L'affaire Favras ...
5 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements en France
Page 1 sur 1
L'affaire Favras ...
Kiki a écrit ( vous savez où ! boudoi29 )
Connaissez-vous la conspiration de Monsieur de Favras ?
http://chrisagde.free.fr/bourb/l16hommes.php3?... -
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Marquis_de_Favras -
La conspiration du marquis de Favras,1789-1790 de Lecoq (Marcel).
, Foliguet et Rigot, 1955, 217 p.
Le silence du marquis de Favras [exécuté le 19 février 1790], de Lepagnot (Françoise)
Terres d'histoire, 1989, n° 3, p. 50-55.
Lettre d'un citoyen de Paris à un républicain avec la réponse du républicain sur le procès de M. le baron de Bezenval, Paris, Henri, 1789, 13 p.
.....................
Calonne :
C'est une affaire assez trouble...
Voici le peu que j'en sais :
En 1790, PARIS apprend l'arrestation de Monsieur de FAVRAS. Très vite, les rumeurs les plus folles circulent. On accuse cet homme d'avoir cherché à financer un vaste complot contre-révolutionnaire. On l'accuse d'avoir pris contact avec des banquiers et hommes d'affaire afin de financer la levée d'une armée de mercenaires pour marcher sur PARIS et renverser l'assemblée. On raconte même que l'assassinat de LA FAYETTE et de BAILLY était prévu ! Tout ceci étant à prendre avec des pincettes, bien évidement. En fait, c'est le flou total. Ce qui est sûr, c'est que "quelque chose" de grande ampleur se préparait. Et très vite, le nom de MONSIEUR est cité. Mais le comte de PROVENCE prends les devants et se présente de lui-même devant les autorités et parvient à se disculper. De son côté, FAVRAS, mis au secret, refuse obstinément de parler et ne dit pas un mot. On n'en saura guère plus. Il n'y a rien contre lui, aucune preuve, mais l'affaire est trop sensible : FAVRAS est pendu, sans avoir dit un mot, quelques jours plus tard.
A-t-il agi seul ou sur ordre ? En quoi consistait ce complot ?
Mystère...
Cette affaire eût une triste conséquence pour la Reine : quelques jours plus tard, Elle reçut la veuve de FAVRAS et son plus jeune fils aux TUILERIES. Pour Elle, ce fut affreux. En effet, Elle ne pouvait témoigner trop de sympathie pour cette brave femme, sous peine de passer pour une complice des projets de son mari (dont Elle ignorait tout). Épiée comme Elle l'était, Elle dû la recevoir assez froidement, sans aller au-delà de la courtoisie. Je crois me souvenir qu'Elle s'en plaignit à une de ses femmes, c'est dans la biographie de SIMONE BERTIERE. Je n'ai pas le livre sous la main, je regarderai ce soir.
Kiki :
Le grand mystère, c'est de savoir pour qui FAVRAS travaillait vraiment. PROVENCE a été mis en cause très rapidement (son nom ou sa signature sur un document ?) mais il a réussit à se blanchir. Plusieurs options sont possibles. FAVRAS travaillait pour son compte (peu probable, car apparemment, il bénéficiait de moyens très importants), au service de PROVENCE (possible), d'un autre ?
Et pourquoi n'a-t-il rien dit ? Par fidélité à ses maîtres ? Une rumeur a circulé après la mort de FAVRAS : sa veuve aurait reçu une grosse somme d'argent d'un mystérieux envoyeur... FAVRAS a-t-il échangé son silence contre une fortune afin d’assurer la tranquilité et la sécurité de sa famille après sa mort ? Possible..
Calonne :
Favras avait démarré sa carrière dans la garde suisse de Provence dont il était un des protégés . En avril 1789, il propose des plans de rénovation des finances de l’état. Au lendemain du 14 juillet, il se fait fort d'assurer la protection de la famille royale en réunissant à Versailles un millier d'hommes, recrutés parmi d'anciens gardes du corps ou officiers réformés . Il est alors un des fidèles du Roi dont il propose l'enlèvement de force. Il veut conduire Louis XVI en sécurité à Metz pendant que l'armée réduirait à néant la sédition dans Paris . Mais la Fayette qui se méfie de lui et le fait surveiller a vent de ses projets .
