La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
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Mme de Sabran
MARIE ANTOINETTE
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Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
;
Je crois que tous ces gueux n'inclut pas Barnave ... ou alors vraiment Marie-Antoinette me déçoit .
Quant au Manifeste, souviens-toi que c'est elle qui le réclame à cor et à cris !
Fersen ne fait que lui obéir .
Je crois que tous ces gueux n'inclut pas Barnave ... ou alors vraiment Marie-Antoinette me déçoit .
Quant au Manifeste, souviens-toi que c'est elle qui le réclame à cor et à cris !
Fersen ne fait que lui obéir .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Mme de Sabran a écrit:;
Je crois que tous ces gueux n'inclut pas Barnave ... ou alors vraiment Marie-Antoinette me déçoit .
Quant au Manifeste, souviens-toi que c'est elle qui le réclame à cor et à cris !
Fersen ne fait que lui obéir .
Oui mais lui, à l'extérieur, donc capable de prendre du recul face au danger qu'elle vivait au quotidien aurait pu tenter de lui faire comprendre que c'était très très risqué. Ce que lui répondra d'ailleurs Brunswick... àè-è\':
Pour les gueux, il faudrait retrouve la date et le contexte de la lettre. J'avoue que j'ai autre chose à faire que de fouiller dans la Correspondance...àè-è\':
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Merci pour ta recherche !!! :;\':;\':;
C'est donc bien qu'elle intégrait Barnave dans ces "gueux"...boudoi29 Peut-être aussi un moyen de rassurer Fersen assurément jaloux. :
C'est donc bien qu'elle intégrait Barnave dans ces "gueux"...boudoi29 Peut-être aussi un moyen de rassurer Fersen assurément jaloux. :
Invité- Invité
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Voilà ce qu'écrit Munro Price à propos de la relation de la reine avec les triumvirs ( Duport Lameth Barnave).( traduction libre et très rapide, ne m'en voulez pas, je n'ai pas le temps de remettre tout ceci en excellent français)
Ce qui reste mystérieux est seulement combien ce partenariat fut sincère des deux côtés. Depuis que les principales négociations ont commencé entre Marie Antoinette et Barnave, leurs relations sont entrées dans la plus grande clandestinité. A première vue, il est évident que la reine était de mauvaise foi. Le 19 octobre, elle écrit à Fersen:
"Ne craigniez rien. Je ne rejoins pas les enragés. si je les voie ou si j'ai des relations avec eux, c'est uniquement pour m'en servir et ils m'horrifient trop pour jamais envisager de me laisser aller avec eux".
Le mois d'aout précédent, dans une lettre à Mercy-Argenteau, elle avait exprimé son mépris pour les tenants de la Constitution." Notre seul plan est de les endormir et de leur inspirer confiance, la meilleure façon, de les confondre plus tard". Mais ses sentiments envers les chefs des Feuillants eux même et spécialement envers Barnave sont à la fois plus compliqués et plus sympathiques. Une autre lettre à Mercy, datée du 31 juillet , démontre bien cela:
" J'ai des raisons d'être satisfaite.... avec Duport, Lameth et Barnave. J'ai couramment une espèce de correspondance avec les deux derniers que personne, y compris même leurs amis, ne connait. Pour leur rendre justice, bien qu'ils se maintiennent strictement dans leurs vues, je n'ai senti jusqu'ici en eux rien d'autre qu'une grande sincérité, de la puissance et un désir réel de restaurer le boon ordre et par voie de conséquence l'autorité royale."
La seule manière de réconcilier ces différents points de vues de Marie Antoinette est de les placer dans leur contexte chronologique. En juillet, craigant pour sa position et même pour sa vie après le désastre de Varennes, elle s'est avidement raccrochée à la main tendue de Barnave. Mais une fois que la situation a été stabilisée et même qu'elle s'est améliorée après les désaccords qui sont apparus chez le jacobins et le massacre du Champ de Mars, elle a repris confiance et elle s'est rendue compte de la distance qui la séparait des vues des Feuillants. Tout en restant personnellement marquée par les chefs de Feuillants et sentimentalement attachée à Barnave, elle résolut d'utiliser leur amitié pour jouer pendant un temps et pas plus. Comme Georges Michon, dont l'étude datée de 1924 sur Duport est encore le meilleur travail sur les Feuillants, l'exprime: "si la reine ressentait une sympathie personnelle pour les triumvirs, elle ne cessa jamais de manifester un manque de confiance envers la constitution". Ou, dans les propres termes qu'elle employa dans une lettre à Mercy le 1er aout: "[les triumvirs] ils m'ont été utiles et le sont encore, mais malgré leurs bonnes intentions, leurs idées sont beaucoup trop extrèmes pour penser jamais à les suivre". Un facteur probablement décisif qui intervint dans la désillusion de la reine à l'égard des Feuillants fut la révélation , alors que l'automne arrivait, de leur faiblesse croissante au sein de l'Assemblée. La base du marché était que les triumvirs utiliseraient leurs éloquence et leurs pouvoirs pour former une majorité parlementaire solide pour la couronne et afin d'assurer une révision de la constitution dans une direction favorable à la monarchie. Mais les Feuillants étaient eux mêmes divisés par des rivalités politiques et personnelles....
