Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Lettre de François Hüe à Madame Royale
Voici maintenant une lettre désespérée de François Hüe à Madame Royale dont il a accompagné l'échange vers Vienne . Il ne veut pas rentrer en France et voudrait se placer sous la protection de l'empereur.
Nous savons que sa demande sera repoussée puisque Mme de Soucy annonce à Mme de Bombelles son arrivée prochaine chez elle, avec Hüe proscrit de Vienne tout comme elle.
Il reviendra pourtant en France et sera fait baron par Louis XVIII, à la Restauration.
Archives de Vienne
Photo : Evelyn Farr
Hüe au prince de Gavre
par la police
Vienne le 10 janvier 1796
Reconnaissant les bontés dont vous m'avez honoré pendant le voyage que j'ai fait depuis Bâle jusqu'à Vienne, je m'adresse à Votre Altesse avec confiance et je la prie de vouloir bien lire la lettre ci-jointe. Hier je l'avais adressée à la première femme de S. A. R. Madame de France, instruit depuis que Mme la comtesse de Chanclos était nommée sa Grande Maîtresse, et devant ne rien faire qui fût désagréable à S.M.I., j'ai prévenu Mme la comtesse de Chanclos de ma demande.
Veuillez, mon Prince, prendre dans la plus grande considération ma pénible position et supplier en mon nom S.A.I. de protéger les jours d'un serviteur dont le seul crime, aux yeux de beaucoup de gens de son pays, fut d'être resté fidèle au maître qu'il servait .
Lettre ci-dessous alléguée à Mme Royale, du 9 janvier 1796
Accablé de la plus profonde douleur de l'ordre subit que j'ai reçu de m'éloigner de V.A.R. , qu'il me soit permis de déposer à ses pieds l'expression de mes respectueux sentiments et de lui en offrir le dernier hommage . En obéissant à l'ordre que V.A. m'a fait donner de la suivre dans les Etats de S.M.I. , j'ai satisfait au dernier devoir qu'il me restait à rendre à la mémoire de mon Auguste Maître. J'ai satisfait également à la reconnaissance que m'imposait la bonté dont V.A.R. daigne m'honorer; je m'étais éloigné de mon pays avec la douce consolation que les miens n'éprouveraient aucune persécution, puisque le gouvernement français, via à vis duquel V.A.R. m'a réclamé, avait suspendu à mon égard la loi contre l'émigration . Aujourd'hui, Madame, je suis forcé au plus grand des sacrifices, de quel surcroît de peines ne suis-je pas abîmé, en pensant que, pour ne pas être exposé de nouveau aux tourments affreux qu'en France on m'a fait souffrir pendant si longtemps, et le dirais-je, pour préserver ma tête du danger dont elle serait infailliblement menacée, il faut que je fuie ma patrie; je suis donc décidé à n'y pas rentrer, et j'irai dans un lieu quelconque gémir en silence sur la continuité des malheurs. Quelque soit la rigueur du sort qui m'attend, je n'ose pas moins supplier V.A.R. de ma faire parvenir ses derniers ordres, j'y obéirai ainsi qu'à ceux de S.M. I. avec respect, soumission et célérité .
Archives de Vienne
Photo : Evelyn Farr
Nous savons que sa demande sera repoussée puisque Mme de Soucy annonce à Mme de Bombelles son arrivée prochaine chez elle, avec Hüe proscrit de Vienne tout comme elle.
Il reviendra pourtant en France et sera fait baron par Louis XVIII, à la Restauration.
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Hüe au prince de Gavre
par la police
Vienne le 10 janvier 1796
Reconnaissant les bontés dont vous m'avez honoré pendant le voyage que j'ai fait depuis Bâle jusqu'à Vienne, je m'adresse à Votre Altesse avec confiance et je la prie de vouloir bien lire la lettre ci-jointe. Hier je l'avais adressée à la première femme de S. A. R. Madame de France, instruit depuis que Mme la comtesse de Chanclos était nommée sa Grande Maîtresse, et devant ne rien faire qui fût désagréable à S.M.I., j'ai prévenu Mme la comtesse de Chanclos de ma demande.
Veuillez, mon Prince, prendre dans la plus grande considération ma pénible position et supplier en mon nom S.A.I. de protéger les jours d'un serviteur dont le seul crime, aux yeux de beaucoup de gens de son pays, fut d'être resté fidèle au maître qu'il servait .
Lettre ci-dessous alléguée à Mme Royale, du 9 janvier 1796
Accablé de la plus profonde douleur de l'ordre subit que j'ai reçu de m'éloigner de V.A.R. , qu'il me soit permis de déposer à ses pieds l'expression de mes respectueux sentiments et de lui en offrir le dernier hommage . En obéissant à l'ordre que V.A. m'a fait donner de la suivre dans les Etats de S.M.I. , j'ai satisfait au dernier devoir qu'il me restait à rendre à la mémoire de mon Auguste Maître. J'ai satisfait également à la reconnaissance que m'imposait la bonté dont V.A.R. daigne m'honorer; je m'étais éloigné de mon pays avec la douce consolation que les miens n'éprouveraient aucune persécution, puisque le gouvernement français, via à vis duquel V.A.R. m'a réclamé, avait suspendu à mon égard la loi contre l'émigration . Aujourd'hui, Madame, je suis forcé au plus grand des sacrifices, de quel surcroît de peines ne suis-je pas abîmé, en pensant que, pour ne pas être exposé de nouveau aux tourments affreux qu'en France on m'a fait souffrir pendant si longtemps, et le dirais-je, pour préserver ma tête du danger dont elle serait infailliblement menacée, il faut que je fuie ma patrie; je suis donc décidé à n'y pas rentrer, et j'irai dans un lieu quelconque gémir en silence sur la continuité des malheurs. Quelque soit la rigueur du sort qui m'attend, je n'ose pas moins supplier V.A.R. de ma faire parvenir ses derniers ordres, j'y obéirai ainsi qu'à ceux de S.M. I. avec respect, soumission et célérité .
