Bonnie Prince Charlie
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Bonnie Prince Charlie
Le premier lui en a fait 19, c'est déjà pas mal !
Lucius- Messages : 11656
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Re: Bonnie Prince Charlie
Le deuxième fait cheap ...
Mme de Sabran- Messages : 55515
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Re: Bonnie Prince Charlie
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous l'article de la Revue des Deux Mondes de Saint-René Taillandier, dans laquelle j'ai puisé la dernière énigme de notre jeu .
Ce sera par épisodes. Nous verrons comment la France s'employa à utiliser Charles-Edouard Stuart comme un pion sur l'échiquier européen pour affaiblir l'Angleterre, puis le jeter aux orties sans vergogne, puis le marier ... si, si !
Tenez !
Au mois d’août de l’année 1771, le prince Charles-Edouard, qui se trouvait alors à Sienne, fut mandé subitement à Paris par M. le duc d’Aiguillon, ministre des affaires étrangères. On sait que Charles-Édouard, fils du prétendant, petit-fils de Jacques II, arrière-petit-fils de Charles Ier, était alors le dernier des Stuarts, ou du moins le dernier représentant de leur cause, son frère cadet, le duc d’York, ayant quitté le monde pour l’église et reçu à l’âge de vingt-deux ans le chapeau de cardinal.
Charles-Edouard, accompagné d’un seul serviteur, part de Sienne le 17 août ; il traverse Florence, Bologne, Modène, et, dépistant les espions que l’Angleterre entretenait autour de lui, il fait répandre le bruit qu’il se dirige vers la Pologne, où l’appelaient des parents de sa mère, Marie-Clémentine Sobieska. Quelques jours après, il arrive à Paris. Un de ses cousins du côté gauche, le duc de Fitz-James, est chargé de le voir secrètement et de lui transmettre les propositions du cabinet de Versailles. L’héritier des Stuarts recevra du gouvernement français, une rente annuelle de deux cent quarante mille livres à la condition de se choisir une compagne et de l’épouser au plus tôt.
Pour lui épargner les embarras du choix, on a bien voulu se charger de ce soin ; l’épouse qu’on lui propose est la princesse de Stolberg, dont la sœur vient de se marier précisément avec le fils aîné du duc de Fitz-James. Ces Fitz-James, il est vrai, étaient des bâtards de Jacques II ; mais le chef de cette branche quasi-royale était ce fameux Benwick, un émule de Vendôme et de Villars, un vaillant défenseur de la France contre l’Europe coalisée, et qui, nommé maréchal par Louis XIV, mourut en soldat sous Louis XV au siège de Philipsbourg. À coup sûr, il était bien autrement légitimé par ses victoires que ces enfans naturels du grand roi dont les princes du sang n’avaient pas dédaigné l’alliance. Il n’y avait donc rien dans cette combinaison qui pût empêcher Charles-Edouard d’accepter cette rente de deux cent quarante mille livres et de se prêter aux plans de la politique française.
Quels étaient ces plans ? Quel genre de services pouvait rendre Charles-Edouard ? Il est indispensable pour le savoir de rappeler sa vie en peu de mots. On était déjà bien loin du temps où le jeune prince avait pu soulever une guerre civile en Angleterre, et, par cette diversion inattendue, servir si énergiquement le succès de nos armes.
En 1745, ayant vingt-cinq ans à peine, il aborde en Ecosse et paraît au milieu des clans. Sept officiers seulement l’accompagnent, et il n’a pour toute ressource qu’une cinquantaine de mille francs, dix-huit cents sabres, douze cents fusils ; quelques semaines après, il commande une armée de montagnards qui va grossissant d’heure en heure. Le voilà bientôt maître d’Edimbourg, et il écrase dans les plaines de Preston-Pans les troupes du général Cope (2 octobre). « Un enfant, dit le grand Frédéric, un enfant débarqué en Ecosse sans troupes et sans secours force le roi George à rappeler ses Anglais, qui défendaient la Flandre, pour soutenir son trône ébranlé. »
On connaît les tristes suites de cette expédition commencée d’une manière si héroïque et si brillante, on sait l’impuissance des efforts de Charles-Edouard, sa défaite à Culloden (27 avril 1746), sa fuite, ses aventures, les dangers continuels auxquels il dispute sa vie. Voltaire, ému de tant de courage et de malheurs, nous l’a montré errant à travers les Orcades, passant d’une île à l’autre pour échapper à la poursuite acharnée du duc de Cumberland, tantôt gagnant une île déserte et obligé de cacher sa barque derrière les rochers du rivage, tantôt enfermé de longs jours au fond d’une caverne, souffrant de la faim, exténué de fatigue, abattu par la maladie, attendant en vain des secours de France, ne recevant d’Angleterre que des nouvelles désastreuses, et le cœur déchiré par les cris de ses partisans, sur lesquels l’odieux Cumberland, le vaincu de Fontenoy, exerce d’épouvantables vengeances.
Ce que l’on connaît beaucoup moins, c’est la seconde partie de sa vie dans la retraite que les événements lui imposèrent. Le 10 octobre 1746, il avait débarqué sur nos côtes de Bretagne, à Roscoff, près de Morlaix, avec un petit nombre de ses compagnons ; arrivé bientôt à Paris, accueilli comme un héros par la cour et la ville, il n’avait pu obtenir toutefois que le gouvernement de Louis XV lui vînt ouvertement et efficacement en aide pour une seconde expédition en Angleterre. Ses tentatives auprès de la cour d’Espagne ne furent pas plus heureuses. Frédéric le Grand, qui admirait son courage, ne pouvait accorder une complète sympathie à sa cause, et c’est vainement aussi qu’il tourna les yeux de ce côté.
