Bonnie Prince Charlie
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Bonnie Prince Charlie
Dominique Poulin a écrit:Comme quoi, l'âme des Stuarts plane toujours sur l'Ecosse, leur premier royaume !
Oui, Domi . J'y reviendrai pour vous parler du grand-père de Walter Scott .
Ce qui est sûr, c'est que de son vivant Charles-Edouard cristallise une véritable ferveur populaire qui confine à l'adoration .
C'est vraiment une manière de " Bonnie mania ".
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Re: Bonnie Prince Charlie
L’un de mes clients est dirigé en Europe par deux écossais, je trinque toujours avec eux à Bonnie Prince Charlie après dîner
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Re: Bonnie Prince Charlie
Mais c’est surtout que ça marche avec tous les écossais, quel que soit l’âge ! C’est une légende que cet homme dans son pays comme tu nous le prouves !
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Re: Bonnie Prince Charlie
Domi a écrit:
Comme quoi, l'âme des Stuarts plane toujours sur l'Ecosse, leur premier royaume !
Momo a écrit:
C’est une légende que cet homme dans son pays
That's right, boys !
Sentez donc planer l'âme de Charlie à Abbotsford Manor, chez Walter Scott ( le bien nommé ), non loin d'Edimbourg, dans la demeure néo-gothique-médiévalo-british de l'auteur d'Ivanhoé . Que voici !
C'est dans la salle à manger, si je me souviens bien ...
... que je suis tombée en arrêt devant le portrait d'un homme hirsute, disparaissant sous tignasse, moustache, barbe en désordre ! Et la guide de nous expliquer qu'il s'agit là de l'arrière-grand-père de Walter Scott, le vieux Scott Beardie .
Quand Bonnie Prince Charlie fit ses adieux à Flora Mac Donald sur l'île de Skye et s'embarqua pour la France, Beardie jura de ne plus jamais se couper barbe ni cheveux avant le retour du prince et son rétablissement sur le trône écossais.
Pendant plusieurs années de son enfance, Walter Scott vécut chez son grand-père paternel. Il y fut bercé avec de vieilles chansons jacobites et des récits sur le temps de la guerre civile , dont le souvenir était encore vivace dans ce coin isolé.
Après un siècle, les fermiers conservaient le souvenir des cruautés exercées par l’armée du duc de Cumberland lorsqu’elle était venue réduire à la soumission les partisans du prince Charles-Édouard. Dans tout le pays, avec le souvenir du prince on gardait aussi la mémoire du vieux Scott Beardie, qui, après la chute des Stuarts, ne s’était plus jamais coupé la barbe, d’où lui était venu son surnom.
Beardie, mon arrière-grand-père, tirait son surnom d'une barbe vénérable, qu'il portait sans l'injure du rasoir ou des ciseaux, en signe de ses regrets pour la dynastie bannie de Stuart: il aurait bien fallu que son zèle s'y fût arrêté. Mais il prit les armes et intrigua pour défendre leur cause jusqu'à ce qu'il eût perdu tout ce qu'il avait dans le monde et, comme je l'ai entendu, couru le risque d'être pendu, sans l'intervention extrême d'Anne, duchesse de Buccleuch et Monmouth, frère aîné de Beardie ....
( La vie de Sir Walter Scott, par Sir Walter Scott, Chap. 1 )
Walter Scott reprendra le flambeau et ne se fera pas faute, dans ses Récits d’un grand-père, de raconter à son petit-fils l’histoire de l'Écosse et de Bonnie Prince Charlie. .
. – « J’ai écrit ce livre, explique Walter Scott à son petit-fils, en vue de l’âge que vous avez maintenant, c’est-à-dire sept ans, mais j’y ai placé plusieurs choses qui vous intéresseront encore lorsque vous aurez huit, dix, et même onze ans, quoiqu’elles soient maintenant un peu difficiles à saisir pour vous... Et cependant, en vous y appliquant bien, peut-être pourrez-vous les comprendre tout de suite, vous grandirez pour cela votre esprit, comme lorsque vous voulez prendre quelque chose sur une étagère un peu trop élevée, vous vous haussez sur la pointe des pieds. Peut-être aussi votre papa vous aidera-t-il. Ce sera précisément comme s’il vous donnait un tabouret sur lequel vous pourriez monter pour atteindre l’objet trop haut placé. »
Camille LE ROCHER, Profils d’écrivains anglais, 1903.
