La Guerre de Sept Ans
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La Guerre de Sept Ans
G7A. Guerre de Sept-Ans. Hastembeck. 1757.
Youtube video parfaite mais en anglais de langue et de point de vue:https://www.youtube.com/watch?v=7zOtlAcfIXs&ab_channel=HouseofHistory
charenton- Messages : 1147
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Guerre de Sept-Ans. Naval; La fortune du père de Chateaubriand
IV
Le père de Chateaubriand – comme on l’a vu dans le texte des Mémoires – ne pouvait compter que sur un chétif avoir. Tout au plus devait-il lui échoir, à la mort de sa mère, une rente de quelques centaines de livres. Au retour de Dantzick, il passa aux îles d’Amérique avec son frère, M. de Chateaubriand du Plessis, afin d’y chercher fortune. Il en revint avec un pécule modeste encore, mais qu’il saura faire fructifier. Marié en 1755 et retenu au port par ses devoirs de chef de famille, puisqu’il ne peut plus être marin, il sera armateur. Aussi bien, le commerce de mer ne déroge pas, surtout en Bretagne, surtout à Saint-Malo. En 1757, le navire la Villegenie, armé par MM. Petel et Leyritz, était en partance pour Saint-Domingue.
René de Chateaubriand y prit un grand nombre d’actions. Le fort intérêt qu’elles représentaient lui permit d’obtenir pour son frère, M. du Plessis, le commandement du navire. On était alors au début de la guerre de Sept-Ans. Au péril de mer se venait donc ajouter le péril de guerre ; mais, en cas d’heureuse issue du voyage, les bénéfices étaient considérables. Malgré les nombreux vaisseaux de guerre anglais qui couvraient les mers, la Villegenie effectua avec succès sa double traversée. Son retour en France avait lieu au lendemain de l’expédition du duc de Marlborough qui, au mois de juin 1758, avait incendié dans le port même de Saint-Malo plus de soixante navires de commerce, parmi lesquels plusieurs étaient richement chargés.
Cette première opération fut donc pour M. de Chateaubriand un vrai coup de fortune.
– 454 –
Encouragé par ce succès, il n’hésita pas, en 1759, à armer le même navire pour son compte et à son risque exclusif. Commandée, comme la première fois, par M. du Plessis, cette seconde expédition, aussi heureuse que la précédente, fut plus fructueuse encore.
En janvier 1760, la guerre durant toujours, René de Chateaubriand arma trois corsaires : le Vautour, l’Amaranthe et la Villegenie, ce dernier toujours commandé par son frère. Après avoir pris aux Anglais quelques navires marchands, la Villegenie fut capturée par le vaisseau de guerre l’Antilope ; mais au tour que venaient de lui jouer les Anglais, M. de Chateaubriand répondit en vrai Malouin : il arma deux nouveaux corsaires, le Jean-Baptiste – qui portait le nom de son fils aîné – et la Providence.
Le traité de Paris (10 février 1763) ayant mis fin aux hostilités entre la France et l’Angleterre, la paix donna un nouveau développement aux opérations commerciales de M. de Chateaubriand. Outre le Jean-Baptiste, il arma pour Terre-Neuve le Paquet d’Afrique, l’Apolline (du nom de sa femme) et l’Amaranthe. Ce fut à bord de ce dernier navire que son frère reprit la navigation. En 1764, le Jean-Baptiste partit pour SaintDomingue, et l’Amaranthe pour les côtes de Guinée, pendant que l’Apolline et le Paquet d’Afrique retournaient à Terre Neuve. Il continua ses entreprises d’armement jusqu’en 1772 ; à partir de cette époque, il se retira peu à peu des affaires. En 1775, il ne mit plus en mer qu’un seul navire, le Saint-René, qu’il expédia à l’Île de France et à l’Île Bourbon sous le commandement de M. Benoît Giron. Le voyage du Saint-René mit fin à la carrière commerciale de M. de Chateaubriand481. Son but était atteint. La fortune de la famille était relevée.
Le 3 mai 1761
_____________________________________
481 Charles Cunat, Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l’enfance de M. de Chateaubriand.
– 455 –
il avait pu acquérir de très haut et très puissant seigneur Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, et de très haute et très puissante dame Louise-Françoise-Maclovie-Céleste de Coëtquen, duchesse de Duras, le château et la terre de Combourg, qui avait été le principal domaine de ses ancêtres. Sur l’acte de baptême de sa fille Julie-Marie-Agathe (la future comtesse de Farcy), le 2 septembre 1763, il put signer : René de Chateaubriand, chevalier, comte de Combourg. Le petit cadet de Bretagne, qui avait eu pour tout héritage une rente de 416 livres, était, lorsqu’il mourut, en 1786, comte de Combourg, baron d’Aubigné, seigneur de Gaugres, du Plessis-l’Épine, du Boulet, de Malestroit-en-Dol et autres lieux.
Source:
[url=//ebooks-bnr.com/ebooks/pdf4/chateaubriand_memoires_outre_tombe1.pdf.]
LE COMTE RENÉ DE CHATEAUBRIAND, ARMATEUR
Le père de Chateaubriand – comme on l’a vu dans le texte des Mémoires – ne pouvait compter que sur un chétif avoir. Tout au plus devait-il lui échoir, à la mort de sa mère, une rente de quelques centaines de livres. Au retour de Dantzick, il passa aux îles d’Amérique avec son frère, M. de Chateaubriand du Plessis, afin d’y chercher fortune. Il en revint avec un pécule modeste encore, mais qu’il saura faire fructifier. Marié en 1755 et retenu au port par ses devoirs de chef de famille, puisqu’il ne peut plus être marin, il sera armateur. Aussi bien, le commerce de mer ne déroge pas, surtout en Bretagne, surtout à Saint-Malo. En 1757, le navire la Villegenie, armé par MM. Petel et Leyritz, était en partance pour Saint-Domingue.
René de Chateaubriand y prit un grand nombre d’actions. Le fort intérêt qu’elles représentaient lui permit d’obtenir pour son frère, M. du Plessis, le commandement du navire. On était alors au début de la guerre de Sept-Ans. Au péril de mer se venait donc ajouter le péril de guerre ; mais, en cas d’heureuse issue du voyage, les bénéfices étaient considérables. Malgré les nombreux vaisseaux de guerre anglais qui couvraient les mers, la Villegenie effectua avec succès sa double traversée. Son retour en France avait lieu au lendemain de l’expédition du duc de Marlborough qui, au mois de juin 1758, avait incendié dans le port même de Saint-Malo plus de soixante navires de commerce, parmi lesquels plusieurs étaient richement chargés.
Cette première opération fut donc pour M. de Chateaubriand un vrai coup de fortune.
– 454 –
Encouragé par ce succès, il n’hésita pas, en 1759, à armer le même navire pour son compte et à son risque exclusif. Commandée, comme la première fois, par M. du Plessis, cette seconde expédition, aussi heureuse que la précédente, fut plus fructueuse encore.
En janvier 1760, la guerre durant toujours, René de Chateaubriand arma trois corsaires : le Vautour, l’Amaranthe et la Villegenie, ce dernier toujours commandé par son frère. Après avoir pris aux Anglais quelques navires marchands, la Villegenie fut capturée par le vaisseau de guerre l’Antilope ; mais au tour que venaient de lui jouer les Anglais, M. de Chateaubriand répondit en vrai Malouin : il arma deux nouveaux corsaires, le Jean-Baptiste – qui portait le nom de son fils aîné – et la Providence.
Le traité de Paris (10 février 1763) ayant mis fin aux hostilités entre la France et l’Angleterre, la paix donna un nouveau développement aux opérations commerciales de M. de Chateaubriand. Outre le Jean-Baptiste, il arma pour Terre-Neuve le Paquet d’Afrique, l’Apolline (du nom de sa femme) et l’Amaranthe. Ce fut à bord de ce dernier navire que son frère reprit la navigation. En 1764, le Jean-Baptiste partit pour SaintDomingue, et l’Amaranthe pour les côtes de Guinée, pendant que l’Apolline et le Paquet d’Afrique retournaient à Terre Neuve. Il continua ses entreprises d’armement jusqu’en 1772 ; à partir de cette époque, il se retira peu à peu des affaires. En 1775, il ne mit plus en mer qu’un seul navire, le Saint-René, qu’il expédia à l’Île de France et à l’Île Bourbon sous le commandement de M. Benoît Giron. Le voyage du Saint-René mit fin à la carrière commerciale de M. de Chateaubriand481. Son but était atteint. La fortune de la famille était relevée.
Le 3 mai 1761
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481 Charles Cunat, Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l’enfance de M. de Chateaubriand.
– 455 –
il avait pu acquérir de très haut et très puissant seigneur Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, et de très haute et très puissante dame Louise-Françoise-Maclovie-Céleste de Coëtquen, duchesse de Duras, le château et la terre de Combourg, qui avait été le principal domaine de ses ancêtres. Sur l’acte de baptême de sa fille Julie-Marie-Agathe (la future comtesse de Farcy), le 2 septembre 1763, il put signer : René de Chateaubriand, chevalier, comte de Combourg. Le petit cadet de Bretagne, qui avait eu pour tout héritage une rente de 416 livres, était, lorsqu’il mourut, en 1786, comte de Combourg, baron d’Aubigné, seigneur de Gaugres, du Plessis-l’Épine, du Boulet, de Malestroit-en-Dol et autres lieux.
Source:
[url=//ebooks-bnr.com/ebooks/pdf4/chateaubriand_memoires_outre_tombe1.pdf.]
charenton- Messages : 1147
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G7A. Guerre de Sept-Ans. Rossbach. 5 Novembre 1757.
https://www.gazette-drouot.com/lots/21415596-carl-seiler
Carl Seiler, Frédéric le Grand observe par une lucarne l'arrivée de l'armée française près de Rossbach.
Huile sur bois. 1903. 38,6 x 54,3 cm. Signé et daté en bas à droite. Encadré.
