Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
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Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
Tiens ? Je pensais que nous avions déjà ouvert un sujet, évoquant ce célèbre cabinet noiiiiiiiiiiiir (pour reprendre une formule utilisée il y a peu de temps ).
Ou bien ne l'ai-je pas retrouvé ?
Bref, la semaine passée, l'émission de radio Autant en emporte l'Histoire nous donnait un aperçu de ce qu'était le Secret de Louis XV.
La première partie est une fiction, consacrée à Louis de la Rozière, espion de Louis XV, qui rencontre le redoutable chevalier d'Eon.
En seconde partie d'émission, Stéphanie Duncan recevait Jean-Christian Petitfils venu évoquer ce ministère secret, au service du roi.
Si l'émission vous intéresse (durée 50mn), c'est ici : https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-28-mai-2017
Références bibliographiques :
Les espions des Lumières
Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV
De Stéphane Genêt
Editions du ministère de la Défense (SGA/DMPA) et du Nouveau Monde
Présentation :
Objet de fantasmes, l'espion d’armée prend de l’importance sous le règne de Louis XV marqué par de nombreux conflits.
Marginal, méconnu et mal considéré, cet espion n’est pourtant pas uniquement porté par l’appât du gain : le goût de l’aventure, la reconnaissance sociale ou encore un patriotisme naissant lors de la guerre de Sept Ans, sont autant de motivations.
De la guerre de Succession de Pologne (1733) à la disgrâce de Choiseul (1770), cet ouvrage pionnier étudie le renseignement militaire français à travers ses multiples facettes (recrutement des agents, réseaux, hiérarchie, sources, modes d’action, risques encourus…) tout en esquissant à grands traits les enjeux stratégiques de cette période.
Grâce à un travail fouillé sur les archives et les écrits d’époque, Stéphane Genêt nous éclaire sur ces acteurs en marge de la société civile et de la sphère militaire : les espions des Lumières.
Ou bien ne l'ai-je pas retrouvé ?
Bref, la semaine passée, l'émission de radio Autant en emporte l'Histoire nous donnait un aperçu de ce qu'était le Secret de Louis XV.
La première partie est une fiction, consacrée à Louis de la Rozière, espion de Louis XV, qui rencontre le redoutable chevalier d'Eon.
En seconde partie d'émission, Stéphanie Duncan recevait Jean-Christian Petitfils venu évoquer ce ministère secret, au service du roi.
Si l'émission vous intéresse (durée 50mn), c'est ici : https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-28-mai-2017
Références bibliographiques :
Les espions des Lumières
Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV
De Stéphane Genêt
Editions du ministère de la Défense (SGA/DMPA) et du Nouveau Monde
Présentation :
Objet de fantasmes, l'espion d’armée prend de l’importance sous le règne de Louis XV marqué par de nombreux conflits.
Marginal, méconnu et mal considéré, cet espion n’est pourtant pas uniquement porté par l’appât du gain : le goût de l’aventure, la reconnaissance sociale ou encore un patriotisme naissant lors de la guerre de Sept Ans, sont autant de motivations.
De la guerre de Succession de Pologne (1733) à la disgrâce de Choiseul (1770), cet ouvrage pionnier étudie le renseignement militaire français à travers ses multiples facettes (recrutement des agents, réseaux, hiérarchie, sources, modes d’action, risques encourus…) tout en esquissant à grands traits les enjeux stratégiques de cette période.
Grâce à un travail fouillé sur les archives et les écrits d’époque, Stéphane Genêt nous éclaire sur ces acteurs en marge de la société civile et de la sphère militaire : les espions des Lumières.
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 15 Avr 2023, 17:45, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
Merci cher LNLN pour cette info !
Je me permets d'ajouter une référence passionnante et incontournable, en 3 volumes :
Trente ans durant, de par la volonté de Louis XV et sous la direction du prince de Conti, puis du comte de Broglie, un service secret _ le Secret du Roi _ fonctionne à l'insu des ministres et de la cour. Son objectif? Asseoir Conti sur le trône de Pologne, seul trône électif en Europe. Dans un deuxième temps, après le désastreux traité de Paris qui conclut la guerre de Sept Ans, il s'agit d'organiser la revanche contre l'Angleterre, notamment en préparant un débarquement sur la côte anglaise.
