Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
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Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Cette vente aux enchères à venir me donne l'occasion de vous présenter un aperçu de l'oeuvre de Jean-Jacques de Boissieu : dessinateur, graveur et peintre français, né le 30 novembre 1736 à Lyon où il est mort le 1er mars 1810.
Self-portrait
Jean-Jacques de Boissieu (1736-1810)
Red chalk, over graphite, heightened with white
Date unknown
Photo : The Metropolitan Museum of Art
Je cite des extraits du catalogue de la vente organisée par l'étude Aguttes, le 28 mars 2019, à Paris Drouot : une exceptionnelle et rare occasion, durant laquelle un fond de dessins provenant directement de la descendance de l'artiste sera proposé à la vente.
Voici une sélection de quelques-uns des lots présentés.
BIOGRAPHIE DE JEAN-JACQUES DE BOISSIEU
Peintre, dessinateur et graveur, Jean-Jacques de Boissieu est né dans une famille originaire d’Auvergne à Lyon où il décède en 1810.
Surnommé le «Rembrandt français», dessinateur à la sanguine attentif et réaliste de portraits, paysages et édifices, son œuvre gravée de près de 140 numéros est collectionnée par de grandes personnalités de son temps tel que Goethe.
Autoportrait (détail)
Photo : Aguttes
Né le 20 avril 1736, Jean-Jacques de Boissieu est le fils de Jacques de Boissieu, médecin à Lyon et d’Antoinette Vialis. Ses deux frères aînés ayant embrassé la profession paternelle, Jean-Jacques est destiné à la magistrature.
Toutefois, ses dispositions naturelles pour le dessin, révélées par la copie de tableaux de maîtres de son grand-père maternel, poussent ses parents à l’orienter vers l’art industriel pour les soieries voisines.
Après avoir appris les rudiments auprès de Lombard, il suit les cours d’un peintre d’histoire, directeur de l’Académie de Lyon, Jean-Charles Frontier (1701-1763) avant de se parfaire par lui-même en copiant les œuvres qui l’entourent.
Boissieu va compléter son éducation artistique par un séjour à Paris où il arrive le 28 juillet 1762 retrouvant le graveur J.G.Wille (1715-1807) avec lequel il correspondait depuis près d’un an. Il se lie, entre autres, avec le duc Alexandre de La Rochefoucauld qui l’emmène en 1765 pour l’Italie.
Il épouse Anne Roch de Valous en 1772 et habite dans la campagne lyonnaise, soit à Crussol, soit à l’Arbresle dont il dessine les sites.
Sa santé, altérée par la préparation des couleurs depuis son séjour parisien, l’oblige à s’adonner exclusivement à la gravure : d’abord l’eau-forte mélangée, ensuite de pointe-sèche et de roulette.
Celles-ci sont empreintes d’une volonté de réalisme. Ses œuvres figurent dans les collections publiques françaises et les musées étrangers.
LES PORTRAITS
L’œuvre de Boissieu portraitiste est une des révélations de cette collection. Sa technique précise le rapproche de Wille. Son sens psychologique et son humanité font penser à Greuze.
Sa famille constitue son modèle préféré : sa femme, sa mère, ses frères et ses enfants.
Portrait de Madame de Boissieu en déshabillé
Jean-Jacques de Boissieu (Lyon 1736 - 1810)
Pierre noire et rehauts de blanc
23,4 x 20 cm
Photo : Aguttes
Madame de Boissieu ornant de fleurs le buste de son mari
D'une paire de dessins, sanguine et lavis d’encre rouge, pierre noire, probablement sur vélin
23 x 19 cm
Photo : Aguttes
Madame de Boissieu, épouse de l’artiste, avec son fils Benoit-Marie, né en 1774
D'une paire de dessins, sanguine et lavis d’encre rouge, pierre noire, probablement sur vélin
23 x 19 cm
Photo : Aguttes
Portrait de Jean Louis Joseph de Boissieu, chanoine de Saint Paul de Lyon
Plume et encre noire, lavis brun et rehauts de blanc
24,5 x 18,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Portrait de Madame Louis Jacques de Boissieu, née Marie-Antoinette Vialis
Sanguine et rehauts de pierre noire et de blanc
23,5 x 17,5 cm
Photo : Aguttes
Médaillon avec un groupe familial
Médaillon avec un groupe familial et des animaux
Paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis gris, probablement sur vélin
Diamètre : 9,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Portrait de Louis de Boissieu et de sa bonne Joséphine
Plume et encre noire et grise, probablement sur vélin
Diamètre : 20 cm - Monogrammé et daté en bas au centre DB 1783
Jean Louis de Boissieu est le deuxième fils de l’artiste (1777 - 1855). Il assurera la descendance familiale.
Photo : Aguttes
Le repos des travailleurs
D'une paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts d’aquarelle
18 x 21,5 cm
Photo : Aguttes
Le repos des maîtres
D'une paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts d’aquarelle
18 x 21,5 cm
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Cette paire de dessins donne une image traditionnelle de la société française à la veille de la Révolution.
Selon M. F. Perez - Pivot, le premier dessin représenterait une terrasse de fantaisie, plutôt que celle de la propriété familiale du Tiret. Au fond on reconnait le monastère des Carmes déchaux. Un des personnages a été identifié comme étant un des frères de l’artiste.
