La famille de Crussol d'Uzès

Au sujet de la famille de Crussol d'Uzès,  

notre petit Lulu nous écrivait :


 La famille de Crussol était originaire du Vivarais, remontant au XIème siècle, s'allie en 1486 avec la maison langedocienne d'Uzès, famille très considérable, remontant au XIIème siècle, par le mariage de Jacques baron de Crussol et seigneur de Florensac avec Symone, héritière de la vicomté d'Uzès.




Cette maison des Crussol d'Uzès donne d'indéfectibles serviteurs de la Couronne, dont Antoine qui travaillera grandement à la paix religieuse et civile dans les provinces de Toulouse, Langedoc et Provence lors des guerres de religion.
C'est en remerciement des nombreux services rendus à cette occasion que Charles IX érige en mai 1565 les terres d'Uzès, Aimargues et Florensac en duché, plus tard élévé à la pairie en 1572.

A l'exécution du maréchal de Montmorency sous le règne de Louis XIII, la pairie d'Uzès devient la plus ancienne du royaume, et le duc d'Uzès devient le premier duc et pair de France, ce qui lui donne la préséance aux Parlements, Etats et au couronnement.
Cependant, le plus ancien duché étant celui de Thouars (La Trémoïlle) de 1563, ce sont donc ceux-ci qui auront la préséance à la Cour et lors des réunion des Ordres du Roi.
Cette préséance (en faveur de l'une ou l'autre de ces deux familles) les faisait se placer juste après les Princes du Sang, et en faisait les chefs naturels de ce groupe si particulier dans la noblesse française que sont les ducs et pairs.

Les informations qui suivent sont tirées de l'ouvrage de Lionel d'Albiousse, publié en 1887.




Je parlerai de deux de ces ducs, qui vécurent durant la seconde moitié du XVIIIème siècle, ce qui nous intéresse ici, à savoir des ducs Charles-Emmanuel et François-Emmanuel.
Charles Emmanuel fut d'abord connu sous le nom de comte de Crussol. Il naquit en 1707 de Jean Charles, duc d'Uzès, et d'Anne Marie de Bullion de Fervacques.






Il est tout naturellement tourné vers le métier des armes, recevant divers commandements, comme celui des gardes de la duchesse de Berry, d'autant qu'il est beau jeune homme, ce qui n'est pas pour gêner dans une telle carrière. Il prend part à la guerre de succession de Pologne, et en 1734, à la bataille de Parme, reçoit une terrible blessure qui lui brise la machoire et lui traverse l'épaule, ce qui le rendra bossu. Il est porté hors du champs de bataille sur le dos de l'un de ses écuyers. S'il en ressort vivant, il est du moins défiguré, la machoire figée. cette blessure l'oblige à se retirer du service.

Cela ne l'empêche pas de participer à un duel contre le comte de Rantzau, parent de la reine Marie Lesczynska et de forte constitution. A la surprise de tous, et au très grand contentement de sa famille, c'est le malingre bossu qui tue raide le robuste comte. S'il en sort raffermi dans son honneur, il est du moins exilé dans ses terres, ce qui n'est pas pour lui déplaire, puisque même après la levée de la sanction, il vivra à Uzès.

Son éducation n'avait cependant pas été négligée, aussi se tourna-t-il vers les ressources de son esprit. Poète à ses heures, il est sourtout connu pour entretenir une correspondance soutenue avec Voltaire.

Il vit en grand seigneur dans sa bonne ville d'Uzès, où il est très apprécié des habitants, qui au contact de sa suite se policent, et bénéficient de ses fêtes et liberalités, ainsi que de la venue des grands personnages qui viennent le visiter.

Il fut marié très jeune à Emilie de La Rochefoucauld. A cette occasion son père se démet de sa pairie en sa faveur, il prend alors le titre de duc de Crussol, jusqu'à la mort de son père en 1739, où il devient le duc d'Uzès.
Selon ce même principe, il se démettra de sa pairie au mariage de son fils, même s'il conservera le titre de duc d'Uzès jusqu'à sa mort.

Il eut pour soeur Anne Julie Françoise, duchesse de La Vallière, épouse du grand bibliophile. Elle mènera un salon connu et couru de toute l'Europe. Ainsi recevra-t-elle Joseph II, Gustave III, Paul Ier ...

Il eut d'Emilie de La Rochefoucauld François Emmanuel qui suit, et Emilie, épouse de Dominique de Chabot, duc de Rohan, sans postérité.
On peut rappeler que la duchesse d'Uzès était la tante de la célèbre duchesse d'Anville, amie des philospohes qui dirigera au château de La Rocheguyon un célèbre salon.

