Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
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Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Juillet 1783, Axel de Fersen à Sophie Piper :
J’ai peine à croire tant je suis heureux, j'ai plus d'une raison pour cela, que je vous dirai quand nous nous verrons. ( ... ) j'ai pris mon parti, je ne veux jamais former le lien conjugal, il est contre nature ( … ) Je ne puis être à la seule personne à qui je voudrais être, à la seule qui m'aime véritablement , ainsi je ne veux être à personne.
Sophie, sa soeur préférée et son unique confidente , est peut-être la personne que Fersen aime le plus au monde après Marie-Antoinette . Pour cette simple raison, Marie-Antoinette va elle-même tout naturellement se prendre d'affection pour Sophie ( au point de lui envoyer une mèche de ses cheveux pour se tresser un bracelet ) .
Les deux femmes ne se rencontreront jamais , mais le lien existe entre elle.
Voici quelques extraits de lettres de Fersen à sa soeur, conservées dans les archives de Löfstadt, étudiées par Evelyn Farr et citées dans son livre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète .
Fersen à Sophie
4 avril 1790
Je vous remercie bien aussi de tout ce que vous me dîtes sur le compte de mon amie. Croyez, ma chère Sophie, qu'elle mérite tous les sentiments que vous pouvez avoir pour elle. C'est la créature la plus parfaite que je connaisse, et sa conduite, qui l'est aussi, lui a gagné tout le monde et j'entends partout faire son éloge. Jugez combien j'en jouis.
10 avril ( 1790 )
Je commence à être un peu plus heureux, car je vois de temps en temps mon amie librement chez elle et cela nous console un peu de tous les maux qu'elle éprouve, pauvre femme . C'est un ange pour la conduite, le courage et la sensibilité, jamais on n'a su aimer comme cela. Elle est infiniment sensible à tout ce que vous m'avez dit pour elle; elle en a bien pleuré et elle me charge de vous dire combien elle en a été touchée. Elle serait si heureuse de vous voir quelquefois . Elle s'imagine que si notre projet réussissait, vous pourrez alors venir ici et cette idée la rend bien heureuse. En effet cela serait peut-être possible alors.
7 mai 1790
Nous ne cessons de faire des voeux pour votre bonheur, ma chère amie, et elle pense bien à vous. Elle a été touchée jusqu'aux larmes de tout ce que vous me dîtes pour elle. Quand on est malheureux on est plus aisément affecté, surtout quand on a une aussi belle âme.
31 mai 1790
Tout va de même ici, ma chère amie, c'est à dire mal, et vous verrez dans les gazettes les horreurs et les cruautés qui se commettent dans les provinces et dans Paris ( ... ) Elle est extrêmement malheureuse mais très courageuse. C'est un ange. Je lui ai dit de votre part tout ce dont vous m'avez chargé et cela lui a fait plaisir. Je tâche de la consoler le plus que je puis, je le lui dois, elle est si parfaite pour moi .
L'Assemblée nationale permet à la famille royale de passer l'été au château de Saint-Cloud, domaine de Marie-Antoinette, Fersen écrit à Sophie :
28 juin 1790
Elle est bien sensible à tout ce que vous dites pour elle. Jamais on ne l'a mieux mérité et jamais on n'a été plus parfaite. Mon seul chagrin, c'est de ne pas pouvoir la consoler entièrement de tous ses malheurs et de ne pas la rendre aussi heureuse qu'elle mérite de l'être. C'est de chez elle à la campagne que je vous écris.
31 juillet 1790
Depuis quelques temps je suis beaucoup à la campagne comme je vous l'ai mandé, chez le comte d'Esterhazy, et demain je vais passer huit jours chez la duchesse de Fitz-James.
Le 8 août, au sujet de cette visite :
Nous n'étions que sept personnes mais nous nous convenions fort et j'y ai été heureux. Elle manquait cependant à mon bonheur et sans cela il n'y en a pas de parfait pour moi.
Ici se place le fameux épisode ( que j'adore ! ) où Saint-Priest met en garde la reine et lui fait observer " que la présence du comte de Fersen et ses visites au château pouvaient être de quelque danger " ...
