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Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil

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Message par Mme de Sabran Mar 04 Nov 2014, 15:15



Evelyne Farr a écrit:

Voici la lettre/instruction de Louis XVI au baron de Breteuil de 14 décembre 1791. C'est 7 pages. Je ne sais pas si elle a été publiée ailleurs. Comme beaucoup de la correspondance du roi et de Marie-Antoinette après Varennes, elle passait par les mains de Fersen, qui travaillait de concert avec le baron. Cette copie aurait été faite par un des secrétaires du baron et de Fersen pour leur dossier, et pour communiquer leurs instructions aux envoyés secrets du roi aux différentes cours de l'Europe.
Elle se trouve dans les archives de Fersen avec d'autres dépêches diplomatiques, aux Archives Nationales suédoises à Stockholm.

A cette époque on blâmait fort Louis XVI pour son acceptation de la Constitution et ses décrets sur les émigrés, et dans cette lettre il explique ses actions et pourquoi il voulait à tout prix éviter une guerre civile et voulait un congrès armé pour régler les affaires
de l'Europe qui lui permettrait de quitter Paris pour représenter les intérêts de la France.
Cette politique du roi et de la reine était mal vue par Gustav III et Catherine II, qui conseillaient une autre fuite, des mesures fortes, et d'autre part par Léopold II, qui voulait s'emparer des provinces françaises et tenir son beau-frère dans sa dépendance.




Transcription facile ( ouf ! Very Happy ) mais très longue ... Hop!
Je me demande combien d'heures par jour les gens de cette époque passaient sur leur correspondance !
Or donc, c'est parti :



14 décembre [1791]



( Copie de ) Lettre du Roi au baron de Breteuil.

Vous avez eu connaissance du message de l'Assemblée du 29 novembre. Vous verrez le discours que j'ai fait hier à l'Assemblée nationale et vous jugerez que l'un et une suite nécessaire de l'autre. La cruelle loi contre les émigrants m'avait forcé de faire usage du véto dont la nécessité a été reconnue par une grande partie de la nation; mais les factieux, qui ne perdent jamais leur point de vue de chercher à me mettre dans une position embarrassante, se sont retournés d'un autre côté.
Ils ont fait la détestable loi sur les prêtres réfractaires et le message sur les émigrants et les puissances étrangères. La loi absurde sur les émigrants était une épée à deux tranchants. Si je la sanctionnais, je me déshonorais aux yeux du monde, en paraissant approuver les cruelles dispositions qu'elle contenait, et ils en auraient abusé sur mon personnel. Ils auraient encore tiré parti de cette sanction en disant que je ne sanctionnerais que parce que je voulais montrer par là que je n'étais pas libre et de là toute la suite de propos qu'on peut bien imaginer.
Je n'ai pas hésité à refuser ma sanction. Le système que je me suis fait, d'agir le plus librement que je peux en suivant exactement les moyens que la constitution m'en laisse, me le prescrivait.

Il en sera de même pour le décret sur les prêtres; mais en marchant avec la force constitutionnelle, il n'est pas douteux que je ne sois obligé de me prêter à toutes les démarches de justice et de nécessité apparente, que les circonstances indiquent pour soutenir le système que j'ai pris de me donner une force par la faveur du peuple qui, pour la plus grosse partie, veut encore la constitution et redoute une contre-révolution qui est le but trop marqué des émigrants.
De là vient que le peuple les regarde comme ses plus grands ennemis et que la manière la plus sûre de défavoriser le Roi est de le présenter comme de concert en favorisant les projets des émigrants. Cette idée est bien aisée à soutenir parce qu'il est clair, pour toute personne qui marche sur deux pieds, qu'intérieurement je ne peux pas approuver la révolution et la constitution absurde et détestable qui me met au-dessous de ce qu'était le Roi de Pologne.