Après les journées d'octobre et le transfert de la famille royale aux Tuileries, Favras s'abouche avec Provence .... C'est là que cela devient en effet bien compliqué et que l'on y comprend plus rien, ou à peu près plus rien, le double jeu de Provence brouillant les pistes : Favras est mêlé à une nébuleuse histoire de prêt de deux millions sollicité par Provence et que Favras, apparemment de bonne foi, croit destiné à financer l'évasion du Roi et de sa famille .
La Fayette, qui l'a toujours à l’œil, laisse mûrir l'affaire et , dès l'arrestation de Favras, circule un libelle annonçant le complot royaliste de Favras et Provence, un projet d'assassinat de la Fayette et Bailly, et pour couronner le tout un plan pour bloquer et affamer Paris .
Provence arrive à se justifier et trouve bien confortable de laisser pendre Favras témoin gênant ( involontaire ) de ce qu'il avait peut-être fini par comprendre être un coup tordu du prince pour perdre son frère .
Étant donné que FAVRAS n'a pas dit un mot et est resté muet jusqu'à la fin. Si il a réalisé que PROVENCE s'était servi de lui, pourquoi n'a-t-il rien dit ? Il pouvait monnayer sa tête contre celle de MONSIEUR. A-t-on menacé sa famille de représailles s'il parlait ? Ou a-t-on acheté son silence ?
Était-il un naïf, croyant œuvrer pour le Roi, et manipulé à son insu par MONSIEUR ?
Mystère...
Sans doute jusqu'à la fin, Favras n'a t-il pas cru qu'il marcherait au supplice . Il croyait pouvoir compter sur la protection de Provence .
Voici la réaction de MARIE ANTOINETTE, citée par SIMONE BERTIERE, après avoir reçu la veuve et le fils de FAVRAS :
"Libre dans mes actions, je devais prendre l'enfant d'un homme qui vient de se sacrifier pour nous et le placer à table entre le Roi et moi; mais environnée des bourreaux qui viennent de faire périr son père, je n'ai même pas osé jeter les yeux sur lui. Les royalistes me blâmeront de n'avoir pas parue occupée de ce pauvre enfant; les révolutionnaires seront courroucés en songeant qu'on a cru me plaire en me le présentant".
Invité:
Selon moi, je dirais que le silence est plus propre à un état d'esprit de rébellion face au tribunal qu'à un état d'esprit qui se sent trahi. Mais bon...ça s'arrête là .
La nuit, la neige :
Non, non. Nous avions déjà évoqué cette affaire récemment lorsque nous parlions de Monsieur et Mirabeau.
Car le marquis rôde aussi dans cette affaire ; c'est lui qui suggère à Monsieur de se rendre devant le Parlement.
Favras croit presque jusqu'au bout que Monsieur va le tirer de là, puisqu'il n'était qu'un simple intermédiaire et qu'il s'est empressé de détruire les papiers compromettants !
C'est le banquier, à qui il veut faire ce fameux prêt, qui dénonce le complot à La Fayette qui n'attend que ça : pour coincer Provence !!
Au pied de l'échafaud, Favras se rend compte qu'on ne le tirera pas de là ; il demande au curé qui l'accompagne s'il peut être gracié s'il parle...mais c'est trop tard.
Souvenez-vous, j'ai déjà cité cette phrase de La Fayette au sujet de cette affaire :
Favras mort en héros de la fidélité et du courage, Monsieur, depuis Louis XVIII, a manqué de l'une et de l'autre.
On dit que Talleyrand remettra à Louis XVIII, en 1814, un paquet de documents compromettants...dont quelques-uns sur l'affaire Favras.
Mme de Sabran :
A Paris, l'affaire du malheureux Favras inquiète beaucoup la Cour; ce particulier avait conçu le projet d'enlever le Roi et de faire ce qu'on appelle une contre-révolution .