Le deuxième dessin a été gravé en 1803 sous le titre Paysans du Charollais (Perez - Pivot, 1982, C. R. O. n° 117, reproduit.
Jean Louis Marie de Boissieu chatouillant son frère Benoit-Marie à Bellinzona
Plume et encre noire et grise
30,5 x 46 cm - Monogrammé et daté en bas à droite DB 1792
Photo : Aguttes
Autoportrait de l’artiste tenant le portrait de sa femme
Pierre noire, plume et encre noire, rehauts d’aquarelle et de blanc
27x 20 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
L’artiste tient à la main le portrait qu’il fit de sa femme en 1782 (Perez – Pivot, 1982, n° 448, reproduit).
Il existe un dessin préparatoire (Perez – Pivot, 1982, n° 373, reproduit), conservé au musée des Beaux – Arts de Besançon. Il a été gravé en 1796 (Perez – Pivot, 1982, C. R. O. n° 102, reproduit).
Boissieu fit un second autoportrait, remplaçant l’effigie de sa femme qu’il tient à la main, par un paysage (Perez – Pivot, 1982, n° 375).
Le bouquet de fête (Lyon 1736 - 1810)
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
35,5 x 45,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
« A dimanche M… (que) j’auroy bientôt le plaisir de tenir embrassé je suis en attendant ce moment avec empressement votre très humble et très tendrement…Anne de la Roche. Deux baisers s.v.p pour moy au petit bonhomme et au cher mary, je suis persuadée que lorsqu’il verra la mine de son jardinier il aura envie de le peindre, le vendredi…, may 1778 ».
Photo : Aguttes
D’après le contenu de la lettre il semblerait que ce soit madame de Boissieu qui l’ait écrite pour son mari Jean-Jacques de Boissieu.
Ayant observé le jardinier et voyant son visage au caractère prononcé elle aurait pensé à son époux et à l’allégresse que pourrait lui procurer la reproduction d’un tel visage expressif.
Elle se relit avant de donner la lettre au jardinier qui l’amènera en personne au peintre (voir Perez-Pivot, op.cit.supra, p.1112, reproduit pl.18).
Il est donc possible que Boissieu ait peint cette œuvre après que le jardinier lui ait amené la lettre et raconté l’anecdote : il aurait alors retranscrit ses dires en peintures, s’imaginant sa femme - qu’il a tant de fois représentée - se relire avant de donner la lettre.
L’agneau dans la corbeille est également représenté dans une gravure de 1782 Le joueur de hautbois tandis que le thème de la lettre rappelle encore l’emprunt par Boissieu d’un thème hollandais.
Photo : Aguttes
LES SCENES DE GENRE
Boissieu se passionnera toujours pour les gens modestes : paysans et mendiants, religieuses ou mères de famille souvent mises en situation devant leurs maisons. Un goût qui remonte à la peinture nordique du XVIIe siècle.
Souvent ces dessins, remarquables dans leur description et de tendance moralisante, se rapprocheront des pensées rousseauistes.
Le bouillon
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
21,5 x 19,5 cm
Photos : Aguttes
L’école des filles
Lavis noir et gris
16 x 22 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB
Photo : Aguttes
Les grands tonneliers
Plume et encre de chine, lavis noir, aquarelle
23 x 37 cm
Boissieu fit une autre composition sur le même thème, Les grands tonneliers, appartenant aux collections du Musée des Hospices de Beaunes (Perez - Pivot, 1982, n° 588, reproduit).
Photo : Aguttes
Joueurs de boules près de la porte de Vaise
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
29,5 x 40,5 cm - Monogrammé en bas à gauche JJB
Photo : Aguttes
LES PAYSAGES
La partie la plus connue de son œuvre : paysages d’Italie ou de la région lyonnaise, paysages libres ou composés.
Même si on peut trouver quelques correspondance avec quelques artistes comme Houelle, Nicolle et Constatin d’Aix, c’est plutôt en Allemagne et en Suisse qu’on lui cherchera des correspondants / Hackert, ou van Dillis.
Frosinone sur la route de Rome à Naples
Lavis noir et gris
16,5 x 23,5 cm
Photo : Aguttes
Note au catalogue (extrait) :
Frosinone est un village situé à 75 km de Rome, dominant la vallée de la Cosa.
Jean Jacques de Boissieu fit le traditionnel Grand Tour en Italie en 1765 - 1766 en compagnie de son protecteur François XII de la Rochefoucault, duc de Liancourt.
Partis de Lyon, les deux hommes visitèrent Rome, Gênes et Naples. Ce fut l’occasion pour l’artiste de dessiner d’après nature, mais aussi dans les musées.