Depuis le grenier du manoir de Rossbach, Frédéric II aperçoit l'armée française qui s'avance. Le roi de Prusse comprit le danger pour le flanc gauche de son armée et décida de contre-attaquer les colonnes envoyées en avant. Bien qu'inférieures en nombre, les troupes prussiennes furent victorieuses - la bataille de Roßbach, le 5 novembre 1757, marqua un tournant dans la guerre de Sept Ans.
Provenance : collection privée, sud de l'Allemagne.
Taxation : impôt différentiel (VAT : Margin Scheme)
Carl Seiler, Frédéric le Grand observe par une lucarne l'arrivée de l'armée française près de Rossbach.
Huile sur bois. 1903. 38,6 x 54,3 cm. Signé et daté en bas à droite. Encadré.
Depuis le grenier du manoir de Rossbach, Frédéric II aperçoit l'armée française qui s'avance. Le roi de Prusse comprit le danger pour le flanc gauche de son armée et décida de contre-attaquer les colonnes envoyées en avant. Bien qu'inférieures en nombre, les troupes prussiennes furent victorieuses - la bataille de Roßbach, le 5 novembre 1757, marqua un tournant dans la guerre de Sept Ans.
Provenance : collection privée, sud de l'Allemagne.
Taxation : impôt différentiel (VAT : Margin Scheme)
charenton- Messages : 1147
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G7A diplomatie par Choiseuil à Vienne durant cette guerre 7 ans (G7A)
Nouvellement sur internet Gallica
https://bibliotheque-numerique.diplomatie.gouv.fr/meae/fr/content/histoire-diplomatique
par ex, j'ai tape 1757.
https://bibliotheque-numerique.diplomatie.gouv.fr/meae/fr/content/histoire-diplomatique
par ex, j'ai tape 1757.
charenton- Messages : 1147
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av. Histoire des deux descentes des Anglais, à Cancale le 4 juin 1758, à S. Cast le 3 septembre 1758, et autres choses concernant la vill
https://www.gazette-drouot.com/lots/22318577-bretagne--histoire-des-deux---
Relation de deux attaques anglaises sur les côtes françaises pendant la guerre de Sept Ans.
En 1757, le gouvernement britannique décida de lancer une série de descentes sur les côtes françaises, afin d’obliger la France à retirer une partie de ses troupes qui combattaient en Allemagne et infligeaient des défaites aux armées coalisées de Grande-Bretagne, de Prusse, du Hanovre et du Brunswick. Pour réaliser cette diversion, un premier raid eut lieu à Rochefort à l’automne 1757 ; les Britanniques prirent l’île d’Aix mais échouèrent devant la ville et durent battre en retraite.
L’année suivante, une nouvelle expédition eut lieu sur Cancale, près de Saint-Malo, entre les 4 et 21 juin 1758, puis une autre sur Saint-Cast, près de la même ville, entre les 3 et 11 septembre suivants. A chaque fois, les troupes britanniques durent rembarquer, non sans avoir avoir provoqué de nombreuses pertes humaines et matérielles.
Ces deux attaques contre Saint-Malo sont relatées dans le présent manuscrit. La descente sur Cancale se trouve aux ff. 12 à 23 : l’auteur, resté anonyme, donne des détails sur l’arrivée de la flotte anglaise et la réaction des troupes françaises, commandées par le marquis de La Chastre : « Le 4 juin 1758 qui étoit un dimanche les Anglois parurent […]. La flotte étoit composée de 115 voiles tant vaisseaux que frégates, corsaires et galiotes à bombes. L’on ne fut d’autant plus surpris que l’on imaginoit pas icy mériter les frais d’un armement aussy considérable. Monsieur le marquis de La Chastre commandant pour le Roy en Haute-Bretagne accompagné des principaux officiers de la garnison se transporta sur les murs & ses ordres furent expédiés sur le champ pour que les détachements se rendissent aux forts & que l’on y porta des vivres pour trois semaines au moins […]. Le régiment de Boulonnois seul bataillon d’infanterie que nous eussions eut ordre de se porter aux corderies… » (f. 12).
« Le lundy 5 juin [la flotte anglaise] prit la route de Cancale, seul endroit où les ennemis pouvoient tenter la descente […]. Les ennemis débarquèrent le soir environ 4 000 hommes & s’emparèrent du bourg de Cancale après avoir fait un feu prodigieux pour en chasser les troupes qu’ils craignoient y pouvoir être […]. Le mardy 6 juin, les ennemis achevèrent leur débarquement, consistant en 15 bataillons de 900 hommes chacun, 9 compagnies de dragons de 60 hommes chaque […] faisant en tout 10 340 hommes […]. Le mercredy 7 juin [ils] mirent le feu aux navires, brûlèrent la corderie de la Chaussée, plusieurs maisons & les magasins du Tallard, croyant brûler les poudres, mais on les en avoit tirées le jour d’avant. Les vaisseaux qu’ils brûlèrent pouvoient être au nombre de 80, depuis 150 tonneaux jusqu’à 300 […]. Le jeudy 8 juin […] M. le duc d’Aiguillon arriva par Dinard sur les 5 heures du matin [et] les ouvrages continuoient plus vivement que jamais […]. Les ennemis parcoururent la campagne les 8 et 9, cassant & brisant tout dans les maisons, emportant tout le linge, emmenant le bétail, forçant les filles & les femmes & portant la désolation partout où ils furent… » (ff. 13-17).
Après plusieurs tentatives infructueuses contre Saint-Malo, les Anglais apprirent l’arrivée de troupes provenant de Normandie et de Basse-Bretagne. Ils décidèrent alors de se replier et rembarquèrent le dimanche 11 juin. La flotte britannique resta toutefois au large de Saint-Malo pendant plusieurs jours avant de disparaître définitivement le 22 juin. A la fin du récit se trouvent les copies de deux lettres du duc de Marlborough, commandant en chef de l’expédition, au maire de Saint-Malo et la réponse de ce dernier.
Trois mois plus tard eut lieu une nouvelle descente, cette fois sur Saint-Cast, relatée aux ff. 23 à 36 : « Le 3 7bre 1758 […] la flotte angloise étoit composée de 115 voiles aux ordres de l’amiral Howe & les troupes de débarquement qui pouvoient être au nombre de 10 à 12 mille hommes, aux ordres du général Bligh […]. Le lundy 4 7bre ils firent leur débarquement dans l’anse de La Fosse [de Saint-Cast], sous le corps de garde de Guérin sans aucun obstacle… »
(f. 23). Repoussés par le feu des batteries malouines, les Anglais se replièrent vers l’ouest puis se retrouvèrent encerclés par différents régiments arrivés en renfort. Un dernier combat eut lieu le 11 septembre, au moment du rembarquement des troupes britanniques : « M. d’Aiguillon, après avoir reconnu les différents débouchés qui pouvoient conduire à l’attaque des retranchements, en fit les dispositions, il porta sur la rive droite de la plage M. de Balleroy avec les régiments de Bourbon, Brissac, Bresse, Quercy, M. d’Aubigny fut
MONTIGNAC - 1er jour s
[Bretagne]. Histoire des deux descentes des Anglais, à Cancale le 4 juin 1758, à S. Cast le 3 septembre 1758, et autres choses concernant la ville de S. Malo. sl, sn, sd [fin XVIIIe s.].
Manuscrit petit in-folio (31 x 20 cm) de (72) pp. ; broché, titre manuscrit sur la couverture avec étiquette contrecollée, en partie arrachée, contenant une annotation ancienne.Relation de deux attaques anglaises sur les côtes françaises pendant la guerre de Sept Ans.
En 1757, le gouvernement britannique décida de lancer une série de descentes sur les côtes françaises, afin d’obliger la France à retirer une partie de ses troupes qui combattaient en Allemagne et infligeaient des défaites aux armées coalisées de Grande-Bretagne, de Prusse, du Hanovre et du Brunswick. Pour réaliser cette diversion, un premier raid eut lieu à Rochefort à l’automne 1757 ; les Britanniques prirent l’île d’Aix mais échouèrent devant la ville et durent battre en retraite.
L’année suivante, une nouvelle expédition eut lieu sur Cancale, près de Saint-Malo, entre les 4 et 21 juin 1758, puis une autre sur Saint-Cast, près de la même ville, entre les 3 et 11 septembre suivants. A chaque fois, les troupes britanniques durent rembarquer, non sans avoir avoir provoqué de nombreuses pertes humaines et matérielles.
Ces deux attaques contre Saint-Malo sont relatées dans le présent manuscrit. La descente sur Cancale se trouve aux ff. 12 à 23 : l’auteur, resté anonyme, donne des détails sur l’arrivée de la flotte anglaise et la réaction des troupes françaises, commandées par le marquis de La Chastre : « Le 4 juin 1758 qui étoit un dimanche les Anglois parurent […]. La flotte étoit composée de 115 voiles tant vaisseaux que frégates, corsaires et galiotes à bombes. L’on ne fut d’autant plus surpris que l’on imaginoit pas icy mériter les frais d’un armement aussy considérable. Monsieur le marquis de La Chastre commandant pour le Roy en Haute-Bretagne accompagné des principaux officiers de la garnison se transporta sur les murs & ses ordres furent expédiés sur le champ pour que les détachements se rendissent aux forts & que l’on y porta des vivres pour trois semaines au moins […]. Le régiment de Boulonnois seul bataillon d’infanterie que nous eussions eut ordre de se porter aux corderies… » (f. 12).
« Le lundy 5 juin [la flotte anglaise] prit la route de Cancale, seul endroit où les ennemis pouvoient tenter la descente […]. Les ennemis débarquèrent le soir environ 4 000 hommes & s’emparèrent du bourg de Cancale après avoir fait un feu prodigieux pour en chasser les troupes qu’ils craignoient y pouvoir être […]. Le mardy 6 juin, les ennemis achevèrent leur débarquement, consistant en 15 bataillons de 900 hommes chacun, 9 compagnies de dragons de 60 hommes chaque […] faisant en tout 10 340 hommes […]. Le mercredy 7 juin [ils] mirent le feu aux navires, brûlèrent la corderie de la Chaussée, plusieurs maisons & les magasins du Tallard, croyant brûler les poudres, mais on les en avoit tirées le jour d’avant. Les vaisseaux qu’ils brûlèrent pouvoient être au nombre de 80, depuis 150 tonneaux jusqu’à 300 […]. Le jeudy 8 juin […] M. le duc d’Aiguillon arriva par Dinard sur les 5 heures du matin [et] les ouvrages continuoient plus vivement que jamais […]. Les ennemis parcoururent la campagne les 8 et 9, cassant & brisant tout dans les maisons, emportant tout le linge, emmenant le bétail, forçant les filles & les femmes & portant la désolation partout où ils furent… » (ff. 13-17).
