Valentin Esterházy
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Valentin Esterházy
Probablement avait on choisi parmi les candidats ceux qui l'avaient eu enfant.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Valentin Esterházy
J'espère pour eux !
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Valentin Esterházy
Lucius a écrit:Probablement avait on choisi parmi les candidats ceux qui l'avaient eu enfant.
Oui, probablement puisque ces 4 personnes ne semblent pas l'avoir contracté par la suite.
Vous éveillez ma curiosité : je ne sais toujours pas pourquoi le comte d'Esterhazy appelait Fersen : le Chou ? Curieux, non. Ou alors était-il au courant d'un "secret" pour le petit Louis-Charles, appelé "chou d'amour" par sa mère.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Valentin Esterházy
Pour la rougeole: cette maladie était encore courante il y a quelques décennies, avant la vaccination, et pas si grave que ça, à quelques exceptions près. En Afrique, elle a fait, il est vrai, plus de ravages. Elle pouvait aussi se compliquer plus souvent chez l’ adulte.
Au 18ème, en Europe, la maladie contagieuse que l’on redoutait était bien sûr la variole, appelée « petite vérole », avant la découverte de l’inoculation ( qui n’était pas sans risque non plus...)
Au 18ème, en Europe, la maladie contagieuse que l’on redoutait était bien sûr la variole, appelée « petite vérole », avant la découverte de l’inoculation ( qui n’était pas sans risque non plus...)
Dernière édition par Vicq d Azir le Lun 07 Jan 2019, 01:59, édité 2 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Valentin Esterházy
Trianon a écrit:
Vous éveillez ma curiosité : je ne sais toujours pas pourquoi le comte d'Esterhazy appelait Fersen : le Chou ? Curieux, non. Ou alors était-il au courant d'un "secret" pour le petit Louis-Charles, appelé "chou d'amour" par sa mère.
Il est vrai que le rapprochement vient tout naturellement à l'esprit .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Mme de Sabran a écrit:Trianon a écrit:
Vous éveillez ma curiosité : je ne sais toujours pas pourquoi le comte d'Esterhazy appelait Fersen : le Chou ? Curieux, non. Ou alors était-il au courant d'un "secret" pour le petit Louis-Charles, appelé "chou d'amour" par sa mère.
Il est vrai que le rapprochement vient tout naturellement à l'esprit .
Et oui. Pour parler clairement, le "chou d'amour" serait-il le fils du "Chou" (de Bruxelles, vu que Fersen était basé à Bruxelles pendant la Révolution )?
On en parle ici : Louis XVII est-il le fils de Louis XVI ?
Les mots ont leur importance et cette "coïncidence" sémantique est pour le moins intrigante...
J'ai également été frappé par le fait que Marie-Antoinette "aime à la folie" deux personnes :
- le Chou d'amour (cf. une des lettres de Marie-Antoinette à la princesse de Lamballe, vendue au XIXème siècle et aujourd'hui non localisée) ; et
- Axel Fersen (cf. la lettre de Marie-Antoinette à Fersen "décaviardée" par le CRCC ) .
Marie-Antoinette "n'aime pas à la folie" Mme de Polignac, Mme de Lamballe, ni son frère, ni son mari etc... non.
Dans la correspondance de la reine, les termes "aimer à la folie" sont exclusivement réservés au chou d'amour (son fils Louis-Charles) et au chou (Fersen).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Valentin Esterházy
" Chou de Bruxelles ", très mignon, j'aime bien .
Revenons à Esterhazy qui, n'en déplaise au comte de Fleury, était très bien en Cour longtemps avant que de jouir de la faveur de Marie-Antoinette . Souvenons-nous, par exemple, qu'au moment où se prépare le mariage du dauphin qui sera plus tard Louis XVI, c'est lui notre Hongrois que Choiseul charge d'aller porter à Vienne, à l'archiduchesse Marie-Antoinette le portrait de son fiancé .