Le petit ermitage
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
19 x 27 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB 1791
Porte en bas à droite le cachet de la collection Malausséna (Lugt n° 1887)
Photo : Aguttes
Grand paysage imaginaire avec deux cavaliers et un château
Plume et encre de chine, encre grise et brune, lavis noir et gris
30 x 39,5 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB. 1792
Photo : Aguttes
Bergers et âne près d’une grange
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
21,5 x 31,5 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB 1800
Photo : Aguttes
La petite ferme
Plume et encre noire et grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
29 x 42 cm
Photo : Aguttes
Paysage à la chaumière
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
34 x 43 cm - Monogrammé et daté en bas à droite JJDB 1807
Photo : Aguttes
Vue des bords d’une rivière
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
28 x 44 cm - Monogrammé et daté en haut à droite JJ. DB. 1809
Photo : Aguttes
Vieille porte d’Ambronay
Plume et encre noire et grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
32 x 42,5 cm - Monogrammé et daté en bas à droite DB 1790
Photo : Aguttes
Les faucheurs d’après Adriaen van de Velde
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
21,5 x 31 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Le passage du gué
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
21,5 x 31 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Vue prise à Dargoire en lyonnais
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
33 x 47 cm - Titré sur le montage
Photo : Aguttes
Paysage avec deux cavaliers
Plume et encre de chine et encre grise, aquarelle
22 x 37 cm
Photo : Aguttes
LES GRAVURES
Jean-Jacques de Boissieu est un artiste cher à la région lyonnaise qu’il a su mettre à l’honneur. Il a fait preuve d’opiniâtreté et d’un grand travail, très investi dans la technique bien maîtrisée de la gravure alliant eau-forte, pointe sèche et roulette afin d’obtenir des effets de clair obscur étudiés.
Il n’hésitait pas à assister également l’imprimeur et fut aussi son propre éditeur, allant jusqu’à rédiger son propre catalogue pour aider à la diffusion de ses estampes en 1801.
Nous présentons dans cette collection un exemple des divers sujets traités (parmi les 140 gravures de son oeuvre) d’une belle facture, scènes de vie paysannes, paysages,vues, portraits ou études de personnages parfois inspirés des maîtres anciens mais traités avec sa sensibilité propre avec un sens du détail avéré.
(Texte : Sylvie Collignon)
Jean-Jacques de Boissieu, portrait de l’auteur.
Eau-forte, pointe sèche et roulette.
38x 29,5 cm
Photo : Aguttes
Le Pape Pie VII bénissant des enfants pendant son séjour à Lyon
Eau-forte, pointe sèche, roulette.
18,5x 13 cm
Photo : Aguttes
Vue générale de Lyon
Eau-forte, pointe sèche.
63 x 79 cm
Photo : Aguttes
* source (textes & images), et infos complémentaires : Aguttes - Catalogue vente Jean-Jacques de Boissieu
Self-portrait
Jean-Jacques de Boissieu (1736-1810)
Red chalk, over graphite, heightened with white
Date unknown
Photo : The Metropolitan Museum of Art
Je cite des extraits du catalogue de la vente organisée par l'étude Aguttes, le 28 mars 2019, à Paris Drouot : une exceptionnelle et rare occasion, durant laquelle un fond de dessins provenant directement de la descendance de l'artiste sera proposé à la vente.
Voici une sélection de quelques-uns des lots présentés.
BIOGRAPHIE DE JEAN-JACQUES DE BOISSIEU
Peintre, dessinateur et graveur, Jean-Jacques de Boissieu est né dans une famille originaire d’Auvergne à Lyon où il décède en 1810.
Surnommé le «Rembrandt français», dessinateur à la sanguine attentif et réaliste de portraits, paysages et édifices, son œuvre gravée de près de 140 numéros est collectionnée par de grandes personnalités de son temps tel que Goethe.
Autoportrait (détail)
Photo : Aguttes
Né le 20 avril 1736, Jean-Jacques de Boissieu est le fils de Jacques de Boissieu, médecin à Lyon et d’Antoinette Vialis. Ses deux frères aînés ayant embrassé la profession paternelle, Jean-Jacques est destiné à la magistrature.
Toutefois, ses dispositions naturelles pour le dessin, révélées par la copie de tableaux de maîtres de son grand-père maternel, poussent ses parents à l’orienter vers l’art industriel pour les soieries voisines.
Après avoir appris les rudiments auprès de Lombard, il suit les cours d’un peintre d’histoire, directeur de l’Académie de Lyon, Jean-Charles Frontier (1701-1763) avant de se parfaire par lui-même en copiant les œuvres qui l’entourent.
Boissieu va compléter son éducation artistique par un séjour à Paris où il arrive le 28 juillet 1762 retrouvant le graveur J.G.Wille (1715-1807) avec lequel il correspondait depuis près d’un an. Il se lie, entre autres, avec le duc Alexandre de La Rochefoucauld qui l’emmène en 1765 pour l’Italie.
Il épouse Anne Roch de Valous en 1772 et habite dans la campagne lyonnaise, soit à Crussol, soit à l’Arbresle dont il dessine les sites.
Sa santé, altérée par la préparation des couleurs depuis son séjour parisien, l’oblige à s’adonner exclusivement à la gravure : d’abord l’eau-forte mélangée, ensuite de pointe-sèche et de roulette.
Celles-ci sont empreintes d’une volonté de réalisme. Ses œuvres figurent dans les collections publiques françaises et les musées étrangers.
LES PORTRAITS
L’œuvre de Boissieu portraitiste est une des révélations de cette collection. Sa technique précise le rapproche de Wille. Son sens psychologique et son humanité font penser à Greuze.
