Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
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Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
Je suis en train de lire ce livre, qui constitue une très "bonne base" pour comprendre le style Louis XVI :
Près de vingt-cinq ans avant l'avènement de Louis XVI se font sentir les prémices du style qui porte son nom. Il s'inscrit en fait dans le néoclassicisme qui puise aux sources de l'art antique - romain, grec et égyptien - et perdurera sous différentes mutations jusqu'en 1830. Ce style représente le premier épanouissement d'un art à la recherche du « Beau idéal », épris d'ordonnance, convaincu de la pureté et de la grandeur de l'art des Anciens, du bien-fondé de leur répertoire architectural et décoratif. Ce renouveau, suscité par les découvertes archéologiques des sites d'Herculanum et de Pompéi, est une contre-réaction aux excès du rocaille, et est inhérent au désir de renouer avec la grandeur de la tradition louis-quatorzienne.
Le style Louis XVI connaît plusieurs phases, que l'on peut définir ainsi : « triomphante » d'abord, de 1770 à 1778, allant de pair avec les années prospères et euphoriques de la société et la poussée des jeunes princes et de leurs exigences, puis dans un second temps, de 1778 à 1785, « fleuri » sous l'impulsion de Marie-Antoinette qui acquiert une réelle position et influe sur les arts décoratifs par son goût tapissier et son amour pour les fleurs au naturel, mais également de ses beaux-frères qui demandent toujours plus de raffinement. Les arts décoratifs atteignent des sommets de perfection à cette époque grâce à l'entremise des marchands merciers. Nourris d'influences diverses, les thèmes décoratifs empruntent tant au répertoire traditionnel classique et à la nouvelle iconographie exhumée des sites pompéiens, qu'au goût tapissier : noeuds, galons, drapés, lambrequins, festons, glands de passementerie, fils de perles. La nature y a sa place, sous l'influence rousseauiste, et la figure revient en force : humaine, animalière ou encore hybride sous l'influence de la mythologie antique.
De 1785 à 1792, le style Louis XVI devient « sévère ». Sous la pression des crises financières et sociales se cristallisent les aspirations au retour à la Vertu et à la Morale civique et naturelle, à l'héroïcité antique. Elles se mêlent paradoxalement au naturalisme issu du sentimentalisme préromantique de Rousseau et de l'Angleterre, et à l'influence croissante de ce pays. Le style Louis XVI glisse alors vers une épuration des formes, de la ligne et du décor, mais sans rejeter tout raffinement. L'ornementation, en se dépouillant, se géométrise et le décor tend à devenir plus abstrait.
Durant le règne de Louis XVI, l'art est porté à un degré de perfection et de raffinement qui confine à l'excellence. Tant est si bien que ce ne sont pas seulement les Parisiens et les Français, mais toutes les cours européennes qui se fournissent à Paris à la recherche de cet art aimable fait de grâce, d'harmonie, de finesse et de raffinement poussé à l'extrême.
Près de vingt-cinq ans avant l'avènement de Louis XVI se font sentir les prémices du style qui porte son nom. Il s'inscrit en fait dans le néoclassicisme qui puise aux sources de l'art antique - romain, grec et égyptien - et perdurera sous différentes mutations jusqu'en 1830. Ce style représente le premier épanouissement d'un art à la recherche du « Beau idéal », épris d'ordonnance, convaincu de la pureté et de la grandeur de l'art des Anciens, du bien-fondé de leur répertoire architectural et décoratif. Ce renouveau, suscité par les découvertes archéologiques des sites d'Herculanum et de Pompéi, est une contre-réaction aux excès du rocaille, et est inhérent au désir de renouer avec la grandeur de la tradition louis-quatorzienne.
Le style Louis XVI connaît plusieurs phases, que l'on peut définir ainsi : « triomphante » d'abord, de 1770 à 1778, allant de pair avec les années prospères et euphoriques de la société et la poussée des jeunes princes et de leurs exigences, puis dans un second temps, de 1778 à 1785, « fleuri » sous l'impulsion de Marie-Antoinette qui acquiert une réelle position et influe sur les arts décoratifs par son goût tapissier et son amour pour les fleurs au naturel, mais également de ses beaux-frères qui demandent toujours plus de raffinement. Les arts décoratifs atteignent des sommets de perfection à cette époque grâce à l'entremise des marchands merciers. Nourris d'influences diverses, les thèmes décoratifs empruntent tant au répertoire traditionnel classique et à la nouvelle iconographie exhumée des sites pompéiens, qu'au goût tapissier : noeuds, galons, drapés, lambrequins, festons, glands de passementerie, fils de perles. La nature y a sa place, sous l'influence rousseauiste, et la figure revient en force : humaine, animalière ou encore hybride sous l'influence de la mythologie antique.