A ce moment et alors qu'elle n'était pas encore consciente de la faiblesse des Feuillants, Marie Antoinette acccorda son soutien à leurs vues. Son premier devoir, si elle se trouvait en position de le faire, était de favoriser une entente entre son frère Léopold et les Feuillants. En cela, son indispensable conseillers, comme toujours, était Mercy-Argenteau. Celui ci mit dans le secret deux de ses informateurs à Paris, le comte de la Marck et Jean Joachim Pellenc, respectivement le plus proche ami de Mirabeau et son ancien secrétaire.Leur influence mettait en évidence la continuité entre le rapprochement précédent de Mirabeau avec la cour et la politique vers laquelle les Feuillants se tournaient maintenant. La reine estimait que Mercy, qui n'avait jamais formellement mis fin à son ambassade à Paris, lui y serait plus utile qu'à Bruxelles. Et elle fit pression sur lui afin qu'il y retourne, lui écrivant le 29 juillet:
" La position dans laquelle je me trouve me fait désirer de façon pressante votre présence à Paris... Je crains de commettre des fautes sur le chemin dans lequel je suis engagé; J'ai besoin de votre conseil, de votre attachement à ma personne et de votre présence ici."
Mais Mercy refusa obstinément de quitter Bruxelles. Ses motivations restent mystérieuses, mais ses réponses froides aux plaidoyers provenant de tous côtés pour son retour donnent l'impression que ce qui lui importait avant tout dans cette terrible situation de crise était sa propre sécurité et celle de ses biens. Le 6 juillet, il écrivait à son secrétaire d'ambassade Blumendorff:
" Il est possible, même probable , que toutes les missions étrangères se retireront ... dans ce cas, il me faudra faire sortir mes meubles et même ma cave à vins; il vous faudra obtenir la permission de faire sortir du pays
une grosse quantité de caisses."
Répliquant à son proche ami le banquier Laborde, qui l'avait supplié de répondre favorablement au souhait de Marie Antoinette de le voir revenir "pour le bien de la France, l'intérêt de la reine et celui de l'empire que vous représentez", il laissa juste transparaitre combien il avait été effrayé par la violence dont il avait été témoin en 1789 et 1790:
" Le noircissement et la déformation de mes activités [en tant qu'ambassadeur] m'a exposé à beaucoup de désagréments; J'ai ressenti qu'il était nécessaire d'éviter les situations qui pourraient se reproduire. Je me suis protégé en cassant après le 10 octobre [1790] tous ces contacts qui étaient devenus sans profit pour la cause et dangereux pour moi même. Je suis ainsi sans influence dans l'endroit même où il serait le plus nécessaire de tirer profit de l'information qui pourrait me parvenir. Je suis heureux de diffuser toutes les choses qui pourrait faciliter le chemin de la conciliation....C'est à la sagesse des chefs de la Révolution française de devoir fournir les moyens pour cela en recherchant un intérêt commun fondé ni sur les menaces...ni sur le principe que le destin [des autres nations] doit dépendre d'une adoption sans réserves des nouveaux principes de liberté et d'égalité dont les avantages peuvent seulement être établis avec du temps et de l'expérience.."
Le son de Mercy se lavant les mains en abandonnant à son sort Marie-Antoinette est presque audible. A partir de ce moment, son attitude envers les affaires françaises se durcit notablement. Le 13 juillet, il écrivit à Blumendorff que " tout compromis avec l'Assemblée serait nocif". On peut suspecter que les raisons qui sous-tendent cette phrase étaient autant personnelles que politiques; le plus désespérée la situation à Paris pouvait apparaitre, le moins de chances il existait pour qu'il soit renvoyé la bas pour remettre à flots la famille royale....
Personnellement, je pense que l'attitude de Mercy-Argenteau bien que très ambigüe en raison de son attention manifestement marquée pour sa propre sécurité, est assez professionnelle. La dernière phrase de la citation précédente le prouve bien: s'ils veulent négocier les chefs de la révolution ne doivent pas brandir des menaces. Les intérêts des états n'ont que faire des bons sentiments même s'il s'agit de sauver la fille de feu l'impératrice. Après tout, il vaut mieux pour l'Autriche une France affaiblie que puissante. Et puis, connais-t-on les directives qu'il recevait du cabinet de Vienne. Le retour de l'ambassadeur à Paris n'aurait pas forcément arrangé la situation et aurait pu même alourdir les relations franco-autrichiennes si une atteinte à sa sécurité avait été commise par des éléments incontrôlés ou provocateurs ce qui ne manquait pas à Paris en ces années là. Dans ce métier il faut savoir prendre des distances et ne pas se laisser influencer par l'émotionel. Cela, semble-t-il, était bien son cas.
Néanmoins, malgré la défection de Mercy Argenteau, Marie-Antoinette écrivit sous la dictée des triumvirs une longue lettre à Léopold dans laquelle on lui offrait de renouer l'alliance Franco-Autrichienne en échange d'une reconnaissance par l'Autriche de la Constitution. Une réponse de Léopold parvint à sa soeur sous la forme de 2 lettres écrites à quelques jours l'une de l'autre, les 17 et 20 aout. Bien qu'adressée à Marie-Antoinette, elles étaient en réalité destinées aux triumvirs et définissaient clairement les termes d'une coopération possible. L'empereur se réjouissait du rapprochement entre les Feuillants et la cour, mais prévenait les premiers sur le fait qu'il jugerait leurs actions plutôt que leurs paroles. Il précisait ensuite les conditions que devrait remplir la constitution pour qu'il l'agrée
Bien tardivement à vous. Roi-cavalerie
Ce qui reste mystérieux est seulement combien ce partenariat fut sincère des deux côtés. Depuis que les principales négociations ont commencé entre Marie Antoinette et Barnave, leurs relations sont entrées dans la plus grande clandestinité. A première vue, il est évident que la reine était de mauvaise foi. Le 19 octobre, elle écrit à Fersen:
"Ne craigniez rien. Je ne rejoins pas les enragés. si je les voie ou si j'ai des relations avec eux, c'est uniquement pour m'en servir et ils m'horrifient trop pour jamais envisager de me laisser aller avec eux".