C'est donc l'article le plus délicat pour moi que celui des émigrants, et celui où je suis obligé de me prêter le plus aux circonstances, bien résolu pourtant de ne rien faire d'indigne de moi.
Dans tout gouvernement établi, si des citoyens expatriés s'assemblaient en force et montraient le désir de rentrer à mains armées dans leur pays pour y détruire le gouvernement, et qu'ils fussent favorisés par des puissances étrangères, il ne serait pas possible au chef de gouvernement de souffrir pareille chose ou il perdrait toute confiance.
C'est précisément mon cas, et ce que pense la plus grande partie du moins des gens qui parlent. En me déterminant à accepter la constitution, j'ai pensé de même. J'en ai écrit plusieurs fois en demandant qu'on séparât les rassemblements, qu'on s'éloigne, qu'on ne donne pas sujet à inquiétudes qui me forceraient à agir directement contre eux, qu'ils devaient bien m'éviter cette peine cruelle; que s'ils faisaient tomber les inquiétudes, au lieu d'être haïs et redoutés, ils seraient peut-être un jour désirés et rappelés avec honneur; que, s'ils voulaient eux-mêmes agir par la force, ils se perdraient avec ceux qui leur appartiennent et le royaume à la fin de tout; que pour moi ( ils me mettaient dans le plus grand emb ... barré ) ils m'ôtaient toute ressource personnelle et me mettaient dans le plus grand danger, à moins de me jeter à corps perdu dans la puissance des factieux; enfin que les puissances étrangères avaient tant de raisons d'être mécontentes, qu'il fallait que ce fussent elles qui agissent, et qu'en se tenant en seconde ligne, ils ne courraient aucuns des dangers que je prévois.

C'est avec bien de la peine que j'ai vu qu'ils n'écoutaient pas mes raisons et qu'ils suivaient la même marche. Quelque mauvais que fût le décret des émigrants, il m'eût été impossible de le refuser si je n'avais pas fait en même temps des démarches pour faire dissiper les rassemblements.
J'ai écrit à mes frères quoique je me doutasse bien que cela ne servirait à rien, surtout dans le style où je devais leur écrire publiquement. Plût à Dieu que Monsieur eût pris d'abord un parti de lui-même, ou quand je lui ai écrit par le chevalier de Coigny. Il nous aurait évité bien des embarras.
J'ai fait aux électeurs des réquisitoires que le droit des gens approuve. L'électeur de Mayence, à une lettre de notification de l'acception, a répondu par une protestation. Celui de Trèves, à une réquisition pour la séparation des rassemblements, n'a fait qu'un persiflage en réponse. D'un autre côté, le cardinal de Rohan et le vicomte de Mirabeau font tout ce qu'ils peuvent pour donner des inquiétudes à l'Alsace.
Si je n'avais rien fait, on n'aurait pas manqué de m'accuser de connivence et on m'aurait demandé même d'après la constitution si je voulais agir en roi. La réponse eût été difficile. Après les premières réquisitions faites et leur non-réussite, il fallait que je continue la même marche.
Je regarde comme fort heureux que l'assemblée nationale se soit expliquée comme elle l'a fait dans son message du 29. Vous verrez ma réponse: que je ne fais que suivre ce qu'elle m'a indiqué et la marche constitutionnelle. Je regarde encore comme fort heureux qu'ils n'aient pas demandé de démarches directes vis-à-vis de mes frères et des émigrants; ils ont alors beau jeu à ne faire que la partie secondaire et à attendre les événements.

Vous savez que mon système a toujours été de retenir les émigrants et de faire agir les puissances en avant; si elles s'étaient décidées comme je l'avais demandé, il y a longtemps que le congrès eût été au moins indiqué. Je crois qu'il était fort à propos d'écrire comme je l'ai fait dernièrement d'après votre conseil.
Il était temps par tout ce qui me revient que toutes les puissances du nord eussent directement de mes nouvelles, car sûrement elles s'entendaient avec les émigrants pour les faire agir. Je ne pense point que ma dernière démarche doive changer rien des choses sur ma demande du congrès armé, au contraire j'y vois des raisons de plus. La liberté de quelques princes germaniques étant menacée, l'empereur et le Roi de Prusse doivent le trouver mauvais et se prêter plus aisément à ce qui a été demandé et, par là, soutenir les électeurs.