L'entourage familial des Uzès est comme on peut le remarquer riche en personnage d'esprit, souvent acquis aux idées "avancées" des Lumières.



-  Cette vieille et vénérable famille compte plusieurs alliances avec les Tournon .


-  En effet, Guillaume III de Tournon épouse en 1362 Alix d'Uzès, et l'une de leur petite fille épousera Géraud de Crussol. Ainsi tous les Tournon descendent des Uzès, ainsi que les Crussol.


-  Leur fils, Jacques, fait prisonnier à Nicopolis, aura la tête tranchée sur l'ordre de Bajazet !  
Alix était la fille de Jean et Agnès de Béarn .
Pour la petite histoire, dans le duel qui opposa Artois à son cousin Bourbon ( suite à l'incident du bal de l'opéra )   , le chevalier de Crussol était présent comme témoin du prince (dont il était capitaine des gardes ) . C'est lui qui interrompit la joute, après avoir laissé ferrailler un peu les protagonistes, en sortant de sa poche un ordre du roi .

Plus proche de nous, la duchesse d'Uzès a été la première femme du monde à décrocher le permis de conduire !





- N'anticipez pas, j'y arrive !    
... ainsi que la première à recevoir une amende pour excès de vitesse ! J'en parle chaque jours lors de ma visite du château de Brissac.  Wink


-  Peut-être séjourna-t-elle parfois au château du duc de Brissac, son gendre ?


-  Si la famille en conserve de nombreux souvenirs, elle n'est jamais venue au château même.
François Emmanuel naquit le 1er janvier 1728. Eduqué dans la tradition famillial des armes, il participe aux dernières campagnes de la guerre de succession d'Autriche, sous la protection de son cousin le marquis de Crussol, qui s'y était hautement distingué. Il prend part à la guerre de sept ans.

Entre temps il se marie à Madeleine Julie de Pardailhan Gondrin d'Antin, dernière descendante du fils légitime du marquis de Montespan et de Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart. Elle apporte les marquisats de Gondrin et de Montespan à son époux, mariage célébré à Versailles en janvier 1753.

L'année suivante, son père se défait de la pairie en sa faveur, il devient alors le duc de Crussol, et prend la première place à la cour. Il deviendra duc d'Uzès à la mort de son père en 1762.
S'il doit souvent se trouver à la cour, il n'en oublie pas moins sa terre d'Uzès, où il multiplie les bienfaits et les gestes charitables. Son épouse cependant, qui ne viendra qu'une fois, à cause de sa haute dignité et ses grandes manières, avait paru fière aux habitants.

Bien que sa famille au sens large soit plutôt proche des philosophes, François Emmanuel se déclarera toujours résolument contre les Parlements, et en sera applaudi.
Au début de la révolution, lorsque le comte d'Artois et le prince de Condé émigrent, "on persuada au duc d'Uzès que sa qualité de premier pair de France lui faisait un devoir d'émigrer aussi". Il part d'abord pour la Belgique, puis sillone le Brabant et l'Allemagne pour recruter pour les armés de Condé.

Pendant ce temps le marquis de Crussol d'Amboise est exécuté, et son épouse sera l'une des vingt-trois personnes à préceder Mme Elisabeth sur l'échafaud.


-  J'ai tout un long article sur le château et la famille de Crussol, mais ce n'est pas facile à lire car il est de la main de l'arrière-grand-père du chevalier .
Le patronyme des seigneurs de Crussol est Bastet .
En 1110, Gérald Bastet épouse l'héritière de Crussol .
Son petit fils, Pons, suivit Philippe Auguste en terre sainte ...


-  Après quelques temps, les ressources emportées par le duc s'épuisent, et sa famille se trouve dans la gêne. Il reçoit alors le soutien de la belle-soeur de son fils, Louise Emanuelle de Châtillon, plus connue sous le titre de princesse de Tarente, dont parle Mme de Tourzel dans ses mémoires. Celle-ci était devenue l'amie de la reine de Naples, et obtint pour les Uzès et elle un établissement en Russie, où elle partit avec eux.
Son fils le comte de Crussol s'installe en Russie, mais le duc et la duchesse partent eux pour l'Angleterre, où elle s'éteint, après avoir perdu la vue.
Lui, dès 1801, rentre en France, où il loue un modeste réduit rue du Bac.
Souffrant d'hydropisie, il s'éteignit dans la résignation et la paix en 1802.
Je finirai en vous parlant de son fils, le comte de Crussol.

-  La lignée des Crussol se divisa en plusieurs branches : celle des comtes d'Amboise, des marquis de Florensac, des marquis de Montausier, de Saint-Sulpise et de Monsalez . La branche aînée seule, celle des Crussol d'Uzès ( issue d'Amboise ) est actuellement représentée .  
Tiens, je trouve une alliance avec les Lévis !    
Louis de Crussol épouse en 1461 Jeanne de Lévis . Il écartèle ses armes avec celles des Lévis qui sont : d'or, à trois chevrons de sable .

