Louis-François de Turgy, garçon de bouche
+2
Dominique Poulin
Mme de Sabran
6 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 3
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Louis-François de Turgy, garçon de bouche
;
C'est étonnant, mais nous n'avions pas encore ouvert de sujet pour ce bon et excellent Turgy !
Consultation obligée donc de Wiki !
Louis-François Turgy, (né le 18 juillet 1763 à Paris - mort en 1823).
Modeste garçon de bouche à Versailles, il se signala le 6 octobre 1789, (Journée des 5 et 6 octobre 1789), en sauvant Marie-Antoinette d'Autriche des mains de la populace. Avec ses compagnons Chrétien et Marchand, il réussit à se faire admettre dans le service du Temple et devint l'intrépide intermédiaire entre la famille royale et ses partisans. Il mit au point avec Élisabeth de France (1764-1794) un système lui permettant de communiquer malgré la surveillance des commissaires de la Commune de Paris. Il fut expulsé après quatorze mois de service volontaire au Temple et se retira dans sa famille à Tournay-en-Brie. Il accompagna Marie-Thérèse de France en 1795 à Vienne en Autriche.
Sous la Restauration :
En 1814, Louis XVIII le fit officier de la Légion d'honneur, l'anoblit avec le titre de baron, le nomma premier valet de chambre et huissier du cabinet de Marie-Thérèse de France.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (41e division).
Pas de portrait, tableau, gravure, que tchi ! mais seulement sa tombe au cimetière du Père-Lachaise.
Oh bien non, à peine sorti de l'oubli ne l'enterrons pas si vite, cet homme !
Suivons votre conseil !
GARÇON SERVANT AU TEMPLE
(10 AOUT 1792 — 13 OCTOBRE 1793)
Louis-François Turgy, né à Paris, le 18 juillet 1763, entra, à l'âge de vingt-et-un an, dans la maison du Roi. Il y remplissait un très modeste emploi au service de la Bouche ; son dévouement à ses maîtres lui a valu, seul, sa célébrité.
On va lire comment et dans quelles circonstances s'exerça ce dévouement. Il fut, de juillet à octobre 1793, le seul trait d'union que les prisonnières du Temple eussent conservé avec le reste du monde.
Après sa sortie du Temple, Turgy se retira à Tournan-en-Brie, dans sa famille; plus tard, il accompagna à Vienne, la fille de Louis XVI; en 1799 il se trouvait à Mittau, à la Cour de Louis XVIII exilé : c'est là qu'il rencontra Cléry, qui, à l'instigation de la princesse de Hohenlohe, rassemblait ses souvenirs et avait entrepris un récit de la captivité du Temple.
Il demanda à Turgy communication des lettres de la Reine et de M""* Elisabeth; mais ces précieux autographes étaient restés à Tournan ; le père de Turgy les détruisit, à l'époque du Consulat, par peur d'être suspecté de royalisme si ces reliques venaient à être découvertes. Tous ceux qui avaient courageusement joué leur tête pendant la Terreur, se mirent ainsi à trembler, par contre-coup, quand le danger fut passé : le cauchemar, pour beaucoup, ne commença qu'au réveil.
Il ne restait donc à Turgy, lorsque vint la Restauration, que le souvenir très précis des événements et le texte de quelques billets sans date. C'est à l'aide de ces documents que sa relation fut écrite : elle fut publiée en 1818, au nombre des pièces justificatives de L'Histoire de Louis XVII par Éckard, qui s'était chargé de la rédiger.
Dès 1799, à Mittau, la duchesse d'Angpulême avait témoigné à Turgy sa reconnaissance en obtenant de Louis XVllI le certificat que voici :
« J'éprouve une véritable satisfaction à attester que, durant la captivité du feu Roi mon frère, au Temple, et après sa mort, aussi longtemps qu'il a été possible de servir le feu Roi mon neveu, la feue Reine sa mère et ma belle-sœur, feue madame Elisabeth ma sœur, et madame la duchesse d'Angoulême, ma nièce, le sieur Turgy les a servis avec un courage, une fidélité, un zèle et une intelligence à toute épreuve. Et ne pouvant, en ce moment, le récompenser comme je le désirerais, je veux, du moins, que la présente attestation soit à jamais pour lui un titre d'honneur, et pour ses enfants et descendants un motif d'encouragement pour imiter, dans tous les temps, l'exemple qu'il leur a donné. En foi de quoi j'ai écrit et signé cette attestation de ma main et j'y fait apposer mon sceau.
Au château de Mittau, ce 17 décembre 1799.
Signé : Louis. »
Le Roi tint sa parole : dès 1814, Turgy était nommé officier de la Légion d'honneur et recevait des lettres de noblesse. Il mourut à Paris, le 4 juin 1823, premier valet de chambre et huissier du cabinet de S. A. R. Mme la duchesse d'Angoulême.
... à suivre, des extraits de la relation des événements du Temple, par Turgy .
C'est étonnant, mais nous n'avions pas encore ouvert de sujet pour ce bon et excellent Turgy !
Consultation obligée donc de Wiki !
Louis-François Turgy, (né le 18 juillet 1763 à Paris - mort en 1823).