Après plusieurs tentatives infructueuses contre Saint-Malo, les Anglais apprirent l’arrivée de troupes provenant de Normandie et de Basse-Bretagne. Ils décidèrent alors de se replier et rembarquèrent le dimanche 11 juin. La flotte britannique resta toutefois au large de Saint-Malo pendant plusieurs jours avant de disparaître définitivement le 22 juin. A la fin du récit se trouvent les copies de deux lettres du duc de Marlborough, commandant en chef de l’expédition, au maire de Saint-Malo et la réponse de ce dernier.
Trois mois plus tard eut lieu une nouvelle descente, cette fois sur Saint-Cast, relatée aux ff. 23 à 36 : « Le 3 7bre 1758 […] la flotte angloise étoit composée de 115 voiles aux ordres de l’amiral Howe & les troupes de débarquement qui pouvoient être au nombre de 10 à 12 mille hommes, aux ordres du général Bligh […]. Le lundy 4 7bre ils firent leur débarquement dans l’anse de La Fosse [de Saint-Cast], sous le corps de garde de Guérin sans aucun obstacle… »
(f. 23). Repoussés par le feu des batteries malouines, les Anglais se replièrent vers l’ouest puis se retrouvèrent encerclés par différents régiments arrivés en renfort. Un dernier combat eut lieu le 11 septembre, au moment du rembarquement des troupes britanniques : « M. d’Aiguillon, après avoir reconnu les différents débouchés qui pouvoient conduire à l’attaque des retranchements, en fit les dispositions, il porta sur la rive droite de la plage M. de Balleroy avec les régiments de Bourbon, Brissac, Bresse, Quercy, M. d’Aubigny fut
MONTIGNAC - 1er jour s
charenton- Messages : 1147
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Re: La Guerre de Sept Ans
M. de Balleroy, tiens, donc !
Nous lui rendions visite, en son château , ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t929-le-chateau-de-balleroy-en-normandie?highlight=BALLEROY
Nous lui rendions visite, en son château , ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t929-le-chateau-de-balleroy-en-normandie?highlight=BALLEROY
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55154
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Guerre de Sept Ans
Merci Charenton pour ce récit du Temps qui confirme le rôle prépondérant du duc d'Aiguillon dans la bataille... contrairement aux ragots colportés par La Chalotais selon qui, refugié dans un moulin, il se serait "couvert plus de farine que de gloire" .
Gouverneur Morris- Messages : 11591
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Guerre de Sept Ans
Rappel pour le duc d'Aiguilon:
Au mois de septembre 1748, Richelieu arrive à Gênes. Il vient remplacer le duc de Boufflers, décédé le 6 juillet, qui a délivré la ville des Autrichiens, mais sans avoir eu le temps de les chasser. Il parvient à résister au général anglais, le comte de Brown, et sort vainqueur de plusieurs combats. Délivrée, Gênes lui décerne des honneurs exceptionnels. Sa statue, réalisée par Scafini, est érigée dans le grand salon du Palais du Gouvernement. Les Génois demandent pour leur libérateur le bâton de maréchal de France, qu’il obtient en 1748.Le duc d'aiguillon est avec Richelieu, tout jeune
Richelieu et le duc d'Aiguillon (26 ans, je crois.) sont inscrits au livre d'or de la noblesse avec permission de joindre à leurs armes celles de la République de Gênes.
De la carrière militaire du duc d'Aiguillon:
https://www.cosmovisions.com/D-Aiguillon.htm
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
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Re: La Guerre de Sept Ans
La bataille de Saint-Cast
(Bretagne, 11 septembre 1758) Entre histoire et mémoire
M'est avis que ce lire fait par trois auteurs est un must et un chef-d'oeuvre d'érudition.
On peut le prouver simplement par la qualité de la note 39! Hé!Oui!
Avis aux amateurs!
Presses universitaire de Rennes
https://pur-editions.fr/product/492/la-bataille-de-saint-cast
un aperçu sur Google Book, incomplet
https://books.google.fr/books?id=Lhy4DwAAQBAJ&pg=PA244&lpg=PA244&dq=Livre+des+routes+du+baron+du+plas.&source=bl&ots=KKBjIHbCQl&sig=ACfU3U0hi4raeugQUGUgwCDonc1-UYSvrQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj3-9-Dh7iAAxVyWaQEHcd2ANMQ6AF6BAgeEAM#v=onepage&q=Livre%20des%20routes%20du%20baron%20du%20plas.&f=false
charenton- Messages : 1147
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Age : 74
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Livre des routes du baron du Plas. Guerre de sept ans : Capitaine au régiment d'infanterie du roi (1757-1759) [
Livre des routes du baron du Plas. Guerre de sept ans : Capitaine au régiment d'infanterie du roi (1757-1759)
Pour le moment on peut lire un peu ici :
Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales Société des études locales dans l'enseignement public (France). Groupe (Charente). Auteur du texte
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61155979/f1.item.r=richelieu
Mais ce petit trésor
Livre des routes du baron du plas. Guerre de sept ans : Capitaine au régiment d'infanterie du roi (1757-1759) / Paul Legrand.
Editeur(s) Angoulême, impr. de Chasseignac et Bodin : Imprimerie Charentaise Chasseignac et Bodin, 1907.
Notes L'abbé Paul Legrand ancien curé de Bouteville.
est référencé
ici
https://bibliotheques-numeriques.defense.gouv.fr/shd/document/4f2cea5a-6c27-46c9-b97b-4c6588589a72
et ici
https://archives-bibliotheque.lacharente.fr/detail-d-une-notice/notice/1315703111
On espère que quelqu'un en haut lieu va nous donner un beau .pdf.
En route!
PS: Rendons grâce éternelle, salut et fraternité à Paul Legrand, curé de Bouteville pour son:
Le chevalier de Lenchères, maréchal des camps et armées du roi (1731-1780)
/ par l'abbé Paul Legrand,... Legrand, Paul (1855-1915). Auteur du textehttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k317688d?rk=85837;2
(La corse pour un officier français vrai, la G7A)
C'est pas le tout; il faut que j'aille à la messe maintenant...
puis faire un tour dans le potager...
charenton- Messages : 1147
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Re: La Guerre de Sept Ans
Les AD de la Charente étant la plus rapide à fournir des jpeg pour 20 euros
voilà le.pdf.
La guerre de Sept-ans. 1757-1758.
https://mega.nz/file/ug41gZ5L#beD1AFqkTqWxttIe8viBY80d7NLx0riQY7heW0bJkgkhttps://mega.nz/file/ug41gZ5L#beD1AFqkTqWxttIe8viBY80d7NLx0riQY7heW0bJkgk
voilà le.pdf.
les routes du baron du plas,
pour la première fois lisible de tt un chacun.La guerre de Sept-ans. 1757-1758.
https://mega.nz/file/ug41gZ5L#beD1AFqkTqWxttIe8viBY80d7NLx0riQY7heW0bJkgkhttps://mega.nz/file/ug41gZ5L#beD1AFqkTqWxttIe8viBY80d7NLx0riQY7heW0bJkgk
charenton- Messages : 1147
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Re: La Guerre de Sept Ans
Les premières marches.
déployez bien "Legende et table des matières" sur la gauche.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55004586z?rk=21459;2
Plans des camps de la campagne de 1757 depuis Wesel jusques et compris le passage du Veser.
Le tout en 17 feuilles / [Par Lalluyaux d'Ormay. 1757.]déployez bien "Legende et table des matières" sur la gauche.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55004586z?rk=21459;2
charenton- Messages : 1147
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Localisation : 75012 PARIS
Re: La Guerre de Sept Ans
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020541313
on remercie pas le Louvre ....
...!!!!!
ou
On ne peut faire mieux .... au lundi 4th septembre, 2023
Cette illustration toute symbolique est plus accessible:
https://i.imgur.com/3puU68w.png
on remercie pas le Louvre ....
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ou
On ne peut faire mieux .... au lundi 4th septembre, 2023
Cette illustration toute symbolique est plus accessible:
https://i.imgur.com/3puU68w.png
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
Re: La Guerre de Sept Ans
Certes, certes... une petite note explicative est toujours la bienvenue, mais il est tout aussi vrai que le merveilleux verbe français "contextualiser" n'a pas encore envahi nos musées !
Lecréateur- Messages : 1680
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Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: La Guerre de Sept Ans
Merci cher Charenton.
Rappelons que la convention de Klosterzeven, signée entre la France et le Hanovre/Royaume-Uni, reconnaissait la supériorité des armes françaises, placées sous le commandement de Richelieu , sur celles des anglo-hanovriens menés par le duc de Cumberland en Allemagne, et garantissait le retrait de ces derniers du conflit sur ce théâtre des opérations .
Las, faisant fi de tous les usages du temps et au grand scandale de toute l'Europe , le roi Georges II désavoua la parole donnée par son propre frère , dénonça la convention , et reprit les hostilités sans préavis avec ces mêmes troupes dont le retrait avait été acté.
Ce fut le début de la (longue) fin des Français dans la Guerre de Sept Ans...
Rappelons que la convention de Klosterzeven, signée entre la France et le Hanovre/Royaume-Uni, reconnaissait la supériorité des armes françaises, placées sous le commandement de Richelieu , sur celles des anglo-hanovriens menés par le duc de Cumberland en Allemagne, et garantissait le retrait de ces derniers du conflit sur ce théâtre des opérations .
Las, faisant fi de tous les usages du temps et au grand scandale de toute l'Europe , le roi Georges II désavoua la parole donnée par son propre frère , dénonça la convention , et reprit les hostilités sans préavis avec ces mêmes troupes dont le retrait avait été acté.