Dans ma dernière instruction, je vous ai expliqué bien des raisons par lesquelles les puissances pourraient se mêler de nos affaires; en voilà une bien forte et bien palpable d'ajoutée. Au lieu d'une guerre civile, cela deviendra une guerre politique et les chances sont bien meilleures.
Il faut vous pénétrer bien des raisons de ma conduite que j'ai expliquée ci-dessus, pour en informer les puissances, afin qu'elles soient bien persuadées que ce n'est pas moi qui ai voulu la guerre, mais que par les circonstances je ne pouvais pas me conduire autrement; que je recevrai toujours avec plaisir et reconnaissance ce qu'elle pourront faire pour moi.
Une réflexion peut venir à l'esprit. Les puissances peuvent ne point entendre aux explications qu'on leur donnera, prendre de l'humeur et n'agir que par elles absolument, s'important fort peu de ce que deviendrait la France, en me mettant de côté, mettre mes frères en avant. Je suis intimement convaincu de leur amitié et de leur attachement pour moi que jamais ils n'y consentiraient, ou même M. le prince de Condé. C'est à l'habileté du négociateur à savoir prévenir ces inconvénients.

Il faut examiner à présent ce qui peut arriver si les électeurs avaient peur et se soumettaient à dissiper les rassemblements sans que les puissances eussent parlé. Ce serait, je crois, ce qui pourrait arriver de pis. Comme la démarche m'a été dictée, on m'en saurait peu de gré; les esprits des factieux seraient extrêmement enflés et arrogants; le crédit se remonterait et soutiendrait encore la machine pendant quelques temps. D'un autre côté, les émigrants auraient le poignard dans le coeur. Ils se porteraient indubitablement à quelque entreprise désespérée.
Ce qui pourrait arriver de plus heureux et où on doit diriger tous ses soins, c'est que les puissances s'emparent de l'affaire, protègent les électeurs, mais en même temps séparent les émigrants en leur donnant sécurité et protection. Ils pourraient faire tenir ici à peu près ce langage:
"Vous avez voulu attaquer le corps germanique dont nous sommes les protecteurs et les garants, sous prétexte de rassemblements "de vos concitoyens qui vous inquiétait. Nous avons bien voulu faire cesser le sujet d'inquiétudes. Nous nous chargeons de retenir les "émigrants et de faire séparer leurs rassemblements armés, mais c'est à condition que vous nous donnerez satisfaction sur telle et telle "chose, et que vous ayez un gouvernement qui ait une force et une stabilité sur la foi desquelles on puisse compter. Sans cela nous "vous regarderons comme un repaire de brigands et l'écume de l'Europe."

Ce langage en imposerait sûrement et ferait pâlir les plus hardis. Il me paraît impossible que nous y fussions compromis. Il serait aisé de faire passer après les instructions sur le langage à tenir pour cela, si l'on voyait les choses tourner dans ce sens-là. Reste la guerre, si elle était inévitable. L'état physique et moral de la France fait qu'il lui est impossible de la soutenir une demie campagne, mais il faut que j'aie l'air de m'y livrer franchement, et comme je l'aurais fait dans les temps précédents.
Il y a deux chances pour elle. Il est difficile de calculer qu'elle soit heureuse. Si par hasard cela arrivait, m'étant montré franchement, et la guerre donnant toujours plus de moyens au gouvernement, je peux regagner quelque chose par là.
Mais cette hypothèse est la moins vraisemblable. Si elle est malheureuse, vous connaissez les Français, comme ils sont vite d'une extrémité à l'autre. Ils seraient bientôt aussi abattus qu'ils sont orgueilleux avant, et peut-être ne voudraient-ils aucuns restes du nouvel édifice s'ils voyaient bien qu'il leur a attiré tous les malheurs.

Il peut exister une crainte, et sûrement les factieux chercheraient à tourner les esprits de ce côté-là; ce serait de s'en prendre à moi de leurs malheurs et de me faire soupçonner de le désirer pour regagner la puissance. C'est ma conduite qui doit écarter tous ces soupçons et surtout de ne rien laisser pénétrer de mes relations avec les étrangers. Il faut que ma conduite soit telle que dans le malheur la nation ne voit de ressource qu'en se jetant dans mes bras. La guerre étant malheureuse, les puissances peuvent tenir le même langage mais avec bien plus de force que dans la seconde hypothèse ci-dessus. Les négociations secrètes doivent se diriger à convenir de bonne heure du but où on doit tendre et où elles doivent s'arrêter afin, comme dit le proverbe: l'appétit ne leur vienne pas en mangeant.
Il faudrait aussi que je pusse dans ce cas servir le royaume en obtenant par mon entremise la paix la moins désavantageuse qu'on pourrait.

Voilà une bien longue instruction, mais j'ai voulu tout prévoir et on pourra m'indiquer les éclaircissements qu'on pourrait encore désirer.

