Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
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Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
Edité pour la première fois en 1989, cet essai sera à nouveau disponible, en format poche, dans toutes les bonnes librairies...
Libres et égaux (Nouvelle édition)
L'émancipation des juifs 1789-1791
Robert Badinter
Editions Le livre de poche (oct. 2019)
264 pages
Présentation :
« Rien ne me prédisposait à m’attacher à l’histoire de l’émancipation des Juifs sous la Révolution. Jusqu’au jour où, suivant pas à pas Condorcet, je rencontrai une délégation de Juifs, conduite par l’avocat Godard, venant demander en janvier 1790 à la Commune de Paris de soutenir leur cause auprès de l’Assemblée nationale.
Cet événement, si lourd de portée dans l’histoire des Juifs de France et d’Europe, a bien peu compté dans la Révolution. Pourtant, à l’analyser de près, il se révèle chargé de signification. Refuser aux Juifs le droit d’être des citoyens comme les autres, c’était leur dénier la qualité d’hommes comme les autres, et renier la Révolution elle-même.
Ainsi l’émancipation des Juifs apparaît en définitive comme une victoire de la force des principes sur la force des préjugés. »
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi revoir une séquence de la célèbre et regrettée émission Apostrophes, durant laquelle Robert Badinder présente son livre à Bernard Pivot.
C'était il y a trente ans...
Libres et égaux (Nouvelle édition)
L'émancipation des juifs 1789-1791
Robert Badinter
Editions Le livre de poche (oct. 2019)
264 pages
Présentation :
« Rien ne me prédisposait à m’attacher à l’histoire de l’émancipation des Juifs sous la Révolution. Jusqu’au jour où, suivant pas à pas Condorcet, je rencontrai une délégation de Juifs, conduite par l’avocat Godard, venant demander en janvier 1790 à la Commune de Paris de soutenir leur cause auprès de l’Assemblée nationale.
Cet événement, si lourd de portée dans l’histoire des Juifs de France et d’Europe, a bien peu compté dans la Révolution. Pourtant, à l’analyser de près, il se révèle chargé de signification. Refuser aux Juifs le droit d’être des citoyens comme les autres, c’était leur dénier la qualité d’hommes comme les autres, et renier la Révolution elle-même.
Ainsi l’émancipation des Juifs apparaît en définitive comme une victoire de la force des principes sur la force des préjugés. »
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Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi revoir une séquence de la célèbre et regrettée émission Apostrophes, durant laquelle Robert Badinder présente son livre à Bernard Pivot.
C'était il y a trente ans...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
Deux ans avant la Révolution, Louis XVI avait accordé la liberté de culte aux Protestants et aux Juifs, par l'Edit de Tolérance de 1787 sur lequel il demande à Malesherbes de plancher.
Ces réformes qui occuperont aussi la Révolution scandalisent la très réactionnaire Madame Elisabeth. Elle l'écrit à Angélique de Bombelles en termes étonnamment virulents. La princesse voit la Révolution comme le châtiment bien mérité que Dieu inflige à une France impie.
Ces réformes qui occuperont aussi la Révolution scandalisent la très réactionnaire Madame Elisabeth. Elle l'écrit à Angélique de Bombelles en termes étonnamment virulents. La princesse voit la Révolution comme le châtiment bien mérité que Dieu inflige à une France impie.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
J'ai retrouvé la citation :
Lettre du 29 janvier 1791, à la marquise de Bombelles :
Je ne puis te rendre combien je suis en colère de ce décret. Il faudrait bien mieux se soumettre et attendre avec résignation la punition que le Ciel nous réserve, car il ne permettra pas que cette faute reste sans vengeance ( ) . Notre position actuelle prouve bien que Dieu a des jours de vengeance et que, s'Il souffre longtemps le mal, Il ne le punit pourtant pas avec moins de force quand l'ingratitude des hommes l'a fait monter à son comble .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
Non, non, pas la liberté de culte.Mme de Sabran a écrit:Deux ans avant la Révolution, Louis XVI avait accordé la liberté de culte aux Protestants et aux Juifs, par l'Edit de Tolérance de 1787 (...)
Cet édit dit, de tolérance (le mot est important), consent seulement à ce que ceux qui n'étaient pas catholiques aient un état civil.
Encore est-il très restrictif, l'égalité de droits et la liberté de conscience ou de culte ne seront pleinement accordés que bien plus tard (pas même en 1789).