Revenons à Esterhazy qui, n'en déplaise au comte de Fleury, était très bien en Cour longtemps avant que de jouir de la faveur de Marie-Antoinette . Souvenons-nous, par exemple, qu'au moment où se prépare le mariage du dauphin qui sera plus tard Louis XVI, c'est lui notre Hongrois que Choiseul charge d'aller porter à Vienne, à l'archiduchesse Marie-Antoinette le portrait de son fiancé .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Marie-Thérèse détestait néanmoins Esterhazy, représentant de cette haute noblesse hongroise qu'elle considérait comme inférieure à la noblesse autrichienne, une noblesse qui avait résisté aux Habsbourg et dont elle se méfiait beaucoup. Elle le jugeait indigne d'être admis dans la société de sa fille.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Valentin Esterházy
Très intéressant, cher Duc: est-ce à dire qu’elle avait gardé rancune à l’égard de l’autre Estherazy, celui qu’elle arrive à convaincre de s’allier avec elle quand elle doit faire face à une partie de l’Europe, liguée contre l’Autriche ?
Dans le téléfilm récent, il est suggéré qu’il existe entre eux une certaine attirance, ou que, du moins, elle joue le jeu, pour obtenir ce qu’elle attend de lui ...
Dans le téléfilm récent, il est suggéré qu’il existe entre eux une certaine attirance, ou que, du moins, elle joue le jeu, pour obtenir ce qu’elle attend de lui ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Valentin Esterházy
Vicq d Azir a écrit:Très intéressant, cher Duc: est-ce à dire qu’elle avait gardé rancune à l’égard de l’autre Estherazy, celui qu’elle arrive à convaincre de s’allier avec elle quand elle doit faire face à une partie de l’Europe, liguée contre l’Autriche ?
..
Marie-Thérèse avait la rancune tenace et décidé de voir en Esterhazy une mauvaise fréquentation pour Marie-Antoinette.
Voici ce que nous en dit le comte de Fleury :
Les " Mémoires " de Valentin Esterhazy ne nous donnent pas une idée exacte de ses rapports d'amitié avec la reine, et nous ne pourrions même les soupçonner tels qu'ils furent si, d une part, la correspondance de Marie-Thérèse avec Mercy ne nous prouvait qu'elle les connaissait et s'en étonnait, et si, d'autre part, nous n'en trouvions des preuves significatives dans les lettres que le comte Esterhazy écrivait à sa femme tous les jours, quand il était séparé d'elle.
Marie-Thérèse ne pardonna jamais entièrement à Esterhazy la part qu'avait prise son grand-père aux insurrections hongroises, ou tout au moins si elle avait pardonné, elle n'oublia pas. Sa rancune plus ou moins atténuée, se manifeste toujours peu ou prou dans sa correspondance avec Mercy. Quand Esterhazy, venu à Vienne, sollicite d'elle une lettre de recommandation pour Marie-Antoinette; elle la lui refuse " parce qu elle n'aime pas cela, écrit-elle à Mercy, pour des officiers qui ne sont ni ses sujets ni attachés à son service » . Elle
autorise cependant son ambassadeur à recommander Esterhazy à la reine. Celle-ci le reçoit, et se souvenant sans doute que c'est lui qui lui apporta jadis le portrait du prince qu'elle allait épouser, elle dit à sa mère qu'elle l'a vu avec grand plaisir : « .le voudrais bien que son cousin fût aussi raisonnable que lui. »
Cet éloge, ceux de Mercy qui constate que le colonel « a toujours passé pour avoir le caractère honnête et que cette réputation est bien fondée ne modifient pas les dispositions de l'impératrice. Bien-tôt, elle trouvera trop familière la correspondance qui s'est établie entre Esterhazy et la reine; elle déplorera les faveurs que celle-ci lui prodigue. Ces remontrances, Mercy est trop bon courtisan pour tenter d'y rien objecter, loin d'essayer d'en démontrer la sévérité, il les alimente par ses propres remarques. Il signale à l'impératrice qu'on jalousie
et qu'on blâme la présence trop fréquente d'Esterhazy dans la loge de la reine. En 1777, à la nouvelle du prochain voyage en France de .Josepli II, Marie-Antoinette accorde à Esterhazy d'aller à la rencontre de ce souverain jusqu'à Strasbourg. Aussitôt Mercy exprime l'espoir que l'impératrice ne le permettra pas. Quant à elle, elle ne cesse de s'étonner de l'intimité de ce jeune homme « sans rang distingué » avec sa fille. « La correspondance avec ce freluquet d'Esterhazy est bien humiliante. »