Ce fut le début de la (longue) fin des Français dans la Guerre de Sept Ans...
Gouverneur Morris- Messages : 11591
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Guerre de Sept Ans
Dans les Mémoires de Frederic II, celui-ci envoi secrètement un militaire connu du maréchal pour le sonder, de la guerre ou de la paix, pour voir les intentions du Roi de France.
Il constate que, malheureusement, dès lors, avec la ministre de Pompadour aux commandes avec le peureux Bernis, pour les chefs militaires, c'est le brouillard, la recommandation plutot que le talent de vaincre et l'inconnu en lieu et place d'avenir du pays.
Richelieu avoue qu'il ne sait rien du tout. Il n'a plus de liberté et plus d'adhesion aux vues ou aux plans du roi.......Drole d'époque nouvelle .....
Il constate que, malheureusement, dès lors, avec la ministre de Pompadour aux commandes avec le peureux Bernis, pour les chefs militaires, c'est le brouillard, la recommandation plutot que le talent de vaincre et l'inconnu en lieu et place d'avenir du pays.
Richelieu avoue qu'il ne sait rien du tout. Il n'a plus de liberté et plus d'adhesion aux vues ou aux plans du roi.......Drole d'époque nouvelle .....
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
M. de Prilly, un soldat de la guerre de sept ans,
M. de Prilly, un soldat de la guerre de sept ans, d'après ses lettres / par M. l'abbé Puiseux Puiseux, Jules Ernest (1845-1896).
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9677881k.texteImage#
A partir de 1759, .....
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9677881k.texteImage#
A partir de 1759, .....
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
G7A. Marquis de Poyanne
Un gros acteur de la cavalerie lors de la Campagne de Hanovre,
Inspecteur Général de la cavalerie et des dragons,
un favori de Mme de Pompadour, du Roi,
débuta aux Mousquetaires Noirs de la caserne de la rue de Charenton. 75012.Paris
https://drive.google.com/file/d/1lGR2nS1mZtrcXuESwcd7yVJVb47t5x8T/view
blog, topo, assez rare
plus
https://marquisdepoyanne.blogspot.com/2008/09/lhomme-dpe-et-la-guerre.html
&
http://vial.jean.free.fr/new_npi/revues_npi/NPI_2008/npi_2008/npi08_poyann.htm
Inspecteur Général de la cavalerie et des dragons,
un favori de Mme de Pompadour, du Roi,
débuta aux Mousquetaires Noirs de la caserne de la rue de Charenton. 75012.Paris
CHARLES LEONARD DE BAYLENX
marquis de POYANNE
https://drive.google.com/file/d/1lGR2nS1mZtrcXuESwcd7yVJVb47t5x8T/view
blog, topo, assez rare
plus
https://marquisdepoyanne.blogspot.com/2008/09/lhomme-dpe-et-la-guerre.html
&
http://vial.jean.free.fr/new_npi/revues_npi/NPI_2008/npi_2008/npi08_poyann.htm
Dernière édition par charenton le Lun 13 Nov 2023, 22:43, édité 5 fois
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
G7A. le Prince de Condé. Louis-Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818).
Il y a toujours un problème avec les Princes et leur emploi à la Guerre. Le Roi est pour , le Roi hésite, le Roi craint que le Prince gagne en popularité.
Là une couche de difficulté en plus car Mme de Pompadour en fait à sa tête avec la guerre et le militaire, chasse tout général pour un rien et favorise ce qu'elle entend pour des gràces sans cause pour la guerre tel de Clermont (Un condé) et Soubise (qui est son beau père).
Durant la campagnde Hanovre, il y a 3 princes à l'Armée, en 1757..
Général de Piépape
Revue des Deux Mondes, 6e période, tome 12, 1912 (p. 163-195).
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Dernier_prince_de_Cond%C3%A9_-_Son_mariage_et_ses_campagnes_%C3%A0_la_Guerre_de_Sept_ans_(1753-1762)#cite_ref-29
Merci général, cela nous évite de lire le Duc d'Aumale dont on trouve jamais les livres sur les Condé!!!
Il semble qu'on ne trouve plus dans la culture mondiale Mémoires du baron de Tricornot, un gentilhomme franc comtois…(de la réserve de Condé) Avis à la population!
Il faut probablement voir la famille, messieurs les Editeurs ...
Ni:
Vie Militaire du Maréchal Prince Ferdinand Duc de Brunsvic et de Lunebourg pendant la guerre de sept ans en Westphalie. 2 vols, Magdeburg (vol. 1) & Nürnberg (vol. 2), 1796-98.. de SCHAPER, CHRISTOPH VON.
semble avoir le même sort, à moins que les Archives Militaires de Vincennes sorte enfin de la guerre 1914-1945 et nous mette sur internet le 17 et 18eme siècle, ce qui un grand pas que l'Humanité attend.
Là une couche de difficulté en plus car Mme de Pompadour en fait à sa tête avec la guerre et le militaire, chasse tout général pour un rien et favorise ce qu'elle entend pour des gràces sans cause pour la guerre tel de Clermont (Un condé) et Soubise (qui est son beau père).
Durant la campagnde Hanovre, il y a 3 princes à l'Armée, en 1757..
Général de Piépape
Le Dernier prince de Condé
- Son mariage et ses campagnes à la Guerre de Sept ans (1753-1762)Revue des Deux Mondes, 6e période, tome 12, 1912 (p. 163-195).
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Dernier_prince_de_Cond%C3%A9_-_Son_mariage_et_ses_campagnes_%C3%A0_la_Guerre_de_Sept_ans_(1753-1762)#cite_ref-29
Merci général, cela nous évite de lire le Duc d'Aumale dont on trouve jamais les livres sur les Condé!!!
Il semble qu'on ne trouve plus dans la culture mondiale Mémoires du baron de Tricornot, un gentilhomme franc comtois…(de la réserve de Condé) Avis à la population!
Il faut probablement voir la famille, messieurs les Editeurs ...
Ni:
Vie Militaire du Maréchal Prince Ferdinand Duc de Brunsvic et de Lunebourg pendant la guerre de sept ans en Westphalie. 2 vols, Magdeburg (vol. 1) & Nürnberg (vol. 2), 1796-98.. de SCHAPER, CHRISTOPH VON.
semble avoir le même sort, à moins que les Archives Militaires de Vincennes sorte enfin de la guerre 1914-1945 et nous mette sur internet le 17 et 18eme siècle, ce qui un grand pas que l'Humanité attend.
Dernière édition par charenton le Lun 13 Nov 2023, 19:14, édité 5 fois
charenton- Messages : 1147
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Mme de Sabran- Messages : 55154
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Guerre de Sept Ans
Markovitch & Alain Delon n'y sont pourtant pour rien pour ce coup....
charenton- Messages : 1147
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Age : 74
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Biographies des hommes de la Guerre de Sept ans par Dumourier
Galerie des Aristocrates et Mémoires Secrets 1790
Conseillé par des fous, servis par des polrons
Louis XV a reçu les plus sanglants affronts
En fait livre de
Charles François Du Périer Dumouriez
qui participa à la guerre de 7 ans.
Conseillé par des fous, servis par des polrons
Louis XV a reçu les plus sanglants affronts
En fait livre de
Charles François Du Périer Dumouriez
qui participa à la guerre de 7 ans.
(Certaines versions googlebooks de ce livre manque la p. 94. duc de Fronsac)
(pardon Mme de Sabran pour ce long chemin qui mène à la gratuité ....)
https://books.google.fr/books/about/Galerie_des_aristocrates_militaires_et_m.html?id=eRYFr8xgsQsC&redir_esc=y
entre autres
p.22.Le Marréchal de Richelieu
p 94. duc de Fronsac, fils de Richelieu
Et ceuces de la G7A en Europe en guerre.
Dumouriez, militaire intelligent au possible, utilisé mais mal reconnu par l'Ancien Régime, n'y vas pas de main morte. Ici son costume à la mode de la vertu contre le vice fait pas mal 1790 ...
On peut prétendre plutôt que c'est le personnel politique royale qui a lancé la décadence de l'armée françoise. IMO. Bon gré pour l'aventure de la prospérité économique, malgré par les économies faites sur les assises de la royauté multi-centenaire.
Au jour fêté de la Femme, on peut y aller d'une bonne mercuriale pour Mme de Pompadour...
Dernière édition par charenton le Sam 16 Mar 2024, 20:53, édité 2 fois
charenton- Messages : 1147
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Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
G7A. 1757. Campagne d'Allemagne par le duc de Luynes
G7A. 1757. Campagne d'Allemagne par le duc de Luynes
Comment on parle "guerre de Sept-ans", de la "campagne d'Allemagne" ou "campagne de Hanovre" à Versailles, chez le Roi Louis XV,
dans les couloirs du roi à la reine ou à sa maitresse ou dans ceux de ses ministres en 1757?
Rien de mieux que les
On a là la naiveté authentique des nouvelles et des conceptions de la Cour en 1757.
Parfois éloignée des beaux livres d'histoire. Mais fort instructive pour les amateurs.
Comment on parle "guerre de Sept-ans", de la "campagne d'Allemagne" ou "campagne de Hanovre" à Versailles, chez le Roi Louis XV,
dans les couloirs du roi à la reine ou à sa maitresse ou dans ceux de ses ministres en 1757?
Rien de mieux que les
Mémoires du duc de Luynes. Année 1757.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2064411/f4.item
Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV (1735-1758). T. 16
/ publ. sous le patronage de M. le duc de Luynes par MM. L. Dussieux et Eud. Soulié Albert, Charles-Philippe d' (1695-1758).https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2064411/f4.item
On a là la naiveté authentique des nouvelles et des conceptions de la Cour en 1757.
Parfois éloignée des beaux livres d'histoire. Mais fort instructive pour les amateurs.
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
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G7A. ORDRE MINCE ET ORDRE PROFOND. PAR • FADI EL HAGE
ORDRE MINCE ET ORDRE PROFOND
UNE QUERELLE DE SALON?