( Campan )
Le peuple s'est porté en foule au Châtelet pour demander sans délai ni procès les têtes de MM. de Besenval ( qui croupit lui aussi en prison ) et de Favras . La milice nationale a réprimé les désordres, mais le baron a bien cru son heure arrivée :
On demandait ma tête à la porte. Une troupe de hurleurs féroces, amassés sous mes fenêtres, criaient qu'on leur livrât ma personne ...
Il faut toujours avoir sur pied non des gardes, mais des bataillons pour empêcher le baron de Besenval d'être massacré par le peuple, écrit Marc de Bombelles . Le seul espoir qui reste, c'est que la rage de ce peuple cruel sera bientôt assouvie par la mort de M. de Favras .
Comme on suspecte Monsieur, à cause de cette lettre de lui trouvée sur Favras, il est allé assurer Bailly et la municipalité de Paris de sa sympathie pour la Révolution ! Que cela est lâche et criminel ! ( Vaudreuil )
Le malheureux Favras était dans la même prison que moi, poursuit Besenval . Son procès qui s'instruisait avec une sorte de solennité, semblait devoir amener d'importants aveux. On y mêlait un grand personnage; et, quoique tout cela ne fut qu'un bourdonnement, il circulait ... Je me trouvais là fort à propos pour être le sujet d'une émeute. J'aurais été sacrifié par arrangement .
Besenval fait erreur sur la personne . C'est le malheureux Favras qui va être sacrifié par arrangement ! Provence l'a échappé belle !!! Quant à Marie-Antoinette, elle ne saura jamais ce qui ne fait plus mystère pour les historiens , c'est que Provence et ses conjurés projetaient de l'enlever, elle, son mari, et ses enfants, de les isoler dans quelque place de province, et d'en profiter pour faire proclamer la déchéance de Louis XVI, pour incapacité, au profit de son frère cadet, régent et bientôt Roi de France .
( Simone Bertière : Marie-Antoinette )
Majesté :
Finalement la famille royale est tout de même isolée en plein Paris...Et la suite ne change guère...à part pour le frère Caïn qui devra attendre quelques années pour obtenir le prix de sa traitrise ...
Bien à vous.
Mme de Chimay :
Quelle famille ! Le frère et le cousin ....
Sans compter tous les autres....
Vraiment , quelle époque !
Invité :
Oh....je ne pense pas que ce soit différent de nos jours vous savez .
L'argent et le pouvoir restent des motivations premières et des sources de conflits pour beaucoup .
Mme de Chimay :
Oh, c'est certain mais pour moi et selon moi, le plus grand des péchés n'est pas la luxure mais la jalousie !
C'est la jalousie qui guide les désirs mauvais, comme par exemple de s'approprier un héritage qui ne vous appartient pas !
Je pense qu' à l'origine du malheur des Bourbon , il y a eu le fait de ne pas traiter les Orléans comme ils auraient dû être traités.
Louis XIV aurait dû donner à son frère des responsabilités . Par exemple, Monsieur et son fils avaient de grands talents militaires. Eh bien non, Louis XIV a eu peur de perdre son trône s'il leur donnait des possibilités de se mettre en valeur. Pire, il a obligé son neveu à épouser sa bâtarde. Donc le ressentiment des Orléans a grandi au point de se transformer en jalousie et en pouvoir de nuisance .
Je pose la question : Louis XIV , traumatisé par la fronde au point de s'accrocher à son pouvoir coûte que coûte n'est-il pas coupable de ne pas avoir fait une juste place aux D'Orléans et d'être passé à côté de la plaque ? Le comportement de Louis XIV et de ses successeurs vis à vis des Orléans n'a t-il pas mis à un moment donné en danger le trône ?
Au fond, il aurait fallu que Louis XIV mette sur le trône d'Espagne un d'Orléans. Cela aurait suffi à la sécurité du royaume de France. Et les frères de Louis XVI auraient dû épouser deux princesses héritières de deux pays différents, quitte à régner sur les pays respectifs. Tout ceci aurait contribué à la stabilité et sécurité du royaume de France. Vraiment la jalousie est le pire des péchés !
