Le cardinal Melchior de Polignac

Le cardinal de Polignac a laissé une grande réputation comme diplomate. Envoyé à Rome pour négocier la réconciliation du pape et de Louis XIV, il met tant de grâce et de dextérité dans sa conduite qu’il arrache ce compliment à Alexandre VIII :
« Je ne sais comment vous faites ; vous semblez toujours de mon avis, mais c’est moi qui finis par être du vôtre. »

Ambassadeur de Louis XIV au congrès d’Utrecht, il tient aux Hollandais ce fier langage :
« Nous traiterons de vous, chez vous, sans vous. »

Artiste et savant, il composa un poème latin, l’Anti-Lucretius, très apprécié alors, où il combat les doctrines philosophiques de Lucrèce.




Victor Du Bled
Un Client de l’Ancien Régime
Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 101, 1890 (pp. 351-386).

Quel portrait intéressant ! C'est la première fois que je vois un "col ecclésiastique" transparent comme ça


Bien à vous.

C'est un Hyacinthe RIGAUD (Perpignan, 1659 - Paris, 1743) .
Le voici en entier :

Par Antoine Coysevox :

Majesté a écrit:Quel portrait intéressant ! C'est la première fois que je vois un "col ecclésiastique" transparent comme ça


Bien à vous.

C'est très courant pourtant.

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Le cardinal de Polignac fut ambassadeur en Pologne et à Rome où les Italiens disaient de lui :
" Tu fais succéder par la magnificence les Français aux Romains, les Louis aux Césars ! "

C'est à lui que l'on prête ce mot à Louis XIV : " Sire, la pluie ne mouille point à Marly ! "

Il entra à l'Académie Française en 1704, à la mort de Bossuet et ceignit la calotte écarlate du cardinalat en 1712. Il laissa inachevé son " Anti-Lucrèce " , poème en latin de près de dix mille vers réfutant le matérialisme.
Vers la fin de sa vie, le cardinal arrangea le mariage de son neveu Louis-Héraclius avec Diane Adélaïde Zéphirine Mazarini-Mancini, petite nièce du cardinal de Mazarin . Ce sont les beaux-parents de Yolande de Polignac.

Mme de Sabran a écrit:Vers la fin de sa vie, le cardinal arrangea le mariage de son neveu Louis-Héraclius avec Diane Adélaïde Zéphirine Mazarini-Mancini, petite nièce du cardinal de Mazarin .  Ce sont les beaux-parents de Yolande de Polignac.

Et son mari était fauché avec ça ?

Je suppose que le terme fauché doit être bien relativisé .  :
Et pourtant l'oncle cardinal se plaignait à Mme de Maintenon d'être toujours à court d'argent :

" Quoique le roy m'ait fait beaucoup de bien, je suis très pauvre parce que je dois, et tout ce que je dois je ne l'ai pas dépensé pour mon plaisir, comme chacun le sait, mais pour servir le roy dans les différents emplois dont il m'a honoré ... "   Ayant expliqué qu'après entente avec ses créanciers, il ne s'était réservé que 30.000 livres de rente, " faible ressource à un cardinal pour subsister honnêtement et faire quand il faut des voyages à Rome "  , il priait le roi de lui accorder les abbayes de Saint-Germain et d'Anchin dont les bénéfices considérables et la disposition d'une belle demeure à Paris et d'une maison à la campagne lui donneraient " une félicité pour le reste de mes jours et un soulagement pour ma famille " .   On voit qu'il soutenait toujours celle-ci .

( Hedwige de Polignac :   Les Polignac )

A Versailles, le cardinal occupait l'ancien appartement du duc de Mortemart.

Gouverneur Morris a écrit:

Mme de Sabran a écrit:Vers la fin de sa vie, le cardinal arrangea le mariage de son neveu Louis-Héraclius avec Diane Adélaïde Zéphirine Mazarini-Mancini, petite nièce du cardinal de Mazarin .  Ce sont les beaux-parents de Yolande de Polignac.

Et son mari était fauché avec ça ?

Louis Heracle était assez prodigue d'une part, et d'autre part cette petite nièce de Mazarin est la fille du dernier des fils du duc de Nevers, il n'était donc pas l'héritier de la fortune mazarine.