" Dites-le lui, répond-elle crânement, si vous le croyez à propos. Quant à moi, je n'en tiens pas compte . "
Fabian de Fersen à sa soeur Sophie :
30 novembre 1790
La nouvelle du jour est que l'Assemblée nationale veut que le roi se sépare de la reine, que l'on fasse à elle un procès en adultère, que l'on déclare les enfants bâtards et que l'on punisse la reine très sévèrement.
Trois semaines plus tôt, La Marck écrit à Mercy que, lors d'une entrevue avec Marie-Antoinette, la Fayette avait ...
... employé les moyens les plus odieux pour jeter le trouble dans son âme et il a été jusqu'à lui dire que, pour obtenir le divorce, on la rechercherait en adultère. La reine a répondu avec la dignité, la fermeté et le courage que vous lui connaissez, mais on a été saisi d'indignation en pensant à une pareille conduite de la part d'un homme tel que M. de la Fayette.
Fersen à Sophie
15 octobre 1790
Ce que Taube vous a dit d'elle m'a fait grand plaisir. Elle le mérite, c'est un ange de conduite. Elle m'étonne et je voudrais que tout le monde l'aimât autant qu'elle le mérite et lui rendît justice. Je suis toujours établi à Auteuil et j'y suis très content et heureux.
Sophie souffre de ce que Gustave III veut envoyer Taube, blessé pendant la guerre de Russie, en mission à Moscou. Fersen la console du mieux qu'il peut et Marie-Antoinette lui offre une mèche de ses cheveux et une bague.
Ce 19 ( décembre 1790 )
Ma chère amie ( ... ) je ferai votre commission pour les cheveux et ce serait pour elle une grande jouissance de le savoir .
Ce 3 janvier 1791
Voici les cheveux que vous m'avez demandés. S'il n'y en avait pas assez je vous en enverrais encore. C'est elle qui vous les donne et elle a été vivement touchée de ce désir de votre part. Elle est si bonne et si parfaite et il me semble que je l'aime encore plus depuis qu'elle vous aime. Elle me charge de vous dire combien elle sent vos peines et combien elle les partage. Ah, je ne mourrai content que lorsque vous l'aurez vue.
Ce 17 ( janvier 1791 )
Ma chère et tendre Sophie ( ... ) Ah, comme je sens et partage vos peines. Elles augmentent toutes les miennes. Elles étaient adoucies autrefois par la certitude de votre bonheur, de votre tranquillité. J'étais heureux de vous voir heureuse; à présent je n'ai même plus cette consolation et vos chagrins me pénètrent l'âme ( ... ). Elle vous dit mille choses et partage bien tendrement vos peines. Elle en pleure souvent avec moi, jugez si je dois l'aimer. Si vous avez un moyen pour qu'il soit simple que la bague que vous voulez soit faite ici, mandez-le moi et comment vous la voulez. Je la ferai faire. C'est elle qui le veut et qui veut vous la donner. Répondez-moi au plus tôt .
( 6 février 1791 )
Votre santé m'a donné de l'inquiétude, ma chère amie. Elle l'a vivement partagée, cela l'a un peu adoucie. Dieu merci, notre ami me mande que cela va mieux. ( ... ) Ma santé est bonne, la sienne l'est assez, malgré tous les chagrins qu'elle a .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
J’extrais de la lettre du 10 avril 90 le passage suivant :
« elle s’imagine que si notre projet réussissait, vous pourrez alors venir ici et cette idée la rend bien heureuse... »
De quel projet s’agit-il exactement? Cette phrase me rend un peu perplexe...
« elle s’imagine que si notre projet réussissait, vous pourrez alors venir ici et cette idée la rend bien heureuse... »
De quel projet s’agit-il exactement? Cette phrase me rend un peu perplexe...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
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Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Oui, nous le comprendrions mieux en sens inverse : si le projet ( l'évasion des Tuileries sans doute, puisque nous sommes en avril 1790 ) réussissait, au contraire Marie-Antoinette serait loin de Paris ...
... un an avant Varennes ...
Non.
De quel projet, peut-il s'agir, cher Févicq ?
... un an avant Varennes ...
Non.
De quel projet, peut-il s'agir, cher Févicq ?
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Je ne comprends toujours pas: Axel écrit à sa sœur: « si notre projet réussissait »... Le projet de qui ???
- d’Axel et Sophie ?