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Re: Bonnie Prince Charlie
Après un siècle, les fermiers conservaient le souvenir des cruautés exercées par l’armée du duc de Cumberland lorsqu’elle était venue réduire à la soumission les partisans du prince Charles-Édouard.
William Augustus est le duc de Cumberland de sinistre mémoire, ma chère Diane, et bien-sûr le cousin de Charles-Edouard .
British general, nicknamed “Butcher Cumberland” for his harsh suppression of the Jacobite rebellion of 1745.
He led British forces at the Battle of Culloden.
William Augustus est le duc de Cumberland de sinistre mémoire, ma chère Diane, et bien-sûr le cousin de Charles-Edouard .
British general, nicknamed “Butcher Cumberland” for his harsh suppression of the Jacobite rebellion of 1745.
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Re: Bonnie Prince Charlie
Mme de Sabran a écrit:Après un siècle, les fermiers conservaient le souvenir des cruautés exercées par l’armée du duc de Cumberland lorsqu’elle était venue réduire à la soumission les partisans du prince Charles-Édouard.
William Augustus est le duc de Cumberland de sinistre mémoire, ma chère Diane, et bien-sûr le cousin de Charles-Edouard .
British general, nicknamed “Butcher Cumberland” for his harsh suppression of the Jacobite rebellion of 1745.
He led British forces at the Battle of Culloden.
Oncle du futur roi George III, c'est lui aussi qui signa avec Richelieu la convention de Klosterzeven pendant la guerre de Sept Ans. Cet accord laissait la main mise à la France sur le Hanovre et, s'il avait été appliqué, aurait peut-être permis de trouver plus tôt une issue au conflit, et à de bonnes conditions pour notre pays.
Las, au grand scandale des Cours d'Europe, George II refusa de ratifier la convention et d’honorer la parole de son fils, qui fut rappelé en Albion. Pendant ce temps les anglais avaient évidemment réarmé en catimini, et Richelieu se fit éjecter du Hanovre avec ses troupes en deux temps trois mouvements...
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Re: Bonnie Prince Charlie
Merci, cher Momo, avec toi c'est comme si nous y étions ! Nous parlions de Georges III récemment : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3572-la-folie-de-georges-iii?highlight=georges
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Re: Bonnie Prince Charlie
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Re: Bonnie Prince Charlie
Mme de Sabran a écrit:
Allez, je retourne gambader dans les plates-bandes de mon petit Lulu !
Et cette fois en couleur, siouplaît :
Nous voyons pourquoi Charlie écrivant à Louis XV l'appelait " mon Oncle "
Il me semble, d'ailleurs, que lors de son odieuse et honteuse arrestation, il s'était écrié que l'on s'en prenait "au petit-fils d'Henri IV"
Gouverneur Morris- Messages : 11796
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Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, je me souviens avoir lu cela aussi .
Hélas, mon cher Momo, nous laissions sur l'île de Skye ( une beauté, cette île ! ) un prince charmant, presque de conte de fées .
Il a été battu par son cousin Cumberland, trahi par son oncle et allié Louis XV, plaqué par sa Clementina, désavoué par son père et son frère, ses illusions perdues, sa santé ruinée avec tout le cortège de calamités de l'ivrognerie qui s'ensuit, sa femme qui le quitte ... nous allons maintenant assister avec désolation à la dernière phase de sa déchéance ...
Hélas, mon cher Momo, nous laissions sur l'île de Skye ( une beauté, cette île ! ) un prince charmant, presque de conte de fées .
Il a été battu par son cousin Cumberland, trahi par son oncle et allié Louis XV, plaqué par sa Clementina, désavoué par son père et son frère, ses illusions perdues, sa santé ruinée avec tout le cortège de calamités de l'ivrognerie qui s'ensuit, sa femme qui le quitte ... nous allons maintenant assister avec désolation à la dernière phase de sa déchéance ...
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Re: Bonnie Prince Charlie
Son arbre généalogique est très intéressant ; on croise une nièce de Mazarin, le sang des Este, le sang des Sobieski, le sang de France... Cosmopolite cet arbre !
Cette déchéance, à mon avis, s'explique par sa très haute naissance et de là, la désillusion de ses projets de restauration et la condescendance des souverains avec tout ce que cela comporte de camouflets insupportables pour un si grand prince. Il suffit de citer en exemple son arrestation musclée sur ordre de Louis XV.