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Photo : Evelyn Farr
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Encore une preuve de l'ingratitude et de la cruauté des Habsbourg. Le fidèle Huë qui avait partagé le calvaire de Louis XVI au Temple était menacé dans sa vie en France. Les Autrichiens ne pouvaient pas décemment lui refuser l'asile à Vienne.
Mais c'était sans compter sur la volonté des Habsbourg de couper les liens de Madame Royale avec les émigrés Français, afin notamment de lui faire accepter "en catimini" un mariage autrichien...
Mais c'était sans compter sur la volonté des Habsbourg de couper les liens de Madame Royale avec les émigrés Français, afin notamment de lui faire accepter "en catimini" un mariage autrichien...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Permettez moi cette confirmation : toutes ces lettres exhumées avec bonheur par Mme Evelyn Farr, ont-elles dès le départ été interceptées par la police impériale et n'ont donc pas été lues par Madame Royale ?
J'en ai bien peur puisqu'elles se trouvent toujours aux Archives Nationales de Vienne. En effet, cette mesure est comble ! Vienne n'avait donc aucune empathie pour les fidèles de la famille royale, n'escomptant que sur l'isolement de la jeune princesse pour mieux l'influencer et la dompter, ce à quoi Vienne se trompait lourdement ; Madame Royale n'était pas du moule à se laisser faire.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Dominique Poulin a écrit:
Vienne se trompait lourdement ; Madame Royale n'était pas du moule à se laisser faire.
En effet, Domi, Madame Royale détestait farouchement son cousin François.
Elle l'écrit dans son journal terminé en 1795 :
Ma tante et moi ne pouvions pas imaginer l'indigne conduite de l'Empereur, qui laissa la Reine, sa parente, périr sur l'échafaud sans faire des démarches pour la sauver. Nous ne pouvions pas croire ce dernier trait d'indignité de la maison d'Autriche .
C'était mal parti pour lui faire accepter pour mari l'archiduc Charles ! Elle répliqua que jamais elle n'épouserait un ennemi de la France.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Cher Dominique... En effet, toutes ces lettres se trouvent dans deux cartons sans aucune précision quant à leur contenu. Les lettres sont des copies (presque toujours de la même main) et le dossier s'intitule "Interceptes".
À mon avis, ces lettres sont nterceptées, ouvertes, copiées par la police autrichienne, puis renfermées et envoyées à leur destinataires, car il y a des réponses.
Quant à Hüe et sa relation avec Madame Royale, nous verrons par une lettre de celui-ci écrite à sa femme que c'est Madame Royale qui lui donne son congé et que l'empereur n'y est pour rien. En fait l'empereur lui aide et lui octroie une pension. Je ne me souviens plus des dates de ces lettres, mais il y a bien un livre de comptes du Trésor de l'Autriche des dépenses faites pour Madame Royale, dans lequel se trouvent des paiements pendant plusieurs années à Mme de Chanclos, François Hüe et Cléry.
Je crois que la correspondance de Hüe et sa femme, ainsi que des lettres de Cléry, présentent une histoire plus fiable de la vie de Madame Royale à Vienne.
Je ne suis pas certaine, mais il paraît par cette correspondance que Mme de Chanclos est devenue l'éminence grise de Madame Royale et voulait arroger à elle seule tous les bienfaits de sa position. C'est une intrigue de Versailles transposée à Vienne...
À mon avis, ces lettres sont nterceptées, ouvertes, copiées par la police autrichienne, puis renfermées et envoyées à leur destinataires, car il y a des réponses.
Quant à Hüe et sa relation avec Madame Royale, nous verrons par une lettre de celui-ci écrite à sa femme que c'est Madame Royale qui lui donne son congé et que l'empereur n'y est pour rien. En fait l'empereur lui aide et lui octroie une pension. Je ne me souviens plus des dates de ces lettres, mais il y a bien un livre de comptes du Trésor de l'Autriche des dépenses faites pour Madame Royale, dans lequel se trouvent des paiements pendant plusieurs années à Mme de Chanclos, François Hüe et Cléry.
Je crois que la correspondance de Hüe et sa femme, ainsi que des lettres de Cléry, présentent une histoire plus fiable de la vie de Madame Royale à Vienne.
Je ne suis pas certaine, mais il paraît par cette correspondance que Mme de Chanclos est devenue l'éminence grise de Madame Royale et voulait arroger à elle seule tous les bienfaits de sa position. C'est une intrigue de Versailles transposée à Vienne...
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Ha, grand merci, lady Bess !
Tout de même, la police impériale n'a pas commis l'iniquité de ne pas remettre ces lettres à la jeune princesse, mais par mesure d'espionnage, c'est le mot, de les intercepter et de les copier.