Si l'on s'intéresse à l'Histoire, et aux affaires secrètes, comment ne pas se passionner pour ce réseau clandestin dont quelques agents s'appellent Vergennes, d'Eon, Breteuil, autour duquel gravitent un Beau-marchais ou un Dumouriez, et qui aura pour adversaires acharnés la marquise de Pompadour et Choiseul? Techniquement, le Secret du Roi fait entrer la France dans l'ère du renseignement moderne: réseau nombreux, strictement cloisonné, à vocation européenne, poursuivant des objectifs à long terme. Nous sommes loin des missions ponctuelles confiées, par exemple, à l'excellent agent que fut Voltaire. Aussi bien les péripéties qui scandent l'histoire du Secret sont-elles de même sorte que celles qui ébranlent nos services contemporains: lutte toujours recommencée entre chiffreurs et casseurs de codes adverses, morts suspectes, défections imprévisibles, retournement d'agent, avec, pour les chefs du Secret, la hantise permanente _ hélas, trop souvent justifiée... _ d'être " lâchés " par l'autorité suprême, en l'occurrence Louis XV.
Il n'était pas aisé d'écrire une histoire imbriquée à ce point dans la grande Histoire: comment raconter l'action souterraine du comte de Broglie et de ses agents sans évoquer la politique française officielle, qu'ils avaient le plus souvent mission de neutraliser, voire de contrecarrer? En revanche, la chronique mouvementée du Secret est plus facile à reconstituer que celle de n'importe quel autre service passé ou présent, car tout était écrit (ordres de Louis XV, directives de De Broglie, rapports des agents), et les archives, à quelques déficits près, nous sont parvenues intactes.
Voués de leur vivant à l'obscurité, les hommes des services en sont rarement tirés par la postérité. On a tenté de faire revivre ici les figures de quelques personnages remarquables par le courage, l'intelligence et le dévouement, qui tentèrent, en s'y brisant le plus souvent, de modifier le cours de l'Histoire.
Préparer la revanche sur l'Angleterre après le désastreux traité de Paris (1763): telle est la mission confiée par Louis XV à son " Secret ". Charles de Broglie, chef du service, envoie des espions repérer les côtes anglaises en vue d'un débarquement. Tout s'accomplit à merveille quand le chevalier d'Eon, jusqu'alors impeccable, plonge le roi de France et Broglie dans les angoisses en menaçant de faire défection et de révéler l'entreprise aux Anglais. Il s'ensuit des péripéties qu'un Alexandre Dumas n'aurait pas osé imaginer. Pour la première fois, des hommes du service connaissent les affres de la Bastille...
Catastrophe en Pologne, qui subit son premier démembrement. Succès en Suède grâce à Vergennes, éminent agent du Secret. Guerre toujours recommencée entre chiffreurs et casseurs de codes. Epuisante guérilla contre la comtesse du Barry qui a pris le relais de feue la marquise de Pompadour et s'ingénie à neutraliser une organisation qui lui échappe. Charles de Broglie parviendra-t-il à conjurer les périls? Pour sauver le Secret, il propose d'employer ses agents à récupérer un pamphlet scandaleux, imprimé à Londres, attaquant la Du Barry sur son passé galant. Mais c'est Beaumarchais, entré à son tour au service secret du roi après de violentes tribulations judiciaires, qui travaillera à sauver la réputation de la favorite.
Trahi par un ministre dont il croyait à juste titre s'être mérité la reconnaissance, Broglie se trouve bientôt dans une situation si désespérée qu'il envisage de se constituer prisonnier à la Bastille, où l'ont précédé Dumouriez et quelques autres. Louis XV meurt, le 10 mai 1774, alors que le Secret subit le pire désastre de son histoire mouvementée.
