Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Je continue sur ma lancée avec le dernier jeu de cartes évoqué dans L'Encyclopédie, première édition.
Ne vous inquiétez pas, c'est le dernier : je passerai ensuite à autre chose.
J'en profite pour l'illustrer avec un jeu de cartes que nous avions déjà présenté, et qui aurait appartenu à Louis XVI ou à Marie-Antoinette.
Mais il n'y a aucun rapport avec ce jeu en particulier.
Image du film Marie-Antoinette, de Sofia Coppola
* LA BASSETTE (Jeu)
Sorte de jeu de carte qui a été autrefois fort à la mode en France ; mais il a été défendu depuis, & il n’est plus en usage aujourd’hui.
En voici les principales règles.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
A ce jeu, comme à celui du pharaon, le banquier tient un jeu entier composé de 52 cartes. Il les mêle, & chacun des autres joueurs qu’on nomme pontes, met une certaine somme sur une carte prise à volonté.
Le banquier retourne ensuite le jeu, mettant le dessus dessous ; en sorte qu’il voit la carte de dessous : ensuite il tire toutes ses cartes deux à deux jusqu’à la fin du jeu.
Dans chaque couple ou taille de cartes, la premiere est pour le banquier, la seconde pour le ponte, c’est-à-dire que si le ponte a mis par exemple sur un roi, & que la premiere carte d’une paire soit un roi, le banquier gagne tout ce que le ponte a mis d’argent sur son roi : mais si le roi vient à la seconde carte, le ponte gagne, & le banquier est obligé de donner au ponte autant d’argent, que le ponte en a mis sur sa carte.
La premiere carte, celle que le banquier voit en retournant le jeu, est pour le banquier, comme on vient de le dire : mais il ne prend pas alors tout l’argent du ponte, il n’en prend que les 2/3, cela s’appelle facer.
La dernière carte, qui devroit être pour le ponte, est nulle.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
Quand le ponte veut prendre une carte dans le cours du jeu, il faut que le banquier baisse le jeu, en sorte qu’on voye la premiere carte à découvert : alors si le ponte prend une carte (qui doit être différente de cette premiere) la premiere carte que tirera le banquier sera nulle pour ce ponte ; si elle vient la seconde, elle sera facée pour le banquier ; si elle vient dans la suite, elle sera en pure gain ou en pure perte pour le banquier, selon qu’elle sera la premiere ou la seconde d’une taille.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
M. Sauveur a donné dans le Journal des Savants 1679, six tables, par lesquelles on peut voir l’avantage du banquier à ce jeu.
M. Jacques Bernoulli a donné dans son Ars conjectandi l’analyse de ces tables, qu’il prouve n’être pas entierement exactes.
M. de Montmort, dans son Essai d’analyse sur les jeux de hasard, a aussi calculé l’avantage du banquier à ce jeu.
On peut donc s’instruire à fond sur cette matière dans les ouvrages que nous venons de citer : mais pour donner là-dessus quelque teinture à nos lecteurs, nous allons calculer l’avantage du banquier dans un cas fort simple.
Que nous zappons ! Vous le retrouverez en ligne.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
A ce jeu, dit M. de Montmort, comme à celui du Pharaon, le plus grand avantage du banquier, est quand le ponte prend une carte qui n’a point passé, & son moindre avantage quand le ponte en prend une qui a passé deux fois.
Son avantage est aussi plus grand, lorsque la carte du ponte a passé trois fois, que lorsqu’elle a passé seulement une fois.
M. de Montmort trouve encore que l’avantage du banquier à ce jeu est moindre qu’au Pharaon ; il ajoute que si les cartes facées ne payoient que la moitié de la mise du ponte, alors l’avantage du banquier seroit fort peu considérable ; & il dit avoir trouvé, que le banquier auroit du désavantage si les cartes facées ne payoient que le tiers.
L'article complet, dans L'Encyclopédie, ici : LA BASSETTE
Ne vous inquiétez pas, c'est le dernier : je passerai ensuite à autre chose.
J'en profite pour l'illustrer avec un jeu de cartes que nous avions déjà présenté, et qui aurait appartenu à Louis XVI ou à Marie-Antoinette.
Mais il n'y a aucun rapport avec ce jeu en particulier.
Image du film Marie-Antoinette, de Sofia Coppola
* LA BASSETTE (Jeu)
Sorte de jeu de carte qui a été autrefois fort à la mode en France ; mais il a été défendu depuis, & il n’est plus en usage aujourd’hui.
En voici les principales règles.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
A ce jeu, comme à celui du pharaon, le banquier tient un jeu entier composé de 52 cartes. Il les mêle, & chacun des autres joueurs qu’on nomme pontes, met une certaine somme sur une carte prise à volonté.
Le banquier retourne ensuite le jeu, mettant le dessus dessous ; en sorte qu’il voit la carte de dessous : ensuite il tire toutes ses cartes deux à deux jusqu’à la fin du jeu.
Dans chaque couple ou taille de cartes, la premiere est pour le banquier, la seconde pour le ponte, c’est-à-dire que si le ponte a mis par exemple sur un roi, & que la premiere carte d’une paire soit un roi, le banquier gagne tout ce que le ponte a mis d’argent sur son roi : mais si le roi vient à la seconde carte, le ponte gagne, & le banquier est obligé de donner au ponte autant d’argent, que le ponte en a mis sur sa carte.
