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Claude Richard, jardinier de Marie-Antoinette

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Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Empty Claude Richard, jardinier de Marie-Antoinette

Message par Mr ventier Lun 18 Oct 2021, 08:10

Article repris sur Facebook.. De Mme Cetoy


C'était au mois de juin 1774, le marquis de Laubespine, monté sur un beau cheval et suivi d'un domestique, faisait sa promenade accoutumée dans le grand parc de Versailles, fort désert. Le Roi Louis XV venait de mourir de la petite vérole, et toute la cour s'était dispersée pour fuir le mauvais air. Le marquis dirigea sa promenade vers Trianon, et apercevant dans l'avenue du petit château Antoine Richard, jardinier en chef, entouré d'une douzaine de manœuvres qui se hâtaient de ratisser les allées et d'arroser les pelouses. Le marquis mit pied à terre à la grille et sonna Richard, le reconnaissant de loin, accourut à sa rencontre avec empressement.
-« Quel bon vent vous amène, Monsieur le marquis ? Depuis la mort du Roi, je n'ai vu âme qui vive. Trianon est triste comme un tombeau ».
« C'est pour cela que je viens mon pauvre Richard. Je suis sûr qu'à part la famille royale, il n'y a personne en France de plus affligé que vous de la mort du Roi et je viens pleurer avec vous ».
Les yeux de Richard se remplirent de larmes.
« C'est vrai, dit-il, j'aimais le roi : il était si bon pour moi ! Il aimait tant les fleurs ! Plût à Dieu qu'il n'eut aimé qu'elles ! On m'a dit, Monsieur le Marquis que votre collection d'anémones avait eu sa dernière visite ».
« En effet, il vint chez moi le 30 avril, le matin même du jour où il tomba malade, et je fus frappé par sa pâleur ».
« Hélas, la vie qu'il menait ne pouvait durer longtemps. Malheureux prince ! Que n'est-il resté tel que je le vis pour la première fois, il y a vingt-six ans ! Il se promenait avec la Reine, le Dauphin, les Filles de France. Rien n'était plus beau que cette famille royale, si nombreuse, si unie ! Le Roi dit à Marie Leczinska, en lui présentant mon père : « Madame voici claude Richard, le fils du jardinier du Roi Jacques II. Monsieur d'Ayen l'a décidé à quitter son beau jardin de Saint-Germain pour entrer à mon service. Il nous fera ici un jardin admirable. Je veux que le Petit Trianon fasse oublier le grand, et que ce garçon-là, dit sa majesté en me désignant, devienne encore plus savant que son père ».
« La bonne Reine nous sourit et me caressa. Plus tard, quand je revins de mes voyages, elle me questionna sur les plantes que j'avais rapportées d'Afrique, et voulut voir la giroflée de Mahon, qui fleurissait en France pour la première fois. Je revis souvent cette bonne Reine, toujours affable et gracieuse, mais de plus en plus triste dans les derniers temps... ».
Tout en marchant, les deux interlocuteurs étaient arrivés près du labyrinthe de charmille qui séparait le parterre du jardin botanique et des serres.
« Louis XVI s'intéresse-t-il à vos collections ? » demanda le marquis.
« Je ne sais : le Roi préfère sa forge aux plus beaux jardins ; mais il a de l'estime pour les sciences et n'aime pas à rien déranger. Ce que j'appréhende le plus, ce sont les fantaisies de la jeune Reine. Elle va venir nous surprendre ; je suis censé l'ignorer : c'est pourquoi, vous me voyez en costume de travail. Restez Monsieur le Marquis, vous verrez notre belle souveraine prendre possession de Trianon ».
« Non, ce serait indiscret ; d'ailleurs, je suis en bottes, et n'oserais me présenter ainsi devant Sa Majesté. Adieu Richard ! Venez me voir au Chesnay ; vous me ferez toujours plaisir ».
Monsieur de Laubespine allait s'éloigner lorsqu'un groupe de jeunes dames, courant et riant aux éclats, apparut tout à coup au détour de la charmille.
