Le duc d'Ostrogothie

Frédéric-Adolphe de Suède (en suédois : Fredrik Adolf, hertig av Östergötland), né le 18 juillet 1750 au palais de Drottningholm et mort le 12 décembre 1803 à Montpellier, est un prince suédois, fils cadet d'Adolphe-Frédéric de Suède et d'Ulrique de Prusse et neveu de Frédéric le Grand.
Il était titré duc d'Östergötland, nous dit Wiki .

Ah, je ne savais pas où poster la lettre ci-dessous     
de Gustave III  à son amie la comtesse de Boufflers.  
Elle concerne son frère, le duc d'Ostrogothie, pour lequel j'ouvre donc un sujet .  

Plantons le décor : Stockholm, à la Cour de Suède .




Frédéric-Adolphe de Suède,   second frère du roi, est follement épris de la jeune Sophie de Fersen, amie intime de Charlotte, épouse du duc de Sudermanie frère des deux autres, et soeur quant à elle d'Axel de Fersen  (  qu'il n'est plus besoin de présenter je suppose ! )  .
Euh, ça va, vous suivez ?  
Un enlèvement de Sophie, qui repoussait le duc avec opiniâtreté, fut même imaginé avec la complicité du compréhensif Charles de Sudermanie !

Gustave, un peu dépassé par les événements (    ), écrit à Mme de Boufflers :

Mon frère, le duc d'Ostrogothie, voyage depuis le mois de mai. Ce n'est pas tant pour apprendre, que pour oublier, qu'il fait le tour du monde . Et il a fallu le distraire d'une passion vive que la demoiselle Fersen lui avait inspirée.  C'est la famille du fameux comte de Fersen qui s'est vu trois fois maréchal de la diète. Il faut avouer qu'elle est bien capable d'inspirer une passion. Elle joint à une figure extrêmement agréable toutes les grâces et la finesse de l'esprit . Aussi a-t-elle su employer tous ses agréments pour captiver tellement mon frère qu'il n'a pensé depuis deux ans qu'au moyen de l'épouser .

Le maréchal de Fersen s'opposait fermement à ce mariage, certainement afin de garder son indépendance politique mais aussi à cause du caractère fantasque et dispendieux du duc dont la réputation laissait fort à désirer .   Et d'ailleurs, Sophie ne voulait pas non plus entendre parler de ce mariage . Le maréchal se hâta donc de marier sa fille au comte Adolf Ludvig Piper  ( qu'elle n'aimait pas non plus ... quelle époque !    ).

Merci Eléonore !

Pauvre Sophie, les dés étaient Piper

O.K. mais il faut n'en piper mot à personne !

N'insiste pas, Notre Grâce, tu vois bien que la demoiselle te repousse .

Lundi, 16 octobre  ( 1775 )

Le duc d'Ostrogothie ne parut pas quitter Mälsåker avec contentement. Au sortir de la table, il eut un entretien de quelques minutes dans une croisée avec mademoiselle Sophie de Fersen au sortir duquel il ne parut nul air satisfait et j'ai su depuis qu'il avait réitéré alors avec aussi peu de succès qu'auparavant ses poursuites de la main de cette demoiselle.  Il paraît extraordinaire que ce prince s'attache encore à cette idée qu'on aurait dite éteinte depuis longtemps, vu le peu de dispositions de la fille que les parents sont bien éloignés de gêner d'une ou d'autre manière .

( Journal intime du comte Frederik Sparre )

Huit jours plus tard, le comte de Piper fait sa demande qui est acceptée.

Ta Grâce ne s'est donc jamais mariée par la suite ?

Il semblerait bien que non. J'avais l'air bien accro à la jolie Fersen.

Je me demande pourquoi je suis mort à Montpellier, oublié de tous ?

Tu avais mené une vie dissolue, un peu alcolo, très coureur . Sophie a sagement agi.

N'est-il pas tout de même extraordinaire de se refuser ainsi au frère du roi ?

Elle aurait pu devenir reine !  

Elle n'était déjà pas mal lotie de naissance : les Fersen était la toute première famille de Suède.  
Et puis son père, le maréchal-sénateur, était dans l'opposition .

Oui tout à fait. A Stockholm le palais Fersen est presque aussi imposant que le palais royal auquel il fait face sur l'autre rive.

A mon avis, elle aurait dû...
Elle se serait éclatée avec Ostro...

Mais oui. J'étais le "plus beau prince d'Europe" dixit Wiki !

Vicq d Azir a écrit:
A mon avis, elle aurait dû...
Elle se serait éclatée avec Ostro...

Pas besoin de l'épouser pour bien s'éclater avec Ostroptrop !!!

Elle était peut-être trop coincée...
( c’est une hypothèse...)