La premiere carte, celle que le banquier voit en retournant le jeu, est pour le banquier, comme on vient de le dire : mais il ne prend pas alors tout l’argent du ponte, il n’en prend que les 2/3, cela s’appelle facer.
La dernière carte, qui devroit être pour le ponte, est nulle.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
Quand le ponte veut prendre une carte dans le cours du jeu, il faut que le banquier baisse le jeu, en sorte qu’on voye la premiere carte à découvert : alors si le ponte prend une carte (qui doit être différente de cette premiere) la premiere carte que tirera le banquier sera nulle pour ce ponte ; si elle vient la seconde, elle sera facée pour le banquier ; si elle vient dans la suite, elle sera en pure gain ou en pure perte pour le banquier, selon qu’elle sera la premiere ou la seconde d’une taille.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
M. Sauveur a donné dans le Journal des Savants 1679, six tables, par lesquelles on peut voir l’avantage du banquier à ce jeu.
M. Jacques Bernoulli a donné dans son Ars conjectandi l’analyse de ces tables, qu’il prouve n’être pas entierement exactes.
M. de Montmort, dans son Essai d’analyse sur les jeux de hasard, a aussi calculé l’avantage du banquier à ce jeu.
On peut donc s’instruire à fond sur cette matière dans les ouvrages que nous venons de citer : mais pour donner là-dessus quelque teinture à nos lecteurs, nous allons calculer l’avantage du banquier dans un cas fort simple.
Que nous zappons ! Vous le retrouverez en ligne.
Jeu de cartes de Marie-Antoinette / Louis XVI appartenant au "Jeu du roi" sur lesquelles sont inscrits les noms de compagnons de jeu, 1786.
Sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3049-le-jeu-de-cartes-de-marie-antoinette-et-ou-de-louis-xvi
A ce jeu, dit M. de Montmort, comme à celui du Pharaon, le plus grand avantage du banquier, est quand le ponte prend une carte qui n’a point passé, & son moindre avantage quand le ponte en prend une qui a passé deux fois.
Son avantage est aussi plus grand, lorsque la carte du ponte a passé trois fois, que lorsqu’elle a passé seulement une fois.
M. de Montmort trouve encore que l’avantage du banquier à ce jeu est moindre qu’au Pharaon ; il ajoute que si les cartes facées ne payoient que la moitié de la mise du ponte, alors l’avantage du banquier seroit fort peu considérable ; & il dit avoir trouvé, que le banquier auroit du désavantage si les cartes facées ne payoient que le tiers.
L'article complet, dans L'Encyclopédie, ici : LA BASSETTE
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
La comtesse de Sabran au chevalier de Boufflers (début novembre 1780) :
"Je ne sais si je dois croire tout ce que vous me dites de votre raison et de votre sagesse à Marly : je trouve que vous ne vous vantez pas assez pour un si grand sacrifice. Je connais votre faiblesse, et je vous vois d'ici dans ce grand salon, désœuvré, ennuyé, conduit par un penchant irrésistible à ce maudit pharaon, entraîné un peu par l'exemple, un peu par l'appât de l'or ; car vous avez beau en parler avec dédain et dire qu'on ne voyait pas un louis sur la table, dans vos heureuses mains le papier devient or, et l'or, etc. Au moins, si vous avez joué, ne me le dites jamais, car vous savez quelles conséquences j'en dois tirer. Voilà le cas où l'erreur est utile, et où l'on craint la vérité."
"Je ne sais si je dois croire tout ce que vous me dites de votre raison et de votre sagesse à Marly : je trouve que vous ne vous vantez pas assez pour un si grand sacrifice. Je connais votre faiblesse, et je vous vois d'ici dans ce grand salon, désœuvré, ennuyé, conduit par un penchant irrésistible à ce maudit pharaon, entraîné un peu par l'exemple, un peu par l'appât de l'or ; car vous avez beau en parler avec dédain et dire qu'on ne voyait pas un louis sur la table, dans vos heureuses mains le papier devient or, et l'or, etc. Au moins, si vous avez joué, ne me le dites jamais, car vous savez quelles conséquences j'en dois tirer. Voilà le cas où l'erreur est utile, et où l'on craint la vérité."
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Sous les lambris de Versailles, le fameux pharaon draine une foule monstrueuse !
http://www.pilloledistoria.it/4833/storia-moderna/versailles-sali-odorosi-per-profumare-stanze-sporche?lang=en
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Une maladie contagieuse !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Rappelons qu'officiellement, le jeu était interdit dans le royaume. Officiellement car dans les faits, les maisons de jeux pullulent et "banquier" de jeu, tenir la banque, était une profession à temps plein.
Dans les grandes maisons, on vient souvent souper autant que jouer, voire trouver un peu de compagnie... Certaines dames proposent le jeu dans leur propre salon. La "fureur" de jouer est réelle, on ne compte plus les maisons et familles ruinées, les dettes, voire les suicides. Quant à Marie-Antoinette, le scandale est total : elle joue à des jeux d'argents normalement interdits à une souveraine, elle fait venir des banquiers de Paris pour tenir la banque et les sommes énormes engagées modifient la composition des tables. Certains courtisans, effrayés par le montant des enjeux, préfèrent s'abstenir de venir faire leur cour à la reine.