Son mauvais vouloir contre le descendant de l'insurgé hongrois se trahit plus vivement encore en 1778, au moment où sa fille, à la veille d' accoucher, désigne le comte Esterhazy pour porter à Vienne la nouvelle de ses couches. Son ressentiment l'emporte, lui fait oublier jusqu'à l'ancienneté de cette illustre famille et les nombreux services qu'elle a rendus à l'empire. « Esterhazy ne convient nullement pour être envoyé ici avec une si grande nouvelle. Sa famille n'est pas illustre, et il est ( ... ) toujours comme un réfugié. »
En dépit des observations et des critiques de sa mère, qui lui arrivent sous diverses formes, Marie-Antoinette se livre sans contrainte à la sympathie qu'elle ressent pour le comte Esterbazy. Elle le protège ouvertement, le défend contre ses rivaux, le recommande au roi de qui elle le fait aimer, obtient pour lui, en une circonstance où il s'est endetté, six cents louis, une pension au moment où il se marie, de ( ... ) postes; elle aide, en un mot, tant qu'elle peut, à sa fortune, bienfaits qu'il reçoit avec reconnaissance et paye d'un dévouement que le malheur de ses souverains, loin de le ralentir, ne fera qu'exciter.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Vicq d Azir a écrit:Très intéressant, cher Duc: est-ce à dire qu’elle avait gardé rancune à l’égard de l’autre Estherazy, celui qu’elle arrive à convaincre de s’allier avec elle quand elle doit faire face à une partie de l’Europe, liguée contre l’Autriche ?
Dans le téléfilm récent, il est suggéré qu’il existe entre eux une certaine attirance, ou que, du moins, elle joue le jeu, pour obtenir ce qu’elle attend de lui ...
La correspondance de Marie-Thérèse laisse apparaître, non pas forcément qu'elle nourrissait une rancune envers lui, mais plutôt qu'elle s'en méfiait (comme elle se méfiait de manière générale de la haute noblesse hongroise) et plus encore, qu'elle le méprisait : il n'était pas d'une famille assez "illustre" pour prétendre graviter autour d'elle ou de sa fille. Elle est indignée que sa fille ait osé lui envoyer Esterhazy pour lui annoncer la nouvelle de ses couches. Vois plutôt ce qu'elle écrit à Mercy sur ce point :
Je me rappelle bien de ce passage d'une lettre de Marie-Thérèse, où elle fait transparaître ce que l'on appellerait aujourd'hui une "haine de classe" vis-à-vis d'Esterhazy.Mme de Sabran a écrit:Marie-Thérèse impératrice d'Autriche a écrit:« Esterhazy ne convient nullement pour être envoyé ici avec une si grande nouvelle. Sa famille n'est pas illustre, et il est ( ... ) toujours comme un réfugié. »
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Valentin Esterházy
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Je me rappelle bien de ce passage d'une lettre de Marie-Thérèse, où elle fait transparaître ce que l'on appellerait aujourd'hui une "haine de classe" vis-à-vis d'Esterhazy.
... condescendance, dédain certainement, mais pas haine de classe . Ce sont un terme et une idée beaucoup trop modernes
Si Marie-Thérèse avait dû haïr tout ce qui était en dessous d'elle, elle n'avait plus qu'à haïr le reste du monde ou presque .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Oui oui bien sûr, c'était une forme de boutade de ma part (on entend beaucoup cette expression haine de classe en ce moment qui m'horripile). Ce que je voulais dire c'est que, bien plus que de la rancune Marie-Thérèse avait du mépris pour Esterhazy qu'elle jugeait d'un rang trop bas pour pouvoir graviter autour du trône.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Valentin Esterházy
Je crois plus simplement que Marie-Thérèse voyait d'un oeil torve tous les gens que Marie-Antoinette distinguait, parce qu'ils pouvaient prendre de l'ascendant sur elle et l'influencer. Marie-Thérèse entendait que sa fille n'écoute que Mercy et Vermond.