Evert Taube saura y remédier !

Il n'était pas très beau. J'ai vu son buste à Löfstad, c'est pas folichon.

Elle ne s’est pas sentie prête à vivre une vie plus trépidante avec Ostro ? ( ce qui n’est pas une raison pour finir misérablement à Montpellier...)

Le coeur a ses raisons ...

Vicq d Azir a écrit:Elle ne s’est pas sentie prête à vivre une vie plus trépidante avec Ostro ? ( ce qui n’est pas une raison pour finir misérablement à Montpellier...)

Ben non, quoi !

Ah, les raisons des femmes...
Ma question, plus sérieusement, c’est de savoir si elle a eu raison d’écarter ce beau parti, ou si sa névrose ( certes, le terme n’existait encore pas ) lui a fait manquer une bonne occase ?
Qu’en pensez-vous ?

Je vais y réfléchir, la nuit me portera conseil ( ) et je vous répondrai demain . Mais non, c'est déjà demain !

God natt vänner ...

A vous aussi, chère amie. Que la nuit vous apporte la réponse...
Ceci m’intéresse au plus au point : Sophie a t elle eu raison ? ( même si son prénom évoque la sagesse...)
God ... etc...

Eh bien, mon cher Févicq, je crois que Sophie a eu raison finalement car Adolphe Piper ne semble pas avoir été un mari très désagréable ni trop envahissant . Elle a pu aimer sans tempêtes Evert Taube vers qui la portait plus naturellement son coeur .

Pourquoi n'a-t-elle pas aimé le duc d'Ostrogothie, prince et beau, peut-être roi un jour qui sait ?

- D'abord, me semble-t-il, à cause de son caractère fantasque et mollasson d'enfant gâté, chouchou et pourri par sa mère. Très mal élevé au demeurant, grossier et peu soigné, trop porté sur les femmes et sur la boisson, il faisait scandale à la cour de Suède au point que Gustave l'envoie découvrir l'Europe clairement pour s'en débarrasser un temps .
Et puis, avant de se faire éconduire par Sophie, le duc avait déjà été repoussé par Ulrique de Fersen ( cousine de Sophie ), peut-être pour ces mêmes raisons . Plus tard, Sophie de Hanovre et la duchesse de Courlande refuseront aussi de l'épouser . Cela fait beaucoup de rateaux, tout de même !!! Il fallait vraiment que son caractère ( puisqu'il était physiquement extrêmement séduisant ) soit terriblement dissuasif ...

- Ensuite pour des raisons politiques, celles-là même qui le font refuser comme gendre au père de Sophie : le sénateur Fersen est le chef du parti des Chapeaux hostile au roi . Allié familialement à ce dernier par le mariage de sa fille avec le frère, il n'aurait plus eu les coudées franches pour contrer Gustave ( qui d'ailleurs le fit arrêter et emprisonner, c'est dire si les relations étaient houleuses ... )

- Enfin, peut-être Sophie est-elle déjà amoureuse d'Evert Taube, allez savoir ! Il est le meilleur ami de son frère lang Axel, elle le connaît donc peut-être de longue date. Notre Grâce ne trouve pas à Taube le physique d'un éphèbe, mais l'amour est plus qu'une simple attirance physique, heureusement, et d'ailleurs peut-être que Taube, un peu " pompon " à la mâturité, avait été plus fringant et séduisant dans sa jeunesse .

Alors pourquoi Sophie épouse-t-elle le brave Piper ?
Parce que les filles ne choisissent pas mais obéissent à leur père . Il est certain que c'est l'autoritaire Fredrik Axel von Fersen ( père intrusif, omniprésent, envahissant ) qui intime à Sophie l'ordre d'épouser Adolphe Piper . Elle obéit . Elle trouve là, d'ailleurs, le moyen de ne plus être importunée par les assiduités du duc d'Ostrogothie.
Sur quels critères le choix de son père s'arrête-t-il sur Piper ? No idea, en tout cas il a l'heur de convenir à ce père exigeant . Mais ce que nous savons, c'est qu'il y a d'autres liens familiaux entre les Piper et les Fersen puisque Fabian, le jeune frère de Sophie et Axel, épouse Louise-Sophie de Piper ( sur le choix du père encore, n'en doutons pas ) .

Merci chère Eléonore pour cette réponse très complète...
Finalement, Sophie est représentative des femmes de cette époque, qui vont pouvoir, comme les hommes, accéder à certaines libertés, et c’est sûrement très bien ainsi...
Ceci explique aussi le lien entre Axel et Marie Antoinette, qui reste, certes une transgression pour une Reine de France, mais que la souveraine s’accorde sans doute comme une liberté nouvelle...