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Joseph Thomas d'Espinchal

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Joseph Thomas d'Espinchal Empty Joseph Thomas d'Espinchal

Message par Calonne Dim 13 Déc - 20:42

Désolé, pas trouvé de portrait de notre homme...

Le comte Joseph Thomas Anne d'Espinchal, né en 1748, est le dernier seigneur d'une vieille famille d'Auvergne.

Si la noblesse de l'époque, brillante, mondaine et oisive, se cherchait un miroir, le comte aurait pu être celui-là. Parisien jusqu'au bout des ongles, il ne connaît que Paris et tout ce qui s'y passe. Un adultère, une intrigue amoureuse, le refus ou la réception d'une comédie, un mariage, un décès ? Il sait tout. Elisabeth Vigée-Lebrun en témoigne : "Le comte d'Espinchal était toujours instruit le premier d'un mariage, d'une intrigue amoureuse, d'une mort, de la réception ou du refus d'une pièce de théâtre, etc... Au point que si l'on avait besoin d'un renseignement quelconque sur qui ou sur quoi que ce fût au monde, on se disait aussitôt : Il faut le demander à d'Espinchal".
L'historien G. Lenôtre confirme : "Le comte porte à la perfection cet art singulier : il connaît une quantité prodigieuse de gens et ne peut sortir dans la rue sans saluer quelqu'un à chaque pas, et cela depuis le plus grand seigneur jusqu'au garçon de théâtre, depuis la duchesse jusqu'à la grisette et la fille entretenue. Il est partout, aux courses, au salon et le soir à deux ou trois spectacles. Il passe toutes ses nuits au bal, sait à qui appartiennent toutes les loges et se fait même un jeu de percer l'incognito le plus jalousement gardé".

"Le plus sociable et le mieux informé des parisiens" (c'est ainsi qu'il se décrit) émigre dès juillet 1789, à la suite du prince de Condé dont il est un fidèle serviteur. Au fil de ses exils, il tiendra ses "carnets de voyage", 13 volumes où notre comte note tout ce qu'il voit, entend et apprend.  Souvenirs, impressions, découvertes, anecdotes, il note tout, décrivant parfois d'une plume acérée les us et coutumes des autres émigrés.
Arrivé avec son maître à Turin, il se lasse vite d'une cour où "l'étiquette bannit la gaité" et se lance dans un grand tour d'Italie. Bals, soupers, salons, il poursuit sa route, toujours mondain, toujours observateur. Très curieux, il observe et reste objectif devant ce qui lui est inconnu ou ce qui l'étonne ou l'interpelle. Pendant ce temps, sa femme a rejoint Turin également, ayant eu soin de partir assez pourvue et, aussitôt arrivée, tient salon. Son époux préfère lui poursuivre son exil mondain, reçu par le cardinal de Bernis à Rome, continuant à fréquenter bals, promenades et salons. S'il se reconnaît ébloui par "les fastes vénitiens", il juge sévèrement l'ennui accablant de la cour turinoise où il s'est pourtant très bien intégré : "On ne sait décidément pas ici goûter les joies d'une assemblée réunie comme en France". Fou de théâtre, il décrit avec précision les salles italiennes, leurs décors et nous indique même les détails les plus basiques comme les horaires des pièces, le prix des billets...

Mais bientôt, la situation financière de notre mondain se dégrade... S'il a vécu à son aise et a beaucoup voyagé durant les quatre premières années de son exil, bientôt, il se voit contraint de réduire la voilure. Ses notes se font alors plus laconiques, plus sobres, ses sorties et divertissements moins nombreux, moins brillants. Le voici plus au nord, à Bruxelles, à Coblentz, à Gerresheim, Düsseldorf et Dortmund... Il devient amer, triste : "Peut-on penser à se réjouir quand chaque jour voit augmenter les inquiétudes sur le sort des infortunés qui, restés en France, sont l’objet de la plus cruelle persécution ?"
1801. Le comte d'Espinchal est ruiné, ou quasiment. Il est aussi exténué, torturé par de violentes crises de goutte. Mais surtout triste, amer. Son monde n'est plus, définitivement, il n'est plus qu'un fantôme du passé. Radié de la liste des émigrés, de retour en France, il ne se reconnaît pas dans cette nouvelle société, ce nouveau monde. Lui le mondain, l'insouciant brillant, se retire, se replie sur lui-même, tentant de récupérer sa bibliothèque mise à mal par les révolutionnaires. Au passage, il récupère une partie de sa fortune, ce qui lui permet de vieillir doucement et tranquillement, perdu dans ses souvenirs. En 1803, il se retire définitivement dans son château de Massiac, dans le Cantal, qu'il a réussi à récupérer.
Il devient maire de la ville en 1812 et le reste jusqu'à sa mort, en 1823, à 74 ans, ayant connu 12 ans d'exil.
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