Notons enfin que la Révolution imposera ses propres cartes : fleurs de lys, couronnes et sceptres seront remplacés par bonnets phrygiens, piques et autres. Les Dames deviennent Vertus ou Nouvelles Libertés, les Rois se transforment en Génies (de la paix, du commerce, des arts...), les Valets en héros républicains ou en philosophes, les As, eux, deviennent les Lois. Nouveautés qui ne seront jamais véritablement adoptées et disparaîtront suite au Neuf Thermidor...
Dans les grandes maisons, on vient souvent souper autant que jouer, voire trouver un peu de compagnie... Certaines dames proposent le jeu dans leur propre salon. La "fureur" de jouer est réelle, on ne compte plus les maisons et familles ruinées, les dettes, voire les suicides. Quant à Marie-Antoinette, le scandale est total : elle joue à des jeux d'argents normalement interdits à une souveraine, elle fait venir des banquiers de Paris pour tenir la banque et les sommes énormes engagées modifient la composition des tables. Certains courtisans, effrayés par le montant des enjeux, préfèrent s'abstenir de venir faire leur cour à la reine.
Notons enfin que la Révolution imposera ses propres cartes : fleurs de lys, couronnes et sceptres seront remplacés par bonnets phrygiens, piques et autres. Les Dames deviennent Vertus ou Nouvelles Libertés, les Rois se transforment en Génies (de la paix, du commerce, des arts...), les Valets en héros républicains ou en philosophes, les As, eux, deviennent les Lois. Nouveautés qui ne seront jamais véritablement adoptées et disparaîtront suite au Neuf Thermidor...
Dernière édition par Calonne le Ven 07 Déc 2018, 17:42, édité 1 fois
Calonne- Messages : 1134
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Calonne a écrit: Au seul Palais Royal, on compte alors plus de 21 maisons. .
Le jeu servait non seulement à se divertir, mais également à faire des rencontres galantes.
Une maison de jeu située au Palais Royal était fréquentée par une clientèle homosexuelle : « C’est le rendez-vous de tous les bougres du Palais royal et on y joue toute la nuit dit-on. (v. A. Tuetey, Répertoire général des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution française, II, n° 2453 et V, n° 3263, cité par T. Pastorelle in "Sodome à Paris : protohistoire de l’homosexualité masculine fin XVIIIe - milieu XIXe siècle", disponible ici : https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00392241/document ).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
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Mme de Sabran- Messages : 55518
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Mrs Spencer et ses filles .
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Mme de Sabran- Messages : 55518
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Leur ami Fox n'est pas mieux !
The politician Charles Fox, able to play for long periods without sleep, lost his fortune at the gaming tables.
Horace Walpole described one of Fox’s marathon gambling sessions:
He had sat up playing Hazard at Almack’s from Tuesday evening, 4th February [1778], till five in the afternoon of Wednesday 5th. An hour before he had recovered £12,000 that he had lost, and by dinner, which was at five o’clock, he had ended losing £11,000. On Thursday he spoke, went to dinner at past eleven at night; from thence to White’s, where he drank till seven the next morning; thence to Almack’s, where he won £6,000; and between three and four in the afternoon he set out for Newmarket. His brother Stephen lost £11,000 two nights after, and Charles £10,000 more on the 13th; so that in three nights the two brothers, the eldest not twenty-five, lost £32,000.
– Lowe, p 129.
The politician Charles Fox, able to play for long periods without sleep, lost his fortune at the gaming tables.
Horace Walpole described one of Fox’s marathon gambling sessions:
He had sat up playing Hazard at Almack’s from Tuesday evening, 4th February [1778], till five in the afternoon of Wednesday 5th. An hour before he had recovered £12,000 that he had lost, and by dinner, which was at five o’clock, he had ended losing £11,000. On Thursday he spoke, went to dinner at past eleven at night; from thence to White’s, where he drank till seven the next morning; thence to Almack’s, where he won £6,000; and between three and four in the afternoon he set out for Newmarket. His brother Stephen lost £11,000 two nights after, and Charles £10,000 more on the 13th; so that in three nights the two brothers, the eldest not twenty-five, lost £32,000.
– Lowe, p 129.
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Ce qui fait 4,7 millions de leurs livres actuelles :
http://www.in2013dollars.com/1778-GBP-in-2016?amount=32000
http://www.in2013dollars.com/1778-GBP-in-2016?amount=32000
Gouverneur Morris- Messages : 11799
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Calonne a écrit:Rappelons qu'officiellement, le jeu était interdit dans le royaume. .
Le jeu d'argent.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
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Mme de Sabran- Messages : 55518
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Selon la Chronique de Paris ...
L’ambassadeur d’Angleterre ( le duc de Dorset est-il toujours en place ? ) se plaint de ce qu’on a gagné en une soirée, au Palais-Royal, 11 000 louis à un de ses compatriotes !
( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )
.
L’ambassadeur d’Angleterre ( le duc de Dorset est-il toujours en place ? ) se plaint de ce qu’on a gagné en une soirée, au Palais-Royal, 11 000 louis à un de ses compatriotes !
( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
A la Révolution, tout ce qui rappelle l'Ancien Régime doit disparaître ... y compris dans les jeux de cartes .
Les rois de carreau, de cœur, de pique, de trèfle, deviennent pouvoirs exécutifs de carreau, de cœur, de pique, de trèfle ; et l’on entend dans les tripots : — « Je fais six fiches, brelan de pouvoirs exécutifs », ou : — « J’ai le vingt et un, et le voici : as de cœur et veto de trèfle. » Car « un républicain ne peut se servir, même en jouant, d’expressions qui rappellent sans cesse le despotisme et l’inégalité des conditions ».