Mais je me suis déjà exprimée sur les relations entre les Orléans et les Rois de France .
Mme de Sabran :
André Castelot dans sa biographie d’Égalité dresse une liste interminable des vexations que Louis XVI fait subir à son cousin .
Pour comprendre l'allergie de Louis à l'égard de ce parent, il faut remonter peut-être pas à l'enfance mais au moins à l'adolescence quand Philippe d'Orléans s'annonce déjà comme un viveur libidineux, fat, veule ... c'est à dire l'opposé du Dauphin parangon de gravité, sagesse, vertus chrétiennes en tous genres .
Et voilà que pour aggraver la situation, Chartres ( car le futur Orléans n'est encore que Chartres ) entraîne le jeune comte d'Artois sur la pente savonneuse de la débauche ...... C'en est trop pour le Dauphin !
Louis XV meurt. Que se passe t-il ? Orléans ( le gros duc ) et son fils Chartres ( futur Egalité ) boycottent le service funèbre du feu Roi ....... C'est tout de même une provocation de taille !
Par la suite, l'animosité de Louis XVI ne fait qu'aller grandissant ... à chaque fois qu'il peut rabaisser l'orgueil du cousin, il n'en rate pas une ....
Il y a de part et d'autre une antipathie considérable qui ne demande qu'à s'exprimer et qui finira par exploser .
la nuit,la neige a écrit:
Au pied de l'échafaud, Favras se rend compte qu'on ne le tirera pas de là ; il demande au curé qui l'accompagne s'il peut être gracié s'il parle...mais c'est trop tard.
Kiki :
Cette parole m'impressionne; elle m'inspire l' énorme doute d'un homme qui se rend compte qu'il a été trahi et abusé alors qu'il semblerait qu'il ait été d'une absolue intégrité et convaincu de sa démarche. La réaction de la reine lors de la présentation de sa veuve ne peut que conforter mon intuition .
Mais qui ou quoi ou quel fait si grave ont obligé cet homme à se taire ?
" Je vous pose la question".....
Mme de Sabran :
Eh bien, je pense que c'est l'importance de son commanditaire : le propre frère du Roi !
Tout de même, c'est énorme !!!
C'est à l'occasion de la pendaison de Favras, que l'on entendit dans la foule, dans la bouche d'un gamin, la petite phrase restée célèbre :
Allons, saute, Marquis !
Quand le pauvre Favras s'est balancé au bout de sa corde, M. de la Châtre, un des sbires de Monsieur, a couru au Luxembourg lui assurer que tout allait selon ses vœux !
Comtesse Diane:
Pourquoi avons-nous si peu de preuves historiques de cela ? Cela semble si énorme !
la nuit, la neige :
Eh bien justement parce que Provence tenait absolument à rester dans l'ombre : c'est la raison pour laquelle il avait besoin d'un émissaire pour cette histoire de prêt.
Favras a fait disparaître la plupart des documents.
Comtesse Diane:
D'accord.........!!! merci pour cette pas joyeuse constatation, la nuit ! :
Quel Fatras !
La nuit, la neige :
Après avoir assuré que cette histoire de prêt demandé n'avait pour but que de régler des dettes qui arrivaient à échéances (...), je vous livre une partie du discours de Provence devant les représentants de la Commune :
Depuis le jour où, dans la seconde Assemblée des notables, je me déclarai sur la question fondamentale qui divisait encore les esprits, je n'ai cessé de croire qu'une grande révolution était prête : que le roi, par ses intentions, ses vertus et son rang suprême devait en être le chef, puisqu'elle ne pouvait pas être avantageuse à la nation, sans l'être également au monarque ; enfin que l'autorité royale devait être le rempart de la liberté nationale, et la liberté nationale la base de l'autorité royale.