Je te l'accorde Valentin Esterhazy, quoique de la famille la plus prépondérante de Hongrie, n'était qu'un cadet . Mais vois le prince de Ligne avec long comme le bras de ronflants quartiers de noblesse et dont pourtant Marie-Thérèse prend ombrage autant que d'Esterhazy : il est un des favoris de Marie-Antoinette, condition sin equa non pour déplaire à l'impératrice .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Vicq d Azir a écrit:Très intéressant, cher Duc: est-ce à dire qu’elle avait gardé rancune à l’égard de l’autre Estherazy, celui qu’elle arrive à convaincre de s’allier avec elle quand elle doit faire face à une partie de l’Europe, liguée contre l’Autriche ?
Dans le téléfilm récent, il est suggéré qu’il existe entre eux une certaine attirance, ou que, du moins, elle joue le jeu, pour obtenir ce qu’elle attend de lui ...
Oui, en effet on voit là une Marie-Thérèse prête à TOUT pour sauver son royaume. Avec Estherazy, elle est docile allant presque à se mettre à genou pour avoir de cet homme une aide militaire de son pays pour sauver l'Autriche en guerre. A aucun moment, on ne la montre condescendante.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Valentin Esterházy
Mme de Sabran a écrit:
Si Marie-Thérèse avait dû haïr tout ce qui était en dessous d'elle, elle n'avait plus qu'à haïr le reste du monde ou presque .
Absolument.
Je la vois trop humaine pour avoir un tel penchant. En même temps, elle aimait tant son Autriche. Et il ne faut pas oublier les difficultés qu'elle rencontrât au tout début de son règne, elle n'était guère prise au sérieux par les autres princes régnants en Europe.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Valentin Esterházy
Help !
Je m’y perds un peu dans tous ces Estherazy...
Quand j’évoquais l’Estherazy qui avait prêté main forte à Marie Thérèse au début de son règne, je crois qu’il s’agissait de:
Paul II Anton Estherazy de Galantha ( 1711- 1762 )
Celui-ci retourna en quelque sorte l’opinion de la noblesse hongroise lorsque Marie Thérèse implora leur aide lors de son couronnement comme Reine de Hongrie à Prestbourg, en 1741. Elle avait alors à faire face à l’opposition armée de plusieurs puissances européennes qui contestaient sa légitimité ( Guerre de Succession, 1740-1748 ).
Rien à voir donc avec le Comte Valentin Estherazy évoqué plus haut, l’ami de Marie-Antoinette. Ils étaient même sûrement issus de branches éloignées. Valentin, si j’ai bien compris, représenterait même la « branche française » ( il est d’ailleurs né en France...)
Nicolas I Joseph Estherazy ( 1714-1790 ), quant à lui, était le frère de Paul II Anton. Officier, il s’illustra lors de la Guerre de Sept ans. Féru d’art, on l’avait surnommé « Nicolas le magnifique ». Il fut le mécène de Haydn.
Je m’y perds un peu dans tous ces Estherazy...
Quand j’évoquais l’Estherazy qui avait prêté main forte à Marie Thérèse au début de son règne, je crois qu’il s’agissait de:
Paul II Anton Estherazy de Galantha ( 1711- 1762 )
Celui-ci retourna en quelque sorte l’opinion de la noblesse hongroise lorsque Marie Thérèse implora leur aide lors de son couronnement comme Reine de Hongrie à Prestbourg, en 1741. Elle avait alors à faire face à l’opposition armée de plusieurs puissances européennes qui contestaient sa légitimité ( Guerre de Succession, 1740-1748 ).
