paris, ce 8. 7bre. 1776
Monsieur Le comte
J'ai l'honneur de vous adresser le Propriétaire de la feuille anglofrançaise nomée Courier de l'Europe. J'ai eu l'honneur de vous dire avec quel regrèt, d un mauvais paragraphe glissé dans son papier à son insçu, Il vous demande pardon pour son éditeur de cette imprudence. Son intention, Monsieur le Comte, est de renfermer cette gazette désormais, pour tous les articles qui regardent la France, dans les bornes de la décence la plus scrupuleuse. Il soumèt son papier ici à la censure quil vous plaira nommer, l'exemplaire qui en arrivera de Londres, sera examiné, corrigé a votre gré et n'ira à l'impression que lorsquil sera reconnu décent et convenable, avec ces précautions, Monsieur Le Comte, Je ne crois pas quil y ait d'inconvénient de favoriser cette branche de littérature étrangère qui peut être piquante pour la curiosité française ; parce que la plus part des articles étant extraits des papiers anglais, cela nous mettra sans cesse au courant des mœurs anglaises et des anecdotes de Londres.
Je suis avec le plus profond respect. Monsieur Le Comte. Votre très humble et très obéissant Serviteur. Beaumarchais».
La démarche de Beaumarchais n'a pas été vaine. La prohibition du Courier de l'Europe est levée. Il ne faut cependant pas croire que Beaumarchais puisse s'en attribuer le mérite principal. Il a servi d'intermédiaire entre Swinton et Vergennes, c'est déjà beaucoup, mais ce n'est pas assez pour expliquer pourquoi le gouvernement français changea d'attitude vis-à-vis du journal. Il fallait, pour y arriver, des raisons majeures. Car le Courier de l'Europe, nous l'avons vu, ne s'était pas soucié, à ses débuts, de se mettre dans les bonnes grâces ni des ministres du roi ni surtout de la famille royale. Pour réussir en France, dans le milieu gouvernemental, il eût fallu éviter l'attaque des privilèges, le dénigrement du ministère et les injures adressées à la Reine. Si toutefois l'on autorise la circulation en France du Courier de l'Europe, ce n'est certainement pas inconditionnellement. Le gouvernement du roi n'avait nullement l'intention de s'exposer de nouveau au risque de voir des folliculaires établis à Londres critiquer les affaires de France. Mais il y a la bienheureuse censure...
COURRIER DE L'EUROPE | Dictionnaire des journaux
dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/0268-courrier-de-leurope
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Merci! Très intéressant! Un journal que l'on n'aurait pas cru être lu dans le cercle de la reine. Mais voilà Mme de Polignac qui lisait les propos incendiaires de M. Fox. Il semble que le parti politique anglais favorisé par les amis de Marie-Antoinette, et par les amies anglaises de la reine, était le parti libéral.
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Il n'y a là que le début du très long article sur le Courrier de l'Europe .
Suivez le lien ! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
C'est donc une gazette publiée en anglais sur l'Angleterre, mais qui donne quelques coups au gouvernement français au passage !!
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Le Courrier de l'Europe
En anglais ?!! Je ne sache pas que Mme de Polignac connaisse l'anglais .
Est-ce que ce journal ne pourrait pas avoir été publié en français, la langue européenne de l'époque ?
Vois les noms des auteurs, ce sont de bons Français bien connus de nous et des services de police de Louis XVI ...
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Pardon, je voulais écrire "en français par un écossais" !! :;;::,:!!!ùùù:
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Le Courrier de l'Europe
Je te trouve un peu d'embonpoint, mon petit Lulu, mais toujours beaucoup de grâce et de délié ... :
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Brissot explique dans ses mémoires, que c'est grâce au Courrier de l'Europe, "qui s'arrachait de Paris à St Petersbourg", que le public a découvert "l'éloquence sublime, et jusqu'alors inconnue" de Fox, Burke et North.
Le Courrier de l'Europe était considéré comme une "entreprise d'espionnage public" par les anglais, car il faisait état des discussions au sein du Parlement anglais, ainsi que des luttes politiques et des divisions au sein de l'administration anglaise. Les lois anglaises ne permettant pas d'en interdire l'impression, le ministère britannique chercha alors à en interdire l'expédition en France. Las, les journalistes du Courrier firent alors imprimer le journal à Boulogne sur Mer, avec l'assentiment de Vergennes.