- d’Axel et Marie Antoinette ?
S’il s’agit d’un projet de fuite ( dès 90? ), on ne comprend plus la suite : « vous pourrez alors venir ici » ( Paris, je suppose ...)
S’agirait il alors de faire venir Sophie à Paris ? Pour quelle raison, en dehors de faire plaisir à la Reine, qui a toujours rêvé de la rencontrer...
- d’Axel et Sophie ?
- d’Axel et Marie Antoinette ?
S’il s’agit d’un projet de fuite ( dès 90? ), on ne comprend plus la suite : « vous pourrez alors venir ici » ( Paris, je suppose ...)
S’agirait il alors de faire venir Sophie à Paris ? Pour quelle raison, en dehors de faire plaisir à la Reine, qui a toujours rêvé de la rencontrer...
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Age : 76
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Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
... faire nommer le comte de Piper à Paris ? ... il y avait déjà Staël .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Mais cela éloignerait Sophie d'Evert Taube qu'elle aime .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
C’est bien énigmatique...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Mme de Sabran a écrit:
... faire nommer le comte de Piper à Paris ? ... il y avait déjà Staël .
Eh non !
Staël est bien sur la sellette, mais ce n'est pas Piper qui sera pressenti pour lui succéder s'il vient à quitter son poste :
En avril 1790, Necker est assez malade pour que l'on craigne pour sa vie. Comme on croit ( à Stokcholm ) que Staël suivra son beau-père à Coppet, Taube recommande Fersen ( et non pas Piper ) à Gustave III :
Si Votre Majesté voudrait ( sic ) employer dans l'un ou l'autre cas " Grand Axel ", Votre Majesté obligerait infiniment La Personne, qui s'y intéresse de ces temps-cy plus que jamais, il est égal, Sire, sous quelque titre Votre Majesté voudrait l'employer actuellement, mais Votre Majesté s'assurerait pour toujours de La Personne qui s'y intéresse ? J'ose, Sire, assurer qu'Axel nous servirait avec fidélité et attachement, il est dans ce moment plus amené à vous servir que tout autre, et Votre Majesté peut compter à sa reconnaissance éternelle .
Je pense que c'est là le projet auquel fait allusion Fersen .
Mais, en ce cas, en quoi cela eût-il rapproché Sophie de Marie-Antoinette ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Mais, s’il est question que Fersen soit nommé ambassadeur de Suède à Paris ( c’est bien de cela dont il s’agit, n’est ce pas ?), cela voudrait dire qu’il pourrait se targuer d’avoir un poste officiel près de la Cour et de l’Assemblée. Qu’il pourrait donc faire venir qui bon lui semble auprès de lui, dont sa sœur. Il logerait alors, rappelons-le, à la légation de Suède, rue du Bac, à deux pas des Tuileries...
Serait-ce là le projet qu’il évoque dans sa lettre?
Serait-ce là le projet qu’il évoque dans sa lettre?
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Vicq d Azir a écrit:il pourrait se targuer d’avoir un poste officiel près de la Cour et de l’Assemblée. Qu’il pourrait donc faire venir qui bon lui semble auprès de lui, dont sa sœur. Il logerait alors, rappelons-le, à la légation de Suède, rue du Bac, à deux pas des Tuileries...
C'est la meilleure explication !
Il serait en effet très commode ainsi pour Fersen de présenter Sophie à Marie-Antoinette, les voir enfin réunies : son rêve.
Vicq d Azir a écrit:
Serait-ce là le projet qu’il évoque dans sa lettre?
Sans nul doute .
Si j'en mettais ma tête à couper, Sanson ferait tintin !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Gardez votre tête, chère Eléonore, elle peut encore servir...
Merci d’avoir rappelé, par cette lettre, les négociations autour de Fersen, sa stratégie, sa propre ambition (au bon sens du terme), en cette année 1790, où, je le rappelle, à été posé le cadre d’une monarchie parlementaire en France, où aussi ( et Fersen ne l’a pas oublié), les journées d’émeute de 89 ne sont pas loin, et la haine a l’égard de la Reine toujours aussi active...