Rien à voir donc avec le Comte Valentin Estherazy évoqué plus haut, l’ami de Marie-Antoinette. Ils étaient même sûrement issus de branches éloignées. Valentin, si j’ai bien compris, représenterait même la « branche française » ( il est d’ailleurs né en France...)
Nicolas I Joseph Estherazy ( 1714-1790 ), quant à lui, était le frère de Paul II Anton. Officier, il s’illustra lors de la Guerre de Sept ans. Féru d’art, on l’avait surnommé « Nicolas le magnifique ». Il fut le mécène de Haydn.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
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Re: Valentin Esterházy
... au moment où se prépare le mariage du dauphin qui sera plus tard Louis XVI, c'est lui Esterhazy que Choiseul charge d'aller porter à Vienne, à l'archiduchesse Marie-Antoinette le portrait de son fiancé .
Il le raconte ainsi dans ses Mémoires :
A cette époque la cour avait un peu changé de forme. Mme du Barry, depuis guillotinée, avait été reconnue comme maîtresse du roi ; elle était présentée, et son parti, soutenu parle duc d'Aiguillon, était en opposition ouverte avec celui du duc de Choiseul. Ce ministre avait depuis longtemps négocié le mariage du dauphin, le petit-fils du roi, avec l'archiduchesse Antoinette d'Autriche (malheureux époux dont la fin a été si funeste), et il était au moment de s'effectuer. Le duc de Choiseul me proposa de porter le portrait du dauphin à Vienne. Je devais le remettre à l'ambassadeur. Ce n'était pas une mission directe, mais cela me faisait payer mon voyage, et l'ambassadeur, .M. de Durfort, depuis duc de Civrac, avait ordre de me procurer les petits agréments dont cette commission me rendait susceptible.
J'arrivai à Vienne. Admis dans la société de l'archiduchesse, j'assistais au cercle qu'elle avait chez elle tous les soirs, et au lolo qu'on lui apprenait. A cette époque ont commencé les bontés dont elle n'a cessé de m'honorer toute sa vie, et dont j ai reçu des preuves constantes jusque peu de jours avant le 10 août 1792, jour affreux dont les suites cruelles seront à jamais une tâche pour la France, et dont le souvenir déchirant a livré mon âme à une tristesse que le temps ne pourra jamais effacer, en m'inspirant pour ce pavs une horreur qui m'empêchera à jamais d'y rentrer.
Présent à toutes les fêtes du mariage, je fus de tous les quadrilles qui furent dansés aux différents bals donnés à la cour, au Belvédère, et à l'ambassade de France. Quand je vis partir cette princesse pour être l'ornement du plus beau trône du monde, j'étais loin de penser qu'elle devait y trouver un échafaud.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Oui, merci Eléonore. Je comprends mieux. Notre Estherazy « français » est donc envoyé à Vienne pour établir un lien avec l’archiduchesse Marie-Antoinette en vue de son mariage. Il s’acquitte donc de cette tâche comme le ferait un ambassadeur.
Ce qu’on ne sait pas, en revanche, c’est:
-1. S’il rencontre là-bas sa famille austro-hongroise.
- 2. S’il jouit ou pas des faveurs de l’Impératrice, elle qui le considérera ensuite comme pas assez bien pour faire partie du cercle intime de sa fille....
En tout cas, il ne semble pas que Marie-Thérèse ait eu des griefs particuliers à l’égard des Estherazy, mais qu’elle n’appréciait tout simplement pas ce Comte Valentin, peut-être tout simplement parcequ’il était français, et qu’ il ne comptait donc pas dans la hiérarchie nobiliaire de son Empire, même s’il avait conservé son nom prestigieux ( simple hypothèse de ma part...)
Ce qu’on ne sait pas, en revanche, c’est:
-1. S’il rencontre là-bas sa famille austro-hongroise.
- 2. S’il jouit ou pas des faveurs de l’Impératrice, elle qui le considérera ensuite comme pas assez bien pour faire partie du cercle intime de sa fille....
