Le film, « Gustav III :s äktenskap »

Pour donner suite à la suggestion de LNLN, je présente ici le film qui a vu le jour en 2001, et qui parle du mariage malheureux entre Gustav et son épouse Sofia-Magdalena, princesse danoise.



J'ai pu visualiser le film grâce à des sous-titres anglais que j'ai trouvés, car même si je suis en train d'apprendre le suédois, c'était plus facile avec les sous-titres. Le dvd, en revanche, n'est qu'en langue suédoise.

Ceci est fort dommage, car ce film est magnifique, à pratiquement tous les niveaux : mises en scène, talent des acteurs, costumes.

Le film traite du pénible sujet d'un Gustav répugné de devoir accomplir l'acte qui devra donner un héritier à la couronne suédoise. Comme nous le savons, le mariage de Gustav avec la princesse Sofia-Magdalena du Danemark a été conclu dès son enfance entre le Riksdag et la cour danoise, mais fortement désapprouvé par sa mère la reine Luise-Ulrike de Prusse, qui avait le Danemark et tout ce qui était danois en horreur, car le Danemark et la Prusse, ce n'était pas une histoire d'amour.

Or, cela n'a pas aidé Gustave, étant fort dominé par sa mère, à développer une sympathie pour sa future épouse. Si au moins la princesse Sofia-Magdalena avait été une fille joyeuse et spontanée, cela aurait pu briser la glace gustavienne, mais hélas : la mère de Sofia étant décédée quand elle n’était encore qu’une enfant, elle a grandi à la cour danoise sans véritable appui ni amis, ayant pour père un homme capricieux et souvent ivre, qui lâchait parfois ses chiens sur elle. A cause de cela, la princesse Sofia avait développé une phobie des chiens qui a duré toute sa vie. Sa nature craintive et réservée était due aussi à son éducation très sévère donnée par sa grand-mère et sa belle-mère.


Sofia Magdalena du Danemark, portant l'habit national de cour suédois

Le mariage entre Gustav et Sofia était célébré en octobre 1766. La pauvre princesse Sofia, ayant quitté une cour où elle n’avait connu que froideur et sévérité, allait devoir affronter une autre cour pas moins froide et hostile, dominée par la mère de Gustav, qui avait développé des préventions vis-à-vis de sa belle-fille sans même l’avoir vue.
Jalouse et assoiffée de pouvoir, Luise-Ulrike ne souffrait pas d’être reléguée à l’arrière-plan comme reine douairière, elle faisait donc tout pour contrecarrer et humilier sa belle-fille, jusqu’à la pousser de renvoyer toute la domesticité danoise qui l’avait fidèlement suivie en Suède, car Luise-Ulrike soupçonnait sa belle-fille de continuer à défendre les intérêts de la cour danoise.


Luise-Ulrike de Prusse, mère de Gustav III

Après le couronnement de Gustav et de son épouse, fin 1772, survenu après le coup d’état de Gustav qui mettait fin au pouvoir du Riksdag et l’oligarchie parlementaire, l’image de Sofia était déjà tellement ternie dans les yeux de Gustav, notamment à cause des machinations de Luise-Ulrike, qu’il l’écartait résolument du pouvoir, la traitant avec froideur et indifférence.

Nous verrons dans le début du film « Gustav III :s äktenskap » comment cette froideur se reflète dans le comportement de Gustav et sa mère vis-à-vis de Sofia Magdalena. Je n’ai pas pu mettre les sous-titres anglais dans le fragment, mais on n’y parle pas beaucoup.