Extrait des mémoires de Brissot de Warville :
Le Courrier de l'Europe était considéré comme une "entreprise d'espionnage public" par les anglais, car il faisait état des discussions au sein du Parlement anglais, ainsi que des luttes politiques et des divisions au sein de l'administration anglaise. Les lois anglaises ne permettant pas d'en interdire l'impression, le ministère britannique chercha alors à en interdire l'expédition en France. Las, les journalistes du Courrier firent alors imprimer le journal à Boulogne sur Mer, avec l'assentiment de Vergennes.
Extrait des mémoires de Brissot de Warville :
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Mme de Sabran a écrit:
En anglais ?!! Je ne sache pas que Mme de Polignac connaisse l'anglais .
Est-ce que ce journal ne pourrait pas avoir été publié en français, la langue européenne de l'époque ?
Vois les noms des auteurs, ce sont de bons Français bien connus de nous et des services de police de Louis XVI ...
Le Courrier de l'Europe était bien publié en français, depuis Londres (il fut ensuite publié à partir de Boulogne sur mer, v. ci-dessus).
Extrait des mémoires de Madame du Hausset :
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Merci, Cosmo, pour tous ces extraits .
C'est à l'abbé Aubert que l'on confie la tâche d'être le censeur du Courier de l'Europe. Il sera le mauvais génie du journal, dont il exaspérera les rédacteurs.
Même la censure ne suffit cependant pas, à elle seule, pour expliquer le revirement de Vergennes, diplomate chevronné et prudent de la vieille école. Il fallait en plus que le Courier de l'Europe, ce représentant de la presse, naguère à peine tolérée, quoique bâillonnée, puisse rendre des services fort importants au gouvernement du roi. Rien de plus facile : Vergennes ne trouvait nulle part ailleurs que dans le Courier de l'Europe des renseignements écrits en français, aussi rapides et aussi détaillés sur le débat politique en Angleterre et en Amérique. Et Vergennes avait grand besoin de telles informations. Ici encore on peut, à vrai dire, parler au moins d'une influence indirecte que Beaumarchais a exercée sur Vergennes pour l'avoir bombardé de lettres en faveur des insurgents .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Beaumarchais à Vergennes :
«Et n'essayerés vous pas de convaincre Sa Majesté que ce misérable Secours qu'ils [les insurgents] demandent, et Sur lequel nous débattons depuis un an, doit nous faire recoeuillir tous les fruits d'une grande victoire, Sans avoir essuyé les dangers d'un combat ? que ce Secours peut nous rendre, en dormant, tout ce que la paix honteuse de 1762 nous a fait perdre ; Et que le Succès des américains, réduisant nos rivaux [anglais] à n'être plus qu'une puissance du Second ordre, nous replace au premier rang, et nous donne pour long temps la prépondérance Sur l'Europe entière ? Quelle plus grande vue peut occuper le conseil du Roi ?»
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
En soutenant les républicains américains contre le gouvernement anglais, Louis XVI s'est bien tiré une balle dans le pied… C'était un 'short-termism' politique bien dangereux pour un monarque absolu.
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Tout à fait. La diffusion du Courrier de l'Europe en France a fait connaître au public, la constitution anglaise, les libertés anglaises et plus généralement, les principes défendus par les Américains. Comme le dit Mme du Hausset dans ses mémoires, cette gazette a "enflammé" le public français. N'oublions pas que c'est l'élite du royaume, qui lisait ce genre de journaux, qui a créé les premiers troubles (les Parlements, soutenus par une partie de l'aristocratie : le duc d'Orléans, Mirabeau, La Fayette etc...).
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Sur Brissot on trouve dans Wiki :
L’étude du droit avait peu d’attraits pour lui : dévoré du besoin de se livrer à quelques travaux utiles, ce polygraphe par nature et par besoin conçut le plan de sa Théorie des lois criminelles (1780, 2 vol.), qui le fait connaître, et dont il adressa la préface à Voltaire[4]. Voltaire, au milieu de ses derniers triomphes, ne dédaigna pas de le remercier de cet envoi par une lettre encourageante et flatteuse[Note 4]. D’Alembert, auquel le jeune écrivain s’était présenté, avait été moins bienveillant ; et Brissot, blessé de cet accueil froid, et touché de celui qu’il reçut de Linguet, se voua tout entier au fameux auteur des Annales. Linguet lui donna d’excellents conseils, et le chargea de quelques articles pour le Mercure ; mais une intrigue lui fit enlever ce journal ; et Brissot, qui s’obstinait à suivre une carrière dans laquelle son père ne voulait point le voir entrer, fut obligé, en 1778-1779, d’aller rédiger le Courrier de l'Europe de Samuel Swinton, qui soutient les insurgés américains, feuille anglaise dont on publiait une traduction à Boulogne-sur-Mer, où il rencontre Charles Théveneau de Morande, avec lequel il entretient de très mauvais rapports.