Il restait donc à Paris, sombre et morne, sinon découragé, lorsqu’un coup inattendu vint anéantir ses dernières espérances. Louis XV, par le traité d’Aix-la-Chapelle, consentait à interdire le séjour de la France au vaincu de Culloden. Le petit-fils de ce Jacques II à qui Louis XIV avait accordé une si magnifique hospitalité dans le château de Saint-Germain était expulsé de nos frontières sur l’ordre de la dynastie de Hanovre. Le roi, pour atténuer l’odieux d’une telle mesure, lui offrait en Suisse, à Fribourg, un établissement digne de sa naissance. « Je ne veux point partir, répondait Charles-Edouard ; je ne céderai qu’à la force, et ce ne sera pas sans avoir résisté. » Il se sentait soutenu par l’opinion. Le dauphin, père du futur Louis XVI, les plus nobles seigneurs de la cour, tous les écrits généreux se révoltaient contre cette clause si peu française.
Le jeune prince avait barricadé son hôtel, et jurait d’y soutenir un siège, s’il le fallait, comme Charles XII à Bender. En attendant, il bravait l’ennemi ; on le voyait souvent à l’Opéra, et chacun admirait sa bonne mine et sa fierté. C’est là qu’il fut arrêté le 11 décembre 1748 par le duc de Biron, commandant des gardes françaises, au milieu des murmures de la foule. Saisi et garrotté comme un malfaiteur, le héros de Preston-Pans fut livré à M. le comte de Vaudreuil, commandant supérieur de la gendarmerie, qui le fit incarcérer au château de Vincennes. Quelques jours après, on le conduisait à la frontière.
« Depuis ce temps, dit Voltaire, Charles-Edouard se cacha au reste du monde. » Cette vie cachée eut encore ses angoisses et ses épreuves. Pendant bien des années, il chercha en vain une demeure hospitalière. Chassé d’Avignon, on le croit du moins, par le gouvernement pontifical, qui redoutait les menaces de l’Angleterre, il disparut subitement.
S’était-il réfugié en Espagne, en Allemagne, en Pologne ? Quelque seigneur de France, en dépit des ordres de Louis XV, lui avait-il donné un asile ? On se perdait en conjectures, et toutes les recherches étaient inutiles. Une chose certaine, c’est que, changeant sans cesse de séjour comme de nom et de costume, il voulait surtout échapper à la surveillance de la maison de Hanovre. On a su plus tard qu’en 1750 il était allé secrètement en Angleterre, qu’il avait passé plusieurs jours à Londres, qu’il avait en une conférence dans une maison de Pall-Mall avec une cinquantaine de jacobites, au nombre desquels se trouvaient le duc de Beaufort, le lord Somerset et le comte de Westmoreland ; on croit même qu’il renouvela cette visite deux ou trois ans après.
David Hume rapporte, dans une lettre à son ami le docteur Pringle, que le prince osa faire deux apparitions à Londres, où sa tête avait été mise à prix ; l’une en 1753, et l'autre en 1761. George II n’ignora pas le premier voyage ; Charles-Edouard ne prenait aucun soin de se cacher : le second eut lieu à l’époque du couronnement de George III.
Quelqu’un reconnut le prince dans la foule, et lui dit à l’oreille : « V. A. R. est le dernier être vivant que je me serais attendu à trouver ici. — C’est la curiosité qui m’y conduit, répondit le prince ; mais je vous assure que l’homme qui est l’objet de toute cette pompe est celui que j’envie le moins. » https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article413
Cette vague tradition a été consacrée par Walter Scott ;
le grand romancier, dans son Redgauntle, a raconté ces dernières et mystérieuses tentatives du prétendant, comme il avait peint dans Waverley l’éclatante levée d’armes de 1745.
Au milieu de cette vie errante, Charles-Edouard avait auprès de lui une compagne dont ses amis avaient essayé vainement de le séparer. Miss Clémentine Walkinshaw était fille d’un serviteur dévoué de Jacques III et filleule de Marie-Clémentine Sobieska ; le jeune prince la trouva en Ecosse au milieu de ses aventures guerrières. Jeune, belle, ardemment aimée, elle ne résista pas à un amour qu’environnaient tant de prestiges.
Lorsque Charles-Edouard, après tous ses malheurs, fut revenu sur le continent, miss Walkinshaw s’empressa de le rejoindre et s’attacha fidèlement à ses pas. On la prenait pour sa femme légitime ; elle portait son nom, faisait chez lui les honneurs, et pendant son séjour à Liège, en 1753, elle lui donna une fille qui fut appelée Charlotte Stuart.
Les partisans du prince déploraient cette situation ; comment pouvait-il oublier ainsi ses devoirs, au lieu de préparer le succès de sa cause par un mariage digne de lui ? Ajoutez que miss Clémentine était suspecte aux principaux chefs jacobites. Sa sœur était attachée à la maison de la princesse de Galles, et l’on affirmait que bien des plans, bien des secrets de Charles-Edouard et de ses amis avaient été livrés par elle au gouvernement anglais. Trahison ou légèreté, peu importe, la compagne de Charles-Edouard était devenue odieuse à son parti. La chose alla si loin, qu’un des agents les plus dévoués des Stuarts, l’Irlandais Macnamara, fut expressément chargé par ses compagnons d’aller faire des représentations au prince et d’exiger de lui, au nom de tout un parti, l’éloignement de sa maîtresse.