Louis XV meurt le 10 mai 1774. Son petit-fils Louis XVI décide de dissoudre le " Secret ", service créé dix-huit ans plus tôt par feu le roi. Le service disparu, ses agents demeurent, et l'on peut compter sur Charles de Broglie pour ne pas assister les bras croisés aux grands événements qui vont secouer le monde. Mais il faut désormais agir dans une stricte clandestinité. L'Amérique bouge. Les Insurgents entament la lutte pour l'indépendance. Tandis que Beaumarchais s'improvise armateur et fournisseur d'armes, l'équipe de Broglie se mobilise pour envoyer aux Américains les cadres militaires indispensables. Gilbert de La Fayette, dix-neuf ans, héros emblématique de l'appui décisif apporté par la France aux jeunes Etats-Unis, aurait-il rencontré son destin sans Charles de Broglie? Broglie lui-même, enfin délivré de la paralysante tutelle royale, a-t-il quelque chance de réussir dans le projet le plus extraordinaire jamais conçu par son ardente imagination? Les longs cheminements décrits dans les deux tomes précédents trouvent dans celui-ci leur point de réunion. La fièvre américaine les emporte tous, de Broglie à Beaumarchais, de La Fayette à Dumouriez. Au-delà des péripéties et des déceptions individuelles, c'est dans le Nouveau Monde que les espérances trop longtemps bridées en Europe vont trouver à s'accomplir.
(disponible également en poche)
Je me permets d'ajouter une référence passionnante et incontournable, en 3 volumes :
Trente ans durant, de par la volonté de Louis XV et sous la direction du prince de Conti, puis du comte de Broglie, un service secret _ le Secret du Roi _ fonctionne à l'insu des ministres et de la cour. Son objectif? Asseoir Conti sur le trône de Pologne, seul trône électif en Europe. Dans un deuxième temps, après le désastreux traité de Paris qui conclut la guerre de Sept Ans, il s'agit d'organiser la revanche contre l'Angleterre, notamment en préparant un débarquement sur la côte anglaise.
Si l'on s'intéresse à l'Histoire, et aux affaires secrètes, comment ne pas se passionner pour ce réseau clandestin dont quelques agents s'appellent Vergennes, d'Eon, Breteuil, autour duquel gravitent un Beau-marchais ou un Dumouriez, et qui aura pour adversaires acharnés la marquise de Pompadour et Choiseul? Techniquement, le Secret du Roi fait entrer la France dans l'ère du renseignement moderne: réseau nombreux, strictement cloisonné, à vocation européenne, poursuivant des objectifs à long terme. Nous sommes loin des missions ponctuelles confiées, par exemple, à l'excellent agent que fut Voltaire. Aussi bien les péripéties qui scandent l'histoire du Secret sont-elles de même sorte que celles qui ébranlent nos services contemporains: lutte toujours recommencée entre chiffreurs et casseurs de codes adverses, morts suspectes, défections imprévisibles, retournement d'agent, avec, pour les chefs du Secret, la hantise permanente _ hélas, trop souvent justifiée... _ d'être " lâchés " par l'autorité suprême, en l'occurrence Louis XV.
Il n'était pas aisé d'écrire une histoire imbriquée à ce point dans la grande Histoire: comment raconter l'action souterraine du comte de Broglie et de ses agents sans évoquer la politique française officielle, qu'ils avaient le plus souvent mission de neutraliser, voire de contrecarrer? En revanche, la chronique mouvementée du Secret est plus facile à reconstituer que celle de n'importe quel autre service passé ou présent, car tout était écrit (ordres de Louis XV, directives de De Broglie, rapports des agents), et les archives, à quelques déficits près, nous sont parvenues intactes.
Voués de leur vivant à l'obscurité, les hommes des services en sont rarement tirés par la postérité. On a tenté de faire revivre ici les figures de quelques personnages remarquables par le courage, l'intelligence et le dévouement, qui tentèrent, en s'y brisant le plus souvent, de modifier le cours de l'Histoire.
