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Louis et Maximilien, de Marcel Jullian

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Louis et Maximilien, de Marcel Jullian Empty Louis et Maximilien, de Marcel Jullian

Message par Mme de Sabran Lun 16 Juin 2014, 13:40




Madame de Lamballe s'est-elle mêlée de politique ? A-t-elle tenté un rôle de médiation entre Louis XVI et Robespierre ?  A-t-elle été massacrée parce qu'elle en savait trop ?
Ce sont autant de questions troublantes, entre autres, que soulève l'ouvrage :


"LOUIS ET MAXIMILIEN" de Marcel JULLIAN  


Marcel Jullian, a été président d'une maison d'édition et directeur d'une chaîne de télévision; il a de plus écrit plusieurs ouvrages, historiques pour la plupart. Son livre "Louis et Maximilien" est sorti aux éditions académiques Perrin en 1998. Il a fait l'objet d'un article dans la revue Historia du mois de mai de la  même année.
On regrettera enfin que ce livre soit épuisé chez l'éditeur. Cependant, j'ai pu me le procurer d' occasion.

Voici les principaux points de cet ouvrage:
D'après les écrits parus en 1805 d'un certain docteur Seiffert citoyen allemand, médecin et confident de la princesse de Lamballe, une rencontre secrète aurait eu lieu quelques temps après l'aventure de Varennes entre le Roi, la Reine, la princesse de Lamballe et Robespierre.
Le Roi et la Reine avaient formés le projet de confier à Robespierre le poste de précepteur du Dauphin. Marcel Jullian a exhumé ce fait incroyable du livre "Robespierre der republikaner" de Seiffert, pratiquement inconnu en France.
En préambule à cette rencontre, Marcel Jullian nous rappelle les différentes circonstances où Robespierre a croisé le chemin de Louis XVI avant la révolution:
Tout d'abord en 1775 lorsqu'élève au Lycée Louis le Grand à Paris, et à la demande de son proviseur, il déclame une poésie de compliment à Louis XVI et Marie Antoinette revenant tous deux du sacre de Reims.
Plus tard devenu avocat à Arras, à la suite d'un procès retentissant dans la région pour une affaire de paratonnerre, invention toute nouvelle de Franklin, il fait imprimer ses plaidoiries et les faire parvenir au Roi et à Franklin.

En parallèle, Marcel Jullian nous présente un Louis XVI profondément réformateur et à l'écoute de son peuple; on citera successivement à son actif seul: La suppression de la question, la participation décisive à la guerre d'indépendance des Etats Unis, la convocation des Etats Généraux et la mise en place des cahiers de doléances.
Pour illustrer cela, Marcel Jullian nous rappelle que pour le bicentenaire de l'exécution de Louis XVI, le 21/1/1993, l'ambassadeur des Etats Unis en personne s'était déplacé à la Place de la Concorde, et en présence de quelques milliers de personne venues se recueillir à l'endroit de son supplice, avait déclaré:
"Sans votre Louis XVI, je ne serais pas aujourd'hui parmi vous pour la bonne raison qu'il n'y aurait pas de nation américaine indépendante".

Par ailleurs, l'auteur s'interroge, tirant les enseignements du livre du docteur Seiffert:
La révolution ne pouvait pas se résumer à l'image d' Epinal que l'on nous enseigne depuis Michelet et la 3ème république, où les principaux acteurs républicains sont présentés comme des demi-dieux, tout dévoués à la même cause, et ne doutant à aucun moment.
Comme de nos jours, la politique de cette époque est toute faite d'hypocrisies, de faux semblants, de luttes souterraines, de trahisons…
Mais revenons à Louis et Maximilien: Au lendemain de Varennes, le Roi sait bien que tout est perdu et que son fils, le Dauphin est le seul espoir pour l'avenir .
En premier lieu, il s'agit de lui trouver un précepteur : D' après le Docteur Seiffert, la Reine, chargée de la négociation, aurait proposé la fonction de précepteur, avec traitement de ministre sans en avoir les fonctions, à Robespierre, Danton, et Pétion, maire de Paris, lors de rencontres secrètes chez la princesse de Lamballe; ces rencontres auraient eu lieu début Août 1792 ( M.Jullian pense que ces rencontres ont eu lieu plus tôt, pendant les longs mois de claustration aux Tuileries à partir de juillet 1791).

