Le cimetière des Errancis

À la fin du XVIIIème siècle, vers le haut de la rue du Rocher, entre l'enceinte des Fermiers généraux, dont le tracé est aujourd'hui marqué par le boulevard de Courcelles et la rue de Valois-du-Roule, aujourd'hui rue de Monceau, un terrain vague s'étendait de la rue du Rocher jusqu'à la folie de Chartres, aujourd'hui parc Monceau.



Du fait de la saturation du cimetière de la Madeleine ce terrain en partie dévolu au maraîchage, servit en 1794 de lieu d'inhumation ordinaire, du 5 au 25 mars, puis de lieu d'inhumation pour 1 119 personnes guillotinées pendant la Révolution française, du 25 mars au 10 juin.



Furent inhumés, entre juillet 1793 et mai 1795 :

-  24 mars 1794 : Jacques-René Hébert.
-  5 avril 1794 : les Indulgents, dont notamment François Chabot, Georges Danton, Jean-François Delacroix, Camille Desmoulins, Philippe-François-Nazaire Fabre d'Églantine, Jean-Marie Hérault de Séchelles, François-Joseph Westermann, Claude Basire, Joseph Delaunay.
-  13 avril 1794 : Pierre Gaspard Chaumette, Lucile Desmoulins, Marie Marguerite Françoise Hébert.
-  22 avril 1794 : Chrétien de Lamoignon de Malesherbes (avocat de Louis XVI à son procès).
-  8 mai 1794 : le chimiste Antoine de Lavoisier.
-  10 mai 1794 : Madame Élisabeth sœur de Louis XVI), Louis-Marie-Athanase de Loménie de Brienne et les autres victimes du jour. Sous la Restauration, des fouilles furent en vain menées pour retrouver les restes d'Élisabeth de France.
-  28 juillet 1794 : les robespierristes, dont Robespierre, son frère Augustin Robespierre, Saint-Just, Georges Couthon, le cordonnier Simon, François Hanriot, et le maire de Paris, Jean-Baptiste Fleuriot-Lescot.
-  7 mai 1795 : Gilbert Romme, Martial Herman, Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire.


Anne Bernet nous y emmène      
après l'exécution de Madame Elisabeth ...





Un bal s'y installa au début du XIXème siècle jusqu'à ce que le prolongement de la rue de Miromesnil et le percement du boulevard Malesherbes viennent morceler le terrain.

Les ossements retrouvés à l'occasion des travaux furent transportés pêle-mêle aux catacombes de Paris.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_des_Errancis

- 10 mai 1794 : Madame Élisabeth sœur de Louis XVI), Louis-Marie-Athanase de Loménie de Brienne et les autres victimes du jour.

C'est à dire :

- Mme de Montmorin, veuve du ministre massacré en septembre 92
- et son fils Calixte, 22 ans
- la marquise de Sénozan, octogénaire, soeur de Malesherbes
- Loménie de Brienne, non pas le contrôleur général mais son frère Louis-Marie-Athanase
- et ses trois fils
- le chanoine de Champbertrand, prêtre réfractaire
- la marquise de Crussol d'Amboise
- la marquise de l'Aigle
- Mme de Rosset
- Mme de Rosset-Cercy
- Claude de Cressy, un jeune officier.

Mme de Sérilly a été graciée ( en attendant ... ) pour cause de grossesse

24 personnes partirent à l'échafaud avec Madame Élisabeth, pas tous des « ci-devant »  
Denise Buard, 52 ans
Jean-Baptiste Dubois, 41 ans domestique
Georges Foloppe, 64 ans officier municipal
Théodore Hall, 26 ans, manufacturier
Louis-Marie-Anasthase Lemoine, 64 ans, ex ministre
Louis-Pierre-Marcel Letellier, 21 ans, employé
Jean-baptiste Lhoste, 47 ans domestique

Merci, chère Marie-Jeanne, pour cette précision .
Ces autres victimes ne sont jamais nommées . Elles ont pourtant subi le même sort atroce.

Marie-Jeanne a écrit:
Louis-Marie-Anasthase Lemoine, 64 ans, ex ministre

Il y a une petite erreur de nom . Ce n'est pas Lemoine mais Loménie : Louis-Marie-Anasthase de Loménie de Brienne.
Ce frère du contrôleur général bien connu était en effet lui-même ex-secrétaire d'État à la Guerre.
Il figure dans la liste ci-dessus ... avec ses trois fils .

En effet, il s'agit bien de Loménie qui périt ce jour avec ses trois fils et aussi sa fille Anne-Marie-Charlotte, épouse du marquis de Canisy lui même émigré en Angleterre avec leurs enfants.

Les victimes plébéiennes de la guillotine, pourtant innombrables, sont malheureusement quasi effacées du « roman national » épuré de ses horreurs.

lorsque je passais par la rue du rocher, je m'arrêtais à la boulangerie qui fait l'angle de la rue élevée sur l'emplacement du cimetière, j'achetais un morceau de pain et pensais à tous les fantômes qui habitent l'immeuble !!!!!!

MARIE ANTOINETTE

Et pourtant, Pierre François Martial, fils adoptif de Louis-Marie-Athanase de Loménie de Brienne, et prêtre jureur, avait prêté serment à la Constitution civile du clergé ...
Comme quoi, la Révolution ne faisait pas de quartiers !  
Allez, zou !

A la Restauration, il fut impossible de retrouver la princesse. On le reprocha à Louis XVIII et Charles X . Ils renoncèrent aussi à acquérir le cimetière des Errancis et à y faire élever un monument expiatoire. Ce choix s'explique cependant par la diversité des suppliciés ensevelis en ce lieu. S'il était bon d'honorer la mémoire de la princesse et de ses compagnons, de Malesherbes et des siens, des victimes innocentes de la Terreur, et même de Mmes Desmoulins et Hébert, il était inenvisageable d'en faire autant pour Danton, Desmoulins; Westermann, Fabre d'Eglantine, Chaumette et plus encore Hébert et ses amis. Mieux valait renoncer.
Provence avait été tellement saisi en apprenant la mort d'Elisabeth qu'il en resta malade de douleur pendant trois jours " et sans pouvoir pleurer "; le chagrin d'Artois fut pire encore . On ne peut les soupçonner d'avoir " oublié " leur soeur. Les années passant, le souvenir se perdit. Les entrepreneurs qui lotissaient vers 1860 le quartier du Parc Monceau tombèrent sur des restes humains dont ils ne cherchèrent pas à connaître l'origine et qui furent portés aux Catacombes où reposaient les défunts sortis, sous Louis XVI , du cimetière des Innocents. Peut-être Madame Elisabeth y repose-t-elle encore .

( Anne Bernet, Madame Elisabeth )