L'empereur François II n'aurait donc PAS formellement donné l'ordre de congédier tous les fidèles qui avaient accompagné Marie-Thérèse jusqu'à Vienne ? voilà qui nuance un peu cette impression désagréable de l'animosité de Vienne envers tout ce qui rappelle la France et Versailles, mais ne rêvons pas, les réserves de Vienne étaient très grandes, nous le savons bien.
Vous parlez, chère Evelyne, d'un livre de comptes du Trésor. Ce livre contient t-il l'état des recettes et des dépenses de la future duchesse d'Angoulême ? ce qui pourrait être très intéressant afin de savoir à quoi vont les priorités de Marie-Thérèse, ses goûts, ses vêtements, ses déplacements, ses dons et charités... etc. Merci Evelyn de m'éclairer sur ce point.
Quant à cette madame de Chanclos, j'ai toujours été étonné de la consonnance française de son nom, alors qu'elle était sujette de l'empereur, n'est ce pas ?
Elle devait être de haut rang pour avoir été nommée grande maîtresse de la maison de la princesse. Mais, après tout peut-être elle ou son mari, avaient du sang français, ce n'est pas inconcevable ?
Et de fait, qu'elles étaient réellement si vous avez une idée là dessus, la teneur des relations entre les deux femmes ? J'ai toujours eu le sentiment que Mme de Chanclos sous le couvert de sa charge, était une espionne diligentée par François II, en tout cas tenue de faire la lumière et un rapport de tout ce qui émanait de la princesse. Ce développement est peut-être écrit trop à charge, c'est pourquoi Evelyne, je vous remercie sincèrement de tout ce que vous direz à la suite de ce post.
Toutes mes félicitations sur ces magnifiques découvertes ; je serai curieux de savoir comment on procède pour accéder à de tels trésors. J'imagine que les petites fiches d'autrefois sont caduques et que les fichiers numérisés facilitent la tâche.
Merci encore d'avance.
Tout de même, la police impériale n'a pas commis l'iniquité de ne pas remettre ces lettres à la jeune princesse, mais par mesure d'espionnage, c'est le mot, de les intercepter et de les copier.
L'empereur François II n'aurait donc PAS formellement donné l'ordre de congédier tous les fidèles qui avaient accompagné Marie-Thérèse jusqu'à Vienne ? voilà qui nuance un peu cette impression désagréable de l'animosité de Vienne envers tout ce qui rappelle la France et Versailles, mais ne rêvons pas, les réserves de Vienne étaient très grandes, nous le savons bien.
Vous parlez, chère Evelyne, d'un livre de comptes du Trésor. Ce livre contient t-il l'état des recettes et des dépenses de la future duchesse d'Angoulême ? ce qui pourrait être très intéressant afin de savoir à quoi vont les priorités de Marie-Thérèse, ses goûts, ses vêtements, ses déplacements, ses dons et charités... etc. Merci Evelyn de m'éclairer sur ce point.
Quant à cette madame de Chanclos, j'ai toujours été étonné de la consonnance française de son nom, alors qu'elle était sujette de l'empereur, n'est ce pas ?
Elle devait être de haut rang pour avoir été nommée grande maîtresse de la maison de la princesse. Mais, après tout peut-être elle ou son mari, avaient du sang français, ce n'est pas inconcevable ?
Et de fait, qu'elles étaient réellement si vous avez une idée là dessus, la teneur des relations entre les deux femmes ? J'ai toujours eu le sentiment que Mme de Chanclos sous le couvert de sa charge, était une espionne diligentée par François II, en tout cas tenue de faire la lumière et un rapport de tout ce qui émanait de la princesse. Ce développement est peut-être écrit trop à charge, c'est pourquoi Evelyne, je vous remercie sincèrement de tout ce que vous direz à la suite de ce post.
Toutes mes félicitations sur ces magnifiques découvertes ; je serai curieux de savoir comment on procède pour accéder à de tels trésors. J'imagine que les petites fiches d'autrefois sont caduques et que les fichiers numérisés facilitent la tâche.
Merci encore d'avance.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Lettre du marquis de Beauharnais à François Hüe
Voici une lettre de François de Beauharnais à François Hüe.
Ce marquis de Beauharnais est le beau-frère de la future impératrice Joséphine.
Archives de Vienne
Photo : Evelyn Farr
Par la poste
Le marquis de Beauharnais à Hüe
Weckheim sur le Mein le 15 janvier 1796
Recevez l'hommage d'un bon et loyal chevalier qui vous honore autant qu'il vous estime et qu'il vous aime. Je vous félicite bien sincèrement d'avoir été assez heureux de pouvoir donner à nos infortunés maîtres des témoignages d'une fidélité à toute épreuve. Combien mes voeux vous ont suivi et combien vous êtes récompensé d'un dévouement que j'aurais fait gloire d'imiter ! Tout bon Français, Monsieur, vous admire, et rien, croyez-moi, ne peut ajouter à mon bien véritable attachement. Je viens d'apprendre par un ministre étranger l'arrivée de Madame Royale de France à Vienne. Les bontés et la confiance dont daignait m'honorer Son Auguste Mère, mon amour et mon respect pour sa mémoire m'ont imposé le devoir de présenter à la fille infortunée de tant de Rois l'hommage d'un sujet fidèle et qui lui est entièrement dévoué .
