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Figures publiques (1750-1850), de Antoine Lilti

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Message par La nuit, la neige Lun 04 Aoû 2014, 23:12

Idea Présentation du livre de référence évoqué dans ce sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1137-star-system-une-invention-du-xviiieme-siecle#27798

Figures publiques, célébrité et modernité (1750-1850)
De Antoine Lilti
Chez Fayard (Septembre 2014)

Figures publiques (1750-1850), de Antoine Lilti  Electr10

Présentation :
Bien avant le cinéma, la presse à scandale et la télévision, les mécanismes de la célébrité se sont développés dans l’Europe des Lumières, puis épanouis à l’époque romantique sur les deux rives de l’Atlantique.
Des écrivains comme Voltaire, des comédiens comme Garrick, des musiciens comme Liszt furent de véritables célébrités, suscitant la curiosité et l’attachement passionné de leurs « fans ».

À Paris comme à Londres, puis à Berlin et New York, l’essor de la presse, les nouvelles techniques publicitaires et la commercialisation des loisirs entraînèrent une profonde transformation de la visibilité des personnes célèbres. On pouvait désormais acheter le portrait de chanteurs d’opéra et la biographie de courtisanes, dont les vies privées devenaient un spectacle public.

La politique ne resta pas à l’écart de ce bouleversement culturel : Marie-Antoinette comme George Washington ou Napoléon furent les témoins d’un monde politique transformé par les nouvelles exigences de la célébrité. Lorsque le peuple surgit sur la scène révolutionnaire, il ne suffit plus d’être légitime, il importe désormais d’être populaire.

À travers cette histoire de la célébrité, Antoine Lilti retrace les profondes mutations de la société des Lumières et révèle les ambivalences de l’espace public.
La trajectoire de Jean-Jacques Rousseau en témoigne de façon exemplaire. Écrivain célèbre et adulé, celui-ci finit pourtant par maudire les effets de sa « funeste célébrité », miné par le sentiment d’être devenu une figure publique que chacun pouvait façonner à sa guise.
À la fois désirée et dénoncée, la célébrité apparaît comme la forme moderne du prestige personnel, adaptée aux sociétés démocratiques et médiatiques, comme la gloire était celle des sociétés aristocratiques.
C’est pourtant une grandeur toujours contestée, dont l’histoire éclaire les contradictions de notre modernité.


Qui est l’auteur ?
Antoine Lilti est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Ses travaux portent sur l’histoire sociale et culturelle des Lumières. Il a notamment publié "Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle" (Fayard, 2005).

Figures publiques (1750-1850), de Antoine Lilti  Numilo10

Un livre que je vous recommande si le sujet vous intéresse... Wink
La nuit, la neige
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Message par Emilie du Châtelet Mar 05 Aoû 2014, 10:48

Super merci !!! Figures publiques (1750-1850), de Antoine Lilti  2523452716 
Emilie du Châtelet
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Message par La nuit, la neige Mer 06 Aoû 2014, 01:09

Merci à toi !
Je pense que c’est un bon conseil de lecture pour la rentrée... Wink 
La nuit, la neige
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Message par Invité Mer 06 Aoû 2014, 01:34

Je comprends ton engouement lorsque je lis les écrits de l'auteur... une sorte de double de toi Wink

Bien à toi Very Happy

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Message par Invité Sam 06 Déc 2014, 12:23

Je viens de commencer à lire figures publiques, et je m'aperçois que l'auteur s'arrête sur plusieurs illustres personnages dont Rousseau. Une figure en particulier se dresse sur quelques pages : celle de Marie-Antoinette, je ferai un résumé de ce qu'il développe sur la Reine dans son étude.

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Message par Invité Sam 06 Déc 2014, 12:42

Merci d'avance pour ce compte rendu Very Happy

Bien à vous.