Dans la fabrique de cartes de la rue Saint-Nicaise, les rois sont convertis en génies, génie de cœur ou de la guerre, de trèfle ou de la paix, génie de pique ou des arts, génie de carreau ou du commerce; les dames deviennent des libertés : liberté de trèfle ou du mariage, carte qui porte le simulacre de la Vénus pudique, et une enseigne sur laquelle est écrit le mot divorce, liberté de carreau ou des professions, liberté de cœur ou des droits, liberté de pique ou des rangs. Les valets deviennent des égalités, et les as des lois .
( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
... et pour l'illustrer :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
La fureur de jouer
Tout au long du XVIIIème siècle, le jeu (entendez d'argent) reste incontournable.
Il est pourtant mal vu, réprouvé car conduisant à la débauche et à la ruine selon l'Eglise. Les moralistes ont beau le décrire comme "égalitaire", il reste associé au désordre et à la ruine, pratique des libertins et aventuriers.
Bien qu'officiellement interdit par la loi et condamné par l'Eglise, le jeu est partout. Des salons les plus huppés aux caveaux enfumés des faubourgs populeux en passant par les lambris dorés de Versailles, les lieux ne manquent pas où risquer vos deniers. Il n'est pas question ici de ce que l'on appelait les jeux de "commerce" où la perte était nécessairement basse et fixée, jeux conçus pour simplement meubler le temps. Non, il s'agit ici de jeux d'argent où l'on peut miser gros, gagner et surtout perdre gros. Passe-dix, biribi, Macao, Pharaon, Cavagnole, Lansquenet, Réversi… Tout est bon pour taquiner Dame Fortune.
Le seul Palais-Royal compte au moins une vingtaine de maisons de jeu. Arthur Conte nous offre son carnet d'adresses parisien : le salon doré de Dumoulin, ancien laquais de la du Barry, le 102 de la rue Vivienne où les mises donnent le tournis, chez Jullien, ancienne actrice de la Comédie-Italienne qui offre, outre les plaisirs du tapis vert, de succulents soupers froids, chez dame Lacour qui offre elle "les vins les plus capiteux et les plus jolies femmes de Paris", chez Chocolat, chocolatier ruiné devenu banquier de jeu et accueillant laquais et domestiques… Mais encore le 18 de la rue Richelieu, "étrange taudis pour joueurs de pièces de six liards, où l'on dîne avec des haricots et du fromage et où les bancs servent de lits aux perdants"... La noblesse et les plus fortunés se retrouvent volontiers à l'hôtel d'Angleterre, au Jeu de Paume du Charrier ou au salon du chevalier Zéno, aux mises vertigineuses.
On joue même dans la rue, avec une planche, un tapis, quelques dés ou cartes… Certains endroits sont très prisés comme les Champs-Élysées, les quais des Tuileries et du Louvre, la place de Grève et le boulevard du Temple, car permettant de s'éclipser plus facilement et rapidement en cas d'arrivée de la police. On joue aussi dans les cabarets, les tenanciers, limonadiers et marchands de vin invoquant le jeu comme un moyen de mieux pouvoir faire face à leurs dépenses de loyer, entretien et autres. Certains n'hésitent pas à mettre en cause la baisse de leur chiffre d'affaire face à la concurrence pour justifier la présence d'une table de jeu dans leur établissement... En général, la police ferme les yeux tant qu'il n'y a pas de troubles à l'ordre public, bagarres, tapage nocturne et autres.
Le jeu, de cartes le plus souvent, est organisé et géré par un banquier de jeu, qui tient donc la banque, distribue cartes et gains et veille au bon déroulement de la partie. On parle pour ce banquier de "tailler" au Pharaon, Macao ou tout autre jeu. Il faut bien sûr éviter de tomber sur un banquier ayant "la main exquise", c'est à dire un tricheur éprouvé. Et avant de s'installer autour de la table, il faut se faire accorder l'entrée par les Bouledogues, chargés de refouler tout intrus trop jeune pour se ruiner ou soupçonné d'aider la chance.
Certaines parties sont restées dans les esprits comme, bien sûr, celle voulue par Marie-Antoinette et ayant duré plusieurs jours. Mais il y a aussi la fameuse soirée du Carnaval où Catherine II aurait commandé une pièce montée incrustée de pierres précieuses avant d'offrir un diamant à tous ceux qui, aux tables de Macao, tiraient un neuf. L'impératrice en aurait ainsi distribué 150...
Ces jeux d'argent ne sont pas innocents. Ils entraînent l'engrenage infernal des dettes, la ruine de certaines maisons, voire le suicide de certains joueurs. Et pas seulement dans les classes aisées tant la fureur de jouer est répandue dans toute la société. Voltaire n'hésite pas à dire que "Paris ressemble à un immense brelan".
En 1781, Louis XVI approuve une "ordonnance royale", réunissant tous les autres textes législatifs sur le jeu et instituant même une prime pour ceux qui dénoncent joueurs et maisons de jeu. Les contrevenants (toujours les tenanciers, pas les joueurs) sont alors soumis à une forte amende, divisée en trois : un tiers pour le trésor royal, un tiers pour les pauvres des hôpitaux et un tiers pour le délateur. Rien n'y fait.
