L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
+15
hastur
Monsieur de Coco
Duc d'Ostrogothie
Comtesse Diane
Grand canal
Vicq d Azir
Trianon
La nuit, la neige
Mme de Sabran
Angeblack
attachboy
Gouverneur Morris
MARIE ANTOINETTE
Mr de Talaru
Olivier
19 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Sa famille française :: Louis XVI
Page 6 sur 6
Page 6 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Comment cela avocat de Louis XVI ?Mme de Sabran a écrit:
En effet, le père de Pasquier, Étienne Pasquier, seigneur de la baronnie de Coulans, seigneur de Chaufour, conseiller au Parlement de Paris de 1758 à 1771, était un des avocats de Louis XVI lors de son procès devant la Convention.
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Sans doute cet Etienne Pasquier secondait-il l'un des avocats de Louis XVI ?
C'est un article de Ouest France qui le nomme " un des avocats de Louis XVI "
Voici le lien vers cet article :
https://www.ouest-france.fr/normandie/argentan-61200/saint-christophe-le-jajolet-le-chateau-de-sassy-un-lieu-empreint-d-histoire-qui-regorge-de-tresors-6334505
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Ou pas ! Jamais entendu ou lu ce nom. Cela sent plutôt la bonne légende familiale...
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Depuis le 13 août 1792, Louis XVI était prisonnier au Temple avec sa famille. Qu'allait-on faire de lui ? La Convention vota le 5 décembre qu'il y aurait procès et qu'elle jugerait elle-même le roi. Elle décréta le lendemain qu'il serait interrogé le 11 à la barre de l'Assemblée.
Le placard royaliste ci-dessous fut trouvé la veille de ce premier interrogatoire, à l'extérieur des Tuileries qui étaient en travaux pour l'installation de la Convention.
A Paris, le 14 janvier, l'événement est au Théâtre de la Nation. Jean-Louis Laya
décide que son Ami des Lois
remplacera l'Avare et le Médecin malgré lui initialement à l'affiche.
Le héros de cette comédie à la manière de Molière est un ci-devant qui soutient la Révolution tout en en condamnant les excès. Laya a l'audace d'y dépeindre Robespierre (« Nomophage ») et Marat (« Duricrane ») comme des Tartuffe dénués de scrupules et assoiffés de pouvoir. La pièce suscite d'intenses confrontations parmi les membres du public. Dix jours après sa première représentation, elle est interdite par la Commune.
Laya se cache tandis que plusieurs personnes trouvées en possession de L'Ami des lois sont guillotinées.
Le lendemain, 15 janvier, c'est André Chénier qui prend la défense du roi.
Le même jour, l'Américain Thomas Paine
dont les écrits, parmi lesquels figure Rights of Man (1791), exercent une grande influence sur les acteurs de la Révolution française, élu député à l’Assemblée nationale en 1792 et considéré par les Montagnards comme un allié des Girondins, dénonce la peine de mort. Il est progressivement mis à l’écart.
Paine est emprisonné en décembre 1793 à la demande de Vadier. Durant son séjour en prison, il achève la rédaction du Siècle de la raison, livre dans lequel il exprime sa profession de foi déiste. Il échappe à l'échafaud et n'est libéré par les nouvelles autorités qu'en octobre 1794, près de trois mois après la chute de Robespierre.
Le 17 janvier, tout Paris sait que le roi a été condamné à mort par 53 voix de majorité. La capitale, silencieuse, est comme frappée de stupeur par le verdict.
L'Assemblée avait décidé des trois questions auxquelles devaient répondre les députés : la culpabilité, le recours au peuple, la peine à infliger.
Le 20 janvier, à 3 heures du matin, les députés ont voté un dernier décret concernant Louis XVI : l'ex-roi sera exécuté dans les 24 heures. L'appel de la nation du jugement rendu contre lui par la Convention déposé par ses défenseurs a été considéré comme nul. Le sursis est rejeté.
Le premier bataillon des Marseillais fut remplacé à l'automne par un nouveau bataillon qui, le 21 janvier 1793, fit partie du service d'ordre mis en place autour de l'échafaud pour l'exécution de Louis XVI.
Le volontaire Joseph Trémié raconte l'événement. On y retrouve la chaux vive répandue sur la dépouille du roi.