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Message par Invité Sam 06 Déc 2014, 16:01

Pour Antoine Lilti : " Marie-Antoinette semble ne pouvoir échapper à l'alternative entre la condamnation politique et l'attendrissement sentimental qui la peint dans une posture de victime.
Elle a cependant de nouveau attiré l'attention des historiens depuis une vingtaine d'années : les attaques de plus en plus virulentes sous la révolution débouchant vers " un véritable délire politique et pornographique". La Reine devenant l'incarnation de tous les fantasmes.
Les historiens ont insisté sur le sens symbolique et politique des attaques sexuelles. Lorsque le corps lubrique de la Reine justifie l'exclusion des femmes du corps politique, la pornographie peut être considérée comme une arme politique.
Avant la révolution, la plupart des livres licencieux attaquent plutôt le souvenir de Louis XV et de ses maîtresses.
Dés qu'il s'agit de la Reine, on en limite la diffusion. La plupart des pamphlets commence à circuler qu'en 1789 après la prise de la Bastille.
Les amours de Charlot et Toinette : son caractère transgressif reposait bien davantage sur l'érotisation de la Reine que sur la dénonciation politique. Le pamphlet mettait le lecteur dans le rôle du voyeur émoustillé, non dans celui du citoyen scandalisé. Le texte est bien différent des pamphlets révolutionnaires, beaucoup plus violents et explicitement politiques, qui auront recours à une pornographie parfois abjecte en vue de déshumaniser la Reine.
Le mouvement que suppose un texte comme : les amours de Charlot et Toinette est davantage tourné sur la curiosité pour la vie privée, intime et même érotique de la Reine, voire une certaine fascination, où le désir se mêle à la réprobation.
Comment la Reine de France, ce personnage traditionnellement solennel et distant, a-t-elle pu devenir un objet de désir érotique, une figure publique dont la vie sexuelle suscite la curiosité et l'amusement ?
"

A suivre...

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Message par Invité Sam 06 Déc 2014, 17:03

Eh bien l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère...
Mais la féminité de Marie-Antoinette dépasse effectivement Son statut de Reine , mais cela n'est pas forcément traité par les meilleurs auteurs : de PPDA à Messadié la littérature s'en prend encore de nos jours à la fille de Marie-Thérèse comme à aucune Reine ayant vécu à Versailles ( car Anne d'Autriche avait été servie en la matière...) .

La suite que tu annonces, l'Amour menaçant, concerne encore Marie-Antoinette j'espère?

Bien à vous.

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Message par Invité Lun 08 Déc 2014, 17:42

Oui, je ne fais ici qu'un résumé de ce que Lilti a écrit sur Marie-Antoinette, cela tiendra encore sur deux postes.

Pour comprendre ces textes, il faut accepter de ne pas les lire comme des signes annonciateurs de la chute de la monarchie et de la mort de Marie-Antoinette mais plutôt dans la continuité du discours qui prétendaient révéler la vie privée des artistes, des maîtresses royales. Car là réside la véritable transformation du statut de la Reine.
Elle est désormais considérée sur le même plan que les comédiennes ou que madame Dubarry.
Dans l'essai historique sur la vie privée de la reine : le sel de la comparaison tient dans le rapprochement entre une courtisane et une Reine de France.
L'une et l'autre ont en commun " la publicité "donnée à leurs excès.
Le dévoilement de la vie privée est rendu légitime, par l'exposition publique d'une personne célèbre. La nouveauté désormais est que la Reine elle même est assimilée à cet univers, que la curiosité inquisitoriale de la chronique scandaleuse rencontre la dénonciation politique des vices de Cour.
La déferlante tient aussi aux transformations que la Reine a apportées au fonctionnement de la représentation royale.
Mais Marie-Antoinette, au delà des singularités de son caractère, correspond à son époque.
Marie-Antoinette n'est pas un monstre de futilité et d'inconscience, mais une jeune aristo de son temps, mais cette façon de déserter le terrain classique de la représentation a souvent été critiquée comme une lourde faute politique.
Sous Louis XIV, un roi ne devait pas avoir de vie privée. Distinct des autres hommes par son costume, les signes emblématiques du pouvoir, sa place était au centre de tout dispositif curial. Parce que le roi était un être à part, il ne pouvait être identifié à aucune des coteries.
Le roi n'est pas un chef, il est le maître, il suscite l'admiration et la déférence, pas la curiosité ni l'empathie.
Marie-Antoinette incarne l'attitude inverse, en apparaissant comme la tête d'une coterie, animée par les Polignac et leurs proches. La souveraine disparaît au profit de la femme. En affichant sa familiarité avec certains courtisans, elle prend le risque de réduire la distance qui la sépare de ses sujets.
Certes, elle n'est pas le roi mais le rôle de la Reine dans le cérémonial reste essentiel.
Marie Leszczynska avait ouvert la voie à une vie plus intime de la Reine, Louis XVI et plus encore Artois et Provence à l'unisson de la Reine, Marie-Antoinette n'est nullement une révolutionnaire de la société de Cour. Elle est simplement plus visible et la plus exposée au sein de la famille royale.