L’étude du droit avait peu d’attraits pour lui : dévoré du besoin de se livrer à quelques travaux utiles, ce polygraphe par nature et par besoin conçut le plan de sa Théorie des lois criminelles (1780, 2 vol.), qui le fait connaître, et dont il adressa la préface à Voltaire[4]. Voltaire, au milieu de ses derniers triomphes, ne dédaigna pas de le remercier de cet envoi par une lettre encourageante et flatteuse[Note 4]. D’Alembert, auquel le jeune écrivain s’était présenté, avait été moins bienveillant ; et Brissot, blessé de cet accueil froid, et touché de celui qu’il reçut de Linguet, se voua tout entier au fameux auteur des Annales. Linguet lui donna d’excellents conseils, et le chargea de quelques articles pour le Mercure ; mais une intrigue lui fit enlever ce journal ; et Brissot, qui s’obstinait à suivre une carrière dans laquelle son père ne voulait point le voir entrer, fut obligé, en 1778-1779, d’aller rédiger le Courrier de l'Europe de Samuel Swinton, qui soutient les insurgés américains, feuille anglaise dont on publiait une traduction à Boulogne-sur-Mer, où il rencontre Charles Théveneau de Morande, avec lequel il entretient de très mauvais rapports.
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Le Courrier de l'Europe
... Brissot est également suspecté d'être l'auteur d'un célèbre pamphlet contre la reine, maintes fois réédité (30 fois !!..) : les Essais Historiques sur l'Histoire de Marie-Antoinette, pour servir à l'histoire de cette princesse..
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Cosmo a écrit:... Brissot est également suspecté d'être l'auteur d'un célèbre pamphlet contre la reine, maintes fois réédité (30 fois !!..) : les Essais Historiques sur l'Histoire de Marie-Antoinette, pour servir à l'histoire de cette princesse..
Oui, à moins que ce ne soit Pierre Etienne Auguste Goupil .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Roi-cavalerie a écrit:
Sur Theveneau de Morande on peut consulter pour un survol rapide de sa carrière de journaliste et d'agent secret la fiche Wikipédia. On y retrouvera Serre de Latour et le Courrier de l'Europe cette gazette dont Vergennes, ce grand ministre des AE, se servait pour faire passer des messages et surveiller la situation en Angleterre..
Exactement !
Nous avons ce sujet le Courrier de l'Europe . Vous y êtes ! :n,,;::::!!!:
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Derrière la façade
Chers amis,
Pour ceux que cela intéresse et à propos du Courrier de l'Europe, Hélène Maspero-Clerc a fait paraitre dans le numéro 262 des Annales Historiques de la Révolution Française (1985) un article assez intéressant qui tend à démontrer que son propriétaire Samuel Swinton était également un agent double travaillant au profit de l'Amirauté anglaise. Il est intitulé: "Samuel Swinton, éditeur du Courrier de l'Europe à Boulogne sur Mer( ) et agent secret du gouvernement britannique."
Vous trouverez en suivant le lien ci dessous un abstract de cet article publié par Persée qui fournit en autres une copie de la lettre par laquelle Swinton a proposé ses services à l'Amirauté. Pour mémoire, le Courrier de l'Europe a également été utilisé par Vergennes comme un vecteur d'influence favorable à la politique étrangère française.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_262_1_1136
Voici la fiche Wikipedia de Samuel Swinton:
Samuel Swinton est un propriétaire de journal britannique mort en 1797.
Ancien lieutenant de la Marine royale Britannique d’origine écossaise, marchand de vin à Londres, Swinton fut l’un des propriétaires du Morning Post et de la gazette franco-anglaise le Courier de l'Europe. Outre ses liens avec les rédacteurs - Brissot, La Fite de Pellepore, Desforges - et les directeurs - Serre de la Tour, Théveneau de Morande - de ses journaux auxquels il ne prenait aucune part, il se chargea de plusieurs missions diplomatiques durant le conflit américain.
En 1779, il est ainsi dépositaire d'une mission de Lord North pour sonder les dispositions de la France vis-à-vis de propositions de paix. Il est bien sûr éconduit. Parallèlement il rend des services au secrétaire d'État aux Affaires étrangères français.