Certains sujets n'y résistent pas et sombrent dans une déchéance personnelle sans retour.
Plus haute est la naissance, plus douloureuse est la chute !
Cette déchéance, à mon avis, s'explique par sa très haute naissance et de là, la désillusion de ses projets de restauration et la condescendance des souverains avec tout ce que cela comporte de camouflets insupportables pour un si grand prince. Il suffit de citer en exemple son arrestation musclée sur ordre de Louis XV.
Certains sujets n'y résistent pas et sombrent dans une déchéance personnelle sans retour.
Plus haute est la naissance, plus douloureuse est la chute !
Dernière édition par Dominique Poulin le Jeu 14 Déc 2017, 18:10, édité 1 fois
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Re: Bonnie Prince Charlie
Alfieri, gentilhomme et poète, crut remplir deux fois son devoir en brisant les chaînes de la jeune femme de Charles-Edouard Stuart. Il raconte en ses mémoires qu’il dut s’adresser à l’autorité, c’est-à-dire au grand-duc lui-même, pour assurer l’évasion de la comtesse d’Albany et la soustraire aux violences de son époux. La scène est vive, dramatique, mais on comprend qu'Alfieri, n’en veuille parler qu’à mots couverts. Le ministre protestant Louis Dutens, celui-là même à qui l’on doit une savante édition de Leibnitz, a complété le récit du poète dans le recueil de ses souvenirs intitulé " Mémoires d’un voyageur qui se repose ".
Dutens y a aussi conté le duel dans lequel le vicomte Adolphe du Barry, fils du Roué, trouva la mort en Angleterre.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t902p150-la-famille-du-barry?highlight=barry
Mais revenons à nos moutons ...
Il était convenu, — je résume la narration du ministre anglais, — il était convenu entre la comtesse et Alfieri qu’elle devait prendre enfin un parti décisif et chercher un asile hors de la maison conjugale. Le grand-duc, informé du projet, l’approuvait sans réserve. Une amie de la comtesse, Mme Orlandini, qui descendait de la famille jacobite du marquis d’Ormonde, était dans la confidence, ainsi que son cavalier servant, gentilhomme irlandais, nommé Gehegan.
Le difficile était de déjouer la surveillance de Charles-Edouard, qui ne la quittait pas un instant, et la mettait littéralement sous clé chaque fois qu’il était obligé de sortir sans elle. À la promenade, à la messe, partout, on le voyait à ses côtés, comme un gardien hargneux. Enfin on tomba d’accord sur le plan ; chacun apprit son rôle, et au jour fixé, à l’heure dite, la petite comédie fut enlevée avec un merveilleux ensemble. Un matin, Mme Orlandini vint déjeuner chez la comtesse et lui proposa, en sortant de table, d’aller faire une visite au couvent des Dames-Blanches (le Bianchette), pour y admirer certains travaux d’aiguille, véritables merveilles d’élégance. « Volontiers, dit la comtesse, si mon mari le permet. » Le comte n’y voit nul obstacle ; on monte en voiture, on part, on arrive au couvent, non loin duquel on rencontre M. Gehegan, qui se trouvait là comme par hasard. La comtesse et Mme Orlandini descendent les premières, et franchissent les degrés du seuil. Elles sonnent ; la porte s’ouvre et se referme immédiatement sur elles. « Parbleu ! monsieur le comte, s’écrie M. Gehegan, qui les suivait, ces religieuses sont d’une exquise politesse : elles viennent de me jeter la porte au nez ! »
Charles-Edouard s’avançait d’un pas traînant. « Attendez, dit-il, je saurai bien me faire ouvrir. » Il monte les marches du perron, et frappe le seuil d’une main impatiente. Personne ne répond à cet appel ; il frappe encore, il frappe à coups redoublés : même immobilité dans le vestibule. Il est évident qu’on lui refuse l’entrée du cloître.
Alors sa colère éclate, il secoue si violemment et marteaux et sonnettes qu’il faut bien que l’abbesse intervienne. La voilà qui ouvre le guichet. « Monsieur, dit-elle sans s’émouvoir, la comtesse d’Albany a cherché un asile dans ce couvent ; elle y est sous la protection de son altesse impériale et royale la grande-duchesse. »
Dutens y a aussi conté le duel dans lequel le vicomte Adolphe du Barry, fils du Roué, trouva la mort en Angleterre.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t902p150-la-famille-du-barry?highlight=barry
Mais revenons à nos moutons ...