Modeste garçon de bouche à Versailles, il se signala le 6 octobre 1789, (Journée des 5 et 6 octobre 1789), en sauvant Marie-Antoinette d'Autriche des mains de la populace. Avec ses compagnons Chrétien et Marchand, il réussit à se faire admettre dans le service du Temple et devint l'intrépide intermédiaire entre la famille royale et ses partisans. Il mit au point avec Élisabeth de France (1764-1794) un système lui permettant de communiquer malgré la surveillance des commissaires de la Commune de Paris. Il fut expulsé après quatorze mois de service volontaire au Temple et se retira dans sa famille à Tournay-en-Brie. Il accompagna Marie-Thérèse de France en 1795 à Vienne en Autriche.
Sous la Restauration :
En 1814, Louis XVIII le fit officier de la Légion d'honneur, l'anoblit avec le titre de baron, le nomma premier valet de chambre et huissier du cabinet de Marie-Thérèse de France.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (41e division).
Pas de portrait, tableau, gravure, que tchi ! mais seulement sa tombe au cimetière du Père-Lachaise.
Oh bien non, à peine sorti de l'oubli ne l'enterrons pas si vite, cet homme !
MARIE-ANTOINETTE a écrit:
Bonjour - dans LENOTRE - CAPTIVITE ET MORT DE MARIE ANTOINETTE - livre indispensable à avoir dans sa bibliothèque vous trouverez un chapitre important sur TURGUY et c'est le seul historien qui s'est intéressé à ce personnage !!!!!
A lire d'urgence si vous avez le livre et/ou à l'acquérir sur un site de livre d'occasion - il n'est pas rare et les prix sont corrects....
voir "livres-rares.book par exemple !!!!!!!! surtout pas CHAPITRE !!!!!
Amicalement MARIE ANTOINETTE
Suivons votre conseil !
GARÇON SERVANT AU TEMPLE
(10 AOUT 1792 — 13 OCTOBRE 1793)
Louis-François Turgy, né à Paris, le 18 juillet 1763, entra, à l'âge de vingt-et-un an, dans la maison du Roi. Il y remplissait un très modeste emploi au service de la Bouche ; son dévouement à ses maîtres lui a valu, seul, sa célébrité.
On va lire comment et dans quelles circonstances s'exerça ce dévouement. Il fut, de juillet à octobre 1793, le seul trait d'union que les prisonnières du Temple eussent conservé avec le reste du monde.
Après sa sortie du Temple, Turgy se retira à Tournan-en-Brie, dans sa famille; plus tard, il accompagna à Vienne, la fille de Louis XVI; en 1799 il se trouvait à Mittau, à la Cour de Louis XVIII exilé : c'est là qu'il rencontra Cléry, qui, à l'instigation de la princesse de Hohenlohe, rassemblait ses souvenirs et avait entrepris un récit de la captivité du Temple.
Il demanda à Turgy communication des lettres de la Reine et de M""* Elisabeth; mais ces précieux autographes étaient restés à Tournan ; le père de Turgy les détruisit, à l'époque du Consulat, par peur d'être suspecté de royalisme si ces reliques venaient à être découvertes. Tous ceux qui avaient courageusement joué leur tête pendant la Terreur, se mirent ainsi à trembler, par contre-coup, quand le danger fut passé : le cauchemar, pour beaucoup, ne commença qu'au réveil.
Il ne restait donc à Turgy, lorsque vint la Restauration, que le souvenir très précis des événements et le texte de quelques billets sans date. C'est à l'aide de ces documents que sa relation fut écrite : elle fut publiée en 1818, au nombre des pièces justificatives de L'Histoire de Louis XVII par Éckard, qui s'était chargé de la rédiger.
Dès 1799, à Mittau, la duchesse d'Angpulême avait témoigné à Turgy sa reconnaissance en obtenant de Louis XVllI le certificat que voici :
« J'éprouve une véritable satisfaction à attester que, durant la captivité du feu Roi mon frère, au Temple, et après sa mort, aussi longtemps qu'il a été possible de servir le feu Roi mon neveu, la feue Reine sa mère et ma belle-sœur, feue madame Elisabeth ma sœur, et madame la duchesse d'Angoulême, ma nièce, le sieur Turgy les a servis avec un courage, une fidélité, un zèle et une intelligence à toute épreuve. Et ne pouvant, en ce moment, le récompenser comme je le désirerais, je veux, du moins, que la présente attestation soit à jamais pour lui un titre d'honneur, et pour ses enfants et descendants un motif d'encouragement pour imiter, dans tous les temps, l'exemple qu'il leur a donné. En foi de quoi j'ai écrit et signé cette attestation de ma main et j'y fait apposer mon sceau.
Au château de Mittau, ce 17 décembre 1799.
Signé : Louis. »
Le Roi tint sa parole : dès 1814, Turgy était nommé officier de la Légion d'honneur et recevait des lettres de noblesse. Il mourut à Paris, le 4 juin 1823, premier valet de chambre et huissier du cabinet de S. A. R. Mme la duchesse d'Angoulême.
... à suivre, des extraits de la relation des événements du Temple, par Turgy .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Ha quelle émotion devant des hommes aussi dévoués face à la famille royale dans le malheur et au prix des dangers encourus !! Que l'estime et la reconnaissance perpétuelle lui soit décernées pour sa mémoire. Vraiment il le mérite.
Dominique Poulin- Messages : 6952
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Oui, n'est-ce pas !