Marie-Antoinette était parmi elles, et son port de Reine la faisait aisément distinguer. Elle avait une manière de porter sa tête si fière, si noble et si gracieuse à la fois ! Ses beaux cheveux blonds, arrangés avec art, couronnaient d'une auréole dorée son front de dix-huit ans. Ses traits semblaient n'être formés que pour sourire. Elle était alors en grand deuil et sa robe de crêpe noir faisait ressortir la blancheur d'albâtre de ses belles mains et de son cou charmant, ce cou que la hache devait trancher quelques années plus tard ! La Reine portait un gros bouquet de roses. En apercevant les deux promeneurs, elle s'écria : « Je suis sûre que voici Monsieur Richard ! ».
« Aux ordres de Votre Majesté », fit le jardinier en saluant profondément.
« J'ai laissé la Majesté à Versailles, dit la Reine ; je veux ici n'être appelée que Madame. Le Roi m'a donné le Petit Trianon pour y faire toutes mes volontés. J'y veux régner, mais en simple châtelaine. Arrangez cela comme vous pourrez. Quel est ce gentilhomme ? Dit-elle en baissant la voix et en désignant le marquis.
« Monsieur le marquis de Laubespine » dit Richard en s'inclinant.
« Oh ! J'en ai souvent entendu dire beaucoup de bien. Monsieur de Laubespine est grand amateur de fleurs, n'est-ce pas ? ».
« Oui Madame, dit le marquis. Le feu Roi me faisait l'honneur de visiter tous les ans ma collection d'anémones ».
« J'irai la voir aussi. Mais je vous engage à cultiver d'autres fleurs. Je n'aime pas les anémones : c'est une plante triste, basse, sans parfum, qui ne fleurit qu'une fois, meurt tous les ans, et a toujours du noir dans le cœur. Je n'en veux point ici ; je veux des rosiers, des jasmins, des orangers, des chèvrefeuilles ; j'aime ce qui vivace, abondant, parfumé. Vous verrez quel merveilleux bosquets j'aurai à Trianon ! Mais allons voir le jardin botanique et les serres ; j'ai promis au Roi de ne rien détruire avant d'avoir tout examiné à fond. Venez avec moi monsieur le Marquis ; guidez-nous Richard ».
Elle marcha légèrement vers les serres, suivie de ses dames et du marquis, dont la figure s'était fort assombrie en entendant la Reine médire des anémones.
Marie-Antoinette trouvait qu'il faisait terriblement chaud dans les serres, et ne s'y arrêta que tout juste assez pour critiquer la collection de « cereus » dont Richard était fier, à juste titre, et qu'il avait rapporté à grands frais d'Espagne et d'Afrique.
« Quelles horribles plantes ! S'écria-t-elle : elles sont toutes couvertes de poils, d'épines, de dards et de verrues. Quelle est celle-ci qui ressemble à une compagnie de serpents ? »
« C'est le cereus flagelliformis, dit Richard ; ce qui veut dire « cierge en forme de fouet ».
« C'est fort agréable, dit la Reine. Et celle-ci, bossue, tordue comme Esope ? »
« C'est le cereus monstruosus, Madame, « le cierge monstrueux ».
« Oh qu'il est bien nommé ! Et celui-ci ? »
« L »opuntia horrida, Madame ».
« Quel nom gracieux ! Ne trouvez-vous pas Mesdames, que cette plante ressemble à une certaine Duchesse . Devinez laquelle, et dites le moi à l'oreille ».
Toutes les dames vinrent dire à la Reine des noms différents, mais sans doute bien choisis, car à chaque nom nouveau, elle riait aux éclats. Le jardinier et Monsieur de Laubespine ne savaient trop quelle contenance tenir, lorsque la Reine se tournant vers eux, dit :
« Ah ça Monsieur Richard, je ne veux point vous prendre en traître ; je vous avertis que je vais faire enlever ces serres là ».
« Votre Majesté aura la bonté d'y réfléchir, dit Richard d'une voix émue ; ce sont les plus belles serres qui existent ; elles ont coûté plus de cinquant mille livres ».
« C'est trop cher pour une prison, dit la Reine ; pour moi, je déteste tout ce qui est renfermé : des fleurs sous verre, des oiseaux en cage me donnent envie de pleurer. Je sais qu'il faut des serres pour l'hiver, mais je ne veux pas les voir. Vous emporterez tout ce vitrage au potager avec vos cereus plus ou moins montruosus. Je vais avoir à Trianon un jardin anglais, un village suisse, un temple grec et un joli petit théâtre où je jouerais des opéras et ce sera bien plus amusant que vos cloches à melon plus grandes que nature. Ah ! Voici Monsieur Mique, l'architecte, qui m'apporte son plan. Quel plaisir ! Vite ! Vite ! Monsieur Mique, montrez-nous cela ».