Il poursuit ensuite :
" ... aussitôt l'exécution faite, une dans d'au moins cens personnes, hommes et femmes, a formé un rondeau, a dansé avec joye, en chantant la chanson des Marseillois à plein gosier, et criant: voilà la tête du tyran à bas ! De plus on a remarqué que plusieurs personnes dessous l'échaffaut se frottoient les mains dans le sang répandu... "
Puis, au retour du panier qui avait contenu le corps du supplicié, " une foule de gens " se précipite " avec des linges, leurs mouchoirs, des papiers blancs et un, entre autres, avec 2 dès à jouer, de sorte que tout cela était rempli du sang du tyran, pour le conserver en mémoire de son jugement.
( Archives départementales des Bouches du Rhône, L 1993 )
La mort du roi a inspiré bien des chansons très différentes de tons, telle ces deux-ci.
La première est composée par Ladré, l'auteur du " Ca ira ". Elle se chante dans les rues et en voici un extrait :
Le vingt-et-un janvier
Sept-cent-quatre-vingt-treize, ( sic )
Capet, tyran dernier,
Qu'on nommait Louis Seize,
A reçu ses étrennes
Pour avoir conspiré.
Ce fuyard de Varennes
Est donc guillotiné.
D'avoir prémédité
La perte de la France,
Contre la liberté,
Fut la plus grand offense.
La raison souveraine
Dominant son rang,
Par conseil de la reine
Fit répandre le sang.
Il pouvait être heureux,
Etant roi sur la terre,
Pour lui c'est malheureux
Qu'il fut sans caractère :
Faut avoir une tête
Pour être couronné,
Etant faible et trop bête,
Il fut guillotiné .
La deuxième est toute autre puisque c'est une complainte émouvante et pleine de tristesse.
Elle est chantée à mi-voix, dans les familles royalistes.
Le placard royaliste ci-dessous fut trouvé la veille de ce premier interrogatoire, à l'extérieur des Tuileries qui étaient en travaux pour l'installation de la Convention.
A Paris, le 14 janvier, l'événement est au Théâtre de la Nation. Jean-Louis Laya
décide que son Ami des Lois
remplacera l'Avare et le Médecin malgré lui initialement à l'affiche.
Le héros de cette comédie à la manière de Molière est un ci-devant qui soutient la Révolution tout en en condamnant les excès. Laya a l'audace d'y dépeindre Robespierre (« Nomophage ») et Marat (« Duricrane ») comme des Tartuffe dénués de scrupules et assoiffés de pouvoir. La pièce suscite d'intenses confrontations parmi les membres du public. Dix jours après sa première représentation, elle est interdite par la Commune.
Laya se cache tandis que plusieurs personnes trouvées en possession de L'Ami des lois sont guillotinées.
Le lendemain, 15 janvier, c'est André Chénier qui prend la défense du roi.
Le même jour, l'Américain Thomas Paine
dont les écrits, parmi lesquels figure Rights of Man (1791), exercent une grande influence sur les acteurs de la Révolution française, élu député à l’Assemblée nationale en 1792 et considéré par les Montagnards comme un allié des Girondins, dénonce la peine de mort. Il est progressivement mis à l’écart.
Paine est emprisonné en décembre 1793 à la demande de Vadier. Durant son séjour en prison, il achève la rédaction du Siècle de la raison, livre dans lequel il exprime sa profession de foi déiste. Il échappe à l'échafaud et n'est libéré par les nouvelles autorités qu'en octobre 1794, près de trois mois après la chute de Robespierre.
Le 17 janvier, tout Paris sait que le roi a été condamné à mort par 53 voix de majorité. La capitale, silencieuse, est comme frappée de stupeur par le verdict.
L'Assemblée avait décidé des trois questions auxquelles devaient répondre les députés : la culpabilité, le recours au peuple, la peine à infliger.
Le 20 janvier, à 3 heures du matin, les députés ont voté un dernier décret concernant Louis XVI : l'ex-roi sera exécuté dans les 24 heures. L'appel de la nation du jugement rendu contre lui par la Convention déposé par ses défenseurs a été considéré comme nul. Le sursis est rejeté.
_______________________
Le premier bataillon des Marseillais fut remplacé à l'automne par un nouveau bataillon qui, le 21 janvier 1793, fit partie du service d'ordre mis en place autour de l'échafaud pour l'exécution de Louis XVI.
Le volontaire Joseph Trémié raconte l'événement. On y retrouve la chaux vive répandue sur la dépouille du roi.