Alors, je continue. Ou plutôt Turgy continue :
Le 10 août 1792, il me fut impossible de pénétrer jusqu'aux Tuileries. Les deux jours suivants, mes tentatives pour entrer aux Feuillants furent pareillement inutiles. La famille royale n'y prit de nourriture que celle qui lui fut apportée de différents lieux, par les personnes restées auprès de Leurs Majestés. Ayant appris que Louis XVI allait être transféré au Temple, je courus chez M. Ménard de Ghousy, commissaire général de la maison du Roi, pour obtenir la faveur d'y continuer mon service. II me promit que, dans quelque endroit que l'on plaçât la famille royale, et ne fallut-il qu'un garçon-servant, il n'en nommerait pas d'autre que moi, parce qu'il savait bien que ce serait une chose agréable à la Reine. Il envoya aussitôt à la municipalité M. Rothe, contrôleur du Gobelet du Roi, pour demander des cartes d'entrée ; celui-ci revint à cinq heures et dit qu'on ne lui en avait promis que pour le lendemain 14. Je prévis qu'une fois le Roi au Temple, on n'obtiendrait d'y être admis qu'après un examen et des formalités qui ne me seraient pas favorables ; car n'ayant jamais eu d'autres relations que celles de mes devoirs, je n'avais aucun motif de recommandation auprès des ennemis de la famille royale.
Sans parler de ceci à personne, je dis à mes camarades. Chrétien et Marchand : «Allons nous présenter au Temple ; peut-être qu'en montrant un peu de hardiesse, on nous laissera entrer. » Ils me suivirent. Nous arrivâmes à la grande porte, comme l'un des officiers du poste venait de laisser passer une personne, munie d'une carte, et que je reconnus pour être du service du Roi. Je priai l'officier de me permettre de parler à cette personne et je lui dis que j'étais aussi du service, ainsi que mes camarades. Il hésita d'abord, puis il me répondit : « Prenez mon bras, que vos camarades prennent le vôtre, et je vais vous introduire. » Ce qu'il fit.
On nous conduisit à la Bouche, où je ne trouvai aucune provision. Je fus obligé de sortir jusqu'à trois fois pour me procurer le nécessaire ; je pris le parti de passer par la porte dite du Bailliage, et j'eus le soin de me faire reconnaître par le portier et les gardes, afin de pouvoir rentrer.
Nous servîmes le souper du Roi dans la pièce du Palais ou S. A. S. Mme la princesse Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé a établi aujourd'hui sa chapelle -. ( C'est-à-dire le grand salon du Temple ) La famille royale a continué de prendre ses repas dans cette pièce jusqu'à ce que la grande Tour devint leur unique habitation .
La famille royale, après avoir été resserrée pendant trois jours dans les cellules des Feuillants, se serait trouvée bien moins malheureuse si on l'eut laissée dans ce Palais. Mais, après le souper, on annonça au Roi que pour sa sûreté et celle de sa famille, ils occuperaient la Tour pendant la nuit. On y avait placé en sentinelles à tous les étages, les Marseillais, qui ne cessèrent de chanter au moment du passage de la Reine et pendant toute la nuit :
" Madame monte à sa tour
Ne sait quand descendra. "
Alors, je continue. Ou plutôt Turgy continue :
Le 10 août 1792, il me fut impossible de pénétrer jusqu'aux Tuileries. Les deux jours suivants, mes tentatives pour entrer aux Feuillants furent pareillement inutiles. La famille royale n'y prit de nourriture que celle qui lui fut apportée de différents lieux, par les personnes restées auprès de Leurs Majestés. Ayant appris que Louis XVI allait être transféré au Temple, je courus chez M. Ménard de Ghousy, commissaire général de la maison du Roi, pour obtenir la faveur d'y continuer mon service. II me promit que, dans quelque endroit que l'on plaçât la famille royale, et ne fallut-il qu'un garçon-servant, il n'en nommerait pas d'autre que moi, parce qu'il savait bien que ce serait une chose agréable à la Reine. Il envoya aussitôt à la municipalité M. Rothe, contrôleur du Gobelet du Roi, pour demander des cartes d'entrée ; celui-ci revint à cinq heures et dit qu'on ne lui en avait promis que pour le lendemain 14. Je prévis qu'une fois le Roi au Temple, on n'obtiendrait d'y être admis qu'après un examen et des formalités qui ne me seraient pas favorables ; car n'ayant jamais eu d'autres relations que celles de mes devoirs, je n'avais aucun motif de recommandation auprès des ennemis de la famille royale.
Sans parler de ceci à personne, je dis à mes camarades. Chrétien et Marchand : «Allons nous présenter au Temple ; peut-être qu'en montrant un peu de hardiesse, on nous laissera entrer. » Ils me suivirent. Nous arrivâmes à la grande porte, comme l'un des officiers du poste venait de laisser passer une personne, munie d'une carte, et que je reconnus pour être du service du Roi. Je priai l'officier de me permettre de parler à cette personne et je lui dis que j'étais aussi du service, ainsi que mes camarades. Il hésita d'abord, puis il me répondit : « Prenez mon bras, que vos camarades prennent le vôtre, et je vais vous introduire. » Ce qu'il fit.
On nous conduisit à la Bouche, où je ne trouvai aucune provision. Je fus obligé de sortir jusqu'à trois fois pour me procurer le nécessaire ; je pris le parti de passer par la porte dite du Bailliage, et j'eus le soin de me faire reconnaître par le portier et les gardes, afin de pouvoir rentrer.
Nous servîmes le souper du Roi dans la pièce du Palais ou S. A. S. Mme la princesse Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé a établi aujourd'hui sa chapelle -. ( C'est-à-dire le grand salon du Temple ) La famille royale a continué de prendre ses repas dans cette pièce jusqu'à ce que la grande Tour devint leur unique habitation .
