Quand l’esprit était français, Nicolas de l’Isle « Chevalier des Lumières ». De Benoit Florin

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Quand l’esprit était français
Nicolas de l’Isle, Chevalier des Lumières (1735 - 1784)
Benoit Florin
Temporis Editions (Nov. 2020)
424 pages



Présentation :

Nicolas de l’Isle a su s’élever par son seul esprit au niveau des plus grands personnages de son temps, que ce soit dans le monde des lettres ou de la cour, jusque dans l’entourage de Marie-Antoinette.

« Vous m’écrivez des choses charmantes sur les autres et vous ne m’avez rien dit de vous. Je ne sais pas seulement où vous demeurez ; peut-être ne demeurez-vous point, peut-être voyagez-vous de belle en belle, et de château en château comme les anciens troubadours… »
(Lettre du 21 mars 1774 de Voltaire au chevalier de l’Isle).

« Ses chansons sont toutes des chefs-d’œuvre de goût, de trait, et d’un aussi excellent ton qu’il en avait un détestable dans la société. On n’a jamais mieux écrit que lui et plus gaiement : il aurait dû être le mari de Madame de Sévigné… Il n’a jamais fait un mauvais vers, ni écrit une lettre qui ne fût piquante… Dans la société, mon de l’Isle était humoriste et familier… Son journal aurait été bien amusant. Mais il a été escamoté à sa mort, je ne sais comment. Deux jours auparavant, il me montra pourtant le tiroir où il était. Je crois que le duc de Coigny, sachant que la cour et la bonne compagnie de Paris y seraient compromises, s’en est emparé par prudence »
(« Mémoires » du prince de Ligne).

Au travers de la biographie très complète et illustrée d'un homme qui a traversé son siècle avec insolence, Benoit Florin auteur de plusieurs biographies sur des personnages emblématiques du 18e siècle ("La superbe comtesse de Brionne", "la princesse de Vaudémont, la grande amie de Talleyrand", "les Figurants de l'Histoire"etc...) nous montre les dessous méconnus de cette haute société qui ne se doute pas qu'elle vit alors ses derniers instants.



Nous consacrons un sujet à cet homme des Lumières, qui fréquente toute la jet set française de cette fin du XVIIIe siècle, ici :

Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette

Sujet dans lequel vous retrouverez quelques vers de sa création et autres citations, dont cet extrait d'une lettre au prince de Ligne qui, je trouve colle assez bien à " l'actualité sanitaire " du moment...

Que je suis ravie de cette annonce !!!   Merci, merci !  J'adore le chevalier de l'Isle, peut-être le meilleur ami du prince de Ligne à qui il fit grande honte, un jour, en palpant l'étoffe de la toilette de Marie-Antoinette ! Oh !!!  
Il est si adorable, sympathique, spirituel !  Il a une plume si impertinente mais toujours sans méchanceté !  Le lire est un bonheur.

Il me faut ce livre, je vais me régaler . 

Et schpounk !!!  commandé.   Grâce à toi, merci ... 

Ah ! Très bien...

Du même auteur, j'avais lu cet autre titre.
Cela date, mais si ma mémoire est bonne, il me semble que j'avais trouvé la lecture plaisante et intéressante.  

La superbe comtesse de Brionne, 1734-1815
de Benoît Florin
chez Mémoire & documents (2009)



Présentation :

Même si elle est aujourd'hui bien oubliée, Louise de Rohan, comtesse de Brionne et princesse de Lorraine, a fasciné ses contemporains autant que la princesse Grace de Monaco ou « lady Diana » à notre époque.
Cette grande aristocrate à la beauté légendaire a également côtoyé des personnalités très variées, et nous permet de les considérer sous des aspects moins connus, qu'il s'agisse des philosophes Voltaire et Rousseau, ou des souverains Gustave III, Joseph II et Marie-Antoinette (dont elle fut un temps la favorite).

Elle a aussi inspiré de tendres sentiments à Choiseul et Talleyrand, deux grands ministres des Affaires étrangères, comme sans doute à quelques autres. Elle sut néanmoins rester fort « sage » - selon le mot de Casanova - en un siècle où on ne l'était guère dans son milieu, tout en menant une existence très moderne pour son temps.

Seule femme à avoir assumé l'importante fonction de grand écuyer de France, elle avait parallèlement la passion des voyages et des rencontres.

Ce personnage attachant incarne donc pleinement le dix-huitième siècle finissant et « le plaisir de vivre » de sa haute société. Affrontant ensuite avec courage et dignité les années noires de l'émigration, Louise de Brionne mérite assurément le titre de « dernière grande dame de France et d'Europe » que lui décerne son cousin le prince de Ligne, dont elle peut être considérée comme le pendant féminin.