Charles-Edouard était fier ; cette injonction, si respectueuse pourtant, et dont la liberté même attestait un tendre dévouement à sa personne, l’irrita profondément. « Je ne reconnais à personne, dit-il, le droit de se mêler de mes affaires personnelles. On ne profitera pas de mes infortunes pour me faire la loi. C’est pour moi une question d’honneur. J’aimerais mieux voir ma cause à jamais perdue que de faire le moindre sacrifice à ma dignité. »
Macnamara, en se retirant, ne put contenir l’expression de sa douleur et de son blâme. « Quel crime, lui dit-il amèrement, quel crime a donc commis votre famille pour avoir ainsi de siècle en siècle attiré la colère du ciel sur tous ses membres ? »
Ce sera par épisodes. Nous verrons comment la France s'employa à utiliser Charles-Edouard Stuart comme un pion sur l'échiquier européen pour affaiblir l'Angleterre, puis le jeter aux orties sans vergogne, puis le marier ... si, si !
Tenez !
Au mois d’août de l’année 1771, le prince Charles-Edouard, qui se trouvait alors à Sienne, fut mandé subitement à Paris par M. le duc d’Aiguillon, ministre des affaires étrangères. On sait que Charles-Édouard, fils du prétendant, petit-fils de Jacques II, arrière-petit-fils de Charles Ier, était alors le dernier des Stuarts, ou du moins le dernier représentant de leur cause, son frère cadet, le duc d’York, ayant quitté le monde pour l’église et reçu à l’âge de vingt-deux ans le chapeau de cardinal.
Charles-Edouard, accompagné d’un seul serviteur, part de Sienne le 17 août ; il traverse Florence, Bologne, Modène, et, dépistant les espions que l’Angleterre entretenait autour de lui, il fait répandre le bruit qu’il se dirige vers la Pologne, où l’appelaient des parents de sa mère, Marie-Clémentine Sobieska. Quelques jours après, il arrive à Paris. Un de ses cousins du côté gauche, le duc de Fitz-James, est chargé de le voir secrètement et de lui transmettre les propositions du cabinet de Versailles. L’héritier des Stuarts recevra du gouvernement français, une rente annuelle de deux cent quarante mille livres à la condition de se choisir une compagne et de l’épouser au plus tôt.
Pour lui épargner les embarras du choix, on a bien voulu se charger de ce soin ; l’épouse qu’on lui propose est la princesse de Stolberg, dont la sœur vient de se marier précisément avec le fils aîné du duc de Fitz-James. Ces Fitz-James, il est vrai, étaient des bâtards de Jacques II ; mais le chef de cette branche quasi-royale était ce fameux Benwick, un émule de Vendôme et de Villars, un vaillant défenseur de la France contre l’Europe coalisée, et qui, nommé maréchal par Louis XIV, mourut en soldat sous Louis XV au siège de Philipsbourg. À coup sûr, il était bien autrement légitimé par ses victoires que ces enfans naturels du grand roi dont les princes du sang n’avaient pas dédaigné l’alliance. Il n’y avait donc rien dans cette combinaison qui pût empêcher Charles-Edouard d’accepter cette rente de deux cent quarante mille livres et de se prêter aux plans de la politique française.
Quels étaient ces plans ? Quel genre de services pouvait rendre Charles-Edouard ? Il est indispensable pour le savoir de rappeler sa vie en peu de mots. On était déjà bien loin du temps où le jeune prince avait pu soulever une guerre civile en Angleterre, et, par cette diversion inattendue, servir si énergiquement le succès de nos armes.
En 1745, ayant vingt-cinq ans à peine, il aborde en Ecosse et paraît au milieu des clans. Sept officiers seulement l’accompagnent, et il n’a pour toute ressource qu’une cinquantaine de mille francs, dix-huit cents sabres, douze cents fusils ; quelques semaines après, il commande une armée de montagnards qui va grossissant d’heure en heure. Le voilà bientôt maître d’Edimbourg, et il écrase dans les plaines de Preston-Pans les troupes du général Cope (2 octobre). « Un enfant, dit le grand Frédéric, un enfant débarqué en Ecosse sans troupes et sans secours force le roi George à rappeler ses Anglais, qui défendaient la Flandre, pour soutenir son trône ébranlé. »
On connaît les tristes suites de cette expédition commencée d’une manière si héroïque et si brillante, on sait l’impuissance des efforts de Charles-Edouard, sa défaite à Culloden (27 avril 1746), sa fuite, ses aventures, les dangers continuels auxquels il dispute sa vie. Voltaire, ému de tant de courage et de malheurs, nous l’a montré errant à travers les Orcades, passant d’une île à l’autre pour échapper à la poursuite acharnée du duc de Cumberland, tantôt gagnant une île déserte et obligé de cacher sa barque derrière les rochers du rivage, tantôt enfermé de longs jours au fond d’une caverne, souffrant de la faim, exténué de fatigue, abattu par la maladie, attendant en vain des secours de France, ne recevant d’Angleterre que des nouvelles désastreuses, et le cœur déchiré par les cris de ses partisans, sur lesquels l’odieux Cumberland, le vaincu de Fontenoy, exerce d’épouvantables vengeances.
Ce que l’on connaît beaucoup moins, c’est la seconde partie de sa vie dans la retraite que les événements lui imposèrent. Le 10 octobre 1746, il avait débarqué sur nos côtes de Bretagne, à Roscoff, près de Morlaix, avec un petit nombre de ses compagnons ; arrivé bientôt à Paris, accueilli comme un héros par la cour et la ville, il n’avait pu obtenir toutefois que le gouvernement de Louis XV lui vînt ouvertement et efficacement en aide pour une seconde expédition en Angleterre. Ses tentatives auprès de la cour d’Espagne ne furent pas plus heureuses. Frédéric le Grand, qui admirait son courage, ne pouvait accorder une complète sympathie à sa cause, et c’est vainement aussi qu’il tourna les yeux de ce côté.