A Versailles, le montant des mises à la table de la reine effraie les courtisans venus faire leur cour à la souveraine et modifient la composition des tables : des aventuriers, des intrigants, des joueurs professionnels apparaissent avec à leur suite, une faune inhabituelle pour ces lieux. Ce qui fait penser à l'impératrice Marie-Thérèse que Versailles est devenu "un tripot".
Calonne- Messages : 1134
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Merci, mon cher Calonne .
Calonne a écrit:
Tout au long du XVIIIème siècle, le jeu (entendez d'argent) reste incontournable.
Il est pourtant mal vu, réprouvé car conduisant à la débauche et à la ruine selon l'Eglise. Les moralistes ont beau le décrire comme "égalitaire", il reste associé au désordre et à la ruine, pratique des libertins et aventuriers.
Pardon, mais égalitaire en quoi ?!
Le jeu est pourtant, par excellence, un vice de riches .
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Certains moralistes disaient que le jeu "égalisait les conditions".
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Calonne- Messages : 1134
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Oui, cher Calonne, c’est ainsi aussi que je le comprends.
D’ailleurs une Reine qui se livre au jeu avec n’importe qui ( dixit les contemporains), comme notre chère Marie-Antoinette à Fontainebleau par exemple, s’expose à paraître « comme tout le monde », à perdre sa mise, etc. Louis XVI avait conscience de ce danger pour elle, outre les sommes dépensées...
Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, que voulez-vous....
D’ailleurs une Reine qui se livre au jeu avec n’importe qui ( dixit les contemporains), comme notre chère Marie-Antoinette à Fontainebleau par exemple, s’expose à paraître « comme tout le monde », à perdre sa mise, etc. Louis XVI avait conscience de ce danger pour elle, outre les sommes dépensées...
Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, que voulez-vous....
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Dans sa correspondance, Mercy explique à l'impératrice qu'il s'agissait d'une addiction que Marie-Antoinette expliquait par l'ennui mortel de la vie de cour.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Calonne a écrit:Certains moralistes disaient que le jeu "égalisait les conditions".
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Oui, oui, l'on peut voir ainsi les choses .
Toutefois, le pauvre et le riche ne sont pas du tout égaux devant les conséquences des caprices du hasard.
Je me souviens de ce fa-bu-leux film de Luigi Comencini, L'argent de la vieille
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
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Gouverneur Morris- Messages : 11799
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Le jeu du pharaon
Les jeux de cartes étaient très en vogue au temps de Marie-Antoinette. Parmi eux le Pharaon
Le pharaon est un jeu de cartes, particulièrement en vogue à Versailles à la cour de Louis XV et de Louis XVI. « En ce temps, les dames jouaient au pharaon. Un soir, à la cour, ma grand-mère, jouant contre le duc d’Orléans, perdit sur parole une somme considérable. » Les règles de ce jeu étaient telles qu’elles avantageaient de beaucoup le banquier. Il était facile de tricher au pharaon à condition d’avoir du sang-froid. Casanova écrit dans son Histoire de ma vie qu’il ne faut jamais ponter au pharaon si on veut gagner et il rapporte comment il prit part à une opération de tricherie avec un « correcteur de fortune » milanais, comme on les appelait alors, du nom de Don Antonio Croce.
Le pharaon, ou Faro en anglais, est un jeu qui se déroule entre un banquier et un nombre illimité de joueurs appelés pontes, sur une table ovale recouverte de feutrine verte. Sur ce tapis est disposé en forme de U un exemplaire de chaque carte de l'As (qui compte comme le 1) au Roi. Le banquier joue avec un jeu entier composé de cinquante-deux cartes qu'il mélange. Il commence par brûler la première du paquet (ce qui signifie écarter cette carte, face visible, sans qu'elle ne soit prise en compte). Il désigne deux endroits (un à sa droite et un à sa gauche) qui correspondront aux emplacements "carte gagnante" et "carte perdante". Les pontes, à chaque tirage, peuvent miser sur un des dessins de cartes sur le tapis en disant s'il pense que la carte, quand elle sortira, sera une carte gagnante ou une carte perdante. Les joueurs peuvent retirer ou modifier leur mise à tout moment. Le banquier gagne la mise du ponte, lorsque la carte du ponte tombe dans l'emplacement carte perdante que le ponte avait misé sur une carte gagnante ou inversement. Le ponte gagne sa mise lorsque son pronostic était bon.
« Le banquier prend la moitié de ce que le ponte a mis sur la carte, lorsque dans une même taille, la carte du ponte vient deux fois – ce qui fait une partie de l’avantage du banquier. La dernière carte qui devrait être pour le ponte, n’est ni pour lui, ni pour le banquier – ce qui est encore un avantage pour le banquier » (Rémond de Montmort p. 77)
Le joueur peut miser sur plusieurs cartes différentes, y compris avec une même mise (comme à la Roulette, on peut effectuer un cheval ou un carré en misant à cheval sur plusieurs emplacements). Dans ce cas, dès qu'une des cartes misées sortira, le ponte gagnera ou perdra sa mise.
