A Tournon-sur-Rhône, le Jardin d'Eden ...
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A Tournon-sur-Rhône, le Jardin d'Eden ...
Le Jardin d'Eden, à Tournon, est un havre de paix qui déploie plus d’un hectare d’espaces botaniques aux coins ombragés parsemés de petits oratoires. Il offre un parcours émaillé de fontaines et de bassins, édifiés pour certains à la Renaissance, où se côtoient chastes Vierges et Nymphes dénudées, Amours et Satyres ...
Jacques de Tournon et sa femme, Jeanne de Polignac, fondent en 1473 un couvent des Cordeliers de l’Observance, situé au nord de la ville.
Ils sont les parents du fameux cardinal François de Tournon qu'Alice Saunier-Seïté n'hésite pas à appeler " le Richelieu de François Ier ".
- Spoiler:
- - Avec Jean de Selve, Tournon négocie le traité de Madrid ( 1526 ) qui permet la libération du roi, prisonnier de Charles Quint, échangé contre ses fils François et Henri.
- et en 1529 la Paix des Dames ( Paix de Cambrai ) qui met fin à la septième guerre d'Italie.
- Il est à Rome entre janvier et septembre 1533 avec Gabriel de Gramont pour discuter de l'annulation du mariage d'Henri VIII avec Catherine d'Aragon. Il négocie aussi le mariage entre Catherine de Médicis, nièce du pape, avec Henri, le deuxième fils du roi.
- et puis la Paix de Nice, en 1538, qui met fin à la huitième guerre d'Italie.
Malheureusement, il entraîne François Ier dans le massacre des Vaudois du Luberon en 1545.
Poursuivons notre promenade empreinte de sérénité parmi les buis centenaires, témoins silencieux des événements qui façonnèrent l’histoire de la ville.
Tenez ! d'une terrasse nichée au pied de la tour, un belvédère dominant toute la vallée nous offre un panorama remarquable sur le château des illustres seigneurs de Tournon.
J'ai le regret de vous le dire, le 10 août 1536, au château de Tournon, meurt François de France. Il est le troisième enfant mais aussi l'aîné des fils de François Ier et de Claude, reine de France et duchesse de Bretagne.
Vinaigrette raconte :
Quelques jours auparavant, François, 18 ans, se trouve aux côtés de son père et de la cour, en route vers la Provence.
Les armées françaises s'opposent alors à celles de l’empereur du Saint-Empire, Charles Quint, dans le Sud de la France !
Tout ce petit monde fait une halte à Lyon, avant la prochaine étape : Valence, dans la Drôme. On est en plein cœur de l’été. Il fait une chaleur... caniculaire ! Pas de quoi arrêter le dauphin, qui décide de jouer une partie de son jeu préféré : le jeu de paume.
La scène se passe dans le pré d'Ainay, à Lyon. A la fin du jeu, François en nage, complètement vidé, rouge cramoisi, ( le gosier aussi aride que le désert de Gobi ) demande alors à boire à son écuyer, Sebastiano de Montecuculli.
Cul sec ! Le dauphin boit l’eau glacée d'une traite.
François Ier et son fils quittent Lyon pour Valence, le malaise ne se fait pas attendre. On est le 6 août 1536. Le mal empire. François est trop faible, on doit s'arrêter à Tournon.
Quatre jours plus tard, le dauphin était mort !
De là à réfuter la mort naturelle et imaginer un empoisonnement politique il n'y a qu'un pas allègrement franchi par François Ier.
On arrête Montecuculli ...
La suite est réservée à notre Monsieur de Coco .
- Spoiler:
- Une mort trop brutale pour être naturelle, poursuit Vinaigrette.
La mort de François choque. On n’y croit à peine, la disparition est si brutale !
On en vient très vite à en chercher les causes.
Trop d’ébats, peut-être ? Oui ! Le dauphin (digne fils de son père, chaud lapin porté sur la chose) aurait été épuisé par de violents ébats avec la demoiselle de Lestrange, sa maîtresse. Au point d’en tomber malade et d’en crever !
Ou alors... était-ce le verre d’eau glacée ? Car l’eau froide tue !
A moins que cette mort brutale ne cache… un empoisonnement !
Le dauphin a-t-il été empoisonné ?
A l’époque, qui dit mort trop soudaine dit souvent… empoisonnement.
A la disparition du dauphin, la rumeur vient rapidement sur toutes les lèvres.
Mais alors, qui serait le coupable ?
Catherine de Médicis, belle-sœur de François ?
La jeune épouse du frère de François, Henri, n’avait qu'à éliminer son beau-frère, pour que son époux ne devienne l'héritier du trône... faisant d'elle la future reine de France !
En plus, Catherine est italienne : à l’époque, les Italiens ont la réputation d’être passés maîtres en art des poisons !
A moins que ce ne soit l'empereur Charles Quint, grand ennemi du royaume de France ?
Ou peut-être un de ses bras armé !
Montecuculli, fait suspect idéal et bientôt arrêté.
Vous vous souvenez ? L'écuyer du dauphin ! Celui qui lui a donné le verre d’eau !