Il restait donc à Paris, sombre et morne, sinon découragé, lorsqu’un coup inattendu vint anéantir ses dernières espérances. Louis XV, par le traité d’Aix-la-Chapelle, consentait à interdire le séjour de la France au vaincu de Culloden. Le petit-fils de ce Jacques II à qui Louis XIV avait accordé une si magnifique hospitalité dans le château de Saint-Germain était expulsé de nos frontières sur l’ordre de la dynastie de Hanovre. Le roi, pour atténuer l’odieux d’une telle mesure, lui offrait en Suisse, à Fribourg, un établissement digne de sa naissance. « Je ne veux point partir, répondait Charles-Edouard ; je ne céderai qu’à la force, et ce ne sera pas sans avoir résisté. » Il se sentait soutenu par l’opinion. Le dauphin, père du futur Louis XVI, les plus nobles seigneurs de la cour, tous les écrits généreux se révoltaient contre cette clause si peu française.
Le jeune prince avait barricadé son hôtel, et jurait d’y soutenir un siège, s’il le fallait, comme Charles XII à Bender. En attendant, il bravait l’ennemi ; on le voyait souvent à l’Opéra, et chacun admirait sa bonne mine et sa fierté. C’est là qu’il fut arrêté le 11 décembre 1748 par le duc de Biron, commandant des gardes françaises, au milieu des murmures de la foule. Saisi et garrotté comme un malfaiteur, le héros de Preston-Pans fut livré à M. le comte de Vaudreuil, commandant supérieur de la gendarmerie, qui le fit incarcérer au château de Vincennes. Quelques jours après, on le conduisait à la frontière.
« Depuis ce temps, dit Voltaire, Charles-Edouard se cacha au reste du monde. » Cette vie cachée eut encore ses angoisses et ses épreuves. Pendant bien des années, il chercha en vain une demeure hospitalière. Chassé d’Avignon, on le croit du moins, par le gouvernement pontifical, qui redoutait les menaces de l’Angleterre, il disparut subitement.
S’était-il réfugié en Espagne, en Allemagne, en Pologne ? Quelque seigneur de France, en dépit des ordres de Louis XV, lui avait-il donné un asile ? On se perdait en conjectures, et toutes les recherches étaient inutiles. Une chose certaine, c’est que, changeant sans cesse de séjour comme de nom et de costume, il voulait surtout échapper à la surveillance de la maison de Hanovre. On a su plus tard qu’en 1750 il était allé secrètement en Angleterre, qu’il avait passé plusieurs jours à Londres, qu’il avait en une conférence dans une maison de Pall-Mall avec une cinquantaine de jacobites, au nombre desquels se trouvaient le duc de Beaufort, le lord Somerset et le comte de Westmoreland ; on croit même qu’il renouvela cette visite deux ou trois ans après.
David Hume rapporte, dans une lettre à son ami le docteur Pringle, que le prince osa faire deux apparitions à Londres, où sa tête avait été mise à prix ; l’une en 1753, et l'autre en 1761. George II n’ignora pas le premier voyage ; Charles-Edouard ne prenait aucun soin de se cacher : le second eut lieu à l’époque du couronnement de George III.
Quelqu’un reconnut le prince dans la foule, et lui dit à l’oreille : « V. A. R. est le dernier être vivant que je me serais attendu à trouver ici. — C’est la curiosité qui m’y conduit, répondit le prince ; mais je vous assure que l’homme qui est l’objet de toute cette pompe est celui que j’envie le moins. » https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article413
Cette vague tradition a été consacrée par Walter Scott ;
le grand romancier, dans son Redgauntle, a raconté ces dernières et mystérieuses tentatives du prétendant, comme il avait peint dans Waverley l’éclatante levée d’armes de 1745.
Au milieu de cette vie errante, Charles-Edouard avait auprès de lui une compagne dont ses amis avaient essayé vainement de le séparer. Miss Clémentine Walkinshaw était fille d’un serviteur dévoué de Jacques III et filleule de Marie-Clémentine Sobieska ; le jeune prince la trouva en Ecosse au milieu de ses aventures guerrières. Jeune, belle, ardemment aimée, elle ne résista pas à un amour qu’environnaient tant de prestiges.
Lorsque Charles-Edouard, après tous ses malheurs, fut revenu sur le continent, miss Walkinshaw s’empressa de le rejoindre et s’attacha fidèlement à ses pas. On la prenait pour sa femme légitime ; elle portait son nom, faisait chez lui les honneurs, et pendant son séjour à Liège, en 1753, elle lui donna une fille qui fut appelée Charlotte Stuart.
Les partisans du prince déploraient cette situation ; comment pouvait-il oublier ainsi ses devoirs, au lieu de préparer le succès de sa cause par un mariage digne de lui ? Ajoutez que miss Clémentine était suspecte aux principaux chefs jacobites. Sa sœur était attachée à la maison de la princesse de Galles, et l’on affirmait que bien des plans, bien des secrets de Charles-Edouard et de ses amis avaient été livrés par elle au gouvernement anglais. Trahison ou légèreté, peu importe, la compagne de Charles-Edouard était devenue odieuse à son parti. La chose alla si loin, qu’un des agents les plus dévoués des Stuarts, l’Irlandais Macnamara, fut expressément chargé par ses compagnons d’aller faire des représentations au prince et d’exiger de lui, au nom de tout un parti, l’éloignement de sa maîtresse.