La famille royale, après avoir été resserrée pendant trois jours dans les cellules des Feuillants, se serait trouvée bien moins malheureuse si on l'eut laissée dans ce Palais. Mais, après le souper, on annonça au Roi que pour sa sûreté et celle de sa famille, ils occuperaient la Tour pendant la nuit. On y avait placé en sentinelles à tous les étages, les Marseillais, qui ne cessèrent de chanter au moment du passage de la Reine et pendant toute la nuit :
" Madame monte à sa tour
Ne sait quand descendra. "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
ce texte est très important, surtout pour le détail des repas - en effet aucun autre auteur n'indique que bien qu'habitant la petite tour , la famille royale et les personnes qui l'accompagnaient venaient prendre leur repas dans le grand salon.
encore un scoop !!!
MARIE ANTOINETTE
encore un scoop !!!
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
MARIE ANTOINETTE a écrit:
encore un scoop !!!
:
... un scoop que, justement, Lenôtre met en doute :
La grande Tour ne devînt leur habitation que le 26 octobre ; et, quoique Turgy soit, à coup sûr, bien renseigné, surtout en ce qui concerne le service de la famille royale, il semble étonnant que l'on conduisît les prisonniers prendre leur repas dans les salons du palais du Temple . il fallait, pour y aller, sortir de l'enceinte de Palloy . la galerie y avait été coupée ; on était donc obligé de traverser tout le jardin... ? Ceci paraît difficile à admettre.
M""' de Tourzel dit, au contraire, qu'on descendait, à l'heure des repas, dans une petite pièce au-dessous de la chambre de la Reine, qui servait de salle à manger.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Suite de la relation de Turgy :
Deux jours après notre arrivée, les commissaires de la Commune voulurent savoir qui nous avait fait entrer au Temple. Je leur répondis que les Comités de l'Assemblée, sur les renseignements qu'ils avaient fait prendre dans nos sections, nous avaient autorisés à venir reprendre notre service ; ils se retirèrent. Le lendemain, Chabot, député, Santerre, commandant général, et Billaud-Varennes, alors substitut du procureur général de la Commune, vinrent pour reconnaître et prendre un état nominatif de toutes les personnes restées auprès de la famille royale. Ils nous demandèrent si nous avions appartenu au Roi ; je leur répondis affirmativement. — « Qui donc a pu vous faire admettre ici ? » s'écria Chabot. Je lui répliquai que c'était Petion et Manuel qui, d'après les informations prises dans nos sections, nous en avaient accordé la permission. — « En ce cas, dit Chabot, c'est que vous êtes de bons citoyens ; restez à votre poste, et la Nation aura plus soin de vous que n'a fait le tyran. »
Quand nous fûmes seuls, mes camarades me dirent avec effroi. — « Vous voulez donc nous faire périr tous ? Vous répondez aux municipaux que nous sommes envoyés par l'Assemblée, et aux députés que c'est par la Commune ; nous voudrions être bien loin ! » Cependant ils restèrent au Temple, et, fidèles à leurs devoirs, ils n'en sont sortis qu'avec moi, ainsi que je le dirai.
Deux jours après notre arrivée, les commissaires de la Commune voulurent savoir qui nous avait fait entrer au Temple. Je leur répondis que les Comités de l'Assemblée, sur les renseignements qu'ils avaient fait prendre dans nos sections, nous avaient autorisés à venir reprendre notre service ; ils se retirèrent. Le lendemain, Chabot, député, Santerre, commandant général, et Billaud-Varennes, alors substitut du procureur général de la Commune, vinrent pour reconnaître et prendre un état nominatif de toutes les personnes restées auprès de la famille royale. Ils nous demandèrent si nous avions appartenu au Roi ; je leur répondis affirmativement. — « Qui donc a pu vous faire admettre ici ? » s'écria Chabot. Je lui répliquai que c'était Petion et Manuel qui, d'après les informations prises dans nos sections, nous en avaient accordé la permission. — « En ce cas, dit Chabot, c'est que vous êtes de bons citoyens ; restez à votre poste, et la Nation aura plus soin de vous que n'a fait le tyran. »
Quand nous fûmes seuls, mes camarades me dirent avec effroi. — « Vous voulez donc nous faire périr tous ? Vous répondez aux municipaux que nous sommes envoyés par l'Assemblée, et aux députés que c'est par la Commune ; nous voudrions être bien loin ! » Cependant ils restèrent au Temple, et, fidèles à leurs devoirs, ils n'en sont sortis qu'avec moi, ainsi que je le dirai.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Pourtant il me semble bien que les travaux pour la chambre du Roi furent effectivement terminés pour Octobre et que d'aout à octobre la Famille Royale vivaient tous au même étage. Les repas étaient pris au temple mais dans la tour sous effectivement la chambre de la Reine et pas dans le salon de l'hôtel du temple.
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Comment nous y retrouver, quand les mémorialistes ne tombent pas d'accord entre eux ?!!
Pourtant Turgy raconte du vécu : il est présent, et " voit de ses yeux voit " . Peut-être arrange-t-il un peu la réalité trop sordide, comme lorsqu'il fait prendre ses repas à la famille royale dans le grand salon ?
Pourtant Turgy raconte du vécu : il est présent, et " voit de ses yeux voit " . Peut-être arrange-t-il un peu la réalité trop sordide, comme lorsqu'il fait prendre ses repas à la famille royale dans le grand salon ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Dès que le Roi fut entré au Temple, on prescrivit les précautions les plus minutieuses. Voici de quelle manière se faisait le service qui me concernait. S'agissait-il du dîner ou d'un autre repas, on allait au Conseil demander deux municipaux. Ils se rendaient à l'office, on dressait les plats, on les goûtait devant eux, pour leur faire voir qu'il n'y avait rien de caché ni de suspect. On remplissait en leur présence les carafes et les cafetières. Pour couvrir les carafes de lait d'amande, on déchirait, à leur volonté, un morceau de papier dans telle feuille et telle main qu'ils indiquaient.