Préparer la revanche sur l'Angleterre après le désastreux traité de Paris (1763): telle est la mission confiée par Louis XV à son " Secret ". Charles de Broglie, chef du service, envoie des espions repérer les côtes anglaises en vue d'un débarquement. Tout s'accomplit à merveille quand le chevalier d'Eon, jusqu'alors impeccable, plonge le roi de France et Broglie dans les angoisses en menaçant de faire défection et de révéler l'entreprise aux Anglais. Il s'ensuit des péripéties qu'un Alexandre Dumas n'aurait pas osé imaginer. Pour la première fois, des hommes du service connaissent les affres de la Bastille...
Catastrophe en Pologne, qui subit son premier démembrement. Succès en Suède grâce à Vergennes, éminent agent du Secret. Guerre toujours recommencée entre chiffreurs et casseurs de codes. Epuisante guérilla contre la comtesse du Barry qui a pris le relais de feue la marquise de Pompadour et s'ingénie à neutraliser une organisation qui lui échappe. Charles de Broglie parviendra-t-il à conjurer les périls? Pour sauver le Secret, il propose d'employer ses agents à récupérer un pamphlet scandaleux, imprimé à Londres, attaquant la Du Barry sur son passé galant. Mais c'est Beaumarchais, entré à son tour au service secret du roi après de violentes tribulations judiciaires, qui travaillera à sauver la réputation de la favorite.
Trahi par un ministre dont il croyait à juste titre s'être mérité la reconnaissance, Broglie se trouve bientôt dans une situation si désespérée qu'il envisage de se constituer prisonnier à la Bastille, où l'ont précédé Dumouriez et quelques autres. Louis XV meurt, le 10 mai 1774, alors que le Secret subit le pire désastre de son histoire mouvementée.
Louis XV meurt le 10 mai 1774. Son petit-fils Louis XVI décide de dissoudre le " Secret ", service créé dix-huit ans plus tôt par feu le roi. Le service disparu, ses agents demeurent, et l'on peut compter sur Charles de Broglie pour ne pas assister les bras croisés aux grands événements qui vont secouer le monde. Mais il faut désormais agir dans une stricte clandestinité. L'Amérique bouge. Les Insurgents entament la lutte pour l'indépendance. Tandis que Beaumarchais s'improvise armateur et fournisseur d'armes, l'équipe de Broglie se mobilise pour envoyer aux Américains les cadres militaires indispensables. Gilbert de La Fayette, dix-neuf ans, héros emblématique de l'appui décisif apporté par la France aux jeunes Etats-Unis, aurait-il rencontré son destin sans Charles de Broglie? Broglie lui-même, enfin délivré de la paralysante tutelle royale, a-t-il quelque chance de réussir dans le projet le plus extraordinaire jamais conçu par son ardente imagination? Les longs cheminements décrits dans les deux tomes précédents trouvent dans celui-ci leur point de réunion. La fièvre américaine les emporte tous, de Broglie à Beaumarchais, de La Fayette à Dumouriez. Au-delà des péripéties et des déceptions individuelles, c'est dans le Nouveau Monde que les espérances trop longtemps bridées en Europe vont trouver à s'accomplir.
(disponible également en poche)
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
Merci beaucoup pour ces lectures, LNLN, et Gouverneur !
Pour ma part, j'en suis à Jean-Christian Petitfils, dont je me régale.....
Je note précieusement les titres présentés en sus;
Pour ma part, j'en suis à Jean-Christian Petitfils, dont je me régale.....
Je note précieusement les titres présentés en sus;
Invité- Invité
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
En effet, la lecture de cette fresque historique de Gilles Perrault est pour moi un excellent souvenir de lecture.
Je croyais pourtant avoir déjà cité cette référence ici, mais je ne retrouve pas le sujet.
Peut-être dans celui consacré à Eon ? Ou Broglie ?
Peu importe, merci de l'avoir fait ici Gouv'...
Je croyais pourtant avoir déjà cité cette référence ici, mais je ne retrouve pas le sujet.