Charles-Edouard était fier ; cette injonction, si respectueuse pourtant, et dont la liberté même attestait un tendre dévouement à sa personne, l’irrita profondément. « Je ne reconnais à personne, dit-il, le droit de se mêler de mes affaires personnelles. On ne profitera pas de mes infortunes pour me faire la loi. C’est pour moi une question d’honneur. J’aimerais mieux voir ma cause à jamais perdue que de faire le moindre sacrifice à ma dignité. »
Macnamara, en se retirant, ne put contenir l’expression de sa douleur et de son blâme. « Quel crime, lui dit-il amèrement, quel crime a donc commis votre famille pour avoir ainsi de siècle en siècle attiré la colère du ciel sur tous ses membres ? »
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, carrément . Mais ça, Comtesse, les goûts et les couleurs ... Que voulez-vous, il tenait à sa Clémentine et n'en démordait pas . Eh bien, vous n'allez pas le croire : Quelques années plus tard, cette rupture, qu’il avait si obstinément refusée à ses amis, s’accomplissait d’une autre façon, et au grand détriment de sa dignité. Il n’avait pas voulu quitter miss Walkinshaw, miss Walkinshaw le quitta.
Le 22 juillet 1760, — ils habitaient alors une maison de campagne dans le pays de Liège, non loin du château de Bouillon, — la compagne de Charles-Edouard partit secrètement avec sa fille et se rendit à Paris.
Le 22 juillet 1760, — ils habitaient alors une maison de campagne dans le pays de Liège, non loin du château de Bouillon, — la compagne de Charles-Edouard partit secrètement avec sa fille et se rendit à Paris.
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Bonnie Prince Charlie
La cause de ce départ est demeurée assez obscure : les uns prétendent que le prince, naturellement violent et de plus en plus aigri par le malheur, se livrait souvent à des brutalités indignes ; selon d’autres, le père et la mère n’avaient pu se mettre d’accord sur l’éducation de leur fille, miss Clémentine voulant la placer dans un couvent, et Charles-Edouard exigeant qu’elle restât auprès de lui. Il est permis de croire que ces deux motifs étaient également vrais lorsqu’on voit miss Walkinshaw s’établir à Paris, confier son enfant à une communauté de religieuses, et invoquer pour elle-même la protection de l’autorité française.
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Re: Bonnie Prince Charlie
Ce fut un coup terrible pour Bonnie Prince Charlie.
Blâmé par ses amis, abandonné de la femme qui était depuis quinze ans associée à sa fortune, privé si cruellement des caresses de sa fille, la solitude lui devint odieuse.
Son père lui-même, qui prenait encore le nom de Jacques III et qui avait à Rome une espèce de cour, ainsi que son frère le cardinal, avaient encouragé et soutenu la décision de Clémentine.
Ainsi ce téméraire jeune homme qui avait commencé si brillamment la conquête d’un royaume et dont le nom était encore associé à tant de poétiques légendes dans les montagnes d’Ecosse, se voyait par sa faute abandonné de tous les siens. Furieux et impuissant, sa raison se voila, son courage s’éteignit .
Pour s’étourdir il sombra de plus en plus dans l'alcool. Au printemps 1761, l’ambassadeur d’Angleterre en France, lord Stanley, écrivait :
« J’apprends que le fils du prétendant se met à boire dès qu’il se lève, et que chaque soir ses valets sont obligés de le porter ivre-mort dans son lit. Les émigrés eux-mêmes commencent à faire peu de cas de sa personne… »
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Savoureux, ce récit de Taillandier ! Vivement la suite !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Je viens tout juste de commander une biographie de notre personnage, car je ne possède rien de concret sur l'avant-dernier prétendant Stuart :
"Charles-Edouard Stuart, le Prince des Ténèbres" aux éditions du Rocher.
"Charles-Edouard Stuart, le Prince des Ténèbres" aux éditions du Rocher.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Oh que je suis ravie de vous intéresser au sort de Bonnie Prince Charlie, cher Dominique !
Vous me faites grand plaisir !
Avant de sombrer, il a été un jeune-homme si remarquablement courageux et déterminé . Il a soulevé l'Ecosse entière, il a commencé par mettre la pâtée au roi d'Angleterre ( c'est pour cela que Louis XV le soutenait ) , tous les Highlanders étaient derrière lui et se sont fait couper en petits morceaux pour lui . Leurs fantômes gémissent toujours dans la partie la plus sinistre de certain cimetière d'Edimbourg ... ( )
Pour ma part, je suis tombée un peu amoureuse de lui à cause de ce portrait :
J'adore les hommes en kilt !
Vous me faites grand plaisir !
Avant de sombrer, il a été un jeune-homme si remarquablement courageux et déterminé . Il a soulevé l'Ecosse entière, il a commencé par mettre la pâtée au roi d'Angleterre ( c'est pour cela que Louis XV le soutenait ) , tous les Highlanders étaient derrière lui et se sont fait couper en petits morceaux pour lui . Leurs fantômes gémissent toujours dans la partie la plus sinistre de certain cimetière d'Edimbourg ... ( )
Pour ma part, je suis tombée un peu amoureuse de lui à cause de ce portrait :
J'adore les hommes en kilt !
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Dominique Poulin a écrit:
Savoureux, ce récit de Taillandier ! Vivement la suite !
La voici !