Arrivés, avec eux, à la salle à manger, on ne mettait la table qu'après l'avoir montrée dessus et dessous aux municipaux ; on dépliait devant eux
les nappes et les serviettes ; ils fendaient les pains par moitié, et sondaient la mie avec une fourchette, ou même avec leurs doigts.
Cependant, il m'arriva souvent, dans un passage, dans un tournant d'escalier de substituer au bouchon de papier d'une carafe, tel autre sur lequel on avait écrit des avis, des nouvelles, soit avec du jus de citron, soit avec une extrait de noix de galle. Quelquefois je roulais un billet autour d'une petite balle de plomb, je recouvrais le tout d'un autre papier fort, et je jetai ce peloton dans la carafe au lait d'amande : un signe convenu indiquait ce que j'avais fait. Lorsque le papier des bouchons se trouvait sans écriture, il servait à la Reine et à M""" Elisabeth, pour me donner des ordres ou des avis à transmettre au dehors.
Les cuisines et offices du Temple se trouvaient fort éloignés de la Tour. — On verra, dans la relation de Moelle, comment les plats destinés à la table des prisonniers étaient transportés à travers le palais du grand Prieur et l'immense jardin du Temple — toute la longueur du square actuel. D'ailleurs, ce voyage n'avait alors rien d'insolite : aux Tuileries, et jusqu'en 1830, les viandes du Roi étaient ainsi portées à travers l'enfilade des appartements. A Versailles même on rencontrait chaque jour, dans les cours du château, ce singulier cortège escorté de soldats en armes.
( Note de Lenôtre )
Arrivés, avec eux, à la salle à manger, on ne mettait la table qu'après l'avoir montrée dessus et dessous aux municipaux ; on dépliait devant eux
les nappes et les serviettes ; ils fendaient les pains par moitié, et sondaient la mie avec une fourchette, ou même avec leurs doigts.
Cependant, il m'arriva souvent, dans un passage, dans un tournant d'escalier de substituer au bouchon de papier d'une carafe, tel autre sur lequel on avait écrit des avis, des nouvelles, soit avec du jus de citron, soit avec une extrait de noix de galle. Quelquefois je roulais un billet autour d'une petite balle de plomb, je recouvrais le tout d'un autre papier fort, et je jetai ce peloton dans la carafe au lait d'amande : un signe convenu indiquait ce que j'avais fait. Lorsque le papier des bouchons se trouvait sans écriture, il servait à la Reine et à M""" Elisabeth, pour me donner des ordres ou des avis à transmettre au dehors.
Les cuisines et offices du Temple se trouvaient fort éloignés de la Tour. — On verra, dans la relation de Moelle, comment les plats destinés à la table des prisonniers étaient transportés à travers le palais du grand Prieur et l'immense jardin du Temple — toute la longueur du square actuel. D'ailleurs, ce voyage n'avait alors rien d'insolite : aux Tuileries, et jusqu'en 1830, les viandes du Roi étaient ainsi portées à travers l'enfilade des appartements. A Versailles même on rencontrait chaque jour, dans les cours du château, ce singulier cortège escorté de soldats en armes.
( Note de Lenôtre )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Courageux, l'gars Turgy !!! S'agissait de ne pas se faire pincer !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Sous Louis XIV et après on criait "La Viande du Roi" et chacun d'enlever alors son chapeau au passage des vivres.
Pour ce qui est du transport des victuailles, il y avait un long corridor tendu je crois d'une toile qui allait du château du prieur à la limite de la tour. Mme de Tourzel le premier soir en parle dans ses mémoires et dit qu'elle traversa un long corridor du château pour aller dans la tour, elle pensait même que cela faisait parti du même bâtiment. Je cite de mémoire.
Cependant quand on regarde la maquette du Temple au XVIIIe siècle au Musée Carnavalet on voit bien une espèce de long couloir pourvu d'un toit qui part du Château pour finir dans le jardin devant la Tour. Je pense que c'est ce chemin la qu'utilisaient Turgy et ses compagnons.
Pour ce qui est du transport des victuailles, il y avait un long corridor tendu je crois d'une toile qui allait du château du prieur à la limite de la tour. Mme de Tourzel le premier soir en parle dans ses mémoires et dit qu'elle traversa un long corridor du château pour aller dans la tour, elle pensait même que cela faisait parti du même bâtiment. Je cite de mémoire.
Cependant quand on regarde la maquette du Temple au XVIIIe siècle au Musée Carnavalet on voit bien une espèce de long couloir pourvu d'un toit qui part du Château pour finir dans le jardin devant la Tour. Je pense que c'est ce chemin la qu'utilisaient Turgy et ses compagnons.
Dernière édition par Mr de Talaru le Mar 10 Oct 2017, 09:58, édité 1 fois
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Merci, mon cher François pour ces précisions si intéressantes !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Dès que le Roi fut entré au Temple, on prescrivit les précautions les plus minutieuses. Voici de quelle manière se faisait le service qui me concernait. S'agissait-il du dîner ou d'un autre repas, on allait au Conseil demander deux municipaux. Ils se rendaient à l'office, on dressait les plats, on les goûtait devant eux, pour leur faire voir qu'il n'y avait rien de caché ni de suspect. On remplissait en leur présence les carafes et les cafetières. Pour couvrir les carafes de lait d'amande, on déchirait, à leur volonté, un morceau de papier dans telle feuille et telle main qu'ils indiquaient.