Hors série. Guerre et Histoire. N°. Novembre 2023.
OCR ShareX ss notes ni illustration.
Pour vaincre, vaut-il mieux ranger les troupes
en ligne pour maximiser la puissance de feu
ou au contraire favoriser l'effet de choc offert par
une formation en colonne? La guerre de salon qui
agite les théoriciens de la tactique serait anecdotique
si ne révélait, en filigrane, les défaillances
des armées frangaises au XVIIIe siécle.
PAR
• FADI EL HAGE
Au camp de Ruesnes, non loin de Roubaix,
oü l'armée frangaise s'est repliée apres
la défaite, le chevalier de Folard, blessé
å la cuisse, repense å la bataille qui
s'est déroulée quelques jours plus tot å
Malplaquet, å mi-chemin entre Maubeuge
et Valenciennes... Le 11 septembre 1709,
les Anglo-Hollandais de Marlborough et les Impériaux
d'Eugéne de Savoie, maitres de Lille depuis l'année pré-
cédente, s'y sont ouvert la porte de la «ceinture de fer» et
bientöt, pourquoi pas, celle de la «Vieille France», voire la
route de Paris. Mais les maréchaux de Villars et de Boufflers
leur ont vendu cher l'entrée : plus de 20000 tués et blessés,
un quart de l'effectif, plus du double des pertes frangaises.
En fait, les alliés exsangues sont incapables d'exploiter
leur avantage, et l'invasion redoutée n'a pas lieu. Pendant
que Versailles célébre Villars comme un vainqueur, Folard
rumine. Pour lui, le carnage de Malplaquet n'est pas un
triomphe, mais une impasse tactique dont il est urgent de
sortir les armées du roi.
Le Traité de la colonne
Jean-Charles de Folard (1669-1752) n'a jamais été géné-
ral d'armée comme Villars. C'est un ingénieur autodidacte
versé dans l'infanterie, déjå quadragénaire å Malplaquet. Ce
petit noble originaire du Comtat Venaissin est tres imbu de sa
personne, mais il n'a pas tout å fait tort. Les armées réduites,
maniables et mobiles de l'époque du grand Turenne ont grossi
démesurément et la guerre se traine de siege en siege, afin
d'obtenir les places qui serviront de monnaie d'échange lors
des traités. Si l'on parvient toutefois sur le champ de bataille,
les bataillons s'y rangent en ligne sur trois ou quatre rangs
pour tirer le meilleur parti de la puissance de feu, formant
des lignes interminables quasiment impossibles å déplacer.
Le combat se borne ensuite å des fusillades aussi meurtriéres
que stériles. Pour redonner aux armes frangaises l'élan et la
victoire qui font défaut au Roi-Soleil depuis qu'il a déclen-
ché la triste guerre de Succession d' Espagne, Folard propose
donc une solution radicale: remplacer Ia formation en ligne
-- l'«ordre mince» par une formation en colonne.
Dans son Traité de la colonne rédigé en 1715 et plusieurs
fois remanié, Folard définit la colonne comme " un corps
d'infanterie serré et suppressé, c'est-å-dire un corps rangé
sur un carré long, dont le front est beaucoup moindre que
la hauteur [c'est-å-dire un rectangle, NDRL, qui n'est pas
moins redoutable par la pesanteur de son choc que par la
force avec laquelle il perce et résiste également par tout, et
contre routes sortes d'efforts. Les rangs et les files doivent étre
tellement serrés et condensés que les soldats ne conservent
qu'autant d'espace qu'il leur en faut pour marcher et se ser-
vir de leurs armes. » Que la colonne soit formée d'un à six
bataillons, le principe essentiel est d'obtenir une queue longue
de 24 à 30 files de soldats avançant baionnette au canon.
Folard n'a aucun doute: la colonne rendra aux batailles leur
caractere décisif. Le recours å l'arme blanche — sans toutefois
renoncer totalement au feu — est en outre compatible avec
la furia francese, ce tempérament impétueux qui distingue,
affirme-t-on, le guerrier gaulois.
Campagne... de communication
Pour faire entendre ses théories, le chevalier bombarde de
mémoires et couriers les grands chefs, du secrétaire d'État de
la Guerre Voysin au maréchal de Villars, qui reçoit ses conseils
avec une indifférence bienveillante: le brave Folard, dont la
carriére s'est arrétée en 1719 au grade de colonel, semble igno-
rer que la guerre n'est pas qu'une affaire de tactique mais aussi
de stratégie. Surtout, sa théorie est déconnectée des réalités du
terrain: les hauts gradés, å qui l'expérience a appris å se méfier
des soi-disant martingales, adaptent leurs choix tactiques aux
circonstances — effectifs, terrain, météo... Tandis que la préfé-
rence å l'arme blanche leur parait anachronique, ils objectent
que si l'ordre mince limite la portée des succes, il minimise
parallélement les effets des revers, car la colonne peut certes
apporter le triomphe, elle garantit un désastre irrémédiable
en cas d'échec et ruine tout espoir de négociation.
Faute de convaincre, Folard se mue en
«fou littéraire», au sens donné par Raymond
Queneau : un auteur soutenant «des thèses que
l'on peut aisément qualifier d'extravagantes ». II
multiplie les publications — son traité est repris
ainsi en 1724 dans les Nouvelles découvenes sur
la guerre et inséré, sous forme de commentaires,
dans la traduction par Dom Thuillier de l'His-
toire de Polybe (1727-1730), dont il annote le texte avec force
extrapolations pour appuyer sa these. Non seulement le cheva-
lier est mal vu pour son appartenance au petit groupe janséniste
des convulsionnaires de Saint-Médard mais son insistance finit
par irriter, d' autant qu'il protite de ses ouvrages pour régler ses
comptes (non sans pertinence) avec nombre de généraux sous
lesquels il a servi et qui sont toujours vivants — Villars en téte.
II doit donc renoncer å ses commentaires dans le sixiéme tome
de l'Histoire de Polybe, imprimé en 1730.
Le tétu chevalier aurait sombré dans l'oubli si une nouvelle
crise de doute n'avait frappé nombre d'ofiiciers français apres
les guerres de Succession de Pologne (1733-1738) et d'Autriche
(1740-1748). Il n'échappe å personne que les victoires obte-
nues pendant la premiere l'ont été contre un adversaire affaibli
et que le maréchal de Saxe a profité pendant la seconde d'un
terrain facile et qu'il connaissait bien. Tout cela masque mal
les graves défaillances logistiques, les querelles d'ego au sein
du commandement et les prises de risques inconsidérées par
ambition. Ce bilan parait d'autant plus mitigé qu'il contraste
avec les éclatants succes de Frédéric II. Or, ce dernier les a.
remportés, notamment å Mollwitz en 1741, en redonnant du
sens aux manceuvres face å des Autrichiens plus statiques.
Sans complexe, Folard relance donc son offensive épisto-
laire en ciblant les généraux en vue — Belle-Isle, Maillebois,
Maurice de Saxe... Ce dernier, qui n'a jamais été un disciple
du chevalier, n'en déplaise å la légende, se moque gentiment
de lui apres Fontenoy, où le maréchal a mis
en déroute la monstrueuse colonne assemblée par le duc de
Cumberland. Pourtant, le chevalier n'abandonne pas et prépare
encore, å la veille de sa mort, une nouvelle édition de ses com-
mentaires sur Polybe. Elle ne paraitra pas: afin d'éviter toute
polémique, ses héritiers se contentent d'une réimpression de la
version précédente et de la publication, en 1753, de Mémoires
pour servir la vie de M. le chevalier de Folard.
Ce n'est que post mortem que le théoricien incompris
remporte ses premiers succes. A Paris, en effet, la percep-
tion du déclin de la France en tant que premiere puissance
terrestre d'Europe et Ies succes de Frédéric II ont induit
une réaction patriotique ou la colonne de Folard apparait
comme la riposte idéale å un pseudo-systeme prussien...
qui n'existe que dans la téte de ses adversaires. Car Frédéric
n'obéit aucun principe ou théorie. II se fonde sur son coup
d'oeil, le bon sens, un outil militaire compact, bien formé et
mobile, sans compter l'acceptation de lourdes pertes.
Le premier å dégainer est un jeune et ambitieux officier
du génie, Frangois-Jean de Mesnil-Durand (1729-1799),
qui publie en 1755 son Projet d'un ordre francais en tac-
tique. Bien que son expérience militaire soit fort succincte et
limitée å quelques travaux de fortification dans sa Normandie
natale, le jeune homme se pique de défendre le «systeme de
Folard » (que l'artilleur Bonneval qualifiera en 1762 d'«ordre
profond» dans ses commentaires des Réveries de Maurice
de Saxe). Si l'on en croit l'historien Jean Chagniot, Mesnil-
Durand présente en fait une version abåtardie de la théorie
des colonnes qui, privée des réflexions pertinentes que Folard
avait tirées de ses lectures et de son expérience, se cantonne å
une vision purement maneuvriére et mécanique.
En dépit de son intérét discutable, l'opuscule de Mesnil-
Durand frappe l'esprit du maréchal de Broglie, un des grands
chefs de l'armée de Louis XV qui, ainsi que le raconte
Rochambeau se met en tete d'imposer l'ordre profond
«comme ordre primitif dans l'infanterie» au début de Ia
guerre de Sept Ans. II n'en est rien, car le projet est rejeté
lors d'un conseil tenu å Cassel, en présence du maréchal,
par plusieurs officiers, dont le pere d'un certain Guibert et
Rochambeau qui, dans ses Mémoires, justifie ainsi la déci-
sion : "On était convenu que c'était une bonne manoeuvre å
placer dans l'ordonnance pour s'en servir dans l'occasion,
mais que l'ordre mince était le premier ordre pour déployer
son feu, et pour étre moins en prise l'artillerie quadruplée
qui existait actuellement dans les armées de l'Europe. »
Dans l'ombre du Jeune Fritz
Colonne ou pas, les armées frangaises ne brillent guere
pendant la guerre de Sept Ans. Le bilan n'est pas aussi
calamiteux qu'on le pense, mais les quelques succès enre-
gistrés ont du mal å faire oublier les humiliations infligées
par les Prussiens à Rossbach, en 1757, et par les Anglo-
Hanovriens å Minden, en 1759. C'est de cette nouvelle
crise qu'un autre jeune officier théoricien, Jacques-
Antoine-Hippolyte de Guibert (1743-1790), tente de tirer
des enseignements en publiant en 1770 son Essai général
de tactique, largement diffusé deux ans plus tard.