La carte du ponte n’étant plus qu’une fois dans le talon, la différence du sort du banquier et du ponte est fondée sur ce qu’entre tous les divers arrangements possibles des cartes du banquier, il y en a un plus grand nombre qui le font gagner, qu’il n’y en a qui le font perdre, la dernière carte étant considérée comme nulle. L’avantage du banquier augmente à mesure que le nombre des cartes du banquier diminue. La carte du ponte étant deux fois dans le talon, l’avantage du banquier se tire de la probabilité qu’il y a que la carte du ponte viendra deux fois dans une même taille ; car alors le banquier gagne la moitié de la mise du ponte, excepté le seul cas où la carte du ponte viendrait en doublet dans la dernière taille, ce qui donnerait au banquier la mise entière du ponte. La carte du ponte étant trois ou quatre fois dans la main du banquier, l’avantage du banquier est fondé sur la possibilité qu’il y a que la carte du ponte se trouve deux fois dans une même taille, avant qu’elle soit venue en pur gain ou en pure perte pour le banquier. Or cette possibilité augmente ou diminue, selon qu’il y a plus ou moins de cartes dans la main du banquier, et selon que la carte du ponte s’y trouve plus ou moins de fois.
L'analyse suivante est tirée de l'Encyclopédie (article anonyme) :
Pour connaître l’avantage du banquier, par rapport aux pontes, dans toutes les différentes circonstances du jeu, il faut découvrir dans tous les différents arrangements possibles des cartes que tient le banquier, et dans la supposition que la carte s’y trouve ou une, ou deux, ou trois, ou quatre fois, quels sont ceux qui le font gagner, quels sont ceux qui lui donnent la moitié de la mise du ponte, quels sont ceux qui le font perdre, et quels sont ceux enfin qui ne le font ni perdre ni gagner.
On peut former deux tables de tous ces différents hasards. Pour en connaître l’usage, dans la première, le chiffre renfermé dans la cellule exprimerait le nombre de cartes que tient le banquier, et le nombre qui suit, ou la cellule dans la première colonne, ou deux points dans les autres colonnes, exprimeraient le nombre de fois que la carte du pente est supposée se trouver dans la main du banquier.
L’usage de la seconde table serait de donner des expressions, à la vérité moins exactes, mais plus simples et plus intelligibles aux joueurs : pour entendre cette table, il faut savoir que ce signe > marque excès, et que celui-ci < marque défaut ; en sorte que > 1/4 < 1/3 signifie plus grand que 1/4, et plus petits que 1/3.
En examinant ces tables, on verrait dans la première colonne que l’avantage du banquier est exprimé dans la première colonne par une fraction dont le numérateur étant toujours l’unité, le dénominateur est le nombre des cartes que tient le banquier.
Dans la seconde colonne, que cet avantage est exprimé par une fraction dont le numérateur étant selon la suite des nombres naturels, 1, 2, 3, 4, etc. le dénominateur a pour différence entre ces termes, les nombres 8, 26, 34, 42, 50, 58, dont la différence est 8.
Que dans la troisième colonne le numérateur étant toujours 3, la différence qui règne dans le dénominateur est 8.
Que dans la quatrième colonne la différence étant toujours 4 dans le numérateur, le dénominateur a pour différence entre ses termes les nombres 24, 40, 56, 72, 88, et dont la différence est 16.
Qu’une autre uniformité assez singulière entre les derniers chiffres du dénominateur de chaque terme d’une colonne, c’est que dans la première les derniers chiffres du dénominateur sont selon cet ordre : 4, 6, 8, 0, 2, | 4, 6, 8, 0, 2; et dans la seconde selon cet ordre, 2, 0, 6, 0, 2, | 2, 0, 6, 0, 2, | 2, 0, 6, 0, 2; et dans la troisième selon cet ordre, 2, 0, 8, 6, 4, | 2, 0, 8, 6, 4 : et dans le quatrième selon cet ordre, 6, 0, 0, 6, 8, | 6, 0, 0, 6, 8, etc.
Ces tables permettent de découvrir immédiatement combien un banquier a d’avantage sur chaque carte, combien chaque taille complète aura dû, à fortune égale, apporter de profit au banquier, si l’on se souvient du nombre de cartes prises par les pontes, des diverses circonstances dans lesquelles on les a mises au jeu, et enfin de la quantité d’argent hasardé sur ces cartes.
On donnerait de justes limites à cet avantage, en établissant que les doublets fussent indifférents pour le banquier et pour le ponte, ou du moins qu’ils valussent seulement au banquier le tiers ou le quart de la mise du ponte.
Afin que le ponte prenant une carte ait le moins de désavantage possible, il faut qu’il en choisisse une qui ait passé deux fois ; il y aurait plus de désavantage pour lui, s’il prenait une carte ayant passé une fois ; plus encore sur une carte qui aurait passé trois fois, et le plus mauvais choix serait d’une carte qui n’aurait pas encore passé.
Ainsi, en supposant A=une pistole, l’avantage du banquier qui serait 19 sols 2 deniers, dans la supposition que la carte du ponte fût quatre fois dans douze cartes, deviendra 16 sols 8 deniers si elle n’y est qu’une fois ; 13 sols 7 deniers si elle y est trois fois ; et 10 sols 7 deniers si elle n’y est que deux fois.
Les personnes qui n’ont pas examiné le fond du jeu demanderont pourquoi on n’a rien dit des masses, des parolis, de la paix, et des sept et le va, c’est que tout cela ne signifie rien, qu’on risque plus ou moins, et puis c’est tout ; les chances ne changent pas.
L’avantage du banquier augmente à proportion que le nombre de ses cartes diminue.
L’avantage du banquier sur une carte qui n’a pas passé, est presque double de celui qu’il a sur une carte qui a passé deux fois ; son avantage sur une carte qui a passé trois fois est à son avantage sur une carte qui a passé deux fois dans un plus grand rapport que de trois à deux.