Peut-être dans celui consacré à Eon ? Ou Broglie ?
Peu importe, merci de l'avoir fait ici Gouv'...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Les espions des Lumières et le " Secret " du roi Louis XV
La nuit, la neige a écrit:mais je ne retrouve pas le sujet.
Là, pour le coup, je me sens moins seule.........Je le disais bien, ce forum est très riche.........
Mais ( je persiste) il est néanmoins bien classé; Alors ?
Est-il possible d'affiner la fonction "recherche" ??? Je ne vois pas trop trop comment, du coup........
Invité- Invité
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
L'émission de radio Le cours de l'Histoire (France Culture) était consacrée, toute cette semaine, à l'Histoire de l'espionnage.
Le deuxième épisode nous intéresse, puisqu'il est question de l'espionnage au 18e siècle.
Au service de sa Majesté, les chevaliers espions
L'espionnage prend une tournure inédite au siècle des Lumières avec l'émergence de la diplomatie européenne et les avancées technologiques. La pratique du renseignement se structure avec les réseaux d'espionnages, comme celui de Louis XV, le Secret du Roi.
Louis XV, roi de France (détail)
Charles André van Loo, dit Carle van Loo
Huile sur toile, 18e siècle
reprise autographe du tableau en pied conservé aujourd'hui à Versailles, dans laquelle Charles Parrocel collabora avec Carle van Loo.
Image : Pinterest
L'Europe des Lumières, nid d'espion
Au XVIIIe siècle, les espions appliquent un certain nombre de fondamentaux de l'action secrète et du rôle de l'espion, tel qu'on peut le connaître depuis l'Antiquité, comme le raconte Stéphane Genêt, auteur des Espions des Lumières. Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV (Nouveau Monde, 2017). Alors que le renseignement est en lien étroit avec la diplomatie à l'époque de Louis XIV, il y a plus de modernité chez les espions des Lumières, qui sont davantage des aventuriers.
La guerre de Succession d’Espagne bouleverse durablement les relations internationales européennes : à l’hégémonie franco-espagnole se substitue un équilibre des puissances inédit. Les contours de la diplomatie moderne s’esquissent peu à peu et le renseignement prend une importance jamais atteinte auparavant. Les espions essaiment dans les cours d’Europe et appartiennent aux réseaux déployés par les diplomates. "Une législation autorise la diplomatie entre les différentes cours avec des règles précises. L'espionnage, c'est tout ce qui sort de ces règles-là" explique Stéphane Genêt. "Personne ne se revendique espion au XVIIIe siècle. C'est un terme infamant, ajoute l'historien. Les espions sont des gens qu'on n'apprécie pas, mais dont on a besoin. Un souverain n'a pas d'espion, il a des agents. Les espions sont toujours ceux des autres."
S'il n'était pas un espion au sens stricte, le chevalier d’Éon est un diplomate fascinant notamment par le récit qu'il fait de son parcours, de manière largement romancée comme le souligne l'historienne Évelyne Lever. "Devenu diplomate sur le tas, il est aussi devenu un agent de renseignement et a appartenu au Secret du Roi, c'est-à-dire la diplomatie secrète de Louis XV." Chargé de missions confidentielles, le chevalier d’Éon est par exemple envoyé en Angleterre pour concocter un plan secret d’invasion sous couvert de négociations de paix ou en Russie pour entreprendre une alliance inédite avec la tsarine Élisabeth. "C'est lui qui fait transiter les lettres personnelles de Louis XV avec Élisabeth. Il achemine cette correspondance secrète dans un exemplaire de L'Esprit des lois. Mais ça n'a pas changé grand chose à la diplomatie" remarque Évelyne Lever, auteure de Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (avec Maurice Lever, Fayard, 2009).