Ägé de vingt ans quand la paix est signée, Guibert est un
«officier à la bavette» (lieutenant à trois ans, puis capitaine à
quinze ans), qui n'a guère eu le temps de goüter aux affres du
commandement : son expérience réelle en la matiére se restreint
quelques opérations en Corse å la fin des années 1760. Mais
la différence de Mesnil-Durand, c'est un vrai fantassin et il
a accompagné son pere (un temps subordonné de Broglie en
Allemagne, on l'a vu), pendant la campagne de Rossbach, où il a
été capturé. L'épisode a profondément marqué le gargon de qua-
torze ans et imprimé en lui une grande admiration pour l'armée
prussienne, de même qu'il sera affecté par l'efficacité meurtriére
du feu anglo-hanovrien å la bataille de Willingshausen en 1761
(où Broglie est battu parce qu'il a voulu gagner la bataille tout
seul sans attendre le secours de son collégue Soubise).
Querelle "milittéraire »
Dans son Essai général, Guibert défend
l'idée que le choc n'est pas proscrit, à condi-
tion de le combiner avec le feu. L'infanterie
étant propre å l'action de feu et å l'action de
choc, il lui faut une ordonnance qui lui per-
mette l'usage de ces deux propriétés; et, au
cas que la méme ordonnance ne puisse ser-
vir pour les deux objets, il faut, que de celle
qui sera déterminée, devoir étre l'ordonnance
habituelle et primitive », écrit-il, en ajoutant que l'ordre mince
devait étre cet ordre primitif, car « avant que d'étre en mesure
d'aborder l'ennemi, il faut se mettre en bataille, il faut arri-
ver lui, il ne faut pas étre détruit ou mis en désordre par
L'effet de son feu ; il faut lui faire craindre du feu son tour »,
d'autant plus que 3la multiplicité de l'artillerie, la science
du choix des postes, celle des retranchements ont rendu
aujourd'hui les actions de choc infiniment rares."
La publication déclenche dans les salons une de ces que-
relles «milittéraires» dont a parlé l' historien Hervé Drévillon.
Pour organiser efficacement l'ordre mince qu'il préconise,
Guibert suggère d'imposer une discipline stricte å l'infanterie
au grand émoi de ses compatriotes pour qui le Frangais est par
nature rétif å la «robotisation » prussienne. L' Essai général est
immédiatement perçu comme une apologie du «systeme fré-
déricien » et donc, en réaction, comme une attaque sacrilège de
son antidote français, le « systeme de Folard », qui n'a pourtant
jamais été appliqué... La polémique rebondit en 1774, quand
Mesnil-Durand répond å Guibert. Dans le curieux Fragments
de tactique, il réitére sa défense de l'ordre profond et réfute
des paragraphes de son adversaire en dénonçant l' inexactitude
des exemples donnés. En fait, Mesnil-Durand reste sur une
vision théorique et intellectuelle, qui ne convainc guere. Si son
systeme est contesté, explique-t-il, c'est tout simplement parce
qu'un critique comme Guibert ne l'a «pas assez bien saisi»,
« par ma faute sans doute », ajoute-t-il.
Purement théorique et anecdotique, la dispute entre deux
théoriciens sans grande pratique du commandement n'en
ravive pas moins les fractures de celui-ci qui ont ruiné les
campagnes de Louis XV. Disgracié depuis 1762, le maré-
chal de Broglie reprend en effet la défense du «systéme
français» de Folard et Mesnil-Durand avec d'autant plus
de coeur que son rival de toujours, le maréchal de Soubise,
se montre bienveillant envers Guibert.
Essais grandeur nature
L'hostilité de ces deux clans monte d'un cran quand
Guibert entre en 1776 dans l'équipe du comte de Saint-
Germain, secrétaire d'État de la Guerre et autre ennemi
personnel de Broglie. Lorsque le ministre et le jeune tac-
ticien élaborent des mesures et des sanctions relatives å la
discipline des troupes, les mémoires critiques se concentrent
contre les punitions corporelles å la mode prussienne, fai-
sant oublier que les nouveaux préceptes contenus dans
l'ordonnance de 1776 se contentent de réunir «l'ordre
profond et l'ordre mince pour s'en servir à la volonté des
généraux », comme l'écrit Rochambeau. La
tempéte souffle si fort que Saint-Germain finit
par démissionner en 1777.
En 1778, Broglie, de retour en gråce alors
que la France entre en guerre aux cötés des
Américains et prépare un débarquement
en Angleterre, obtient de tester ses idées
en grandeur nature. Au mois d'aoüt, un
camp de 30000 hommes est installé å Vaussieux, près de
Bayeux, en Normandie. Le maréchal prend la téte de rar-
mée organisée en ordre profond, tandis que le lieutenant
général de Luckner, un ancien officier de Frédéric II passé
au service de la France en 1763, commande l'armée ran-
gée en ordre mince. Et le vainqueur est... l'ordre mince,
qui l'emporte dans toutes les mancuvres, y compris celles
que Broglie, mauvais perdant, a imaginées en sa faveur.
Tous les essais de changement de position montrent,
contre-intuitivement, que l'ordre mince offre plus de
rapidité. Et Rochambeau, qui sert chez Luckner, souligne
que son succés s'est reposé en s'appuyant uniquement sur
l'ordonnance de 1776.
Vaussieux aurait dü mettre fin å la querelle— il n'en est rien.
On continue de reprocher å Guibert sa prussophilie. Désireux
de retrouver la faveur de Versailles et du dépanement de la
Guerre, il comprend qu'il doit mettre de l'eau dans son vin.
Son Essai général défendait déjå un ordre plutöt mixte que
mince. Ce propos est donc clarifié et réexposé en 1779 dans
une Défense du systéme de guerre moderne, ou refutation du
systéme de Mesnil-Durand. Si l'ouvrage reste quelque peu
gåté par une application excessivement géométrique et par une
révérence constante pour l'ordre oblique, Guibert reconnait
qu'« aucun principe de la tactique moderne n'a cette préten-
tion » d'étre exclusif. Sans disqualifier les colonnes, l'auteur
se borne å condamner l'usage privilégié, voire systématique
de l'ordre profond en tant qu'incitateur å l'indiscipline et
å un désordre difficile å rattraper, la furia francese n'étant
plus une qualité, mais un défaut potentiellement désastreux.
S'il vante injustement son parcours militaire dans l' infanterie
par rapport å celui des ingénieurs Mesnil-Durand et Folard,
Guibert a le mérite d' appuyer son argumentation sur des cas
concrets et non sur les élucubrations antiquisantes de ses pré-
décesseurs. Quoi qu'il en soit, cette manoeuvre «milittéraire »
est réussie: Le tacticien réintégre le Conseil de la Guerre en
1787 pour mener aussi difficilement qu'en 1776 des réformes
administratives qui aboutissent néanmoins au reglement de
1791 — un an apres sa mort.
Le triomphe du pragmatisme
Guibert a-t-il eu raison ? Dumouriez, grand défenseur d'un
pragmatisme de bon sens, s'appuie sur l'ordre mixte pour
vaincre à Jemmapes en 1792, mais il y dispose encore de
troupes de ligne de l' Ancien Régime bénéficiaires d'une forma-
tion qui fait défaut å celles levées au cours des premieres années
des guerres de la Révolution. On a pu voir dans le recours aux
colonnes d' attaque une revanche de Folard en oubliant qu'il
ne s'agissait que d'un palliatif causé par les lacunes de l'ins-
truction et que les victoires de 1793 (Hondschoote, Wattignies)
sont remportées en écrasante supériorité numérique — effectifs
égaux, Dumouriez se fait écraser å Neerwinden. L'historien
John A. Lynn insiste sur le fait qu'il a fallu attendre 1794 pour
retrouver des manoeuvres sans colonnes d'attaque, quand l'in-
fanterie de l'année du Nord eut atteint un degres d 'entrainement
assez avancé, ce qui permettait aux bataillons de marcher en
bataille sans grand risque de désordre."
Même effet de trompe-l'oeil en Italie, où Bonaparte, à
cause du manque de moyens et certaines défaillances logis-
tiques, semble miser de nouveau sur le choc (et l'artillerie),
ce qui fera croire à un retour en grace de l'ordre profond. En
réalité, ni Napoléon, qui n'a eu accès qu'à un Folard abrégé,
ni ses maréchaux ne recourent à des systemes, préférant
improviser. Plus qu'un choix, l'usage croissant de la colonne
traduit le déclin progressif de la Grande Armée. Cela fonc-
tionne encore à Wagram, au prix de pertes effroyables et
avec I'appui d'une «grande batterie» de 100 canons, mais
échoue à Ligny et, surtout, à Waterloo, où Jomini soulignera
à raison que la ligne s'imposait å Wellington au vu du terrain
pentu et détrempé qui génait les mouvements. Purement
théorique, la polémique entre Folard et Guibert a surtout
rappelé l'évidence résumée par Napoléon: " La guerre est
un art simple et tout d'exécution. »
UNE QUERELLE DE SALON?
Hors série. Guerre et Histoire. N°. Novembre 2023.
OCR ShareX ss notes ni illustration.
Pour vaincre, vaut-il mieux ranger les troupes
en ligne pour maximiser la puissance de feu
ou au contraire favoriser l'effet de choc offert par
une formation en colonne? La guerre de salon qui
agite les théoriciens de la tactique serait anecdotique
si ne révélait, en filigrane, les défaillances
des armées frangaises au XVIIIe siécle.