Il était convenu, — je résume la narration du ministre anglais, — il était convenu entre la comtesse et Alfieri qu’elle devait prendre enfin un parti décisif et chercher un asile hors de la maison conjugale. Le grand-duc, informé du projet, l’approuvait sans réserve. Une amie de la comtesse, Mme Orlandini, qui descendait de la famille jacobite du marquis d’Ormonde, était dans la confidence, ainsi que son cavalier servant, gentilhomme irlandais, nommé Gehegan.
Le difficile était de déjouer la surveillance de Charles-Edouard, qui ne la quittait pas un instant, et la mettait littéralement sous clé chaque fois qu’il était obligé de sortir sans elle. À la promenade, à la messe, partout, on le voyait à ses côtés, comme un gardien hargneux. Enfin on tomba d’accord sur le plan ; chacun apprit son rôle, et au jour fixé, à l’heure dite, la petite comédie fut enlevée avec un merveilleux ensemble. Un matin, Mme Orlandini vint déjeuner chez la comtesse et lui proposa, en sortant de table, d’aller faire une visite au couvent des Dames-Blanches (le Bianchette), pour y admirer certains travaux d’aiguille, véritables merveilles d’élégance. « Volontiers, dit la comtesse, si mon mari le permet. » Le comte n’y voit nul obstacle ; on monte en voiture, on part, on arrive au couvent, non loin duquel on rencontre M. Gehegan, qui se trouvait là comme par hasard. La comtesse et Mme Orlandini descendent les premières, et franchissent les degrés du seuil. Elles sonnent ; la porte s’ouvre et se referme immédiatement sur elles. « Parbleu ! monsieur le comte, s’écrie M. Gehegan, qui les suivait, ces religieuses sont d’une exquise politesse : elles viennent de me jeter la porte au nez ! »
Charles-Edouard s’avançait d’un pas traînant. « Attendez, dit-il, je saurai bien me faire ouvrir. » Il monte les marches du perron, et frappe le seuil d’une main impatiente. Personne ne répond à cet appel ; il frappe encore, il frappe à coups redoublés : même immobilité dans le vestibule. Il est évident qu’on lui refuse l’entrée du cloître.
Alors sa colère éclate, il secoue si violemment et marteaux et sonnettes qu’il faut bien que l’abbesse intervienne. La voilà qui ouvre le guichet. « Monsieur, dit-elle sans s’émouvoir, la comtesse d’Albany a cherché un asile dans ce couvent ; elle y est sous la protection de son altesse impériale et royale la grande-duchesse. »
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Re: Bonnie Prince Charlie
C'est à croire que Dutens se trouve toujours aux premières loges pour suivre les drames et déchirements conjugaux !
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Re: Bonnie Prince Charlie
Dire la stupéfaction et la fureur de Charles-Edouard , ce serait chose impossible.
Rentré chez lui, il s’adresse au grand-duc ; mais toutes ses plaintes, toutes ses prières, toutes ses protestations sont vaines : Pierre-Léopold aimait la justice sommaire et ne rendait pas compte de ses actes. Pendant ce temps, la comtesse d’Albany, qui n’avait pas l’intention de finir ses jours dans le couvent des Dames-Blanches, faisait de son côté des démarches couronnées d’un meilleur succès. La scène que nous venons de raconter se passait dans la première semaine du mois de décembre 1780 ; le lendemain ou le surlendemain, la comtesse écrivit à son beau-frère, le cardinal d’York, lui demandant sa protection et un asile à Rome. Le plus pressé pour elle était de quitter Florence, où elle pouvait craindre tous les jours quelque tentative désespérée du comte.
Rentré chez lui, il s’adresse au grand-duc ; mais toutes ses plaintes, toutes ses prières, toutes ses protestations sont vaines : Pierre-Léopold aimait la justice sommaire et ne rendait pas compte de ses actes. Pendant ce temps, la comtesse d’Albany, qui n’avait pas l’intention de finir ses jours dans le couvent des Dames-Blanches, faisait de son côté des démarches couronnées d’un meilleur succès. La scène que nous venons de raconter se passait dans la première semaine du mois de décembre 1780 ; le lendemain ou le surlendemain, la comtesse écrivit à son beau-frère, le cardinal d’York, lui demandant sa protection et un asile à Rome. Le plus pressé pour elle était de quitter Florence, où elle pouvait craindre tous les jours quelque tentative désespérée du comte.