Louise-Julie-Constance de Rohan-Rochefort-Montauban, comtesse de Brionne, princesse de Lorraine
Jean-Baptiste Lemoyne
Marbre, 1739
Collection du roi Gustave III
Image : Nationalmuseum, Stockholm

La nuit, la neige a écrit:

Ce personnage attachant incarne donc pleinement le dix-huitième siècle finissant et « le plaisir de vivre » de sa haute société. Affrontant ensuite avec courage et dignité les années noires de l'émigration, Louise de Brionne mérite assurément le titre de « dernière grande dame de France et d'Europe » que lui décerne son cousin le prince de Ligne, dont elle peut être considérée comme le pendant féminin.

Pendant féminin du prince de Ligne, quel inestimable compliment ! 

Et tu m'avais offert ce livre à l'un de nos pique-niques . 
Oui, très agréable lecture ! 

Pour revenir au chevalier de l'Isle, il était un intime des Polignac et l'un des fleurons de la société de la duchesse.  Il arrivait toujours le premier dans son salon, où ne manquait pas de paraître Marie-Antoinette tous les jours, pour faire croire qu'il était lui aussi un familier de la reine . 
( Ligne, Fragments de l'histoire de ma vie ) 

Ah chic alors ! Je vais me retrouver au milieu d'eux tous .    J'espère découvrir une foule d'anecdotes nouvelles.

Tu nous raconteras...

Je crois que EVL lui avait peint un très joli portrait.

Brionne c est à deux pas de chez moi en Normandie.

La nuit, la neige a écrit:Tu nous raconteras...

Compte sur moi !  

Mr de Talaru a écrit:
Je crois que EVL lui avait peint un très joli portrait.

N'est-ce pas celui qui figure sur la couverture du livre ?!  

J'ai pas d'images ce soir

Mais non, mais non, je suis gâteuse !  

Mr de Talaru a écrit:
J'ai pas d'images ce soir

Ah !  chez moi, tout est normal. 
Ne t'inquiète pas, ce genre de petit problème technique en général ne dure pas.  
 Tout redevient normal très vite.

Mr de Talaru a écrit:Je crois que EVL lui avait peint un très joli portrait.

Non, c'était Greuze.  Il a représenté la comtesse de Brionne en   " Hélène de Troie ".  Elle tient dans sa main la pomme fatale ,  prix de beauté décerné à Aphrodite par Pâris . 


Image WIKI

j'ai suivi vos conseils et je viens de recevoir ce gros bouquin - dès l'ouverture il est passionnant, très bien écrit c'est un plaisir de le dévorer - en plus c'est un LORRAIN !!!!

MARIE ANTOINETTE

De quel ouvrage parlez-vous chère MARIE-ANTOINETTE ?

Ah merci Eléo

Enfin non, je ne te remercie pas, tu me dois 27 euros maintenant

...  

Tu verras : tu ne les regretteras pas !

Mme de Sabran a écrit:Tu verras : tu ne les regretteras pas !

Chère Eléonore, c'est un livre qu'il faudrait prescrire à tous ceux qui se sentent à l'aise au XVIIIe siècle, et même aux autres.
Un vrai vaccin contre la morosité, efficace à 100% et disponible sans délai...  

J'ai suivi votre conseil et dévoré l'ouvrage, je l'ai offert à plusieurs amis pour Noël et je n'arrête pas de le recommander. Tout le monde en est enchanté! Un vrai polisson ce Nicolas   , entouré de nombreux personnages tout aussi spirituels et recommandables, à commencer par le prince de Ligne.

Avec le plaisir, bien sûr, de croiser Marie-Antoinette à de nombreuses reprises, dès que le chevalier est en France. De très jolies pages d'ailleurs, allègres et bien dans le ton, pour évoquer la reine dans sa "société".

Je serais inquiet de rencontrer quelqu'un qui n'aime pas ce livre

Gouverneur Morris 

Après la "grotte du Pape", voilà que l'auteur confond Edward Gibbon avec le sculpteur sur bois Grinling Gibbons.

Pas très sérieux tout ça...   

Allez ! C'est de la faute de Walpole lui-même, il n'avait qu'à préciser le prénom de son Gibbon ! 
Nous nous y serions tous trompés .  

Mais,  autre curiosité bien singulière, dans toutes les citations du chevalier, " la ville Jules "  ( ainsi que Nicolas de l'Isle appelle plaisamment la société de Mme de Polignac )  devient systématiquement " la villa Jules " !  
Alors là, je ne vois pas pourquoi ?

