Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
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Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Abel-François Poisson, marquis de Marigny
Jean-François de Troy
Huile sur toile, 1750-51
Commandé par le modèle pour la marquise de Pompadour, sa soeur
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Kiki a écrit :
On se souvient qu'Abel François Poisson marquis de Marigny était le frère de Mme de Pompadour .
Il épousa une fille légitimée de Louis XV .
Reinette :
J'ignorais que Marigny avait épousé une fille de Louis XV !
C'était le rêve de Madame de Pompadour d'unir leurs deux familles. Elle avait le projet de marier Alexandrine avec le fils que le roi eut de madame de Vintimille.
Mme de Sabran :
C'était un homme , semble t-il, rempli de qualités et généralement très estimé .
Il fut nommé en 1756 greffier de l'ordre du Saint-Esprit, ce qui lui permit d'avoir un « cordon bleu » qu'il n'aurait pu avoir autrement. Parmi les nombreuses plaisanteries, on dit qu'il était « un bien petit Poisson pour être mis au bleu » .
En 1767, il épousa Julie Filleul (1751-1822), fille légitimée de Louis XV.
Merci Wiki !
La nuit, la neige :
Mme de Sabran a écrit:Parmi les nombreuses plaisanteries, on dit qu'il était « un bien petit Poisson pour être mis au bleu »
j'adore !
Mme de Sabran :
Oui, elle est concoctée exactement pour toi, celle-là !
J'en connais une autre beaucoup moins drôle, toujours faite sur le thème du poisson, à l'occasion de la mort de la petite fille de Mme de Pompadour .
C'était quelque chose comme une comparaison faite entre ses petites arrêtes qui allaient reposer auprès d'augustes os .
Gouverneur Morris :
olivia
J'ignorais que Marigny avait épousé une fille de Louis XV !
C'était le rêve de Madame de Pompadour d'unir leurs deux familles. Elle avait le projet de marier Alexandrine avec le fils que le roi eut de madame de Vintimille.
Julie Filleul, sœur de Mme de Flahaut chère à mon cœur... et à celui de beaucoup d'autres. :
Le roi refusa sèchement le projet de mariage entre Alexandrine et le Demi-Louis. La marquise dut se rabattre sur le petit duc de Fronsac, fils du Maréchal-Duc de Richelieu, et les deux enfants furent promis l'un à l'autre. Le destin en décida autrement.
Mme de Sabran :
Tiens donc ! J'ignorais que votre bonne amie Mme de Flahaut était la belle-soeur de M. de Marigny !
Gouverneur Morris :
Et aussi belle-soeur de d'Angiviller, frère de Flahaut, et successeur de Marigny ! On reste en famille.
Morny prétendra plus tard, afin d'ajouter à son arbre de la main gauche un degré de royal bâtardise supplémentaire, que Mme de Flahaut (sa grand-mère donc) était aussi fille de Louis XV. Mais rien n'est moins sûr.
Mme de Sabran :
Comme vous dites ! Alors là , je ne m'avancerais pas non plus .
Louis XV a eu beau semer des enfants naturels à tous vents, on lui en prête peut-être davantage qu'il n'y en eut en réalité ?
Gouverneur Morris :
D'autant plus que 10 ans d'écart séparent les deux soeurs... On voit mal le roi honorer leur mère, si tant est qu'il fut jamais son amant, sur une telle durée
J'ajouterai que d'abord titré Marquis de Vandières par le roi, il fut rapidement titré Marquis de Marigny pour éviter le ridicule, la Cour l'ayant surnommé Marquis d'Avant-Hier
Mme de Sabran :
Ce qui fait le pendant à la marquise de Maintenant !
Est-ce que terres et château de Marigny ne lui venaient pas, par héritage, de son père ?
Gouverneur Morris :
Je me permets d'ajouter celui-ci, représentant le marquis assistant à la toilette de sa jeune épouse, par Louis-Michel van Loo :
Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny (1754) et de Ménars, est né à Paris en 1727 et mort à Paris en mai 1781.
De naissance roturière, Abel-François Poisson de Vandières fut élevé dans le milieu de la finance parisienne. Lorsque sa sœur aînée, Jeanne-Antoinette devint, en 1745, la maîtresse de Louis XV et fut titrée marquise de Pompadour, elle le fit venir à la Cour, où le jeune homme s'attira rapidement les bonnes grâces du Roi.
( Malheureusement oui, c'est ce que l'on est convenu d'appeler la promotion canapé ... )
Lorsque Philibert Orry prit sa retraite, le Roi donna à Poisson de Vandières, alors âgé de 18 ans, la survivance de la direction générale des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures tandis que Charles François Paul Le Normant de Tournehem, père biologique de la marquise de Pompadour et son oncle par alliance, était nommé pour succéder à Orry.
Charles Antoine Coypel, premier peintre du Roi, fut chargé de former le goût du jeune Poisson de Vandières. Avec son aide, celui-ci eut notamment à sélectionner des tableaux des collections royales afin de les exposer au Palais du Luxembourg, créant ainsi le premier musée de France.
Entre décembre 1749 et septembre 1751, il séjourna ensuite en Italie pendant 25 mois, d'abord à l'Académie de France à Rome avant de faire le Grand Tour, avec le graveur Charles Nicolas Cochin, l'architecte Jacques-Germain Soufflot et l'abbé Leblanc. Ce voyage eut d'importantes répercussions sur l'évolution des arts et du goût en France.
À la mort de Le Normant de Tournehem en 1751, il fut rappelé d'Italie et prit ses fonctions de directeur général des Bâtiments du Roi. Il resta à ce poste jusqu'à sa retraite en 1773, établissant un record de longévité dans ces fonctions au XVIIIe siècle.
Il encouragea la peinture d'histoire et, dans l'architecture, le mouvement de retour à l'Antiquité qui devait engendrer le néoclassicisme.
Susceptible, orgueilleux, ombrageux, sans cesse occupé de ses origines roturières qu'il craignait de se voir reprocher, Marigny fut un administrateur intelligent et actif, pénétré de l'importance de sa mission. Il protégea Soufflot, à qui il confia le chantier de la nouvelle église Sainte-Geneviève, véritable manifeste du style "à l'Antique".
Il fit attribuer à Charles De Wailly et Marie-Joseph Peyre le chantier du nouveau Théâtre-Français (actuel théâtre de l'Odéon). Il fit aménager la place Louis XV (actuelle place de la Concorde) et planter les jardins des Champs-Élysées. Il supervisa la construction de l'École militaire, passa de nombreuses commandes à François Boucher, Van Loo, Jean-Baptiste Marie Pierre et nomma Charles-Joseph Natoire directeur de l'Académie de France à Rome.
Ayant hérité de son père, en 1754, le château de Marigny-en-Orxois, près de Château Thierry, il fut créé la même année marquis de Marigny.
Il fut nommé en 1756 greffier de l'ordre du Saint-Esprit, ce qui lui permit d'avoir un « cordon bleu » qu'il n'aurait pu avoir autrement. Parmi les nombreuses plaisanteries, on dit qu'il était « un bien petit Poisson pour être mis au bleu »[1]. En 1767, il épousa Julie Filleul (1751-1822), fille légitimée de Louis XV.
Bien que souffrant sévèrement de la goutte, il n'avait pas anticipé sa mort prématurée en 1781 et mourut sans avoir fait de testament.
Merci Wiki .
Gouverneur Morris :
...Marigny peint par Louis Tocqué, présentant les plans de l'Ecole Militaire par Gabriel :
Le mois de juillet arriva, ainsi que le voyage de Compiègne. Les fêtes y commencèrent; madame de Pompadour avait à ses ordres tous les artistes du royaume, mais son frère, surintendant des bâtiments, y mettait peu de grâce.
Poisson de son nom, depuis Vandières, et ayant pris ensuite le nom de marquis de Marigny, il disait lui-même qu'on l'avait appelé marquis d'avant-hier, et qu'on l'appellerait marquis de Marinières, puisque son vrai nom était Poisson. Il avait de l'esprit, une grande mémoire et un fond d'instruction; né pour être un commis de ferme, et peut-être fermier général, en passant par tous les emplois, il s'était senti de la haute fortune de sa sœur, dès l'instant où il avait été mis au collège. Envoyé à dix-huit ans à Rome avec Cochin (1), il avait fait un voyage qui lui avait profité. Très-égoïste, brutal et d'une grande présomption, il faisait les honneurs de sa naissance tant qu'on voulait,
pourvu qu'on fût convaincu qu'il valait beaucoup par son mérite.
( Dufort de Cheverny )
(1) Charles-Nicolas Cochin (1715-1790), graveur, dessinateur, écrivain. Il fil en 1749 le voyage d Italie avec Marigny, et en publia le
récit au point de vue artistique (3 vol. in-r2, 1758).
Note de l'éditeur : L'auteur est généralement peu bienveillant pour Marigny, que ses
contemporains ont jugé moins sévèrement. Des dissentiments person-
nels, dont on trouvera le récit plus loin, ont évidemment influencé
M. Dufort, qui d'ordinaire est plus porté à l'indulgence.
Gouverneur Morris :
... et enfin portraituré par Roslin, présentant - de mémoire- en gravure et en plans ses travaux de dégagement et d'achèvement de la Cour Carrée et de la Colonnade du Louvre, posés sur son bureau...
Abel-François Poisson, marquis de Marigny
François Roslin
Réplique exécutée en 1764 pour l'Académie royale d'architecture, d'après un original daté de 1761. Entré à Versailles sous Louis-Philippe (...)
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
La richesse du mobilier, du dernier goût néo-classqiue (nous ne sommes qu'en 1764 !), est confondante.
Kiki :
Il n'a pas hésité à faire figurer symboliquement son patronyme roturier sur son blason !
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Gouverneur Morris :
Ah oui , je crois que cela s'appelle en héraldique des armes parlantes.
Sa sœur avait commandé un service en porcelaine des Indes où figurait ce type d'armes ; la crainte du ridicule l'y fit renoncer, mais les pièces déjà exécutées se retrouvent encore aujourd'hui dans certaines collections européennes.