Sa famille constitue son modèle préféré : sa femme, sa mère, ses frères et ses enfants.
Portrait de Madame de Boissieu en déshabillé
Jean-Jacques de Boissieu (Lyon 1736 - 1810)
Pierre noire et rehauts de blanc
23,4 x 20 cm
Photo : Aguttes
Madame de Boissieu ornant de fleurs le buste de son mari
D'une paire de dessins, sanguine et lavis d’encre rouge, pierre noire, probablement sur vélin
23 x 19 cm
Photo : Aguttes
Madame de Boissieu, épouse de l’artiste, avec son fils Benoit-Marie, né en 1774
D'une paire de dessins, sanguine et lavis d’encre rouge, pierre noire, probablement sur vélin
23 x 19 cm
Photo : Aguttes
Portrait de Jean Louis Joseph de Boissieu, chanoine de Saint Paul de Lyon
Plume et encre noire, lavis brun et rehauts de blanc
24,5 x 18,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Portrait de Madame Louis Jacques de Boissieu, née Marie-Antoinette Vialis
Sanguine et rehauts de pierre noire et de blanc
23,5 x 17,5 cm
Photo : Aguttes
Médaillon avec un groupe familial
Médaillon avec un groupe familial et des animaux
Paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis gris, probablement sur vélin
Diamètre : 9,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Portrait de Louis de Boissieu et de sa bonne Joséphine
Plume et encre noire et grise, probablement sur vélin
Diamètre : 20 cm - Monogrammé et daté en bas au centre DB 1783
Jean Louis de Boissieu est le deuxième fils de l’artiste (1777 - 1855). Il assurera la descendance familiale.
Photo : Aguttes
Le repos des travailleurs
D'une paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts d’aquarelle
18 x 21,5 cm
Photo : Aguttes
Le repos des maîtres
D'une paire de dessins, plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts d’aquarelle
18 x 21,5 cm
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Cette paire de dessins donne une image traditionnelle de la société française à la veille de la Révolution.
Selon M. F. Perez - Pivot, le premier dessin représenterait une terrasse de fantaisie, plutôt que celle de la propriété familiale du Tiret. Au fond on reconnait le monastère des Carmes déchaux. Un des personnages a été identifié comme étant un des frères de l’artiste.
Le deuxième dessin a été gravé en 1803 sous le titre Paysans du Charollais (Perez - Pivot, 1982, C. R. O. n° 117, reproduit.
Jean Louis Marie de Boissieu chatouillant son frère Benoit-Marie à Bellinzona
Plume et encre noire et grise
30,5 x 46 cm - Monogrammé et daté en bas à droite DB 1792
Photo : Aguttes
Autoportrait de l’artiste tenant le portrait de sa femme
Pierre noire, plume et encre noire, rehauts d’aquarelle et de blanc
27x 20 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
L’artiste tient à la main le portrait qu’il fit de sa femme en 1782 (Perez – Pivot, 1982, n° 448, reproduit).
Il existe un dessin préparatoire (Perez – Pivot, 1982, n° 373, reproduit), conservé au musée des Beaux – Arts de Besançon. Il a été gravé en 1796 (Perez – Pivot, 1982, C. R. O. n° 102, reproduit).
Boissieu fit un second autoportrait, remplaçant l’effigie de sa femme qu’il tient à la main, par un paysage (Perez – Pivot, 1982, n° 375).
Le bouquet de fête (Lyon 1736 - 1810)
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
35,5 x 45,5 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
« A dimanche M… (que) j’auroy bientôt le plaisir de tenir embrassé je suis en attendant ce moment avec empressement votre très humble et très tendrement…Anne de la Roche. Deux baisers s.v.p pour moy au petit bonhomme et au cher mary, je suis persuadée que lorsqu’il verra la mine de son jardinier il aura envie de le peindre, le vendredi…, may 1778 ».
Photo : Aguttes
D’après le contenu de la lettre il semblerait que ce soit madame de Boissieu qui l’ait écrite pour son mari Jean-Jacques de Boissieu.
Ayant observé le jardinier et voyant son visage au caractère prononcé elle aurait pensé à son époux et à l’allégresse que pourrait lui procurer la reproduction d’un tel visage expressif.
Elle se relit avant de donner la lettre au jardinier qui l’amènera en personne au peintre (voir Perez-Pivot, op.cit.supra, p.1112, reproduit pl.18).
Il est donc possible que Boissieu ait peint cette œuvre après que le jardinier lui ait amené la lettre et raconté l’anecdote : il aurait alors retranscrit ses dires en peintures, s’imaginant sa femme - qu’il a tant de fois représentée - se relire avant de donner la lettre.
L’agneau dans la corbeille est également représenté dans une gravure de 1782 Le joueur de hautbois tandis que le thème de la lettre rappelle encore l’emprunt par Boissieu d’un thème hollandais.
Photo : Aguttes
LES SCENES DE GENRE
Boissieu se passionnera toujours pour les gens modestes : paysans et mendiants, religieuses ou mères de famille souvent mises en situation devant leurs maisons. Un goût qui remonte à la peinture nordique du XVIIe siècle.