Il poursuit ensuite :
" ... aussitôt l'exécution faite, une dans d'au moins cens personnes, hommes et femmes, a formé un rondeau, a dansé avec joye, en chantant la chanson des Marseillois à plein gosier, et criant: voilà la tête du tyran à bas ! De plus on a remarqué que plusieurs personnes dessous l'échaffaut se frottoient les mains dans le sang répandu... "
Puis, au retour du panier qui avait contenu le corps du supplicié, " une foule de gens " se précipite " avec des linges, leurs mouchoirs, des papiers blancs et un, entre autres, avec 2 dès à jouer, de sorte que tout cela était rempli du sang du tyran, pour le conserver en mémoire de son jugement.
( Archives départementales des Bouches du Rhône, L 1993 )
La mort du roi a inspiré bien des chansons très différentes de tons, telle ces deux-ci.
La première est composée par Ladré, l'auteur du " Ca ira ". Elle se chante dans les rues et en voici un extrait :
Le vingt-et-un janvier
Sept-cent-quatre-vingt-treize, ( sic )
Capet, tyran dernier,
Qu'on nommait Louis Seize,
A reçu ses étrennes
Pour avoir conspiré.
Ce fuyard de Varennes
Est donc guillotiné.
D'avoir prémédité
La perte de la France,
Contre la liberté,
Fut la plus grand offense.
La raison souveraine
Dominant son rang,
Par conseil de la reine
Fit répandre le sang.
Il pouvait être heureux,
Etant roi sur la terre,
Pour lui c'est malheureux
Qu'il fut sans caractère :
Faut avoir une tête
Pour être couronné,
Etant faible et trop bête,
Il fut guillotiné .
La deuxième est toute autre puisque c'est une complainte émouvante et pleine de tristesse.
Elle est chantée à mi-voix, dans les familles royalistes.
O mon peuple, que vous ai-je donc fait ?
J'aimais la vertu, la justice,
Votre bonheur fut mon unique objet.
Et vous me trainez au supplice.
Français, Français, n'est-ce pas parmi vous
Que Louis reçu la naissance ?
Le même ciel nous a vu naître tous
J'étais enfant dans votre enfance.
O mon peuple, recevez mes adieux.
Soyez heureux, je meurs sans peine.
Puisse mon sang, en coulant sous vos yeux,
Dans vos coeurs éteindre la haine.
J'aimais la vertu, la justice,
Votre bonheur fut mon unique objet.
Et vous me trainez au supplice.
Français, Français, n'est-ce pas parmi vous
Que Louis reçu la naissance ?
Le même ciel nous a vu naître tous
J'étais enfant dans votre enfance.
O mon peuple, recevez mes adieux.
Soyez heureux, je meurs sans peine.
Puisse mon sang, en coulant sous vos yeux,
Dans vos coeurs éteindre la haine.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Merci pour ce rappel historique...
Il s'agit d'une interprétation du résultat des votes du quatrième appel nominal (sur les 5 liés au procès du roi). Or nous ne sommes pas le 17 mais le 18 janvier au soir.
Sur un total de 721 votants ce jour là (l'Assemblée était alors composée de 749 membres), et donc avec une majorité absolue de 361 voix : 387 députés ont voté pour la mort (y compris 26 avec conditions) et 334 pour la détention, etc. et / ou la mort conditionnelle.
Nous reprenons - péniblement - les décomptes des voix des différentes séances de l'Assemblée dans notre sujet :
Le procès de Louis XVI
Mme de Sabran a écrit:
Le 17 janvier, tout Paris sait que le roi a été condamné à mort par 53 voix de majorité. La capitale, silencieuse, est comme frappée de stupeur par le verdict.
Il s'agit d'une interprétation du résultat des votes du quatrième appel nominal (sur les 5 liés au procès du roi). Or nous ne sommes pas le 17 mais le 18 janvier au soir.
Sur un total de 721 votants ce jour là (l'Assemblée était alors composée de 749 membres), et donc avec une majorité absolue de 361 voix : 387 députés ont voté pour la mort (y compris 26 avec conditions) et 334 pour la détention, etc. et / ou la mort conditionnelle.
Nous reprenons - péniblement - les décomptes des voix des différentes séances de l'Assemblée dans notre sujet :
Le procès de Louis XVI
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Merci, cher la nuit, la neige, pour ces précisions. C'est d'un compliqué !
Les réactions à l'étranger ne se font pas attendre. Et par exemple, l'Angleterre rompt carrément avec la France :
" Vous disposez de huit jours pour quitter l'Angleterre." C'est ainsi que François Bernard de Chauvelin, marquis de Grosbois, aussi appelé marquis de Chauvelin, le représentant à Londres du gouvernement français, s'est vu signifier son renvoi sans ménagement.