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Re: Bonnie Prince Charlie
J'ai donc abandonné mon pauvre Charlie plaqué par sa femme et dans une rage noire .
Aussi incroyable que cela puisse paraître, même scénario : comme Clémentina avant elle, la comtesse d'Albany s'adressait au propre frère de son mari, le cardinal d’York, lui demandant sa protection et un asile à Rome... et le cardinal la lui assurait sans barguiner .
... court extrait d'une longue lettre :
« Frascati, ce 15 décembre 1780.
« Ma très chère sœur,
Je ne puis vous exprimer l’affliction que j’ai soufferte en lisant votre lettre du 9 de ce mois. Il y a longtemps que j’ai prévu ce qui est arrivé, et votre démarche, faite de concert avec la cour, a garanti la droiture des motifs que vous avez eus pour la faire. Du reste, ma très chère sœur, vous ne devez pas mettre en doute mes sentiments envers vous, et jusqu’à quel point j’ai plaint votre situation ; mais, de l’autre côté, je vous prie de faire réflexion que, dans ce qui regarde votre indissoluble union avec mon frère, je n’ai eu aucune autre part que celle d’y donner mon consentement de formalité après que le tout était conclu, sans que j’en aie eu la moindre information par avance, et pour ce qui regarde le temps après l’effectuation de votre mariage, personne ne peut être témoin plus que vous-même de l’impossibilité dans laquelle j’ai toujours été de vous donner le moindre secours dans vos peines et afflictions.
Rien ne peut être plus sage ni plus édifiant que la pétition que vous faites de venir à Rome dans un couvent, avec les circonstances que vous m’indiquez : aussi je n’ai pas perdu un moment de temps pour aller à Rome expressément pour vous servir et régler le tout avec notre très saint-père, les bontés duquel envers vous et envers moi je ne saurais vous exprimer. J’ai pensé à tout ce qui pouvait vous être de plus décent et agréable, et j’ai eu la consolation que le saint-père a eu la bonté d’approuver toutes mes idées. Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps, le roi mon père en avait une prédilection toute particulière. ( ... il explique que le bon Dieu a permis ce qui vient d’arriver, très certainement pour porter la comtesse à la pratique d’une vie édifiante, et peut-être même opérer la conversion de son frère. ) ( ... )
Adieu, ma très chère sœur, ne pensez à rien. ( ... ) . Je suis plein de sentiments pour vous.
« Votre très affectionné frère,
« HENRY, cardinal. »
Aussi incroyable que cela puisse paraître, même scénario : comme Clémentina avant elle, la comtesse d'Albany s'adressait au propre frère de son mari, le cardinal d’York, lui demandant sa protection et un asile à Rome... et le cardinal la lui assurait sans barguiner .
... court extrait d'une longue lettre :
« Frascati, ce 15 décembre 1780.
« Ma très chère sœur,
Je ne puis vous exprimer l’affliction que j’ai soufferte en lisant votre lettre du 9 de ce mois. Il y a longtemps que j’ai prévu ce qui est arrivé, et votre démarche, faite de concert avec la cour, a garanti la droiture des motifs que vous avez eus pour la faire. Du reste, ma très chère sœur, vous ne devez pas mettre en doute mes sentiments envers vous, et jusqu’à quel point j’ai plaint votre situation ; mais, de l’autre côté, je vous prie de faire réflexion que, dans ce qui regarde votre indissoluble union avec mon frère, je n’ai eu aucune autre part que celle d’y donner mon consentement de formalité après que le tout était conclu, sans que j’en aie eu la moindre information par avance, et pour ce qui regarde le temps après l’effectuation de votre mariage, personne ne peut être témoin plus que vous-même de l’impossibilité dans laquelle j’ai toujours été de vous donner le moindre secours dans vos peines et afflictions.
Rien ne peut être plus sage ni plus édifiant que la pétition que vous faites de venir à Rome dans un couvent, avec les circonstances que vous m’indiquez : aussi je n’ai pas perdu un moment de temps pour aller à Rome expressément pour vous servir et régler le tout avec notre très saint-père, les bontés duquel envers vous et envers moi je ne saurais vous exprimer. J’ai pensé à tout ce qui pouvait vous être de plus décent et agréable, et j’ai eu la consolation que le saint-père a eu la bonté d’approuver toutes mes idées. Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps, le roi mon père en avait une prédilection toute particulière. ( ... il explique que le bon Dieu a permis ce qui vient d’arriver, très certainement pour porter la comtesse à la pratique d’une vie édifiante, et peut-être même opérer la conversion de son frère. ) ( ... )
Adieu, ma très chère sœur, ne pensez à rien. ( ... ) . Je suis plein de sentiments pour vous.