PAR
• FADI EL HAGE
Au camp de Ruesnes, non loin de Roubaix,
oü l'armée frangaise s'est repliée apres
la défaite, le chevalier de Folard, blessé
å la cuisse, repense å la bataille qui
s'est déroulée quelques jours plus tot å
Malplaquet, å mi-chemin entre Maubeuge
et Valenciennes... Le 11 septembre 1709,
les Anglo-Hollandais de Marlborough et les Impériaux
d'Eugéne de Savoie, maitres de Lille depuis l'année pré-
cédente, s'y sont ouvert la porte de la «ceinture de fer» et
bientöt, pourquoi pas, celle de la «Vieille France», voire la
route de Paris. Mais les maréchaux de Villars et de Boufflers
leur ont vendu cher l'entrée : plus de 20000 tués et blessés,
un quart de l'effectif, plus du double des pertes frangaises.
En fait, les alliés exsangues sont incapables d'exploiter
leur avantage, et l'invasion redoutée n'a pas lieu. Pendant
que Versailles célébre Villars comme un vainqueur, Folard
rumine. Pour lui, le carnage de Malplaquet n'est pas un
triomphe, mais une impasse tactique dont il est urgent de
sortir les armées du roi.
Le Traité de la colonne
Jean-Charles de Folard (1669-1752) n'a jamais été géné-
ral d'armée comme Villars. C'est un ingénieur autodidacte
versé dans l'infanterie, déjå quadragénaire å Malplaquet. Ce
petit noble originaire du Comtat Venaissin est tres imbu de sa
personne, mais il n'a pas tout å fait tort. Les armées réduites,
maniables et mobiles de l'époque du grand Turenne ont grossi
démesurément et la guerre se traine de siege en siege, afin
d'obtenir les places qui serviront de monnaie d'échange lors
des traités. Si l'on parvient toutefois sur le champ de bataille,
les bataillons s'y rangent en ligne sur trois ou quatre rangs
pour tirer le meilleur parti de la puissance de feu, formant
des lignes interminables quasiment impossibles å déplacer.
Le combat se borne ensuite å des fusillades aussi meurtriéres
que stériles. Pour redonner aux armes frangaises l'élan et la
victoire qui font défaut au Roi-Soleil depuis qu'il a déclen-
ché la triste guerre de Succession d' Espagne, Folard propose
donc une solution radicale: remplacer Ia formation en ligne
-- l'«ordre mince» par une formation en colonne.
Dans son Traité de la colonne rédigé en 1715 et plusieurs
fois remanié, Folard définit la colonne comme " un corps
d'infanterie serré et suppressé, c'est-å-dire un corps rangé
sur un carré long, dont le front est beaucoup moindre que
la hauteur [c'est-å-dire un rectangle, NDRL, qui n'est pas
moins redoutable par la pesanteur de son choc que par la
force avec laquelle il perce et résiste également par tout, et
contre routes sortes d'efforts. Les rangs et les files doivent étre
tellement serrés et condensés que les soldats ne conservent
qu'autant d'espace qu'il leur en faut pour marcher et se ser-
vir de leurs armes. » Que la colonne soit formée d'un à six
bataillons, le principe essentiel est d'obtenir une queue longue
de 24 à 30 files de soldats avançant baionnette au canon.
Folard n'a aucun doute: la colonne rendra aux batailles leur
caractere décisif. Le recours å l'arme blanche — sans toutefois
renoncer totalement au feu — est en outre compatible avec
la furia francese, ce tempérament impétueux qui distingue,
affirme-t-on, le guerrier gaulois.
Campagne... de communication
Pour faire entendre ses théories, le chevalier bombarde de
mémoires et couriers les grands chefs, du secrétaire d'État de
la Guerre Voysin au maréchal de Villars, qui reçoit ses conseils
avec une indifférence bienveillante: le brave Folard, dont la
carriére s'est arrétée en 1719 au grade de colonel, semble igno-
rer que la guerre n'est pas qu'une affaire de tactique mais aussi
de stratégie. Surtout, sa théorie est déconnectée des réalités du
terrain: les hauts gradés, å qui l'expérience a appris å se méfier
des soi-disant martingales, adaptent leurs choix tactiques aux
circonstances — effectifs, terrain, météo... Tandis que la préfé-
rence å l'arme blanche leur parait anachronique, ils objectent
que si l'ordre mince limite la portée des succes, il minimise
parallélement les effets des revers, car la colonne peut certes
apporter le triomphe, elle garantit un désastre irrémédiable
en cas d'échec et ruine tout espoir de négociation.
Faute de convaincre, Folard se mue en
«fou littéraire», au sens donné par Raymond
Queneau : un auteur soutenant «des thèses que
l'on peut aisément qualifier d'extravagantes ». II
multiplie les publications — son traité est repris
ainsi en 1724 dans les Nouvelles découvenes sur
la guerre et inséré, sous forme de commentaires,
dans la traduction par Dom Thuillier de l'His-
toire de Polybe (1727-1730), dont il annote le texte avec force
extrapolations pour appuyer sa these. Non seulement le cheva-
lier est mal vu pour son appartenance au petit groupe janséniste
des convulsionnaires de Saint-Médard mais son insistance finit
par irriter, d' autant qu'il protite de ses ouvrages pour régler ses
comptes (non sans pertinence) avec nombre de généraux sous
lesquels il a servi et qui sont toujours vivants — Villars en téte.
II doit donc renoncer å ses commentaires dans le sixiéme tome
de l'Histoire de Polybe, imprimé en 1730.
Le tétu chevalier aurait sombré dans l'oubli si une nouvelle
crise de doute n'avait frappé nombre d'ofiiciers français apres
les guerres de Succession de Pologne (1733-1738) et d'Autriche
(1740-1748). Il n'échappe å personne que les victoires obte-
nues pendant la premiere l'ont été contre un adversaire affaibli
et que le maréchal de Saxe a profité pendant la seconde d'un
terrain facile et qu'il connaissait bien. Tout cela masque mal
les graves défaillances logistiques, les querelles d'ego au sein
du commandement et les prises de risques inconsidérées par
ambition. Ce bilan parait d'autant plus mitigé qu'il contraste
avec les éclatants succes de Frédéric II. Or, ce dernier les a.
remportés, notamment å Mollwitz en 1741, en redonnant du
sens aux manceuvres face å des Autrichiens plus statiques.
Sans complexe, Folard relance donc son offensive épisto-
laire en ciblant les généraux en vue — Belle-Isle, Maillebois,
Maurice de Saxe... Ce dernier, qui n'a jamais été un disciple
du chevalier, n'en déplaise å la légende, se moque gentiment
de lui apres Fontenoy, où le maréchal a mis
en déroute la monstrueuse colonne assemblée par le duc de
Cumberland. Pourtant, le chevalier n'abandonne pas et prépare
encore, å la veille de sa mort, une nouvelle édition de ses com-
mentaires sur Polybe. Elle ne paraitra pas: afin d'éviter toute
polémique, ses héritiers se contentent d'une réimpression de la
version précédente et de la publication, en 1753, de Mémoires
pour servir la vie de M. le chevalier de Folard.
Ce n'est que post mortem que le théoricien incompris
remporte ses premiers succes. A Paris, en effet, la percep-
tion du déclin de la France en tant que premiere puissance
terrestre d'Europe et Ies succes de Frédéric II ont induit
une réaction patriotique ou la colonne de Folard apparait
comme la riposte idéale å un pseudo-systeme prussien...
qui n'existe que dans la téte de ses adversaires. Car Frédéric
n'obéit aucun principe ou théorie. II se fonde sur son coup
d'oeil, le bon sens, un outil militaire compact, bien formé et
mobile, sans compter l'acceptation de lourdes pertes.
Le premier å dégainer est un jeune et ambitieux officier
du génie, Frangois-Jean de Mesnil-Durand (1729-1799),
qui publie en 1755 son Projet d'un ordre francais en tac-
tique. Bien que son expérience militaire soit fort succincte et
limitée å quelques travaux de fortification dans sa Normandie
natale, le jeune homme se pique de défendre le «systeme de
Folard » (que l'artilleur Bonneval qualifiera en 1762 d'«ordre
profond» dans ses commentaires des Réveries de Maurice
de Saxe). Si l'on en croit l'historien Jean Chagniot, Mesnil-
Durand présente en fait une version abåtardie de la théorie
des colonnes qui, privée des réflexions pertinentes que Folard
avait tirées de ses lectures et de son expérience, se cantonne å
une vision purement maneuvriére et mécanique.
En dépit de son intérét discutable, l'opuscule de Mesnil-
Durand frappe l'esprit du maréchal de Broglie, un des grands
chefs de l'armée de Louis XV qui, ainsi que le raconte
Rochambeau se met en tete d'imposer l'ordre profond
«comme ordre primitif dans l'infanterie» au début de Ia
guerre de Sept Ans. II n'en est rien, car le projet est rejeté
lors d'un conseil tenu å Cassel, en présence du maréchal,
par plusieurs officiers, dont le pere d'un certain Guibert et
Rochambeau qui, dans ses Mémoires, justifie ainsi la déci-
sion : "On était convenu que c'était une bonne manoeuvre å
placer dans l'ordonnance pour s'en servir dans l'occasion,
mais que l'ordre mince était le premier ordre pour déployer
son feu, et pour étre moins en prise l'artillerie quadruplée
qui existait actuellement dans les armées de l'Europe. »
Dans l'ombre du Jeune Fritz
Colonne ou pas, les armées frangaises ne brillent guere
pendant la guerre de Sept Ans. Le bilan n'est pas aussi
calamiteux qu'on le pense, mais les quelques succès enre-
gistrés ont du mal å faire oublier les humiliations infligées
par les Prussiens à Rossbach, en 1757, et par les Anglo-
Hanovriens å Minden, en 1759. C'est de cette nouvelle
crise qu'un autre jeune officier théoricien, Jacques-
Antoine-Hippolyte de Guibert (1743-1790), tente de tirer
des enseignements en publiant en 1770 son Essai général
de tactique, largement diffusé deux ans plus tard.