Que l'on cite un seul de mes discours qui ait démenti ces principes, qui ait montré que, dans quelques circonstances où j'aie été placé, le bonheur du roi, celui du peuple ait cessé d'être l'unique objet de mes pensées et de mes vœux ; jusque-là, j'ai le droit d'être cru sur ma parole.
Je n'ai jamais changé de sentiments ni de principes, et je n'en changerai jamais.
Tonnerre d'applaudissements !
Provence retourne l'assemblée ; beaucoup le voit prendre dès lors la tête de la Révolution.
Mirabeau, qui comprend qu'Orléans est un tiède, pousse à ce que Provence soit nommé premier ministre d'un roi réformateur.
Consulté par son frère en ce sens, Louis XVI continua de lui refuser la simple entrée du Conseil !
Mme de Sabran :
J'ai retrouvé !!!!!!
Je suis bien fâché, mon cher frère, de ne pouvoir vous être agréable; mais je ne comprends pas la nécessité de me doubler dans le Conseil . Vous êtes homme d'esprit, de sens et d'étude, cependant il ne vous est pas possible d'aimer plus que je ne le fais la France et ma famille; je sais ce qui convient à l'une et à l'autre .
Quel rôle joueriez-vous dans le Conseil, mon frère, si je m'avisais de penser autrement que vous ? Votre position ne serait-elle pas des plus fausses ? Puis-je répondre que nous serons toujours d'accord ? Néanmoins, je ne rejette point vos conseils : je vous les demanderai chaque fois que je les croirai utiles, et je présume que ce cas arrivera souvent ...
( Mémoires de la comtesse d'Adhémar )
Mme d'Adhémar ajoute que ce fut à cette époque, et pour se venger, que ce prince publia sous le voile de l'anonyme, dans " le Journal de Paris ", la description de la célèbre harpie trouvée au Chili .
Monsieur n'avait d'autre but que de vouloir caractériser la société Polignac : chaque partie de l'individu désignait telle ou telle personne; chacun s'y trouvait, jusqu'à l'abbé Cornu de la Balivière qui en était inconsolable ....
Je crois que Mme d'Adhémar fait un petit anachronisme car les Polignac et l'abbé de Balivière sont déjà en exil ...
M. et Mme de Favras avaient été recommandés, indirectement, à Marie-Antoinette par Marie-Thérèse elle-même, par cette lettre du 17 décembre 1776 :
Comte de Mercy-Argenteau, M. de Favras va se rendre en France avec Mme son épouse, ayant obtenu une sentence favorable de la part du conseil aulique d'Empire; je souhaite qu'ils en éprouvent tout le meilleur effet. Ne me mêlant d'aucune recommandation vis-à-vis de toute Cour étrangère, aussi peu que des affaires d'Empire, j'ai cru cependant de ne pas devoir me refuser à leur prière de les accompagner d'une lettre pour vous, en leur rendant justice de la bonne conduite qu'ils ont tenue ici . Je veux bien encore vous faire connaître qu'il me serait agréable si vous pouviez leur être utile, sans y mettre de l'intérêt de Cour .
Note d'Arneth et Geffroy concernant le marquis de Favras :
Les manifestations devenant de plus en plus menaçantes, le Châtelet accorda dans la nuit du 29 au 30 janvier l'élargissement du baron de Besenval et le 30 au matin était signifiée à Favras, avec lecture de l'acte d'accusation, la sentence de peine de mort à son encontre .
Loustalot écrit alors dans les Révolutions de Paris :
Les juges du Châtelet s'étaient arrangés de manière à ce que la haine du peuple eût un aliment au moment où l'élargissement de Besenval éclaterait .
( même analyse de Bombelles en amont )
Madame Élisabeth écrit à Angélique de Bombelle ( sa chère Bombe ), le 23 février :
Je t'écris pénétrée de l'injustice du supplice de M. de Favras, de la superbe fin qu'il a faite, de l'amour qu'il a montré à son Roi ( qui seul est cause de sa mort ) . Il y a plusieurs jours que je ne pense qu'à cela, que mon cœur, mon esprit, tout mon être ne sont remplis que de cette idée . Si cette pauvre Bombelles eût été ici, elle aurait admiré, comme tout ce qui respire dans Paris, le courage avec lequel l'infortuné a subi son injuste arrêt .
