Charmer, s'égarer et mourir. de Christine Orban

Je trouve un peu dommage, comme François, que la forme déroute le lecteur et nuise au fond très bien documenté .
Merci, cher Momo, pour le lien vers cet article !

Lucius a écrit:Pensez vous que le titre soit une référence à une des formules utilisées pour résumer la piété des premiers temps de la contre-réforme : souffrir, goûter, mourir ?

Le titre de cet essai, mon petit Lulu,  est emprunté à L'Histoire des Girondins  
de Lamartine.

Je le découvre dans Le goût de Marie-Antoinette ( au Mercure de France ) ,
au cours du petit extrait que voici :

Ainsi mourut cette reine, légère dans la prospérité, sublime dans l'infortune, intrépide sur l'échafaud ; idole de la cour mutilée par le peuple, longtemps l'amour, puis I'aveugle conseil de la royauté, puis l'ennemi personnel de la Révolution. Cette révolution, la reine ne sut ni la prévoir, ni la comprendre, ni l'accepter; elle ne sut que l'irriter et la craindre. Elle se réfugia dans une cour, au lieu de se précipiter dans le sein du peuple. Le peuple lui voua injustement toute la haine dont il poursuivait l'ancien régime. II appela de son nom tous les scandales et toutes les trahisons des cours. Toute-puissante par sa beauté et par son esprit, sur son mari, elle l'enveloppa de son impopularité, et l'entraina, par son amour, à sa perte. Sa politique vacillante suivant les impressions du moment, tour a tour timide comme la défaite, téméraire comme le succès, ne sut ni reculer ni avancer a propos, et finit par se convertir en intrigues avec l'émigration et avec l'étranger. Favorite charmante et dangereuse d'une monarchie vieillie, plutôt que reine d'une monarchie nouvelle, elle n'eut ni le prestige de I'ancienne royauté : le respect; ni le prestige du nouveau règne : la popularité. Elle ne sut que charmer, s'égarer et mourir. Le peu de solidité de son esprit l'excuse, I'enivrement de sa jeunesse et de sa beauté l'innocente, la grandeur de son courage l'ennoblit. On ne peut la juger sur un échafaud, ou plutôt la plaindre c'est la juger. Elle est du nombre de ces mémoires qui désarment la sévérité politique de I'historien, qu'on évoque avec pitié, et qu'on ne juge, comme on doit juger les femmes, qu'avec des larmes.
L'histoire, a quelque opinion qu'elle appartienne, en versera d'éternelles sur cet échafaud. Seule contre tous, innocente par son sexe, sacrée par son titre de mère, une femme désormais inoffensive est immolée sur une terre étrangère par un peuple qui ne sait rien pardonner à la jeunesse, à la beauté, au vertige de I'adoration ! Appelée par ce peuple pour occuper un trône, ce peuple ne lui donne pas même un tombeau. Car nous lisons sur le registre des inhumations banales de la Madeleine : Pour la bière de la veuve Capet, 7 francs.
Voilà le total d'une vie de reine et de ces sommes énormes dépensées pendant un règne prodigue pour la splendeur, les plaisirs et les générosités d'une femme qui avait possédé Versailles, Saint Cloud et Trianon. Quand la Providence veut parler aux hommes avec la rude éloquence des vicissitudes royales, elle dit en un signe plus que Sénèque ou Bossuet dans d'éloquents discours, et elle écrit un vil chiffre sur le registre d'un fossoyeur.

J'ai lu en première page ici, que la reine de Naples aurait dit ou écrit - mais est-ce authentique ou apocryphe  -, qu'il aurait mieux fallut que Marie-Antoinette tombe sous les coups des émeutiers qui voulaient la tuer au matin du 6 octobre... Non et non, cette pensée me soulève le cœur. La reine mise en pièces par des cannibales, - il y avait beaucoup d'hommes parmi les femmes devant le château en état de siège -, non quelle image d'horreur à l'instar de la princesse de Lamballe. 
Grâce à la rapidité de ses gardes du corps qui périrent et de ses femmes de chambre, elle put fuir par le passage secret, et puis les émeutiers n'accèderent pas à la chambre, ils furent repoussés.
Comment voulez-vous que les fidèles de la reine en 1789, ne tombent pas dans la haine et la guerre civile ?
Marie-Caroline n'avait pas vue sa sœur cadette depuis 1768, vingt et une années...

D'après ce que savons des deux soeurs, Marie-Antoinette aurait eu la même avis et les mêmes réactions que Marie-Caroline. A choisir entre des émeutiers peut-êtres versatiles mais francs et des légistes sournois qui ont le crime logé dans le coeur, il n'y a pas à hésiter. D'autre part, des émeutiers peuvent changer de comportement, on peut les influencer (voir la Reine qui recueillit des vivats au balcon le 6 octobre), css gens sont bien plus loyaux que des assassins travestis en hommes de loi

Certes, mais ce ne sont que des suppositions. Dans la réalité, nul ne peut le savoir.