Merci d’avoir rappelé, par cette lettre, les négociations autour de Fersen, sa stratégie, sa propre ambition (au bon sens du terme), en cette année 1790, où, je le rappelle, à été posé le cadre d’une monarchie parlementaire en France, où aussi ( et Fersen ne l’a pas oublié), les journées d’émeute de 89 ne sont pas loin, et la haine a l’égard de la Reine toujours aussi active...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Vous avez arrivé à la bonne conclusion. En effet, en 1790 Fersen perd le commandement du Royal Suédois par les réformes de l'armée, et il n'a plus de raison ni les moyens de rester en France comme un particulier. Tout dépend de son père, et comme nous savons par leur correspondance, le père d'Axel veut toujours qu'il revienne s'établir (et bien sûr se marier) en Suède.
On comprend très bien la détresse de la reine, craignant de perdre l'homme qu'elle adore, peut-être pour jamais, et aussi le malheur de Fersen à l'idée de se séparer de sa 'tendre amie'.
Ainsi il propose à Taube d'intervenir pour lui auprès de Gustave III, pour lui faire offrir l'ambassade de Suède à Paris. Alors Fersen pourrait rester auprès de Marie-Antoinette et il aurait été possible pour sa sœur Sophie de venir faire les honneurs de sa maison.
Mais ce projet ne se réalise pas, parce que le baron de Staël a été créé ambassadeur pour sa vie en 1785 pour faciliter les négociations pour son mariage avec Germaine Necker.
Que faire, donc? Gustave III offre à Fersen le poste très discret d'envoyé extraordinaire auprès de Louis XVI et Marie-Antoinette personnellement. Il fait explicitement le distinguo entre France le pays révolutionnaire (Staël reste ambassadeur) et la monarchie (Fersen est l'envoyé personnel du roi de Suède au roi de France). Fersen touche à une pension diplomatique qui lui permet de rester en France, Gustave explique à son père qu'il a donné à Axel un poste d'une grande importance, et Marie-Antoinette garde peut-être le seul homme avec qui elle pouvait parler librement après le départ du comte de Mercy.
Mais ce poste est bien caché, et pour ne pas nuire à Staël, ni compromettre sa correspondance diplomatique extrêmement secrète pour le roi et la reine de France, Fersen doit rester aux yeux du monde un simple gentilhomme suédois. Pas de possibilité, donc, pour Sophie d'échapper à ses malheurs domestiques pour vivre à Paris avec son frère, ni de faire la connaissance de Marie-Antoinette.
On comprend très bien la détresse de la reine, craignant de perdre l'homme qu'elle adore, peut-être pour jamais, et aussi le malheur de Fersen à l'idée de se séparer de sa 'tendre amie'.
Ainsi il propose à Taube d'intervenir pour lui auprès de Gustave III, pour lui faire offrir l'ambassade de Suède à Paris. Alors Fersen pourrait rester auprès de Marie-Antoinette et il aurait été possible pour sa sœur Sophie de venir faire les honneurs de sa maison.
Mais ce projet ne se réalise pas, parce que le baron de Staël a été créé ambassadeur pour sa vie en 1785 pour faciliter les négociations pour son mariage avec Germaine Necker.
Que faire, donc? Gustave III offre à Fersen le poste très discret d'envoyé extraordinaire auprès de Louis XVI et Marie-Antoinette personnellement. Il fait explicitement le distinguo entre France le pays révolutionnaire (Staël reste ambassadeur) et la monarchie (Fersen est l'envoyé personnel du roi de Suède au roi de France). Fersen touche à une pension diplomatique qui lui permet de rester en France, Gustave explique à son père qu'il a donné à Axel un poste d'une grande importance, et Marie-Antoinette garde peut-être le seul homme avec qui elle pouvait parler librement après le départ du comte de Mercy.
Mais ce poste est bien caché, et pour ne pas nuire à Staël, ni compromettre sa correspondance diplomatique extrêmement secrète pour le roi et la reine de France, Fersen doit rester aux yeux du monde un simple gentilhomme suédois. Pas de possibilité, donc, pour Sophie d'échapper à ses malheurs domestiques pour vivre à Paris avec son frère, ni de faire la connaissance de Marie-Antoinette.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Merci, chère Lady Bess pour tous ces éclaircissements...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Oui, merci, ma chère Lady Bess, pour ce long message .