Non, il n'est qu'un Dieu qui puisse les donner, ce courage et cette résignation, dont j'espère que M. de Favras a reçu la récompense . Le cœur des honnêtes gens lui rend bien l'hommage qui lui est dû . Le peuple lui-même, le peuple qui demandait sa mort, le lendemain, et même en revenant de l'exécution, disait : " Mais il a protesté de son innocence sur la potence . C'est pourtant bien mal de ne pas l'avoir descendu . "
Tu verras dans les journaux tout ce qu'il a dit de touchant.
Au fait, mon cœur, aux yeux de tout le monde, même aux yeux des gens de loi, il n'y a pas eu dans ses interrogations la moindre preuve qu'il ait voulu faire assassiner MM. Necker, la Fayette et Bailly; mais il fallait effrayer ceux qui voulaient servir le Roi, mais il fallait du sang au peuple, et le sang d'un homme à qui l'on a pu donner le nom d'aristocrate. Voilà les véritables motifs de la mort de ce malheureux. Et les journées du 5 et du 6 restent impunies et une autre affaire du même genre, qui est au Châtelet depuis trois mois, reste aussi dans l'oubli ...
Le marquis de Favras, au greffier qui lui tend le message l'informant de condamnation sa mort:
Vous avez fait, Monsieur, trois fautes d'orthographe .
Saute Marquis !
.
.......................................... FIN DE CE BOUTURAGE !
.........................
.
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
Merci pour ce bouturage, Éléonore ! :n,,;::::!!!:
Bien à toi 3196910
Bien à toi 3196910
Invité- Invité
Re: L'affaire Favras ...
Il s'imposait, ce petit bouturage . Pauvre Favras oublié ...
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
Je me souviens de ce sujet. Merci pour la bouture d'été...
Quel sale type ce Provence ! boudoi29
Quel sale type ce Provence ! boudoi29
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
Cette gravure est conservée aux archives suédoises avec les papiers de Fersen. Il semble l'avoir reçu de Marie-Antoinette. Nous connaissons bien son opinion de Lafayette, qu’elle appelle « Sans Torts » d’après cette gravure : « Il ne me fallait pas la lettre de Sans Torts pour l’avoir en horreur », disait-elle le 7 décembre 1791.
Le pauvre Favras. Quant à Monsieur….
Photo: Copyright Evelyn Farr
Le pauvre Favras. Quant à Monsieur….
Photo: Copyright Evelyn Farr
Invité- Invité
Re: L'affaire Favras ...
Elle avait tellement de raisons de ne pas le porter dans son coeur ! boudoi29
Merci, ma chère Eve !
Merci, ma chère Eve !
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Le marquis de Favras
Thomas de Mahy, Marquis de Favras (1744-1790)
Issu d'une famille noble de la région de Blois, il entre aux mousquetaires du roi dès l'âge de onze ans en 1755 et commence ainsi une carrière militaire.
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1772, il acquiert la charge de premier lieutenant de la garde du comte de Provence, mais sa faible fortune ne lui permet pas de soutenir ses fonctions.
Il épousa en 1776, la princesse Victoria de Anhalt-Bernburg-Schaumburg, fille du prince Charles-Louis d'Anhalt-Bernburg-Schaumburg-Hoym et de Gertrud Keiser, fille d'un major de place hollandais.
Ce mariage ne sera pas sans difficultés, car le père de la princesse refuse de la reconnaître comme sa fille et le marquis de Favras dut se rendre à Vienne et Varsovie pour démêler la situation. De cet union naquirent deux enfants, Charles et Caroline.
A la veille de la Révolution, il offre ses services au parti patriotique en Hollande et il élabore des plans, dont un plan d'administration des finances.