En tout cas, il ne semble pas que Marie-Thérèse ait eu des griefs particuliers à l’égard des Estherazy, mais qu’elle n’appréciait tout simplement pas ce Comte Valentin, peut-être tout simplement parcequ’il était français, et qu’ il ne comptait donc pas dans la hiérarchie nobiliaire de son Empire, même s’il avait conservé son nom prestigieux ( simple hypothèse de ma part...)
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
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Re: Valentin Esterházy
Vicq d Azir a écrit:Oui, merci Eléonore. Je comprends mieux. Notre Estherazy « français » est donc envoyé à Vienne pour établir un lien avec l’archiduchesse Marie-Antoinette en vue de son mariage. Il s’acquitte donc de cette tâche comme le ferait un ambassadeur.
Ce qu’on ne sait pas, en revanche, c’est:
-1. S’il rencontre là-bas sa famille austro-hongroise.
Si si, cher Févicq, il y retrouve sa tante, la princesse Esterhazy :
Je restai à Vienne pour accompagner à Spa la princesse Esterhazy, née Lunati-Visconti, celle qui la première m'avait ouvert le chemin de la fortune et à qui j'avais l'obligation des bienfaits que j'avais reçus de ma famille. J'y étais encore quand nous apprîmes le malheur arrivé à Paris, aux fêtes du mariage ( le soir des feux d'artifices ), où, faute de bonne police, plusieurs infortunés périrent près du lieu où les régicides ont versé depuis le sang de saint Louis, et de tant d'empereurs.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Ah, très bien, merci...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Valentin Esterházy
Voici comment Esterhazy entre dans la société de la reine :
Durant l'hiver 1776, j'allai beaucoup à Versailles. Je chassais presque toujours avec le roi, et montais à cheval avec la reine. Elle fit venir le comte Jules de Polignac avec qui elle m'engagea à me lier. Nous passions très souvent les après-dîner chez elle ou nous allions au spectacle ensemble. L'empereur vint cette année à Paris et il était quelquefois chez la reine le soir avec le comte Jules, moi et le duc de Coigny. Au printemps, M. le comte d'Artois, qui avait pris beaucoup d amitié pour moi, m'annonça qu'il m'avait choisi pour aller faire avec lui une tournée dans le royaume, que nous irions voir l'escadre qui était à Brest, et de là, en longeant les cotes, à Bordeaux, pour revenir par Tours et Chanteloup.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Vicq d Azir a écrit:Pour la rougeole: cette maladie était encore courante il y a quelques décennies, avant la vaccination, et pas si grave que ça, à quelques exceptions près. En Afrique, elle a fait, il est vrai, plus de ravages. Elle pouvait aussi se compliquer plus souvent chez l’ adulte.
Au 18ème, en Europe, la maladie contagieuse que l’on redoutait était bien sûr la variole, appelée « petite vérole », avant la découverte de l’inoculation ( qui n’était pas sans risque non plus...)
Revenons à cette fameuse rougeole, si vous le voulez bien, cher Févicq, et prions Esterhazy de nous expliquer sa présence auprès de la reine souffrante avec trois autres larrons .
Allez, Comte, nous sommes tout ouïe !
Je revins à Paris pour suivre mon projet de permanence à Rocroy. Au commencement du printemps de 1779 la reine tomba malade. Une fièvre très forte accompagnée de mouvements spasmodiques finit par être la rougeole. Le roi ne l'avait pas eue. M. le comte d'Artois, qui ne l'avait pas eue non plus, et Mme Elisabeth s'enfermèrent avec elle. Le duc de Goigny, le comte de Guines, le baron de Bésenval et moi eûmes la permission de la voir et fûmes séquestrés du reste de la cour. Dès qu'elle commença à entrer en convalescence, on lui conseilla d'aller s'établira Trianon.
