Marie-Antoinette en deuil, à la prison du Temple, par et d'après Alexandre Kucharsky (ou Kucharski)

Je sais bien... mais pour qu'Elle soit si ridée, j'ai idée que c'est à la Conciergerie qu'Elle a dû prendre en âge ...
Or Kucharsky ne L'a peinte qu'au Temple...
Je trouve ce portrait assez effrayant !

Bien à vous.

Remarque, c'était le lot de beaucoup de femmes de la noblesse ( et pas seulement ) à l'époque .

Cosmo a écrit:C'est cela : elle est atteinte dans sa chair.

En effet, Kucharsky L'a atteinte dans Ses lèvres qui ne sont pas les Siennes et dans Ses yeux...mais bon ça ce sont les rides me direz-vous...

Bien à vous.

Je ne la trouve pas ridée sur le portrait de Kucharsky. Elle est plutôt bouffie ... et surtout elle a l'air désespérée. Je reconnais bien ses lèvres pour ma part.

Voici le portrait in situ au château de Champ de Bataille.

J'avoue ne pas trop avoir d'avis. Je retrouve quelques traits de Marie-Antoinette. Mais quand nous sommes en face des autres Kurcharsky, nous la retrouvons incontestablement et pour ma part, mais je ne pense pas être la seule, nous la "ressentons". Je ne sais comment expliquer... Il y a un effet que ce portrait ne me fait pas du tout.

Je comprends ce que tu veux dire. Je pense tout simplement que comme le dit Majesté, ce portrait "au noeud blanc" est effrayant ... et que nous avons du mal à accepter qu'elle ait pu ressembler à cela à la fin de sa vie. Cela me paraît néanmoins tout à fait possible... et compte tenu des épreuves qu'elle avait subies (mort de deux enfants, tentative d'assassinat en octobre 1789, fuite ratée et retour de Varennes à Paris sous les crachats, emprisonnement, massacre de la princesse de Lamballe etc...), cela ne me paraît finalement pas si étonnant.

Je ne voudrais pas d'avantage te faire peur Cosmo, mais ce portrait est probablement le plus réaliste de la Reine !
Lorsque j'ai visité les appart de Marie-Antoinette l'historien avait utilisé ce portrait pour nous donner une idée précise de ce à quoi ressemblait le Reine, bien qu'il faille prendre en considération tous les éléments que tu viens de citer.

... cela ne m'étonne pas. Les portraits de Kucharsky transpirent de vérité. Sur le pastel de la reine, qu'il réalise en 1791, la reine est triste, angoissée, mais elle n'est pas encore abattue.
Sur l'huile sur toile qu'il réalise en 1793, Marie-Antoinette a, à ce stade, abandonné tout espoir. Elle est juste totalement désespérée.

l'amour menaçant a écrit:Je ne voudrais pas d'avantage te faire peur Cosmo, mais ce portrait est probablement le plus réaliste de la Reine !
Lorsque j'ai visité les appart de Marie-Antoinette l'historien avait utilisé ce portrait pour nous donner une idée précise de ce à quoi ressemblait le Reine, bien qu'il faille prendre en considération tous les éléments que tu viens de citer.

Monsieur Legros est certes une référence, mais il en existe d'autres !
Les sculpteurs qui ont réalisé les portraits de la Reine par exemple auraient, ce me semble, eu du mal à rendre ce que nous admirons aujourd'hui si Marie-Antoinette ressemblait à cela...Or il y a beaucoup de points communs entre les différents visages offerts par Lecomte, Houdon ou Boizot...
A l'instar de Jag et Sergio, c'est leur dextérité que j'ai envie de croire

Bien à vous.

Ce portrait ne me fait pas peur du tout et ce n'est pas la tristesse qui me fait refuser d'y voir Marie-Antoinette. Encore que pourquoi pas, je ne nie pas non plus que ce soit elle. Je le trouve tout simplement raté.

Non, il existe un portrait autrement plus effrayant tant le malheur y est peint et celui-ci, nous le savons, est d'après Kurcharsky, je parle de celui de Prieur. Celui-ci m'angoisse et me fascine en même temps. Là, je plonge dans son regard, je ressens son désespoir.

Le portrait de Prieur me fait un effet similaire, il est même à l'origine de ma passion pour Marie-Antoinette tant Ses yeux m'ont parlé depuis cette peinture.



Alors que je ne ressens rien, comme toi, Olivia, de ce portrait au grand noeud blanc...
J'avoue aussi que le fait que Marie-Antoinette à cette époque à tout à fait mon âge m'empêche de voir dans le visage de Kucharsky celui de la Reine...

Bien à vous.

Oui moi aussi ce portrait n'est pas la source de ma passion mais y a largement contribué. Il montre un contraste dans sa vie saisissant.

Pour ma part, le portrait de Prieur ne m'a pas touché. Ces gros yeux hébétés sur un visage trop rond... On dirait un dessin d'enfant. Il ne fait pas très réaliste. Le trait est assez grossier.

Ce portrait ne doit sa renommée qu'à la confusion qui a existé, pendant un temps, sur l'identité de l'artiste. Alors que certains croyaient qu'il avait été peint par Jean-Louis Prieur, juré au Tribunal révolutionnaire, il s'avère que ce portrait est en réalité l'oeuvre de Sophie Prieur, peintre de seconde (voire troisième) catégorie, qui n'a jamais vu la reine et se spécialisait dans la copie de tableaux sous la Restauration. En l'espèce, elle a réalisé son oeuvre d'après Kucharsky manifestement.

