Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
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Comte d'Hézècques
La nuit, la neige
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Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
Décidément, nous tournons autour de Catherine II en ce moment. Je vais finir par insérer son portrait en page d'accueil !
Je suis étonné de ne pas avoir retrouvé un sujet consacré à l'une de ses proches, la princesse Dachkov ; à moins que nous ayons autrement orthographié son nom (je ne comprends toujours pas comment orthographier les noms russes... ).
Bref !! Si vous n'aviez pas encore lu ce livre, vient d'être réédité en format poche :
Mémoires
Princesse Daschkoff, dame d'honneur de Catherine II
Edition de : Pascal Pontremoli
Mercure de France, Le Temps retrouvé (avril 19)
Présentation :
La princesse Daschkoff naquit en 1743, à Saint-Pétersbourg. En 1762, Catherine II montait sur le trône. Ce sera désormais l'époque des deux Catherine, et gageons que notre princesse fût restée la «grande» pour la postérité, si l'ombre immense de l'impératrice n'avait obscurci tout son siècle.
La princesse Daschkoff connut à peu près tout - et tous - de son temps, et ses Mémoires sont le lieu de rencontre de la Cour de Russie et des têtes couronnées d'Europe, des savants et de Diderot, des académiciens dont elle fut la directrice, et des linguistes dont elle fut la collègue. C'est presque un roman. C'est que sa vie le fut : les temps s'y prêtaient et la stature exceptionnelle d'une femme qui fut savante, mondaine, philosophe, organisatrice et conteuse brillante et dont l'éclat n'eut pas à pâlir des lumières dont sa vie fut environnée.
Sa biographie (d'après Wikipedia en français) :
La princesse Catherine Dachkov (en russe : Екатерина Романовна Дашкова, Ekaterina Romanovna Dachkova)
Née comtesse Vorontsov le 17 (28) mars 1743 à Saint-Pétersbourg et morte le 4 (16) janvier 1810 à Moscou, est une aristocrate russe lettrée, fondatrice de l'Académie impériale de Russie, confidente de la Grande Catherine, sœur des comtes Semion et Alexandre Vorontsov.
Ce fut l'une des personnalités marquantes de la période des Lumières en Russie et en Europe.
Portrait of Princess Dashkova
By : Levitskii, Dimitrii Grigorievich
Oil on canvas, 1784
Princess Dashkova shown in half length and is seen turned to the right. She has grey hair, a ruddy complexion.
She wears the Russian court dress of a lady-in-waiting: a white undergown with diaphanous pleated sleeves and lace trim beneath a sleeveless robe of stiff blue satin with gold embroidery. Across her bodice hangs the red moire sash of the Order of St. Catherine.
The star of the order is pinned to her gown, together with a diamond-studded lady-in-waiting pin set with a miniature portrait of the empress.
Source : Hillwood Museum
Catherine Vorontsov est la troisième fille du comte Roman Vorontsov, membre du sénat et général-en-chef, et de son épouse, née Marthe Sourmine.
Son oncle et son frère sont chanceliers de l'Empire ; une de ses sœurs, Marie (1738-1765), dame d'honneur d'Élisabeth Ire et son autre frère diplomate anglophile. Elle reçoit une parfaite éducation, est douée en mathématiques, qu'elle étudie avec des professeurs de l'université de Moscou, et se passionne de littérature, française en premier lieu.
Elle étudie Voltaire, Boileau, Helvétius, Bayle et Montesquieu et voyage en Europe.
Par sa naissance, elle est très liée avec la cour et s'attache dès 1758 la jeune grande-duchesse Catherine, future impératrice.
Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst, Grande duchesse Catherine Alexeevna (future Catherine II), le Grand Duc Pierre (futur Pierre III)
Tableau peint par R.M. Lisiewska en 1756
Image : PressReader
Elle épouse à l'âge de seize ans le prince Michel Dachkov (1736-1764), diplomate descendant de Riourik, et s'installe dans son palais de Moscou.