Le mois d'aout précédent, dans une lettre à Mercy-Argenteau, elle avait exprimé son mépris pour les tenants de la Constitution." Notre seul plan est de les endormir et de leur inspirer confiance, la meilleure façon, de les confondre plus tard". Mais ses sentiments envers les chefs des Feuillants eux même et spécialement envers Barnave sont à la fois plus compliqués et plus sympathiques. Une autre lettre à Mercy, datée du 31 juillet , démontre bien cela:
" J'ai des raisons d'être satisfaite.... avec Duport, Lameth et Barnave. J'ai couramment une espèce de correspondance avec les deux derniers que personne, y compris même leurs amis, ne connait. Pour leur rendre justice, bien qu'ils se maintiennent strictement dans leurs vues, je n'ai senti jusqu'ici en eux rien d'autre qu'une grande sincérité, de la puissance et un désir réel de restaurer le boon ordre et par voie de conséquence l'autorité royale."
La seule manière de réconcilier ces différents points de vues de Marie Antoinette est de les placer dans leur contexte chronologique. En juillet, craigant pour sa position et même pour sa vie après le désastre de Varennes, elle s'est avidement raccrochée à la main tendue de Barnave. Mais une fois que la situation a été stabilisée et même qu'elle s'est améliorée après les désaccords qui sont apparus chez le jacobins et le massacre du Champ de Mars, elle a repris confiance et elle s'est rendue compte de la distance qui la séparait des vues des Feuillants. Tout en restant personnellement marquée par les chefs de Feuillants et sentimentalement attachée à Barnave, elle résolut d'utiliser leur amitié pour jouer pendant un temps et pas plus. Comme Georges Michon, dont l'étude datée de 1924 sur Duport est encore le meilleur travail sur les Feuillants, l'exprime: "si la reine ressentait une sympathie personnelle pour les triumvirs, elle ne cessa jamais de manifester un manque de confiance envers la constitution". Ou, dans les propres termes qu'elle employa dans une lettre à Mercy le 1er aout: "[les triumvirs] ils m'ont été utiles et le sont encore, mais malgré leurs bonnes intentions, leurs idées sont beaucoup trop extrèmes pour penser jamais à les suivre". Un facteur probablement décisif qui intervint dans la désillusion de la reine à l'égard des Feuillants fut la révélation , alors que l'automne arrivait, de leur faiblesse croissante au sein de l'Assemblée. La base du marché était que les triumvirs utiliseraient leurs éloquence et leurs pouvoirs pour former une majorité parlementaire solide pour la couronne et afin d'assurer une révision de la constitution dans une direction favorable à la monarchie. Mais les Feuillants étaient eux mêmes divisés par des rivalités politiques et personnelles....
A ce moment et alors qu'elle n'était pas encore consciente de la faiblesse des Feuillants, Marie Antoinette acccorda son soutien à leurs vues. Son premier devoir, si elle se trouvait en position de le faire, était de favoriser une entente entre son frère Léopold et les Feuillants. En cela, son indispensable conseillers, comme toujours, était Mercy-Argenteau. Celui ci mit dans le secret deux de ses informateurs à Paris, le comte de la Marck et Jean Joachim Pellenc, respectivement le plus proche ami de Mirabeau et son ancien secrétaire.Leur influence mettait en évidence la continuité entre le rapprochement précédent de Mirabeau avec la cour et la politique vers laquelle les Feuillants se tournaient maintenant. La reine estimait que Mercy, qui n'avait jamais formellement mis fin à son ambassade à Paris, lui y serait plus utile qu'à Bruxelles. Et elle fit pression sur lui afin qu'il y retourne, lui écrivant le 29 juillet:
" La position dans laquelle je me trouve me fait désirer de façon pressante votre présence à Paris... Je crains de commettre des fautes sur le chemin dans lequel je suis engagé; J'ai besoin de votre conseil, de votre attachement à ma personne et de votre présence ici."
Mais Mercy refusa obstinément de quitter Bruxelles. Ses motivations restent mystérieuses, mais ses réponses froides aux plaidoyers provenant de tous côtés pour son retour donnent l'impression que ce qui lui importait avant tout dans cette terrible situation de crise était sa propre sécurité et celle de ses biens. Le 6 juillet, il écrivait à son secrétaire d'ambassade Blumendorff:
" Il est possible, même probable , que toutes les missions étrangères se retireront ... dans ce cas, il me faudra faire sortir mes meubles et même ma cave à vins; il vous faudra obtenir la permission de faire sortir du pays
une grosse quantité de caisses."
Répliquant à son proche ami le banquier Laborde, qui l'avait supplié de répondre favorablement au souhait de Marie Antoinette de le voir revenir "pour le bien de la France, l'intérêt de la reine et celui de l'empire que vous représentez", il laissa juste transparaitre combien il avait été effrayé par la violence dont il avait été témoin en 1789 et 1790:
" Le noircissement et la déformation de mes activités [en tant qu'ambassadeur] m'a exposé à beaucoup de désagréments; J'ai ressenti qu'il était nécessaire d'éviter les situations qui pourraient se reproduire. Je me suis protégé en cassant après le 10 octobre [1790] tous ces contacts qui étaient devenus sans profit pour la cause et dangereux pour moi même. Je suis ainsi sans influence dans l'endroit même où il serait le plus nécessaire de tirer profit de l'information qui pourrait me parvenir. Je suis heureux de diffuser toutes les choses qui pourrait faciliter le chemin de la conciliation....C'est à la sagesse des chefs de la Révolution française de devoir fournir les moyens pour cela en recherchant un intérêt commun fondé ni sur les menaces...ni sur le principe que le destin [des autres nations] doit dépendre d'une adoption sans réserves des nouveaux principes de liberté et d'égalité dont les avantages peuvent seulement être établis avec du temps et de l'expérience.."