Mme de Sabran :
Gouverneur Morris a écrit:
Ah oui , je crois que cela s'appelle en héraldique des armes parlantes..
..... fritures d'or sur champ de gueule !
Gouverneur Morris a écrit:
Sa sœur avait commandé un service en porcelaine des Indes où figurait ce type d'armes ; la crainte du ridicule l'y fit renoncer, mais les pièces déjà exécutées se retrouvent encore aujourd'hui dans certaines collections européennes.
Je le crois bien volontiers ! Cela aurait trop fait, euh .... service à poisson !
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............................................................. FIN DE CE BOUTURAGE !
.........................................
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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pilayrou- Messages : 674
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Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
En effet, nous avons un autre Marigny, Charles de Bernard, qui, quoique homme de la mer ( il est vice-amiral ) n'a rien à voir avec la famille Poisson .
Il participe à la Guerre d'Indépendance des États-Unis .
Et, concernant ce deuxième Marigny vice-amiral, voici une petite anecdote pour Olivia ( notre adoratrice de Loulou ) :n,,;::::!!!:
Au mois d’août 1784, Marigny fut nommé major du corps royal des canonniers matelots, et, au mois de mai 1786, il fut fait chef de division et major de la première escadre. Il était chargé d’une inspection des ports, en 1789, et il se trouvait à Cherbourg lorsque Louis XVI vint le visiter. Marigny fut brigadier du canot qui porta le roi en rade; en rentrant dans l’embarcation pour retourner à terre, le roi fit un faux pas ; Marigny le saisit aussitôt dans ses bras, et, malgré l’embonpoint du monarque, il le porta jusque dans la chambre du canot. « Mon Dieu, monsieur de Marigny que vous êtes fort ! » lui dit Louis XVI. « Sire, un Français est toujours fort, quand il tient son roi dans ses bras. »
Il est intéressant aussi, ce bon et excellent deuxième Marigny ! Allez, zou, je vous mets tout l'article !
Charles-René-Louis, vicomte de Bernard de Marigny, né à Sées le 1er février 1740 et mort à Brest le 25 juillet 1816, est un vice-amiral français, grand-croix de l’ordre de Saint-Louis, commandant de la marine au port militaire de Brest.
Le père de Marigny appartenait à l’une des plus anciennes familles de la Normandie, mais son défaut de fortune ne lui eût pas permis de donner à ses huit enfants une éducation conforme à son rang, sans le secours des institutions destinées aux enfants nobles. Des trois frères de Marigny, l’aîné était officier de dragons, le second servait dans la marine, un autre était à l’école militaire. Quant à lui, destiné à l’état ecclésiastique, il fut placé de bonne heure au séminaire de Sées pour y suivre ses études. Mais la sollicitude de ses parents ne put maîtriser le penchant qui le portait aux entreprises aventureuses ; à quatorze ans, il quitta la maison paternelle, et se rendit à pied à Rochefort, où il réclama la protection de son frère, plus âgé que lui de quelques années, et qui y servait alors comme garde de la marine.
Le jeune Marigny se fit, dès ce moment, une règle de conduite dont il ne se départit jamais ; n’ayant rien à attendre de son père, mécontent du parti qu’il avait pris, il voulut désormais ne rien devoir qu’à lui-même, et il travailla nuit et jour pour acquérir les connaissances nécessaires à l’état qu’il embrassait.
Ses efforts furent couronnés de succès. Admis, en 1754, parmi les gardes de la marine, l’année suivante il obtint un ordre d’embarquement sur la frégate la Valeur, avec laquelle il fit une campagne de quatorze mois. Cependant sa constitution semblait désavouer son goût pour le métier de marin, car pendant la durée de cette campagne, il éprouva constamment le mal de mer ; mais sa persévérance maitrisa chez lui la nature, et dans une nouvelle campagne qu’il fit sur le même bâtiment, les symptômes de cette maladie disparurent entièrement.
Nommé enseigne en 1757, Marigny s’embarqua d’abord sur la corvette le Zéphir, et ensuite sur l’Actif. Ce vaisseau faisait partie de l’escadre de huit vaisseaux et deux frégates, aux ordres du comte d’Aché, destinée à protéger les possessions françaises dans l’Inde, et il participa aux divers combats qu’elle soutint contre les Anglais sur la côte de Coromandel, en 1758.
Après une campagne d’environ quarante mois, le chevalier de Marigny revint en France sur le Zodiaque. Il servit successivement sur les vaisseaux le Glorieux, le Minotaure, l’Union, la frégate la Légère, et la flûte la Garonne, avec lesquels il fit diverses campagnes à Saint-Domingue, à la côte d’Afrique, aux îles du Vent, au Portugal et en Inde, jusqu’en 1767, époque à laquelle il fut fait lieutenant de vaisseau. Étant à l’île de France, en 1768, il reçut l’ordre de s’embarquer, comme passager, sur un bâtiment de la Compagnie, avec la mission d’explorer les côtes de Coromandel et du Bengale. Il visita alors les différents comptoirs européens, y recueillit des renseignements qu’il consigna dans des mémoires particuliers. Ce voyage dura environ huit mois, et à son retour en France il déposa au ministère de la marine les résultats de ses recherches.
En 1770, Marigny fut nommé au commandement de la Dorade. Cette gabare, qui était destinée à faire le cabotage sur les côtes de France, fut employée à transporter à Rochefort une grande quantité de munitions navales accumulées depuis longtemps à Bayonne, et Marigny s’acquitta de cette mission sans être inquiété par les croiseurs anglais. Au désarmement de ce bâtiment, il fut nommé premier aide-major de la marine à Brest. Là, il s’occupa activement et avec succès, à l’instruction et à la discipline des troupes. Lorsqu’en 1773, une escadre dont le commandement était destiné au comte d’Estaing fut armée à Toulon, Marigny fut désigné pour en faire partie sur le vaisseau le Lion, mais l’expédition projetée n’ayant pas eu de suite, l’escadre désarma sans avoir pris la mer. En 1775, Marigny fut fait chevalier de Saint-Louis, et nommé au commandement de la corvette le Serin. Il prit également celui de la station des îles du Vent, chargée de protéger le commerce français dans ces parages.
Une maladie de près d’une année, causée par l’imprudence qu’il commit de coucher à bord de son bâtiment trop nouvellement peint, le força d’en quitter le commandement ; mais lorsqu’il fut rétabli, on lui confia celui de la corvette l’Étourdie, avec laquelle il fit une campagne de six mois sur les côtes de la Manche. À la fin de l’année 1777, Marigny, qui commandait la frégate la Belle Poule, fut chargé de reconduire aux États-Unis Benjamin Franklin, qui avait été envoyé en France par le Congrès, pour solliciter des secours en hommes et en argent.
Le 7 janvier 1778, cette frégate, se trouvant par le 45 ° 46 de latitude nord, et le 8 ° de longitude, fut rencontrée par les vaisseaux anglais l’Hector et le Courageux, tous deux de soixante-quatorze, qui lui tirèrent chacun un coup de canon à boulet. Ils parvinrent à placer la Belle Poule entre leurs feux, et enjoignirent au commandant de mettre son canot à la mer. Le chevalier de Marigny s’y refusa. Alors l’un des deux lui détacha une embarcation avec un officier qui lui fit les questions suivantes i« Qui êtes-vous ? d’où venez-vous ? où allez-vous ? » Le chevalier répondit : « Je suis la Belle Poule, frégate du roi de France ; je viens de la mer, et je vais à la mer ; les bâtiments du roi mon maître ne se laissent jamais visiter. » Après quelques pourparlers, dans lesquels le chevalier de Marigny montra la même réserve et le même caractère, l’officier anglais s’excusa sur ce que son commandant avait pris la Belle Poule pour une frégate américaine, masquée sous le pavillon français.
Contrarié pendant trente-six jours consécutifs par des vents contraires, dégréé et menacé de perdre sa mâture, ses vivres épuisés et son équipage accablé de fatigues, , le chevalier de Marigny se vit contraint de revenir à Brest. Il n’y resta que le temps nécessaire pour transborder son équipage sur la Sensible, et il reprit immédiatement la mer avec cette frégate. Cette fois, sa traversée fut si heureuse, qu’après avoir débarqué aux États-Unis l’envoyé américain, et fait plusieurs prises, dont un corsaire, il était de retour à Brest soixante-cinq jours après son départ de ce port. En opérant son retour, il fut rencontré, à la hauteur d’Halifax, par le vaisseau anglais le Centurion et la frégate le Diamant. Le vaisseau le héla, en lui demandant où il allait. « Je tiens la mer », répondit le commandant, et il continua sa route.
Combat entre La Belle Poule et l'HMS ArethusaL’activité continue de Marigny avait altéré sa santé, mais comme les relations diplomatiques entre la France et l'Angleterre se détérioraient, il resta dans la Marine. La guerre éclata entre la France et l’Angleterre au mois de juin de la même année, et la Sensible, qui était la frégate de répétition du comte d’Orvilliers, participa au combat d’Ouessant, le 27 juillet 1778.