.
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Message par Invité Mar 04 Nov 2014, 15:28

Eh bien! Quelle tache de tout relever cet écrit...bravo et merci Eléonore !
Combien de pages représente cette missive?
C'est passionnant et touchant car Louis XVI y résume les conditions politiques qui mangent peu à peu sa royauté et rappelle notamment ce qui arrive aux prêtres réfractaires...
Neuf mois plus tard, ils seront massacrés tandis que lui sera enfermé au Temple...

Bien à vous.

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Message par Mme de Sabran Mar 04 Nov 2014, 15:36

Majesté a écrit:
Combien de pages représente cette missive?
.

... sept pages, soit tout l'après-midi d'hier ! Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil 3826491292
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Message par Invité Mar 04 Nov 2014, 15:40




Wahou! Je ne suis pas étonné du temps que cela t'a pris !
Et je comprends mieux ton :


Mme de Sabran a écrit:Je me demande combien d'heures par jour les gens de cette époque passaient sur leur correspondance !

Bien à toi 3196910

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Message par Invité Mar 04 Nov 2014, 19:40

Très instructif ! Very Happy Merci pour le temps passé ! :;\':;\':;

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Message par Mme de Sabran Mar 04 Nov 2014, 21:47




Oui, cette lettre est particulièrement remarquable, parce que Louis XVI s'explique sur tous les points primordiaux de sa politique : sa détestation de cette Constitution qu'il a été obligé d'accepter, de la loi sur les prêtres réfractaires, son droit de véto, les mesures contre l'émigration, sa défiance des puissances étrangères, son souhait du congrès armé, sa position sur la guerre ...
Tout y est !
A Breteuil de porter la bonne parole.   Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil 3826491292
Est-ce que Louis XVI croit vraiment en la sincérité des princes ?  J'en doute un peu ... ce serait bien naïf de sa part !

A noter, il pense que la majeure partie de la nation adhère à la Révolution .  Constat certainement très douloureux de la part de ce monarque paternaliste qui se croyait aimé de ses sujets il n'y a pas si longtemps encore .

.
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Message par Invité Mar 04 Nov 2014, 22:27




Les Français voulaient la Constitution (pas du tout la république à cette date), Louis XVI s'en est rendu compte lors de son expédition ratée pour Montmédy. Parce que pour eux ce mot était presque magique : fini les impôts, les injustices... Louis XVI se dit ok pour une constitution, tant pis... Pour le bien de son peuple, il était prêt à tout.
Mais pas celle-ci. L'exécutif y est trop faible. Il n'a qu'un veto pour aller contre le législatif, formé d'une seule chambre (erreur qui ne sera plus jamais commise par la suite). Or son veto, dès qu'il l'utilise lui est contestée.
On ne lui a pas demandé son avis. Il est au pouvoir depuis 17 ans. Il peut tout de même se targuer d'avoir une petite expérience politique. Non, au lieu de ça, il voit la constitution qu'on lui impose rédigée par des idéologues qui ne connaissent la politique qu'en théorie. Louis XVI lui connaît la pratique. Pas eux.

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Message par Invité Mar 04 Nov 2014, 22:49

Merci pour cette lettre, Eléonore.

Elle est reproduite dans l'ouvrage de Geoffroy "Gustave III et la Cour de France".
Geoffroy la commente ainsi :

Louis XVI demande que les puissances étrangères, principalement l'Autriche, soutenant les princes Électeurs d'Allemagne que l'assemblée menace et que d'ailleurs la révolution a privés de leurs possessions en France, répondent, elles aussi, par un langage menaçant, appuyé d'un Congrès armé. Louis XVI ne peut pas se dissimuler qu'une telle attitude de la part des souverains ne soit une déclaration de guerre ; mais il souhaite la guerre en effet, pourvu qu'elle soit faite par les puissances en leur propre nom et non pas au sien, ni au nom des princes ses frères. Si les Français sont vainqueurs, ce qui est peu probable à ses yeux, il espère profiter en quelque chose d'un succès auquel il aura paru s'associer. S'ils sont battus, il interviendra au bon moment pour leur faire obtenir des conditions moins dures que celles qu'ils devraient attendre; peut-être aussi, avec l'inconstance qui les caractérise, prendront-ils en haine cette révolution, cause de leurs revers et de tant de malheurs, pour se jeter de nouveau dans les bras de la royauté.