Non, non, Louis-Héracle n'a pas laissé une réputation de prodigalité, au contraire .
C'était un homme bon, sage, modeste et plus épris de la fierté de sa race que de la vanité des titres et de la Cour.  Il abandonna le titre de marquis et reprit celui de vicomte. Honteux peut-être des désordres de sa mère (  oui, sans doute , car il y avait bien de quoi ! àè-è\':  ) , contraint de s'éloigner de cette Cour qui avait ruiné les siens, il quitta aussi la vicomté où il ne pouvait maintenir la grandeur passée, et vécut, modeste, philosophe, dans la terre de Clayes qu'il tenait de sa femme ( succession du duc de Nevers, frère du marquis de Mancini, comme tu viens de nous le dire, mon petit Lulu    ) .

J'ai un autre son de cloche du côté de Esterhazy et Bombelles !

Ce dernier le décrit comme un dépravé qui pervertit la fille de son jardinier, avant de finalement l'épouser, comme auteur d'ouvrages libertins. Bombelles explique qu'il obtient par la faveur de sa belle fille l'ambassade de Suisse qu'il tenait très mal.

Quelle est la source du témoignage que vous citez ?

Mme de Sabran a écrit:(  oui, sans doute , car il y avait bien de quoi ! àè-è\':  ) .

c'est sûr  àè-è\': àè-è\': àè-è\':

Lucius a écrit:J'ai un autre son de cloche du côté de Esterhazy et Bombelles !

Ce dernier le décrit comme un dépravé qui pervertit la fille de son jardinier, avant de finalement l'épouser, comme auteur d'ouvrages libertins. Bombelles explique qu'il obtient par la faveur de sa belle fille l'ambassade de Suisse qu'il tenait très mal.

... en fait, le vicomte séduit la fille de son jardinier avant de finalement l'épouser . Mais le chaste Bombelles s'en scandalise.


Entre séduire et pervertir, il y a une marge tout de même ...

Lucius a écrit:Quelle est la source du témoignage que vous citez ?

Encore Hedwige de Polignac .

Mme de Sabran a écrit:

Lucius a écrit:J'ai un autre son de cloche du côté de Esterhazy et Bombelles !

Ce dernier le décrit comme un dépravé qui pervertit la fille de son jardinier, avant de finalement l'épouser, comme auteur d'ouvrages libertins. Bombelles explique qu'il obtient par la faveur de sa belle fille l'ambassade de Suisse qu'il tenait très mal.

...   en fait,  le vicomte séduit la fille de son jardinier avant de finalement l'épouser .   Mais le chaste Bombelles s'en scandalise.


Entre séduire et pervertir, il y a une marge tout de même  ...  

Bombelles nous le décrit en effet comme un suborneur, et, dirions nous aujourd'hui, un détourneur de mineur, car c'est surtout l'âge de la demoiselle qui choque Bombelles.

Je me souviens fort bien de ces extraits de Bombelles .   Je les ai cités dans la première édition , je ne sais pas s'ils ont passé le cap de la seconde, de grandes coupes ayant été opérées  ...   Il faut considérer notre Bombelles à ce moment-là comme remonté à bloc par Mme de Mackau, sa belle-mère, peut-être jalouse des prérogatives de Yolande .  
Connaissant mieux les Polignac et tombé les pattes en croix sous le charme de notre petite duchesse, Bombelles éperdu d'adoration met par la suite beaucoup d'eau dans son vin ! :

Mme de Sabran a écrit: tombé les pattes en croix sous le charme de notre petite duchesse, :

J'aime beaucoup cette expression !

Oui, elle est très mignonne, n'est-ce pas ! Je la tiens de Eve Ruggeri dont j'adorais, le matin sur France Inter, l'émission Eve raconte .
Bouh ! c'est vieux ... tu n'étais pas né . :

J'ai moi aussi entendu Eve Ruggeri sur les ondes, sur radio classique !