Dis-moi, que sont devenus la bague et le bracelet offerts par Marie-Antoinette à Sophie ?
Sont-ils toujours à Löfstadt ? ... ou bien ont-ils été égarés, depuis deux siècles ?
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
J'ai cherché partout en Suède pour ces précieux souvenirs, ma chère Eléonore ! À Löfstad, Stafsund, en demandant aux descendants de la famille... Mais pour le moment, personne ne sait rien. Il y a eu des morts l'un après l'autre au dix-neuvième siècle et la dispersion des biens, donc c'est très difficile de tracer des objets qui sont passés par plusieurs mains et qui sont aujourd'hui peut-être inconnus pour des cadeaux de la reine de France.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Aïe ! C'est une plaie que l'éparpillement des héritages ...
Il est fatal, surtout pour d'aussi menus objets.
Mais cela signifie que nous pouvons garder l'espoir de la découverte de nouvelles lettres, qui sait ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Lady Bess a écrit:
Que faire, donc? Gustave III offre à Fersen le poste très discret d'envoyé extraordinaire auprès de Louis XVI et Marie-Antoinette personnellement. Il fait explicitement le distinguo entre France le pays révolutionnaire (Staël reste ambassadeur) et la monarchie (Fersen est l'envoyé personnel du roi de Suède au roi de France).
Et plus Gustave constate que Staël épouse les idées de son beau-père et moins il l'apprécie. C'est un euphémisme.
Nous avons un sujet sur ce divorce entre Gustave et Staël :
Staël avait perdu la faveur de Gustave III et le poste d’ambassadeur à Paris, garanti au prix de tant d’efforts, était lui-même en péril. La raison de ce changement, on le sait, était que, dès le commencement même de la crise révolutionnaire, les vues du roi de Suède et celles de son ambassadeur avaient pris une direction diamétralement opposée.
Pénétré comme il l’était de la solidarité des intérêts monarchiques, les humiliations et les insultes auxquelles il vit exposés Louis XVl et Marie-Antoinette, puis leur internement avilissant dans les Tuileries, avaient éveillé en lui la pensée de faire appel à une coalition en vue de leur délivrance et de la tenter à lui seul, s’il le fallait, plutôt que de les abandonner à l’heure du péril suprême.
La présence à Paris du baron de Staël constituait plutôt pour ces projets, on n’en pouvait douter, un obstacle qu’un avantage. Relativement à la politique suédoise, Staël, ennemi de la Russie, craignait l’influence de Marie-Antoinette en faveur d'une triple alliance franco-russe-autrichienne.
Mais à chaque nouvelle dépêche de Staël, l'antipathie de Gustav pour la Révolution grandissait.
Il se réconcilia avec Catherine II, son ennemie de vieille date, en l’entendant demander depuis quand les excès de tout genre valaient mieux que l’expérience, l’ordre et la loi. Il vit la déplorable faiblesse du roi de France et le sacrifice de ses convictions les plus intimes lui coûter la perte de tous ses droits. Pire, au désaccord sur les principes s’ajoutait aussi, entre le baron de Staël et son roi, le désaccord sur les personnes.
Tout d’abord sur la reine.
Gustave, qui avait ressenti peu de sympathie et parfois même de l’éloignement pour la reine dans les beaux jours de son règne, se prit à l’admirer et à lui vouer un culte chevaleresque quand il la vit malheureuse et menacée. Aussi, à chaque nouvelle dépêche de son ambassadeur, pleine d’imputations sévères à l’égard de la princesse si cruellement éprouvée, s’avouait-il de plus en plus que celui-ci ne pouvait plus être l’homme de sa confiance.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3788-le-divorce-entre-le-baron-de-stael-et-gustav-iii?highlight=sta%C3%ABl
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Mme de Sabran a écrit:
Sophie, sa soeur préférée et son unique confidente , est peut-être la personne que Fersen aime le plus au monde après Marie-Antoinette . Pour cette simple raison, Marie-Antoinette va elle-même tout naturellement se prendre d'affection pour Sophie ( au point de lui envoyer une mèche de ses cheveux pour se tresser un bracelet ) .
La reine se prend tellement d'affection pour la soeur d'Axel Fersen, qu'elle va jusqu'à donner son prénom à sa fille...