De 1785 à 1792, le style Louis XVI devient « sévère ». Sous la pression des crises financières et sociales se cristallisent les aspirations au retour à la Vertu et à la Morale civique et naturelle, à l'héroïcité antique. Elles se mêlent paradoxalement au naturalisme issu du sentimentalisme préromantique de Rousseau et de l'Angleterre, et à l'influence croissante de ce pays. Le style Louis XVI glisse alors vers une épuration des formes, de la ligne et du décor, mais sans rejeter tout raffinement. L'ornementation, en se dépouillant, se géométrise et le décor tend à devenir plus abstrait.
Durant le règne de Louis XVI, l'art est porté à un degré de perfection et de raffinement qui confine à l'excellence. Tant est si bien que ce ne sont pas seulement les Parisiens et les Français, mais toutes les cours européennes qui se fournissent à Paris à la recherche de cet art aimable fait de grâce, d'harmonie, de finesse et de raffinement poussé à l'extrême.
Dernière édition par Duc d'Ostrogothie le Mer 27 Déc 2017, 16:33, édité 1 fois
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
Merci, Votre Grâce, pour cette intéressante analyse des influences qui amène la nette rupture avec le rocaille .
Sans doute nous posteras-tu des photos ?
Sans doute nous posteras-tu des photos ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
A vos ordres, your ladyship !
Voici pour commencer une console dans le style dit "à la grecque", qui est la forme première du style Louis XVI :
ça fait pas riche-riche, mais aisé ...
"Le style "à la grecque" qui s'étend de 1760 à 1770 est marqué stylistiquement par des formes architecturées, symétriques et massives, une structure présente et forte donnant un caractère "mâle" à l'objet.
Le répertoire décoratif, tiré à la fois de l'antique et de l'art louis-quartozien, est décliné avec emphase : mufle de lion, tête de bélier, pattes de lion, feuilles d'acanthe, frises de postes, de grecques, épais tore (kékidit ? ) de laurier et guirlandes en forme de "corde à puit", fortes cannelures et pots à feu. Ces ornements, très représentatifs, restent cependant assez limités. Ils sont traités puissamment et en fort relief.
Progressivement, le caractère anguleux du "grecque outrancier" s'assouplit, mais conserve sa massivité. Même s'il est dénigré par Lalive de Jully et dénoncé par les critiques, Cochin, Petitot et La Bastide, qui en accusent les lourdeurs, l'engouement pour le style à la grecque persiste jusqu'en 1770-1775" (A. Droguet, "Les Styles Transition et Louis XVI", p. 34).
Je trouve pas ça lourd comme style moi.
Voici pour commencer une console dans le style dit "à la grecque", qui est la forme première du style Louis XVI :
ça fait pas riche-riche, mais aisé ...
"Le style "à la grecque" qui s'étend de 1760 à 1770 est marqué stylistiquement par des formes architecturées, symétriques et massives, une structure présente et forte donnant un caractère "mâle" à l'objet.
Le répertoire décoratif, tiré à la fois de l'antique et de l'art louis-quartozien, est décliné avec emphase : mufle de lion, tête de bélier, pattes de lion, feuilles d'acanthe, frises de postes, de grecques, épais tore (kékidit ? ) de laurier et guirlandes en forme de "corde à puit", fortes cannelures et pots à feu. Ces ornements, très représentatifs, restent cependant assez limités. Ils sont traités puissamment et en fort relief.
Progressivement, le caractère anguleux du "grecque outrancier" s'assouplit, mais conserve sa massivité. Même s'il est dénigré par Lalive de Jully et dénoncé par les critiques, Cochin, Petitot et La Bastide, qui en accusent les lourdeurs, l'engouement pour le style à la grecque persiste jusqu'en 1770-1775" (A. Droguet, "Les Styles Transition et Louis XVI", p. 34).
Je trouve pas ça lourd comme style moi.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
... moi non plus, au contraire, et puis " à la grecque ", c'est tout dire !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
... ça me rappelle le diner "à la grecque" de Mme Vigée-Lebrun ! C'était quand ça au fait ? Avant 1775 ?
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
Non, bien plus tard ! 1788.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les styles Transition et Louis XVI, de Anne Droguet
Oui je viens également de découvrir ça dans cet article très intéressant : http://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1983_num_15_1_1436
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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