François Bonneville - peintre, dessinateur, graveur et éditeur français

Vendredi passé j'ai fait une jolie trouvaille à Bruxelles : le premier tome de Portraits des personnages célèbres de la révolution par François Bonneville, avec Tableau historiques et notices de P. Quenard, l’un des représentants de la commune de Paris en 1789 et 1790.



« L’épigraphe utilisée par P. Quenard dans le « tableau historique » qui introduit les Portraits des personnages célèbres de la Révolution met le lecteur dans la position d’Énée découvrant les plus fameux suppliciés des Enfers : « discite justitiam moniti24 » (« apprenez la justice par cet avertissement »). »
Olivier Ritz. Les premières histoires de la Révolution sont-elles tragiques ?. Orages, Littérature et culture (1760-1830), Association Orages, 2015, Le tragique moderne.

Cet ouvrage de François Bonneville a paru en livraisons et il est réuni en deux volumes en 1796. Deux volumes supplémentaires furent publiés en 1797 et 1802.
Nous ne savons pas grand-chose de ce François Bonneville. Il aurait été actif en tant que graveur, dessinateur et peintre entre 1791 et 1814. Jusqu'en 1797, il aurait dirigé l'Imprimerie du Cercle social située au nr 4, rue du Théâtre-Français, puis, jusqu'en 1814, il aurait ouvert successivement deux boutiques dans la rue Saint-Jacques. C’est à l’imprimerie du Cercle social que paraissent les deux volumes avec les personnages célèbres de la révolution.

Dans ce premier tome qui consiste en cinquante portraits, nous trouvons les personnages qui, volontairement ou involontairement, sont à la base de la révolution française, tout d’abord la famille royale, puis quelques ministres : Maupeou, Loménie de Brienne, Necker, ensuite viennent les principaux acteurs de l’affaire du collier : le cardinal de Rohan et Jeanne de la Motte Valois, puis, faisant un petit saut par le Dr. Guillotin, Benjamin Franklin et Georges Washington (nos amis révolutionnaires de l'autre côté de l'Atlantique) nous arrivons aux constitutionnels Bailly, Lameth, Barnave, et le premier tome se clôture par la princesse de Lamballe.

Le texte qui sert d'introduction et les commentaires à côté des portraits gravés est assez judicieux. L'auteur a lui-même traversé la tourmente révolutionnaire, mais a essayé de prendre distance de cet affreux tourbillon pour mettre tous ces personnages dans une lumière nouvelle, une perspective historique qui faciliterait la tâche aux futures générations pour mieux comprendre l'enchaînement des événements tragiques.

Voici le portrait de Marie Antoinette dans ce premier tome, avec la date erronée du 25 octobre (nous constatons que sa tête est déjà tranchée ; un robespierriste aurait-il été le propriétaire de ce livre avant moi ?   )



Si cela vous intéresse, je peux, au fur et à mesure, publier davantage de portraits de ce tome dans ce sujet.  

Observation assez juste à propos de la mode, même si Marie Antoinette a toujours su se comporter avec beaucoup de grâce et de majesté quand elle était en représentation à la cour.

Comte d'Hézècques a écrit:

Si cela vous intéresse, je peux, au fur et à mesure, publier davantage de portraits de ce tome dans ce sujet.  

Tu penses !!!
Merci, mon cher Félix, pour l'ouverture de ce sujet attrayant .

Super

Voici le portrait de Louis XVI par François Bonneville :

J'aime beaucoup le visage de Louis XVI par François Bonneville par contre je n'aime pas du tout le visage de Marie-Antoinette (pour moi) je ne la reconnais pas.

En effet, les portraits de la famille royale ne sont pas très réussis.
Ce que je trouve le plus intéressant dans ce livre, ce sont les observations d'un contemporain à côté de chaque portrait, en l'occurence monsieur P. Quenard, qui a traversé la tourmente révolutionnaire et a vu les différents événements de près.

Bonsoir, Mme de Lamballe, soyez la bienvenue parmi nous .

Bienvenue au forum Votre Altesse Sérénissime.

Et voici Mme Royale telle qu'elle a été gravée par François Bonneville. Un profil bien bourbon, un peu disgracieux :

Oui, un bon petit tarin ! Ce n'est pas encore un roc ... ni un pic ... ni un cap ... mais déjà queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain !

Et voici notre petit Louis-Charles tel qu'il a paru dans le livre de François Bonneville, en 1796 (un an après sa mort, pour ceux qui croient évidemment qu'il est vraiment mort au Temple )
Il y a tellement peu de ressemblance avec sa soeur (ci-dessus) :

Et voici notre petit Louis-Charles tel qu'il a paru dans le livre de François Bonneville, en 1796 (un an après sa mort, pour ceux qui croient évidemment qu'il est vraiment mort au Temple )
Il y a tellement peu de ressemblance avec sa soeur (ci-dessus) :

Notre hébergeur marche à nouveau, ci-dessus donc le portrait de Louis XVII dans le premier tome du livre de François Bonneville.

Ci-dessous Monsieur

J'aime bien le "Le poids énorme de son individu..."  