Arrivés, avec eux, à la salle à manger, on ne mettait la table qu'après l'avoir montrée dessus et dessous aux municipaux ; on dépliait devant eux les nappes et les serviettes ; ils fendaient les pains par moitié, et sondaient la mie avec une fourchette, ou même avec leurs doigts.
Cependant, il m'arriva souvent, dans un passage, dans un tournant d'escalier de substituer au bouchon de papier d'une carafe, tel autre sur lequel on avait écrit des avis, des nouvelles, soit avec du jus de citron, soit avec une extrait de noix de galle. Quelquefois je roulais un billet autour d'une petite balle de plomb, je recouvrais le tout d'un autre papier fort, et je jetai ce peloton dans la carafe au lait d'amande : un signe convenu indiquait ce que j'avais fait. Lorsque le papier des bouchons se trouvait sans écriture, il servait à la Reine et à M""" Elisabeth, pour me donner des ordres ou des avis à transmettre au dehors.
Arrivés, avec eux, à la salle à manger, on ne mettait la table qu'après l'avoir montrée dessus et dessous aux municipaux ; on dépliait devant eux les nappes et les serviettes ; ils fendaient les pains par moitié, et sondaient la mie avec une fourchette, ou même avec leurs doigts.
Cependant, il m'arriva souvent, dans un passage, dans un tournant d'escalier de substituer au bouchon de papier d'une carafe, tel autre sur lequel on avait écrit des avis, des nouvelles, soit avec du jus de citron, soit avec une extrait de noix de galle. Quelquefois je roulais un billet autour d'une petite balle de plomb, je recouvrais le tout d'un autre papier fort, et je jetai ce peloton dans la carafe au lait d'amande : un signe convenu indiquait ce que j'avais fait. Lorsque le papier des bouchons se trouvait sans écriture, il servait à la Reine et à M""" Elisabeth, pour me donner des ordres ou des avis à transmettre au dehors.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Mme de Sabran a écrit: on avait écrit des avis, des nouvelles, soit avec du jus de citron, soit avec une extrait de noix de galle.
Noix de galle ? c'est quoi ça
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Ben voilà : la galle du chêne est une excroissance produite par les piqûres d'un insecte. Cette sphère, qu'on appelle "galle", contient de 50 à 70% de tanins. Les noix de galle sont utilisées en plus des teintures, comme colorant pour le tanage du cuir, et pour faire des encres.
Qu'est-ce qu'on deviendrait sans GOOGLE ???
Qu'est-ce qu'on deviendrait sans GOOGLE ???
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Comtesse Diane a écrit:
Qu'est-ce qu'on deviendrait sans GOOGLE ???
Et que deviendrais-je sans vous, ma chère Diane ? Merci pour cette information !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
c'est fou ce qu'ils sont arrivés à mettre au point pour correspondre d'un sens et l'autre vous souvenez vous des gestes codés ?
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Mais oui ! du reste, Turgy vient d'y faire une allusion : " un signe convenu indiquait ce que j'avais fait. "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Il ( Turgy ) avait concerté avec les prisonniers
une correspondance muette par signes et par gestes. Avec le mouvement de ses doigts, le port de sa tête, le jeu de sa serviette, il entreprit de leur dire les batailles, la marche des armées, l’Autriche, l’Angleterre, la Sardaigne, et la Convention. Mais cette langue mimée prêtait à trop de contre-sens. Turgy, qui était homme d’expédients, imagina alors des pelotes de fil ou de coton cachées dans les bouches de chaleur du poêle ou dans le panier aux ordures. Autorisé à sortir du Temple deux ou trois fois par semaine pour les approvisionnements, Turgy voyait Hüe ; il voyait la duchesse de Sérent ; il était le lien des correspondances entre la tour et le dehors, et, confirmé dans son zèle par le témoignage que le Roi lui rendait le 21 janvier, il bravait les murmures des dénonciations.
Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Histoire de Marie-Antoinette
une correspondance muette par signes et par gestes. Avec le mouvement de ses doigts, le port de sa tête, le jeu de sa serviette, il entreprit de leur dire les batailles, la marche des armées, l’Autriche, l’Angleterre, la Sardaigne, et la Convention. Mais cette langue mimée prêtait à trop de contre-sens. Turgy, qui était homme d’expédients, imagina alors des pelotes de fil ou de coton cachées dans les bouches de chaleur du poêle ou dans le panier aux ordures. Autorisé à sortir du Temple deux ou trois fois par semaine pour les approvisionnements, Turgy voyait Hüe ; il voyait la duchesse de Sérent ; il était le lien des correspondances entre la tour et le dehors, et, confirmé dans son zèle par le témoignage que le Roi lui rendait le 21 janvier, il bravait les murmures des dénonciations.
Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Histoire de Marie-Antoinette
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Il va nous raconter tout ça, Turgy, je le parierais !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Vous ne croyez pas si bien dire, Diane, et par le menu !
On a pu voir, dans l'ouvrage de M. Hue et dans le journal de Cléry, quelques-uns des moyens que nous employions pour communiquer entre nous ; mais ces moyens devant être variés, ils exigeaient beaucoup de précautions, et donnaient lieu souvent à des retards dans la transmission des avis jusqu'à la famille royale. Pour obvier à tous ces inconvénients, la Reine et Mme Elisabeth imaginèrent de correspondre directement avec moi par signaux.