Les trois hommes ont donc été reçus séparément: Pétion  aurait accepté; Danton de même, mais en posant d'importantes conditions financières, et enfin Robespierre. Citons le livre du docteur Seiffert/
"Sa satisfaction fut si grande que, oubliant toute étiquette, il saisit la main de la Reine et la baisa en témoignage de reconnaissance." "Le Roi, s'écria t-il saura bientôt qu'il m'a choisi pour son bonheur... en échange on lui demanda sa démission d'accusateur public et de faire l'apologie d'une monarchie constitutionnelle."
Dans les faits, Robespierre démissionna de son poste d'accusateur public le 10 avril 1792; il fut alors attaqué par plusieurs journaux révolutionnaires de "servir la cour", de "criminelle lâcheté" ...mais aussi d'avoir participé à une rencontre avec la Reine et la princesse de Lamballe pour tout arranger ( le journal "les révolutions de Paris" du 28 avril)

Le 17 mai 1792, Robespierre fait paraître le premier numéro de son journal " le défenseur de la constitution" et écrit: "C'est la constitution que je veux défendre, la constitution telle qu'elle est." Et encore: " Je suis républicain!…J'aime mieux voir une assemblée populaire et des citoyens libres et respectés avec un Roi, qu'un peuple esclave et avili sous la charge d'un sénat aristocratique et d'un dictateur. Je n'aime pas plus Cromwell que Charles 1er".

Et M. Jullian d'écrire: " Monarchie, République : Robespierre a cherché avec une constance peu commune, dans son " défenseur de la constitution", à démontrer que les deux termes n'étaient pas antagonistes mais complémentaires. Il rêvait, dans l'atelier de Duplay (son logeur), d'un régime idéal, reposant sur ces deux principes et qui créerait une légalité fondée sur la légitimité. C'était à ses yeux, le plus sûr moyen de ne pas laisser le peuple à la discrétion de l'émeute et des irresponsables.

Et puis arrive le mois de Juin 1792: Un défilé autorisé par la mairie de Paris (Pétion étant maire) dégénère: On enfonce les portes des Tuileries puis ridiculise et menace Louis XVI et sa famille: Il semblerait que cette manifestation et ses débordements aient été orchestrés par Pétion en personne.
Enfin arrive le mois d'août 1792 que l'on peut expliquer comme suit: Pétion étant révoqué de la mairie de Paris le 12 juillet à cause de la manifestation du 20 juin, et suite au manifeste du duc de Brunswick, chef des armées prussiennes, reçu le 25 juillet, publié le 3 août, et qui déclare que "si la famille royale recevait la moindre atteinte, il livrerait la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale", Pétion présente (en représailles) à la législative une adresse demandant la déchéance du Roi.
L'acceuil, très froid, fait par l'assemblée, précipite sa décision de faire un coup de force avec les sections de la ville.

10 août 1792: Les sans-culottes prennent les Tuileries et imposent la déchéance du Roi.
Le docteur Seiffert affirme que la veille de l'attaque des Tuileries, il appris par 3 de ses clients que Robespierre, Pétion et Danton ainsi que 3 autres de leurs affidés s'étaient déclarés contre l'insurrection.  ( cela semble invraisemblable pour Pétion)
Le 13 août 1792, le Roi et sa famille sont conduits par Pétion à la prison du Temple…
Le même jour Robespierre prononce un discours aux Jacobins où il se disculpe de n'avoir pas combattu  le 10 août… La même semaine il fait paraître le dernier numéro de son "défenseur de la constitution" et écrit:" Les circonstances actuelles et l'approche de la convention nationale semblent nous avertir que le titre ne convient plus à cet ouvrage...nous continuerons cet ouvrage sous un titre plus analogue aux conjonctures officielles".
Quelle volte face; quel opportunisme!