J'ai pris la liberté d'écrire hier à S.A.R.. J'ai adressé ma lettre au prince de Gavre, en le priant de vouloir bien la remettre à cette auguste Princesse . Soyez, digne et respectable François, mon interprète auprès de cette illustre captive, daignez me rappeler à son souvenir . Si jamais elle désirait approcher de sa personne un serviteur aussi zélé que fidèle, qui parle et écrit l'allemand comme le français. Soyez de même mon interprète auprès de la comtesse de Soucy, ayez la bonté de lui présenter mes respects, de lui dire que j'aurais eu l'honneur de lui adresser ma lettre pour Madame Royale si je n'avais pas cru que la politique exigeait qu'elle fût adressée directement au prince de Gavre .
J'ai pris la liberté d'écrire hier à S.A.R.. J'ai adressé ma lettre au prince de Gavre, en le priant de vouloir bien la remettre à cette auguste Princesse . Soyez, digne et respectable François, mon interprète auprès de cette illustre captive, daignez me rappeler à son souvenir . Si jamais elle désirait approcher de sa personne un serviteur aussi zélé que fidèle, qui parle et écrit l'allemand comme le français. Soyez de même mon interprète auprès de la comtesse de Soucy, ayez la bonté de lui présenter mes respects, de lui dire que j'aurais eu l'honneur de lui adresser ma lettre pour Madame Royale si je n'avais pas cru que la politique exigeait qu'elle fût adressée directement au prince de Gavre .
Archives de Vienne
Photo : Evelyn Farr
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Dominique Poulin a écrit:Quant à cette madame de Chanclos, j'ai toujours été étonné de la consonnance française de son nom, alors qu'elle était sujette de l'empereur, n'est ce pas ?
Comme avec les Mercy-Argenteau ou les Gavre, il s'agit là encore d'une famille de noblesse wallonne :
https://www.genealogieonline.nl/en/genealogie-peeters-rouneau/I45497.php
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Merci mon cher Momo, me voilà éclairé grâce à vos brillantes lumières.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Que vous êtes taquin
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Pas tant que ça Momo !
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Lettre de François Hüe à son épouse
François Hüe écrit à son épouse comment, appelé à accompagner Mme Royale à Vienne, il ne s'attendait pas à être littéralement consigné dans une auberge, avec Mme de Soucy . Aucun français ne peut approcher Madame .
Le cardinal de la Fare, la princesse de Lorraine, la duchesse de Grammont s'y casseront les dents.
Madame Royale parvient à communiquer avec lui par des procédés qui prouvent que la fille de Louis XVI n'a fait que changer de prison. C'est toute une gestuelle ( qui rappelle la réclusion au Temple ) dont ils sont convenus. La princesse, sous prétexte de promener Coco, fait le tour des murailles ceignant le vieux palais. Hüe se poste au bas du glacis et correspond avec la fille de son maître par signes .
Archives de Vienne
Photo, Evelyn Farr
Hüe à sa femme
par la police
Vienne le 16 janvier 1796
Depuis ta lettre adressée à Bâle poste restante, je n'ai pas reçu de tes nouvelles. Ce délai est bien long puisque ta dernière dépêche est datée du jour où nous nous sommes séparés. Présentement quand recevrai-je une lettre, c'est ce que je ne sais pas . Je voudrais bien cependant qu'il ne tardât pas à m'en parvenir une, tant il est pénible pour moi de vivre dans l'ignorance parfaite de ce qui intéresse si fortement mon âme. Mes chagrins, que je crois toucher enfin à un terme quelconque, si nécessaire au repos dont je suis privé depuis plusieurs années, ne s'effacent pas, il s'en faut, et comment diminueraient-ils quand, au lieu de goûter quelque consolation par la vue de ce qui peut seul adoucir mes peines, il faut se résigner à une privation déchirante pour mon coeur ? Puis si je pense, comme cela m'arrive quelquefois , qu'il faut avant de me rendre moins malheureux que je ne suis, obtenir la conviction intime que je mérite cette grâce, mon Dieu, combien il est affligeant pour moi de penser que toutes mes souffrances passées ne militent pas encore assez en ma faveur ! Mon amie, que j'étais loin de m'attendre à tout ce qui est arrivé ! J'ai eu la bonhomie de croire qu'appelé d'un côté, je l'étais aussi d'un autre, et que le consentement dont j'avais besoin était concerté . Tout au contraire, des ordres étaient donnés pour que la personne arrivât seule, on nous l'a laissé ignorer; nous n'en avons été instruits qu'au moment où il n'était plus temps de reculer. Ce n'est pas que les premiers instants passés. Et quand il nous a été possible de faire parvenir l'exposé vrai de notre position, nous avons eu à nous plaindre tant s'en faut, il m'a été porté des paroles rassurantes et capables de me consoler, mais le temps seul peut détruire présentement la première impression qui a été très fâcheuse pour nous. Je ne suis encore sorti que deux fois de l'auberge dans laquelle Mme de Souci et moi sommes logés. Rien ne nous y manque au physique, mais qu'est-ce que ce faible dédommagement quand le coeur est si fortement malade ? J'ignore si ma lettre pour mon ami de prison te sera parvenue; dis lui, au surplus, mille choses aimables de ma part, assure-le aussi que les siens, qu'eux et tous mes amis, sont présents sans cesse à ma pensée; dis-en autant aux miens; dis à mon ami que j'ai écrit à la veuve mais que je ne puis l'assurer que ma lettre sera arrivée . Je pris ton oncle d'ajouter à la romance ce qui peut y manquer, ...... aussi d'y joindre une lettre d'envoi; occupe-toi ensuite d'en avoir une copie, cela est nécessaire. Depuis deux jours, je suis ordonné du petit lait; il était plus que temps que je diminuasse la chaleur excessive qui me dévorait trois semaines de route, une insomnie presque continuelle et de grandes inquiétudes depuis Bâle. Il n'en fallait pas tant pour allumer un sang aussi inflammable que le mien. Aujourd'hui je suis mieux .
