" Combien elle était parfaite en tout "- Axel de Fersen pleure Marie-Antoinette
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" Combien elle était parfaite en tout "- Axel de Fersen pleure Marie-Antoinette
C'est un bien triste anniversaire ce 16 octobre, celui de la mort cruelle et injuste de Marie-Antoinette. Les mots de l'homme qui l'aimait à la folie, le comte suédois Axel de Fersen, rendent hommage à ses grandes qualités.
***
La nouvelle de l’exécution de Marie-Antoinette arrive à Bruxelles le 20 octobre 1793.
Journal de Fersen
"20 octobre. À 11 h Grandmaison vint me dire que Ackermann, un banquier, recevait une lettre de son correspondant a Paris qui lui mandait que le jugement de la Reine avait été prononcé la veille, qu’il devait été exécuté sur le champ... Quoique j’y fusse préparé et que depuis la translation à la Conciergerie je m’y attendisse, cette certitude m’accabla... C’était le 16 à 11 ½ h que ce crime exécrable a été commis et la vengeance divine n’a point éclaté sur ces monstres!"
Fersen reste prostré sous le choc pendant des jours, tourmenté par ses souvenirs, ses regrets, ses remords et l’angoisse que, peut-être, Marie-Antoinette n’ait pas su à quel point il l’avait aimée.
"Sans cesse je pensais à elle, à toutes les circonstances horribles, de ses souffrances, à ses enfants, à son malheureux fils et à son éducation qui sera manquée, aux mauvais traitements qu’on lui fait peut-être éprouver, au malheur de la reine de ne le pas voir dans ses derniers moments, au doute où elle aura peut-être été sur moi, sur mon attachement et mon intérêt. Cette idée me déchirait. Ensuite je sentais tout ce que je perdais de tant de façons différentes : sentiment, intérêt, existence, tout était réuni en elle et tout était perdu...
21 octobre.
Je ne pouvais penser qu’à ma perte. Il était affreux de n’avoir aucun détail positif. Qu’elle était seule dans ses derniers moments, sans consolation, sans personne à qui parler, à qui donner ses dernières volontés, cela fait horreur. Les monstres d’enfer ! Non, sans la vengeance, jamais mon cœur ne sera content.
22 octobre.
Toute ma journée se passait en silence sans parler, je n’en avais pas l’envie. Je ne pouvais que penser sans suite. Je formais mille et mille projets. Si ma santé me l’avait permis j’aurais été servir, la venger, ou me faire tuer.
23 octobre.
Ma douleur, au lieu de s’apaiser, augmente à mesure que la surprise et l’étonnement diminue.
24 octobre.
Voici encore un extrait sur la trop infortunée reine. Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose. Oh ! Mon Dieu, serait-il possible, serait-il de votre justice que de tels scélérats restassent impunis ? Donnez-moi donc au moins la consolation de la pleurer vengée."
"Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerais toute ma vie les détails les plus minutieux – tout d’elle m’est précieux... quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat !"
Fersen écrit à sa sœur Sophie Piper le 17 novembre 1793.
"Le seul objet de mon intérêt n’existe plus – lui seul réunissait tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien cet objet était cher et combien je lui étais véritablement attaché. Il ne cesse de m’occuper. Son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler, à me rappeler les beaux moments de ma vie.
24 novembre 1793
Je ne vous parle pas, ma chère amie, de l’état de mon âme ; il est toujours le même Penser à elle et la regretter, voilà toutes mes occupations ; rechercher tout ce que je puis trouver d’Elle et conserver ce que j’en ai, voilà tous mes soins et tous mes plaisirs ; en parler c’est ma seule consolation, et je jouis quelque fois mais jamais autant que je voudrais. Sa perte est pour moi le chagrin de toute ma vie et mes regrets ne me quitteront qu’avec elle. Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédais et jamais je ne l’ai autant aimée"
Journal de Fersen 8 janvier 1794
"Ah, je sens bien tous les jours combien j’ai perdu en Elle et combien elle était parfaite en tout.