Voici ceux que les princesses me donnèrent successivement lors des événements de septembre 1792, pour être, malgré l'obsession des municipaux devenue plus active, instruites tant des progrès des armées, que de ce qui se passait à la Convention : ils sont de la main de Mme Elisabeth :
Pour les Anglais : portez le pouce droit sur l'œil droit ; s'ils débarquent du côté de Nantes portez-le à l'oreille droite ; du côté de Calais, à l'oreille
gauche
Si les Autrichiens sont vainqueurs du côté de la Belgique le second doigt de la main droite sur l'œil droit. S'ils entrent à Lille [ou) du côté de Mayence., le troisième doigt comme ci-dessus.
Les troupes du Roi de Sardaigne, le quatrième doigt comme ci-dessus.
Nota. — On aura soin de tenir le doigt arrêté plus ou moins longtemps, suivant l'importance du combat.
Lorsqu'il seront à quinze lieues de Paris, en suivant le même ordre pour les doigts, on observera seulement de les porter sur la bouche .
Si les puissances parlaient de la famille royale, on les porterait sur les cheveux en se servant de la main droite.
Si la Convention y faisait attention, de la gauche ; si elle passait à l'ordre du jour, de la droite
Si la Convention se retirait, on passerait toute la main sur la tête.
Si les troupes avançaient et avaient des avantages, on porterait un doigt de la main droite sur le nez, et toute la main lorsqu'ils seront à quinze
lieues de Paris.
On ne se servirait que du côté gauche pour exprimer les avantages de la Convention.
Pour répondre à toutes les questions, on se servira de la main droite et non de la gauche
On pense bien que ces signaux, ainsi que les questions faites dans plusieurs billets, se reportent à des espérances, à des craintes, ou à des avis vrais ou faux donnés aux princesses.
La correspondance par écrit développait ce que je n'avais fait qu'indiquer par les signaux. Car malgré la surveillance de huit à dix personnes, il ne s'est presque point passé de jours, pendant les quatorze mois que je me suis maintenu au Temple, sans que la famille royale n'ait eu quelque billet de moi, soit par les stratagèmes déjà expliqués, soit en donnant aux princesses des objets de mon service, ou quand je les recevais de leurs mains, soit enfin dans une pelote de fil ou de coton, que je cachais dans un coin d'armoire, sous la table de marbre, dans les bouches de chaleur du poêle, ou même dans le panier aux ordures. Un signe de la main ou des yeux indiquait le lieu où j'avais pu réussir à déposer le peloton. En sorte que le Roi et les princesses étaient presque toujours informés des événements.
Euh ... comment retenir tout ça ?!! ... Turgy, de son côté, Marie-Antoinette et Mme Elisabeth, du leur .
Et comment, entre eux, mettre en forme tout ce langage des signes sans attirer l'attention des gardiens ???
Il ne serait pas un peu marseillais sur les bords, notre Turgy ?
Une fois de plus, le roi est en retrait . Tout se passe entre les dames et Turgy.
Louis ne prend connaissance des informations qu'après .
On a pu voir, dans l'ouvrage de M. Hue et dans le journal de Cléry, quelques-uns des moyens que nous employions pour communiquer entre nous ; mais ces moyens devant être variés, ils exigeaient beaucoup de précautions, et donnaient lieu souvent à des retards dans la transmission des avis jusqu'à la famille royale. Pour obvier à tous ces inconvénients, la Reine et Mme Elisabeth imaginèrent de correspondre directement avec moi par signaux.
Voici ceux que les princesses me donnèrent successivement lors des événements de septembre 1792, pour être, malgré l'obsession des municipaux devenue plus active, instruites tant des progrès des armées, que de ce qui se passait à la Convention : ils sont de la main de Mme Elisabeth :
Pour les Anglais : portez le pouce droit sur l'œil droit ; s'ils débarquent du côté de Nantes portez-le à l'oreille droite ; du côté de Calais, à l'oreille
gauche
Si les Autrichiens sont vainqueurs du côté de la Belgique le second doigt de la main droite sur l'œil droit. S'ils entrent à Lille [ou) du côté de Mayence., le troisième doigt comme ci-dessus.
Les troupes du Roi de Sardaigne, le quatrième doigt comme ci-dessus.
Nota. — On aura soin de tenir le doigt arrêté plus ou moins longtemps, suivant l'importance du combat.
Lorsqu'il seront à quinze lieues de Paris, en suivant le même ordre pour les doigts, on observera seulement de les porter sur la bouche .
Si les puissances parlaient de la famille royale, on les porterait sur les cheveux en se servant de la main droite.
Si la Convention y faisait attention, de la gauche ; si elle passait à l'ordre du jour, de la droite
Si la Convention se retirait, on passerait toute la main sur la tête.
Si les troupes avançaient et avaient des avantages, on porterait un doigt de la main droite sur le nez, et toute la main lorsqu'ils seront à quinze
lieues de Paris.
On ne se servirait que du côté gauche pour exprimer les avantages de la Convention.
Pour répondre à toutes les questions, on se servira de la main droite et non de la gauche
On pense bien que ces signaux, ainsi que les questions faites dans plusieurs billets, se reportent à des espérances, à des craintes, ou à des avis vrais ou faux donnés aux princesses.