Portrait de la princesse Yekaterina Dashkova-Vorontsova, et armes d'alliance
Photo : Dorotheum / Wikipedia
Elle est en 1762 à Saint-Pétersbourg et soutient le coup d'État de 1762 qui met Catherine au pouvoir.
Une de ses sœurs, Élisabeth, favorite de Pierre III, aurait reçu les confidences de l'empereur qui voulait se défaire de Catherine pour l'épouser, provoquant ainsi son propre assassinat.
Intérêts en politique
Douée d'un caractère plutôt viril au sens premier du terme, la jeune princesse Dachkov se passionne pour les questions de politique et d'organisation de la société. Son oncle lui permet de lire ses rapports diplomatiques et ses relations à la cour l'instruisent de l'état de son pays et de son gouvernement.
À la veille du coup d'État, la jeune impératrice Catherine charge son favori Orlov de rallier l'armée à sa cause et Catherine de trouver des soutiens dans l'aristocratie.
Grâce à elle, elle obtient l'appui du comte Panine et du comte Razoumovski, ainsi que d'Ivan Betskoï, du prince Bariantinski, de Glebov, Teplov, etc.
Catherine on the balcony of the Winter Palace welcoming the Guards and the People on the day of the coup.'
By Joachim Kästner
Image : Russia Beyond
Cependant les intrigues de proches l'éloignent de la cour et elle n'aime pas en particulier les favoris de l'impératrice.
Elle demeure pourtant loyale à l'impératrice, bien que celle-ci ne soit plus aussi proche que naguère.
Voyages
La jeune femme obtient la permission de se rendre à l'étranger, certains historiens prétendant que la raison en était que l'impératrice voulait se faire pardonner de son refus de nommer la princesse Dachkov colonel d'honneur d'un de ses régiments.
Elle est veuve en 1768 et commence son Grand Tour grâce à son immense fortune.
Elle s'attire les faveurs intellectuelles de Voltaire et de Diderot à Paris et se rend à Londres et à Édimbourg, où Principal Robertson donne des leçons à son fils.
Сarnet with a Portrait of Princess E.R. Dashkova and a Monogram "PD"
By Ozias Humphrey (1742-1810)
Watercolour, gouache
Portrait c. 1770
Images : The State Hermitage Museum.
Académicienne
Au bout de presque quinze ans, la princesse entre en Russie en 1782. Constatant un certain isolement intellectuel de la Russie, qui pourtant s'était ouverte à l'occident depuis le début du siècle, elle décide de fonder en 1784 à l'image de l'Académie française, une Académie impériale de Russie, afin d'enrichir et de purifier la langue et la grammaire russes et de lui ôter ses archaïsmes du slavon.
Auparavant elle avait été nommée directrice de l'Académie impériale des sciences et des belles-lettres, le comte Razoumovski en étant président, mais en pratique cette fonction était purement nominale. La princesse est la première femme en Europe à exercer une telle influence.
Portrait of the Princess Yekaterina R. Vorontsova-Dashkova
Anonymous Russian painter, c. 1790
Photo : Wikipedia
Elle s'attache à y faire venir de véritables philosophes et hommes de sciences, mettant fin à un certain dilettantisme. Parallèlement, elle fait éditer le Dictionnaire académique à l'académie impériale, publie une lettre mensuelle et écrit deux pièces de théâtre, Le Mariage de Fabien et une comédie intitulée Toïssioko.
Elle est élue membre honoraire de l'Académie royale des sciences de Suède en 1783, première femme étrangère à être ainsi distinguée et seconde après Eva Ekeblad.
Elle se retire toutefois de la cour, peu avant la mort de la Grande Catherine à cause d'une tragédie qu'elle fait publier et que d'aucuns accusent à tort d'être favorable aux principes républicains.
L'exil
Lorsque Paul Ier accède au trône en 1796, il se hâte de défaire tout ce que sa mère avait tissé.
Il exile la princesse dans un village près de Novgorod, pour lui faire expier sa participation aux événements de 1762.
Une pétition de ses amis la fait revenir dans ses terres près de Moscou, où elle meurt le 4 janvier 1810.
Princess Yekaterina Dashkova in Exile
Etching with line engraving and watercolour
Osipov, Alexey, after Tonci, Salvatore
1796
Image : The State Hermitage Museum
Son fils, dernier des Dachkov, étant mort en 1807, tous ses biens passent à son neveu Ivan Vorontsov qui obtient la permission de l'empereur de préserver le nom et de s'appeler Vorontsov-Dachkov.
Son fils, le comte Illarion Vorontsov-Dachkov (1837-1916) est chambellan à la cour de 1881 à 1897, puis gouverneur-général du Caucase de 1905 à 1915.
Les Mémoires en français de la princesse sont publiées à Paris en 1804, et en version intégrale après sa mort en 1840.
* Texte : Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Catherine Dachkov de Wikipédia en français (auteurs)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Dachkov
Je suis étonné de ne pas avoir retrouvé un sujet consacré à l'une de ses proches, la princesse Dachkov ; à moins que nous ayons autrement orthographié son nom (je ne comprends toujours pas comment orthographier les noms russes... ).
Bref !! Si vous n'aviez pas encore lu ce livre, vient d'être réédité en format poche :
Mémoires
Princesse Daschkoff, dame d'honneur de Catherine II
Edition de : Pascal Pontremoli
Mercure de France, Le Temps retrouvé (avril 19)
Présentation :
La princesse Daschkoff naquit en 1743, à Saint-Pétersbourg. En 1762, Catherine II montait sur le trône. Ce sera désormais l'époque des deux Catherine, et gageons que notre princesse fût restée la «grande» pour la postérité, si l'ombre immense de l'impératrice n'avait obscurci tout son siècle.
La princesse Daschkoff connut à peu près tout - et tous - de son temps, et ses Mémoires sont le lieu de rencontre de la Cour de Russie et des têtes couronnées d'Europe, des savants et de Diderot, des académiciens dont elle fut la directrice, et des linguistes dont elle fut la collègue. C'est presque un roman. C'est que sa vie le fut : les temps s'y prêtaient et la stature exceptionnelle d'une femme qui fut savante, mondaine, philosophe, organisatrice et conteuse brillante et dont l'éclat n'eut pas à pâlir des lumières dont sa vie fut environnée.
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Sa biographie (d'après Wikipedia en français) :
La princesse Catherine Dachkov (en russe : Екатерина Романовна Дашкова, Ekaterina Romanovna Dachkova)
Née comtesse Vorontsov le 17 (28) mars 1743 à Saint-Pétersbourg et morte le 4 (16) janvier 1810 à Moscou, est une aristocrate russe lettrée, fondatrice de l'Académie impériale de Russie, confidente de la Grande Catherine, sœur des comtes Semion et Alexandre Vorontsov.
Ce fut l'une des personnalités marquantes de la période des Lumières en Russie et en Europe.
Portrait of Princess Dashkova
By : Levitskii, Dimitrii Grigorievich
Oil on canvas, 1784
Princess Dashkova shown in half length and is seen turned to the right. She has grey hair, a ruddy complexion.
She wears the Russian court dress of a lady-in-waiting: a white undergown with diaphanous pleated sleeves and lace trim beneath a sleeveless robe of stiff blue satin with gold embroidery. Across her bodice hangs the red moire sash of the Order of St. Catherine.
The star of the order is pinned to her gown, together with a diamond-studded lady-in-waiting pin set with a miniature portrait of the empress.
Source : Hillwood Museum
Catherine Vorontsov est la troisième fille du comte Roman Vorontsov, membre du sénat et général-en-chef, et de son épouse, née Marthe Sourmine.
Son oncle et son frère sont chanceliers de l'Empire ; une de ses sœurs, Marie (1738-1765), dame d'honneur d'Élisabeth Ire et son autre frère diplomate anglophile. Elle reçoit une parfaite éducation, est douée en mathématiques, qu'elle étudie avec des professeurs de l'université de Moscou, et se passionne de littérature, française en premier lieu.