Très favorable à la réforme de l'État et des finances royales, il n'en demeure pas moins respectueux de l'autorité souveraine. C'est pourquoi il opte rapidement pour le parti de la Contre-Revolution, en proposant des services à Louis XVI lors des Journées d'Octobre, mais il doit finalement se contenter de l'escorter jusqu'à Paris.
Toujours guidé par son esprit d'entreprise, il élabore un projet ayant pour but de protéger le roi et sa famille, mais à la suite de dénonciations il est arrêté dans la nuit du 24 au 25 décembre 1789.
Paris bruisse alors de rumeurs affirmant la participation conjointe du marquis de Favras et du comte de Provence à un complot destiné à faire évader le roi, et à assassiner La Fayette et Bailly. Monsieur justifie alors sa connivence avec Favras par un emprunt, ce qui paraît au vu de la situation du frère du roi, peu vraisemblable.
Une autre thèse révèle que le marquis de Favras était en étroite relation avec des gentilshommes de l'entourage du comte de Provence, avec la complicité du frère du roi qui aurait mandaté Favras de négocier un emprunt de deux millions pour financer le complot.
Déféré au tribunal du Châtelet pour son procès, il est condamné à mort, et de fait il comprend que le frère du roi ne le soutient plus. Malgré sa dénonciation tardive de la participation du comte de Provence au complot, il ne convainc pas. Il est pendu en place de grève le 19 février 1790.
Le frère du roi en apprenant la nouvelle de l'exécution du marquis de Favras aurait dit en se frottant les mains "Allons, nous pouvons nous mettre à table et souper de bon appétit" !!!.
(Merci Wiki)
Issu d'une famille noble de la région de Blois, il entre aux mousquetaires du roi dès l'âge de onze ans en 1755 et commence ainsi une carrière militaire.
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1772, il acquiert la charge de premier lieutenant de la garde du comte de Provence, mais sa faible fortune ne lui permet pas de soutenir ses fonctions.
Il épousa en 1776, la princesse Victoria de Anhalt-Bernburg-Schaumburg, fille du prince Charles-Louis d'Anhalt-Bernburg-Schaumburg-Hoym et de Gertrud Keiser, fille d'un major de place hollandais.
Ce mariage ne sera pas sans difficultés, car le père de la princesse refuse de la reconnaître comme sa fille et le marquis de Favras dut se rendre à Vienne et Varsovie pour démêler la situation. De cet union naquirent deux enfants, Charles et Caroline.
A la veille de la Révolution, il offre ses services au parti patriotique en Hollande et il élabore des plans, dont un plan d'administration des finances.
Très favorable à la réforme de l'État et des finances royales, il n'en demeure pas moins respectueux de l'autorité souveraine. C'est pourquoi il opte rapidement pour le parti de la Contre-Revolution, en proposant des services à Louis XVI lors des Journées d'Octobre, mais il doit finalement se contenter de l'escorter jusqu'à Paris.
Toujours guidé par son esprit d'entreprise, il élabore un projet ayant pour but de protéger le roi et sa famille, mais à la suite de dénonciations il est arrêté dans la nuit du 24 au 25 décembre 1789.
Paris bruisse alors de rumeurs affirmant la participation conjointe du marquis de Favras et du comte de Provence à un complot destiné à faire évader le roi, et à assassiner La Fayette et Bailly. Monsieur justifie alors sa connivence avec Favras par un emprunt, ce qui paraît au vu de la situation du frère du roi, peu vraisemblable.
Une autre thèse révèle que le marquis de Favras était en étroite relation avec des gentilshommes de l'entourage du comte de Provence, avec la complicité du frère du roi qui aurait mandaté Favras de négocier un emprunt de deux millions pour financer le complot.
Déféré au tribunal du Châtelet pour son procès, il est condamné à mort, et de fait il comprend que le frère du roi ne le soutient plus. Malgré sa dénonciation tardive de la participation du comte de Provence au complot, il ne convainc pas. Il est pendu en place de grève le 19 février 1790.
Le frère du roi en apprenant la nouvelle de l'exécution du marquis de Favras aurait dit en se frottant les mains "Allons, nous pouvons nous mettre à table et souper de bon appétit" !!!.