A partir de cette date, écrit Seiffert, " Le pouvoir se trouvait donc tout entier entre les mains de ces trois hommes, qui, effrayés d'avoir naguère accepté un poste de ministre (précepteur du Dauphin), décidèrent de se débarrasser de ceux qui avaient été témoins de leur adhésion, par les moyens les plus cruels et épouvantables".
Ils étaient 7: Lamballe, le Roi, la Reine, Danton , Robespierre, Pétion et Manuel (maire adjoint de Paris auquel le poste de précepteur du Dauphin aurait aussi été proposé).
Et tout d'abord la princesse de  Lamballe assassinée dans des circonstances épouvantables lors des massacres de septembre qui firent de 1100 à 1500 victimes….dont une seule femme. Robespierre et Danton avaient fait libérer toutes les autres dames de la cour…. (C'est sur ces évènements que s'instaure la terreur qui durera jusqu'à l'exécution de Robespierre le 28 juillet 1794. Il en sera le principal instigateur.)
Puis le 17 janvier 1793, Robespierre vote la mort du Roi. On se rappellera qu'il avait voulu abolir la peine de mort en mai 1791, et avait échoué de peu. M.Jullian ajoute: " C'est le faire part officiel de la rupture entre ces deux hommes de bonne foi".
Puis viendra le tour de Marie-Antoinette, Pétion , Manuel, Danton et enfin Robespierre.

Le docteur Seiffert sera quant à lui, arrêté le 5/11/1793 puis acquitté le 21 mai 1794 grâce à une pétition de ses clients et enfin libéré le 20/8/1794, un mois après la mort de Robespierre.

Ici se termine le livre de Marcel Jullian, et en guise de conclusion il cite ironiquement le "dictionnaire de la révolution française " de Tulard et Fayard: Sa courte biographie concernant le Dauphin conclut de façon péremptoire: "…mais l'évasion du Dauphin relève de la légende et de la supercherie. " ...Nul doute que Marcel Jullian n'en est pas, pour sa part, convaincu.
En guise d'épilogue, l'auteur souligne "qu'il ne prétend pas, par ce livre, avoir trouvé une solution, mais seulement avoir vu briller une clef dans l'ombre des choses non dites et des documents enterrés".
Et d'ajouter: "Il faut en être conscient: le témoignage détaillé du "bon docteur Seiffert" a, à la fois l'avantage et l'inconvénient d'être unique, et de ne pouvoir être recoupé avec nul autre."
"Cependant, il y a trop de coïncidences, trop de morts nominatives et programmées, pour qu'il n'y ait pas eu des entrevues, des paroles échangées, et des promesses faites de part et d'autre."

Enfin, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage, qui jette un éclairage très intéressant et original sur cette période de l'histoire, dont en fait on ne sait pas grand chose malgré tout ce qui  a été écrit.
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Quelques faits et paroles de Danton et Robespierre semblent étayer la version du docteur Seiffert, voire la prolonger :
- Tout d'abord ce mot de Danton proférant une menace à l'égard de Robespierre: "Qu'il prenne garde que je ne lui jette pas le Dauphin à travers les jambes".
- Et puis l'évènement suivant: Robespierre sort le Dauphin de la prison du Temple dans la nuit du 23 au 24 mai 1794 pour le conduire au château de Meudon puis le ramène à la prison du Temple le 25. On s'interroge toujours sur les motivations de Robespierre et sur ce qui s'est réellement passé ce jour. Tout est possible....
Mais aussi d'autres interrogations:
.Pourquoi, Antoine Simon, ancien geôlier du Dauphin, mais tout compte fait second couteau sans importance, est-il décapité en même temps que Robespierre?
.Enfin, pourquoi le lendemain de l'arrestation de Robespierre, le nouvel homme fort du régime, Barras, se précipite-t-il au Temple pour voir le Dauphin?



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