Elle étudie Voltaire, Boileau, Helvétius, Bayle et Montesquieu et voyage en Europe.
Par sa naissance, elle est très liée avec la cour et s'attache dès 1758 la jeune grande-duchesse Catherine, future impératrice.
Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst, Grande duchesse Catherine Alexeevna (future Catherine II), le Grand Duc Pierre (futur Pierre III)
Tableau peint par R.M. Lisiewska en 1756
Image : PressReader
Elle épouse à l'âge de seize ans le prince Michel Dachkov (1736-1764), diplomate descendant de Riourik, et s'installe dans son palais de Moscou.
Portrait de la princesse Yekaterina Dashkova-Vorontsova, et armes d'alliance
Photo : Dorotheum / Wikipedia
Elle est en 1762 à Saint-Pétersbourg et soutient le coup d'État de 1762 qui met Catherine au pouvoir.
Une de ses sœurs, Élisabeth, favorite de Pierre III, aurait reçu les confidences de l'empereur qui voulait se défaire de Catherine pour l'épouser, provoquant ainsi son propre assassinat.
Intérêts en politique
Douée d'un caractère plutôt viril au sens premier du terme, la jeune princesse Dachkov se passionne pour les questions de politique et d'organisation de la société. Son oncle lui permet de lire ses rapports diplomatiques et ses relations à la cour l'instruisent de l'état de son pays et de son gouvernement.
À la veille du coup d'État, la jeune impératrice Catherine charge son favori Orlov de rallier l'armée à sa cause et Catherine de trouver des soutiens dans l'aristocratie.
Grâce à elle, elle obtient l'appui du comte Panine et du comte Razoumovski, ainsi que d'Ivan Betskoï, du prince Bariantinski, de Glebov, Teplov, etc.
Catherine on the balcony of the Winter Palace welcoming the Guards and the People on the day of the coup.'
By Joachim Kästner
Image : Russia Beyond
Cependant les intrigues de proches l'éloignent de la cour et elle n'aime pas en particulier les favoris de l'impératrice.
Elle demeure pourtant loyale à l'impératrice, bien que celle-ci ne soit plus aussi proche que naguère.
Voyages
La jeune femme obtient la permission de se rendre à l'étranger, certains historiens prétendant que la raison en était que l'impératrice voulait se faire pardonner de son refus de nommer la princesse Dachkov colonel d'honneur d'un de ses régiments.
Elle est veuve en 1768 et commence son Grand Tour grâce à son immense fortune.
Elle s'attire les faveurs intellectuelles de Voltaire et de Diderot à Paris et se rend à Londres et à Édimbourg, où Principal Robertson donne des leçons à son fils.
Сarnet with a Portrait of Princess E.R. Dashkova and a Monogram "PD"
By Ozias Humphrey (1742-1810)
Watercolour, gouache
Portrait c. 1770
Images : The State Hermitage Museum.
Académicienne
Au bout de presque quinze ans, la princesse entre en Russie en 1782. Constatant un certain isolement intellectuel de la Russie, qui pourtant s'était ouverte à l'occident depuis le début du siècle, elle décide de fonder en 1784 à l'image de l'Académie française, une Académie impériale de Russie, afin d'enrichir et de purifier la langue et la grammaire russes et de lui ôter ses archaïsmes du slavon.
Auparavant elle avait été nommée directrice de l'Académie impériale des sciences et des belles-lettres, le comte Razoumovski en étant président, mais en pratique cette fonction était purement nominale. La princesse est la première femme en Europe à exercer une telle influence.
Portrait of the Princess Yekaterina R. Vorontsova-Dashkova
Anonymous Russian painter, c. 1790
Photo : Wikipedia
Elle s'attache à y faire venir de véritables philosophes et hommes de sciences, mettant fin à un certain dilettantisme. Parallèlement, elle fait éditer le Dictionnaire académique à l'académie impériale, publie une lettre mensuelle et écrit deux pièces de théâtre, Le Mariage de Fabien et une comédie intitulée Toïssioko.
Elle est élue membre honoraire de l'Académie royale des sciences de Suède en 1783, première femme étrangère à être ainsi distinguée et seconde après Eva Ekeblad.
Elle se retire toutefois de la cour, peu avant la mort de la Grande Catherine à cause d'une tragédie qu'elle fait publier et que d'aucuns accusent à tort d'être favorable aux principes républicains.
L'exil
Lorsque Paul Ier accède au trône en 1796, il se hâte de défaire tout ce que sa mère avait tissé.
Il exile la princesse dans un village près de Novgorod, pour lui faire expier sa participation aux événements de 1762.
Une pétition de ses amis la fait revenir dans ses terres près de Moscou, où elle meurt le 4 janvier 1810.
Princess Yekaterina Dashkova in Exile
Etching with line engraving and watercolour
Osipov, Alexey, after Tonci, Salvatore
1796
Image : The State Hermitage Museum
Son fils, dernier des Dachkov, étant mort en 1807, tous ses biens passent à son neveu Ivan Vorontsov qui obtient la permission de l'empereur de préserver le nom et de s'appeler Vorontsov-Dachkov.
Son fils, le comte Illarion Vorontsov-Dachkov (1837-1916) est chambellan à la cour de 1881 à 1897, puis gouverneur-général du Caucase de 1905 à 1915.
Les Mémoires en français de la princesse sont publiées à Paris en 1804, et en version intégrale après sa mort en 1840.
* Texte : Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Catherine Dachkov de Wikipédia en français (auteurs)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Dachkov
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 12 Fév 2022, 15:22, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
Les mémoires de la princesse Dashkova sont effectivement passionnantes à lire. Une lecture que je peux vous recommander.
On trouve d'ailleurs souvent ces mémoires éditées dans des éditions antérieures par le Mercure de France dans des bouquineries. Je possède moi-même une édition de 1966.
On trouve d'ailleurs souvent ces mémoires éditées dans des éditions antérieures par le Mercure de France dans des bouquineries. Je possède moi-même une édition de 1966.
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4379
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 43
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
Le temps n'était pas toujours au beau fixe entre la princesse et Potemkine, et d'ailleurs, leurs respectives influences sur Catherine les plaçaient un peu sur un pied de rivalité. Mais Potemkine savait emberlificoter toute situation à sa convenance.
Catherine décida qu'elle souhaitait nommer son ennuyeuse co-conspiratrice, la princesse Dachkova, directrice de l'Académie des Sciences. La princesse lui adressa une lettre dans laquelle elle disait ne pas se sentir à la hauteur de la tâche, et se rendit chez Potemkine pour lui expliquer son refus, mais Potemkine la coupa : " Je suis déjà au courant par Sa Majesté." Le Sérénissime ( oui, oui, c'est Potemkine ! ) lut la lettre de Dachkova puis la déchira en morceaux sous ses yeux . " En proie à la colère et à l'étonnement " , Dachkova exigea de savoir comment il avait pu oser déchirer une lettre adressée à l'impératrice.
" Reprenez-vous, princesse, dit-il, et écoutez-moi. Vous êtes sincèrement attachée à Sa Majesté ( ... ) alors pourquoi voulez-vous la troubler sur un sujet qui, ces deux derniers jours, a exclusivement occupé ses pensées et sur lequel elle a fixé son coeur ? Si vous n'en démordez pas, voici une plume, de l'encre, écrivez à nouveau votre lettre. Mais je n'agis qu'en homme dévoué à vos intérêts. "
Il ajouta que l'impératrice avait besoin de Dachkova, fatiguée qu'elle était de n'être entourée que d'imbéciles. Comment résister à si subtile flatterie ? La princesse accepta le poste. Potemkine tirait absolument toutes les ficelles de tout ce qui gravitait autour de Catherine .
( Simon Sebag Montefiore )
Catherine décida qu'elle souhaitait nommer son ennuyeuse co-conspiratrice, la princesse Dachkova, directrice de l'Académie des Sciences. La princesse lui adressa une lettre dans laquelle elle disait ne pas se sentir à la hauteur de la tâche, et se rendit chez Potemkine pour lui expliquer son refus, mais Potemkine la coupa : " Je suis déjà au courant par Sa Majesté." Le Sérénissime ( oui, oui, c'est Potemkine ! ) lut la lettre de Dachkova puis la déchira en morceaux sous ses yeux . " En proie à la colère et à l'étonnement " , Dachkova exigea de savoir comment il avait pu oser déchirer une lettre adressée à l'impératrice.
" Reprenez-vous, princesse, dit-il, et écoutez-moi. Vous êtes sincèrement attachée à Sa Majesté ( ... ) alors pourquoi voulez-vous la troubler sur un sujet qui, ces deux derniers jours, a exclusivement occupé ses pensées et sur lequel elle a fixé son coeur ? Si vous n'en démordez pas, voici une plume, de l'encre, écrivez à nouveau votre lettre. Mais je n'agis qu'en homme dévoué à vos intérêts. "
Il ajouta que l'impératrice avait besoin de Dachkova, fatiguée qu'elle était de n'être entourée que d'imbéciles. Comment résister à si subtile flatterie ? La princesse accepta le poste. Potemkine tirait absolument toutes les ficelles de tout ce qui gravitait autour de Catherine .
( Simon Sebag Montefiore )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54669
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
Ces mémoires sont passionnantes, écrites sur un ton vif très agréable à lire. Une anecdote témoigne de l'extrême politesse et de la délicatesse de Marie-Antoinette envers cette noble et gaffeuse visiteuse.
« Un matin, comme je déjeunais avec l'abbé Raynal chez qui j'allais souvent, j'appris par madame de Sabran, l'une des personnes présentes, que sa Majesté désirait absolument me voir à Versailles chez Madame de Polignac, ou elle proposait d'aller à certain jour déterminé et où, toute cérémonie à part, nous pourrions nous rencontrer et causer à l'aise.
Le jour marqué je m'y rendis avec mon fils et ma fille. Déjà la Reine était arrivée. Sa Majesté eut l'extrême bonté de s'avancer pour nous recevoir, et m'ayant placée à côté d'elle sur un sopha, tandis qu'elle faisait assoir tout près mes enfants à une petite table ronde, elle nous parla avec un affabilité qui nous mit complètement à notre aise et nous captiva tous.
Entre autres politesses, elle complimenta mon fils et ma fille sur leur talent pour la danse, art d'agrément où, lui avait-on dit, ils excellaient.
Pour ma part, ajouta sa Majesté, je regrette d'avance la perte d'un délassement si agréable que je serai bientôt obligée d'abandonner.
Et pourquoi, Madame, me hasardai-je à dire, Votre Majesté serait-elle forcée de subir une pareille nécessité ? Parce-que, répondit-elle, il n'est permis à personne de danser après 25 ans.
D'après ma naïveté habituelle de Ninette à la cour, oubliant ce que j'avais entendu dire nombre de fois, à savoir que la Reine avait une passion décidée pour la comédie. Je ne saurais approuver, dis-je une telle interdiction ; car aussi longtemps que dure ce goût et que les pieds ne refuse pas de leur service, je ne vois pas pourquoi on se priverait d'un plaisir beaucoup plus naturel que son pendant accoutumé : l'amour de la comédie.
Sa majesté déclara qu'elle partageait tout à fait mon opinion, et nous continuâmes de causer sur toutes sortes de sujets, heureusement pour moi sans qu'il fut fait la moindre allusion à la maladroite reflexion dont je m'étais rendue coupable, et sans que Sa Majesté laissa entendre par le moindre signe qu'elle l'eût comprise.
Il n'en fut pas de même dans le beau monde de Paris. Pas un cercle où, le lendemain on ne se livrât à des commentaires sur ma malheureuse gaucherie.»
« Un matin, comme je déjeunais avec l'abbé Raynal chez qui j'allais souvent, j'appris par madame de Sabran, l'une des personnes présentes, que sa Majesté désirait absolument me voir à Versailles chez Madame de Polignac, ou elle proposait d'aller à certain jour déterminé et où, toute cérémonie à part, nous pourrions nous rencontrer et causer à l'aise.
Le jour marqué je m'y rendis avec mon fils et ma fille. Déjà la Reine était arrivée. Sa Majesté eut l'extrême bonté de s'avancer pour nous recevoir, et m'ayant placée à côté d'elle sur un sopha, tandis qu'elle faisait assoir tout près mes enfants à une petite table ronde, elle nous parla avec un affabilité qui nous mit complètement à notre aise et nous captiva tous.
Entre autres politesses, elle complimenta mon fils et ma fille sur leur talent pour la danse, art d'agrément où, lui avait-on dit, ils excellaient.
Pour ma part, ajouta sa Majesté, je regrette d'avance la perte d'un délassement si agréable que je serai bientôt obligée d'abandonner.
Et pourquoi, Madame, me hasardai-je à dire, Votre Majesté serait-elle forcée de subir une pareille nécessité ? Parce-que, répondit-elle, il n'est permis à personne de danser après 25 ans.
D'après ma naïveté habituelle de Ninette à la cour, oubliant ce que j'avais entendu dire nombre de fois, à savoir que la Reine avait une passion décidée pour la comédie. Je ne saurais approuver, dis-je une telle interdiction ; car aussi longtemps que dure ce goût et que les pieds ne refuse pas de leur service, je ne vois pas pourquoi on se priverait d'un plaisir beaucoup plus naturel que son pendant accoutumé : l'amour de la comédie.
Sa majesté déclara qu'elle partageait tout à fait mon opinion, et nous continuâmes de causer sur toutes sortes de sujets, heureusement pour moi sans qu'il fut fait la moindre allusion à la maladroite reflexion dont je m'étais rendue coupable, et sans que Sa Majesté laissa entendre par le moindre signe qu'elle l'eût comprise.
Il n'en fut pas de même dans le beau monde de Paris. Pas un cercle où, le lendemain on ne se livrât à des commentaires sur ma malheureuse gaucherie.»
Marie-Jeanne- Messages : 1488
Date d'inscription : 16/09/2018
Yekaterina Romanovna Vorontsova, princesse Daschkoff
Présenté parmi les oeuvres de l'exposition Cent portraits pour un siècle (Palais Lascaris, Nice) :
Yekaterina Romanovna Vorontsova (1743 - 1810), future princesse Dachkova
Pietro Antonio Rotari
Huile sur toile
Yekaterina Romanovna Vorontsova (1743 - 1810), future princesse Dachkova
Pietro Antonio Rotari
Huile sur toile
La nuit, la neige- Messages : 17790
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Ekaterina Romanovna Dachkova, la princesse Daschkoff (Dachkov), dame d'honneur de Catherine II
Les mémoires de cette dame démontrent de manière évidente, à mon sens, qu'il lui était impossible de comprendre nos pays occidentaux comme nous pensons qu'ils doivent être compris. Et inversement il me semble qu'il nous est impossible de comprendre la Russie comme un Russe imaginerait qu'on doive la comprendre, et cela au 21e siècle comme au 18e. J'ai lus ces mémoires de bout en bout et ma conviction profonde est que les Européens de l'ouest tout comme les Russes vivent dans deux mondes certes contemporains mais parallèles. Seules des personnes s'étant frottées de très près aux deux mondes ont pu ou peuvent mesurer l'écart qui les sépare. Telle par exemple Catherine II
Lecréateur- Messages : 1480
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Gouverneur Morris- Messages : 11363
Date d'inscription : 21/12/2013
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