Souvent ces dessins, remarquables dans leur description et de tendance moralisante, se rapprocheront des pensées rousseauistes.
Le bouillon
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
21,5 x 19,5 cm
Photos : Aguttes
L’école des filles
Lavis noir et gris
16 x 22 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB
Photo : Aguttes
Les grands tonneliers
Plume et encre de chine, lavis noir, aquarelle
23 x 37 cm
Boissieu fit une autre composition sur le même thème, Les grands tonneliers, appartenant aux collections du Musée des Hospices de Beaunes (Perez - Pivot, 1982, n° 588, reproduit).
Photo : Aguttes
Joueurs de boules près de la porte de Vaise
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
29,5 x 40,5 cm - Monogrammé en bas à gauche JJB
Photo : Aguttes
LES PAYSAGES
La partie la plus connue de son œuvre : paysages d’Italie ou de la région lyonnaise, paysages libres ou composés.
Même si on peut trouver quelques correspondance avec quelques artistes comme Houelle, Nicolle et Constatin d’Aix, c’est plutôt en Allemagne et en Suisse qu’on lui cherchera des correspondants / Hackert, ou van Dillis.
Frosinone sur la route de Rome à Naples
Lavis noir et gris
16,5 x 23,5 cm
Photo : Aguttes
Note au catalogue (extrait) :
Frosinone est un village situé à 75 km de Rome, dominant la vallée de la Cosa.
Jean Jacques de Boissieu fit le traditionnel Grand Tour en Italie en 1765 - 1766 en compagnie de son protecteur François XII de la Rochefoucault, duc de Liancourt.
Partis de Lyon, les deux hommes visitèrent Rome, Gênes et Naples. Ce fut l’occasion pour l’artiste de dessiner d’après nature, mais aussi dans les musées.
Le petit ermitage
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
19 x 27 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB 1791
Porte en bas à droite le cachet de la collection Malausséna (Lugt n° 1887)
Photo : Aguttes
Grand paysage imaginaire avec deux cavaliers et un château
Plume et encre de chine, encre grise et brune, lavis noir et gris
30 x 39,5 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB. 1792
Photo : Aguttes
Bergers et âne près d’une grange
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
21,5 x 31,5 cm - Monogrammé et daté en bas à gauche DB 1800
Photo : Aguttes
La petite ferme
Plume et encre noire et grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
29 x 42 cm
Photo : Aguttes
Paysage à la chaumière
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris
34 x 43 cm - Monogrammé et daté en bas à droite JJDB 1807
Photo : Aguttes
Vue des bords d’une rivière
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
28 x 44 cm - Monogrammé et daté en haut à droite JJ. DB. 1809
Photo : Aguttes
Vieille porte d’Ambronay
Plume et encre noire et grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
32 x 42,5 cm - Monogrammé et daté en bas à droite DB 1790
Photo : Aguttes
Les faucheurs d’après Adriaen van de Velde
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
21,5 x 31 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Le passage du gué
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
21,5 x 31 cm - Monogrammé en bas à droite DB
Photo : Aguttes
Vue prise à Dargoire en lyonnais
Plume et encre de chine et encre grise, lavis noir et gris, rehauts de blanc
33 x 47 cm - Titré sur le montage
Photo : Aguttes
Paysage avec deux cavaliers
Plume et encre de chine et encre grise, aquarelle
22 x 37 cm
Photo : Aguttes
LES GRAVURES
Jean-Jacques de Boissieu est un artiste cher à la région lyonnaise qu’il a su mettre à l’honneur. Il a fait preuve d’opiniâtreté et d’un grand travail, très investi dans la technique bien maîtrisée de la gravure alliant eau-forte, pointe sèche et roulette afin d’obtenir des effets de clair obscur étudiés.
Il n’hésitait pas à assister également l’imprimeur et fut aussi son propre éditeur, allant jusqu’à rédiger son propre catalogue pour aider à la diffusion de ses estampes en 1801.
Nous présentons dans cette collection un exemple des divers sujets traités (parmi les 140 gravures de son oeuvre) d’une belle facture, scènes de vie paysannes, paysages,vues, portraits ou études de personnages parfois inspirés des maîtres anciens mais traités avec sa sensibilité propre avec un sens du détail avéré.
(Texte : Sylvie Collignon)
Jean-Jacques de Boissieu, portrait de l’auteur.
Eau-forte, pointe sèche et roulette.
38x 29,5 cm
Photo : Aguttes
Le Pape Pie VII bénissant des enfants pendant son séjour à Lyon
Eau-forte, pointe sèche, roulette.
18,5x 13 cm
Photo : Aguttes
Vue générale de Lyon
Eau-forte, pointe sèche.
63 x 79 cm
Photo : Aguttes
* source (textes & images), et infos complémentaires : Aguttes - Catalogue vente Jean-Jacques de Boissieu
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Quel merveilleux sujet ! Merci, cher la nuit, la neige .
Jean-Jacques de Boissieu a peint le bonheur tout simplement . Et pour moi, c'en est un de le découvrir !!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
C'est aussi pour moi une belle découverte...
Mais je ne trouve pas qu'il ait peint "le bonheur".