Jamais il n’y a eu et il n’y aura de femme comme Elle."
Mais un miracle soudain va mettre du baume au cœur de Fersen. Cet homme brisé, qui ne vit plus que pour réunir les souvenirs et reliques de Marie-Antoinette qu’il fait acheter à Paris, reçoit une lettre du chevalier de Jarjayes. Il lui a fallu écrire trois fois avant de recevoir un message sublime de Marie-Antoinette, qu’elle avait chargé Jarjayes de lui transmettre au mois d’avril 1793. C’est un simple petit billet, accompagné de la devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit vers toi »).
"21 janvier 1794. Mr Bury… m’apporta une lettre de M. de Jarjayes qui ne me disait pas tout ce que j’espérais. Il m’envoyait seulement un fragment de lettre de la reine à lui, dont voici la copie. C’était écrit par elle-même. « Quand vous serez en lieu de sûreté, je voudrais bien que vous puissiez donner de mes nouvelles à mon grand ami, qui est venu l’année dernière me voir. Je ne sais où il est... Je n’ose pas écrire, mais voilà l’empreinte de ma devise. Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Cette devise était un cachet portant un pigeon volant avec la devise tutto a te mi guida. Son idée avait été dans le temps de prendre mes armes, et on avait pris poisson volant pour un oiseau. L’empreinte était sur un morceau de carte. Malheureusement la chaleur en avait absolument effacé l’empreinte. Je le conserve malgré cela précieusement dans ma cassette avec la copie du billet et le dessin du cachet."
Ce morceau de carte, avec cette devise, est le plus beau message d’amour que Fersen eût jamais pu espérer. Pour la première fois de sa vie, Marie-Antoinette était libre d’exprimer ses sentiments sans contrainte ; elle n’était plus liée par le devoir envers son mari. Aussi envoyait-elle à Fersen l’empreinte de leur cachet secret, celui qu’elle employait pour lui écrire autrefois. Elle voulait lui rappeler leurs jours heureux, leur bonheur enfui. Dans ce contexte, « tutto a te mi guida », devise accompagnée des mots : « jamais elle n’a été plus vraie », signifie que Marie-Antoinette entrevoyait pour eux un avenir commun. Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui.
Extraits du livre d'Evelyn Farr MARIE-ANTOINETTE ET LE COMTE DE FERSEN, LA CORRESPONDANCE SECRÈTE (L'Archipel, 2016)
Texte Evelyn Farr
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La nouvelle de l’exécution de Marie-Antoinette arrive à Bruxelles le 20 octobre 1793.
Journal de Fersen
"20 octobre. À 11 h Grandmaison vint me dire que Ackermann, un banquier, recevait une lettre de son correspondant a Paris qui lui mandait que le jugement de la Reine avait été prononcé la veille, qu’il devait été exécuté sur le champ... Quoique j’y fusse préparé et que depuis la translation à la Conciergerie je m’y attendisse, cette certitude m’accabla... C’était le 16 à 11 ½ h que ce crime exécrable a été commis et la vengeance divine n’a point éclaté sur ces monstres!"
Fersen reste prostré sous le choc pendant des jours, tourmenté par ses souvenirs, ses regrets, ses remords et l’angoisse que, peut-être, Marie-Antoinette n’ait pas su à quel point il l’avait aimée.
"Sans cesse je pensais à elle, à toutes les circonstances horribles, de ses souffrances, à ses enfants, à son malheureux fils et à son éducation qui sera manquée, aux mauvais traitements qu’on lui fait peut-être éprouver, au malheur de la reine de ne le pas voir dans ses derniers moments, au doute où elle aura peut-être été sur moi, sur mon attachement et mon intérêt. Cette idée me déchirait. Ensuite je sentais tout ce que je perdais de tant de façons différentes : sentiment, intérêt, existence, tout était réuni en elle et tout était perdu...