La correspondance par écrit développait ce que je n'avais fait qu'indiquer par les signaux. Car malgré la surveillance de huit à dix personnes, il ne s'est presque point passé de jours, pendant les quatorze mois que je me suis maintenu au Temple, sans que la famille royale n'ait eu quelque billet de moi, soit par les stratagèmes déjà expliqués, soit en donnant aux princesses des objets de mon service, ou quand je les recevais de leurs mains, soit enfin dans une pelote de fil ou de coton, que je cachais dans un coin d'armoire, sous la table de marbre, dans les bouches de chaleur du poêle, ou même dans le panier aux ordures. Un signe de la main ou des yeux indiquait le lieu où j'avais pu réussir à déposer le peloton. En sorte que le Roi et les princesses étaient presque toujours informés des événements.
Euh ... comment retenir tout ça ?!! ... Turgy, de son côté, Marie-Antoinette et Mme Elisabeth, du leur .
Et comment, entre eux, mettre en forme tout ce langage des signes sans attirer l'attention des gardiens ???
Il ne serait pas un peu marseillais sur les bords, notre Turgy ?
Une fois de plus, le roi est en retrait . Tout se passe entre les dames et Turgy.
Louis ne prend connaissance des informations qu'après .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
La facilité que j'avais de sortir deux ou trois fois par semaine pour les approvisionnements, me mettait à même de prendre les renseignements que le Roi et la Reine désiraient, ou de leur rapporter les notes et les avis dont on me chargeait pour Leurs Majestés. Je me trouvais également aux fréquents rendez-vous que M. Hue me donnait, tantôt dans les quartiers les plus isolés de Paris, tantôt hors de la ville, et dans lesquels il me remettait des écrits pour le Roi ou des réponses à ses ordres. Les persécutions, la détention, aucune crainte, en un mot, n'ont jamais ralenti son zèle courageux.
M"' la Marquise (aujourd'hui duchesse) de Sérent était le point principal de la correspondance de la Reine et de Mme Elisabeth. Je passais, dans sa maison, pour son agent d'affaires, et l'on avait ordre de me laisser entrer à toute heure de jour ou de nuit. On sait quel grand caractère et quel noble dévouement cette dame montra dans tous les dangers de la famille royale et dans un grand nombre de circonstances si périlleuses pour elle-même. Qui, mieux que Mme la Duchesse de Sérent, a donné des preuves que, pour une âme très élevée, l'amour de ses rois est un véritable culte ? Un grand nombre d'ouvrages retentissent de ce nom historique.
M"' la Marquise (aujourd'hui duchesse) de Sérent était le point principal de la correspondance de la Reine et de Mme Elisabeth. Je passais, dans sa maison, pour son agent d'affaires, et l'on avait ordre de me laisser entrer à toute heure de jour ou de nuit. On sait quel grand caractère et quel noble dévouement cette dame montra dans tous les dangers de la famille royale et dans un grand nombre de circonstances si périlleuses pour elle-même. Qui, mieux que Mme la Duchesse de Sérent, a donné des preuves que, pour une âme très élevée, l'amour de ses rois est un véritable culte ? Un grand nombre d'ouvrages retentissent de ce nom historique.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Mme de Sabran a écrit: Qui, mieux que Mme la Duchesse de Sérent, a donné des preuves que, pour une âme très élevée, l'amour de ses rois est un véritable culte ? Un grand nombre d'ouvrages retentissent de ce nom historique.
Bonne Marie Félicité de Montmorency-Luxembourg, duchesse de Serent (née le 18 février 1739, décédée au château des Tuileries le 15 février 1823), fut l'une des dernières proches d’Élisabeth de France (1764-1794).
Fille du duc Charles Anne Sigismond de Montmorency-Luxembourg et de Marie-Etiennette de Bullion de Fervaques, elle épousa le 23 janvier 1754 le marquis de Sérent, dont elle eut quatre enfants .
Elle fut nommée en 1776 dame d'atours d’Élisabeth de France (1764-1794), dont elle ne put obtenir de partager la captivité au Temple. Elle n'a pas cessé de rendre à cette princesse et aux autres aristocrates captifs les services les plus empressés, jusqu'au moment où elle fut arrêtée elle-même pour subir une captivité de plus de 15 mois. Peu de temps après le mariage de Marie-Thérèse de France (1778-1851) avec le duc d'Angoulême (1799), la duchesse de Sérent quitta la France, et se rendit à Mittau en qualité de dame d'honneur de Marie-Thérèse de France, fonction qu'elle remplira jusqu'à sa mort .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonne_Marie_F%C3%A9licit%C3%A9_de_Montmorency-Luxembourg
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
Merci, ma chère Diane !
C'est bien Mme de Sérent, douce et tristounette sur ce portrait, pourtant un masque de carnaval à la main comme si elle allait danser ...
C'est bien Mme de Sérent, douce et tristounette sur ce portrait, pourtant un masque de carnaval à la main comme si elle allait danser ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Louis-François de Turgy, garçon de bouche
De bien belles preuves de dévouement.
Joli portrait.
Joli portrait.
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Sujets similaires
» Jean-François Camot, garçon de toilette de Marie-Antoinette
» Louis-François Chatard et les peintres doreurs du Garde-Meuble de la Couronne sous Louis XVI. De Sébastien Boudry
» En vente chez les antiquaires et autres marchands
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» François-Louis Suleau
» Louis-François Chatard et les peintres doreurs du Garde-Meuble de la Couronne sous Louis XVI. De Sébastien Boudry
» En vente chez les antiquaires et autres marchands
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» François-Louis Suleau
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum