La grange du Hameau du Petit Trianon

Lors de la création du hameau, une grange est construite entre la laiterie de préparation et le colombier, et montre la volonté de la Reine de côtoyer au plus près la vie paysanne.
Elle dépend de la ferme, dont l'éloignement à l'extrémité ouest du hameau rend pourtant difficile son usage de véritable grange pour l'alimentation du bétail.

Le bâtiment central, voûté, est de grand volume et s'ouvre sur deux renforcements plus bas et deux portes à grand vantail double en sapin de Lorraine ferment, en face à face, l'espace principal.
Accolés au bâtiment, deux appentis, non communicants, servent de logement au chef jardinier Bréval, responsable de tous les potagers du hameau: l'annexe proche de la laiterie comprend une pièce tenant lieu de cuisine et un petit cabinet, ainsi qu'un grenier.

De l'autre côté de la grange se trouve la chambre à coucher à deux fenêtres, à laquelle on accède par un escalier d'une quinzaine de marches donnant sur un balconnet garni de pots de fleurs. Au-dessus se trouve un petit grenier servant à conserver les graines. L'ensemble est couvert d'une toiture fort complexe, de paille, de roseau ou même de tuiles, alternant les pans droits et imbriqués, qui donne son charme à la bâtisse.

La construction d'une plus petite grange attenante à la ferme fait perdre à la fabrique son affectation initiale. En 1787, celle-ci est transformée en salle de bal rustique, selon le désir de la Reine d'avoir des danses plus intimes que les grands bals qui ont lieu dans les tentes montées dans le Jardin français.
Outre les modifications apportées au revêtement des murs, repeints en fausse pierre de taille, et la création d'arcades sous le toit, le sol, initialement de terre battue, est carrelé en juillet 1789.
Le jardinier y conserve cependant son logement et, le 13 octobre 1790, on lui livre une niche de bois pour son chien.

Le jardin de la grange possède la particularité d'être entièrement clos de charmilles et de barrières. On y accède par trois entrées principales.
Un large chemin droit à l'ouest est couvert d'un berceau de plantes grimpantes et permet de se rendre à la ferme.          
En très mauvais état, la grange est détruite en mars 1810 en même temps que la laiterie de préparation qui se trouve à côté.

Lors de la restauration du hameau, en 1932, on construit de petits murets de moellon pour évoquer grossièrement le tracé du bâtiment disparu.  

Source: wikipedia


Vue de la Grange du Hameau du Petit Trianon
Dessin de John-Claude Natte, vers 1802
Photo: RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux

Voici la grange de Chantilly dont celle de MA a dû s'inspirer :

Merci Monsieur de Coco...

Je complète votre sujet avec sa localisation :

... excellente idée !

J'ai reçu hier le hors-série de Connaissances des arts spécial Hameau de la reine : une bonne synthèse de l'histoire du Hameau et de la récente restauration de la Maison de la reine , accompagnée de belles photos.
J'y apprends une petite information sur la grange-salle de bal.
En 1783 lorsque Mique commence à construire le Hameau , il prévoit une grange de belle taille destinée à stocker le foin et la paille pour les animaux de la ferme proche , alors plus petite.
A partir de 1787-1788 la ferme est agrandie et modifiée : la maison du taureau est démolie (restituée de nos jours) et une nouvelle grange plus fonctionnelle et plus proche des animaux est élevée.
L'ancienne grange est alors transformée intérieurement en délicate salle de bal à partir de 1788.
Les travaux se terminent en juillet 1789 , et la reine ne vit malheureusement JAMAIS la décoration de cette maisonnette , tout personne n'y entra ni n'y dansa.

C'est très intéressant ! Merci, cher Hastur .

Je relève dans le Versalia n°6 (2003) , article d'Annick Heitzmann , que des travaux de réfection du faîtage de la grange-salle de bal sont terminés en 1790.

De plus on ne sait presque rien de cette décoration intérieure , on a souvent évoqué les fameuses maisons de bois de la reine en comparaison mais en fait il apparaît que ce fut beaucoup plus simple :
"En avril et mai 1789 l'intérieur de l'ancienne grange [...] fut peint en couleur pierre avec des faux joints pour imiter la pierre de taille.
Le plafond voûté fut même creusé de faux joints par les maçons.
Les grandes et petites portes furent repeintes en vieux bois sur les deux faces , de même que les pignons.
Le sol de la grange, jusqu'alors en terre battue , fut carrelé pour les danseurs en juillet 1789, en grands carreaux de terre cuite probablement à 6 pans [...]".

Deux petits appentis de part et d'autre de la grange abritaient le logement du jardinier Bréval , qui comprenait un petit cabinet , une pièce à cheminée (cuisine?) et une chambre, le tout recouvert de carreaux de terre cuite.
L'aménagement de ce logement se poursuit en 1789 par des travaux de peinture et la livraison de 12 tringles à rideaux et la pose de grillage devant les croisées et d'un cadenas à la porte de la cuisine, ainsi qu'une serrure de sûreté à la porte de la chambre du jardinier , peut-être à la suite d'un vol ,
Cette chambre garnie d'étagères et d'armoires était aussi nommée dans les mémoires des ouvriers " chambre à graines" ce qui indique que Bréval y entreposait ses graines.Le grenier au-dessus de cette chambre était aussi nommé "grenier à graines" , c'était la seule partie de la toiture couverte de tuile de Bourgogne.
Le 13 octobre 1790 est livrée une niche pour le chien de Bréval.

La grange était le bâtiment le plus grand après la Maison de la reine , un édifice à la toiture complexe couverte de chaume , avec appentis , portique , auvents lucarnes diverses et un bel escalier se prolongeant en balcon , garnis de pots de fleurs comme l'escalier hélicoïdal et la galerie.
Les murs imitaient le crépis délabré , les fausses pierres des angles et montants des portes et briques , comme notamment un faux œil-de-bœuf que l'on distingue sur le dessin de l'anglais Nattes en 1802, et le bois pourris pour les croisées.

En 1799 un éta des leiux du Hameau est dressé , mais les commissaires y refusent de décrire la grange tant celle-ci est dans un état déplorable : apparemment seule les portes sont alors encore en place.
Le dessin de Nattes de 1802 montrent la disparition de la galerie et des balustres de l'escalier et l'effondrement des toitures.
Un devis de travaux de rétablissement de la grange-salle de bal est établi en 1806 mais Napoléon le refuse devant l'ampleur des travaux à réaliser , malgré la proposition de loger un batteur à la place du jardinier.
En 1810 le mémoire de démolition de l'architecte Trepsat indique un effondrement partiel des planchers.
La grange-salle de bal est donc démolie , fondations comprises, entre le 19 et le 25 mars 1810 en même temps que sa voisine la laiterie de préparation.

hastur a écrit:
Le dessin de Nattes de 1802 montrent la disparition de la galerie et des balustres de l'escalier et l'effondrement des toitures.
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Voici le dessin de Nattes .

L'appentis en colombages que l'on distingue au-dessus du porche est la chambre du jardinier Bléval , la fameuse "chambre à graines" , avec encore au-dessus le "grenier à graines".
C'est cette pièce qui était entourée d'un balcon (=la galerie) avec balustres prolongeant l'escalier encore visible sur le dessin (au-dessus duquel on aperçoit le faux œil-de-bœuf ).