A suivre...

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Message par Invité Mar 09 Déc 2014, 18:26

Le goût de Marie-Antoinette pour l'incognito traduit parfaitement la contradiction flagrante entre le refus du cérémonial, voire du privé et la réalité de la personne publique qu'est la Reine. Elle décide d'assister à des spectacles à Paris. L'incognito est bien sûr fictif. " Une espèce d'incognito " indique bien qu'il s'agit d'une fiction. Elle joue en quelque sorte sur deux tableaux. Sa présence dans les loges secondes et non dans la loge royale, entretient l'idée qu'elle est une simple particulière appréciée du public. A qui sont les " sincères acclamations " des spectateurs ? A la Reine ou à Marie-Antoinette ?
Le théâtre est le lieu idéal pour une telle ambiguïté. Elle s'invente en personnage public. Applaudie par le public de l'Opéra, Marie-Antoinette est centre de tous les regards qui convergent vers sa loge comme le sera Voltaire, trois ans plus tard à la Comédie-Française lors de la scène du couronnement.
La fiction de l'incognito, il est probable que les contemporains n'en avaient pas une claire conscience.
Marie-Antoinette inaugure ici le modèle d'une souveraine qui ne suscite pas prioritairement la déférence, l'admiration distante mais plutôt l'affection, la proximité sentimentale.
En s'exposant, comme une personne privée, Marie-Antoinette modifie son statut public : elle glisse de la représentation monarchique à la publicité médiatique.
L'émergence du système de mode, en cette fin de siècle témoignait d'une profonde évolution de la culture des apparences. En intégrant cette culture de la mode, en faisant d'une modiste parisienne, la fournisseuse attitrée, Marie-Antoinette attirait tous les regards, elle devenait le foyer de l'imitation. Les souverains, le Roi comme la Reine devaient être distingués par leurs vêtements.
Marie-Antoinette, elle est imitée.
Dans les pamphlets, à la veille de la révolution, un pas de plus sera vite franchi : " il est impossible que la plus élégante catin de Paris soit mieux mise que la Reine "
En s'exposant publiquement, Marie-Antoinette prenait le risque d'attirer toutes les critiques, c'est exactement ainsi qu'elle fut attaquée sur ses dépenses inconsidérées, son attachement aux intérêts autrichiens, ses amants supposés.
L'affaire du collier précipitait la disgrâce publique de la Reine. L'image publique de la Reine était irrémédiablement abîmée, mais c'est avec la révolution que les attaques prirent de l'ampleur.
La " popularité " qu'évoque Barnave, pour engager la Reine à le reconquérir, est un concept politique promis à un long avenir.
Elle renouvelle la légitimité royale, sur la base d'un lien affectif avec le nouveau souverain, la peuple. Comme on le sait, la Reine ne voulut pas entendre de tels détails.


Voilà, l'aperçu qu'on peut avoir de l'analyse d'Antoine Lilti, au sujet de la Reine. L'ensemble du livre est juste passionnant !

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Message par La nuit, la neige Mer 10 Déc 2014, 00:16

Merci pour ce résumé.
Tout ceci semble très juste, et reprend quelques-uns des arguments que nous avions notamment lus dans l’excellente étude : La reine scélérate, de Chantal Thomas.
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