Le son de Mercy se lavant les mains en abandonnant à son sort Marie-Antoinette est presque audible. A partir de ce moment, son attitude envers les affaires françaises se durcit notablement. Le 13 juillet, il écrivit à Blumendorff que " tout compromis avec l'Assemblée serait nocif". On peut suspecter que les raisons qui sous-tendent cette phrase étaient autant personnelles que politiques; le plus désespérée la situation à Paris pouvait apparaitre, le moins de chances il existait pour qu'il soit renvoyé la bas pour remettre à flots la famille royale....
Personnellement, je pense que l'attitude de Mercy-Argenteau bien que très ambigüe en raison de son attention manifestement marquée pour sa propre sécurité, est assez professionnelle. La dernière phrase de la citation précédente le prouve bien: s'ils veulent négocier les chefs de la révolution ne doivent pas brandir des menaces. Les intérêts des états n'ont que faire des bons sentiments même s'il s'agit de sauver la fille de feu l'impératrice. Après tout, il vaut mieux pour l'Autriche une France affaiblie que puissante. Et puis, connais-t-on les directives qu'il recevait du cabinet de Vienne. Le retour de l'ambassadeur à Paris n'aurait pas forcément arrangé la situation et aurait pu même alourdir les relations franco-autrichiennes si une atteinte à sa sécurité avait été commise par des éléments incontrôlés ou provocateurs ce qui ne manquait pas à Paris en ces années là. Dans ce métier il faut savoir prendre des distances et ne pas se laisser influencer par l'émotionel. Cela, semble-t-il, était bien son cas.
Néanmoins, malgré la défection de Mercy Argenteau, Marie-Antoinette écrivit sous la dictée des triumvirs une longue lettre à Léopold dans laquelle on lui offrait de renouer l'alliance Franco-Autrichienne en échange d'une reconnaissance par l'Autriche de la Constitution. Une réponse de Léopold parvint à sa soeur sous la forme de 2 lettres écrites à quelques jours l'une de l'autre, les 17 et 20 aout. Bien qu'adressée à Marie-Antoinette, elles étaient en réalité destinées aux triumvirs et définissaient clairement les termes d'une coopération possible. L'empereur se réjouissait du rapprochement entre les Feuillants et la cour, mais prévenait les premiers sur le fait qu'il jugerait leurs actions plutôt que leurs paroles. Il précisait ensuite les conditions que devrait remplir la constitution pour qu'il l'agrée
Bien tardivement à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Ouh lal la cela m'intéresse vraiment mais il est déjà très très tard !!! Promis demain je relis tout ça et vous répond.
Invité- Invité
Qelques repères concernant Barnave:
Antoine Pierre Joseph Marie Barnave est né à Grenoble en 1761. Famille bourgeoise de magistats. Licence en droit en 80. Participe à la journée des Tuiles en 88 avec son ami Mounier.
Député du Tiers en 89; ce mot terrible lors de la prise de la Bastille, à propos de la mort de Foulon et autres: "Ce sang était il si pur?" Siège à gauche et rejoint le groupe des Jacobins. A la Constituante, s'oppose à la gauche à propos de la question de l'affranchissement des Noirs (il est contre).
En juin 91, il est envoyé, avec Pétion et Latour-Maubourg à la rencontre de la famille royale, retour de Varennes.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
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Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Vicq d Azir a écrit:Député du Tiers en 89; ce mot terrible lors de la prise de la Bastille, à propos de la mort de Foulon et autres: "Ce sang était il si pur?"
Ce mot est largement commenté dans la mini-série en deux épisodes de 1989, L'Eté de la Révolution :
dans un restaurant, on qualifie la viande saignante...à la Barnave ! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
( Suite...)
Au retour à Paris, il soutient la Constitution qui conforte le régime monarchique constitutionnel, en meme temps qu' il entretient une correspondance politique avec la Reine. En désaccord avec eux, il se sépare des Jacobins pour fonder avec ses amis, dont Duport et les Lameth le turbulent club des Feuillants. Mis en minorité, il ne siègera plus et retournera à Grenoble.
Après le 10 aout et la découverte de pièces compromettantes dans l'armoire de fer, il sera arreté, transféré à Paris pour y etre jugé. Après un passage par la Conciergerie, il sera guillotiné place de la Révolution le 29 novembre 1793. On dit que sur le trajet de la charrette, quelqu'un aurait lancé: "Barnave, ton sang est-il si pur?"...
Au retour à Paris, il soutient la Constitution qui conforte le régime monarchique constitutionnel, en meme temps qu' il entretient une correspondance politique avec la Reine. En désaccord avec eux, il se sépare des Jacobins pour fonder avec ses amis, dont Duport et les Lameth le turbulent club des Feuillants. Mis en minorité, il ne siègera plus et retournera à Grenoble.