Ici, par exemple :

Mme de Guéméné a donné sa démission de gouvernante des Enfants de France et vient de s'enfuir à Vigny. Rappelez-vous, mon Prince, la splendeur où nous l'avons vue le 22 octobre de l'année dernière à deux heures l'après-midi, portant dans ses bras le Dauphin aux acclamations du peuple; songez que cet à pareil jour, à pareille heure, qu'elle est sortie de Versailles dans l'abaissement et l'humiliation et voyez si vous croyez encore qu'il faille attacher un grand prix aux honneurs de ce monde .
Ce n'est pas que je veuille vous porter à n'estimer que ceux de l'autre  , car je m'en bats l'oeil, mais je crois qu'aucuns ne valent que nous nous tourmentions. C'est ce qu'a pensé notre petite duchesse de Polignac, que les honneurs vont toujours trouver, témoin la charge de gouvernante  , qu'assurément elle ne cherchait pas, et à laquelle elle sera pourtant nommée publiquement après demain. Personne ne le sait encore que ses intimes ...   Toute la villa Jules vous dit mille choses et principalement la Guichette...  Adieu, cher Prince, ne faites pas banqueroute et aimez-moi. 


Cette citation figure ainsi dans Madame de Polignac et Marie-Antoinette, une amitié fatale : ( aux éditions des Trois Orangers ) 

Mme de Guéméné a donné sa démission de gouvernante des Enfants de France et vient de s'enfuir à Vigny. Rappelez-vous, mon Prince, la splendeur où nous l'avons vue le 22 octobre de l'année dernière à deux heures l'après-midi, portant dans ses bras le Dauphin aux acclamations du peuple; songez que cet à pareil jour, à pareille heure, qu'elle est sortie de Versailles dans l'abaissement et l'humiliation et voyez si vous croyez encore qu'il faille attacher un grand prix aux honneurs de ce monde .
Ce n'est pas que je veuille vous porter à n'estimer que ceux de l'autre , car je m'en bats l'oeil tout comme des premiers, mais je crois qu'aucuns ne valent que nous nous tourmentions. C'est ce qu'a pensé notre bonne petite duchesse de Polignac, que les honneurs vont toujours trouver, témoin la charge de gouvernante , qu'assurément elle ne cherchait pas, et à laquelle elle sera pourtant nommée publiquement après demain. Personne ne le sait encore que ses intimes .  Mme la gouvernante sera installée le 31.  Toute la ville Jules, où voilà un grand clocher de plus,  vous dit mille choses et principalement la Guichette. Je ne sais si la comtesse Diane vous écrira. Elle a bien des affaires avec ses mirliflors. 
 Adieu, cher Prince, ne faites pas banqueroute et aimez-moi. 


...   et dans Madame de Polignac, intime de Marie-Antoinette: ( aux éditions Tallandier ) 

Mme de Guéméné a donné sa démission de gouvernante des Enfants de France et vient de s'enfuir à Vigny. Rappelez-vous, mon Prince, la splendeur où nous l'avons vue le 22 octobre de l'année dernière à deux heures l'après-midi, portant dans ses bras le Dauphin aux acclamations du peuple; songez que cet à pareil jour, à pareille heure, qu'elle est sortie de Versailles dans l'abaissement et l'humiliation et voyez si vous croyez encore qu'il faille attacher un grand prix aux honneurs de ce monde . ( ... )
Adieu, cher Prince, ne faites pas banqueroute et aimez-moi. 

Ainsi voyons-nous, effarés, qu'il arrive  aux éditeurs de tronquer allègrement les citations. 
( ...    à l'insu du plein gré des auteurs !    )

J'avais glané toutes ces lettres exquises du chevalier de L'Isle au prince de Ligne dans les Mémoires de la Société des Sciences morales, des Lettres et des Arts de Seine et Oise Versailles .

Mme de Sabran a écrit:Allez ! C'est de la faute de Walpole lui-même, il n'avait qu'à préciser le prénom de son Gibbon !  Wink
Nous nous y serions tous trompés .

Oh mais je comprends l'erreur, on en fait tous ! Seulement, moi je ne publie pas, mais cela ne m'a pas empêché de m'interroger sur cette curieuse "grotte du pape", que Google m'a permis d'identifier en 30 s.

De même pour la confusion des Gibbon, je reproche à l'auteur son manque de curiosité intellectuelle, et de ne pas avoir trouvé étrange que cet homme de lettres fut aussi sculpteur-ornemaniste à ses heures perdues. Pire de confondre les deux de son propre chef sur la base d'une (quasi)-homonymie qu'il n' a même pas cherché à vérifier.

Quand on livre un ouvrage au public, la moindre des choses est de fournir cet effort...

Je suis en grande peine vu le retard dans mes lectures....