Je présenterai d'autres dessins ; ainsi que des gravures intéressantes, notamment parce qu'elles illustrent le quotidien des "petites gens", en particulier dans région lyonnaise du XVIIIe siècle.
Cela nous changera un peu des aristos peints par Roslin ou Vigée Le Brun !
Mais je ne trouve pas qu'il ait peint "le bonheur".
Je présenterai d'autres dessins ; ainsi que des gravures intéressantes, notamment parce qu'elles illustrent le quotidien des "petites gens", en particulier dans région lyonnaise du XVIIIe siècle.
Cela nous changera un peu des aristos peints par Roslin ou Vigée Le Brun !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Je ne connaissais pas cet artiste, merci pour ce sujet.
Je ne suis pas très friand des scènes de genre (je préfère la mythologie ) mais les deux premiers dessins que tu as posté sont magnifiques : Portrait de Madame de Boissieu en déshabillé et Madame de Boissieu ornant de fleurs le buste de son mari.
Je ne suis pas très friand des scènes de genre (je préfère la mythologie ) mais les deux premiers dessins que tu as posté sont magnifiques : Portrait de Madame de Boissieu en déshabillé et Madame de Boissieu ornant de fleurs le buste de son mari.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Duc d'Ostrogothie a écrit: (...) mais les deux premiers dessins que tu as posté sont magnifiques : Portrait de Madame de Boissieu en déshabillé et Madame de Boissieu ornant de fleurs le buste de son mari.
Je trouve le premier merveilleux ! Quelle délicate sensualité. C'est le crayon de l'amour, et du désir.
Ravissant, et ravissante...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:
Je trouve le premier merveilleux ! Quelle délicate sensualité. C'est le crayon de l'amour, et du désir.
Ravissant, et ravissante...
Eh bien, ce n'est pas le bonheur, cela ?!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Oui, bien sûr, quelques-uns des portraits familiaux, mais pas le reste. Enfin, à mon avis.
Voici une gravure du même. Elle est intéressante parce qu'elle nous rappelle le passage de Pie VII à Lyon.
C'était à l'occasion du voyage du pape de Rome à Paris, "chaleureusement" invité par Napoléon Bonaparte pour son sacre...
Pope Pius VII on the Saône (Promenade du pape sur la Saône)
Jean Jacques de Boissieu, 1805
Etching with drypoint; third state of three
Photo : Metropolitan Museum of Art
Je cite un article (extraits) publié sur le site internet du Musée du diocèse de Lyon :
Pie VII à Lyon
Arrivé de Rome le 19 novembre 1804 dans l'après-midi, il fut accueilli dans la cathédrale comble par le peuple des paroisses, pour une bénédiction du Saint Sacrement donnée par le cardinal FESCH ; puis, il reçut à l'archevêché l'hommage des diverses autorités.
Le lendemain, après une messe solennelle à Saint Jean, il bénit la foule massée à Bellecour, du balcon de la maison Henry (au n°3) ; l'après-midi se passa, à l'archevêché, à recevoir corps constitués, députations, et personnes innombrables. Il quitta Lyon le 21, au petit matin.
Au retour, il s'arrêta du 16 au 20 avril 1805.
A nouveau, cérémonies dans la cathédrale pleine, foules se pressant sur son passage ou pour recevoir sa bénédiction, réceptions interminables des corps constitués et des personnes qui tenaient à l'approcher.
Une promenade en barque jusqu'à l'Ile Barbe lui procura quelque repos.
Un moment important fut celui du rétablissement du culte, par le pape lui-même, dans la chapelle de Fourvière que le cardinal FESCH avait réussi à rouvrir enfin aux fidèles.
Personne n'avait prévu cet empressement, ni cet enthousiasme, personne n'avait pensé que le peuple fidèle pût s'associer à l'événement.
Ce furent les jeunes gens de la célèbre Congrégation qui firent le tour des paroisses, et décidèrent les curés à mobiliser leurs ouailles et à les conduire à Saint-Jean. Leur succès inespéré révéla le travail secret qui se faisait dans les consciences depuis quelques années.
Portrait du pape Pie VII
Jean-Jacques de Boissieu
Estampe, 1805
Source : Abebooks
Car ce ne fut pas un feu de paille. Tout se passe comme si le voyage du pape, où Napoléon et beaucoup avec lui ne voyaient au départ qu'une manœuvre sur l'échiquier impérial, produisit en fait dans l'âme des catholiques un ébranlement en profondeur. Jusque là, et de temps immémorial (les souvenirs du Moyen-âge étaient loin), le peuple fidèle pensait peu au pape.
Durant l'ancien régime, la puissante organisation du Clergé de France, tenue en bride par un pouvoir royal sourcilleux, s'interposait en écran infranchissable.
Dans le désarroi de la destruction révolutionnaire, tout s'effondrant, le personnage lointain et inconnu était devenu le roc sur lequel avaient pu prendre appui évêques protestataires, missionnaires clandestins, et finalement chrétiens tenaces. De façon souvent confuse et parfois même, sans doute, inconsciente : il était si loin.