Après le 10 aout et la découverte de pièces compromettantes dans l'armoire de fer, il sera arreté, transféré à Paris pour y etre jugé. Après un passage par la Conciergerie, il sera guillotiné place de la Révolution le 29 novembre 1793. On dit que sur le trajet de la charrette, quelqu'un aurait lancé: "Barnave, ton sang est-il si pur?"...
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Vicq d Azir- Messages : 3676
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Localisation : Paris x
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
J'aime beaucoup ce portrait... et cette tenue parfaitement recréée dans le film de Jean Delannoy.
michèle Morgan est conforme à celle qu'a rencontrée Barnave :
C'est mieux réussi que dans la version de l'Evasion de Louis XVI (tant le costume que l'actrice... : ):
Ce qui m'avait choqué lorsque j'étais petit déjà, c'est la rapidité avec laquelle Norma Shearer enfile sa robe pour partir pour Montmédy...un coup de zip et
Bien à vous.
michèle Morgan est conforme à celle qu'a rencontrée Barnave :
C'est mieux réussi que dans la version de l'Evasion de Louis XVI (tant le costume que l'actrice... : ):
Ce qui m'avait choqué lorsque j'étais petit déjà, c'est la rapidité avec laquelle Norma Shearer enfile sa robe pour partir pour Montmédy...un coup de zip et
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Merci cher Roi-Cavalerie pour vos traductions ! :n,,;::::!!!:
Je crois en effet que Marie-Antoinette a certainement voulu utiliser le triumvirat, Barnave en tête afin de les rallier à l'idée d'un exécutif fort, donc un réel pouvoir au roi, pour la constitution pas encore tout à fait achevée. Un jeu de séduction s'est établi entre les deux nouveaux partenaires. Une tentative politique tout à fait défendable et même louable, à l'instar de ce qu'elle fera précédédemment avec Mirabeau. S'attacher les hommes forts du moment, ceux qui semblaient prêts à des concessions envers le pouvoir monarchique, ceux qui commencaient à s'inquiéter à juste titre du désordre occasionné.
Néanmoins, elle avait encore pour les uns et pour les autres, le souvenir de leurs mots qui poussèrent à la révolte et pour elle ce ne fut pas loin d'un crime de leur part. D'où son expression d'enragés...
Malheureusement, d'autres enragés pointaient leur nez, beaucoup plus effrayants qui commencaient à ce retour de Varennes à aiguiser leurs couteaux...
Les Feuillants se scindèrent définitivement des autres Jacobins lors de la catastrophique journée du Champs-de-Mars qui sépara à jamais les tenants de la nouvelle constitution et ceux qui souhaitaient désormais tout simplement la république.
Ces Feuillants avec à leur tête le triumvirat comprenait qu'il fallait compter sur le roi, et à travers lui, la reine. S'unir pour lutter contre ceux qui voulaient plonger la France dans l'anarchie. Il n'y avait plus le choix.
Le drame dans cette histoire est que cela aurait pu marcher s'il y avait eu réellement d'un côté sincérité de la part de Marie-Antoinette envers ses nouveaux partenaires qui en réalité n'avait espoir qu'en l'Autriche pour l'aider et de l'autre désir sincère d'une paix avec ses voisins de la part des nouveaux participants politiques, ce qu'ils ne souhaitaient pas finalement, afin de propager leurs idées estimées comme universelles et les meilleures qui soient à travers toute Europe, à combattre les rois, les tyrans couronnés...
Or Marie-Antoinette pour se retrouver dans cet écheveau diplomatique ne peut que se tourner naturellement vers une seule personne, son mentor en politique depuis sa prime jeunesse, le conseiller fidèle de sa mère, l'homme qui l'a toujours poussée à se lancer en politique, un diplomate de renom qui connaît toutes les chausses-trapes de la politique étrangère, celui qui à ses yeux représente l'Autriche, sa famille, depuis qu'elle a quitté son pays d'enfance.
Or lui, au lieu de l'aider pense surtout à vider sa cave à vins... boudoi29 :àç_èè--è:
En effet, il était avant tout un agent de l'Autriche, de l'Empire. Il n'était pas comme Marie-Antoinette l'avait probablement cru un de ses fidèles chevalier servants, dévoués jusqu'au bout pour leur reine. Pourtant, depuis plus de quinze ans, il était toujours là, à lui dire ce qu'il fallait faire, afin de devenir une reine réellement politique. Comment ne pouvait-elle pas estimer qu'il était "à elle" ? Non, depuis le début, il servait sa mère puis ses frères et ensuite son neveu, ceux qui incarnaient l'Empire. Elle l'a trop souvent suivi aveuglément au risque de passer pour une "Autrichienne". Elle n'a pas vu qu'il a participé pleinement à son malheur, à son impopularité croissante. Non, elle lui faisiat confiance. Et à l'heure où sa dernière carte est en jeu, il l'abandonne sans scrupules...
Il était le seul à lui dire ce qu'il convenait intelligemment de faire : oui faire confiance en ces hommes magré tout car d'autres beaucoup plus extrêmistes vont finir par prendre la place s'ils échouent, tout faire pour maintenir la paix en Europe, exprimer publiquement son soutien sans faille à la nouvelle constitution... Ce que quelqu'un d'expérimenté en politique ne pouvait que penser. Et ce qu'il lui aurait dit s'il voulait réellement l'aider. Non au lieu de ça, il l'a poussée au double-jeu, dans le seul souci de renforcer le poids politique de l'Empire.
Fersen aussi évidemment la pousse au double-jeu mais déjà, il n'a pas du tout l'expérience politique de Mercy. Lui, il ne voit qu'une chose : Marie-Antoinette est prisonnière d'enragés et il faut tout faire pour l'en libérer, la replacer dans sa position de reine absolue, incontestée.