Louis XVI est tout entier dans cette curieuse lettre à M. de Breteuil : avec sa bonté, car, s'il appelle à la guerre étrangère, c'est, comme il le dit très sincèrement, parce qu'il croit éviter ainsi la guerre civile, qui lui fait horreur, mais avec son aveuglement, puisqu'il croit pouvoir jouer sans l'extrême péril ce double jeu, puisqu'il estime que ce sera, pour les Autrichiens et les Prusses, l'affaire d'une demi-campagne de triompher de cette émeute, puisqu'il imagine enfin que cette nation, dans son malheur, cherchera le refuge dans le sein d'une royauté qui se sera ainsi séparée d'elle...

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Message par Mme de Sabran Mar 04 Nov 2014, 23:02




Excellent commentaire de Geoffroy .   Very Happy Merci, Cosmo !!!
C'est bien ce que nous comprenons.

Cosmo a écrit:

Louis XVI est tout entier dans cette curieuse lettre à M. de Breteuil ...

N'est-ce pas !  Very Happy  Elle est curieuse parce que l'on croirait qu'elle est écrite aussi pour la postérité, pour que nous pénétrions bien, nous aussi, ce qu'il appelle son système et que nous absolvions ses éventuels égarements . Il nous dit sa bonne volonté mais combien il est tributaire d'événements qui échappent à son contrôle.

.
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Message par La nuit, la neige Mar 04 Nov 2014, 23:15


Merci Eléonore  d’avoir recopié cette lettre dans sa totalité ; elle est souvent reprise, mais plus particulièrement avec des extraits en exergue.

C’est une période clé de la révolution, où l’on voit bien que les différents protagonistes jouent leurs va-tout ; avec, étonnement, les Brissotins et la cour qui penchent en faveur de la guerre mais qui en attendent des résultats opposés.
C’est le moment où Louis XVI et Marie-Antoinette sont le plus entreprenants avec les cours étrangères, et ajoutons que la reine, au même moment, donne le change à Lameth et Barnave qui eux souhaitent le respect de la constitution et sont opposés à la guerre (ils ont compris, eux aussi, qu’elle fera basculer le pays vers le vainqueur qu’ils ne souhaitent pas : le parti démocratique ou le parti aristocratique).
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Message par Mme de Sabran Mer 05 Nov 2014, 08:25

La nuit, la neige a écrit:
Merci Eléonore  d’avoir recopié cette lettre dans sa totalité ; elle est souvent reprise, mais plus particulièrement avec des extraits en exergue.

C'est tout l'intérêt d'aller aux sources mêmes au lieu de n'en avoir que des bribes, comme tu le dis fort justement.
D'un autre côté, cette missive est si longue que les biographes de Louis XVI sont bien obligés de tronquer...
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Message par Invité Mer 05 Nov 2014, 09:26

Mme de Sabran a écrit:

Excellent commentaire de Geoffroy .   Very Happy   Merci, Cosmo !!!
C'est bien ce que nous comprenons.

Cosmo a écrit:

Louis XVI est tout entier dans cette curieuse lettre à M. de Breteuil ...

N'est-ce pas !  Very Happy  Elle est curieuse parce que l'on croirait qu'elle est écrite aussi pour la postérité, pour que nous pénétrions bien, nous aussi, ce qu'il appelle son système et que nous absolvions ses éventuels égarements . Il nous dit sa bonne volonté mais combien il est tributaire d'événements qui échappent à son contrôle.

.

Tu fais bien de souligner son laïus sur le "système" qu'il s'est donné, car s'il y a bien quelque chose qui retient l'attention dans son courrier, c'est cette phrase : "le système que j'ai pris de me donner une force par la faveur du peuple qui, pour la plus grosse partie, veut encore la constitution et redoute une contre-révolution qui est le but trop marqué des émigrants."