L’ambiance glaciale y est très bien rendue avec la position de la caméra et le jeu des acteurs. Notamment quand la reine Sofia Magdalena entre dans la pièce où se trouvent déjà la reine douairière, les deux frères de Gustav et leurs épouses, qui y attendent le roi afin de commencer le grand souper devant toute la cour.
L’actrice Evabritt Strandberg joue avec brille la reine douairière Luise-Ulrike qui toise sa belle-fille de haut en examinant sa robe bleue, en lui disant : « Bleu glacier, comme c’est à-propos ! »
Quand Gustav entre, après beaucoup de retard (cela explique la scène où l’on remonte les horloges et les montres d’un quart d’heure, car Gustav avait le caprice d’imposer qu’on remonte l’heure quand il était de nouveau en retard), il salue avec grâce toute sa famille, mais ne jette qu’un regard indifférent sur sa femme, avant d’entrer dans la grande salle avec sa famille où sont rassemblés tous les notables de la cour.



Je n’expliquerai pas la suite de l’histoire, qui est déjà expliquée dans un des sujets du forum. Je voudrais néanmoins encore remarquer que dans le film « Gustav III :s äktenskap », les tensions entre les différents personnages sont très bien montrées.
Gustav, se voyant bien obligé de se rapprocher de sa femme, afin de donner un héritier au trône, fera appel à Adolf Fredrik Munck, noble finnois et maître des écuries à la cour, renommé pour son expérience dans l’alcôve.
On le voit assister activement pendant les ébats sexuels entre Gustav et Sofia Magdalena, non sans une certaine gêne de tous les partis, mais couronné du résultat souhaité.
Quand Luise-Ulrike avait vent de cette assistance considérée comme honteuse et scandaleuse, elle répandait des rumeurs comme quoi l’enfant du couple royal (Gustav IV) serait un enfant illégitime.
Dans le film, la colère de Gustav quand il apprend le rôle de sa mère dans ces rumeurs affreux est très bien montrée.
Le rapprochement de sa femme devait fatalement se réaliser un jour, alors c’était aussi une occasion pour Gustav de se libérer de l’influence malsaine qu’exerçait sa mère sur lui depuis son enfance.
La tension psychologique que vivait le couple royal est très bien rendue par les acteurs, ainsi que la solitude du roi et de la reine, que la naissance de leur fils n’a finalement pas pu rompre, suite à la tendance du roi de s’entourer uniquement d’hommes dans son intimité, et son incapacité de s’intéresser aux charmes féminins, comme l’écrivait un jour sa belle-sœur Charlotte-Hedvige dans son journal.


Gustav III, son épouse et leur fils

Grand merci, mon cher Félix, pour la présentation détaillée et joliment illustrée de ce film historique qui nous emporte à la Cour de Stockholm assister au mariage de Gustave III et de la très très malheureuse princesse danoise Sofia-Magdalena.  Pauvre petite !   C'était une union encore plus triste que celle de Louis et Marie-Antoinette. Gustave a-t-il fini, du moins,  par se rapprocher lui aussi de sa femme ?  ...  il peut y avoir de l'affection tout de même, hors le sexe ?  
La légitimité du prince héritier  ( sans doute engendré par Munck ), ouvertement contestée par la reine-mère,  causera des remous politiques d'importance.

Pauvre Sophie ! C'est à pleurer vraiment ! Le rôle de la reine mère, Louise-Ulrique, me paraît inique dans ce contexte, quel manque d'empathie envers une jeune fille innocente ! Quelle méchanceté gratuite ! De plus, Gustave III ne me semble pas avoir fait beaucoup d'efforts pour rendre la vie plus facile à Sophie. Certes, il n'aimait pas physiquement les femmes, mais cela n'empêche pas l'affection, la tendresse, la compassion. Sophie avait-elle un aspect disgracieux ? Il ne semble pas pourtant ? ou une nature morale et psychologique dépourvue d'attraits extérieurs


En tout cas, l'accueil de cette princesse danoise fait froid dans le dos ! L'hostilité se devine aisément sous le masque des convenances !

Merci Hez' pour la présentation détaillée de ce film.
C'est en effet dommage qu'une version sous-titrée ne soit pas disponible...

malgré le souci d'être en suédois, je pense qu'il faut avoir ce film dans une collection.
Je possède dans les mêmes conditions un excellent film sur AXEL, mais connaissant le personnage, les dialogues n'ont pas une grande importance.

MARIE ANTOINETTE