Les Anglais ont en effet été horrifiés par la nouvelle de l'exécution de Louis XVI. En décembre déjà, à la Chambre des Communes, deux députés avaient demandé que le gouvernement anglais intervienne auprès de la Convention pour empêcher que le roi de France soit guillotiné. Mais l'indignation soulevée par la mort du monarque n'explique pas à elle seule l'expulsion de Chauvelin. William Pitt, le chef du ministère anglais, a expliqué devant la chambre des Lords que l'envoyé français était dangereux parce qu'il risquait de propager les idées révolutionnaires.
En fait, l'Angleterre saisit au vol ce prétexte afin de pouvoir rompre ses relations diplomatiques avec la France car désormais elle veut la guerre. Elle se joint à la coalition des puissances européennes contre-révolutionnaires qui rejoignent à ce moment l'Autriche et la Prusse.
Les réactions à l'étranger ne se font pas attendre. Et par exemple, l'Angleterre rompt carrément avec la France :
" Vous disposez de huit jours pour quitter l'Angleterre." C'est ainsi que François Bernard de Chauvelin, marquis de Grosbois, aussi appelé marquis de Chauvelin, le représentant à Londres du gouvernement français, s'est vu signifier son renvoi sans ménagement.
Les Anglais ont en effet été horrifiés par la nouvelle de l'exécution de Louis XVI. En décembre déjà, à la Chambre des Communes, deux députés avaient demandé que le gouvernement anglais intervienne auprès de la Convention pour empêcher que le roi de France soit guillotiné. Mais l'indignation soulevée par la mort du monarque n'explique pas à elle seule l'expulsion de Chauvelin. William Pitt, le chef du ministère anglais, a expliqué devant la chambre des Lords que l'envoyé français était dangereux parce qu'il risquait de propager les idées révolutionnaires.
En fait, l'Angleterre saisit au vol ce prétexte afin de pouvoir rompre ses relations diplomatiques avec la France car désormais elle veut la guerre. Elle se joint à la coalition des puissances européennes contre-révolutionnaires qui rejoignent à ce moment l'Autriche et la Prusse.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Avaient-ils oublié leur histoire et celle de leur roi Charles Ier en particulier, exécuté 150 ans plus tôt ?Mme de Sabran a écrit:
Les Anglais ont en effet été horrifiés par la nouvelle de l'exécution de Louis XVI.
The execution of King Charles I, 1649
Image : Commons Wikimedia
Cqfd.Mme de Sabran a écrit:
En fait, l'Angleterre saisit au vol ce prétexte afin de pouvoir rompre ses relations diplomatiques avec la France car désormais elle veut la guerre. Elle se joint à la coalition des puissances européennes contre-révolutionnaires qui rejoignent à ce moment l'Autriche et la Prusse.
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
C'est à dire avant-hier, ou peu s'en faut ...La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:
Les Anglais ont en effet été horrifiés par la nouvelle de l'exécution de Louis XVI.
Avaient-ils oublié leur histoire et celle de leur roi Charles Ier en particulier, exécuté 150 ans plus tôt ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
... au delà des Pyrénées,
La Cour d'Espagne prend le deuil
Madrid, 8 février 1793
L'indignation est à son comble, à la Cour d'Espagne depuis l'annonce de l'exécution de Louis XVI. Décidée à manifester avec solennité son hostilité à la Révolution française, Charles IV a décrété il y a trois jours que toute la Cour prendrait le deuil tandis que le journal La Gazeta rappelait " le grand héroïsme" du "très chrétien Roi de France" et dénonçait "l'atroce inhumanité qui a caractérisé l'attentat contre sa personne". Le même journal publie aujourd'hui le testament du roi guillotiné .
( Chronique de la Révolution, Larousse )
Qu'ont vraiment tenté les grandes puissances pour sauver les souverains français de l'échafaud ? En réalité, pas grand-chose… Dès les premiers mois de la Révolution, les monarchies voisines ont plutôt tendance à blâmer Louis XVI et Marie-Antoinette pour leur incapacité à endiguer la révolte. Dans le secret des cabinets, on les tient pour des ballots qu'il vaut mieux laisser à leur triste sort. Certains États se réjouissent même de voir se décomposer le pays le plus prospère d'Europe – il y aura bien toujours des miettes à ramasser par la suite…
Quand la Révolution se durcit, on craint évidemment la contagion, un argument massue brandi dans toutes les cours à travers les courriers de Marie-Antoinette. Mais que faire ? Surtout après le désastreux manifeste du duc de Brunswick, en 1792, où le chef de l'armée prussienne a menacé de terribles représailles le peuple de Paris s'il touchait à la famille royale. Résultat : les insurgés prennent le palais des Tuileries et on enferme les souverains dans la prison du Temple en attendant leur procès. Quant aux Prussiens et aux Autrichiens, ils ont été repoussés lors de la fameuse bataille de Valmy… Et s'intéressent plus au dépeçage de la Pologne, à l'est.
