Claire Lacombe

Avant la Révolution, elle monte sur les planches notamment à Lyon et à Marseille avec un certain succès.
Au début de 1792, séduite par les idées nouvelles, elle gagne la capitale et fréquente les Cordeliers.
Le 25 juillet 1792 elle prononce une véritable profession de foi révolutionnaire devant l'Assemblée nationale :

« Née avec le courage d'une Romaine et la haine des tyrans    , je me tiendrais heureuse de contribuer à leur destruction. Périsse jusqu'au dernier despote, intrigants, vifs esclaves, des Néron et des Caligula, puissé-je tous vous anéantir. Et vous, mères de famille, que je blâmerais de quitter vos enfants pour suivre mon exemple, pendant que je ferai mon devoir en combattant les ennemis de la patrie, remplissez le vôtre en inculquant à vos enfants les sentiments que tout français doit avoir en naissant, l'amour de la liberté et l'horreur des despotes. Ne perdez jamais de vue que sans les vertus de Véturie, Rome aurait été privé du grand Coriolan. »

Le 10 août, elle se mêle à l’assaut des Tuileries      dans un bataillon de Fédérés ce qui lui vaut une couronne civique. Pendant l’hiver 1792-93, proche des Enragés, elle milite contre l’accaparement et le chômage.

(...) Les enragés n’avaient pas seulement attiré les plus révolutionnaires des sans-culottes parisiens. Ils avaient entraîné dans leur sillage les plus révolutionnaires des femmes. Responsables de l’approvisionnement du foyer, elles ressentaient plus directement encore que les hommes les souffrances consécutives à la vie chère, à la disette. Les émeutes contre la vie chère, en février, en juin 1793, avaient été surtout l’œuvre des femmes. La  " Société des Républicaines révolutionnaires " fut en quelque sorte la section féminine du mouvement des enragés. Elle avait été créée le 10 mai, dans le feu de la lutte contre la Gironde, par un jeune artiste, Claire Lacombe. Dès le début, la société avait conjugué étroitement l’action économique avec l’action politique, celle contre la hausse des prix et celle pour la liberté.
Elle avait fondé  cette " Société des Républicaines Révolutionnaires " avec son amie Pauline Léon, société exclusivement féminine et très engagée sur le plan social. Le 12 mai, des femmes de cette société demandèrent le droit de porter des armes pour aller combattre en Vendée.  



Claire Lacombe est belle femme, comme le remarque avec condescendance le montagnard Choudieu : « Mlle Lacombe n’avait d’autre mérite qu’un assez beau physique. Elle représentait dans nos fêtes publiques la déesse de la liberté. Elle avait, comme Mlle Théroigne, une grande influence dans les groupes. Elle n’avait aucune qualité brillante, mais ses manières convenaient à la masse du peuple ».

Elle joue un rôle important pendant les journées du 31 mai et du 2 juin,  participe aux délibérations de la Commune,  pousse à l’insurrection. En août, elle demande dans une pétition à la Convention la destitution de tous les nobles de l’armée. Le 5 septembre, elle réclame carrément l’épuration du gouvernement. Les Jacobins s’en prennent alors à elle et l'accusent de toutes sortes de délits imaginaires,  comme d'avoir donné asile à des aristocrates.
Elle se défend avec force.  Arrêtée le 16 septembre, elle est relâchée le soir même.  Ne faisant ni une ni deux, elle se présente le 7 octobre à la barre de la Convention et réfute en bloc tous les arguments de ses adversaires. Sur sa lancée, elle dénonce l’oppression dont les femmes sont victimes : « Nos droits sont ceux du peuple, et si l’on nous opprime, nous saurons opposer la résistance à l’oppression ».
Quelques jours plus tard, la voilà au milieu d'une rixe entre des femmes de la Halle et des Républicaines Révolutionnaires. Les premières prétendant que les secondes les avaient forcées de prendre le bonnet rouge.
Le gouvernement révolutionnaire saisit aussitôt le prétexte de ce grabuge : les Républicaines Révolutionnaires sont interdites ainsi que tous les clubs féminins.
Les enragés, face aux montagnards enfermés dans le légalisme parlementaire,  proclament la nécessité de l’action directe. Ils s’attaquent aux réputations établies, à la plus haute, à celle à laquelle il était le plus dangereux de toucher. Ils osent s’en prendre à l’idole populaire, Robespierre. Théophile Leclerc  ( qui partage la vie de Claire Lacombe ) range l'Incorruptible parmi les « quelques despotes insolents de l’opinion publique ». Jacques Roux dénonce « les hommes mielleux en apparence, mais sanguinaires en réalité ». (…)  Claire Lacombe donne à Robespierre du « Monsieur Robespierre », injure infamante s'il en est.

Elle doit se cacher car la chute des Hébertistes, après celle des Enragés, rend sa position inconfortable. Elle est arrêtée le 31 mars 1794, avec son ex, Jean-Théophile Leclerc, et Pauline qu' il a épousée (    ) en novembre 1793.  Ils passent un an sous les verrous de la prison du Luxembourg.  
Le 18 août 1795, le Comité de sûreté générale signe l'ordre de sa libération.
Elle reprend son métier de comédienne, joue en province, puis revient à Paris.

On n’a plus de traces d’elle après 1798.

Pour la petite histoire :  Pauline avait une soeur prénommée ...  Marie Reine Antoinette !  


https://www.carmagnole-liberte.fr/revolution-francaise/claire-lacombe/
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4730
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claire_Lacombe

Merci pour la bio de ce personnage que je ne connaissais pas. Une des quelques rares féministes avant l'heure. La Révolution était très misogyne .

Oui, ses consoeurs plus flamboyantes la relèguent un peu dans l'ombre .

Mme de Sabran a écrit:
« Née avec le courage d'une Romaine et la haine des tyrans . »

On dirait la prose d'une gilet jaune.

... le courage d'une Romaine et la haine des tyrans, ce sont les valeurs que cultivait aussi la petite Charlotte Corday .