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Le cardinal de Polignac prit part à la conspiration de Cellamare . àè-è\':

À l’instigation de l’abbé Dubois, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, la France forma la Quadruple Alliance avec l’Angleterre, la Hollande et l’Empereur, pour contrebattre les prétentions de Philippe V, petit-fils de Louis XIV, qui rêvait de grimper sur le trône de France, nonobstant la renonciation obtenue dans les traités d’Utrecht, en cas de décès de Louis XV.  Rappelons le mot du cardinal aux Hollandais lors du traité d’Utrecht  ( je ne m'en lasse pas !   :  ) :
« Nous traiterons de vous, chez vous, sans vous. »

La duchesse du Maine,    
 épouse d’un bâtard légitimé de Louis XIV, Louis Auguste de Bourbon, que l'on appelait " la reine de Sceaux "
avait attiré notre cardinal  à sa Cour de la Mouche à Miel  
 Il était de toutes les fêtes, avec Fontenelle, Voltaire, Malézieux,  Mme de Staal  



Anne-Louise-Bénédicte  intriguait ferme contre le Régent qui, en faisant casser le testament du vieux roi, avait écarté son mari de tout rôle politique.
Elle entra en correspondance avec le Premier ministre de Philippe V, le cardinal italien Giulio Alberoni.
Avec l’appui de l’ambassadeur du roi d’Espagne, un projet de complot fut bientôt tramé dans l’entourage de la duchesse. On y trouvait l’une de ses femmes de chambre, la baronne de Staal-Launay, qui a laissé d’intéressants mémoires, le cardinal de Polignac, le duc de Richelieu, et plusieurs personnages moins importants.

En mai 1717, quand parut l'édit de déchéance des Bâtards, la duchesse du Maine publia en faveur des légitimés un pamphlet auquel travaillèrent Malézieux et le cardinal de Polignac .   On échafaudait toutes sortes de plans chimériques : enlever le Régent, faire attribuer la Régence à Philippe V, qui convoquerait les états généraux…
L’exécution était aussi défaillante que la conception : les conjurés firent transcrire des documents compromettants qu’ils voulaient envoyer à Alberoni par Jean Buvat (1660-1729), écrivain à la bibliothèque du roi, qui, épouvanté, s’empressa d’aller tout raconter à Dubois qui le renvoya à ses copies en lui intimant l'ordre de venir lui rendre compte chaque jour.
L’abbé Dubois laissa partir les dépêches, confiées à un jeune abbé espagnol, mais le fit arrêter à Poitiers le 5 décembre 1718.

Le 9 décembre, le Régent faisait arrêter le prince de Cellamare, l'ambassadeur en France du roi d’Espagne Philippe V,   qui fut aussitôt expulsé, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin, avaient participé à la conjuration : le duc du Maine, envoyé à la forteresse de Doullens, la duchesse exilée à Dijon, le duc de Richelieu mis à la Bastille,  le cardinal fut exilé à Anchin,   etc.
La duchesse, loyale, fit son possible pour innocenter Polignac; mais il lui tint rigueur de sa disgrâce et, quand il retrouva la liberté, ne lui fit même pas une visite .

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conspiration_de_Cellamare
et Hedwige de Polignac

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A propos du cardinal de Polignac, la marquise de Sévigné : C'est un des hommes du monde dont l'esprit me paraît le plus agréable, il sait tout, il parle de tout .
Et Voltaire : Je vais entendre un monologue du cardinal de Polignac . :

J'ai rencontré le cardinal, hier, à Rome : il visitait Saint-Pierre ( comme il se doit n'est-ce pas  pour un cardinal   ) , en nombreuse compagnie .    






Giovanni Paolo Panini ( 1691 - 1765 )
Ecole italienne

Le Cardinal Melchior de Polignac visitant Saint-Pierre de Rome

vers 1729 - 1730
Huile sur toile

Exilé en 1718, le cardinal rejoint Rome où il prend part au concile et est nommé chargé des affaires du Roi auprès du Saint-Siège .

( Musée Crozatier, le Puy en Velay )

Vue aujourdhui, la dédicace rappelant le souvenir du Cardinal à la Trinité des Monts :





Clichés personnels

Ah, je reconnais : tu as pris cette photo de la Place d'Espagne !
Merci, mon cher Momo !!!