Son père, son frère le cardinal eussent essayé en vain de le rappeler au sentiment de lui-même ; il passait des années entières sans leur donner signe de vie. À la mort de son père, en 1766, il quitta sa résidence du pays de Liège ; il vint présider à Rome cette petite cour organisée un peu puérilement par Jacques III, et qui ne rappelait guère, faute d’argent, celle de Jacques II à Saint-Germain. La responsabilité nouvelle qui pesait sur lui, ce titre de roi qu’il portait, les marques de dévouement que lui prodiguait encore son entourage, la présence et les conseils de son frère, rien ne put l’arracher à l’ivrognerie. " Il signor principe ", ainsi l’appelaient les Romains, continuait à chercher dans le vin l’oubli de ses infortunes, et une fois ivre il battait ses gens, ses amis, les lords et les barons de sa cour, comme il battait à Preston-Pans les soldats du général Cope.
Aïe, aïe, aïe ! Vous sentez bien que rien ne va plus ...
Or, voici qu'un beau jour de 1770, le duc de Choiseul, qui avait songé un instant à la restauration des Stuarts, fait exprimer au prétendant le désir de lui parler très confidentiellement à Paris. ... ce prétendant que Louis XV avait précédemment fait arrêter et traiter comme un malpropre, un moins que rien !
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Bonnie Prince Charlie
La date, 1770, est tout bonnement incroyable ! La dynastie de Hanovre est désormais solidement implantée en Angleterre, le royaume est riche, puissant, son commerce florissant, sa marine règne sur les mers.
Que va faire Charles-Edouard dans cette galère ? Qu'est ce que c'est que ces projets fumeux de la France pour une très hypothétique restauration des Stuarts ?
Par contre, le frère cadet, Henry-Benoit, le cardinal, très estimé à Rome, me paraît beaucoup plus équilibré et sage que son bouillonnant de frère aîné.
Que va faire Charles-Edouard dans cette galère ? Qu'est ce que c'est que ces projets fumeux de la France pour une très hypothétique restauration des Stuarts ?
Par contre, le frère cadet, Henry-Benoit, le cardinal, très estimé à Rome, me paraît beaucoup plus équilibré et sage que son bouillonnant de frère aîné.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
C’est qu’à cette date, Choiseul envisage sérieusement la revanche contre l’Angleterre, faisant tourner à plein les chantiers navals, et alors que le Secret du Roi multiplie les expéditions en Albion pour relever les plans de ses côtes, mesurer l’étendue de ses arsenaux et déterminer des lieux de débarquement.
Parachuter un Stuart pour la enieme fois aurait pu participer efficacement de ce plan.
La disgrâce de Choiseul l’empêcha de mener à bien son projet mais le labeur commencé alors porta ses fruits lors de la guerre d’Indépendance.
Parachuter un Stuart pour la enieme fois aurait pu participer efficacement de ce plan.
La disgrâce de Choiseul l’empêcha de mener à bien son projet mais le labeur commencé alors porta ses fruits lors de la guerre d’Indépendance.
Dernière édition par Gouverneur Morris le Mar 05 Déc 2017, 20:38, édité 1 fois (Raison : Chantiers navaux ! Oh la faute !!!!)
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Re: Bonnie Prince Charlie
Excellente analyse, mon cher Momo ! C'est cela même ...
Eh bien non, Comtesse, justement non . Le voici qui arrive notre Charlie, titubant, aussi beurré qu'un petit L.U.
Charles-Edouard arrive, et rendez-vous est pris pour le soir même, à minuit, dans l’hôtel du duc de Choiseul. La conférence doit avoir lieu en présence du maréchal de Broglie, chargé de soumettre au prince le plan d’une descente en Angleterre. À l’heure convenue, le duc et le maréchal sont là, munis d’instructions et de notes ; Charles-Edouard ne paraît pas. Ils attendent, ils attendent encore, espérant qu’il va venir d’un instant à l’autre. Une demi-heure se passe, l’heure s’écoule. Enfin le maréchal s’apprête à prendre congé de son hôte quand un roulement de voiture se fait entendre dans la cour. Quelques instans après, Charles-Edouard entrait dans le salon, mais si complètement ivre, qu’il eût été incapable de soutenir la moindre conversation. Le duc de Choiseul vit bien qu’il n’y avait rien à faire avec un prétendant comme celui-là, et dès le lendemain il lui donna l’ordre de quitter la France au plus tôt.
On le jette à nouveau .
Est-ce que ces atermoiements sont enfin finis ?
Pas du tout !
Tel était l’homme que le duc d’Aiguillon faisait venir à Paris l’année suivante, en 1771, et à qui il offrait, au nom de la France, une pension de 240,000 livres, s’il consentait à épouser sans délai la jeune princesse de Stolberg.
Puisqu’on ne pouvait faire de Charles-Edouard un chef d’expédition capable de tenir l’Angleterre en échec, on voulait du moins qu’il laissât des héritiers, que la famille des Stuarts ne s’éteignît pas, que le parti jacobite fût toujours soutenu par l’espérance, et que ces divisions de la Grande-Bretagne pussent servir à point nommé les intérêts de la France.
Le duc d’Aiguillon ne s’adressait plus, comme le duc de Choiseul, au héros d’Edimbourg et de Preston-Pans ; il lui disait simplement : « Soyez époux et père… »
Égoïstes calculs de la politique !
Le ministre de Louis XV s’était-il demandé si Charles-Edouard, avec ses habitudes invétérées d’ivrognerie, n’était pas, à cinquante et un ans, le plus misérable des vieillards, et si une âme pouvant encore aimer habitait les ruines de son corps ?
Comtesse Diane a écrit:J'espère bien qu'il va l'envoyer paître !
Eh bien non, Comtesse, justement non . Le voici qui arrive notre Charlie, titubant, aussi beurré qu'un petit L.U.
Charles-Edouard arrive, et rendez-vous est pris pour le soir même, à minuit, dans l’hôtel du duc de Choiseul. La conférence doit avoir lieu en présence du maréchal de Broglie, chargé de soumettre au prince le plan d’une descente en Angleterre. À l’heure convenue, le duc et le maréchal sont là, munis d’instructions et de notes ; Charles-Edouard ne paraît pas. Ils attendent, ils attendent encore, espérant qu’il va venir d’un instant à l’autre. Une demi-heure se passe, l’heure s’écoule. Enfin le maréchal s’apprête à prendre congé de son hôte quand un roulement de voiture se fait entendre dans la cour. Quelques instans après, Charles-Edouard entrait dans le salon, mais si complètement ivre, qu’il eût été incapable de soutenir la moindre conversation. Le duc de Choiseul vit bien qu’il n’y avait rien à faire avec un prétendant comme celui-là, et dès le lendemain il lui donna l’ordre de quitter la France au plus tôt.
On le jette à nouveau .
Est-ce que ces atermoiements sont enfin finis ?
Pas du tout !
Tel était l’homme que le duc d’Aiguillon faisait venir à Paris l’année suivante, en 1771, et à qui il offrait, au nom de la France, une pension de 240,000 livres, s’il consentait à épouser sans délai la jeune princesse de Stolberg.
Puisqu’on ne pouvait faire de Charles-Edouard un chef d’expédition capable de tenir l’Angleterre en échec, on voulait du moins qu’il laissât des héritiers, que la famille des Stuarts ne s’éteignît pas, que le parti jacobite fût toujours soutenu par l’espérance, et que ces divisions de la Grande-Bretagne pussent servir à point nommé les intérêts de la France.
Le duc d’Aiguillon ne s’adressait plus, comme le duc de Choiseul, au héros d’Edimbourg et de Preston-Pans ; il lui disait simplement : « Soyez époux et père… »
Égoïstes calculs de la politique !
Le ministre de Louis XV s’était-il demandé si Charles-Edouard, avec ses habitudes invétérées d’ivrognerie, n’était pas, à cinquante et un ans, le plus misérable des vieillards, et si une âme pouvant encore aimer habitait les ruines de son corps ?
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Re: Bonnie Prince Charlie
En somme, il nous fallait toujours garder un Stuart sous le coude, à agiter en cas de besoin comme un épouvantail sous le nez de la perfide Albion .
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Re: Bonnie Prince Charlie
La jeune femme que le duc d’Aiguillon destinait à ce vieillard n’avait pas accompli sa dix-neuvième année. Louise-Maximiliane-Caroline-Emmanuel, princesse de Stolberg, était née à Mons, en Belgique, le 20 septembre 1752.
Elle appartenait par son père à l’une des plus nobles familles de la Thuringe, et se rattachait par sa mère, fille du prince de Hornes, à l’antique lignée de Robert Bruce, qui donna des rois à l’Ecosse du moyen âge. Son père, le prince Gustave-Adolphe de Stolberg-Gedern, étant mort à la bataille de Leuthen, la princesse se trouva veuve bien jeune encore avec quatre filles, dont la dernière n’avait que trois ans.
L’impératrice Marie-Thérèse accorda une pension à la veuve et assura le sort de ses filles. Élevée d’abord dans un couvent, Louise de Stolberg fut bientôt chanoinesse comme ses sœurs, de l’abbaye de Sainte-Vandru. Dès l’âge de dix-sept ans, la jeune chanoinesse attirait tous les regards dans cette société d’élite. Si elle était Allemande par la naissance et par le nom, elle était surtout Française par le tour de ses idées, et tous les prestiges de la grâce étaient encore embellis chez elle par une merveilleuse vivacité d’esprit. Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque.
Elle appartenait par son père à l’une des plus nobles familles de la Thuringe, et se rattachait par sa mère, fille du prince de Hornes, à l’antique lignée de Robert Bruce, qui donna des rois à l’Ecosse du moyen âge. Son père, le prince Gustave-Adolphe de Stolberg-Gedern, étant mort à la bataille de Leuthen, la princesse se trouva veuve bien jeune encore avec quatre filles, dont la dernière n’avait que trois ans.
L’impératrice Marie-Thérèse accorda une pension à la veuve et assura le sort de ses filles. Élevée d’abord dans un couvent, Louise de Stolberg fut bientôt chanoinesse comme ses sœurs, de l’abbaye de Sainte-Vandru. Dès l’âge de dix-sept ans, la jeune chanoinesse attirait tous les regards dans cette société d’élite. Si elle était Allemande par la naissance et par le nom, elle était surtout Française par le tour de ses idées, et tous les prestiges de la grâce étaient encore embellis chez elle par une merveilleuse vivacité d’esprit. Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque.
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Absolument, Comtesse, mais la raison d'Etat ne s'encombre pas de sentiments . Et puis, certainement, ce mariage fut présenté à la fiancée sous un jour favorable ( sinon elle serait partie en courant, comme Clémentine ! Et alors: Adieu, veau, vache, cochon, couvée ... ) .
Sans doute elle ne connaissait de la vie de Charles-Edouard que sa période héroïque, la période de 1745 à 1748, lorsque le duc de Fitz-James vint lui offrir la main de l’héritier des Stuarts. Comment une telle offre ne l’eût-elle point séduite ?
« C’était une couronne qu’on lui présentait, dit M. de Reumont, une couronne tombée assurément, mais si brillante encore de l’éclat que lui avaient donné plusieurs siècles sur un des premiers trônes de l’univers, une couronne illustre autrefois et consacrée de nouveau par la majesté de l’infortune, par le dévouement de ses serviteurs, par le hardi courage de l’homme qui avait essayé de la ressaisir tout entière. »
L’affaire fut menée secrètement. La mère de la princesse ne demanda pas l’autorisation de l’impératrice Marie-Thérèse, craignant que la politique autrichienne ne s’opposât à un mariage qui devait nécessairement irriter l’Angleterre ; elle se rendit à Paris avec sa fille, et c’est là que le mariage fut contracté par procuration le 28 mars 1772. Le duc de Fitz-James avait reçu tous les pouvoirs de Charles-Edouard pour signer l’acte en son nom.