Au final, il ne reste donc plus grand monde pour sauver Louis XVI et Marie-Antoinette, comme le rapporte l'historien Charles-Éloi Vial dans son livre La Famille royale au Temple (éd. Perrin). L'Angleterre menace simplement la France de s'intéresser au sort du roi si on s'immisce dans ses relations avec l'Irlande. L'Américain Thomas Paine propose d'exiler les souverains aux États-Unis, un projet vite enterré… « Seul José Ocariz, l'ambassadeur d'Espagne à Paris, tenta, au nom du pacte de famille qui unissait les branches de la famille de Bourbon, d'entamer des démarches auprès du gouvernement français », explique Charles-Éloi Vial – les rois d'Espagne descendent de Philippe V, petit-fils de Louis XIV.
Deux millions de pots-de-vin
Fin décembre 1792, l'ambassadeur promet la neutralité de l'Espagne dans le conflit qui oppose la France à la Prusse et à l'Autriche, en échange de la libération de la famille royale. Madrid dépense plus de deux millions de livres en pots-de-vin, arrosant plusieurs membres de la Convention et leurs acolytes… Danton lui-même est soudoyé pour organiser une évasion du roi, puis pour convaincre des députés de ne pas voter son exécution. Le tribun a laissé entendre qu'il ne souhaitait pas forcément voir la tête du roi rouler à terre, il serait même favorable à un bannissement, on tente logiquement de s'appuyer sur lui pour éviter l'échafaud au souverain. Peine perdue, Danton garde l'argent et refuse de se mouiller, il n'a pas envie de connaître le même sort que Louis Capet. Le 17 janvier 1793, en dernier recours, l'ambassadeur Ocariz demande officiellement à la Convention d'épargner le roi, en vain : 361 voix pour la mort – dont celle de Philippe Égalité, cousin du roi –, 360 contre, avec propositions d'exil ou d'enfermement.
C'est alors que Jean Mailhe, le député de la Haute-Garonne, exige un second vote au prétexte que les secrétaires s'étaient embrouillés dans les décomptes. L'historien Charles-Éloi Vial rappelle au passage que Madrid lui avait versé 50 000 livres à titre personnel pour tenter le tout pour le tout… Mais rien n'y fait : 380 voix au final pour l'échafaud, 310 contre. Plus rien ne peut sauver Louis XVI : le 21 janvier, il est guillotiné sur l'ancienne place Louis-XV (l'actuelle place de la Concorde) devant une foule de 20 000 Parisiens. Dans toute l'Europe, la nouvelle fait l'effet d'un boulet de canon : les souverains du continent organisent une coalition qui va n'avoir de cesse de renverser la nouvelle nation française pendant les vingt prochaines années…
La Cour d'Espagne prend le deuil
Madrid, 8 février 1793
L'indignation est à son comble, à la Cour d'Espagne depuis l'annonce de l'exécution de Louis XVI. Décidée à manifester avec solennité son hostilité à la Révolution française, Charles IV a décrété il y a trois jours que toute la Cour prendrait le deuil tandis que le journal La Gazeta rappelait " le grand héroïsme" du "très chrétien Roi de France" et dénonçait "l'atroce inhumanité qui a caractérisé l'attentat contre sa personne". Le même journal publie aujourd'hui le testament du roi guillotiné .
( Chronique de la Révolution, Larousse )
_____________________
Qu'ont vraiment tenté les grandes puissances pour sauver les souverains français de l'échafaud ? En réalité, pas grand-chose… Dès les premiers mois de la Révolution, les monarchies voisines ont plutôt tendance à blâmer Louis XVI et Marie-Antoinette pour leur incapacité à endiguer la révolte. Dans le secret des cabinets, on les tient pour des ballots qu'il vaut mieux laisser à leur triste sort. Certains États se réjouissent même de voir se décomposer le pays le plus prospère d'Europe – il y aura bien toujours des miettes à ramasser par la suite…
Quand la Révolution se durcit, on craint évidemment la contagion, un argument massue brandi dans toutes les cours à travers les courriers de Marie-Antoinette. Mais que faire ? Surtout après le désastreux manifeste du duc de Brunswick, en 1792, où le chef de l'armée prussienne a menacé de terribles représailles le peuple de Paris s'il touchait à la famille royale. Résultat : les insurgés prennent le palais des Tuileries et on enferme les souverains dans la prison du Temple en attendant leur procès. Quant aux Prussiens et aux Autrichiens, ils ont été repoussés lors de la fameuse bataille de Valmy… Et s'intéressent plus au dépeçage de la Pologne, à l'est.