À la suite de cette affaire, Marigny fut nommé capitaine de vaisseau, et il passa au commandement de la Junon. Le 25 juillet 1779, l’armée navale aux ordres du comte d’Orvilliers sortit de Brest pour se réunir aux Espagnols. Cette jonction opérée, elle entra dans la Manche, et se dirigea sur les côtes d’Angleterre. L’escadre légère, que commandait La Touche-Tréville était en avant. Le 17 août, au matin, la Junon, qui en faisait partie, signale plusieurs voiles au vent, dont un vaisseau. Ayant reçu l’ordre de lui donner la chasse, elle suit ses mouvements, et, manœuvrant de manière à lui couper le chemin, l’atteint à demi-portée de canon de la côte. C’était l’Ardent, de soixante-quatre canons. Après avoir assuré son pavillon, Marigny commença le feu ; s’apercevant que le vaisseau n’ouvrait ses sabords que l’un après l’autre, il le jugea mal préparé au combat. Il passa derrière lui pour l’attaquer à tribord. L’Ardent répondit faiblement au feu nourri de la Junon ; ses coups étaient incertains, mal dirigés. La frégate la Gentille, joignant la Junon, attaqua le vaisseau à babord. Pris entre deux feux et voyant s’approcher l’escadre légère, l' Ardent amena son pavillon. Plus tard, le marquis de Rossel fut chargé de faire du combat le sujet d’un tableau qui fut envoyé au commandant de la Junon, portant en légende : « Donné par le roi au brave chevalier de Marigny. » Le ministre de la marine, en lui annonçant ce cadeau, lui disait dans sa lettre : « Sa Majesté vous donne le commandement du vaisseau l’Ardent, que vous avez attaqué et combattu si vaillamment. »
L’année suivante, faisant partie d’une division commandée par le chevalier de Ternay, l’Ardent prit part à l’engagement qu’elle soutint, le 21 juin 1780, contre cinq vaisseaux anglais. En 1781, une escadre de huit vaisseaux, aux ordres du chevalier Destouches, ayant à bord un corps de troupes d’environ mille hommes, destiné à renforcer l’armée américaine, se rendait dans la Chesapeake, lorsque, le 16 mars, elle fut rencontrée par celle de l’amiral Arbuthnot, également composée de huit vaisseaux. Dans le combat qui eut lieu, l’Ardent, pris entre le feu du London, de quatre-vingt-dix-huit et du Royal-Oak, de soixante-quatorze, allait succomber, lorsque l’Éveillé, de soixante-quatre, que commandait le Gardeur de Tilly, parvint à le dégager, malgré la disproportion de leurs forces réunies ; l’Ardent eut cinquante-quatre hommes tués et un grand nombre de blessés.
L’année suivante, Marigny prit part, avec l’Ardent, aux combats des 25 et 26 janvier, sous Saint-Christophe, et à la prise de cette île, qui en fut le résultat. Chargé par le comte de Grasse de se rendre en France pour y rendre compte des opérations de l’armée, le chevalier de Marigny quitta l’Ardent, et prit passage sur la frégate l’Aigrette. En son absence, le 12 avril 1782, l’Ardent est capturé et sa conserve, le César explose, tuant son frère Gaspard de Bernard de Marigny. Au début de l’année 1783, le chevalier, devenu vicomte de Marigny, reçut l’ordre d’aller prendre, à Toulon le commandement du vaisseau la Victoire, mais la paix, conclue le 20 juin, rendit cet armement inutile.
A l'été 1784, Marigny est chargé du bombardement de Cabinda, fort construit par les Portugais sur l’un des principaux comptoirs de la côte d’Angola et leur permettant d'interdire l'accès aux navires étrangers, gênant les opérations des négociants qui venaient y faire la traite.
Le roi de France ordonna l’armement d’une division composée de la Vénus, frégate de trente-six, la Lamproie, gabare de vingt-quatre, et l’Anonyme, cutter de dix canons. Marigny en reçut le commandement, avec instruction de protéger le commerce français à la côte d’Angola, par tous les moyens. Il appareilla de Brest avec ces trois bâtiments, portant trois cents hommes de troupes, et mouilla devant Cabinda, le 17 juin 1784.
Un fort assez imposant battait la passe et une frégate de vingt-six, mouillée à l’entrée, en défendait l’approche. Marigny n’hésita pas à faire connaître le but de sa mission à son capitaine ; il plaça ensuite la Vénus de manière à couper toute communication entre la frégate portugaise et le fort. Il signifie alors à son commandant ses ordres d’assurer l’indépendance du commerce français, et sa résolution d’employer la force pour les faire exécuter. Il disposa en même temps les troupes de débarquement qu’il avait amenées, et se prépara à une attaque vigoureuse. Les Portugais parurent d’abord vouloir résister, puis le commandant du fort demanda un délai de trente jours pour prendre les ordres du gouverneur général. Il était cinq heures du soir; le vicomte de Marigny lui accorde jusqu’au lendemain à sept heures du matin. À midi, le fort était rendu et sa démolition commencée. Plusieurs prisonniers, au nombre desquels se trouvait un prince africain, furent rendus à la liberté.
La cour de Lisbonne, informée de l’issue de cette expédition, se plaignit hautement et fit demander par son ambassadeur, comme une réparation, la destitution de l’officier qui l’avait dirigée. Le conseil en fut donné, mais Louis XVI refusa et le maréchal de Castries, alors ministre de la marine, approuva la conduite de Marigny.
Dans l’escadre d’évolution qui fut armé en 1784, la frégate la Fine, que commandait Marigny, fut citée pour l’habileté et la précision de ses manœuvres[réf. nécessaire]. À son retour à Brest, il passa au commandement du vaisseau le Téméraire et, sur de nouveaux bruits de guerre, il reçut l’ordre de se rendre à Toulon pour y prendre le commandement d’une escadre destinée pour les mers de l’Inde.
Je zappe l'escapade du Roi à Cherbourg que je viens de poster juste en amont .....
En 1790, Marigny est major-général de la marine. Une nuit, des révolutionnaires placent à sa porte la potence et le carcan où l’on attachait les criminels. Quelques jours après, on vint lui apprendre, au milieu de la nuit, que deux ou trois mille marins s’étaient révoltés, et demandaient la tête du major-général. Il prend à la hâte son uniforme, son épée et court à la caserne. « Vous demandez ma tête, dit-il aux marins mutinés ; la voici, je viens vous l’apporter. » Les clameurs cessèrent, et les groupes se dissipèrent.
Marigny reçut l’ordre de prendre le commandement de la marine et le ministre, en le lui transmettant, lui disait que c’était un nouveau sacrifice que le roi attendait de lui. En 1792, Marigny fut fait contre-amiral. Mais il s’opposa en vain aux révolutionnaires ; convaincu lui-même qu’il ne pouvait plus rien pour le service du roi, il demanda et obtint sa démission. À cette époque, il comptait trente-trois campagnes, avait exercé quatorze commandements, et assisté à sept combats.
Louis XVI, par une lettre close qu’il lui adressa, lui défendit formellement d’émigrer et, pour l’attacher de plus près à sa personne, il le nomma sous-gouverneur du Dauphin ; mais, témoin de la journée du 20 juin 1792 et de celle du 10 août, il échappa lui-même de peu à la mort. Lors du procès de Louis XVI, il apprit qu’au nombre des chefs d’accusation portés contre le roi, se trouvait celui d’avoir commandé et autorisé l’émigration. Ayant la preuve du contraire, il se rendit à Paris, se présenta à l’avocat du roi, Malesherbes, la lui communiqua, et demanda à la lire à la barre de la Convention.
Le roi, instruit, de cette démarche, dit à son défenseur : « Je vous défends (et ce sera probablement le dernier ordre que je vous donnerai) de faire aucune mention de ce brave homme dans mon procès ; ce serait l’exposer, et probablement sans aucune utilité pour moi. »
Cependant, Marigny fut arrêté avec sa famille. Appelé devant le tribunal révolutionnaire, il y est accusé d’avoir fait partie de l’armée royale de l’Ouest, par confusion avec l'un de ses cousins, Gaspard de Bernard de Marigny. L'un des membres du tribunal, le reconnaissant, déclare alors : « Non, lui dit-il, tu n’es pas le brigand de la Vendée ; je te reconnais, tu es un brave homme, un homme juste et le père du soldat. Tu as été mon major ; tu m’as quelquefois fait mettre en prison, mais toujours je l’avais mérité. Citoyens collègues, je réponds de son civisme. » Marigny échappa à la condamnation à mort et fut reconduit en prison.
Rendu à la liberté par la chute de Robespierre, Marigny alla se cacher dans une propriété qu’il possédait aux environs de Brest. Il s’y livra à l’éducation de ses enfants, et partagea ses loisirs entre l’étude et l’agriculture. Il est nommé maire de sa commune sous le gouvernement impérial.
A la Restauration, il est nommé vice-amiral, le 18 juin 1814; le 27 décembre, il reçut la grande décoration de l’ordre de Saint-Louis. Au mois de décembre 1815, le roi le nomma commandant de la marine au port de Brest.
Au mois de juin 1816, Marigny ressentit les premières atteintes d’une maladie aiguë ; malgré ses souffrances, il voulut assister à une fête donnée à l’occasion du mariage du duc de Berry. Il succomba le 25 juillet suivant.
Sources
Joseph François Gabriel Hennequin, Biographie maritime, t. 1er, Paris, Regnault, 1835, p. 351-63
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Il participe à la Guerre d'Indépendance des États-Unis .
Et, concernant ce deuxième Marigny vice-amiral, voici une petite anecdote pour Olivia ( notre adoratrice de Loulou ) :n,,;::::!!!:
Au mois d’août 1784, Marigny fut nommé major du corps royal des canonniers matelots, et, au mois de mai 1786, il fut fait chef de division et major de la première escadre. Il était chargé d’une inspection des ports, en 1789, et il se trouvait à Cherbourg lorsque Louis XVI vint le visiter. Marigny fut brigadier du canot qui porta le roi en rade; en rentrant dans l’embarcation pour retourner à terre, le roi fit un faux pas ; Marigny le saisit aussitôt dans ses bras, et, malgré l’embonpoint du monarque, il le porta jusque dans la chambre du canot. « Mon Dieu, monsieur de Marigny que vous êtes fort ! » lui dit Louis XVI. « Sire, un Français est toujours fort, quand il tient son roi dans ses bras. »
Il est intéressant aussi, ce bon et excellent deuxième Marigny ! Allez, zou, je vous mets tout l'article !
Charles-René-Louis, vicomte de Bernard de Marigny, né à Sées le 1er février 1740 et mort à Brest le 25 juillet 1816, est un vice-amiral français, grand-croix de l’ordre de Saint-Louis, commandant de la marine au port militaire de Brest.