Que le pauvre Turgy n'entreprenne pas le voyage, cela serait absolument inutile; les deux camarades que nous avons laissés en route ne sont pas encore arrivés, nous les attendons de jour en jour; à peine le seront-ils qu'ils retourneront . Mme de Souci se dispose aussi à partir, mais comme son arrivée à PaNris pourrait retarder, va à la campagne si cela te convient, elle t'y annoncerait son retour pour que tu la visses.
Le peu de fond que j'ai emporté commence à baisser beaucoup parce qu'il a fallu que j'achète des choses d'une indispensable nécessité. J'attends toujours que S.M.I. prononce sur mon sort. Je sais que ses dispositions pour moi et celles de ses parents sont bonnes, mais il faut du temps pour l'exécution . Que ma lettre soit pour toi et moi seulement, tu sentiras combien cela importe à ta position .
Adieu, bonne amie, adieu. J'embrasse tendrement mon cher Fanfan . S'il aime bien son malheureux père dis-lui de ma part qu'il doit être ta consolation . Adieu. N'oublie pas un seul instant que je m'occupe de votre pénible situation. Quand je le pourrai, mon amie, je réparerai le tort de la fortune envers nous .
Adieu, adieu .
Archives de Vienne
Photos, Evelyn Farr
Le cardinal de la Fare, la princesse de Lorraine, la duchesse de Grammont s'y casseront les dents.
Madame Royale parvient à communiquer avec lui par des procédés qui prouvent que la fille de Louis XVI n'a fait que changer de prison. C'est toute une gestuelle ( qui rappelle la réclusion au Temple ) dont ils sont convenus. La princesse, sous prétexte de promener Coco, fait le tour des murailles ceignant le vieux palais. Hüe se poste au bas du glacis et correspond avec la fille de son maître par signes .
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Photo, Evelyn Farr
Hüe à sa femme
par la police
Vienne le 16 janvier 1796
Depuis ta lettre adressée à Bâle poste restante, je n'ai pas reçu de tes nouvelles. Ce délai est bien long puisque ta dernière dépêche est datée du jour où nous nous sommes séparés. Présentement quand recevrai-je une lettre, c'est ce que je ne sais pas . Je voudrais bien cependant qu'il ne tardât pas à m'en parvenir une, tant il est pénible pour moi de vivre dans l'ignorance parfaite de ce qui intéresse si fortement mon âme. Mes chagrins, que je crois toucher enfin à un terme quelconque, si nécessaire au repos dont je suis privé depuis plusieurs années, ne s'effacent pas, il s'en faut, et comment diminueraient-ils quand, au lieu de goûter quelque consolation par la vue de ce qui peut seul adoucir mes peines, il faut se résigner à une privation déchirante pour mon coeur ? Puis si je pense, comme cela m'arrive quelquefois , qu'il faut avant de me rendre moins malheureux que je ne suis, obtenir la conviction intime que je mérite cette grâce, mon Dieu, combien il est affligeant pour moi de penser que toutes mes souffrances passées ne militent pas encore assez en ma faveur ! Mon amie, que j'étais loin de m'attendre à tout ce qui est arrivé ! J'ai eu la bonhomie de croire qu'appelé d'un côté, je l'étais aussi d'un autre, et que le consentement dont j'avais besoin était concerté . Tout au contraire, des ordres étaient donnés pour que la personne arrivât seule, on nous l'a laissé ignorer; nous n'en avons été instruits qu'au moment où il n'était plus temps de reculer. Ce n'est pas que les premiers instants passés. Et quand il nous a été possible de faire parvenir l'exposé vrai de notre position, nous avons eu à nous plaindre tant s'en faut, il m'a été porté des paroles rassurantes et capables de me consoler, mais le temps seul peut détruire présentement la première impression qui a été très fâcheuse pour nous. Je ne suis encore sorti que deux fois de l'auberge dans laquelle Mme de Souci et moi sommes logés. Rien ne nous y manque au physique, mais qu'est-ce que ce faible dédommagement quand le coeur est si fortement malade ? J'ignore si ma lettre pour mon ami de prison te sera parvenue; dis lui, au surplus, mille choses aimables de ma part, assure-le aussi que les siens, qu'eux et tous mes amis, sont présents sans cesse à ma pensée; dis-en autant aux miens; dis à mon ami que j'ai écrit à la veuve mais que je ne puis l'assurer que ma lettre sera arrivée . Je pris ton oncle d'ajouter à la romance ce qui peut y manquer, ...... aussi d'y joindre une lettre d'envoi; occupe-toi ensuite d'en avoir une copie, cela est nécessaire. Depuis deux jours, je suis ordonné du petit lait; il était plus que temps que je diminuasse la chaleur excessive qui me dévorait trois semaines de route, une insomnie presque continuelle et de grandes inquiétudes depuis Bâle. Il n'en fallait pas tant pour allumer un sang aussi inflammable que le mien. Aujourd'hui je suis mieux .