Au final, il ne reste donc plus grand monde pour sauver Louis XVI et Marie-Antoinette, comme le rapporte l'historien Charles-Éloi Vial dans son livre La Famille royale au Temple (éd. Perrin). L'Angleterre menace simplement la France de s'intéresser au sort du roi si on s'immisce dans ses relations avec l'Irlande. L'Américain Thomas Paine propose d'exiler les souverains aux États-Unis, un projet vite enterré… « Seul José Ocariz, l'ambassadeur d'Espagne à Paris, tenta, au nom du pacte de famille qui unissait les branches de la famille de Bourbon, d'entamer des démarches auprès du gouvernement français », explique Charles-Éloi Vial – les rois d'Espagne descendent de Philippe V, petit-fils de Louis XIV.
Deux millions de pots-de-vin
Fin décembre 1792, l'ambassadeur promet la neutralité de l'Espagne dans le conflit qui oppose la France à la Prusse et à l'Autriche, en échange de la libération de la famille royale. Madrid dépense plus de deux millions de livres en pots-de-vin, arrosant plusieurs membres de la Convention et leurs acolytes… Danton lui-même est soudoyé pour organiser une évasion du roi, puis pour convaincre des députés de ne pas voter son exécution. Le tribun a laissé entendre qu'il ne souhaitait pas forcément voir la tête du roi rouler à terre, il serait même favorable à un bannissement, on tente logiquement de s'appuyer sur lui pour éviter l'échafaud au souverain. Peine perdue, Danton garde l'argent et refuse de se mouiller, il n'a pas envie de connaître le même sort que Louis Capet. Le 17 janvier 1793, en dernier recours, l'ambassadeur Ocariz demande officiellement à la Convention d'épargner le roi, en vain : 361 voix pour la mort – dont celle de Philippe Égalité, cousin du roi –, 360 contre, avec propositions d'exil ou d'enfermement.
C'est alors que Jean Mailhe, le député de la Haute-Garonne, exige un second vote au prétexte que les secrétaires s'étaient embrouillés dans les décomptes. L'historien Charles-Éloi Vial rappelle au passage que Madrid lui avait versé 50 000 livres à titre personnel pour tenter le tout pour le tout… Mais rien n'y fait : 380 voix au final pour l'échafaud, 310 contre. Plus rien ne peut sauver Louis XVI : le 21 janvier, il est guillotiné sur l'ancienne place Louis-XV (l'actuelle place de la Concorde) devant une foule de 20 000 Parisiens. Dans toute l'Europe, la nouvelle fait l'effet d'un boulet de canon : les souverains du continent organisent une coalition qui va n'avoir de cesse de renverser la nouvelle nation française pendant les vingt prochaines années…
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Qu'une puissance soit grande ou minuscule, par définition et en tout, elle ne souciera QUE de ses intérêts. Les exemples pullulent à toutes les époques
Lecréateur- Messages : 1481
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Ce n'est que trop vrai ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793
Certes, mais les efforts sincères de la Couronne d'Espagne font remonter Charles IV dans mon estime !
Gouverneur Morris- Messages : 11365
Date d'inscription : 21/12/2013
Page 6 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Sujets similaires
» Les adieux de Louis XVI à sa famille, 20 janvier 1793
» Le 20 janvier 1793, assassinat de Le Pelletier de Saint-Fargeau
» Les livres de Jean-Clément Martin, historien, spécialiste de la Révolution française
» Commémorations de la mort de Louis XVI
» Le 21 janvier 1784, Louis XVI meurt une première fois !
» Le 20 janvier 1793, assassinat de Le Pelletier de Saint-Fargeau
» Les livres de Jean-Clément Martin, historien, spécialiste de la Révolution française
» Commémorations de la mort de Louis XVI
» Le 21 janvier 1784, Louis XVI meurt une première fois !
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Sa famille française :: Louis XVI
Page 6 sur 6
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|