Le père de Marigny appartenait à l’une des plus anciennes familles de la Normandie, mais son défaut de fortune ne lui eût pas permis de donner à ses huit enfants une éducation conforme à son rang, sans le secours des institutions destinées aux enfants nobles. Des trois frères de Marigny, l’aîné était officier de dragons, le second servait dans la marine, un autre était à l’école militaire. Quant à lui, destiné à l’état ecclésiastique, il fut placé de bonne heure au séminaire de Sées pour y suivre ses études. Mais la sollicitude de ses parents ne put maîtriser le penchant qui le portait aux entreprises aventureuses ; à quatorze ans, il quitta la maison paternelle, et se rendit à pied à Rochefort, où il réclama la protection de son frère, plus âgé que lui de quelques années, et qui y servait alors comme garde de la marine.
Le jeune Marigny se fit, dès ce moment, une règle de conduite dont il ne se départit jamais ; n’ayant rien à attendre de son père, mécontent du parti qu’il avait pris, il voulut désormais ne rien devoir qu’à lui-même, et il travailla nuit et jour pour acquérir les connaissances nécessaires à l’état qu’il embrassait.
Ses efforts furent couronnés de succès. Admis, en 1754, parmi les gardes de la marine, l’année suivante il obtint un ordre d’embarquement sur la frégate la Valeur, avec laquelle il fit une campagne de quatorze mois. Cependant sa constitution semblait désavouer son goût pour le métier de marin, car pendant la durée de cette campagne, il éprouva constamment le mal de mer ; mais sa persévérance maitrisa chez lui la nature, et dans une nouvelle campagne qu’il fit sur le même bâtiment, les symptômes de cette maladie disparurent entièrement.
Nommé enseigne en 1757, Marigny s’embarqua d’abord sur la corvette le Zéphir, et ensuite sur l’Actif. Ce vaisseau faisait partie de l’escadre de huit vaisseaux et deux frégates, aux ordres du comte d’Aché, destinée à protéger les possessions françaises dans l’Inde, et il participa aux divers combats qu’elle soutint contre les Anglais sur la côte de Coromandel, en 1758.
Après une campagne d’environ quarante mois, le chevalier de Marigny revint en France sur le Zodiaque. Il servit successivement sur les vaisseaux le Glorieux, le Minotaure, l’Union, la frégate la Légère, et la flûte la Garonne, avec lesquels il fit diverses campagnes à Saint-Domingue, à la côte d’Afrique, aux îles du Vent, au Portugal et en Inde, jusqu’en 1767, époque à laquelle il fut fait lieutenant de vaisseau. Étant à l’île de France, en 1768, il reçut l’ordre de s’embarquer, comme passager, sur un bâtiment de la Compagnie, avec la mission d’explorer les côtes de Coromandel et du Bengale. Il visita alors les différents comptoirs européens, y recueillit des renseignements qu’il consigna dans des mémoires particuliers. Ce voyage dura environ huit mois, et à son retour en France il déposa au ministère de la marine les résultats de ses recherches.
En 1770, Marigny fut nommé au commandement de la Dorade. Cette gabare, qui était destinée à faire le cabotage sur les côtes de France, fut employée à transporter à Rochefort une grande quantité de munitions navales accumulées depuis longtemps à Bayonne, et Marigny s’acquitta de cette mission sans être inquiété par les croiseurs anglais. Au désarmement de ce bâtiment, il fut nommé premier aide-major de la marine à Brest. Là, il s’occupa activement et avec succès, à l’instruction et à la discipline des troupes. Lorsqu’en 1773, une escadre dont le commandement était destiné au comte d’Estaing fut armée à Toulon, Marigny fut désigné pour en faire partie sur le vaisseau le Lion, mais l’expédition projetée n’ayant pas eu de suite, l’escadre désarma sans avoir pris la mer. En 1775, Marigny fut fait chevalier de Saint-Louis, et nommé au commandement de la corvette le Serin. Il prit également celui de la station des îles du Vent, chargée de protéger le commerce français dans ces parages.
Une maladie de près d’une année, causée par l’imprudence qu’il commit de coucher à bord de son bâtiment trop nouvellement peint, le força d’en quitter le commandement ; mais lorsqu’il fut rétabli, on lui confia celui de la corvette l’Étourdie, avec laquelle il fit une campagne de six mois sur les côtes de la Manche. À la fin de l’année 1777, Marigny, qui commandait la frégate la Belle Poule, fut chargé de reconduire aux États-Unis Benjamin Franklin, qui avait été envoyé en France par le Congrès, pour solliciter des secours en hommes et en argent.
Le 7 janvier 1778, cette frégate, se trouvant par le 45 ° 46 de latitude nord, et le 8 ° de longitude, fut rencontrée par les vaisseaux anglais l’Hector et le Courageux, tous deux de soixante-quatorze, qui lui tirèrent chacun un coup de canon à boulet. Ils parvinrent à placer la Belle Poule entre leurs feux, et enjoignirent au commandant de mettre son canot à la mer. Le chevalier de Marigny s’y refusa. Alors l’un des deux lui détacha une embarcation avec un officier qui lui fit les questions suivantes i« Qui êtes-vous ? d’où venez-vous ? où allez-vous ? » Le chevalier répondit : « Je suis la Belle Poule, frégate du roi de France ; je viens de la mer, et je vais à la mer ; les bâtiments du roi mon maître ne se laissent jamais visiter. » Après quelques pourparlers, dans lesquels le chevalier de Marigny montra la même réserve et le même caractère, l’officier anglais s’excusa sur ce que son commandant avait pris la Belle Poule pour une frégate américaine, masquée sous le pavillon français.
Contrarié pendant trente-six jours consécutifs par des vents contraires, dégréé et menacé de perdre sa mâture, ses vivres épuisés et son équipage accablé de fatigues, , le chevalier de Marigny se vit contraint de revenir à Brest. Il n’y resta que le temps nécessaire pour transborder son équipage sur la Sensible, et il reprit immédiatement la mer avec cette frégate. Cette fois, sa traversée fut si heureuse, qu’après avoir débarqué aux États-Unis l’envoyé américain, et fait plusieurs prises, dont un corsaire, il était de retour à Brest soixante-cinq jours après son départ de ce port. En opérant son retour, il fut rencontré, à la hauteur d’Halifax, par le vaisseau anglais le Centurion et la frégate le Diamant. Le vaisseau le héla, en lui demandant où il allait. « Je tiens la mer », répondit le commandant, et il continua sa route.
Combat entre La Belle Poule et l'HMS ArethusaL’activité continue de Marigny avait altéré sa santé, mais comme les relations diplomatiques entre la France et l'Angleterre se détérioraient, il resta dans la Marine. La guerre éclata entre la France et l’Angleterre au mois de juin de la même année, et la Sensible, qui était la frégate de répétition du comte d’Orvilliers, participa au combat d’Ouessant, le 27 juillet 1778.
À la suite de cette affaire, Marigny fut nommé capitaine de vaisseau, et il passa au commandement de la Junon. Le 25 juillet 1779, l’armée navale aux ordres du comte d’Orvilliers sortit de Brest pour se réunir aux Espagnols. Cette jonction opérée, elle entra dans la Manche, et se dirigea sur les côtes d’Angleterre. L’escadre légère, que commandait La Touche-Tréville était en avant. Le 17 août, au matin, la Junon, qui en faisait partie, signale plusieurs voiles au vent, dont un vaisseau. Ayant reçu l’ordre de lui donner la chasse, elle suit ses mouvements, et, manœuvrant de manière à lui couper le chemin, l’atteint à demi-portée de canon de la côte. C’était l’Ardent, de soixante-quatre canons. Après avoir assuré son pavillon, Marigny commença le feu ; s’apercevant que le vaisseau n’ouvrait ses sabords que l’un après l’autre, il le jugea mal préparé au combat. Il passa derrière lui pour l’attaquer à tribord. L’Ardent répondit faiblement au feu nourri de la Junon ; ses coups étaient incertains, mal dirigés. La frégate la Gentille, joignant la Junon, attaqua le vaisseau à babord. Pris entre deux feux et voyant s’approcher l’escadre légère, l' Ardent amena son pavillon. Plus tard, le marquis de Rossel fut chargé de faire du combat le sujet d’un tableau qui fut envoyé au commandant de la Junon, portant en légende : « Donné par le roi au brave chevalier de Marigny. » Le ministre de la marine, en lui annonçant ce cadeau, lui disait dans sa lettre : « Sa Majesté vous donne le commandement du vaisseau l’Ardent, que vous avez attaqué et combattu si vaillamment. »
L’année suivante, faisant partie d’une division commandée par le chevalier de Ternay, l’Ardent prit part à l’engagement qu’elle soutint, le 21 juin 1780, contre cinq vaisseaux anglais. En 1781, une escadre de huit vaisseaux, aux ordres du chevalier Destouches, ayant à bord un corps de troupes d’environ mille hommes, destiné à renforcer l’armée américaine, se rendait dans la Chesapeake, lorsque, le 16 mars, elle fut rencontrée par celle de l’amiral Arbuthnot, également composée de huit vaisseaux. Dans le combat qui eut lieu, l’Ardent, pris entre le feu du London, de quatre-vingt-dix-huit et du Royal-Oak, de soixante-quatorze, allait succomber, lorsque l’Éveillé, de soixante-quatre, que commandait le Gardeur de Tilly, parvint à le dégager, malgré la disproportion de leurs forces réunies ; l’Ardent eut cinquante-quatre hommes tués et un grand nombre de blessés.
L’année suivante, Marigny prit part, avec l’Ardent, aux combats des 25 et 26 janvier, sous Saint-Christophe, et à la prise de cette île, qui en fut le résultat. Chargé par le comte de Grasse de se rendre en France pour y rendre compte des opérations de l’armée, le chevalier de Marigny quitta l’Ardent, et prit passage sur la frégate l’Aigrette. En son absence, le 12 avril 1782, l’Ardent est capturé et sa conserve, le César explose, tuant son frère Gaspard de Bernard de Marigny. Au début de l’année 1783, le chevalier, devenu vicomte de Marigny, reçut l’ordre d’aller prendre, à Toulon le commandement du vaisseau la Victoire, mais la paix, conclue le 20 juin, rendit cet armement inutile.