... cette même fille dont le duc de Dorset insinuait, dans une lettre à Georgiana, duchesse de Devonshire, qu'elle était l'enfant de Marie-Antoinette et Fersen (cf. le livre d'Evelyn Farr, citant cette lettre inédite : "Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète", éd. L'Archipel).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Duc d'Ostrogothie a écrit:
La reine se prend tellement d'affection pour la soeur d'Axel Fersen, qu'elle va jusqu'à donner son prénom à sa fille...
C'est ce que suggère Herman Lindqvist également .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Quel dommage que ce petit ange n'ait pas vécu longtemps, elle ressemblait tellement à sa mère.
Je n'avais jamais fait le rapport entre le prénom de la soeur de Fersen et la petite Sophie, s'il ne s'agit pas d'un simple hasard, bien sûr. Prénom très usité à cette époque dans la grande aristocratie.
Je suis aussi étonnée que Sophie Piper n'ait jamais eu l'opportunité de venir à la rencontre de la Reine à Versailles, même incognito. Plus tard, Paris était déjà trop dangereuse pour la soeur de Fersen. Ce qui prouve bien que Marie-Antoinette était très surveillée.
Je n'avais jamais fait le rapport entre le prénom de la soeur de Fersen et la petite Sophie, s'il ne s'agit pas d'un simple hasard, bien sûr. Prénom très usité à cette époque dans la grande aristocratie.
Je suis aussi étonnée que Sophie Piper n'ait jamais eu l'opportunité de venir à la rencontre de la Reine à Versailles, même incognito. Plus tard, Paris était déjà trop dangereuse pour la soeur de Fersen. Ce qui prouve bien que Marie-Antoinette était très surveillée.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Trianon a écrit:
Je n'avais jamais fait le rapport entre le prénom de la soeur de Fersen et la petite Sophie, s'il ne s'agit pas d'un simple hasard, bien sûr.
Serait-ce venu à l'esprit de Louis XVI lui-même ?
Cela explique-t-il son indifférence à la mort de cette petite fille ?
Marie-Antoinette se verra inconsolable de la perte de sa « petite Sophie », nous dit WIKI, et entra dans une dépression profonde au point d'écrire dans une lettre à Madame de Tourzel datée de 1788, « Si je n'avais pas eu mes autres enfants adorés, j'aurais souhaité mourir ».
Bien que l'on prétende que Louis XVI fut profondément attristé de la mort de sa fille, aucun témoignage d'époque ne permet de vérifier de telles affirmations. La correspondances de Madame la Princesse de Lamballe, les correspondances et mémoires de Madame la baronne d'Oberkirch, de Madame la Duchesse de Tourzel, ou de Madame Campan, femme de chambre de la Reine, ne mentionnent nullement un quelconque amour paternel du Roi pour Louis-Charles et Marie-Sophie, ne semblant avoir de préoccupation et de réelle affection que pour ses deux aînés, longuement attendus.
Mystère !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Il y a aussi de la part de Sophie vers Marie-Antoinette une solidarité toute féminine qui lui fait craindre que la reine n'éprouve beaucoup de peine si des bruits lui parvenaient, vers décembre 1791, rumeurs sur une liaison entre Fersen et Eléonore Sullivan .
Sophie gronde alors son frère, avec tact mais fermeté :
«Tout le monde vous observe et parle de vous ; songez à la malheureuse Elle ( Marie-Antoinette ) , épargnez-lui de toutes les douleurs la plus mortelle ».
Sophie gronde alors son frère, avec tact mais fermeté :
«Tout le monde vous observe et parle de vous ; songez à la malheureuse Elle ( Marie-Antoinette ) , épargnez-lui de toutes les douleurs la plus mortelle ».
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Mme de Sabran a écrit:Trianon a écrit:
Je n'avais jamais fait le rapport entre le prénom de la soeur de Fersen et la petite Sophie, s'il ne s'agit pas d'un simple hasard, bien sûr.
Serait-ce venu à l'esprit de Louis XVI lui-même ?
Cela explique-t-il son indifférence à la mort de cette petite fille ?
Marie-Antoinette se verra inconsolable de la perte de sa « petite Sophie », nous dit WIKI, et entra dans une dépression profonde au point d'écrire dans une lettre à Madame de Tourzel datée de 1788, « Si je n'avais pas eu mes autres enfants adorés, j'aurais souhaité mourir ».