L'émergence des réseaux d'espions
Les espions sont aussi des civils anonymes, chargés de missions de renseignement à la faveur des circonstances. Il peut s’agir de paysans proches des lignes ennemies chargés d’informer l’armée quant aux positions ou au nombre des troupes adverses, ou de perruquiers qui tâchent discrètement de soutirer des informations aux têtes qu’ils coiffent… Appât du gain, loyauté au roi ou goût de l’aventure, les motivations ne manquent pas pour devenir espion, malgré les risques du métier. Les espions des Lumières usent de méthodes diverses pour arriver à leurs fins, de l’encre sympathique au déguisement en passant par l’interception des correspondances.
Dans cette frénésie du renseignement, les agents se multiplient également au sein même du territoire. Ils sont chargés de surveiller les activités des populations les plus suspectes et de veiller sur les zones stratégiques. Ces activités entretiennent un climat de suspicion permanent, qui explique aussi la généralisation du passeport au XVIIIe siècle. Selon Stéphane Genêt, "à la différence des réseaux contemporains, les réseaux du XVIIIe siècle sont des réseaux personnels, attachés généralement à des ministres. Il y a le celui du secrétaire d'État à la guerre, celui des Affaires étrangères, le réseau du souverain. L'information apportée par l'espion est un élément de pouvoir. L'information permet de se mettre en avant et d'être bien vu de ses supérieurs et évidemment, du monarque."
Comment le Secret du Roi a-t-il institutionnalisé et centralisé l’espionnage à la française ? Quelles qualités fallait-il avoir pour être un parfait espion au XVIIIe siècle ? Les espions étaient-ils des personnages appréciés ? Quel type d’informations leur demandait-on de soutirer à l’ennemi ? Quel a été leur rôle dans la politique étrangère de la France des Lumières ?
Nos invités, Stéphane Genêt et Évelyne Lever, décrivent l'espionnage au temps des Lumières.
A réécouter ici (durée 51 mn) : Le cours de l'Histoire (France Culture) - Au service sa Majesté, les chevaliers espions
Le deuxième épisode nous intéresse, puisqu'il est question de l'espionnage au 18e siècle.
Au service de sa Majesté, les chevaliers espions
L'espionnage prend une tournure inédite au siècle des Lumières avec l'émergence de la diplomatie européenne et les avancées technologiques. La pratique du renseignement se structure avec les réseaux d'espionnages, comme celui de Louis XV, le Secret du Roi.
Louis XV, roi de France (détail)
Charles André van Loo, dit Carle van Loo
Huile sur toile, 18e siècle
reprise autographe du tableau en pied conservé aujourd'hui à Versailles, dans laquelle Charles Parrocel collabora avec Carle van Loo.
Image : Pinterest
L'Europe des Lumières, nid d'espion
Au XVIIIe siècle, les espions appliquent un certain nombre de fondamentaux de l'action secrète et du rôle de l'espion, tel qu'on peut le connaître depuis l'Antiquité, comme le raconte Stéphane Genêt, auteur des Espions des Lumières. Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV (Nouveau Monde, 2017). Alors que le renseignement est en lien étroit avec la diplomatie à l'époque de Louis XIV, il y a plus de modernité chez les espions des Lumières, qui sont davantage des aventuriers.
La guerre de Succession d’Espagne bouleverse durablement les relations internationales européennes : à l’hégémonie franco-espagnole se substitue un équilibre des puissances inédit. Les contours de la diplomatie moderne s’esquissent peu à peu et le renseignement prend une importance jamais atteinte auparavant. Les espions essaiment dans les cours d’Europe et appartiennent aux réseaux déployés par les diplomates. "Une législation autorise la diplomatie entre les différentes cours avec des règles précises. L'espionnage, c'est tout ce qui sort de ces règles-là" explique Stéphane Genêt. "Personne ne se revendique espion au XVIIIe siècle. C'est un terme infamant, ajoute l'historien. Les espions sont des gens qu'on n'apprécie pas, mais dont on a besoin. Un souverain n'a pas d'espion, il a des agents. Les espions sont toujours ceux des autres."