La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. La célébration du mariage eut lieu le 17 avril 1772. Une médaille fut frappée pour perpétuer le souvenir de cet événement ; sur l’une des faces, on voyait le portrait de Charles-Edouard, sur l’autre celui de la jeune femme, et la légende, inscrite aussi sur la muraille de la chapelle, portait ces mots en latin : Charles III, né en 1720, roi d’Angleterre, de France et d’Irlande, 1760. Louise, reine d’Angleterre, de France et d’Irlande. 1772.
Sans doute elle ne connaissait de la vie de Charles-Edouard que sa période héroïque, la période de 1745 à 1748, lorsque le duc de Fitz-James vint lui offrir la main de l’héritier des Stuarts. Comment une telle offre ne l’eût-elle point séduite ?
« C’était une couronne qu’on lui présentait, dit M. de Reumont, une couronne tombée assurément, mais si brillante encore de l’éclat que lui avaient donné plusieurs siècles sur un des premiers trônes de l’univers, une couronne illustre autrefois et consacrée de nouveau par la majesté de l’infortune, par le dévouement de ses serviteurs, par le hardi courage de l’homme qui avait essayé de la ressaisir tout entière. »
L’affaire fut menée secrètement. La mère de la princesse ne demanda pas l’autorisation de l’impératrice Marie-Thérèse, craignant que la politique autrichienne ne s’opposât à un mariage qui devait nécessairement irriter l’Angleterre ; elle se rendit à Paris avec sa fille, et c’est là que le mariage fut contracté par procuration le 28 mars 1772. Le duc de Fitz-James avait reçu tous les pouvoirs de Charles-Edouard pour signer l’acte en son nom.
La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. La célébration du mariage eut lieu le 17 avril 1772. Une médaille fut frappée pour perpétuer le souvenir de cet événement ; sur l’une des faces, on voyait le portrait de Charles-Edouard, sur l’autre celui de la jeune femme, et la légende, inscrite aussi sur la muraille de la chapelle, portait ces mots en latin : Charles III, né en 1720, roi d’Angleterre, de France et d’Irlande, 1760. Louise, reine d’Angleterre, de France et d’Irlande. 1772.
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Re: Bonnie Prince Charlie
Un peu de bibliographie sur l'agneau du sacrifice, comme vous dites, ma chère Diane .
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3625-louise-de-stolberg-comtesse-d-albany#112013
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3625-louise-de-stolberg-comtesse-d-albany#112013
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Re: Bonnie Prince Charlie
Je suis confus en lisant ces lignes...
La pension de 240 000 livres, une somme extrêmement conséquente à l'époque, n'a t-elle pas influencé Charles-Edouard ? Quant à cette princesse de Stolberg, à qui on présente un tableau idyllique sous couvert d'une alliance avec une glorieuse dynastie, certes déchue, mais encore prestigieuse, alors que le prétendant est tombé dans un alcoolisme dégoutant, doublé d'une instabilité et d'une violence de caractère due à ses échecs, franchement oui, je suis triste de la vie de souveraine en exil, qu'elle a supporté pour vivre avec un tel personnage qui n'était plus que l'ombre de lui-même !
Les arguments de Gouverneur sur les projets secrets de la France ont certes leur poids ; la France tient à sa revanche, le traité de Paris de 1763 est dans tous les esprits, et la guerre d'Indépendance a été menée en ce sens.
La pension de 240 000 livres, une somme extrêmement conséquente à l'époque, n'a t-elle pas influencé Charles-Edouard ? Quant à cette princesse de Stolberg, à qui on présente un tableau idyllique sous couvert d'une alliance avec une glorieuse dynastie, certes déchue, mais encore prestigieuse, alors que le prétendant est tombé dans un alcoolisme dégoutant, doublé d'une instabilité et d'une violence de caractère due à ses échecs, franchement oui, je suis triste de la vie de souveraine en exil, qu'elle a supporté pour vivre avec un tel personnage qui n'était plus que l'ombre de lui-même !
Les arguments de Gouverneur sur les projets secrets de la France ont certes leur poids ; la France tient à sa revanche, le traité de Paris de 1763 est dans tous les esprits, et la guerre d'Indépendance a été menée en ce sens.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Le montant de cette pension est effectivement ahurissant.
Le plus amusant, c'est que son frère le cardinal, finit également sa vie pensionné... par le gouvernement anglais, moyennant une renonciation formelle à ses droits. C'est d'ailleurs ce même gouvernement qui se porta acquéreur de ses souvenirs de famille à son décès.
Il me semble que les prétentions jacobites, transmissibles par les femmes, ont alors été transmises aux Savoie puis aux Bavière. Cette dernière Maison d'ailleurs ne revendique plus rien en cette matière.
Le plus amusant, c'est que son frère le cardinal, finit également sa vie pensionné... par le gouvernement anglais, moyennant une renonciation formelle à ses droits. C'est d'ailleurs ce même gouvernement qui se porta acquéreur de ses souvenirs de famille à son décès.
Il me semble que les prétentions jacobites, transmissibles par les femmes, ont alors été transmises aux Savoie puis aux Bavière. Cette dernière Maison d'ailleurs ne revendique plus rien en cette matière.
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
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