Entre ces deux hommes en qui elle a entière confiance, qu'aurait-elle pu faire ? Elle aime bien Barnave, c'est sûr, elle est bien placée pour savoir qu'il s'agit de son dernier espoir sur place. Mais si à l'extérieur deux hommes qui lui sont importants affirment qu'il faut les suivre eux afin de revenir comme avant, pourquoi hésiter ?
Je crois en effet que Marie-Antoinette a certainement voulu utiliser le triumvirat, Barnave en tête afin de les rallier à l'idée d'un exécutif fort, donc un réel pouvoir au roi, pour la constitution pas encore tout à fait achevée. Un jeu de séduction s'est établi entre les deux nouveaux partenaires. Une tentative politique tout à fait défendable et même louable, à l'instar de ce qu'elle fera précédédemment avec Mirabeau. S'attacher les hommes forts du moment, ceux qui semblaient prêts à des concessions envers le pouvoir monarchique, ceux qui commencaient à s'inquiéter à juste titre du désordre occasionné.
Néanmoins, elle avait encore pour les uns et pour les autres, le souvenir de leurs mots qui poussèrent à la révolte et pour elle ce ne fut pas loin d'un crime de leur part. D'où son expression d'enragés...
Malheureusement, d'autres enragés pointaient leur nez, beaucoup plus effrayants qui commencaient à ce retour de Varennes à aiguiser leurs couteaux...
Les Feuillants se scindèrent définitivement des autres Jacobins lors de la catastrophique journée du Champs-de-Mars qui sépara à jamais les tenants de la nouvelle constitution et ceux qui souhaitaient désormais tout simplement la république.
Ces Feuillants avec à leur tête le triumvirat comprenait qu'il fallait compter sur le roi, et à travers lui, la reine. S'unir pour lutter contre ceux qui voulaient plonger la France dans l'anarchie. Il n'y avait plus le choix.
Le drame dans cette histoire est que cela aurait pu marcher s'il y avait eu réellement d'un côté sincérité de la part de Marie-Antoinette envers ses nouveaux partenaires qui en réalité n'avait espoir qu'en l'Autriche pour l'aider et de l'autre désir sincère d'une paix avec ses voisins de la part des nouveaux participants politiques, ce qu'ils ne souhaitaient pas finalement, afin de propager leurs idées estimées comme universelles et les meilleures qui soient à travers toute Europe, à combattre les rois, les tyrans couronnés...
Or Marie-Antoinette pour se retrouver dans cet écheveau diplomatique ne peut que se tourner naturellement vers une seule personne, son mentor en politique depuis sa prime jeunesse, le conseiller fidèle de sa mère, l'homme qui l'a toujours poussée à se lancer en politique, un diplomate de renom qui connaît toutes les chausses-trapes de la politique étrangère, celui qui à ses yeux représente l'Autriche, sa famille, depuis qu'elle a quitté son pays d'enfance.
Or lui, au lieu de l'aider pense surtout à vider sa cave à vins... boudoi29 :àç_èè--è:
En effet, il était avant tout un agent de l'Autriche, de l'Empire. Il n'était pas comme Marie-Antoinette l'avait probablement cru un de ses fidèles chevalier servants, dévoués jusqu'au bout pour leur reine. Pourtant, depuis plus de quinze ans, il était toujours là, à lui dire ce qu'il fallait faire, afin de devenir une reine réellement politique. Comment ne pouvait-elle pas estimer qu'il était "à elle" ? Non, depuis le début, il servait sa mère puis ses frères et ensuite son neveu, ceux qui incarnaient l'Empire. Elle l'a trop souvent suivi aveuglément au risque de passer pour une "Autrichienne". Elle n'a pas vu qu'il a participé pleinement à son malheur, à son impopularité croissante. Non, elle lui faisiat confiance. Et à l'heure où sa dernière carte est en jeu, il l'abandonne sans scrupules...
Il était le seul à lui dire ce qu'il convenait intelligemment de faire : oui faire confiance en ces hommes magré tout car d'autres beaucoup plus extrêmistes vont finir par prendre la place s'ils échouent, tout faire pour maintenir la paix en Europe, exprimer publiquement son soutien sans faille à la nouvelle constitution... Ce que quelqu'un d'expérimenté en politique ne pouvait que penser. Et ce qu'il lui aurait dit s'il voulait réellement l'aider. Non au lieu de ça, il l'a poussée au double-jeu, dans le seul souci de renforcer le poids politique de l'Empire.
Fersen aussi évidemment la pousse au double-jeu mais déjà, il n'a pas du tout l'expérience politique de Mercy. Lui, il ne voit qu'une chose : Marie-Antoinette est prisonnière d'enragés et il faut tout faire pour l'en libérer, la replacer dans sa position de reine absolue, incontestée.
Entre ces deux hommes en qui elle a entière confiance, qu'aurait-elle pu faire ? Elle aime bien Barnave, c'est sûr, elle est bien placée pour savoir qu'il s'agit de son dernier espoir sur place. Mais si à l'extérieur deux hommes qui lui sont importants affirment qu'il faut les suivre eux afin de revenir comme avant, pourquoi hésiter ?
Invité- Invité
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Merci chère Reinette pour cette fine analyse. Oui, Marie Antoinette se raccroche à ses liens avec l'Autriche, mais il n'y a plus personne au bout du fil...