Que le pauvre Turgy n'entreprenne pas le voyage, cela serait absolument inutile; les deux camarades que nous avons laissés en route ne sont pas encore arrivés, nous les attendons de jour en jour; à peine le seront-ils qu'ils retourneront . Mme de Souci se dispose aussi à partir, mais comme son arrivée à PaNris pourrait retarder, va à la campagne si cela te convient, elle t'y annoncerait son retour pour que tu la visses.
Le peu de fond que j'ai emporté commence à baisser beaucoup parce qu'il a fallu que j'achète des choses d'une indispensable nécessité. J'attends toujours que S.M.I. prononce sur mon sort. Je sais que ses dispositions pour moi et celles de ses parents sont bonnes, mais il faut du temps pour l'exécution . Que ma lettre soit pour toi et moi seulement, tu sentiras combien cela importe à ta position .
Adieu, bonne amie, adieu. J'embrasse tendrement mon cher Fanfan . S'il aime bien son malheureux père dis-lui de ma part qu'il doit être ta consolation . Adieu. N'oublie pas un seul instant que je m'occupe de votre pénible situation. Quand je le pourrai, mon amie, je réparerai le tort de la fortune envers nous .
Adieu, adieu .
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Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Lettre de François Hüe au chevalier Blanchard
Quelle n'est pas la stupeur de François Hüe de constater l'ostracisme dont il est frappé, à Vienne, et les soupçons qui pèsent sur lui d'être un agent du gouvernement révolutionnaire français ! Il en est atterré. Le voilà confiné dans une auberge avec Mme de Soucy, en attendant que les doutes se dissipent.
Il donne à son correspondant des nouvelles de leurs connaissances communes .
Nous savons que la Révolution a mis pas mal de dames sur la paille, qui se retrouvent dès lors obligées de travailler ... mais je me demande bien ce que peut signifier " faire le métier de courtier " ?!
Archives de Vienne
Photo Evelyn Farr
Hüe au chevalier Blanchard à Mulhausen en Thuringe
par la police
Vienne le 18 janvier 1796
Votre lettre que j'ai reçue hier m'a fait un sensible plaisir; je vous remercie des choses obligeantes que vous me marquez concernant mon départ de France avec S.A.R. Ce choix de sa part m'honore infiniment, je croyais toucher enfin au terme si longtemps désiré de mes peines, mais hélas ! quel a été mon étonnement quand, au lieu de la récompense si légitimement due ( car j'aurai la vanité de le dire ) à la fidélité inviolable que j'ai conservée au milieu de mille dangers, le soupçon, oui, l'injuste soupçon pour ne pas dire plus, a tombé sur ma tête lorsqu'à peine j'étais arrivé dans cette ville; j'ai éprouvé bien des chagrins depuis quelques années, mais ce dernier, quel coup a-t-il porté à mon âme ! Il a été si violent que j'ai manqué en perdre la vie. Mieux instruit qu'on ne l'était avant, le nuage commence à se dissiper sans pour cela que je sois plus heureux car je n'ai encore pu voir S.A. Royale depuis qu'elle est à Vienne, par ordre de S.M.Impériale. J'ai été logé dans une auberge loin du château, je suis avec Madame de Soucy qui très incessamment va retourner en France; heureusement je n'aurai pas le même sort. J'aimerais mieux qu'on me privât tout de suite d'une existence que je chéris peu, plutôt que de retourner dans un pays où le crime règne avec tant d'audace. Six prisons que j'ai habitées alternativement l'espace d'une année, le glaive que tout ce temps j'ai vu suspendu sur ma tête, il n'en faut pas davantage pour me faire détester ma patrie tant que les coupables la subjuguent. On commence à s'intéresser à moi dans ce pays. Puisse ce sentiment ne pas changer en une pitié qui ne devrait pas être ce que je pourrais si légitimement espérer . Au surplus, mon ami, je dois ne pas manquer de confiance dans la bonté de Madame Royale et dans la justice de l'Empereur qui est un bon souverain . Avoir pu être soupçonné d'être l'homme d'un gouvernement de fange et de boue, c'est une chose qui jamais ne serait venue à ma pensée. J'ai su cet été par le général de Courville tous les événements malheureux qui ont pesé sur vous, je vous ai plaint car je vous aime, vous le savez. Croyez qu'il ne tiendra pas à mes soins de vous accorder ce seul sentiment, mais pour cela il faut que je puisse quelque chose et malheureusement aujourd'hui je suis sans moyens aucun, puisque moi-même j'ai besoin des secours d'autrui pour plaider ma cause qui fut et sera constamment celle de l'honneur.
Ah ! mon cher Dufarge, combien j'ai perdu par la mort de ceux dont j'étais tant aimé .
Je croyais que le jeune Courville vous avait rejoint. J'ai laissé sa mère et sa soeur en bonne santé, et se disposant à venir de Chaillot passer le reste de l'hiver dans un appartement à Paris que leur prête M. de Miron fils . Mme de Courville est obligée pour vivre de faire le métier de courtier; cela lui réussit très bien . Mme de Roumeau en fait autant, ainsi que Mme d'Aujourant qui demeure avec elle. La chronique dit seulement que les filles entrent pour quelque chose dans le commerce; ce sont leurs affaires. Gentil est à Bruxelles avec ses enfants. Chatelaire a aussi une place qu'il tient de ceux qui gouvernent. M. Arquand travaille à Paris dans un bureau, il y est établi avec sa femme. La Mériers est morte de chagrin. M. Rousselet est à Versailles. Soufflot gagne de l'argent dans son pays. Mme de Mi... vit à sa terre à côté de Pithiviers . Elle a marié sa fille au seigneur son devancier . Le père de Moisson traîne son existence à Versailles . Sa femme demeure une partie du temps chez un ancien huissier de la chambre, ami de Marchain, quant au reste de nos connaissances et de nos amis, chacun est éparpillé ça et là dans la France, les uns attachés à la mémoire de leur bon maître, les autres s'étant roulé dans la fange.