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Re: Bonnie Prince Charlie
Le lendemain, 16 décembre, un bref du pape Pie VI, adressé à la comtesse d’Albany, lui annonçait que les dispositions du cardinal étaient complètement approuvées, et qu’un asile sûr attendait la royale fugitive dans le couvent des ursulines. La comtesse quitta aussitôt le cloître des Dames-Blanches et prit la route de Rome.
Le voyage s’accomplit sans accident , et la comtesse, arrivée à Rome, fut reçue avec les plus vives marques d’affection et de respect par son beau-frère le cardinal.
La comtesse une fois réfugiée en lieu sûr, Alfieri fut bien obligé, par convenance au moins, de rester quelques mois à Florence qui n’est plus pour lui « qu’un désert. » Il y est seul, sans secours, impuissant à vivre, « comme un aveugle qu’on abandonne. » La gloire, même n’a plus d’aiguillons pour exciter sa torpeur : c’était la vue de la comtesse, c’étaient ses paroles, ses encouragemens, qui enflammaient son génie ; séparé d’elle, qu’allait-il devenir ? Au mois de janvier 1781, incapable de supporter plus longtemps ce douloureux séjour, il se décide à partir .
A Rome, il entrevoit la comtesse : « J’arrivai, je la vis (ô Dieu ! mon cœur se brise encore rien que d’y penser !), je la vis captive derrière une grille, moins tourmentée peut-être qu’elle ne l’était à Florence, mais, par d’autres motifs, tout aussi, malheureuse ! »
Il se résigna donc, non pas sans des frémissemens de colère ; il se résigna même à solliciter les autorités romaines, à courtiser le cardinal d’York, pour obtenir la permission de voir la comtesse. Le gentilhomme altier, le poète impatient du joug s’imaginait vraiment avoir des droits sur la femme de Charles-Edouard , et il s’indigne des difficultés que rencontre sa pétition, comme s’il était victime de quelque monstrueuse injustice. Il faut voir avec quel dédain il traite ces frères, comme il les appelle, l’héritier du trône de Charles Ier et le cardinal d’York, au moment même où il déclare qu’il n’en veut pas dire de mal : « Si j’ai pu, dit-il, abaisser devant eux l’orgueil de mon caractère, que l’on juge par là de mon immense amour pour Mme d’Albany ! »
Le voyage s’accomplit sans accident , et la comtesse, arrivée à Rome, fut reçue avec les plus vives marques d’affection et de respect par son beau-frère le cardinal.
La comtesse une fois réfugiée en lieu sûr, Alfieri fut bien obligé, par convenance au moins, de rester quelques mois à Florence qui n’est plus pour lui « qu’un désert. » Il y est seul, sans secours, impuissant à vivre, « comme un aveugle qu’on abandonne. » La gloire, même n’a plus d’aiguillons pour exciter sa torpeur : c’était la vue de la comtesse, c’étaient ses paroles, ses encouragemens, qui enflammaient son génie ; séparé d’elle, qu’allait-il devenir ? Au mois de janvier 1781, incapable de supporter plus longtemps ce douloureux séjour, il se décide à partir .
