Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
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Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Vient de paraître, dans la collection Folio biographies que j'aime beaucoup...
Carlo Goldoni
De Franck Médioni
Gallimard, Folio (Novembre 2015)
Présentation :
Oh, que de scènes mes propres aventures ne m’ont-elles pas fournies !"
Né à Venise en 1707 et mort à Paris en 1793, Carlo Goldoni est l’auteur d’une œuvre de plus de deux cents titres empruntés à des genres aussi divers que la tragédie, l’intermède, le drame, le livret d’opéra, la saynète, sans oublier ses Mémoires.
Continuateur de la commedia dell’arte, il est l’incontestable inventeur de la comédie italienne moderne dont les chefs-d’œuvre ont pour titres : Les Rustres, La Locandiera, Arlequin serviteur de deux maîtres. I
Il écrivit en trois langues — l’italien, le vénitien, le français —, vécut les trente dernières années de sa vie à Paris, toujours à la recherche de ce qu’il appelait "la vérité au théâtre", toujours dans l’intention de "raconter le monde", prétendant que sa vie n’était pas "intéressante"…
Sa carrière en France (Bio Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Goldoni )
En 1762, il gagne la France. Adopté à la cour, où il enseigne l’italien aux princesses royales, et nommé à la tête du Théâtre-Italien à Paris, il écrit la plupart de ses pièces en français.
C'est à l'occasion des festivités accompagnant le mariage, en 1770, du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette qu'il décida d'écrire Le Bourru bienfaisant : la pièce est représentée à la Comédie-Française en 1771.
Le roi lui accorde une pension que suspendra la Révolution avant qu’elle ne soit rétablie pour sa veuve par la Convention comme le demandait Marie-Joseph Chénier.
Pendant plusieurs années, de 1784 à 1787, il écrit en français ses Mémoires pour servir à l’histoire de ma vie et celle du théâtre et meurt à Paris le 6 février 1793.
Extrait de ses Mémoires
J'ai annoncé qu'on préparait de grands mariages à la cour ; je parlais de l'année 1770, et ce fut dans ces jours heureux, que l'archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette de Lorraine, vint, en qualité de dauphine, combler ce royaume de joie, de gloire et d'espérance.
Elle gagna par les qualités de son âme et de son esprit l'estime du roi, le cœur de son époux, l'amitié de la famille royale, et mérita l'admiration du public par sa bienfaisance.
Ces noces furent célébrées avec une pompe digne du petit-fils du monarque français et de la fille de l'impératrice de l'Allemagne.
J'ai vu le temple richement décoré ; le coup d'œil imposant du banquet royal, le bal dans la galerie, les parties de jeu dans les appartemens.
Des illuminations partout ; un feu d'artifice de la plus grande beauté.
Torré, artificier italien , porta à cette occasion l'art pyrotechnique au dernier degré de sa perfection.
L'on fit en même temps l'ouverture du nouveau théâtre de la cour ; c'est un riche monument dont l'architecture offre plus de majesté que de commodité pour les spectateurs: il faut le voir lorsqu'on y donne des bals parés, ou des bals masqués. On arrange le théâtre dans ces occasions avec la même décoration et les mêmes ornements que la salle ; on voit alors un salon immense enrichi de colonnes, de glaces et de dorures, qui prouvent la grandeur du souverain qui l'a ordonné, et le goût de l'artiste qui l'a exécuté.
Parmi les réjouissances de cet auguste mariage les poètes français faisaient retentir la cour et la ville de leurs chants : ma muse avait envie de se réveiller; je tâchai de la satisfaire, je fis des vers italiens, mais je n'osai pas les faire imprimer.
Dans le nombre infini des compositions qui paraissaient tous les jours, il y en avait d'excellentes, et il y en avait qu'on ne lisait pas.
Je ne voulais pas augmenter le nombre de ces derniers, je présentai mes vers en manuscrit ; madame la Dauphine les reçut avec bonté, et me fit comprendre en très bon italien que je ne lui étais pas inconnu.
Il semble que l'heureuse étoile qui répandait pour lors ses influences sur ce royaume, m'ait inspiré du zèle, de l'ambition, du courage.
Je conçus le projet de composer une comédie française, et j'eus la témérité de la destiner au Théâtre français.
Le mot de témérité n'est pas trop fort : c'en est une vraiment, que de voir un étranger arrivé en France à l'âge de cinquante-trois ans avec des connaissances confuses et superficielles de cette langue, oser au bout de neuf ans composer une pièce pour le premier spectacle de la nation.
Vous devez vous apercevoir que c'est du Bourru bienfaisant dont je vais parler, pièce fortunée, qui a couronné mes travaux, et a mis le sceau à ma réputation.
Elle a été donnée pour la première fois à Paris le 4 novembre 1771, et le lendemain à Fontainebleau ; elle eut le même succès à la cour et à la ville. J'eus du roi une gratification de 150 louis ; le droit d'auteur me valut beaucoup à Paris ; mon libraire me traita fort honnêtement; je me vis comblé d'honneur, de plaisir, de joie ; je dis la vérité, je ne cache rien ; la fausse modestie me paraît aussi odieuse que la vanité.
Carlo Goldoni
De Franck Médioni
Gallimard, Folio (Novembre 2015)
Présentation :
Oh, que de scènes mes propres aventures ne m’ont-elles pas fournies !"
Né à Venise en 1707 et mort à Paris en 1793, Carlo Goldoni est l’auteur d’une œuvre de plus de deux cents titres empruntés à des genres aussi divers que la tragédie, l’intermède, le drame, le livret d’opéra, la saynète, sans oublier ses Mémoires.
Continuateur de la commedia dell’arte, il est l’incontestable inventeur de la comédie italienne moderne dont les chefs-d’œuvre ont pour titres : Les Rustres, La Locandiera, Arlequin serviteur de deux maîtres. I
Il écrivit en trois langues — l’italien, le vénitien, le français —, vécut les trente dernières années de sa vie à Paris, toujours à la recherche de ce qu’il appelait "la vérité au théâtre", toujours dans l’intention de "raconter le monde", prétendant que sa vie n’était pas "intéressante"…
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Sa carrière en France (Bio Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Goldoni )
En 1762, il gagne la France. Adopté à la cour, où il enseigne l’italien aux princesses royales, et nommé à la tête du Théâtre-Italien à Paris, il écrit la plupart de ses pièces en français.
C'est à l'occasion des festivités accompagnant le mariage, en 1770, du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette qu'il décida d'écrire Le Bourru bienfaisant : la pièce est représentée à la Comédie-Française en 1771.
Le roi lui accorde une pension que suspendra la Révolution avant qu’elle ne soit rétablie pour sa veuve par la Convention comme le demandait Marie-Joseph Chénier.
Pendant plusieurs années, de 1784 à 1787, il écrit en français ses Mémoires pour servir à l’histoire de ma vie et celle du théâtre et meurt à Paris le 6 février 1793.
Extrait de ses Mémoires
J'ai annoncé qu'on préparait de grands mariages à la cour ; je parlais de l'année 1770, et ce fut dans ces jours heureux, que l'archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette de Lorraine, vint, en qualité de dauphine, combler ce royaume de joie, de gloire et d'espérance.
Elle gagna par les qualités de son âme et de son esprit l'estime du roi, le cœur de son époux, l'amitié de la famille royale, et mérita l'admiration du public par sa bienfaisance.
Ces noces furent célébrées avec une pompe digne du petit-fils du monarque français et de la fille de l'impératrice de l'Allemagne.
J'ai vu le temple richement décoré ; le coup d'œil imposant du banquet royal, le bal dans la galerie, les parties de jeu dans les appartemens.
Des illuminations partout ; un feu d'artifice de la plus grande beauté.
Torré, artificier italien , porta à cette occasion l'art pyrotechnique au dernier degré de sa perfection.
L'on fit en même temps l'ouverture du nouveau théâtre de la cour ; c'est un riche monument dont l'architecture offre plus de majesté que de commodité pour les spectateurs: il faut le voir lorsqu'on y donne des bals parés, ou des bals masqués. On arrange le théâtre dans ces occasions avec la même décoration et les mêmes ornements que la salle ; on voit alors un salon immense enrichi de colonnes, de glaces et de dorures, qui prouvent la grandeur du souverain qui l'a ordonné, et le goût de l'artiste qui l'a exécuté.
Parmi les réjouissances de cet auguste mariage les poètes français faisaient retentir la cour et la ville de leurs chants : ma muse avait envie de se réveiller; je tâchai de la satisfaire, je fis des vers italiens, mais je n'osai pas les faire imprimer.
Dans le nombre infini des compositions qui paraissaient tous les jours, il y en avait d'excellentes, et il y en avait qu'on ne lisait pas.
Je ne voulais pas augmenter le nombre de ces derniers, je présentai mes vers en manuscrit ; madame la Dauphine les reçut avec bonté, et me fit comprendre en très bon italien que je ne lui étais pas inconnu.
Il semble que l'heureuse étoile qui répandait pour lors ses influences sur ce royaume, m'ait inspiré du zèle, de l'ambition, du courage.
Je conçus le projet de composer une comédie française, et j'eus la témérité de la destiner au Théâtre français.
Le mot de témérité n'est pas trop fort : c'en est une vraiment, que de voir un étranger arrivé en France à l'âge de cinquante-trois ans avec des connaissances confuses et superficielles de cette langue, oser au bout de neuf ans composer une pièce pour le premier spectacle de la nation.
Vous devez vous apercevoir que c'est du Bourru bienfaisant dont je vais parler, pièce fortunée, qui a couronné mes travaux, et a mis le sceau à ma réputation.
Elle a été donnée pour la première fois à Paris le 4 novembre 1771, et le lendemain à Fontainebleau ; elle eut le même succès à la cour et à la ville. J'eus du roi une gratification de 150 louis ; le droit d'auteur me valut beaucoup à Paris ; mon libraire me traita fort honnêtement; je me vis comblé d'honneur, de plaisir, de joie ; je dis la vérité, je ne cache rien ; la fausse modestie me paraît aussi odieuse que la vanité.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Cette biographie pique mon intérêt... et ton titre ma curiosité
Je cherchais le lien : car je ne connaissais pas de rapport entre l’œuvre de Goldoni et Marie-Antoinette... ça donne envie de découvrir Le Bourru bienfaisant qui est dédié à Madame Adélaïde... La coquinerie de cette pièce doit donc être tempérée :
Bien à vous.
Je cherchais le lien : car je ne connaissais pas de rapport entre l’œuvre de Goldoni et Marie-Antoinette... ça donne envie de découvrir Le Bourru bienfaisant qui est dédié à Madame Adélaïde... La coquinerie de cette pièce doit donc être tempérée :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Majesté a écrit: Le Bourru bienfaisant qui est dédié à Madame Adélaïde....
C'est parce que Goldoni était le professeur d'italien de la princesse .
... une petite anecdote en passant :
Les chef-d’oeuvres dramatiques de Charles Goldoni: ...
https://books.google.fr/books?id=09MTAAAAQAAJ
Carlo Goldoni, Jean Augustin Amar du Rivier
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Oui...c'était pour attirer l'attention. :Majesté a écrit:
Je cherchais le lien : car je ne connaissais pas de rapport entre l’œuvre de Goldoni et Marie-Antoinette...
Mais enfin, cette petite biographie est sans doute intéressante, et comme je l'ai déjà dit, le prix de ces éditions Folio n'est pas élevé.
Savons-nous qui donnait des cours d'italien à Marie-Antoinette, lorsqu'elle était enfant ?
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
La nuit, la neige a écrit:
Savons-nous qui donnait des cours d'italien à Marie-Antoinette, lorsqu'elle était enfant ?
Comma ça, à brûle-pourpoint, je sèche ...
Quelqu'un d'autre ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
.
Jacques Levron écrit dans Les inconnus de Versailles que Barthélémy Gatteschi, maître de langues des enfants du couple royal, donnait également des cours de langues étrangères à Marie-Antoinette ainsi qu'à Madame Elisabeth. Elles y apprenaient notamment l'italien ainsi que l'anglais, en même temps que les enfants.
Ces cours commencèrent en 1788 et continuèrent jusqu'aux Tuileries.
Mais Marie-Antoinette, enfant, n'est-ce pas le célèbre Métastase qui lui enseigne des rudiments de l'italien ?!! :n,,;::::!!!:
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
À Vienne, Métastase n'avait pas une vie sociale très brillante. Son origine humble l'excluait des cercles de l'aristocratie, cependant qu'il enseigna l'italien à la jeune Archiduchesse Marie-Antoinette. Une certaine compensation lui fut offerte par la fréquentation de la comtesse Althann, belle-sœur de son ancienne bienfaitrice, la princesse Belmonte Pignatelli.
( Wiki )
( Wiki )
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Ah, très bien !
Merci pour tes recherches...
Merci pour tes recherches...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
Merci La nuit la neige pour cette sélection. Décidemment cette collection fait tout pour me plaire. Je connais bien la pièce Barouf à Ghioggia drôlissime avec des personnages attachants et je m'étais toujours dit que je me devais de connaître d'autres pièces. Maintenant je comprends que je peux en plus croiser cette envie avec mon intérêt pour l'entourage de Marie-Antoinette. La parution de cette biographie comble une lacune !
Olivier, Substitut du procureur
Olivier, Substitut du procureur
Olivier- Messages : 1007
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Goldoni et le mariage de Marie-Antoinette
La nuit, la neige a écrit:
En 1762, il gagne la France. Adopté à la cour, où il enseigne l’italien aux princesses royales, et nommé à la tête du Théâtre-Italien à Paris, il écrit la plupart de ses pièces en français.
... et pas seulement aux princesses royales !
Goldoni est attaché plus que jamais à la France : il vient d’être fait maître de langue italienne des Enfans de France, avec deux mille écus d’appointemens.
( Bachaumont )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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