Hélène Maspero Clerc a fourni la preuve qu’il était aussi un agent secret britannique, en correspondance avec Philip Stephens, Secrétaire de l’Amirauté. Il se vante auprès de ce dernier de connaître personnellement Vergennes et de pouvoir soudoyer Longpré, l’inspecteur de police de la ville de Paris. Il rapporte l’affaire qu’il a eu avec John Turner, son débiteur. Sous sa requête et grâce à ses appuis, il est incarcéré au Petit Châtelet1.
En 1780 il est régistré comme citoyen de Maastricht où il est l'éditeur, avec le chevalier de Launay de Bernezay, de la Gazette Anglo-Françoise & Américaine (probablement un autre nom pour le Courier de l'Europe). En 1785, il vend le privilège du Courier de l'Europe à Radix de Sainte–Foy.
Note[modifier | modifier le code]
↑ Public Record Office, ADM 1/5117. Sur ce point voir aussi la lettre du lieutenant de police Lenoir au comte de Vergennes du 2 avril 1778, Archives des Affaires Étrangères, Correspondance Politique Angleterre 529 / f. 270.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Hélène Maspero Clerc, « Samuel Swinton, éditeur du Courier de l’Europe à Boulogne-sur-Mer (1778–1783) et agent secret du Gouvernement britannique », Annales de la Révolution française, n° 266, oct–déc. 1985,p. 527 – 531.
Robert Granderoute, « Samuel Swinton », Dictionnaires des journalistes, 1600–1789, sous la direction de Jean Sgard, Voltaire foundation, Oxford, 1999
Bien à vous. Roi-cavalerie
Pour ceux que cela intéresse et à propos du Courrier de l'Europe, Hélène Maspero-Clerc a fait paraitre dans le numéro 262 des Annales Historiques de la Révolution Française (1985) un article assez intéressant qui tend à démontrer que son propriétaire Samuel Swinton était également un agent double travaillant au profit de l'Amirauté anglaise. Il est intitulé: "Samuel Swinton, éditeur du Courrier de l'Europe à Boulogne sur Mer( ) et agent secret du gouvernement britannique."
Vous trouverez en suivant le lien ci dessous un abstract de cet article publié par Persée qui fournit en autres une copie de la lettre par laquelle Swinton a proposé ses services à l'Amirauté. Pour mémoire, le Courrier de l'Europe a également été utilisé par Vergennes comme un vecteur d'influence favorable à la politique étrangère française.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_262_1_1136
Voici la fiche Wikipedia de Samuel Swinton:
Samuel Swinton est un propriétaire de journal britannique mort en 1797.
Ancien lieutenant de la Marine royale Britannique d’origine écossaise, marchand de vin à Londres, Swinton fut l’un des propriétaires du Morning Post et de la gazette franco-anglaise le Courier de l'Europe. Outre ses liens avec les rédacteurs - Brissot, La Fite de Pellepore, Desforges - et les directeurs - Serre de la Tour, Théveneau de Morande - de ses journaux auxquels il ne prenait aucune part, il se chargea de plusieurs missions diplomatiques durant le conflit américain.
En 1779, il est ainsi dépositaire d'une mission de Lord North pour sonder les dispositions de la France vis-à-vis de propositions de paix. Il est bien sûr éconduit. Parallèlement il rend des services au secrétaire d'État aux Affaires étrangères français.
Hélène Maspero Clerc a fourni la preuve qu’il était aussi un agent secret britannique, en correspondance avec Philip Stephens, Secrétaire de l’Amirauté. Il se vante auprès de ce dernier de connaître personnellement Vergennes et de pouvoir soudoyer Longpré, l’inspecteur de police de la ville de Paris. Il rapporte l’affaire qu’il a eu avec John Turner, son débiteur. Sous sa requête et grâce à ses appuis, il est incarcéré au Petit Châtelet1.
En 1780 il est régistré comme citoyen de Maastricht où il est l'éditeur, avec le chevalier de Launay de Bernezay, de la Gazette Anglo-Françoise & Américaine (probablement un autre nom pour le Courier de l'Europe). En 1785, il vend le privilège du Courier de l'Europe à Radix de Sainte–Foy.
Note[modifier | modifier le code]
↑ Public Record Office, ADM 1/5117. Sur ce point voir aussi la lettre du lieutenant de police Lenoir au comte de Vergennes du 2 avril 1778, Archives des Affaires Étrangères, Correspondance Politique Angleterre 529 / f. 270.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Hélène Maspero Clerc, « Samuel Swinton, éditeur du Courier de l’Europe à Boulogne-sur-Mer (1778–1783) et agent secret du Gouvernement britannique », Annales de la Révolution française, n° 266, oct–déc. 1985,p. 527 – 531.