Oui c'est copié d'après Kurcharsky. Mais pour moi, c'est un de ses portraits qui me procure le plus d'émotions. Bon j'avoue il y en a un paquet. : 

J'y vois mal la reine sur ce tableau, seulement j'y reconnais les lèvres et les sourcils. En tout cas, on y voit bien une femme qui a pleuré récemment, qui souffre, avec le visage trop fatigué, pas de maquillage et un peu âgée... parfaitement compatible avec la situation de la ci-devant Reine à ce moment-là.
Même s'il n'était pas le portrait de la reine, le tableau est de très, très bonne facture et l'artiste est très doué!
Il ne m'importerait pas de l'avoir sur mon mur...

Pour en revenir au gros ruban blanc que la reine arbore sur le portrait de Kucharsky, le Journal de Madame Eloffe confirme qu'elle portait ce genre de ruban blanc lorsqu'elle était en petit deuil.

12 mars 1792 : Marie-Antoinette se voit fournir des habits de grand deuil (noir, gris etc...) pour la mort de son frère Léopold II .



12 mai 1792 : Marie-Antoinette quitte le grand deuil, pour le "petit deuil" : on lui livre alors des "rubans de satin blanc" nous dit le Journal de Madame Eloffe.



La reine portait sans doute le deuil de la princesse de Lamballe sur l'huile sur toile de Kucharsky.   
Cela paraît cohérent avec le fait qu'elle n'est pas amaigrie sur ce portrait. Après la mort de Louis XVI, elle perd beaucoup de poids. Fersen, qui devait être assez bien renseigné, indique lui-même dans son Journal qu'elle était très amaigrie en allant à l'échafaud. Donc, l'huile sur toile de Kucharsky est sans doute antérieure au 21 janvier 1793.

Tu es formidable ! Quelle suite dans les idées !  :\\\\\\\\: 

Mais comment se serait-elle fait peindre entre septembre 1792 et janvier 1793 ? La famille royale était tenue alors au secret. La surveillance s'est relâchée une fois Louis XVI mort.
Pas de visites d'anciens amis, de fidèles depuis le départ de madame de Tourzel, sa fille et la princesse de Lamballe. Par contre, après le 21 janvier, on retrouve presque aussitôt le médecin des enfants Brunier, des livraisons de mademoiselle Bertin, monsieur de Jarjayes, des contacts avec les Sérent...

Manifestement, des peintres ont pu rentrer au Temple avant le 21 janvier 1793.
Outre le tableau de Jean-Jacques Hauer posté plus haut ("Adieux de Louis XVI à sa famille au Temple"), nous connaissons également cette oeuvre de Garneray : Louis XVI au Temple.



(préempté par le musée Carnavalet à une vente Artcurial de 2005).

Voici le dessin préparatoire de ce tableau :

Bravo Cosmo !!!  :\\\\\\\\: 

Mais sur le portrait en demi-deuil, en observant la robe, on voit que la taille est prise juste en dessous de la poitrine. Ce n'est pas un poil en avance sur la mode de l'époque pour représenter la reine ?

Selon Marguerite Jallut, Ducreux aurait également dessiné un portrait de Louis XVI lorsqu'il était au Temple.
Ce n'est que le 1er avril 1793 que sur le réquisitoire du procureur de la commune, le Conseil Général arrête "Qu'aucune personne de garde au Temple ou autrement ne pourra y dessiner quoi que ce soit et que si quelqu'un est surpris en contravention au présent arrêté, il sera sur le champ mis en état d'arrestation et amené au Conseil Général faisant en cette partie les fonctions du Gouvernement" (M. Jallut, citant les Archive Nationales, Police générale F. 4391).

Il existe également un portrait de Madame Elisabeth, portant une coiffe identique à celle de la reine (bonnet blanc et gros noeud blanc). Ce portrait est attribué à Kucharski mais je ne reconnais pas sa patte (trop naïf).

Gouverneur Morris a écrit:Bravo Cosmo !!!  :\\\\\\\\: 

Merci Momo.   

Gouverneur Morris a écrit:
Mais sur le portrait en demi-deuil, en observant la robe, on voit que la taille est prise juste en dessous de la poitrine. Ce n'est pas un poil en avance sur la mode de l'époque pour représenter la reine ?

Le bonnet avec le gros ruban n'est pas à la mode Empire en tout cas. Il est typique XVIIIème siècle.

Sommes-nous sûrs qu'ils soient entrés au Temple à ce moment précis ? Je pense plutôt qu'ils ont recréés des scènes a posteriori.
Il y a bien quelques municipaux qui ont fait des dessins durant leur garde. Mais ils étaient de service, répertoriés dans les registres du Temple.
Et si ces artistes ont pu entrer, parce que municipaux ou autres officiels, ils n'étaient pas des proches de la famille royale. Ou cela ne se savait pas. Kurcharsky si. Suffisamment pour être évoqué lors du procès.

Ce n'est pas pour rien que Marie-Antoinette et madame Elisabeth ont vraiment cru pouvoir sortir du Temple, grâce à la complicité de Toulan, Lepitre et Michonis. Avant, c'était impossible. Elles cherchaient durant la première partie de leur captivité par tous les moyens d'avoir un contact avec l'extérieur. Si un peintre de leurs amis pouvait entrer si facilement à ce moment, pourquoi avoir cherché à créer un langage codé avec Cléry pour savoir ce qui se passait dehors ?  

Je trouve que le portrait en question et celui de madame Elisabeth, bien que de qualité très différente, sont assez proches.