A Rome, il entrevoit la comtesse : « J’arrivai, je la vis (ô Dieu ! mon cœur se brise encore rien que d’y penser !), je la vis captive derrière une grille, moins tourmentée peut-être qu’elle ne l’était à Florence, mais, par d’autres motifs, tout aussi, malheureuse ! »
Il se résigna donc, non pas sans des frémissemens de colère ; il se résigna même à solliciter les autorités romaines, à courtiser le cardinal d’York, pour obtenir la permission de voir la comtesse. Le gentilhomme altier, le poète impatient du joug s’imaginait vraiment avoir des droits sur la femme de Charles-Edouard , et il s’indigne des difficultés que rencontre sa pétition, comme s’il était victime de quelque monstrueuse injustice. Il faut voir avec quel dédain il traite ces frères, comme il les appelle, l’héritier du trône de Charles Ier et le cardinal d’York, au moment même où il déclare qu’il n’en veut pas dire de mal : « Si j’ai pu, dit-il, abaisser devant eux l’orgueil de mon caractère, que l’on juge par là de mon immense amour pour Mme d’Albany ! »
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Re: Bonnie Prince Charlie
Dans sa déchéance, j'ai peu de sympathie pour Charles-Edouard Stuart. Ses malheurs de restaurations manquées, l'aigreur de son caractère, expliquent aisément sa chute face aux espoirs de sa jeunesse. Il avait beaucoup d'atouts, quoique ces derniers étaient peut-être plus illusoires qu'ils ne paraissaient, la beauté, un tempérament de feu bouillonnant, l'aura de son nom et le cercle de ses nombreux partisans, mais sa déchéance est si laide en portant atteinte à l'intégrité physique et morale de sa personne, que je suis rempli de sentiments contrastés et diffus à son égard.
Le comportement qu'il a adopté à l'égard de sa femme illustre son abaissement et je suis bien aise de sa fuite pour échapper à ses griffes de geôlier.
J'ai au contraire bien plus d'estime pour son frère, le cardinal d'York, qui certes n'a pas le relief de son aîné, dans sa témérité, mais qui avait acquis une grande réputation d'équité et de sagesse. Son parcours est étonnant pour ce cadet de la maison des Stuarts. Il doit tout à sa carrière dans les murs du Saint Siège, en usant sans doute de beaucoup de souplesse et d'habileté pour acquérir une place de premier plan à la cour pontificale. A bien y réfléchir, c'est la souplesse qui a manqué à Bonnie Prince Charlie. Son tempérament de héros tout feu, tout flamme, son goût du risque tout, ne manquait pas de faire reculer les vrais acteurs de la scène internationale qui refusaient de s'engager à quitte ou double.
Le comportement qu'il a adopté à l'égard de sa femme illustre son abaissement et je suis bien aise de sa fuite pour échapper à ses griffes de geôlier.
J'ai au contraire bien plus d'estime pour son frère, le cardinal d'York, qui certes n'a pas le relief de son aîné, dans sa témérité, mais qui avait acquis une grande réputation d'équité et de sagesse. Son parcours est étonnant pour ce cadet de la maison des Stuarts. Il doit tout à sa carrière dans les murs du Saint Siège, en usant sans doute de beaucoup de souplesse et d'habileté pour acquérir une place de premier plan à la cour pontificale. A bien y réfléchir, c'est la souplesse qui a manqué à Bonnie Prince Charlie. Son tempérament de héros tout feu, tout flamme, son goût du risque tout, ne manquait pas de faire reculer les vrais acteurs de la scène internationale qui refusaient de s'engager à quitte ou double.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Dominique Poulin a écrit:Dans sa déchéance, j'ai peu de sympathie pour Charles-Edouard Stuart.
Moi, je le plains surtout . Il est simplement atrocement déçu et malheureux, il se détruit lui-même .
Nous ( enfin Louis XV ... ) avons été en dessous de tout . Shame on us . Je vous rappelle qu'il s'adresse à Louis XV avec confiance, l'appelant " mon oncle " et presque d'égal à égal .
Bien sûr, il devient alcolique, brutal, invivable, et ses femmes font bien de le quitter, je les comprends : rien de plus avilissant que l'alcool, rien de plus répugnant qu'un pochtron .
Mais je garde le souvenir du jeune-homme exceptionnel qu'il fut et je ne peux pas m'empêcher de lui garder beaucoup de tendresse ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
J'ajoute ( c'est pour toi, Momo ) que j'ai passé ces deux derniers jours avec une amie écossaise qui m'a appris à porter " le toast jacobite ".
Il faut se lever, brandir son verre, puis avec une gracieuse demi-courbe le porter à son coeur, en prononçant avec conviction la formule suivante :
( ... un peu rouge, ce whisky ... )
Il faut se lever, brandir son verre, puis avec une gracieuse demi-courbe le porter à son coeur, en prononçant avec conviction la formule suivante :
DRINK TO THE KING OVER THE WATER !
( ... un peu rouge, ce whisky ... )
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Ceci dit, à l'apogée de sa jeunesse, ses portraits nous dévoilent un jeune homme qui se rapproche beaucoup de l'archétype de la beauté masculine. La cause des Stuarts avait à sa tête un prince qui promettait beaucoup.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
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