Mais en ces jours, enfin, on le voyait, on l'entendait, on le touchait. Par sa seule présence, il cautionnait et justifiait la résistance spirituelle dont Lyon et tout le diocèse avaient donné un exemple nulle part égalé au temps de la persécution, et dont la ville se préparait à être encore, dans les années suivantes, un foyer, contre les prétentions impériales de soumettre le pape et l'Eglise au service de l'état.
Sur Pierre est bâtie l'Eglise : sa simple présence élargit au monde entier les horizons du catholicisme local. Lyon allait en faire l'expérience. Rien d'étonnant si, chez les enfants qui avaient vu le pape et entendaient parler de ses épreuves, la vocation sacerdotale franchit souvent les frontières du diocèse. Il est impossible de ne pas voir ici l'une des causes qui firent de Lyon, au siècle dernier, l'un des grands diocèses missionnaires, peut-être le premier, du monde catholique.
Cet élan s'enracina dès l'origine dans le culte marial restauré. Le pèlerinage à la Vierge de Fourvière, au sanctuaire de laquelle était désormais lié le souvenir de Pie VII, devint la consécration ordinaire de toute vocation lyonnaise, missionnaire ou non.
Elan missionnaire, dévotion mariale, fidélité au pape : ce n'était certainement pas là tout le catholicisme, mais trois de ses aspects majeurs qui retentirent sur les autres pendant un siècle et demi. Sans doute n'eussent-ils pas pris à Lyon une telle importance, sans le double passage de Pie VII, instant bref mais intense, dont l'effet se fit sentir bien après qu'il fût sorti de la mémoire consciente.
* Texte : Henri HOURS / Eglise à Lyon, 1996, n°6 / http://museedudiocesedelyon.com/MUSEEduDIOCESEdeLYONpieVII.htm
Nous nous souvenons en effet que la ville de Lyon, et ses habitants, ont particulièrement souffert durant la Révolution : crise économique, conflits politiques, siège de la ville et répressions etc.
Voir ici : Le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale
Vue de L'Hopital de Lyon
Jean-Jacques de Boissieu
Dessin annoté au dos : Vüe De L'hôpital general de Lyon et D'une partie du pont De La guilliolier. dessinée des Breteaux par j. j. De Boissieu 1768.
Image : The Morgan Library and Museum
Une terrible période dont Jean-Jacques de Boissieu fut le témoin. Sa fiche Wikipedia nous rappelle (extrait) :
Conseiller du roi, trésorier de France au bureau des Finances en 1771, il épouse en 1773 Anne Roch de Valous, d'une famille consulaire lyonnaise.
Pendant la Révolution, il fut protégé par le peintre Jacques-Louis David et ses cuivres sont placés « sous la sauvegarde de la loi ».
En 1802, il est nommé membre de la commission administrative du Conservatoire des arts et séjourna alors dans son château de Cruzol. Il fut maire de Lentilly de 1806 à 1810, année de sa mort.
Le Metropolitan Musuem, qui conserve ce dessin, suggère dans sa note descriptive que le sujet représenté pourrait être un prisonnier peu avant d'être guillotiné, durant la Révolution.
Seated Man with a Pitcher and a Glass
Jean-Jacques de Boissieu
Drawing - Brush and black ink with gray wash.
Photo : Metropolitan Museum of Art
__________________
Voici une gravure du même. Elle est intéressante parce qu'elle nous rappelle le passage de Pie VII à Lyon.
C'était à l'occasion du voyage du pape de Rome à Paris, "chaleureusement" invité par Napoléon Bonaparte pour son sacre...
Pope Pius VII on the Saône (Promenade du pape sur la Saône)
Jean Jacques de Boissieu, 1805
Etching with drypoint; third state of three
Photo : Metropolitan Museum of Art
Je cite un article (extraits) publié sur le site internet du Musée du diocèse de Lyon :
Pie VII à Lyon
Arrivé de Rome le 19 novembre 1804 dans l'après-midi, il fut accueilli dans la cathédrale comble par le peuple des paroisses, pour une bénédiction du Saint Sacrement donnée par le cardinal FESCH ; puis, il reçut à l'archevêché l'hommage des diverses autorités.
Le lendemain, après une messe solennelle à Saint Jean, il bénit la foule massée à Bellecour, du balcon de la maison Henry (au n°3) ; l'après-midi se passa, à l'archevêché, à recevoir corps constitués, députations, et personnes innombrables. Il quitta Lyon le 21, au petit matin.
Au retour, il s'arrêta du 16 au 20 avril 1805.
A nouveau, cérémonies dans la cathédrale pleine, foules se pressant sur son passage ou pour recevoir sa bénédiction, réceptions interminables des corps constitués et des personnes qui tenaient à l'approcher.
Une promenade en barque jusqu'à l'Ile Barbe lui procura quelque repos.
Un moment important fut celui du rétablissement du culte, par le pape lui-même, dans la chapelle de Fourvière que le cardinal FESCH avait réussi à rouvrir enfin aux fidèles.
Personne n'avait prévu cet empressement, ni cet enthousiasme, personne n'avait pensé que le peuple fidèle pût s'associer à l'événement.
Ce furent les jeunes gens de la célèbre Congrégation qui firent le tour des paroisses, et décidèrent les curés à mobiliser leurs ouailles et à les conduire à Saint-Jean. Leur succès inespéré révéla le travail secret qui se faisait dans les consciences depuis quelques années.