Ägé de vingt ans quand la paix est signée, Guibert est un
«officier à la bavette» (lieutenant à trois ans, puis capitaine à
quinze ans), qui n'a guère eu le temps de goüter aux affres du
commandement : son expérience réelle en la matiére se restreint
quelques opérations en Corse å la fin des années 1760. Mais
la différence de Mesnil-Durand, c'est un vrai fantassin et il
a accompagné son pere (un temps subordonné de Broglie en
Allemagne, on l'a vu), pendant la campagne de Rossbach, où il a
été capturé. L'épisode a profondément marqué le gargon de qua-
torze ans et imprimé en lui une grande admiration pour l'armée
prussienne, de même qu'il sera affecté par l'efficacité meurtriére
du feu anglo-hanovrien å la bataille de Willingshausen en 1761
(où Broglie est battu parce qu'il a voulu gagner la bataille tout
seul sans attendre le secours de son collégue Soubise).
Querelle "milittéraire »
Dans son Essai général, Guibert défend
l'idée que le choc n'est pas proscrit, à condi-
tion de le combiner avec le feu. L'infanterie
étant propre å l'action de feu et å l'action de
choc, il lui faut une ordonnance qui lui per-
mette l'usage de ces deux propriétés; et, au
cas que la méme ordonnance ne puisse ser-
vir pour les deux objets, il faut, que de celle
qui sera déterminée, devoir étre l'ordonnance
habituelle et primitive », écrit-il, en ajoutant que l'ordre mince
devait étre cet ordre primitif, car « avant que d'étre en mesure
d'aborder l'ennemi, il faut se mettre en bataille, il faut arri-
ver lui, il ne faut pas étre détruit ou mis en désordre par
L'effet de son feu ; il faut lui faire craindre du feu son tour »,
d'autant plus que 3la multiplicité de l'artillerie, la science
du choix des postes, celle des retranchements ont rendu
aujourd'hui les actions de choc infiniment rares."
La publication déclenche dans les salons une de ces que-
relles «milittéraires» dont a parlé l' historien Hervé Drévillon.
Pour organiser efficacement l'ordre mince qu'il préconise,
Guibert suggère d'imposer une discipline stricte å l'infanterie
au grand émoi de ses compatriotes pour qui le Frangais est par
nature rétif å la «robotisation » prussienne. L' Essai général est
immédiatement perçu comme une apologie du «systeme fré-
déricien » et donc, en réaction, comme une attaque sacrilège de
son antidote français, le « systeme de Folard », qui n'a pourtant
jamais été appliqué... La polémique rebondit en 1774, quand
Mesnil-Durand répond å Guibert. Dans le curieux Fragments
de tactique, il réitére sa défense de l'ordre profond et réfute
des paragraphes de son adversaire en dénonçant l' inexactitude
des exemples donnés. En fait, Mesnil-Durand reste sur une
vision théorique et intellectuelle, qui ne convainc guere. Si son
systeme est contesté, explique-t-il, c'est tout simplement parce
qu'un critique comme Guibert ne l'a «pas assez bien saisi»,
« par ma faute sans doute », ajoute-t-il.
Purement théorique et anecdotique, la dispute entre deux
théoriciens sans grande pratique du commandement n'en
ravive pas moins les fractures de celui-ci qui ont ruiné les
campagnes de Louis XV. Disgracié depuis 1762, le maré-
chal de Broglie reprend en effet la défense du «systéme
français» de Folard et Mesnil-Durand avec d'autant plus
de coeur que son rival de toujours, le maréchal de Soubise,
se montre bienveillant envers Guibert.
Essais grandeur nature
L'hostilité de ces deux clans monte d'un cran quand
Guibert entre en 1776 dans l'équipe du comte de Saint-
Germain, secrétaire d'État de la Guerre et autre ennemi
personnel de Broglie. Lorsque le ministre et le jeune tac-
ticien élaborent des mesures et des sanctions relatives å la
discipline des troupes, les mémoires critiques se concentrent
contre les punitions corporelles å la mode prussienne, fai-
sant oublier que les nouveaux préceptes contenus dans
l'ordonnance de 1776 se contentent de réunir «l'ordre
profond et l'ordre mince pour s'en servir à la volonté des
généraux », comme l'écrit Rochambeau. La
tempéte souffle si fort que Saint-Germain finit
par démissionner en 1777.
En 1778, Broglie, de retour en gråce alors
que la France entre en guerre aux cötés des
Américains et prépare un débarquement
en Angleterre, obtient de tester ses idées
en grandeur nature. Au mois d'aoüt, un
camp de 30000 hommes est installé å Vaussieux, près de
Bayeux, en Normandie. Le maréchal prend la téte de rar-
mée organisée en ordre profond, tandis que le lieutenant
général de Luckner, un ancien officier de Frédéric II passé
au service de la France en 1763, commande l'armée ran-
gée en ordre mince. Et le vainqueur est... l'ordre mince,
qui l'emporte dans toutes les mancuvres, y compris celles
que Broglie, mauvais perdant, a imaginées en sa faveur.
Tous les essais de changement de position montrent,
contre-intuitivement, que l'ordre mince offre plus de
rapidité. Et Rochambeau, qui sert chez Luckner, souligne
que son succés s'est reposé en s'appuyant uniquement sur
l'ordonnance de 1776.
Vaussieux aurait dü mettre fin å la querelle— il n'en est rien.
On continue de reprocher å Guibert sa prussophilie. Désireux
de retrouver la faveur de Versailles et du dépanement de la
Guerre, il comprend qu'il doit mettre de l'eau dans son vin.
Son Essai général défendait déjå un ordre plutöt mixte que
mince. Ce propos est donc clarifié et réexposé en 1779 dans
une Défense du systéme de guerre moderne, ou refutation du
systéme de Mesnil-Durand. Si l'ouvrage reste quelque peu
gåté par une application excessivement géométrique et par une
révérence constante pour l'ordre oblique, Guibert reconnait
qu'« aucun principe de la tactique moderne n'a cette préten-
tion » d'étre exclusif. Sans disqualifier les colonnes, l'auteur
se borne å condamner l'usage privilégié, voire systématique
de l'ordre profond en tant qu'incitateur å l'indiscipline et
å un désordre difficile å rattraper, la furia francese n'étant
plus une qualité, mais un défaut potentiellement désastreux.
S'il vante injustement son parcours militaire dans l' infanterie
par rapport å celui des ingénieurs Mesnil-Durand et Folard,
Guibert a le mérite d' appuyer son argumentation sur des cas
concrets et non sur les élucubrations antiquisantes de ses pré-
décesseurs. Quoi qu'il en soit, cette manoeuvre «milittéraire »
est réussie: Le tacticien réintégre le Conseil de la Guerre en
1787 pour mener aussi difficilement qu'en 1776 des réformes
administratives qui aboutissent néanmoins au reglement de
1791 — un an apres sa mort.
Le triomphe du pragmatisme
Guibert a-t-il eu raison ? Dumouriez, grand défenseur d'un
pragmatisme de bon sens, s'appuie sur l'ordre mixte pour
vaincre à Jemmapes en 1792, mais il y dispose encore de
troupes de ligne de l' Ancien Régime bénéficiaires d'une forma-
tion qui fait défaut å celles levées au cours des premieres années
des guerres de la Révolution. On a pu voir dans le recours aux
colonnes d' attaque une revanche de Folard en oubliant qu'il
ne s'agissait que d'un palliatif causé par les lacunes de l'ins-
truction et que les victoires de 1793 (Hondschoote, Wattignies)
sont remportées en écrasante supériorité numérique — effectifs
égaux, Dumouriez se fait écraser å Neerwinden. L'historien
John A. Lynn insiste sur le fait qu'il a fallu attendre 1794 pour
retrouver des manoeuvres sans colonnes d'attaque, quand l'in-
fanterie de l'année du Nord eut atteint un degres d 'entrainement
assez avancé, ce qui permettait aux bataillons de marcher en
bataille sans grand risque de désordre."
Même effet de trompe-l'oeil en Italie, où Bonaparte, à
cause du manque de moyens et certaines défaillances logis-
tiques, semble miser de nouveau sur le choc (et l'artillerie),
ce qui fera croire à un retour en grace de l'ordre profond. En
réalité, ni Napoléon, qui n'a eu accès qu'à un Folard abrégé,
ni ses maréchaux ne recourent à des systemes, préférant
improviser. Plus qu'un choix, l'usage croissant de la colonne
traduit le déclin progressif de la Grande Armée. Cela fonc-
tionne encore à Wagram, au prix de pertes effroyables et
avec I'appui d'une «grande batterie» de 100 canons, mais
échoue à Ligny et, surtout, à Waterloo, où Jomini soulignera
à raison que la ligne s'imposait å Wellington au vu du terrain
pentu et détrempé qui génait les mouvements. Purement
théorique, la polémique entre Folard et Guibert a surtout
rappelé l'évidence résumée par Napoléon: " La guerre est
un art simple et tout d'exécution. »
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
G7A. siège et fortification à la Guerre de Sept-ans.
Avant ou après avoir lu la biographie du marquis de Montalembert de Yvon Pierron,
Avant ou après avoir lu sur Gallica les tomes de la Fortification Perpendiculaire du dit Montalembert qui domine le sujet en son temps,
Oyez le livre que j'ai trouve en accès libre qui porte un oeil de chercheur (jeune) novateur sur les sièges et fortifications au XVIIIe.
plus un blog
https://micheltheveninhistorien.blogspot.com/search/label/Violence%20de%20la%20guerre%20de%20si%C3%A8ge
Avant ou après avoir lu sur Gallica les tomes de la Fortification Perpendiculaire du dit Montalembert qui domine le sujet en son temps,
Oyez le livre que j'ai trouve en accès libre qui porte un oeil de chercheur (jeune) novateur sur les sièges et fortifications au XVIIIe.
" Changer le système de la guerre " : le siège en Nouvelle-France, 1755-1760
Par: Michel Thévenin
https://www.pulaval.com/libreacces/9782763752440.pdf
Par: Michel Thévenin
https://www.pulaval.com/libreacces/9782763752440.pdf
plus un blog
https://micheltheveninhistorien.blogspot.com/search/label/Violence%20de%20la%20guerre%20de%20si%C3%A8ge
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
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