La maison y venait tous les jours et on nous donna des logements au Grand Trianon. Le duc de Liancourt, qui s'est depuis distingué par son ingratitude, y fut ajouté. La comtesse Jules était tombée malade à Paris peu après la reine, et avait eu aussi la rougeole. La comtesse Diane resta avec Mme Élisabeth, et les trois semaines que nous passâmes à Trianon furent très agréables, uniquement occupés de la santé et de l'amusement de la reine; de petites fêtes simples dans un lieu charmant, dans une belle saison, des promenades en calèche ou sur l'eau, point d'intrigues, point d'affaires, point de gros jeux; seule la grande magnificence qui y régnait pouvait faire soupçonner que l'on fut à la cour. Le temps d'exil passé, tout reprit l'ordre accoutumé et je partis pour Metz avec la promesse de recevoir l'ordre d'aller à Rocroy en permanence dès que je le demanderais.
( Mémoires d'Esterhazy )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Valentin Esterházy
Tout cadet qu'il soit, la faveur royale dont jouissait le comte Valentin Esterhazy datait de bien avant l'arrivée de Marie-Antoinette à Versailles .
Tout jeune, il était déjà dans les petits papiers de personnages puissants et sut y faire .
Quand il fut question pour lui d'obtenir le commandement d'un régiment, il put s'assurer à la Cour les plus hauts appuis. Et son affaire alla rondement.
Ainsi le raconte-t-il lui-même :
Je m'arrêtai encore quelques jours à Lyon, et j'arrivai à Fontainebleau où était la Cour. J'y trouvai beaucoup de mes connaissances de la guerre; je débutai à la chasse du roi, et soupai avec lui. La feue reine Leczinska me traita avec distinction, et se souvint de m'avoir vu enfant. J'éprouvai des politesses de tout le monde et M. de Choiseul me dit même un jour :
— Cherchez une place qui puisse vous convenir, et nous tâcherons de vous arranger.
M. du Châtelet avait préparé mon arrivée par les lettres qu'il avait écrites à ses amies, entre autres à Mme la duchesse de Gramont, sœur du duc de Choiseul et qui avait un grand crédit sur lui. Elle me reprocha un jour chez son frère de ne pas aller la voir. J'y fus, elle me reçut fort bien; elle m'engagea à m'adresser à elle quand j'aurais trouvé quelque chose qui me convint; qu'elle en ferait son affaire.
Ma mère était en ce temps-là au couvent de Saint-Germain. J'allai la voir en revenant de Fontainebleau. En renouvelant ses offres pour ma sœur, elle m'engagea aussi à y mener ma mère ; elles seraient plus agréablement et plus convenablement chez leur parente dans une riche abbave de Flandres, que dans un triste couvent. Ma mère et ma soeur acceptèrent la proposition, et, au mois de décembre, je les conduisis à Flines, où après avoir passé quelques jours, je les laissai chez l'abbesse et revins à Paris.
Je pensais à solliciter une place dans l'état-major. J'en parlai au général de Chabot, qui m'avait marqué de l'intérêt pendant la guerre. Il désapprouva mon projet, m'invitant, puisque Mme de Gramont s'intéressait à moi, de tâcher de faire revivre l'espèce de promesse qui avait été faite à la mort de mon père, au sujet de son régiment et de la lettre que M. d'Argenson avait écrite à ma mère à l'époque où M. David avait vendu ce régiment au comte Turpin. Ce n'était là que de bien faibles titres; mais, avec des protections et de l'activité, il est quelquefois possible de se servir d'un compliment comme d'un titre de droit. En outre, M. de Chabot s'engagea à faire de son côté ce qui dépendrait de lui à cet égard, et je pouvais d'autant plus compter sur sa promesse qu'il désirait ma place pour le comte de Ludre, lieutenant-colonel de la légion de Soubise.