Quant à Fersen, le modèle de monarchie constitutionnelle lui est complètement étranger. Rappelons qu'à l'inverse de son père il a combattu le courant libéral en Suède pour soutenir Gustave III dans son entreprise d'instauration d'un "despotisme éclairé", au terme d'une sorte de révolution royale. Je rajouterais que Louis XVI lui-même, pourtant favorable à certaines réformes, était viscéralement opposé au modèle anglais.
Quant à Fersen, le modèle de monarchie constitutionnelle lui est complètement étranger. Rappelons qu'à l'inverse de son père il a combattu le courant libéral en Suède pour soutenir Gustave III dans son entreprise d'instauration d'un "despotisme éclairé", au terme d'une sorte de révolution royale. Je rajouterais que Louis XVI lui-même, pourtant favorable à certaines réformes, était viscéralement opposé au modèle anglais.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
La duplicité de Barnave, la duplicité de la Reine...
Je vous engage vivement à vous référer au chapitre sur Barnave que vous trouverez au paragraphe sur les contemporains: beaucoup de choses ont déjà été dites à son sujet.
Eléonore a, je crois, abordé aussi la question des Janus pendant la révolution: Barnave est passé très tôt pour un homme double, la caricature en témoigne. La Reine était bien naïve quand elle écrivait à Fersen que personne à Paris ne soupçonnait leur échange épistolaire ; à moins que c'eut été pour, encore une fois, calmer la jalousie d'Axel...
Ceci veut dire que, dès juin 1791, il n'y avait plus de place pour la modération et les compromis, et que les camps, irréductibles, étaient déjà formés, qui allaient bientôt s'affronter.
Barnave est pour moi le prototype du "juste", d'autant plus estimable qu'il avait su changer d'avis à la faveur de l'expérience, et qu'il aurait eu la force d'élaborer un projet original pour la France, projet qui aurait pu concilier l'héritage monarchique avec les acquis de 1789. Mais s'allier à la Cour devait apparaître à ce mi-temps de la révolution, comme une trahison: il y avait eu le précédent de Mirabeau, on considérait que les Tuileries n'étaient qu' un nid d'intrigues et de corruption; on ne disait pas encore: "tous pourris", mais c'était tout comme...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Vicq d Azir a écrit: La Reine était bien naïve quand elle écrivait à Fersen que personne à Paris ne soupçonnait leur échange épistolaire ; à moins que c'eut été pour, encore une fois, calmer la jalousie d'Axel...
...
Non seulement à Fersen :
J'ai bien envie de vous envoyer Goguelat, ne fût-ce que pour trois jours, pour qu'il puisse causer à fond avec vous ... Mandez-moi ce que vous en pensez . Il ne sait rien de ma correspondance avec les personnes que l'évêque vous a dit .
... mais également à Mercy ( 31 juillet 91 ) :
J'ai lieu d'être assez contente de ce côté-là c'est à dire des Duport, Lameth et Barnave. J'ai dans ce moment-ci une espèce de correspondance avec les deux derniers que personne au monde ne sait, même leurs amis . Il faut leur rendre justice ....
Il y a forcément de la sincérité dans autant de naïveté .
;
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Bien sûr qu'elle est sincère quand elle l'écrit...
Mais alors, pensez-vous qu'elle ne lisait pas les ,journaux (un peu comme elle traitait les pamphlets par le mépris, quelques années plus tôt...)
Ces pauvres gens des Tuileries étaient-ils si coupés du monde? Et alors les Goguelat, les Jarjayes, que leur rapportaient-ils de l'extérieur?
Je comprends mieux alors que les avertissements de Barnave, qui a tenté de leur ouvrir les yeux, aient été reçus avec plus que du scepticisme...
Mais alors, pensez-vous qu'elle ne lisait pas les ,journaux (un peu comme elle traitait les pamphlets par le mépris, quelques années plus tôt...)
Ces pauvres gens des Tuileries étaient-ils si coupés du monde? Et alors les Goguelat, les Jarjayes, que leur rapportaient-ils de l'extérieur?
Je comprends mieux alors que les avertissements de Barnave, qui a tenté de leur ouvrir les yeux, aient été reçus avec plus que du scepticisme...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Vicq d Azir a écrit:Bien sûr qu'elle est sincère quand elle l'écrit...
.
Donc ce que nous appelons son double-jeu et qui nous fait frémir, finalement n'en est pas tout à fait un ?
Il y a bien une part de sincérité en Marie-Antoinette dans cette relation .
Elle est fine et sait reconnaître l'honnêteté, la droiture, et donc apprécier celles de Barnave comme il le mérite.
Par ailleurs, Marie-Antoinette n'est pas insensible, elle ne peut qu'être touchée par le dévouement de ce pauvre Barnave liquéfié d'émotion devant elle .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
C' est ce que j'appelais ses sincérités successives...
Rappelons nous aussi que, dans la berline, lors du retour, elle a conscience que le grand projet de l'Ami pour la soustraire à ses ennemis vient d'échouer: peut-on imaginer le choc que vient d'encaisser cette femme: non seulement il va falloir replonger dans ce Paris qui la hait, mais elle ne reverra sans doute plus jamais l'aimé...(on sait qu'il ne seront réunis qu'une seule fois, huit mois plus tard)
Barnave n'est pas hostile, ni à elle, ni au reste de la famille: il lui apparaît alors très vite comme sa seule planche de salut. Ajoutons à cela que, malgré la poussière et la fatigue, elle prend conscience que son pouvoir de séduction est intact: elle l'impressionne comme femme, mais aussi comme reine; son pouvoir de persuasion en rajoute au charme: là, dans cette berline, elle devient oratrice, elle se bat pour se défendre, défendre le Roi, l'héritage de son fils. Peut-être pour la première fois, hors des lambris des palais, est elle parvenue à ÊTRE la vraie Reine de France...