J'ai laissé Mme Hüe et mon fils à Paris, mais avec l'assurance, autant qu'il est possible de se fier à ceux qui gouvernent, qu'elle ne serait pas inquiétée . Ce fut en effet ma seule objection quand, 30 heures avant de partir, il me fut dit par un ministre de nouvelle création, mais honnête, que Madame Royale me demandait pour la suivre à Vienne. Et sa femme après mon départ a dû répondre à M. votre frère qui m'avait écrit un ou deux jours avant, à cette époque, que lui, sa femme et sa petite famille se portaient bien . M. de Mont est mort il y a un an. Broussier et sa femme sont à Versailles.
Adieu mon ami, je fais des voeux pour votre bonheur . Il ne peut plus y en avoir pour moi, si je reste ici, ce dont je doute fort . Je vous donnerai de mes nouvelles . Embrassez de ma part et bien tendrement le jeune Courville .
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Lettre de François Hüe à Louis XVIII
Hüe se fait fort de rassurer Louis XVIII sur l'organisation de la vie de Madame Royale à Vienne, et sur son refus sans appel d'un mariage autrichien .
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Par la poste
Hüe au Roi de France
Vienne 2 février 1796
V.M. daigne m'honorer de sa confiance : jamais je ne la trahirai; sans pouvoir espérer de consoler V.M. du sacrifice que lui impose de n'avoir pas auprès de sa personne S.A.R. Madame de France, dont S.M. l'Empereur est enfin parvenue à faire cesser l'affreuse captivité, je dois cependant assurer le Roi que tous les bruits qui ont frappé les oreilles de V.M. sur le mariage de Madame avec un Archiduc sont dénués de fondement. Moi-même je confesse que les craintes qui s'étaient encore augmentées à Innsbruck par ce qui m'y fut dit, sont totalement dissipées . L'Empereur est la bonté même : S.M. traite Madame avec beaucoup d'amitié . Elle lui a donné un des plus beaux et des plus agréables appartement de son palais . L'Empereur n'entend aucunement gêner les goûts de Madame . Elle jouit donc auprès de lui de toute la liberté qui convient à l'âge et à la position de S.A.R. Si le Roi me permettait de le lui dire, je désirerais que V.M. témoignât à l'Empereur qu'elle est instruite de ce que je fais pour Madame. Le Roi pèsera ensuite dans sa sagesse ce que de pareils procédés dicteront à sa sensibilité, et à son amour pour Madame.
J'espère que les Français ici auront bientôt le bonheur de faire leur cour à S.A.R. Madame la Princesse de Lorraine obtiendra, je crois, la première cet avantage . V.M. connaît les sentiments de Mme la Comtesse de Brionne pour la maison de France.
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Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
( Pas terrible terrible, cette image : mais c'est tout ce que m'offre WIKI ! )
............................................................................. François Hüe
François Hue est né en 1757. On sait peu de choses de sa jeunesse. Il fut huissier de la chambre du Roi Louis XVI, puis son second valet de chambre.
Après l'assaut des Tuileries le 10 août, il suit la famille royale dans son incarcération dans la prison du Temple, comme adjoint de Jean-Baptiste Cléry auprès de Louis XVI.
Arrêté le 2 septembre 1792 , il est licencié.
Il n'oublie pas pour autant les prisonniers du Temple . Au cours de l'été 1795, il s'improvise promoteur de " concerts " donnés à Madame Royale, comptines, airs de circonstance, inventées pour la princesse.
Dans celle que je vous ai citée ici, le petit chien de Louis-Charles, Coco, est cité en exemple d'amour et de fidélité :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1372p100-les-chiens-de-marie-antoinette#146021
Bien charmant et bien anodin ... mais Hüe se sert aussi de ce procédé pour faire passer à la princesse les nouvelles de l'extérieur, et lorsqu'il est sérieusement question de la libération de Madame Royale :
Calme-toi, jeune et infortunée,
Bientôt ces portes vont s'ouvrir !
Bientôt de tes fers délivrée
Du ciel pur tu pourras jouir .
Bientôt officiellement informée, Madame Royale veut régler avec Bénézech, le ministre de l'intérieur, les détails de son voyage. Il faut choisir la délégation française qui l'escortera jusqu'à Vienne . Elle insiste, elle veut François Hüe :
Je vous recommande M. Hüe c'est le dernier des serviteurs de mon père qui resta avec lui en prison. Mon père même me l'a recommandé en mourant. C'est une dette sacrée que je dois à sa mémoire. Il demeure dans l'île Saint-Louis, quai d'Anjou. Il est impossible qu'on ne le trouve pas.