Robert Granderoute, « Samuel Swinton », Dictionnaires des journalistes, 1600–1789, sous la direction de Jean Sgard, Voltaire foundation, Oxford, 1999
Bien à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Le Courrier de l'Europe
Roi-cavalerie a écrit:Pour mémoire, le Courrier de l'Europe a également été utilisé par Vergennes comme un vecteur d'influence favorable à la politique étrangère française.
... mais absolument, cher Roi-cavalerie !
Cosmo nous le dit ci-dessous :
Cosmo a écrit:
Le Courrier de l'Europe était considéré comme une "entreprise d'espionnage public" par les anglais, car il faisait état des discussions au sein du Parlement anglais, ainsi que des luttes politiques et des divisions au sein de l'administration anglaise. Les lois anglaises ne permettant pas d'en interdire l'impression, le ministère britannique chercha alors à en interdire l'expédition en France. Las, les journalistes du Courrier firent alors imprimer le journal à Boulogne sur Mer, avec l'assentiment de Vergennes.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Courrier de l'Europe
Certes, ma chère Eléonore, mais à lire l'article de Mme Maspero Clerc on peut se demander lequel, dans ce petit jeu, a été le dupe de l'autre. Car, en lisant les offres de service de Swinton à l'Amirauté, on s'aperçoit que le "bougre" était fort bien placé, ayant, outre l'oreille de Vergennes et sa couverture pour résider en France, des entrées parmis les grands commis du ministère ainsi que de nombreuses relations chez les officiers de marine,ce qui le mettait donc en mesure de recueillir des informations dans des secteurs hautement stratégiques en ces temps de guerre comme le démontre bien, du moins s'il disait vrai, cette dernière précision extraite de sa lettre:
"Si je n'avais été dans une hâte extrême et particulièrement pressé de quitter Londres et d'aller en France pour mes affaires personnelles, j'aurais souhaité obtenir de vous une heure d'audience et je vous aurais révélé un tableau, digne de vous surprendre, de la politique de la Cour de France, tout spécialement en ce qui touchel'origine de la grande influence de M. de Sartine et de son ami ou agent M. de Beaumarchais."
Mais comment ne pas lui pardonner, pour reprendre un terme très à la mode ces derniers jours, d'une part parce qu'il ne faisait là que son devoir de fidèle sujet de Sa Majesté et d'autre part, parce que nous l'avons finalement gagnée cette guerre malgré tous les Swinton que nos chers cousins d'Angleterre avaient dépêchés sur notre territoire!
Amitiés. Roi-cavalerie.
"Si je n'avais été dans une hâte extrême et particulièrement pressé de quitter Londres et d'aller en France pour mes affaires personnelles, j'aurais souhaité obtenir de vous une heure d'audience et je vous aurais révélé un tableau, digne de vous surprendre, de la politique de la Cour de France, tout spécialement en ce qui touchel'origine de la grande influence de M. de Sartine et de son ami ou agent M. de Beaumarchais."
Mais comment ne pas lui pardonner, pour reprendre un terme très à la mode ces derniers jours, d'une part parce qu'il ne faisait là que son devoir de fidèle sujet de Sa Majesté et d'autre part, parce que nous l'avons finalement gagnée cette guerre malgré tous les Swinton que nos chers cousins d'Angleterre avaient dépêchés sur notre territoire!
Amitiés. Roi-cavalerie.
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Le Courrier de l'Europe
Ces histoires d'espionnage sont tout à fait passionnantes ! Un grand merci ! :n,,;::::!!!:
J'en connais une qui en aurait raffolé...
Invité- Invité
Re: Le Courrier de l'Europe
Roi-cavalerie a écrit:
Mais comment ne pas lui pardonner, pour reprendre un terme très à la mode ces derniers jours, d'une part parce qu'il ne faisait là que son devoir de fidèle sujet de Sa Majesté et d'autre part, parce que nous l'avons finalement gagnée cette guerre malgré tous les Swinton que nos chers cousins d'Angleterre avaient dépêchés sur notre territoire!
Voilà une conclusion d'une grande sagesse ( : ) car, en effet, en matière de politique, la fin justifie souvent les moyens ...
Au moment de la Révolution, les Anglais pratiquaient eux-mêmes, très allègrement, une espèce de double jeu diplomatique : ils avaient un ambassadeur officiel à Paris, mais c'est Quentin Crawford qui était, chez nous, les yeux et les oreilles de Pitt .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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