Je cite Wiki :
L’édit de Versailles est un édit de tolérance signé par Louis XVI le 7 novembre 1787 et enregistré au parlement le 29 janvier 1788, qui permit aux personnes non catholiques de bénéficier de l'état civil sans devoir se convertir au catholicisme. Quant au culte, il précisait que « la religion catholique [...] jouira seule, dans notre royaume, des droits et des honneurs du culte public ».
L’édit de Versailles, communément connu sous le nom d’« édit de tolérance », donnait aux non-catholiques de France un statut juridique et civil, incluant le droit de contracter un mariage civil sans avoir à se convertir à la religion catholique qui demeurait la religion officielle du royaume de France.
Les principaux concernés furent les protestants mais aussi les juifs. La signature de l’édit de Nantes, le 13 avril 1598, par Henri IV avait initialement accordé aux huguenots la même liberté de pratiquer leur foi qu’à ses sujets catholiques, droits révoqués avec l’édit de Fontainebleau de Louis XIV le 18 octobre 1685. Malgré l’assouplissement de l’application de cet édit sous le règne de Louis XV, celui-ci est resté en vigueur pendant cent deux ans.
L’édit de Versailles conservait le catholicisme comme religion d’État du royaume de France, mais ses décrets réduisaient à néant l’édit de Fontainebleau en soulageant les non-catholiques — calvinistes, luthériens et juifs.
Toutefois, l’application de cet édit connut des exceptions dont la plus notable fut le Parlement de Metz qui prit des mesures en excluant explicitement les juifs. C'est ainsi qu'en 1789, les juifs du Sud-Ouest de la France purent participer à la rédaction des cahiers de doléances au contraire de leurs coreligionnaires de l'Est de la France.
L’édit de Versailles ne reconnaissait donc aucunement la religion protestante, mais il s’agit d'une étape importante dans la pacification des tensions du pays en signifiant officiellement la fin des persécutions religieuses en France.
Inspiré des arguments persuasifs d’éminents philosophes français et de personnalités littéraires de l’époque, comme Anne-Robert-Jacques Turgot et l’Américain Benjamin Franklin, ou même de simples pasteurs comme Jean Jarousseau, la mise en œuvre de l'édit est le fait conjoint de Malesherbes, ministre de Louis XVI, et de Rabaut Saint-Étienne, porte-parole de la communauté protestante de France.
Il faudra attendre deux années supplémentaires pour que la liberté religieuse soit enfin accordée à presque tous en France, avec la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, tous les Juifs de France n'en bénéficiant qu'à partir de 1791.
* Source et infos complémentaires : Wikipédia - Edit de Versailles
______________
Vous retrouverez l'énoncé de cet édit en ligne ici : Edit de Versailles 1787
Le mot "juif" n'est d'ailleurs pas écrit une seule fois.
Édit de tolérance (1787), signé par Louis XVI, accordant l'état civil aux non catholiques.
Archives nationales
Image : Wikipedia
Je cite quelques extraits :
Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : à tous présents et à venir ; salut.
(...)
La religion catholique, que nous avons le bonheur de professer, jouira seule, dans notre royaume, des droits et des honneurs du culte public, tandis que nos autres sujets non catholiques, privés de toute influence sur l'ordre établi dans nos états, déclarés d'avance et à jamais incapables de faire corps dans notre royaume, soumis à la police ordinaire pour l'observation des fêtes, ne tiendront de la loi que ce que le droit naturel ne nous permet pas de leur refuser, de faire constater leurs naissances, leurs mariages et leurs morts, afin de jouir, comme tous nos autres sujets des effets civils qui en résultent. A ces causes etc...
I
La religion catholique, apostolique et romaine, continuera à jouir seule, dans notre royaume, du culte public, et la naissance, le mariage et la mort de ceux de nos sujets qui la professent, ne pourront, dans aucun cas, être constatés que suivant les titres et usages de ladite religion autorisée par nos ordonnances.
Permettons néanmoins à ceux de nos sujets qui professent une autre religion que la religion catholique, apostolique et romaine, soit qu'ils soient actuellement domiciliés dans nos états, soit qu'ils viennent s'y établir dans la suite, d'y jouir de tous les biens et droits qui peuvent ou pourront leur appartenir à titre de propriété ou à titre successif, et d'y exercer leurs commerces, arts, métiers et professions sans que, sous prétexte de leur religion, ils puissent y être troublés ni inquiétés.
Exceptons néanmoins des dites professions, toutes les charges de judicature, ayant provision de nous ou des seigneurs, les municipalités érigées en titre d'office, et ayant fonction de judicature, et toutes les places qui donnent le droit d'enseignement public.