Portrait du pape Pie VII
Jean-Jacques de Boissieu
Estampe, 1805
Source : Abebooks
Car ce ne fut pas un feu de paille. Tout se passe comme si le voyage du pape, où Napoléon et beaucoup avec lui ne voyaient au départ qu'une manœuvre sur l'échiquier impérial, produisit en fait dans l'âme des catholiques un ébranlement en profondeur. Jusque là, et de temps immémorial (les souvenirs du Moyen-âge étaient loin), le peuple fidèle pensait peu au pape.
Durant l'ancien régime, la puissante organisation du Clergé de France, tenue en bride par un pouvoir royal sourcilleux, s'interposait en écran infranchissable.
Dans le désarroi de la destruction révolutionnaire, tout s'effondrant, le personnage lointain et inconnu était devenu le roc sur lequel avaient pu prendre appui évêques protestataires, missionnaires clandestins, et finalement chrétiens tenaces. De façon souvent confuse et parfois même, sans doute, inconsciente : il était si loin.
Mais en ces jours, enfin, on le voyait, on l'entendait, on le touchait. Par sa seule présence, il cautionnait et justifiait la résistance spirituelle dont Lyon et tout le diocèse avaient donné un exemple nulle part égalé au temps de la persécution, et dont la ville se préparait à être encore, dans les années suivantes, un foyer, contre les prétentions impériales de soumettre le pape et l'Eglise au service de l'état.
Sur Pierre est bâtie l'Eglise : sa simple présence élargit au monde entier les horizons du catholicisme local. Lyon allait en faire l'expérience. Rien d'étonnant si, chez les enfants qui avaient vu le pape et entendaient parler de ses épreuves, la vocation sacerdotale franchit souvent les frontières du diocèse. Il est impossible de ne pas voir ici l'une des causes qui firent de Lyon, au siècle dernier, l'un des grands diocèses missionnaires, peut-être le premier, du monde catholique.
Cet élan s'enracina dès l'origine dans le culte marial restauré. Le pèlerinage à la Vierge de Fourvière, au sanctuaire de laquelle était désormais lié le souvenir de Pie VII, devint la consécration ordinaire de toute vocation lyonnaise, missionnaire ou non.
Elan missionnaire, dévotion mariale, fidélité au pape : ce n'était certainement pas là tout le catholicisme, mais trois de ses aspects majeurs qui retentirent sur les autres pendant un siècle et demi. Sans doute n'eussent-ils pas pris à Lyon une telle importance, sans le double passage de Pie VII, instant bref mais intense, dont l'effet se fit sentir bien après qu'il fût sorti de la mémoire consciente.
* Texte : Henri HOURS / Eglise à Lyon, 1996, n°6 / http://museedudiocesedelyon.com/MUSEEduDIOCESEdeLYONpieVII.htm
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Nous nous souvenons en effet que la ville de Lyon, et ses habitants, ont particulièrement souffert durant la Révolution : crise économique, conflits politiques, siège de la ville et répressions etc.
Voir ici : Le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale
Vue de L'Hopital de Lyon
Jean-Jacques de Boissieu
Dessin annoté au dos : Vüe De L'hôpital general de Lyon et D'une partie du pont De La guilliolier. dessinée des Breteaux par j. j. De Boissieu 1768.
Image : The Morgan Library and Museum
Une terrible période dont Jean-Jacques de Boissieu fut le témoin. Sa fiche Wikipedia nous rappelle (extrait) :
Conseiller du roi, trésorier de France au bureau des Finances en 1771, il épouse en 1773 Anne Roch de Valous, d'une famille consulaire lyonnaise.
Pendant la Révolution, il fut protégé par le peintre Jacques-Louis David et ses cuivres sont placés « sous la sauvegarde de la loi ».
En 1802, il est nommé membre de la commission administrative du Conservatoire des arts et séjourna alors dans son château de Cruzol. Il fut maire de Lentilly de 1806 à 1810, année de sa mort.
Le Metropolitan Musuem, qui conserve ce dessin, suggère dans sa note descriptive que le sujet représenté pourrait être un prisonnier peu avant d'être guillotiné, durant la Révolution.
Seated Man with a Pitcher and a Glass
Jean-Jacques de Boissieu
Drawing - Brush and black ink with gray wash.
Photo : Metropolitan Museum of Art
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:
Oui, bien sûr, quelques-uns des portraits familiaux, mais pas le reste. Enfin, à mon avis.
Ah, tu vois !!! Tu le disais toi-même.
En fait le premier est tellement exquis qu'encore imprégné par tant d'émotion l'on survole presque les autres .
La nuit, la neige a écrit:
Cela nous changera un peu des aristos peints par Roslin ou Vigée Le Brun !
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Je ne suis pas très friand des scènes de genre (je préfère la mythologie )
Eh bien moi, les trois me plaisent ! ... scènes de genre champêtres et populaires, dieux en folie sur l'Olympe ou sur terre, aristos en perruques et dentelles...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Jacques de Boissieu - Lyon et la région lyonnaise à la fin du XVIIIe siècle
Très intéressant, merci.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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