A l'été 1784, Marigny est chargé du bombardement de Cabinda, fort construit par les Portugais sur l’un des principaux comptoirs de la côte d’Angola et leur permettant d'interdire l'accès aux navires étrangers, gênant les opérations des négociants qui venaient y faire la traite.
Le roi de France ordonna l’armement d’une division composée de la Vénus, frégate de trente-six, la Lamproie, gabare de vingt-quatre, et l’Anonyme, cutter de dix canons. Marigny en reçut le commandement, avec instruction de protéger le commerce français à la côte d’Angola, par tous les moyens. Il appareilla de Brest avec ces trois bâtiments, portant trois cents hommes de troupes, et mouilla devant Cabinda, le 17 juin 1784.
Un fort assez imposant battait la passe et une frégate de vingt-six, mouillée à l’entrée, en défendait l’approche. Marigny n’hésita pas à faire connaître le but de sa mission à son capitaine ; il plaça ensuite la Vénus de manière à couper toute communication entre la frégate portugaise et le fort. Il signifie alors à son commandant ses ordres d’assurer l’indépendance du commerce français, et sa résolution d’employer la force pour les faire exécuter. Il disposa en même temps les troupes de débarquement qu’il avait amenées, et se prépara à une attaque vigoureuse. Les Portugais parurent d’abord vouloir résister, puis le commandant du fort demanda un délai de trente jours pour prendre les ordres du gouverneur général. Il était cinq heures du soir; le vicomte de Marigny lui accorde jusqu’au lendemain à sept heures du matin. À midi, le fort était rendu et sa démolition commencée. Plusieurs prisonniers, au nombre desquels se trouvait un prince africain, furent rendus à la liberté.
La cour de Lisbonne, informée de l’issue de cette expédition, se plaignit hautement et fit demander par son ambassadeur, comme une réparation, la destitution de l’officier qui l’avait dirigée. Le conseil en fut donné, mais Louis XVI refusa et le maréchal de Castries, alors ministre de la marine, approuva la conduite de Marigny.
Dans l’escadre d’évolution qui fut armé en 1784, la frégate la Fine, que commandait Marigny, fut citée pour l’habileté et la précision de ses manœuvres[réf. nécessaire]. À son retour à Brest, il passa au commandement du vaisseau le Téméraire et, sur de nouveaux bruits de guerre, il reçut l’ordre de se rendre à Toulon pour y prendre le commandement d’une escadre destinée pour les mers de l’Inde.
Je zappe l'escapade du Roi à Cherbourg que je viens de poster juste en amont .....
En 1790, Marigny est major-général de la marine. Une nuit, des révolutionnaires placent à sa porte la potence et le carcan où l’on attachait les criminels. Quelques jours après, on vint lui apprendre, au milieu de la nuit, que deux ou trois mille marins s’étaient révoltés, et demandaient la tête du major-général. Il prend à la hâte son uniforme, son épée et court à la caserne. « Vous demandez ma tête, dit-il aux marins mutinés ; la voici, je viens vous l’apporter. » Les clameurs cessèrent, et les groupes se dissipèrent.
Marigny reçut l’ordre de prendre le commandement de la marine et le ministre, en le lui transmettant, lui disait que c’était un nouveau sacrifice que le roi attendait de lui. En 1792, Marigny fut fait contre-amiral. Mais il s’opposa en vain aux révolutionnaires ; convaincu lui-même qu’il ne pouvait plus rien pour le service du roi, il demanda et obtint sa démission. À cette époque, il comptait trente-trois campagnes, avait exercé quatorze commandements, et assisté à sept combats.
Louis XVI, par une lettre close qu’il lui adressa, lui défendit formellement d’émigrer et, pour l’attacher de plus près à sa personne, il le nomma sous-gouverneur du Dauphin ; mais, témoin de la journée du 20 juin 1792 et de celle du 10 août, il échappa lui-même de peu à la mort. Lors du procès de Louis XVI, il apprit qu’au nombre des chefs d’accusation portés contre le roi, se trouvait celui d’avoir commandé et autorisé l’émigration. Ayant la preuve du contraire, il se rendit à Paris, se présenta à l’avocat du roi, Malesherbes, la lui communiqua, et demanda à la lire à la barre de la Convention.
Le roi, instruit, de cette démarche, dit à son défenseur : « Je vous défends (et ce sera probablement le dernier ordre que je vous donnerai) de faire aucune mention de ce brave homme dans mon procès ; ce serait l’exposer, et probablement sans aucune utilité pour moi. »
Cependant, Marigny fut arrêté avec sa famille. Appelé devant le tribunal révolutionnaire, il y est accusé d’avoir fait partie de l’armée royale de l’Ouest, par confusion avec l'un de ses cousins, Gaspard de Bernard de Marigny. L'un des membres du tribunal, le reconnaissant, déclare alors : « Non, lui dit-il, tu n’es pas le brigand de la Vendée ; je te reconnais, tu es un brave homme, un homme juste et le père du soldat. Tu as été mon major ; tu m’as quelquefois fait mettre en prison, mais toujours je l’avais mérité. Citoyens collègues, je réponds de son civisme. » Marigny échappa à la condamnation à mort et fut reconduit en prison.
Rendu à la liberté par la chute de Robespierre, Marigny alla se cacher dans une propriété qu’il possédait aux environs de Brest. Il s’y livra à l’éducation de ses enfants, et partagea ses loisirs entre l’étude et l’agriculture. Il est nommé maire de sa commune sous le gouvernement impérial.
A la Restauration, il est nommé vice-amiral, le 18 juin 1814; le 27 décembre, il reçut la grande décoration de l’ordre de Saint-Louis. Au mois de décembre 1815, le roi le nomma commandant de la marine au port de Brest.
Au mois de juin 1816, Marigny ressentit les premières atteintes d’une maladie aiguë ; malgré ses souffrances, il voulut assister à une fête donnée à l’occasion du mariage du duc de Berry. Il succomba le 25 juillet suivant.
Sources
Joseph François Gabriel Hennequin, Biographie maritime, t. 1er, Paris, Regnault, 1835, p. 351-63
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
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Mme de Créquy ne tarit pas d'éloges sur Marigny !
Comme quoi, il arrive tout de même à la terrible marquise de dire du bien de ses prochains ... :
Abel Poisson, Marquis de Vandières et de Marigny, Ordonnateur-général des bâtimens de la couronne et Secrétaire-Officier de l'ordre du Saint-Esprit avait été le plus beau jeune homme du monde ; il était devenu l'amateur le plus studieux, le juge le plus éclairé, le protecteur le plus généreux des arts libéraux. Une élévation subite et la splendeur d'une opulence effrénée n'avaient pu dénaturer la rectitude de son jugement, la candeur de sa belle âme et la simplicité de son excellent cœur. Il avait traversé la vie et la faveur avec une sorte d'embarras si fier, avec un front si calme et si triste, avec un sourire de dédain mêlé de pitié pour les adulations dont il entendait accablé sa sœur ! Long-temps après la mort de celle-ci, je l'ai vu rougir (à soixante ans), rougir de pudeur et de honte ! je l'ai vu tressaillir et pâlir quand il entendait parler des Ducs d'Estrées, de la Vallière et d'Antin, à cause de l'origine de leur fortune. Je disais toujours qu'il me rappelait la source Aréthuse, et que s'il avait été naïade ou fontaine, il aurait pu traverser les mers de Sicile sans participer à leur amertume et sans altérer la pureté de ses eaux. L'expérience ne refroidit que les âmes tièdes, le malheur ne saurait dessécher que les cœurs secs, et j'ai toujours remarqué que la prospérité n'endurcissait que les cœurs durs.
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Mme de Créquy ne tarit pas d'éloges sur Marigny !
Comme quoi, il arrive tout de même à la terrible marquise de dire du bien de ses prochains ... :
Abel Poisson, Marquis de Vandières et de Marigny, Ordonnateur-général des bâtimens de la couronne et Secrétaire-Officier de l'ordre du Saint-Esprit avait été le plus beau jeune homme du monde ; il était devenu l'amateur le plus studieux, le juge le plus éclairé, le protecteur le plus généreux des arts libéraux. Une élévation subite et la splendeur d'une opulence effrénée n'avaient pu dénaturer la rectitude de son jugement, la candeur de sa belle âme et la simplicité de son excellent cœur. Il avait traversé la vie et la faveur avec une sorte d'embarras si fier, avec un front si calme et si triste, avec un sourire de dédain mêlé de pitié pour les adulations dont il entendait accablé sa sœur ! Long-temps après la mort de celle-ci, je l'ai vu rougir (à soixante ans), rougir de pudeur et de honte ! je l'ai vu tressaillir et pâlir quand il entendait parler des Ducs d'Estrées, de la Vallière et d'Antin, à cause de l'origine de leur fortune. Je disais toujours qu'il me rappelait la source Aréthuse, et que s'il avait été naïade ou fontaine, il aurait pu traverser les mers de Sicile sans participer à leur amertume et sans altérer la pureté de ses eaux. L'expérience ne refroidit que les âmes tièdes, le malheur ne saurait dessécher que les cœurs secs, et j'ai toujours remarqué que la prospérité n'endurcissait que les cœurs durs.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
L'expérience ne refroidit que les âmes tièdes, le malheur ne saurait dessécher que les cœurs secs, et j'ai toujours remarqué que la prospérité n'endurcissait que les cœurs durs.
Très belle formule !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
N'est-ce pas !
Elle me plaît beaucoup aussi .
Elle me plaît beaucoup aussi .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Julie-Constance Filleul, marquise de Marigny
Je reviens dans ce sujet pour évoquer l'épouse du marquis de Marigny, de qui nous rappelions les rumeurs au sujet de ses origines, et reprend pour cela l'extrait de la bio Wiki du marquis de Marigny afin de la présenter :
Le 11 janvier 1767 à Menars, il épouse la très jeune Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul (1751-1822).