S'il n'était pas un espion au sens stricte, le chevalier d’Éon est un diplomate fascinant notamment par le récit qu'il fait de son parcours, de manière largement romancée comme le souligne l'historienne Évelyne Lever. "Devenu diplomate sur le tas, il est aussi devenu un agent de renseignement et a appartenu au Secret du Roi, c'est-à-dire la diplomatie secrète de Louis XV." Chargé de missions confidentielles, le chevalier d’Éon est par exemple envoyé en Angleterre pour concocter un plan secret d’invasion sous couvert de négociations de paix ou en Russie pour entreprendre une alliance inédite avec la tsarine Élisabeth. "C'est lui qui fait transiter les lettres personnelles de Louis XV avec Élisabeth. Il achemine cette correspondance secrète dans un exemplaire de L'Esprit des lois. Mais ça n'a pas changé grand chose à la diplomatie" remarque Évelyne Lever, auteure de Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (avec Maurice Lever, Fayard, 2009).
L'émergence des réseaux d'espions
Les espions sont aussi des civils anonymes, chargés de missions de renseignement à la faveur des circonstances. Il peut s’agir de paysans proches des lignes ennemies chargés d’informer l’armée quant aux positions ou au nombre des troupes adverses, ou de perruquiers qui tâchent discrètement de soutirer des informations aux têtes qu’ils coiffent… Appât du gain, loyauté au roi ou goût de l’aventure, les motivations ne manquent pas pour devenir espion, malgré les risques du métier. Les espions des Lumières usent de méthodes diverses pour arriver à leurs fins, de l’encre sympathique au déguisement en passant par l’interception des correspondances.
Dans cette frénésie du renseignement, les agents se multiplient également au sein même du territoire. Ils sont chargés de surveiller les activités des populations les plus suspectes et de veiller sur les zones stratégiques. Ces activités entretiennent un climat de suspicion permanent, qui explique aussi la généralisation du passeport au XVIIIe siècle. Selon Stéphane Genêt, "à la différence des réseaux contemporains, les réseaux du XVIIIe siècle sont des réseaux personnels, attachés généralement à des ministres. Il y a le celui du secrétaire d'État à la guerre, celui des Affaires étrangères, le réseau du souverain. L'information apportée par l'espion est un élément de pouvoir. L'information permet de se mettre en avant et d'être bien vu de ses supérieurs et évidemment, du monarque."
Comment le Secret du Roi a-t-il institutionnalisé et centralisé l’espionnage à la française ? Quelles qualités fallait-il avoir pour être un parfait espion au XVIIIe siècle ? Les espions étaient-ils des personnages appréciés ? Quel type d’informations leur demandait-on de soutirer à l’ennemi ? Quel a été leur rôle dans la politique étrangère de la France des Lumières ?
Nos invités, Stéphane Genêt et Évelyne Lever, décrivent l'espionnage au temps des Lumières.
A réécouter ici (durée 51 mn) : Le cours de l'Histoire (France Culture) - Au service sa Majesté, les chevaliers espions
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Charles de Broglie, espion du roi Louis XV
Ruffec (Charente. France.) a appartenu à Saint-Simon puis aux Broglie.
par
une bio simple, sympathique, familiale et familière, bien intégrée à l'esprit du temps,
Vous y verrez de près un militaire au service de son Roi.
Vous verrez noir sur blanc comment Mme de Pompadour fait le mal et dispose des militaires au début de la guerre de sept-ans.
Charles de Broglie,
20 Euros
par
Alain Mazère, membre de l’Académie d’Angoumois et du Cercle des auteurs charentais de Paris,
qui doit connaitre plus qu'un peu Ruffec,une bio simple, sympathique, familiale et familière, bien intégrée à l'esprit du temps,
Vous y verrez de près un militaire au service de son Roi.
Vous verrez noir sur blanc comment Mme de Pompadour fait le mal et dispose des militaires au début de la guerre de sept-ans.
Charles de Broglie,
un ruffecois, espion de Louis XV/ etpromoteur de La Fayette
20 Euros
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
Merci cher Charenton ! Broglie, brillant esprit et habile diplomate, mais qui caressait le rêve fou d'être nommé Stadhouder des 13 colonies indépendantes... Il n'avait pas tout compris
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
On le trouvait "fougueux" politiquement pour un role éminent...