Il voudrait retourner l'opinion en sa faveur, mais c'est trop tard, il est complètement discrédité après Varennes. Quelle naïveté... Il aurait dû soit jouer à fond la carte de la réforme des institutions, soit fuir immédiatement dès le 14 juillet 1789 et reconquérir son royaume. Au lieu de ça, il reste le c*l entre deux chaises, avec la conséquence terrible de se retrouver isolé et sans aucun allié : fin 1791, il n'est soutenu ni par le peuple qui l'exècre lui et Marie-Antoinette, ni par ses frères, qui attendent de le voir tomber pour s'emparer du pouvoir, ni par les princes étrangers, trop heureux de voir la France se déliter.  Quelle naïveté de croire que les puissances étrangères sont prêtes à l'aider. Il n'y a que Gustave III qui s'intéresse à son sort. Louis XVI a péché non pas tant par un excès de bonté, de l'irrésolution ou que sais-je encore, mais par manque de clairvoyance : il n'avait tout simplement pas les moyens de réaliser le dessein qu'il s'était fixé. Quelle chimère de croire à un retournement de l'opinion en sa faveur, grâce à la guerre...

La réalité, c'est qu'il est prisonnier de son peuple et souhaite qu'on vienne le délivrer. Alors qu'il eut mieux fait de s'entendre avec ses geôliers.

Quant à la Constitution, je retiens également cette phrase : "..intérieurement je ne peux pas approuver la révolution et la constitution absurde et détestable qui me met au-dessous de ce qu'était le Roi de Pologne". Il ne supporte pas de voir sa souveraineté rognée. La rupture avec le peuple était dès lors inévitable...

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Message par Invité Mer 05 Nov 2014, 10:46

Louis XVI exprime vraiment sa propre liberté, et le paradoxe, c'est qu'on l'empêche d'avoir ses pensées alors qu'il avait promulgué la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Lui et de nombreuses personnes ne bénéficieront jamais de cette belle idée et c'est tout le drame de l'après 1789...

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Message par Mme de Sabran Mer 05 Nov 2014, 14:32

Cosmo a écrit: Au lieu de ça, il reste le c*l entre deux chaises...

... parce que cette irrésolution pathologique est la base même de son caractère . Hélas, trois fois hélas !
C'est un timoré qui se voudrait monarque absolu ... boudoi29
Mais il n'a l'envergure que d'un bon bourgeois .

Je sais, je suis dure, mais Louis XVI m'exaspère, malgré sa bonté, sa probité . Il n'était pas à sa place sur le trône de ses aïeux.
Il semble le pressentir lui-même lorsqu'il ceint la couronne ( lors des cérémonies du sacre ) et qu'il geint : " Elle me gène . "
Son comportement conjugal est à l'avenant, pas fichu d'honorer sa femme pendant des années !

Alors oui, il semble avoir eu de solides qualités intellectuelles, O.K. mais le reste ne suit pas ...

54385210

.
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Message par Mme de Sabran Mer 05 Nov 2014, 14:37



En plus, le malheureux, il s'est frotté à la période la pire de notre Histoire pour être roi de France ...
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Message par Invité Mer 05 Nov 2014, 16:35

Mme de Sabran a écrit:
C'est un timoré qui se voudrait monarque absolu ... boudoi29 .

Très bien vu.  Laughing
Un impuissant qui rêve de conserver son pouvoir.

Mme de Sabran a écrit:
Il n'était pas à sa place sur le trône de ses aïeux. .

Artois et Provence n'ont pas fait mieux que lui (Provence un peu mieux, mais d'un chouïa).

Mme de Sabran a écrit:
Son comportement conjugal est à l'avenant, pas fichu d'honorer sa femme pendant des années !
.

Oui... à sa décharge, il faut dire aussi que Marie-Antoinette n'était elle-même pas très pressée de faire la chose avec le "pauvre homme".

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Message par Invité Mer 05 Nov 2014, 19:27

Cosmo a écrit:
Mme de Sabran a écrit:
C'est un timoré qui se voudrait monarque absolu ... boudoi29 .
Très bien vu.  Laughing
Un impuissant qui rêve de conserver son pouvoir.
Que t'a fait Louis XVI pour l'épingler de la sorte? Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil 3249736284
Selon les dires de Joseph II , Louis XVI avait des érections conséquentes... Ce qualificatif ne lui convient donc pas...

A moins que tu ne veuilles là parler de Louis XVIII? :Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil 2028181902

Bien à vous.

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Message par Mme de Sabran Mer 05 Nov 2014, 19:38



Un impuissant qui rêve de conserver son pouvoir.

Je ne vois rien de sexuel là-dedans ! Lettre de Louis XVI au baron de Breteuil 3826491292
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Message par Invité Mer 05 Nov 2014, 19:39

Honni soit qui mal y pense. Hop!

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