On le torture, on parvient à lui arracher des aveux : il dit qu'un certain Antoine de Lève, favori de Charles Quint, l'a engagé.
Oui, il voulait tuer le dauphin... mais aussi le roi, et toute sa famille !
Mais que sait-on de ce Montecuculli ? Pourquoi le soupçonne-t-on ?
Ce gentilhomme de Ferrrare, débarqué en France avec Catherine de Médicis, détenait (malheureusement pour lui) des connaissances en médecine et en alchimie.
C'est un suspect... tout trouvé !
On découvre chez lui de l'arsenic, du vif argent, ainsi qu’un traité sur les poisons.
La condamnation à mort
Le 7 octobre 1536, un grand conseil réuni à Lyon condamne Montecuculli à être écartelé.
L'arrêt rendu contre l’ancien écuyer rapporte qu’il est
« convaincu d'avoir empoisonné feu François, fils aîné du Roi, en poudre d’arsenic sublimé, par lui mise dedans un vase de terre rouge en la maison du Plat à Lyon, convaincu d'être venu en France exprès et en propos délibéré d'empoisonner le Roi. »
Le supplice de l'assassin supposé
Le jour même, Montecuculli est amené sur les lieux de son supplice, au lieu-dit de la Grenette, à Lyon.
On détruit devant lui les armes supposées du crime : le pot de terre rouge et l'arsenic trouvé chez lui.
Ensuite, on le met entièrement nu, on l’attache aux hanches et à la poitrine, puis on ligote bras et jambes à quatre chevaux. La pire des morts qui soit. Écartelé vivant. Vivant !
Les parties démembrées doivent ensuite être pendues aux quatre portes de la ville.
La tête devait être découpée, puis plantée au bout d'une lance, sur un pont franchissant le Rhône.
Mais les débris sanglants de Montecuculli restent deux jours exposés sur un échafaud, à la merci d’un peuple vengeur. Sa tête est mutilée, les yeux crevés, les cheveux arrachés !
Le corps est quasiment mis en lambeaux de chairs, ses parties intimes tranchées.
morceaux sanguinolents exposés aux quatre coins de Lyon ...
Alors, de quoi François est-il vraiment mort ?
On l’a vu, les écrivains, les chroniqueurs du temps évoquent rapidement l'empoisonnement, comme cause de la mort du dauphin.
Pendant longtemps, de nombreux historiens restent persuadés que Montecuculli est l’auteur du crime.
Alors que pourtant, le rapport d'autopsie de l'époque (« l’ouverture ») évoque une mort naturelle ! Aucune trace de poison n’est retrouvée.
Les chirurgiens trouvent des organes sains, sauf « la bouche et le nez tous environnés de glaçons de sang (caillots) », « le poumon trouvé plein d'élevures (inflammations localisées). »
Le docteur Cabanès, qui a étudié les morts des grands personnages de l'Histoire de France, pense à un décès causé par une pleuro-pneumonie, due à l’absorption d'une boisson froide, après un gros effort et une abondante transpiration.
L'homme politique Pierre-Louis Roederer, au XVIIIe s, parle de pleurésie.
Émile Littré, en 1874, évoque la phtisie : l’ancien nom de la tuberculose pulmonaire ! Ce que vient confirmer l’autopsie faite en 1536, où les médecins trouvent des inflammations suspectes aux poumons !
La suite !
Le dauphin était de toute évidence mort de cause naturelle à Tournon.
Mais Montecuculli devait payer : cette mort trop brutale, en somme toute banale, ne pouvait être le fait d'une simple maladie.
En tous cas, François décédé, son frère cadet Henri prend la place de dauphin, et devient l’héritier du trône.
Il régnera sous le nom d'Henri II, dès 1547 !
https://fr.anecdotrip.com/le-dauphin-francois-de-france-assassine-a-tournon--par-vinaigrette
Sources
Augustin Cabanès. Les morts mystérieuses de l'Histoire. 1910.
Berthold Zeller. La cour de François Ier, son gouvernement. 1890.
Étienne Charavay. Les enfants de François Ier. Revue des documents historiques, 1874.
Didier Le Fur. François Ier. Perrin, 2018.
En avril 1654 les moines s’installent dans le jardin, ancien parc de leur monastère.. Ils seront chassés par la Révolution , et le jardin à l'abandon .
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Après la Révolution, en 1815, voici les religieuses de « La compagnie de Marie Notre Dame » qui s’installent à la place des Cordeliers. Elles y demeurent jusqu’en 1954, date à laquelle les trois dernières sœurs quittent le couvent pour se retirer du côté de Lyon.
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En 2008, Les sœurs qui jusque là s’étaient toujours refusées à le vendre, cèdent le jardin à Éric Lelong. C'est lui qui nous accueille, qui nous prodigue les explications historiques, botaniques, et nous conte passionnément l'aventure, presque une quête spirituelle, que fut le réaménagement de ce jardin ... un plaisir !
LE JARDIN D’EDEN
8, rue Lachanal
07300 Tournon-sur-Rhône
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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