Dictionnaire amoureux illustré de Versailles de Franck Ferrand

Dictionnaire amoureux illustré de Versailles de Franck Ferrand paru en décembre 2021.

J'ai parcouru rapidement ce dictionnaire qui me semble très bien fait.
Franck Ferrand est passionné par Versailles mais ce n'est pas vraiment un admirateur
de notre Marie-Antoinette.
Ainsi page 187 il écrit entre-autres:

" Bonne fille peut-etre, bonne mère assurément, bonne chrétienne me dit-on, et finalement
bonne Française en dépit des appels à l'ennemi -mais cet ennemi-là n'était-il pas frère et cousin?-
Marie-Antoinette n'en fut pas moins une assez mauvaise reine."


Qu'en pensez-vous? C'est un peu dur, non?

Si, si .

Cela m'étonne un peu de la part de Frank Ferrand habituellement si bien disposé envers Marie-Antoinette. Je suppose que, globalement, le portrait qu'il brosse de la reine est bienveillant mais qu'un souci d'objectivité doit l'obliger nécessairement à pointer les erreurs personnelles ou politiques de la reine. Et qui n'en fait pas ? Quelle reine, dans l'Histoire de France, s'est trouvée dans une position aussi difficile et périlleuse que celle de Marie-Antoinette ? C'est bien simple, aucune.

N'ayant pas lu ce Dictionnaire amoureux illustré de Versailles, je ne peux guère vous en dire davantage .

En ce qui me concerne, ce jugement lapidaire de "mauvaise reine" n'a aucun sens, dans la mesure où il ne paraît pas étayé par quelque argument que ce soit. Comme je l'ai dit dans un autre sujet de ce Forum, Marie-Antoinette, en ce qui concerne la musique par exemple, a été une très grande souveraine. L'auteur aurait écrit qu'elle était une excellente reine que cela n'aurait pas été plus convaincant... J'espère qu'il y a beaucoup mieux dans ce dictionnaire – et surtout beaucoup à apprendre !

L'article de Franck Ferrand consacré à la reine est très décevant. L'auteur y prend des poses de petit maître distribuant ici quelques satisfecit et là bien des blâmes. A vrai dire, c'est un peu le principe d'un tel "dictionnaire" qui invite à la partialité. Il n'empêche...  

J'aimerais citer l'auteur de manière rigoureuse, mais son article m'avait tellement agacé que j'avais décidé de faire l'économie de son livre (ma bibliothèque est pourtant bien loin de ne contenir que des ouvrages ou des avis "favorables" à la reine, ce qui serait bien évidemment un critère bien sot). Je n'ai donc pas le livre sous la main pour le citer. Dans mon souvenir, ce n'est pas tant l'avis de l'auteur qui m'avait posé problème - après tout il est bien libre de penser ce qu'il veut ! - mais bien le ton de suffisance adopté par celui qui se sait largement écouté et prétend donner la cadence. Comme lorsqu'il fait la fine bouche sur les gouts de la reine en matière d'arts décoratifs, déplorant - le pauvre! - ne rien trouver de si remarquable dans ce qui semble pourtant réunir les suffrages de tant d'autres...

A l'image de la citation posée plus haut par le comte Esterhazy, j'ai regretté que l'auteur cherche plus à faire des phrases que de l'histoire dans son article.  

Je me permets de me citer ici, dans le deuxième article consacré à l'étude autour d'un portrait de la reine attribué à Jean-Laurent Mosnier, l'année dernière. A propos du mécénat de la reine et de l'intérêt qu'elle a su montrer pour certains arts, et notamment les arts décoratifs, je faisais ce constat :
D’un côté, l’intérêt croissant pour les intérieurs habités par la reine est aujourd’hui régulièrement entretenu par les programmes de restaurations qui se succèdent à Versailles et dans les autres résidences royales ; de l’autre, les historiens de l'art lisent le luxe et l'élégance, mais ils interprètent rarement ces espaces soigneusement conçus et minutieusement restitués comme la manifestation d'un goût bien informé et encore moins comme la marque d’une connaissance éclairée. Plus de pages sont noircies pour railler les caprices et l’impatience de Marie-Antoinette à faire exécuter tel ou tel programme ou pour dénigrer son goût tapissier de décoratrice compulsive que de réflexions sont lancées pour chercher à distinguer ce qui donne une vraie cohérence à l’univers esthétique qu’elle définit pour elle-même dans ses différentes demeures.

Ce n'est pas chez Monsieur Ferrand, en tout cas pas dans ce dictionnaire, que nous trouverons ne serait-ce que le début d'une réponse à cette question.

Merci pour vos réponses qui confirment ma déception pour Frank Ferrand
avec ce livre et son jugement un peu sévère pour MA.

« Une assez mauvaise Reine » dit Frank Ferrand …
Et pourtant il l’aime, j’en ai la conviction…
À propos de Louis XVI, on dit souvent : « pas un bon roi », « pas un grand roi ».   On comprend alors ce que cela veut dire, qu’on soit d’accord ou pas avec un tel jugement.
Mais une « mauvaise Reine, une bonne Reine », qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? Je trouve ce sujet très intéressant, et l’on a tous, je suppose, des critères différents pour définir une « bonne Reine ».
Au terme de son règne, on est tous unanimes à dire que la Reine Elizabeth II aura été une bonne Reine…
Mais pour Marie Antoinette, c’est une autre affaire… ses détracteurs, encore aujourd’hui considèrent qu’elle a été une mauvaise Reine ( insouciante, dépensière, indifférente aux malheurs du peuple, traître à son pays d’adoption, etc. ). Ses admirateurs, au contraire, ne lui trouvent que des qualités…
Je ne sais ce qu’a voulu dire Ferrand. Ce serait bien qu’il développe sa pensée…
Et pour nous, quelles cases dans la colonne du « bon » coche Marie Antoinette ? Quelles cases aussi, bien sûr, du côté du « mauvais »?
Si l’on interrogeait chacun d’entre nous sur ce sujet, pas sûr que nous serions tous d’accord…
Enfin, osons la comparaison : il n’existe pas de parents parfaits, de rois et de reines non plus, je suppose… Winnicott, grand pédiatre et grand psychanalyste, parlait de « mère suffisamment bonne » pour garantir le développement harmonieux de l’enfant.
Marie-Antoinette était sans doute une « Reine suffisamment bonne »… Peut-être pas assez pour certains…