Rappelons nous aussi que, dans la berline, lors du retour, elle a conscience que le grand projet de l'Ami pour la soustraire à ses ennemis vient d'échouer: peut-on imaginer le choc que vient d'encaisser cette femme: non seulement il va falloir replonger dans ce Paris qui la hait, mais elle ne reverra sans doute plus jamais l'aimé...(on sait qu'il ne seront réunis qu'une seule fois, huit mois plus tard)
Barnave n'est pas hostile, ni à elle, ni au reste de la famille: il lui apparaît alors très vite comme sa seule planche de salut. Ajoutons à cela que, malgré la poussière et la fatigue, elle prend conscience que son pouvoir de séduction est intact: elle l'impressionne comme femme, mais aussi comme reine; son pouvoir de persuasion en rajoute au charme: là, dans cette berline, elle devient oratrice, elle se bat pour se défendre, défendre le Roi, l'héritage de son fils. Peut-être pour la première fois, hors des lambris des palais, est elle parvenue à ÊTRE la vraie Reine de France...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
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J'aime votre façon, la même que la sienne, de désigner Fersen sans le nommer : l'Ami, l'aimé ... boudoi30
J'aime votre façon, la même que la sienne, de désigner Fersen sans le nommer : l'Ami, l'aimé ... boudoi30
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Vicq d Azir a écrit:C' est ce que j'appelais ses sincérités successives...
Rappelons nous aussi que, dans la berline, lors du retour, elle a conscience que le grand projet de l'Ami pour la soustraire à ses ennemis vient d'échouer: peut-on imaginer le choc que vient d'encaisser cette femme: non seulement il va falloir replonger dans ce Paris qui la hait, mais elle ne reverra sans doute plus jamais l'aimé...(on sait qu'il ne seront réunis qu'une seule fois, huit mois plus tard)
Barnave n'est pas hostile, ni à elle, ni au reste de la famille: il lui apparaît alors très vite comme sa seule planche de salut. Ajoutons à cela que, malgré la poussière et la fatigue, elle prend conscience que son pouvoir de séduction est intact: elle l'impressionne comme femme, mais aussi comme reine; son pouvoir de persuasion en rajoute au charme: là, dans cette berline, elle devient oratrice, elle se bat pour se défendre, défendre le Roi, l'héritage de son fils. Peut-être pour la première fois, hors des lambris des palais, est elle parvenue à ÊTRE la vraie Reine de France...
J'aime beaucoup votre analyse.
Invité- Invité
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
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Je viens de commander Le Secret de Barnave !!! :n,,;::::!!!: d'E. Welvert !!!
Je viens de commander Le Secret de Barnave !!! :n,,;::::!!!: d'E. Welvert !!!
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Vicq d Azir a écrit: La Reine était bien naïve quand elle écrivait à Fersen que personne à Paris ne soupçonnait leur échange épistolaire ; à moins que c'eut été pour, encore une fois, calmer la jalousie d'Axel...
...
Barnave semblait croire lui-aussi, dur comme fer, que leur correspondance était sous le sceau du secret . C'est le sens du titre du livre d'E. Welvert : Le secret de Barnave .
Il ne révèle aucun autre secret que cette correspondance en soi ..
C'est d'ailleurs pourquoi Barnave a cru pouvoir la nier énergiquement lors de son procès .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
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J'ajouterais que c'était un secret bien gardé, puisque Miss Bradby ( The live of Barnave, Oxford, 1925 ) en ignorait l'existence !
Cette biographe du conventionnel soutint à la publication de la correspondance de Barnave et Marie-Antoinette que c'était un faux bien troussé à partir des écrits de Mme Campan et la Marck .
J'ajouterais que c'était un secret bien gardé, puisque Miss Bradby ( The live of Barnave, Oxford, 1925 ) en ignorait l'existence !
Cette biographe du conventionnel soutint à la publication de la correspondance de Barnave et Marie-Antoinette que c'était un faux bien troussé à partir des écrits de Mme Campan et la Marck .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave
Reinette a écrit:Vicq d Azir a écrit:C' est ce que j'appelais ses sincérités successives...
Rappelons nous aussi que, dans la berline, lors du retour, elle a conscience que le grand projet de l'Ami pour la soustraire à ses ennemis vient d'échouer: peut-on imaginer le choc que vient d'encaisser cette femme: non seulement il va falloir replonger dans ce Paris qui la hait, mais elle ne reverra sans doute plus jamais l'aimé...(on sait qu'il ne seront réunis qu'une seule fois, huit mois plus tard)
Barnave n'est pas hostile, ni à elle, ni au reste de la famille: il lui apparaît alors très vite comme sa seule planche de salut. Ajoutons à cela que, malgré la poussière et la fatigue, elle prend conscience que son pouvoir de séduction est intact: elle l'impressionne comme femme, mais aussi comme reine; son pouvoir de persuasion en rajoute au charme: là, dans cette berline, elle devient oratrice, elle se bat pour se défendre, défendre le Roi, l'héritage de son fils. Peut-être pour la première fois, hors des lambris des palais, est elle parvenue à ÊTRE la vraie Reine de France...
J'aime beaucoup votre analyse.
Oui moi aussi. J'ai hâte d'avoir dans mes mains le livre que Vicq-d'Azir consacrera bientôt à la reine
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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