L’avantage du banquier qui ne serait qu’environ 24 sols si le ponte mettait six pistoles ou à la première taille du jeu, ou sur une carte qui aurait passé deux fois, lorsqu’il n’en resterait plus que vingt-huit dans la main du banquier (car ces deux cas reviennent à peu près à la même chose) sera 7 livres 2 sols si le ponte met six pistoles sur une carte qui n’ait pas encore passé, le talon n’étant composé que de dix cartes.
L’avantage du banquier serait précisément de six livres, si la carte du ponte, dans ce dernier cas, passe trois fois.
Toute l’habileté du pharaon se réduit, pour les pontes, à observer ces deux règles de façon à diminuer le plus possible son désavantage :
1. Ne prendre des cartes que dans les premières tailles et miser d’autant moins sur le jeu qu’il y a un plus grand nombre de tailles passées.
2. Considérer comme les plus mauvaises cartes celles qui n’ont pas encore passé ou celles qui ont passé trois fois, et préférer à toutes celles qui ont passé deux fois
Le pharaon est un jeu de cartes, particulièrement en vogue à Versailles à la cour de Louis XV et de Louis XVI. « En ce temps, les dames jouaient au pharaon. Un soir, à la cour, ma grand-mère, jouant contre le duc d’Orléans, perdit sur parole une somme considérable. » Les règles de ce jeu étaient telles qu’elles avantageaient de beaucoup le banquier. Il était facile de tricher au pharaon à condition d’avoir du sang-froid. Casanova écrit dans son Histoire de ma vie qu’il ne faut jamais ponter au pharaon si on veut gagner et il rapporte comment il prit part à une opération de tricherie avec un « correcteur de fortune » milanais, comme on les appelait alors, du nom de Don Antonio Croce.
Le pharaon, ou Faro en anglais, est un jeu qui se déroule entre un banquier et un nombre illimité de joueurs appelés pontes, sur une table ovale recouverte de feutrine verte. Sur ce tapis est disposé en forme de U un exemplaire de chaque carte de l'As (qui compte comme le 1) au Roi. Le banquier joue avec un jeu entier composé de cinquante-deux cartes qu'il mélange. Il commence par brûler la première du paquet (ce qui signifie écarter cette carte, face visible, sans qu'elle ne soit prise en compte). Il désigne deux endroits (un à sa droite et un à sa gauche) qui correspondront aux emplacements "carte gagnante" et "carte perdante". Les pontes, à chaque tirage, peuvent miser sur un des dessins de cartes sur le tapis en disant s'il pense que la carte, quand elle sortira, sera une carte gagnante ou une carte perdante. Les joueurs peuvent retirer ou modifier leur mise à tout moment. Le banquier gagne la mise du ponte, lorsque la carte du ponte tombe dans l'emplacement carte perdante que le ponte avait misé sur une carte gagnante ou inversement. Le ponte gagne sa mise lorsque son pronostic était bon.
« Le banquier prend la moitié de ce que le ponte a mis sur la carte, lorsque dans une même taille, la carte du ponte vient deux fois – ce qui fait une partie de l’avantage du banquier. La dernière carte qui devrait être pour le ponte, n’est ni pour lui, ni pour le banquier – ce qui est encore un avantage pour le banquier » (Rémond de Montmort p. 77)
Le joueur peut miser sur plusieurs cartes différentes, y compris avec une même mise (comme à la Roulette, on peut effectuer un cheval ou un carré en misant à cheval sur plusieurs emplacements). Dans ce cas, dès qu'une des cartes misées sortira, le ponte gagnera ou perdra sa mise.
La carte du ponte n’étant plus qu’une fois dans le talon, la différence du sort du banquier et du ponte est fondée sur ce qu’entre tous les divers arrangements possibles des cartes du banquier, il y en a un plus grand nombre qui le font gagner, qu’il n’y en a qui le font perdre, la dernière carte étant considérée comme nulle. L’avantage du banquier augmente à mesure que le nombre des cartes du banquier diminue. La carte du ponte étant deux fois dans le talon, l’avantage du banquier se tire de la probabilité qu’il y a que la carte du ponte viendra deux fois dans une même taille ; car alors le banquier gagne la moitié de la mise du ponte, excepté le seul cas où la carte du ponte viendrait en doublet dans la dernière taille, ce qui donnerait au banquier la mise entière du ponte. La carte du ponte étant trois ou quatre fois dans la main du banquier, l’avantage du banquier est fondé sur la possibilité qu’il y a que la carte du ponte se trouve deux fois dans une même taille, avant qu’elle soit venue en pur gain ou en pure perte pour le banquier. Or cette possibilité augmente ou diminue, selon qu’il y a plus ou moins de cartes dans la main du banquier, et selon que la carte du ponte s’y trouve plus ou moins de fois.
L'analyse suivante est tirée de l'Encyclopédie (article anonyme) :
Pour connaître l’avantage du banquier, par rapport aux pontes, dans toutes les différentes circonstances du jeu, il faut découvrir dans tous les différents arrangements possibles des cartes que tient le banquier, et dans la supposition que la carte s’y trouve ou une, ou deux, ou trois, ou quatre fois, quels sont ceux qui le font gagner, quels sont ceux qui lui donnent la moitié de la mise du ponte, quels sont ceux qui le font perdre, et quels sont ceux enfin qui ne le font ni perdre ni gagner.