Julie Filleul est née le 15 juillet 1751 en la paroisse de la Sainte-Trinité à Falaise, fille de Charles François Filleul et d'Irène du Buisson de Longpré.
Elle est la sœur ainée d'Adélaïde-Marie-Émilie Filleul (comtesse de Flahault de la Billarderie, puis Adélaïde de Souza, désignée sous le nom de Madame de Flahault, puis de Madame de Souza)
Se disant de haute naissance, Julie serait peut-être le fruit d’une relation entre Irène du Buisson de Longpré et Louis XV. *
Après la mort en bas âge d’une fille, les relations du couple Marigny se sont dégradées. Une convention de séparation de corps a finalement été signée le 20 septembre 1777. La marquise a alors pris pension au couvent de Port-Royal tout en continuant à mener une vie mondaine.
* Au sujet de la paternité de Louis XV supposée, lire le démenti d'un intervenant du forum Passion Histoire ici :
Julie Filleul ne peut pas être la fille de Louis XV
Enquête iconographique : attention, il faudra bien suivre !!
Présenté en vente aux enchères, voici un portrait qui était décrit ainsi :
Louis-Michel Van Loo (French, 1707-1771)
The Marquise de Marigny (1751-1822)
1769, oil on canvas, signed and dated mid-right
remnants of "Milton Park Gallery, Oklahoma" and "Wildenstein Arte, Buenos Aires" labels en verso,
36 in. x 28 1/2 in., framed.
Provenance: Wildenstein and Co., Buenos Aires.
Exh. "Pinturas Fracesas del Siglo XVIII", Wildenstein Arte, Buenos Aires, July 1948, no. 10.
Catalogue note :
Louis-Michel Van Loo, nephew of Carle Van Loo, studied in Turin and Rome before becoming a court painter for King Philip V of Spain.
In 1753, Van Loo painted many court portraits in Paris under King Louis XV, including the lovely canvas presented here of the Marquise de Marigny.
Marie Françoise Constance Julie Filleul was the illegitimate daughter of King Louis XV and his mistress in the early 1700s, Marie Irene Catherine du Buisson de Longpré. Filleul married Abel François Poisson de Vandières in 1767, and the king soon made the couple the Marquis and Marquise de Marigny.
Poisson de Vandières was the brother of the kings favorite mistress, Jeanne Antoinette Poisson, the famous Madame de Pompadour.
In this portrait, Van Loo depicts the sitter in an elegant silk gown with a delicate stripe and flower pattern, covered by an ermine and velvet robe, while the styling of her hair and jewelry perfectly fits the court fashions of the mid-18th century.
* Source et infos complémentaires : Neal Auctions Compagny / Evaluable
Nous retrouvons, dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Tours, un portrait d'une jeune femme "en sultane" décrit ainsi, je cite (extrait) :
Atelier de Louis-Michel Van Loo
Portrait de femme
Huile sur toile, 62 x 52 cm.
Legs de Madame Merville, juin 1913
Image : MBA Tours
Notice complète
Ce portrait et son pendant, le portrait d’homme présenté dans la notice suivante, sont entrés dans les collections du musée en 1913 comme œuvre anonyme et sans indication sur l’identité des personnes portraiturées.
Voir sa description ici : Musée des Beaux Arts de Tours
Boris Lossky, conservateur au musée, en 1962, classe encore ces deux tableaux parmi les œuvres anonymes de l’école française. Le portrait de femme nous guide cependant vers un artiste de l’atelier de Louis-Michel Van Loo.
Le port de tête est caractéristique des œuvres de cet artiste mais surtout l’on retrouve sur plusieurs tableaux de Van Loo les mêmes bijoux, composés d’une parure en perles disposée de manière identique sur la perruque et d’un collier à double rang ornant le cou des jeunes femmes représentées, ainsi que des costumes extrêmement proches. Le portrait de la Marquise Annette Malaspina, 1759 (Banque de Parme), d’Anne-Claudine Louise d’Arpajon, comtesse de Noailles, 1762 (collection particulière) ou encore celui présumé de la Comtesse de Provence , 1758 (Washington, Hillwood Museum) présentent ainsi la même coiffure relevée, ornée d’une tresse de perles et d’une aigrette et le même collier enserrant le cou des jeunes femmes.
C’est sans doute avec le Portrait présumé de la Comtesse de Provence que le portrait de femme conservé à Tours présente le plus d’analogies.
Sur les deux portraits le haut de la robe, composé d’un corps de cotte brodé, est légèrement déboutonné, afin de laisser apparaître de manière identique la chemise fine. Un manteau bleu bordé de fourrure d’hermine recouvre les épaules de la femme. On retrouve sur le Portrait de Mademoiselle Sallé de Louis-Michel Van Loo une palette identique, avec en particulier un manteau au bleu tout à fait semblable.
Le type physique de la jeune femme, aux sourcils parfaits et bien marqués, aux grands yeux à l’expressivité un peu mélancolique et au menton creusé par une petite fossette, est également caractéristique de nombreux portraits de Van Loo.
* Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008
Source : Musée des Beaux Arts de Tours
Passons sur le fait, déjà, que la comtesse de Provence étant née en 1753, elle ne peut être peinte "en sultane" en 1758 , mais voici donc le portrait évoqué.
Le musée qui le conserve ne le décrit d'ailleurs pas comme un portrait de la comtesse de Provence :
Portrait of an Unidentified Seated Woman in "Turkish" Costume
Louis-Michel van Loo
Oil on canvas, 1758
Image : Hillwood Estate Museum and Gardens
Etant signé et daté 1758...il ne peut donc pas s'agir non plus de notre marquise de Marigny, née en 1751.
Dommage...
Les traits de la jeune femme était pourtant proche de ceux du tableau la représentant à sa toilette, en compagnie de son époux :
Portrait du marquis de Marigny et de sa femme
Louis-Michel van Loo
Huile sur toile, 1769
Musée du Louvre
Frère de la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV, Marigny (1721-1781) fut le directeur général des Bâtiments du roi de 1751 à 1773.
Il est représenté avec sa jeune épouse de 18 ans, née Julie Filleul (1751-1822), à sa table de toilette, deux ans après leur mariage.
Source Image : Wikipedia
Le portait d'homme en pendant de la jeune femme en buste du musée de Tours ayant peu de chance aussi d'être celui du marquis de Marigny ; il est trop "chichement" vêtu et n'est pas représenté suffisamment âgé (il a 24 ans de plus que son épouse !).
Conservons-nous pour autant le premier portrait que j'ai présenté, dit être celui de la marquise de Marigny ?
En 2008, la maison Sotheby's présentait aux enchères cet autre :
Portrait of Marie-Françoise Julie Constance Filleul, marquise de Marigny, seated, holding an open book in her right hand
Alexander Roslin
signed centre right: Roslin
oil on canvas 93 by 75 cm.; 36 1/2 by 29 1/2 in.
Provenance : Presumably commissioned by Abel-François Poisson de Vandières, Marquis de Marigny, on the occasion of his marriage to the sitter in 1767, and exhibited at the Salon of that year (...)
Image : Sotheby's
Catalogue note :
This refreshingly informal portrait, which depicts the Marquise de Marigny in her deshabillé de matin, looking up momentarily from her book, was exhibited at the Salon of 1767.
There it received widespread praise in the reviews of the exhibition : L'Année littéraire noted "la grâce de son coloris aimable; sa touche légère et vraie", L'Avant Coureur admired "sa beauté" while Le Mercure, according to Seznec (see Literature) was 'dithyrambique', or eulogistic, in its praise for the portrait.
Only Diderot, Roslin's constant antagonist, reserved criticism for it; while he praised "l'effet d'une couleur agréable" he was less enthusiastic about "la tête tourmontée", "la figure [qui] s'affaisse" and "l'air mannequiné" of the sitter, which are perhaps slights on the appearance of the sitter, rather than the painting itself.
Although exhibited by Roslin at the Salon as Le portrait de Madame la Marquise de ***, the sitter was immediately recognised by Diderot and Bachaumont as the Marquise de Marigny, which is hardly surprising given her fame.
Marie-Françoise Julie Constance Filleul was the illegitimate daughter of Louis XV by one of his mistresses.
In 1767, the date this portrait was painted, she married Abel-François Poisson de Vandières, Marquis de Marigny, brother of the King's official mistress, Madame de Pompadour and, as Directeur Générale des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures, one of the most powerful men in France.
The Marquis had sat to Roslin three years prior to his marriage, and the subsequent portrait, which depicts him seated studying some architectural plans, is now in Versailles.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's
Ah ? Diderot et Bachaumont auraient immédiatement reconnu Madame la marquise de *** comme étant la jeune épouse de Marigny à la date de son mariage ??
Elle est supposée avoir un peu plus de 16 ans !! Ce n'est pas ce que suggère ce portrait...
Conclusion : Marquise de Marigny, qui étais-tu ?
Le 11 janvier 1767 à Menars, il épouse la très jeune Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul (1751-1822).
Julie Filleul est née le 15 juillet 1751 en la paroisse de la Sainte-Trinité à Falaise, fille de Charles François Filleul et d'Irène du Buisson de Longpré.
Elle est la sœur ainée d'Adélaïde-Marie-Émilie Filleul (comtesse de Flahault de la Billarderie, puis Adélaïde de Souza, désignée sous le nom de Madame de Flahault, puis de Madame de Souza)
Se disant de haute naissance, Julie serait peut-être le fruit d’une relation entre Irène du Buisson de Longpré et Louis XV. *
Après la mort en bas âge d’une fille, les relations du couple Marigny se sont dégradées. Une convention de séparation de corps a finalement été signée le 20 septembre 1777. La marquise a alors pris pension au couvent de Port-Royal tout en continuant à mener une vie mondaine.
* Au sujet de la paternité de Louis XV supposée, lire le démenti d'un intervenant du forum Passion Histoire ici :
Julie Filleul ne peut pas être la fille de Louis XV
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Enquête iconographique : attention, il faudra bien suivre !!
Présenté en vente aux enchères, voici un portrait qui était décrit ainsi :
Louis-Michel Van Loo (French, 1707-1771)
The Marquise de Marigny (1751-1822)
1769, oil on canvas, signed and dated mid-right
remnants of "Milton Park Gallery, Oklahoma" and "Wildenstein Arte, Buenos Aires" labels en verso,
36 in. x 28 1/2 in., framed.
Provenance: Wildenstein and Co., Buenos Aires.
Exh. "Pinturas Fracesas del Siglo XVIII", Wildenstein Arte, Buenos Aires, July 1948, no. 10.
Catalogue note :
Louis-Michel Van Loo, nephew of Carle Van Loo, studied in Turin and Rome before becoming a court painter for King Philip V of Spain.
In 1753, Van Loo painted many court portraits in Paris under King Louis XV, including the lovely canvas presented here of the Marquise de Marigny.
Marie Françoise Constance Julie Filleul was the illegitimate daughter of King Louis XV and his mistress in the early 1700s, Marie Irene Catherine du Buisson de Longpré. Filleul married Abel François Poisson de Vandières in 1767, and the king soon made the couple the Marquis and Marquise de Marigny.
Poisson de Vandières was the brother of the kings favorite mistress, Jeanne Antoinette Poisson, the famous Madame de Pompadour.
In this portrait, Van Loo depicts the sitter in an elegant silk gown with a delicate stripe and flower pattern, covered by an ermine and velvet robe, while the styling of her hair and jewelry perfectly fits the court fashions of the mid-18th century.
* Source et infos complémentaires : Neal Auctions Compagny / Evaluable
Nous retrouvons, dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Tours, un portrait d'une jeune femme "en sultane" décrit ainsi, je cite (extrait) :
Atelier de Louis-Michel Van Loo
Portrait de femme
Huile sur toile, 62 x 52 cm.
Legs de Madame Merville, juin 1913
Image : MBA Tours
Notice complète
Ce portrait et son pendant, le portrait d’homme présenté dans la notice suivante, sont entrés dans les collections du musée en 1913 comme œuvre anonyme et sans indication sur l’identité des personnes portraiturées.
Voir sa description ici : Musée des Beaux Arts de Tours
Boris Lossky, conservateur au musée, en 1962, classe encore ces deux tableaux parmi les œuvres anonymes de l’école française. Le portrait de femme nous guide cependant vers un artiste de l’atelier de Louis-Michel Van Loo.
Le port de tête est caractéristique des œuvres de cet artiste mais surtout l’on retrouve sur plusieurs tableaux de Van Loo les mêmes bijoux, composés d’une parure en perles disposée de manière identique sur la perruque et d’un collier à double rang ornant le cou des jeunes femmes représentées, ainsi que des costumes extrêmement proches. Le portrait de la Marquise Annette Malaspina, 1759 (Banque de Parme), d’Anne-Claudine Louise d’Arpajon, comtesse de Noailles, 1762 (collection particulière) ou encore celui présumé de la Comtesse de Provence , 1758 (Washington, Hillwood Museum) présentent ainsi la même coiffure relevée, ornée d’une tresse de perles et d’une aigrette et le même collier enserrant le cou des jeunes femmes.
C’est sans doute avec le Portrait présumé de la Comtesse de Provence que le portrait de femme conservé à Tours présente le plus d’analogies.
Sur les deux portraits le haut de la robe, composé d’un corps de cotte brodé, est légèrement déboutonné, afin de laisser apparaître de manière identique la chemise fine. Un manteau bleu bordé de fourrure d’hermine recouvre les épaules de la femme. On retrouve sur le Portrait de Mademoiselle Sallé de Louis-Michel Van Loo une palette identique, avec en particulier un manteau au bleu tout à fait semblable.
Le type physique de la jeune femme, aux sourcils parfaits et bien marqués, aux grands yeux à l’expressivité un peu mélancolique et au menton creusé par une petite fossette, est également caractéristique de nombreux portraits de Van Loo.
* Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008
Source : Musée des Beaux Arts de Tours
Passons sur le fait, déjà, que la comtesse de Provence étant née en 1753, elle ne peut être peinte "en sultane" en 1758 , mais voici donc le portrait évoqué.
Le musée qui le conserve ne le décrit d'ailleurs pas comme un portrait de la comtesse de Provence :
Portrait of an Unidentified Seated Woman in "Turkish" Costume
Louis-Michel van Loo
Oil on canvas, 1758
Image : Hillwood Estate Museum and Gardens
Etant signé et daté 1758...il ne peut donc pas s'agir non plus de notre marquise de Marigny, née en 1751.
Dommage...
Les traits de la jeune femme était pourtant proche de ceux du tableau la représentant à sa toilette, en compagnie de son époux :
Portrait du marquis de Marigny et de sa femme
Louis-Michel van Loo
Huile sur toile, 1769
Musée du Louvre
Frère de la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV, Marigny (1721-1781) fut le directeur général des Bâtiments du roi de 1751 à 1773.
Il est représenté avec sa jeune épouse de 18 ans, née Julie Filleul (1751-1822), à sa table de toilette, deux ans après leur mariage.
Source Image : Wikipedia
Le portait d'homme en pendant de la jeune femme en buste du musée de Tours ayant peu de chance aussi d'être celui du marquis de Marigny ; il est trop "chichement" vêtu et n'est pas représenté suffisamment âgé (il a 24 ans de plus que son épouse !).
Conservons-nous pour autant le premier portrait que j'ai présenté, dit être celui de la marquise de Marigny ?
En 2008, la maison Sotheby's présentait aux enchères cet autre :
Portrait of Marie-Françoise Julie Constance Filleul, marquise de Marigny, seated, holding an open book in her right hand
Alexander Roslin
signed centre right: Roslin
oil on canvas 93 by 75 cm.; 36 1/2 by 29 1/2 in.
Provenance : Presumably commissioned by Abel-François Poisson de Vandières, Marquis de Marigny, on the occasion of his marriage to the sitter in 1767, and exhibited at the Salon of that year (...)
Image : Sotheby's
Catalogue note :
This refreshingly informal portrait, which depicts the Marquise de Marigny in her deshabillé de matin, looking up momentarily from her book, was exhibited at the Salon of 1767.
There it received widespread praise in the reviews of the exhibition : L'Année littéraire noted "la grâce de son coloris aimable; sa touche légère et vraie", L'Avant Coureur admired "sa beauté" while Le Mercure, according to Seznec (see Literature) was 'dithyrambique', or eulogistic, in its praise for the portrait.
Only Diderot, Roslin's constant antagonist, reserved criticism for it; while he praised "l'effet d'une couleur agréable" he was less enthusiastic about "la tête tourmontée", "la figure [qui] s'affaisse" and "l'air mannequiné" of the sitter, which are perhaps slights on the appearance of the sitter, rather than the painting itself.
Although exhibited by Roslin at the Salon as Le portrait de Madame la Marquise de ***, the sitter was immediately recognised by Diderot and Bachaumont as the Marquise de Marigny, which is hardly surprising given her fame.
Marie-Françoise Julie Constance Filleul was the illegitimate daughter of Louis XV by one of his mistresses.
In 1767, the date this portrait was painted, she married Abel-François Poisson de Vandières, Marquis de Marigny, brother of the King's official mistress, Madame de Pompadour and, as Directeur Générale des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures, one of the most powerful men in France.
The Marquis had sat to Roslin three years prior to his marriage, and the subsequent portrait, which depicts him seated studying some architectural plans, is now in Versailles.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's
Ah ? Diderot et Bachaumont auraient immédiatement reconnu Madame la marquise de *** comme étant la jeune épouse de Marigny à la date de son mariage ??
Elle est supposée avoir un peu plus de 16 ans !! Ce n'est pas ce que suggère ce portrait...
Conclusion : Marquise de Marigny, qui étais-tu ?
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
A seize ans sans doute pas ( elle en fait plutôt trente-cinq ) , mais ce visage doux un peu anodin est très ressemblant à celui du portrait précédent en compagnie de son époux . Ne te semble-t-il pas ?
Merci pour ce bel exposé, très fouillé comme toujours.
Merci pour ce bel exposé, très fouillé comme toujours.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Ah bon ... je trouve que si .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Non seulement trop âgée, cette marquise de M*** ne ressemble aucunement à celle représentée sur le portrait du couple Marigny.
Etait-ce bien ce tableau évoqué par Diderot ?
Etait-ce bien ce tableau évoqué par Diderot ?
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Tant que j'y suis, je poste d'autres portraits du marquis, que nous n'avions pas encore présentés dans ce sujet...
Le marquis de Marigny
Par Jean-Baptiste Perronneau
Pastel sur papier
Images : Sweden National Museum
Bust of Abel Francois de Vaudières, Marquis de Marigny (1727 -1781)
Augustin Pajou
Earthenware, 1767
Image : Statens Museum for Kunst / Europena
Portrait du marquis de Marigny en habit violet
Jean-André Rouquet
Miniature
Image : Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais - Photo M. Beck-Coppola
Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny (1727-1781)
Attribué à Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778)
Buste en marbre
France, vers 1757
Portant la croix de l'ordre du Saint-Esprit (...)
Image : Christie's
Je cite l'intéressante note au catalogue concernant ce buste :
Note au catalogue :
Abel-François Poisson de Vandières (1727-1781) voit son destin changer lorsque sa soeur aînée, Jeanne-Antoinette Poisson d'Etiolles devient la maîtresse en titre de Louis XV et reçoit le titre de Marquise de Pompadour en 1745. L'année suivante, alors seulement âgé de 18 ans, il succède à Philibert Orry en tant que Directeur-Général des Bâtiments, Jardins, Arts, Académies et Manufactures du Roi. Il est cependant encore trop jeune pour assumer pleinement ce poste et il est donc convenu que son oncle par alliance, Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem, assure l'intérim durant son apprentissage.
Charles-Antoine Coypel, premier peintre du roi, est chargé d'assurer son éducation dans les arts. Cette formation est complétée par un séjour à l'Académie de France à Rome suivi par le Grand Tour qu'il effectue en Italie aux côtés du graveur Charles-Nicolas Cochin et de l'architecte Jacques-Germain Soufflot.