II
Pourront en conséquences, ceux de nos sujets ou étrangers domiciliés dans notre royaume qui ne seraient pas de la religion catholique, y contracter des mariages dans la forme qui sera ci après prescrite ; voulons que lesdits mariages puissent avoir dans l'ordre civil, à l'égard de ceux qui les auront contractés dans ladite forme, et de leurs enfants, les mêmes effets que ceux qui seront contractés et célébrés dans la forme ordinaire par nos sujets catholiques.
III
N'entendons néanmoins, que ceux qui professeront une religion différente de la religion catholique, puissent se regarder comme formant dans notre royaume un corps, une communauté ou une société particulière, ni qu'ils puissent, à ce titre, former en nom collectif aucune demande, donner aucune procuration, prendre aucune délibération, faire aucune acquisition, ni aucun autre acte quelconque. Faisons très-expresses inhibitions et défenses à tous juges, greffiers, notaires ou autres officiers publics, de répondre, recevoir ou signer lesdites demandes, procurations délibérations ou autres actes, à peine d'interdiction ; et à tous nos sujets de se dire fondés de pouvoir desdites prétendues communautés ou sociétés, à peine d'être réputés fauteurs et protecteurs d'assemblées et association illicites, et comme tels, punis suivant la rigueur des ordonnances.
IV
Ne pourrons non plus ceux qui se prétendaient ministres ou pasteurs d'une autre religion que la religion catholique, prendre ladite qualité dans aucun acte, porter en public un habit différent de celui des autres de ladite religion, n'y s'attribuer aucune prérogative ni distinction; leur défendons spécialement de s'ingérer à ne délivrer aucun certificats de mariages, naissances ou décès, lesquels nous déclarons dès à présent nuls et de nul effet, sans qu'en aucun cas, nos juges ni autres ne puissent y avoir égard.
V
Faisons pareillement défense à tous nos sujets ou étrangers demeurant ou voyageant dans nos états, de quelque religion qu'ils puissent être, de s'écarter du respect dû à la religion catholique et à ses saintes cérémonies, à peine, contre ceux qui se permettraient en public des actions ou des discours qui y seraient contraires, d'être poursuivis et jugés dans toute la rigueur des ordonnances, et comme le seraient ou devraient l'être en pareil cas ceux de nos sujets qui professent ladite religion.
VI
Leur enjoignons de se conformer aux règlements de police à l'égard de l'observation des dimanches et des fêtes commandées, à l'effet de quoi ne pourront vendre ni établir boutique ouverte lesdits jours.
VII
Voulons en outre que tous particuliers, de quelque qualité et condition qu'ils soient, établis dans notre royaume, et qui ne professeraient pas la religion catholique, soient tenus de contribuer, comme nos autres sujets, et à proportion de leurs biens et facultés, aux entretiens, réparations et reconstructions des églises paroissiales, chapelles, presbytères, logements des prêtres séculiers ou religieux employés à la célébration du service divin, et généralement à toutes les charges de cette nature, dont nos sujets catholiques peuvent être tenus.
Etc, etc.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
L’édit de Versailles, communément connu sous le nom d’« édit de tolérance », donnait aux non-catholiques de France un statut juridique et civil, incluant le droit de contracter un mariage civil sans avoir à se convertir à la religion catholique qui demeurait la religion officielle du royaume de France.
Rah ! fichues religions !!!
C'était un tout petit pas en avant, bien timide, bien hésitant . Mais, même s'il faut prendre note de la bonne volonté de Louis XVI, la société française de l'Ancien-Régime était d'un inégalitarisme insupportable, inique.
Il était temps de faire la Révolution ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
L'amant de la reine - Fersen - étant protestant, il est certain que Marie-Antoinette était favorable à l'égalité des droits pour les protestants et les juifs.
Il est même fort possible qu'elle ait encouragé Louis XVI à signer l'édit de Tolérance de 1787 (point à creuser).
On sait que c'est à partir de 1787 que la reine monte au Conseil du roi et commence véritablement à prendre part à la chose publique.
Il est même fort possible qu'elle ait encouragé Louis XVI à signer l'édit de Tolérance de 1787 (point à creuser).
On sait que c'est à partir de 1787 que la reine monte au Conseil du roi et commence véritablement à prendre part à la chose publique.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
Duc d'Ostrogothie a écrit:L'amant de la reine - Fersen - étant protestant, il est certain que Marie-Antoinette était favorable à l'égalité des droits pour les protestants et les juifs.
Fersen était protestant et circoncis ?
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Libres et égaux. L'émancipation des Juifs 1789-1791. De Robert Badinter
Gouverneur Morris a écrit:
Fersen était protestant et circoncis ?
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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