21 octobre.
Je ne pouvais penser qu’à ma perte. Il était affreux de n’avoir aucun détail positif. Qu’elle était seule dans ses derniers moments, sans consolation, sans personne à qui parler, à qui donner ses dernières volontés, cela fait horreur. Les monstres d’enfer ! Non, sans la vengeance, jamais mon cœur ne sera content.
22 octobre.
Toute ma journée se passait en silence sans parler, je n’en avais pas l’envie. Je ne pouvais que penser sans suite. Je formais mille et mille projets. Si ma santé me l’avait permis j’aurais été servir, la venger, ou me faire tuer.
23 octobre.
Ma douleur, au lieu de s’apaiser, augmente à mesure que la surprise et l’étonnement diminue.
24 octobre.
Voici encore un extrait sur la trop infortunée reine. Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose. Oh ! Mon Dieu, serait-il possible, serait-il de votre justice que de tels scélérats restassent impunis ? Donnez-moi donc au moins la consolation de la pleurer vengée."
"Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerais toute ma vie les détails les plus minutieux – tout d’elle m’est précieux... quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat !"
Fersen écrit à sa sœur Sophie Piper le 17 novembre 1793.
"Le seul objet de mon intérêt n’existe plus – lui seul réunissait tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien cet objet était cher et combien je lui étais véritablement attaché. Il ne cesse de m’occuper. Son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler, à me rappeler les beaux moments de ma vie.
24 novembre 1793
Je ne vous parle pas, ma chère amie, de l’état de mon âme ; il est toujours le même Penser à elle et la regretter, voilà toutes mes occupations ; rechercher tout ce que je puis trouver d’Elle et conserver ce que j’en ai, voilà tous mes soins et tous mes plaisirs ; en parler c’est ma seule consolation, et je jouis quelque fois mais jamais autant que je voudrais. Sa perte est pour moi le chagrin de toute ma vie et mes regrets ne me quitteront qu’avec elle. Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédais et jamais je ne l’ai autant aimée"
Journal de Fersen 8 janvier 1794
"Ah, je sens bien tous les jours combien j’ai perdu en Elle et combien elle était parfaite en tout.
Jamais il n’y a eu et il n’y aura de femme comme Elle."
Mais un miracle soudain va mettre du baume au cœur de Fersen. Cet homme brisé, qui ne vit plus que pour réunir les souvenirs et reliques de Marie-Antoinette qu’il fait acheter à Paris, reçoit une lettre du chevalier de Jarjayes. Il lui a fallu écrire trois fois avant de recevoir un message sublime de Marie-Antoinette, qu’elle avait chargé Jarjayes de lui transmettre au mois d’avril 1793. C’est un simple petit billet, accompagné de la devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit vers toi »).
"21 janvier 1794. Mr Bury… m’apporta une lettre de M. de Jarjayes qui ne me disait pas tout ce que j’espérais. Il m’envoyait seulement un fragment de lettre de la reine à lui, dont voici la copie. C’était écrit par elle-même. « Quand vous serez en lieu de sûreté, je voudrais bien que vous puissiez donner de mes nouvelles à mon grand ami, qui est venu l’année dernière me voir. Je ne sais où il est... Je n’ose pas écrire, mais voilà l’empreinte de ma devise. Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Cette devise était un cachet portant un pigeon volant avec la devise tutto a te mi guida. Son idée avait été dans le temps de prendre mes armes, et on avait pris poisson volant pour un oiseau. L’empreinte était sur un morceau de carte. Malheureusement la chaleur en avait absolument effacé l’empreinte. Je le conserve malgré cela précieusement dans ma cassette avec la copie du billet et le dessin du cachet."
Ce morceau de carte, avec cette devise, est le plus beau message d’amour que Fersen eût jamais pu espérer. Pour la première fois de sa vie, Marie-Antoinette était libre d’exprimer ses sentiments sans contrainte ; elle n’était plus liée par le devoir envers son mari. Aussi envoyait-elle à Fersen l’empreinte de leur cachet secret, celui qu’elle employait pour lui écrire autrefois. Elle voulait lui rappeler leurs jours heureux, leur bonheur enfui. Dans ce contexte, « tutto a te mi guida », devise accompagnée des mots : « jamais elle n’a été plus vraie », signifie que Marie-Antoinette entrevoyait pour eux un avenir commun. Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui.
Extraits du livre d'Evelyn Farr MARIE-ANTOINETTE ET LE COMTE DE FERSEN, LA CORRESPONDANCE SECRÈTE (L'Archipel, 2016)
Texte Evelyn Farr
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: " Combien elle était parfaite en tout "- Axel de Fersen pleure Marie-Antoinette
Pauvre Axel, il l'aimait tellement.
Cela a le mérite d'être clair.
Merci pour la photo en couleur de ce beau portrait , dont on ne connaissait jusqu'ici que des reproductions en noir et blanc.
Axel Fersen a écrit:
"Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédais et jamais je ne l’ai autant aimée."
Cela a le mérite d'être clair.
Merci pour la photo en couleur de ce beau portrait , dont on ne connaissait jusqu'ici que des reproductions en noir et blanc.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: " Combien elle était parfaite en tout "- Axel de Fersen pleure Marie-Antoinette
Merci, ma chère Lady Bess, pour ces quelques lignes poignantes .
Comment les lire sans en être bouleversé ?
C'est également l'interprétation lumineuse de la meilleure biographie de Marie-Antoinette : celle de Mme Simone Bertière.
Rétrospectivement, ce « tutto a te mi guida », « jamais elle n’a été plus vraie » donne toute l'étendue du sacrifice qu'elle avait fait alors . Quelle femme !
Comment les lire sans en être bouleversé ?
Lady Bess a écrit:
Dans ce contexte, « tutto a te mi guida », devise accompagnée des mots : « jamais elle n’a été plus vraie », signifie que Marie-Antoinette entrevoyait pour eux un avenir commun.
C'est également l'interprétation lumineuse de la meilleure biographie de Marie-Antoinette : celle de Mme Simone Bertière.
En février 92, elle repousse l'ultime projet de fuite qu'il lui propose encore . Elle choisit son devoir : partager le sort de son mari . La femme se sacrifie à la reine. Mais aussi et surtout, elle ne peut abandonner ses enfants. Aucune femme ne le pourrait.Lady Bess a écrit:
Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui.
Rétrospectivement, ce « tutto a te mi guida », « jamais elle n’a été plus vraie » donne toute l'étendue du sacrifice qu'elle avait fait alors . Quelle femme !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: " Combien elle était parfaite en tout "- Axel de Fersen pleure Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit:Lady Bess a écrit:
Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui.
En février 92, elle repousse l'ultime projet de fuite qu'il lui propose encore . Elle choisit son devoir : partager le sort de son mari . La femme se sacrifie à la reine. Mais aussi et surtout, elle ne peut abandonner ses enfants. Aucune femme ne le pourrait.
Rétrospectivement, ce « tutto a te mi guida », « jamais elle n’a été plus vraie » donne toute l'étendue du sacrifice qu'elle avait fait alors . Quelle femme !
Exactement. Après avoir passé la nuit avec Marie-Antoinette aux Tuileries, Fersen écrit dans son Journal, qu'elle ne veut pas quitter le Roi. Il avait le projet fou de la faire évader seule des Tuileries, ce qu'elle a catégoriquement refusé. C'est alors que Fersen, désespéré et en colère, prend Eléonore Sullivan pour maîtresse. Leur histoire d'amour, qu'il croyait finie, ne l'était pas réellement. Il regrettera après la mort de la reine, de n'avoir pas pu la sauver. Et il écrira, dans son Journal, qu'Eléonore n'est en rien comparable à Marie-Antoinette.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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