Comme il mérite bien, ce brave Hue d'avoir été cité par Louis XVI dans son testament, recommandé à son successeur et à la France entière ! C'est son titre de gloire, il n'en est pas peu fier. Il l'écrira au comte d'Avaray le 2 février 1796 :
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... et publie en 1806 ses Mémoires sur les Dernières années de règne et de la vie de Louis XVI, ouvrage édité à Londres et réimprimé en France en 1814.
Il suit Marie-Thérèse de France à Vienne (Autriche) en 1795, où le rejoignent Cléry et Turgy, autres fidèles de la famille royale.
C'est l'objet de toutes ces lettres relatives à l'échange de la princesse que je poste en ce moment . Le malheureux Hüe, flanqué de cette harpie de marquise de Soucy, en verra de toutes les couleurs et souffrira mille maux pour se dépêtrer des avances de cette femme cauchemardesque.
Toujours à la suite de Madame Royale, Hüe quittera Vienne le 4 mai 1799 pour aller rejoindre Louis XVIII en Courlande. A la Restauration, le roi le fera baron et trésorier général de la Maison du Roi.
François Hue est décédé en 1819. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division) et repose dans la même sépulture que le baron André Marie Hue (1786-1854), son fils, valet de chambre de Louis XVIII et Charles X qui avait été chef de bataillon d’état-major.
Inscription :
A François Hue. Honoré des derniers soupirs de Louis XVI, sa veuve et son fils ont élevé ce faible témoignage de leur douleur. Décédé le 19, enterré le 21, jour expiatoire de janvier 1819.
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Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
En ce tout début de l'année 1796, notre malheureux François Hüe ne sait comment se dépêtrer des tentacules de l'amoureuse marquise de Soucy . A la suite de je ne sais quelles diaboliques intrigues et machinations, elle obtient en hauts lieux, puisqu'elle doit quitter Vienne, que ce soit en compagnie de Hüe.
Voilà Hüe convoqué par Madame Royale, en présence de la comtesse de Chanclos. Il raconte à sa femme :
" Il faut partir, me dit Madame, et aller à Ratisbonne, où vous resterez. "
Ratisbonne ! avec la marquise ! ...
Vienne, 10 février 1796
à sa femme:
Depuis que je ne t'ai écrit, il s'est passé à mon égard des choses incroyables si je n'avais vu par moi-même les fils d'une trame infernale : je n'accuse personne, je pardonne même à quiconque voulait, en se conduisant comme on l'a fait, m'exposer à mourir de honte et de douleur . Oui, je serais mort, deux heures avant le départ de Mme de Soucy .
Mais, ouf ! elle est partie, seule, la rage au coeur, car Hüe a miraculeusement reçu in extremis l'ordre de l'empereur de demeurer à Vienne !
Il se croit débarrassé de Mme de Soucy .
Voilà Hüe convoqué par Madame Royale, en présence de la comtesse de Chanclos. Il raconte à sa femme :
" Il faut partir, me dit Madame, et aller à Ratisbonne, où vous resterez. "
Ratisbonne ! avec la marquise ! ...
Vienne, 10 février 1796
à sa femme:
Depuis que je ne t'ai écrit, il s'est passé à mon égard des choses incroyables si je n'avais vu par moi-même les fils d'une trame infernale : je n'accuse personne, je pardonne même à quiconque voulait, en se conduisant comme on l'a fait, m'exposer à mourir de honte et de douleur . Oui, je serais mort, deux heures avant le départ de Mme de Soucy .
Mais, ouf ! elle est partie, seule, la rage au coeur, car Hüe a miraculeusement reçu in extremis l'ordre de l'empereur de demeurer à Vienne !
Il se croit débarrassé de Mme de Soucy .
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Re: Huissier de la Chambre de Louis XVI : François Hüe
Eh bien non, il ne l'est pas, car la marquise ne lâche pas prise et n'entend pas se laisser oublier.Mme de Sabran a écrit:
Mais, ouf ! elle est partie, seule, la rage au coeur, car Hüe a miraculeusement reçu in extremis l'ordre de l'empereur de demeurer à Vienne !
Il se croit débarrassé de Mme de Soucy .
Hüe se livre alors à un périlleux exercice de style ( ) : comment éconduire fermement une dame très énamourée, sans se départir de la politesse la plus formelle .
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A la poste
Hüe à Mme de Soucy à Bâle
Vienne 19 février 1796
Quoique très sensible aux nouvelles que vous avez bien voulu me faire donner de votre voyage et du moment de votre départ pour Bâle, c'est absolument la dernière fois que je vous remercie par écrit des sentiments que vous me témoignez. S.A.I. daignant permettre que j'habite Vienne, ayant la bonté de m'honorer de sa bienveillance, je dois obéir ponctuellement aux ordres qui m'ont été donnés et renouvelés de n'écrire à personne quelconque autre que ma femme. J'ai promis d'être exact à cet ordre ainsi qu'à l'engagement de mener une vie très retirée aussi continuerai-je de ne voir que la société du comte Berchini et je n'ai que rarement l'honneur de faire ma cour à la Princesse de Lorraine. La société de Berchini me comble d'amitiés et de soins. Quand elle n'est pas réunie, et que par conséquent je suis seul, j'emploie mon temps à lire et à verser quelques larmes sur la tombe de mes augustes maîtres. Il me faut cette libre jouissance. La santé de Madame continue d'être bonne. Depuis votre départ, je n'ai pas eu l'honneur de la voir. M. Cléry est sensible à l'honneur de votre souvenir; je ne le suis pas moins à celui de votre fils.
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