N'empeche Ruffec et Charle de Broglie, comme il est hautement expliqué dans ce livre, sont la vraie plate-forme de la guerre d'Amérique. Et c'est peu raconté proprement d'habitude.
Il faut lire ce bon livre.
Voilà l'évocation du Stathouder dans la projection que Charle de Broglie et de son adjoint Kalb se faisait d'un role éminent en Amérique:
* Ruffec: dans le coin on trouve Saint-Simon un peu negligent de ses biens, Broglie agriculteur de patate et assècheur de marais, et Montalembert, deuxième des plus vieilles familles du Poitou/Angoulème qui donnera encore un maréchal de France à la guerre de Sept-ans (interlocuteur du Maréchal de Richelieu en guerre), roi de la fortification, industriel fondeur de Canon de Ruelle (une biographie est dans l'air ou juste parue)
Bataille de Cassel in Gallica avec le rare Journal de la defense de la ville de Cassel, évoqué dans ce livre,.entre belles cartes;
https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22cassel%20broglie%22%29&lang=fr&suggest=0
N'empeche Ruffec et Charle de Broglie, comme il est hautement expliqué dans ce livre, sont la vraie plate-forme de la guerre d'Amérique. Et c'est peu raconté proprement d'habitude.
Il faut lire ce bon livre.
Voilà l'évocation du Stathouder dans la projection que Charle de Broglie et de son adjoint Kalb se faisait d'un role éminent en Amérique:
* Ruffec: dans le coin on trouve Saint-Simon un peu negligent de ses biens, Broglie agriculteur de patate et assècheur de marais, et Montalembert, deuxième des plus vieilles familles du Poitou/Angoulème qui donnera encore un maréchal de France à la guerre de Sept-ans (interlocuteur du Maréchal de Richelieu en guerre), roi de la fortification, industriel fondeur de Canon de Ruelle (une biographie est dans l'air ou juste parue)
Bataille de Cassel in Gallica avec le rare Journal de la defense de la ville de Cassel, évoqué dans ce livre,.entre belles cartes;
https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22cassel%20broglie%22%29&lang=fr&suggest=0
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
C'est intressant ce que vous dites de l'idée qui traine de Stathouder. Bernard Fay, dans sa biogrphie de Louis XVI, en parlant des Orléans (Chartres) dont Louis XVI se mefie dès le début, dit qu'à la Cour on murmure " Guillaume d'Orange." p.104.
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: Les espions et le " Secret " du roi Louis XV
Oh, merci cher Charenton pour ces documents !
J’ai lu pour ma part l’info dans l’excellent Secret du Roi de Gilles Perrault, qui met lui aussi en évidence le rôle clef (et oublié) de Broglie dans les évènements
Pauvre Broglie ! Au moins De Kalb aura eu son avenue à Brooklyn
Et ne parlons pas des héritiers Beaumarchais qui, alors que La Fayette faisait un séjour triomphal au États-Unis sous la Restauration, couvert de gloire, de terres et d’argent par le Congrès, bataillaient avec ce dernier pour obtenir le remboursement des sommes colossales avancées par leur père… que l’assemblée américaine déniaient leur devoir, arguant des engagements de Louis XVI…
J’ai lu pour ma part l’info dans l’excellent Secret du Roi de Gilles Perrault, qui met lui aussi en évidence le rôle clef (et oublié) de Broglie dans les évènements
Pauvre Broglie ! Au moins De Kalb aura eu son avenue à Brooklyn
Et ne parlons pas des héritiers Beaumarchais qui, alors que La Fayette faisait un séjour triomphal au États-Unis sous la Restauration, couvert de gloire, de terres et d’argent par le Congrès, bataillaient avec ce dernier pour obtenir le remboursement des sommes colossales avancées par leur père… que l’assemblée américaine déniaient leur devoir, arguant des engagements de Louis XVI…
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