Puis, sur l'autre page, M. Quenard (le commentateur) ne mâche pas ses mots non plus :



Eh oui, les absents ont toujours tort  

Dis donc, voilà Monsieur habillé pour l'hiver ! Et c'est encore trop gentil pour lui .
Ainsi donc, il avait réussi à faire accroire à certains qu'il " honorait " ( ) Mme de Balbi !!! C'était mal le connaître.
J'aime bien épargne, amasse et dépense : être aussi dissemblables dans une fratrie, c'est fort !
Notons l'allusion vaguement suspicieuse quant à l'affaire Favras ...

Cela m'avait frappé aussi, cette mention de l'affaire Favras
"Sa nullité", comme le dit le commentateur ; s'il savait que ce gros monsieur, ce poids énorme, allait appesantir le trône des Bourbons dix-huit ans plus tard...

Comte d'Hézècques a écrit:

J'avais oublié de vous donner la deuxième page qui concerne Marie Antoinette dans le livre de Bonneville avec annotations de P. Quenard ; je le partage ici. Il est toujours intéressant de connaître les points de vue de quelqu'un qui a vécu cette époque bouleversante.



L'on constate que trois ans après son exécution, l'opinion était partagée sur le compte de Marie Antoinette ; fallait-il oui ou non prêter foi aux calomnies répétées à satiété ?
Evidemment, Mme de Polignac n'échappe pas au commentaire, considérée comme un des éléments accélérateurs de la révolution

Oui, je le note aussi . Normal : la sangsue du peuple, tu m'étonnes ...

En 1796, Mme de Polignac n'avait pas encore trouvé une chaleureuse avocate en Mme de Sabran pour défendre sa cause

Intéressant aussi de lire "(...) elle usa trop souvent de ce grand mouvement, celui de montrer son fils au peuple. Il cessa d'être son égide, sitôt qu'on l'eût regardé comme le fruit de sa débauche."

Comte d'Hézècques a écrit:le fruit de sa débauche."  

Ah bien écoute, du moins Mme de Polignac ne peut-elle être soupçonnée d'être le père du petit !    

Après le comte de Provence, nous avons Artois :





Je me demande d'après quel portrait cette gravure est gravée.
Van Loo peut-être ? J'ai du mal à reconnaître le comte d'Artois...

Bref, ce n'est pas Marie Antoinette la principale cause de la ruine de la cour, c'est le comte d'Artois
Facilement influençable, n'ayant pas eu de bons exemples à la cour de Louis XV, sous l'emprise du plus vil des hommes, le duc de Chartes, introduisant la manie anglaise des jockeys, il dilapidait le trésor public

Merci Félix...

Comte d'Hézècques a écrit:
Je me demande d'après quel portrait cette gravure est gravée.
Van Loo peut-être ? J'ai du mal à reconnaître le comte d'Artois...

En effet, sans la mention de son nom sous cette gravure, on aurait beaucoup de mal à le désigner du premier coup d'oeil.

Je reviens sur ce passage cité plus haut, concernant Marie-Antoinette, et que je juge en effet assez pertinent.
En particulier la première phrase :

Trop faible pour mener une grande intrigue, elle était trop forte pour ne pas s'en mêler.

Il est vrai que les textes assortis aux portraits sont d'une certaine sagacité .

Ce que je trouve franchement cocasse, c'est que Provence exigeait de recevoir lui-même le montant des sommes gaspillées allègrement par Artois !
Vous avouerez qu'elle est bien bonne, celle-là !!!

La nuit, la neige a écrit:

Je reviens sur ce passage cité plus haut, concernant Marie-Antoinette, et que je juge en effet assez pertinent.
En particulier la première phrase :

Trop faible pour mener une grande intrigue, elle était trop forte pour ne pas s'en mêler.

En effet, cela caractérise assez bien Marie-Antoinette

Après les Bourbons, c'est le tour à notre très cher duc d'Orléans de figurer dans la série des portraits de Bonneville (notez la petite boucle d'oreille, que vous aviez déjà évoqué dans le sujet dédié aux boucles d'oreille des hommes au XVIIIème siècle).

Voyons voir ce que M. Quenard écrit à son propos :





ça commence bien : "Il serait difficile de dire ce qui le caractérisait le mieux ; de la bassesse, ou du crime..."

Assez frappant aussi : "On le regardait déjà comme la cause de la mort du prince de Lamballe, et le massacre de sa veuve au 2 septembre, dont il semblait guetter de minute en minute l'épouvantable nouvelle, fit dire qu'il l'avait désiré, pour s'assurer une ample succession, que l'épuisement de la révolution lui rendait nécessaire."

Oui, c'est ce que l'on a colporté de pire sur Orléans . Quelle est la part de vérité ?

Je continue dans mon Bonneville

Après le duc d'Orléans, vient Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas.

Le portrait gravé par Bonneville, est un détail du portrait : "Maurepas, secrétaire d'État à la Marine" (1736), gravure de Gilles-Edmé Petit d'après L-M Van Loo.





P. Quenard écrit : "Tant qu'il vécut, malgré l'inconséquence et la légèreté de son caractère, ses conseils retinrent la cour du bord de l’abîme, où elle se précipitait ; mais il s'occupait trop peu de l'avenir (que voulez-vous, à quatre-vingts ans ! ) pour se donner la peine de le prévoir, il ne songeait qu'au présent. Aussi est-ce du jour de sa mort que la décadence du ministère entraîna la décadence de l'autorité royale."