C'est fou comme nous sommes toujours en pays de connaissance !  

-  Leur fils Jacques ( qui fait toutes les guerres d'Italie, avec Charles VIII et Louis XII ) épouse Simone d'Uzès . Les armes sont à nouveau écartelées : aux I et 4 fascé d'or et de sinoples de six pièces, aux 2 et 3 de gueules, à trois bandes d'or ( qui est d'Uzès ) .
Cette Jeanne de Lévis leur apportera la baronnie de Florensac, ainsi qu'une portion de la terre de Lévis (Lévis-Saint-Nom en Ile de France).

Les armes de la famille seront à nouveau, et définitivement transformées après le mariage, à la génération suivante, avec la fille de Galliot de Genouilhac, qui apporte la seigneurie d'Assier.

Voici les armes portées depuis ;  

Marie François Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès (1750-1843).

Fils de François Emmanuel et de Louise d'Antin, il épousera lui même sa cousine, Amable-Emilie de Châtillon, dernière de sa famille, et soeur ainée de la princesse de Tarente. Sous l'ancien régime il est maréchal des camps, et deviendra aide de camp de Paul Ier, ayant suivit sa belle soeur en Russie. A la restauration, il rentre en France, rachète le chateau ducal d'Uzès, et reprend le rôle ancestral de patron de cette ville auprès du pouvoir central.

Durant le règne de Louis XVI, connu sous le nom de comte de Crussol, il fut notament capitaine des gardes du comte d'Artois, et fut amené à cotoyer la famille royale.

Plutôt que de tout reformuler, je vous présente le texte de L. d'Albiousse à ce sujet.







..........................................  FIN DE CE BOUTURAGE !

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Grand merci et bravo, mon cher petit Lulu !  


Et je propulse ici le post de notre cher Momo sur la trépidante duchesse !
En voiture, Simone !!!      

Gouverneur Morris a écrit:

 

La duchesse d'Uzès est, avec Camille du Gast, « l'une des pionnières de l'automobilisme féminin⁵ ». Elle n'est pas la première femme à prendre le volant, mais, bien que ce point reste incertain, « la tradition [lui] attribue le passage du "premier certificat de capacité féminin" [ancêtre du permis de conduire automobile], le 12 mai 1898⁶. » Par la suite, elle est également à l'origine de la création de l'Automobile-Club féminin en 1926 (l'Automobile Club de France n'acceptant pas les femmes parmi ses membres) et en assume la présidence jusqu'à sa mort⁷. Enfin, elle est aussi, de longue date, réputée avoir été l'objet de la première verbalisation pour excès de vitesse⁸, au volant de sa Delahaye type 1. De fait, la presse du moment relate bien sa condamnation le 7 juillet 1898 par le tribunal de simple police de Paris, en compagnie de son fils, à 5 francs d'amende pour un excès de vitesse commis au bois de Boulogne, à près de 15 km/h au lieu des 12 km/h maximum autorisés par l'ordonnance du 14 août 1893 sur la vitesse des automobiles « dans Paris et dans les lieux habités »⁹. Mais son cas n'est pas isolé et prend place dans un contexte bien particulier : en effet, cette même presse relève alors surtout que de nombreux autres conducteurs, masculins ceux-ci, sont au même moment mis à l'amende par ce même tribunal¹⁰ et s'en alarme, non sans ironie, à l'image de Gil Blas qui écrit, sous le titre « Une Mode » :

« Il est d'ores et déjà du "dernier cri" de comparaître devant le tribunal de simple police [...] comme contrevenant au règlement de la circulation des voitures... automobiles.
Hier déjà, prenant l'avance sur Mme la duchesse d'Uzès, qui ne doit comparaître qu’aujourd’hui devant le tribunal, de nombreux clubmen parmi lesquels l'élégant Maxime D... sont venus recevoir ce brevet de mondanité sous la forme d'une amende de cent sous¹¹. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_Rochechouart_de_Mortemart

Mme de Sabran a écrit:

C'est si beau le Vivarais !

Merci Eléonore

Mais qui était le bailli alors ?

C'était Alexandre-Charles-Emmanuel de Crussol-Florensac, 5 juillet 1743 - 17 décembre 1815 à Paris.
Il était lieutenant général des armées du roi et fut reçu chevalier dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem le 15 septembre 17632.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre-Charles-Emmanuel_de_Crussol#/media/File:Vig%C3%A9e-Lebrun_Alexandre_Charles_Emmanuel_de_Crussol-Florensac.JPG