Je rassemblai les papiers, et nous fîmes ensemble une espèce de mémoire, dont je donnai une copie à la duchesse de Gramont, et une autre à une princesse Kinski née Pafy, dont le duc de Ghoiseul s'était fort occupé à Vienne. Elle l'avait suivi à Paris, et étant un peu de mes parents, elle prenait intérêt à moi. Mes batteries disposées, je me présentai chez le duc de Ghoiseul pour le prévenir que j'avais remis à sa sœur une note me concernant. Le comte de Chabot, de son côté, était à l'affut pour savoir quand cette note serait renvoyée au bureau pour l'y appuyer. Mais un certain Dubois, qui avait un grand crédit près du ministre, désapprouva la chose. A son sens, il était absurde de former un nouveau régiment quand on venait d'en réformer seize, et de le donner à un jeune homme qui n'en n'avait jamais eu, quand il y avait douze colonels qui avaient perdu les leurs. Ces raisons n'étaient pas sans fondement. J'y opposai d'une part la promesse qui m'avait été faite à la mort de mon père d'une grâce dont il y avait plusieurs exemples. Un sentiment louable de reconnaissance m'avait empêché de former des prétentions sur le régiment de Bercheny, auquel mon grade me donnait droit. Un nouveau régiment de hussards ne coûterait rien au roi si des trois existants à douze compagnies on en formait quatre de huit.
Le ministre, combattu entre les femmes et son premier commis, ne se décidait pas, et je dus craindre que le temps ne diminuât son intérêt. Je m'adressai de nouveau à Mme de Gramont. Elle fut choquée d'apprendre que Dubois se mettait en travers d'une demande qu'elle avait appuyée. Elle me dit qu'elle l'enverrait chercher pour lui parler, et je conçus bonne espérance de voir sa vanité blessée.
Vers la fin de janvier, M. de Chabot me dit :
— Votre affaire va bien, mais ne vous montrez pas; on cherche à faire naître des obstacles, mais avec de la discrétion, nous les écarterons.
La princesse Kinsky continuant à solliciter hautement mon affaire, j'en profitai pour aller voir ma mère en Flandre. Je priai seulement la princesse de m'envover un courrier en cas de succès. Je partis pour Flines. Je ne parlai que d'une manière vague à ma mère et à ma sœur de mes espérances, dans la crainte quelles n'en fissent part à l'abbesse comtesse de Bercheny. Quoique je dusse compter sur l'amitié des Bercheny, je savais d'autre part que ce que je souhaitais ne pouvait se réaliser qu'en ôtant quatre compagnies au régiment de son frère, et on a beau aimer les autres, on s'aime toujours un peu plus. ( )
Enfin, le 13 février au soir, arriva un courrier de la princesse Kinsky, avec la nouvelle que, le 10, j'avais obtenu en propriété un régiment de hussards de mon nom, formé des compagnies enlevées aux autres. Je partis dans la même nuit; j'allai remercier ceux qui m'avaient si bien servi. Je portai ensuite mes remerciements au roi et je reçus les compliments de bien des gens qui enrageaient. M. de Chabot fut chargé de rédiger l'ordonnance et de procéder à la formation du régiment, qui fut terminée le 6 mai suivant. A la fin d'avril, je m'étais rendu à Lunéville, chez le maréchal de Bercheny. Le roi Stanislas m'accueillit avec bonté et me dit qu'il voulait voir mon régiment quand il passerait par la Lorraine.
Mon régiment traversa Lunéville trois jours après sa formation. Il parada devant le roi Stanislas, par qui furent reçus à dîner les officiers.
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Re: Valentin Esterházy
Et, dans la foulée, Esterhazy obtient le cordon bleu !
M. de Conflans reçut une lettre de la marquise de Goigny, sa fille, datée de la veille de la Pentecôte, qui lui mandait qu'il était fort question d'une promotion de cordons bleus pour le lendemain. Je craignis d'avoir été oublié , et je partis de suite, au moins pour me plaindre si je n'étais pas nommé. Auprès de Mantes, un courrier m'ayant reconnu fit arrêter ma voiture pour me demander si je savais que je venais d'être compris dans la promotion des chevaliers de l'Ordre. Il avait vu la liste et était sûr que mon nom y figurait. Il m'en nomma plusieurs autres, et quoiqu il n'eût pu se procurer une liste, il m'affirma que nous étions vingt. Je le remerciai et partis.
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