Ce voyage constitue l'élément fondateur de son sens artistique, influençant sa vision de l'art et l'architecture en France ainsi que ses goûts personnels de collectionneur. En 1751, l'état de santé d'Orry se dégradant, Vandières est rappelé à Paris où il prend officiellement la fonction pour laquelle il avait été formé et qu'il exercera jusqu'en 1773.
Il reçoit peu après le titre de marquis de Marigny, ayant hérité de son père le château de Marigny-en-Orxois.
Armes de Abel-François Poisson, marquis de Marigny
Estampe, 1752
Gallimard, Claude-Olivier (graveur)
Cochin le Jeune, Charles-Nicolas (dessinateur)
Image : Château de Versailles
Son ambition principale est l'embellissement de la ville de Paris qu'il concrétise par une véritable fièvre de construction. Il fait achever les monuments du règne de Louis XIV, comme la cour carrée du Louvre, et entreprend de nouvelles constructions telles que l'église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon) qu'il confie à son ami Soufflot, la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), l'Ecole Militaire ainsi que de nombreuses réalisations à Versailles et dans les autres demeures royales.
Il reste un serviteur fidèle et un ami dévoué du roi Louis XV bien après la mort de Mme de Pompadour en 1764. Ses services sont récompensés par les titres de Conseiller d'Etat d'Epée, greffier de l'ordre du Saint-Esprit et de Capitaine-Gouverneur du château de Blois.
Il se retire de ses fonctions à l'âge de 46 ans pour devenir l'un des principaux mécènes des arts et de l'architecture en France, se dévouant à ses collections, demeures et jardins, notamment le château de Ménars près de Blois, l'hôtel de Ménars sur la place des Victoires à Paris, et la villa le Pâté-Pâris à Bercy.
Découvrir le château qu'il hérita de sa soeur, ici :
Le château de Ménars de la marquise de Pomadour (en vente aux enchères)
La vente de sa collection en 1782 révèle l'étendue des chefs-d'oeuvre qu'il possédait, certains hérités de Mme de Pompadour, comme le portrait de celle-ci réalisé par Jean-Baptiste Lemoyne.
Véritable homme des Lumières et collectionneur éclairé, sa collection comprend aussi bien des peintures de Ruisdael, Watteau, Greuze, du mobilier français et anglais, que des porcelaines de Sèvres et des sculptures. Notre portrait ici présenté dépeint ainsi l'un des acteurs principaux du rayonnement culturel de la France du XVIIIe siècle.
Si le sujet vous intéresse, les Archives nationales ont numérisé les 385 pages ( ) de son :
Inventaire après décès d'Abel François Poisson, marquis de Ménars et de Marigny, conseiller d'État, directeur et ordonnateur général des bâtiments du roi, jardin, arts et manufactures royales (collection de peintures, dessins, estampes et objets d'arts, bibliothèque).
Le marquis de Marigny
Par Jean-Baptiste Perronneau
Pastel sur papier
Images : Sweden National Museum
Bust of Abel Francois de Vaudières, Marquis de Marigny (1727 -1781)
Augustin Pajou
Earthenware, 1767
Image : Statens Museum for Kunst / Europena
Portrait du marquis de Marigny en habit violet
Jean-André Rouquet
Miniature
Image : Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais - Photo M. Beck-Coppola
Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny (1727-1781)
Attribué à Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778)
Buste en marbre
France, vers 1757
Portant la croix de l'ordre du Saint-Esprit (...)
Image : Christie's
Je cite l'intéressante note au catalogue concernant ce buste :
Note au catalogue :
Abel-François Poisson de Vandières (1727-1781) voit son destin changer lorsque sa soeur aînée, Jeanne-Antoinette Poisson d'Etiolles devient la maîtresse en titre de Louis XV et reçoit le titre de Marquise de Pompadour en 1745. L'année suivante, alors seulement âgé de 18 ans, il succède à Philibert Orry en tant que Directeur-Général des Bâtiments, Jardins, Arts, Académies et Manufactures du Roi. Il est cependant encore trop jeune pour assumer pleinement ce poste et il est donc convenu que son oncle par alliance, Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem, assure l'intérim durant son apprentissage.
Charles-Antoine Coypel, premier peintre du roi, est chargé d'assurer son éducation dans les arts. Cette formation est complétée par un séjour à l'Académie de France à Rome suivi par le Grand Tour qu'il effectue en Italie aux côtés du graveur Charles-Nicolas Cochin et de l'architecte Jacques-Germain Soufflot.
Ce voyage constitue l'élément fondateur de son sens artistique, influençant sa vision de l'art et l'architecture en France ainsi que ses goûts personnels de collectionneur. En 1751, l'état de santé d'Orry se dégradant, Vandières est rappelé à Paris où il prend officiellement la fonction pour laquelle il avait été formé et qu'il exercera jusqu'en 1773.
Il reçoit peu après le titre de marquis de Marigny, ayant hérité de son père le château de Marigny-en-Orxois.
Armes de Abel-François Poisson, marquis de Marigny
Estampe, 1752
Gallimard, Claude-Olivier (graveur)
Cochin le Jeune, Charles-Nicolas (dessinateur)
Image : Château de Versailles
Son ambition principale est l'embellissement de la ville de Paris qu'il concrétise par une véritable fièvre de construction. Il fait achever les monuments du règne de Louis XIV, comme la cour carrée du Louvre, et entreprend de nouvelles constructions telles que l'église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon) qu'il confie à son ami Soufflot, la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), l'Ecole Militaire ainsi que de nombreuses réalisations à Versailles et dans les autres demeures royales.
Il reste un serviteur fidèle et un ami dévoué du roi Louis XV bien après la mort de Mme de Pompadour en 1764. Ses services sont récompensés par les titres de Conseiller d'Etat d'Epée, greffier de l'ordre du Saint-Esprit et de Capitaine-Gouverneur du château de Blois.
Il se retire de ses fonctions à l'âge de 46 ans pour devenir l'un des principaux mécènes des arts et de l'architecture en France, se dévouant à ses collections, demeures et jardins, notamment le château de Ménars près de Blois, l'hôtel de Ménars sur la place des Victoires à Paris, et la villa le Pâté-Pâris à Bercy.
Découvrir le château qu'il hérita de sa soeur, ici :
Le château de Ménars de la marquise de Pomadour (en vente aux enchères)
La vente de sa collection en 1782 révèle l'étendue des chefs-d'oeuvre qu'il possédait, certains hérités de Mme de Pompadour, comme le portrait de celle-ci réalisé par Jean-Baptiste Lemoyne.
Véritable homme des Lumières et collectionneur éclairé, sa collection comprend aussi bien des peintures de Ruisdael, Watteau, Greuze, du mobilier français et anglais, que des porcelaines de Sèvres et des sculptures. Notre portrait ici présenté dépeint ainsi l'un des acteurs principaux du rayonnement culturel de la France du XVIIIe siècle.
Si le sujet vous intéresse, les Archives nationales ont numérisé les 385 pages ( ) de son :
Inventaire après décès d'Abel François Poisson, marquis de Ménars et de Marigny, conseiller d'État, directeur et ordonnateur général des bâtiments du roi, jardin, arts et manufactures royales (collection de peintures, dessins, estampes et objets d'arts, bibliothèque).
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Ah oui, j'adore les inventaires après décès !
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Marie-Jeanne a écrit:Non seulement trop âgée, cette marquise de M*** ne ressemble aucunement à celle représentée sur le portrait du couple Marigny.
Etait-ce bien ce tableau évoqué par Diderot ?
Cela me surprend autant que vous : elle semble avoir quinze ans de plus, et je m'étonne que ce "premier portrait" d'elle la représente en déshabillé, un livre à la main.
Du reste, je ne sais plus à quelle date de l'année était organisée ces salons, mais le portrait devait être fraîchement peint, puisqu'elle épousa le marquis de Marigny en janvier de la même année.
Mais bon...
Le portrait de la marquise de *** apparaît bien dans le livret du Salon de 1767 :
Pour le lien de référence, voir notre sujet :
Les Salons des Académies royales de Londres et Paris numérisés
Sur ce site internet, où ce portrait est également référencé comme étant celui de Marie-Françoise Julie Constance Filleul, marquise de Marigny, est citée l'intégralité du commentaire de Diderot dans son Salon de 1767 :
« Celui de Madame de Marigny est assez bien entendu pour l’effet, d’une couleur agréable, mais la touche en est molle ; il y a de l’incertitude de dessin ; la robe est bien faite ; la tête est tourmentée ; la figure s’affaisse, s’en va, ne se soutient pas ; elle a l’air mannequiné ; les bras sont livides et les mains sans forme ; la gorge plate et grisâtre ; et puis sur le visage, un ennui, une maussaderie, un air maladif qui vous affligent. » (Bouquins, p. 641)
* Source : Utpictura 18
Eh bien tant mieux ! Il y a de quoi lire...Marie-Jeanne a écrit:Ah oui, j'adore les inventaires après décès !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
J'ai fait ma petite recherche aussi sur le fameux portrait mais rien trouvé de plus que vous. Je reste pourtant persuadée qu'il s'agit d'une autre dame. Ou alors le peintre l'a complètement ratée !
Quant aux inventaires après décès, c'est plein d'informations sur l'intimité des gens, sur la vie de leur temps en général, et riche de petit détails surprenants parfois très instructifs.
385 pages pour le marquis de Marigny, c'est colossal, j'attendrai d'avoir un peu de temps !
Quant aux inventaires après décès, c'est plein d'informations sur l'intimité des gens, sur la vie de leur temps en général, et riche de petit détails surprenants parfois très instructifs.
385 pages pour le marquis de Marigny, c'est colossal, j'attendrai d'avoir un peu de temps !
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Abel François Poisson marquis de Marigny et son épouse, marquise de Marigny, née Filleul
Je disais anodine ( pour être aimable ) , Diderot n'est pas plus emballé .
Sa description est excellente !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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