(Merci Wiki)
Dominique Poulin- Messages : 7016
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: L'affaire Favras ...
Quelle horreur de bonhomme ! Oui, Provence était vraiment immonde ...
Merci, cher Dominique, pour ce coup d'oeil biographique sur le malheureux marquis .
Que sont devenus Charles et Caroline, le savez-vous ?
Je rappelle notre lien vers le bouturage de l'affaire Favras.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1997-l-affaire-favras?highlight=FAVRAS
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
Merci pour cette fiche biographique...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'affaire Favras ...
Pour vous répondre Eléonore, à propos des enfants du marquis et de la marquise de Favras, Wiki nous dit laconiquement que Charles servit dans les armées autrichiennes et russes, avant d'être pensionné par Louis XVIII au retour des Bourbons. Le roi refusa la révision du procès Favras, et comme nous l'avons compris ce dernier avait bien trop à perdre !
Caroline se maria en 1805 en Allemagne semble t-il.
Caroline se maria en 1805 en Allemagne semble t-il.
Dominique Poulin- Messages : 7016
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: L'affaire Favras ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: L'affaire Favras ...
Dominique Poulin a écrit:Pour vous répondre Eléonore, à propos des enfants du marquis et de la marquise de Favras, Wiki nous dit laconiquement que Charles servit dans les armées autrichiennes et russes, avant d'être pensionné par Louis XVIII au retour des Bourbons. Le roi refusa la révision du procès Favras, et comme nous l'avons compris ce dernier avait bien trop à perdre !
Caroline se maria en 1805 en Allemagne semble t-il.
Les voici, ces deux orphelins et leur mère, contemplant un portrait de feu le marquis de Favras ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
Madame Elisabeth écrit à Angélique de Bombelles :
Ce 23 février 1790.
Mon Dieu, ma Bombe, que ta lettre m'a mise en colère ! J'avoue que j'avois bien tort; mais n'importe, il faut que je te dise pourquoi. J'étois pénétrée de l'injustice de la mort de M. de Favras, de la superbe fin qu'il a faite, de l'amour qu'il a montré à son Roi (qui seul est cause de sa mort). Il y avoit deux jours que je ne pensois qu'à cela, que mon cœur, mon esprit, tout mon être, n'étoient remplis que de cette idée, et je reçois ton épître où tu me dis : Mais aussi de quoi ce malheureux s'avisoit-il ? Tu juges si ta Princesse, qui ne se donne pas toujours le temps de la réflexion , s'est mise en colère contre cette pauvre Bombe qui n'y pouvoit rien pourtant, et qui, si elle eût été ici, auroit admiré, comme tout ce qui respire dans Paris, et l'injustice de sa mort, et le courage avec lequel il a subi son arrêt. Non, il n'est qu'un Dieu qui puisse le donner. Aussi, j'espère bien qu'il en a reçu la récompense. Le cœur des honnêtes yens lui rend bien l'hommage qu'il mérite. Le peuple lui-même, le peuple, qui demandoit à grands cris sa mort, le lendemain, et même en revenant de l'exécution , disoit : Mais il a protesté de son innocence sur la potence; c'est pourtant bien mal de ne l'avoir pas descendu. Tu verras dans les journaux tout ce qu'il a dit de touchant. Au fait, mon cœur, aux yeux de tout le monde, même aux yeux des gens de loi, il n'y a point eu dans ses interrogations la moindre preuve qu'il ait voulu faire assassiner MM. La F. et B. . ( MM. de la Fayette et Bailly ) Mais il falloit effrayer ceux qui voudroient servir le Roi ; mais il falloit du sang au peuple, et le sang d'un homme à qui l'on pût donner le nom d'aristocrate. Voilà, mon cœur, voilà les véritables causes qui ont conduit ce malheureux à la mort, et les journées du 5 et du 6 restent impunies !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'affaire Favras ...
La fille épousa un baron allemand, et sa descendance se mêla à quelques familles de renom, principalement les princes de Lippe et d'Auersperg.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements en France
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum