l'Almanach des Muses
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l'Almanach des Muses
;
Je me suis intéressée à ce fameux Almanach des Muses que nous cite souvent Félix, et dernièrement encore dans le sujet de Mme Saint Huberty ... C'était bien entendu une extrêmement jolie publication et une source inépuisable du plaisir poétique de la langue ... bref ! l'essence même de notre XVIIIème !
L’Almanach des Muses est une revue poétique
fondée en 1765 par Sautreau de Marsy.
.
;;;;;;;;;
Les almanachs ont connu une immense vogue à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’objectif de l’Almanach des Muses était de faire mieux que ce qui paraissait alors en proposant au lectorat un choix critique de poésies récentes, avec des notes critiques et des informations sur l’actualité poétique.
Paraissant chaque année, depuis la date de sa fondation jusqu’en 1833, l’Almanach des Muses publia nombre d’écrivains peu connus tels que Parny, Bertin, Régnault de Beaucaron, Roucher, Légier, Colardeau ou Berquin, Legouvé, Bonnard, Arnault, plus connus comme Boufflers ( tiens donc ! :n,,;::::!!!: ) , Delille, Dorat, de Fontanes, La Harpe, ou très connus comme Chamfort, Beaumarchais ou Baculard d’Arnaud, et surtout Voltaire qui y publia plus de deux cents textes entre 1765 et 1819.
À la Révolution, la Marseillaise y paraît en 1793 ainsi que des vers de Sade à Marat en 1794. Publier dans l’Almanach des Muses, comme le firent régulièrement Millevoye et Marceline Desbordes-Valmore, était un gage de reconnaissance.
L’Almanach des Muses fut à la fois très critiqué et très imité.
Mercier, Rivarol ou Champcenetz ne se gênèrent pas pour l’attaquer, voire s’en moquer, par exemple en le surnommant l’Almanach des Buses.
Ceci, allié à son caractère éclectique, fut la cause de sa fin, lors la naissance de la revue littéraire moderne.
Sautreau de Marsy dirigea, avec le concours de Joseph Mathon de la Cour pour les années 1766 à 1769, l’Almanach des Muses jusqu’en 1793. Étienne Vigée lui succéda de 1794 à 1820, lui-même remplacé par Justin Gensoul de 1821 à 1829, puis par Jean-Pierre Lesguillon de 1830 à 1833.
Contenu des volumes
Vu le succès rencontré dès la première année, l'Almanach des Muses, 1765 connut une seconde édition. Le contenu des éditions comprenait des épîtres et des pièces fugitives, des romances (souvent avec la musique notée), des notices sur les ouvrages de poésie et sur les pièces de théâtre parus l’année précédente.
*
*
Écrit sur un Almanach des Muses
Rapporté par Charles Augustin Sainte-Beuve dans Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines ...
Vous avez eu vos jours de gloire et de conquêtes ;
Vous avez illustré des hôtels, des palais.
Versaille et Trianon vous ont donné des fêtes.
Mais il n’est plus, le temps où vous suiviez la cour,
Où les petits marquis vous ouvraient les ruelles,
Où les petits abbés pour vous plumaient l’Amour,
Et trempaient dans le musc d’érotiques bouts d’ailes.
Vous revêtiez alors l’éclatant maroquin ;
Vous portiez des signets en faveur rose et blanche :
Au rebut maintenant, vous mourez en bouquin,
Près de la houppe à poudre oubliés sur la planche.
Pourtant si vous voulez revivre en un placet,
Hanter les bals de nuit sous forme de message,
Sortir furtivement du fond de mon gousset,
Sans être vus, glisser dans l’ombre d’un corsage ;
Chanteur et plus encore esclave des amours,
Je veux vous retrouver dans l’écrin de mes rimes.
De vos séductions emprunter le secours,
Et tramer avec vous les plus beaux de mes crimes.
Vos modes ont passé, mais vos propos sont doux.
Vous savez les secrets de la galanterie :
La dame qui reçoit une épître de vous
Laisse ses cruautés tourner en rêverie.
Merci WIKI !
Je me suis intéressée à ce fameux Almanach des Muses que nous cite souvent Félix, et dernièrement encore dans le sujet de Mme Saint Huberty ... C'était bien entendu une extrêmement jolie publication et une source inépuisable du plaisir poétique de la langue ... bref ! l'essence même de notre XVIIIème !
L’Almanach des Muses est une revue poétique
fondée en 1765 par Sautreau de Marsy.
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Les almanachs ont connu une immense vogue à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’objectif de l’Almanach des Muses était de faire mieux que ce qui paraissait alors en proposant au lectorat un choix critique de poésies récentes, avec des notes critiques et des informations sur l’actualité poétique.
Paraissant chaque année, depuis la date de sa fondation jusqu’en 1833, l’Almanach des Muses publia nombre d’écrivains peu connus tels que Parny, Bertin, Régnault de Beaucaron, Roucher, Légier, Colardeau ou Berquin, Legouvé, Bonnard, Arnault, plus connus comme Boufflers ( tiens donc ! :n,,;::::!!!: ) , Delille, Dorat, de Fontanes, La Harpe, ou très connus comme Chamfort, Beaumarchais ou Baculard d’Arnaud, et surtout Voltaire qui y publia plus de deux cents textes entre 1765 et 1819.
À la Révolution, la Marseillaise y paraît en 1793 ainsi que des vers de Sade à Marat en 1794. Publier dans l’Almanach des Muses, comme le firent régulièrement Millevoye et Marceline Desbordes-Valmore, était un gage de reconnaissance.
L’Almanach des Muses fut à la fois très critiqué et très imité.
Mercier, Rivarol ou Champcenetz ne se gênèrent pas pour l’attaquer, voire s’en moquer, par exemple en le surnommant l’Almanach des Buses.
Ceci, allié à son caractère éclectique, fut la cause de sa fin, lors la naissance de la revue littéraire moderne.
Sautreau de Marsy dirigea, avec le concours de Joseph Mathon de la Cour pour les années 1766 à 1769, l’Almanach des Muses jusqu’en 1793. Étienne Vigée lui succéda de 1794 à 1820, lui-même remplacé par Justin Gensoul de 1821 à 1829, puis par Jean-Pierre Lesguillon de 1830 à 1833.
Contenu des volumes
Vu le succès rencontré dès la première année, l'Almanach des Muses, 1765 connut une seconde édition. Le contenu des éditions comprenait des épîtres et des pièces fugitives, des romances (souvent avec la musique notée), des notices sur les ouvrages de poésie et sur les pièces de théâtre parus l’année précédente.
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Écrit sur un Almanach des Muses
Rapporté par Charles Augustin Sainte-Beuve dans Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines ...
Vous avez eu vos jours de gloire et de conquêtes ;
Vous avez illustré des hôtels, des palais.
Versaille et Trianon vous ont donné des fêtes.
Mais il n’est plus, le temps où vous suiviez la cour,
Où les petits marquis vous ouvraient les ruelles,
Où les petits abbés pour vous plumaient l’Amour,
Et trempaient dans le musc d’érotiques bouts d’ailes.
Vous revêtiez alors l’éclatant maroquin ;
Vous portiez des signets en faveur rose et blanche :
Au rebut maintenant, vous mourez en bouquin,
Près de la houppe à poudre oubliés sur la planche.
Pourtant si vous voulez revivre en un placet,
Hanter les bals de nuit sous forme de message,
Sortir furtivement du fond de mon gousset,
Sans être vus, glisser dans l’ombre d’un corsage ;
Chanteur et plus encore esclave des amours,
Je veux vous retrouver dans l’écrin de mes rimes.
De vos séductions emprunter le secours,
Et tramer avec vous les plus beaux de mes crimes.
Vos modes ont passé, mais vos propos sont doux.
Vous savez les secrets de la galanterie :
La dame qui reçoit une épître de vous
Laisse ses cruautés tourner en rêverie.
Merci WIKI !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: l'Almanach des Muses
WIKI a écrit:
À la Révolution, la Marseillaise y paraît en 1793 ainsi que des vers de Sade à Marat en 1794.
Ce fut Sade qui prononça l'éloge funèbre de Marat lors de l'enterrement de celui-ci – encore son rapport à Marat dans ce discours est-il ambigu, puisqu'il ne le prononça que pour sauver sa propre tête, étant en ce temps-là de nouveau menacé en figurant déjà sur la liste de la guillotine.
www.lagarce.net/scene/ensavoirplus/idspectacle/834/.../toutes_mes
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: l'Almanach des Muses
Et n'oublions pas que c'est François-René de Chateaubriand qui débuta sa carrière littéraire dans l'Almanach des Muses de 1790 avec son poème L'amour de la campagne
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: l'Almanach des Muses
Comte d'Hézècques a écrit:Et n'oublions pas que c'est François-René de Chateaubriand qui débuta sa carrière littéraire dans l'Almanach des Muses de 1790 avec son poème L'amour de la campagne
... que voici, en entier .
L’Amour de la campagne
François-René de CHATEAUBRIAND
Que de ces prés l’émail plaît à mon coeur !
Que de ces bois l’ombrage m’intéresse !
Quand je quittai cette onde enchanteresse,
L’hiver régnait dans toute sa fureur.
Et cependant mes yeux demandaient ce rivage ;
Et cependant d’ennuis, de chagrins dévoré,
Au milieu des palais, d’hommes froids entouré,
Je regrettais partout mes amis du village.
Mais le printemps me rend mes champs et mes beaux jours.
Vous m’allez voir encore, ô verdoyantes plaines !
Assis nonchalamment auprès de vos fontaines,
Un Tibulle à la main, me nourrissant d’amours.
Fleuve de ces vallons, là, suivant tes détours,
J’irai seul et content gravir ce mont paisible
Souvent tu me verras, inquiet et sensible,
Arrêté sur tes bords en regardant ton cours.
J’y veux terminer ma carrière ;
Rentré dans la nuit des tombeaux,
Mon ombre, encor tranquille et solitaire,
Dans les forêts cherchera le repos.
Au séjour des grandeurs mon nom mourra sans gloire,
Mais il vivra longtemps sous les toits de roseaux,
Mais d’âge en âge en gardant leurs troupeaux,
Des bergers attendris feront ma courte histoire :
« Notre ami, diront-ils, naquit sous ce berceau ;
Il commença sa vie à l’ombre de ces chênes ;
Il la passa couché près de cette eau,
Et sous les fleurs sa tombe est dans ces plaines. »
Corot, Vue de la forêt de Fontainebleau ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: l'Almanach des Muses
comme quoi il n'y pas que des poètes médiocres qui figurent dans ces élégants almanachs.
Voici une partie de ma collection :
Voici un extrait d'un poème qui se trouve au début de l'Almanach de 1786, en guise de célébration du nouvel an :
Pas mal comme texte...
Voici une partie de ma collection :
Voici un extrait d'un poème qui se trouve au début de l'Almanach de 1786, en guise de célébration du nouvel an :
Pas mal comme texte...
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: l'Almanach des Muses
Tu n'es pas en retard, mon cher !Comte d'Hézècques a écrit:Voici un extrait d'un poème qui se trouve au début de l'Almanach de 1786, en guise de célébration du nouvel an :
Comte d'Hézècques a écrit:Pas mal comme texte...
Joli texte ...un peu tragique quant au temps qui passe... mais bellement tourné
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: l'Almanach des Muses
C'est vrai qu'en guise de célébration du nouvel an, il y a de quoi nous coller le bourdon ...
Le temps dévore ce qu'il engendre, c'est l'essence même du mythe de Chronos .
Le temps dévore ce qu'il engendre, c'est l'essence même du mythe de Chronos .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: l'Almanach des Muses
Henri-Louis Lekain (1729-1778) fut un acteur célèbre, ami de Voltaire, qui lui dédiait ces vers dans l'Almanach des muses de 1777.
Lekain s'apprêtait en effet à quitter Paris pour rendre visite à son vieil ami dans sa demeure à Ferney en Suisse.
En février 1778 Voltaire se rend lui-même à Paris à quatre-vingt-trois ans, ignorant qu'il y mourra quelques mois plus tard, fêté partout et porté aux nues, malgré la médiocrité de sa dernière pièce de théâtre Irène, représentée au Théâtre Français cette année-là.
Malgré les vers assez flatteurs pour Marie-Antoinette dans l'Almanach des muses pour l'année 1777, Voltaire n'a jamais pu rentrer dans les bonnes grâces de la reine, même si en 1776 il avait déjà essayé d'attirer les faveurs de la jeune reine avec un divertissement (intitulé L'hôte et l'hôtesse) rédigé pour elle sur la demande du beau-frère de la reine, le comte de Provence, à l'occasion d'une fête brillante qu'il prépara en son honneur dans son château de Brunoy.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: l'Almanach des Muses
Comte d'Hézècques a écrit:
Henri-Louis Lekain (1729-1778) fut un acteur célèbre, ami de Voltaire, qui lui dédiait ces vers dans l'Almanach des muses de 1777.
.
Merci, mon cher Félix .
Nous pouvons retrouver Lekain ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2737-henri-louis-cain-dit-lekain#78744
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: l'Almanach des Muses
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: l'Almanach des Muses
M. Hugot a écrit:La physionomie est tant soit peu trop haute
Et les sentiments un peu bas ...
Voilà qui me rappelle les Sixties : Cheveux longs et idées courtes , disaient les ronchons .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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