On peut former deux tables de tous ces différents hasards. Pour en connaître l’usage, dans la première, le chiffre renfermé dans la cellule exprimerait le nombre de cartes que tient le banquier, et le nombre qui suit, ou la cellule dans la première colonne, ou deux points dans les autres colonnes, exprimeraient le nombre de fois que la carte du pente est supposée se trouver dans la main du banquier.
L’usage de la seconde table serait de donner des expressions, à la vérité moins exactes, mais plus simples et plus intelligibles aux joueurs : pour entendre cette table, il faut savoir que ce signe > marque excès, et que celui-ci < marque défaut ; en sorte que > 1/4 < 1/3 signifie plus grand que 1/4, et plus petits que 1/3.
En examinant ces tables, on verrait dans la première colonne que l’avantage du banquier est exprimé dans la première colonne par une fraction dont le numérateur étant toujours l’unité, le dénominateur est le nombre des cartes que tient le banquier.
Dans la seconde colonne, que cet avantage est exprimé par une fraction dont le numérateur étant selon la suite des nombres naturels, 1, 2, 3, 4, etc. le dénominateur a pour différence entre ces termes, les nombres 8, 26, 34, 42, 50, 58, dont la différence est 8.
Que dans la troisième colonne le numérateur étant toujours 3, la différence qui règne dans le dénominateur est 8.
Que dans la quatrième colonne la différence étant toujours 4 dans le numérateur, le dénominateur a pour différence entre ses termes les nombres 24, 40, 56, 72, 88, et dont la différence est 16.
Qu’une autre uniformité assez singulière entre les derniers chiffres du dénominateur de chaque terme d’une colonne, c’est que dans la première les derniers chiffres du dénominateur sont selon cet ordre : 4, 6, 8, 0, 2, | 4, 6, 8, 0, 2; et dans la seconde selon cet ordre, 2, 0, 6, 0, 2, | 2, 0, 6, 0, 2, | 2, 0, 6, 0, 2; et dans la troisième selon cet ordre, 2, 0, 8, 6, 4, | 2, 0, 8, 6, 4 : et dans le quatrième selon cet ordre, 6, 0, 0, 6, 8, | 6, 0, 0, 6, 8, etc.
Ces tables permettent de découvrir immédiatement combien un banquier a d’avantage sur chaque carte, combien chaque taille complète aura dû, à fortune égale, apporter de profit au banquier, si l’on se souvient du nombre de cartes prises par les pontes, des diverses circonstances dans lesquelles on les a mises au jeu, et enfin de la quantité d’argent hasardé sur ces cartes.
On donnerait de justes limites à cet avantage, en établissant que les doublets fussent indifférents pour le banquier et pour le ponte, ou du moins qu’ils valussent seulement au banquier le tiers ou le quart de la mise du ponte.
Afin que le ponte prenant une carte ait le moins de désavantage possible, il faut qu’il en choisisse une qui ait passé deux fois ; il y aurait plus de désavantage pour lui, s’il prenait une carte ayant passé une fois ; plus encore sur une carte qui aurait passé trois fois, et le plus mauvais choix serait d’une carte qui n’aurait pas encore passé.
Ainsi, en supposant A=une pistole, l’avantage du banquier qui serait 19 sols 2 deniers, dans la supposition que la carte du ponte fût quatre fois dans douze cartes, deviendra 16 sols 8 deniers si elle n’y est qu’une fois ; 13 sols 7 deniers si elle y est trois fois ; et 10 sols 7 deniers si elle n’y est que deux fois.
Les personnes qui n’ont pas examiné le fond du jeu demanderont pourquoi on n’a rien dit des masses, des parolis, de la paix, et des sept et le va, c’est que tout cela ne signifie rien, qu’on risque plus ou moins, et puis c’est tout ; les chances ne changent pas.
L’avantage du banquier augmente à proportion que le nombre de ses cartes diminue.
L’avantage du banquier sur une carte qui n’a pas passé, est presque double de celui qu’il a sur une carte qui a passé deux fois ; son avantage sur une carte qui a passé trois fois est à son avantage sur une carte qui a passé deux fois dans un plus grand rapport que de trois à deux.
L’avantage du banquier qui ne serait qu’environ 24 sols si le ponte mettait six pistoles ou à la première taille du jeu, ou sur une carte qui aurait passé deux fois, lorsqu’il n’en resterait plus que vingt-huit dans la main du banquier (car ces deux cas reviennent à peu près à la même chose) sera 7 livres 2 sols si le ponte met six pistoles sur une carte qui n’ait pas encore passé, le talon n’étant composé que de dix cartes.
L’avantage du banquier serait précisément de six livres, si la carte du ponte, dans ce dernier cas, passe trois fois.
Toute l’habileté du pharaon se réduit, pour les pontes, à observer ces deux règles de façon à diminuer le plus possible son désavantage :
1. Ne prendre des cartes que dans les premières tailles et miser d’autant moins sur le jeu qu’il y a un plus grand nombre de tailles passées.
2. Considérer comme les plus mauvaises cartes celles qui n’ont pas encore passé ou celles qui ont passé trois fois, et préférer à toutes celles qui ont passé deux fois
Mr ventier- Messages : 1134
Date d'inscription : 18/11/2020
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Localisation : Rouen normandie
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Intéressant. Quel site est votre source ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle : Lansquenet, Breland, Pharaon, Piquet, Hombre etc.
Site Facebook qui tourne un peu comme ici
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Mr ventier- Messages : 1134
Date d'inscription : 18/11/2020
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