Bien que l'on prétende que Louis XVI fut profondément attristé de la mort de sa fille, aucun témoignage d'époque ne permet de vérifier de telles affirmations. La correspondances de Madame la Princesse de Lamballe, les correspondances et mémoires de Madame la baronne d'Oberkirch, de Madame la Duchesse de Tourzel, ou de Madame Campan, femme de chambre de la Reine, ne mentionnent nullement un quelconque amour paternel du Roi pour Louis-Charles et Marie-Sophie, ne semblant avoir de préoccupation et de réelle affection que pour ses deux aînés, longuement attendus.
Mystère !
Louis XVI aura été (semble-t-il) quelque peu indifférent au sort de cette enfant : autant à sa naissance qu'à sa mort.
Il faut se rappeler en effet que Louis XVI part à Cherbourg alors que la reine est sur le point d'accoucher de la petite Sophie.
Pendant que Louis XVI est à Cherbourg, Marie-Antoinette, enceinte jusqu'aux yeux, est seule avec Fersen à Trianon. Fersen arrive à Versailles le 11 juin 1786 et repart le 25 pour l'Angleterre (v. Evelyn Farr, "Marie-Antoinette et le comte de de Fersen : la correspondance secrète", éd. de l'Archipel).
Or, selon la Correspondance secrète, après le départ de Versailles de Louis XVI le 20 juin : "La reine a été pendant tout le voyage de Cherbourg dans une retraite absolue à son Trianon. Elle y a été saignée, et Madame, voulant savoir de ses nouvelles, a été refusée."
La petite Sophie naîtra le 9 juillet 1786, à peine 10 jours après le retour de Louis XVI de Cherbourg (ouf, il était temps...).
Dès lors, de deux choses l'une :
- soit Louis XVI savait que cette enfant n'était pas de lui (ainsi que le duc de Dorset l'avait écrit à Georgiana, duchesse de Devonshire, dans une lettre du 9 mars 1786 : v. Evelyn Farr, "Marie-Antoinette et le comte de de Fersen : la correspondance secrète", éd. de l'Archipel) ; auquel cas, Louis XVI n'avait que faire d'être présent au moment de l'accouchement de sa femme ;
- soit Marie-Antoinette avait menti à son mari sur la date de conception de l'enfant (et dans ce cas, pourquoi ... si ce n'était pour lui faire endosser la paternité d'un enfant qui n'était pas le sien ?)
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Dès lors, de deux choses l'une :
- soit Louis XVI savait que cette enfant n'était pas de lui (ainsi que le duc de Dorset l'avait écrit à Georgiana, duchesse de Devonshire, dans une lettre du 9 mars 1786 : v. Evelyn Farr, "Marie-Antoinette et le comte de de Fersen : la correspondance secrète", éd. de l'Archipel) ; auquel cas, Louis XVI n'avait que faire d'être présent au moment de l'accouchement de sa femme ;
- soit Marie-Antoinette avait menti à son mari sur la date de conception de l'enfant (et dans ce cas, pourquoi ... si ce n'était pour lui faire endosser la paternité d'un enfant qui n'était pas le sien ?)
Je ne dirais pas de deux choses l'une, car l'une n'exclue pas l'autre, et tes deux propositions peuvent même se corroborer l'une l'autre.
Pour le duc de Dorset, ainsi qu'il l'écrit à Georgine ( comme Yolande de Polignac appelle la duchesse de Devonshire ) , elles tombent sous le sens . Il n'a aucun doute sur la question.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une amitié " par procuration " Marie-Antoinette et Sophie Piper
Je disais de "deux choses l'une" au sens où (i) soit Louis XVI sait qu'il n'est pas le père et déserte délibérément Versailles au moment où sa femme est sur le point d'accoucher soit (ii) Louis XVI ne sait pas qu'il n'est pas le père, car Marie-Antoinette lui a menti sur la date de conception de l'enfant (ce qui expliquerait, dans cette seconde hypothèse, pourquoi Louis XVI, ne se doutant pas que sa femme est sur le point d'accoucher car étant dans l'erreur sur la date réelle de conception de l'enfant, est parti à Cherbourg).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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