L'architecte arrivait en effet portant un rouleau de papier grand aigle. La Reine s'en empara, l'étendit sur la pelouse, posta ses dames aux quatre angles du papier en leur recommandant de le bien tenir, et, se mettant à genoux avec Monsieur Mique à côté d'elle, se fit expliquer le plan.
« J'espère dit-elle que vous n'avez pas oublié la rivière et les cascades ? »
« Il y en aura trois, dit l'architecte ; voyez les Madame, deux lacs, une grotte, une petite forêt de sapins.
« Et l'étable où sera-t-elle ? ».
« Là Madame, tout près de la laiterie ».
« Je ferai du beurre, dit la Reine, du vrai beurre et du fromage à la crème ! Et ceci qu'est-ce donc ? ».
« C'est la maison du bailly, Madame ; et là tout près du pont, le moulin ».
« Aura-t-il des ailes ? » demanda la Reine.
« Non Madame, c'est un moulin à eau ; mais il aura une roue qui tournera en faisant beaucoup de bruit ».
« Les moulins à eau font-ils du pain comme les moulins à vent ? Dit une jeune dame.
« Ils font la farine, Madame », répondit l'architecte en réprimant une forte envie de rire.
« Je veux faire du pain, dit la Reine, et de la galette, et il me faudra un four ».
« Vous l'aurez, Madame, ainsi qu'un lavoir, une buanderie, un poulailler et une bergerie ».
« Cela sera délicieux ! Et nous supprimerons le jardin français ».
« A Dieu ne plaise ! S'écria Mique : ce serait défigurer le chef d'oeuvre de Gabriel. Ces parterres réguliers, ces arbres taillés, cette architecture végétale encadrent si bien le petit château ! Gabriel mourrait de chagrin s'il voyait supprimer la perspective du salon et séparer le pavillon octogone du château par des massifs irréguliers comme c'est la mode à présent. Voyez Madame, j'ai tout disposé au contraire, pour conserver les bosquets de charmille et cette grande pelouse où nous sommes, et pourtant le théâtre serait à deux pas du château. Devant les deux autres façades, la Reine fera ce qu'elle voudra ; mais jamais ! Je ne me résoudrai à rien changer de ce côté-ci, pas plus qu'à la cour d'honneur ».
« Je pense que vous avez raison, Monsieur, mais il faut me dédommager par autre chose. Je voudrais une montagne très haute avec des cèdres, des rochers et des précipices ».
« On essayera, dit l'architecte ; mais ce serai plutôt l'affaire du jardinier que la mienne ».
« Richard, dit la Reine, pourriez-vous me faire là une montagne ? ».
« Avec du temps et de l'argent, Madame, cela serait possible ; mais la dépense serait énorme, et il faudrait au moins trois ans ».
« J'y renonce, dit la Reine. Nous resterons en plaine, mais je me consolerai en cultivant les plus belles fleurs du monde. Une Reine de France, au lieu d'envoyer chercher à grands frais des plantes exotiques, doit veiller au perfectionnement des fleurs de son royaume. Richard, je veux que Trianon voit naître la rose et l’œillet bleus, et je vous commande de ne rien épargner pour y réussir. Il le faut absolument ».
La Reine s'était levée ; elle prononça ces mots d'un air si décidé que le jardinier s'écria : « Vous serez obéie Madame, non seulement comme Reine, mais comme une divinité ». Et, saluant la Reine, qui les congédiait d'un signe, Monsieur de Laubespine et Richard s'éloignèrent en silence.

A peine furent-ils hors de vue qu'il s'arrêtèrent et se regardèrent avec consternation.
« Hélas ! Dit Richard, mes belles serres ! » !
« Hélas, dit le Marquis, quelle tête légère a cette jeune Reine ! Elle ne songe qu'à s'amuser. Le Rois s'enferme dans sa forge et fait des serrures. Tous deux sont bons, vertueux mais ne me paraissent guère songer aux devoir de leur état. Et pourtant lorsqu'on est venu leur annoncer la mort de Louis XV, ils sont tombés à genoux tous les deux et se sont écriés « Mon Dieu, ayez pitié de nous ! Nous sommes trop jeunes ».
« En effet, la fille de l'Impératrice Marie-Thérèse, le fils du Grand Dauphin ont une terrible tache à remplir. Le dernier règne a tout perdu ; l'ivraie semée partout croît avec une rapidité effrayante. Il faudrait à la France un Charlemagne et une Blanche de Castille ».
« Attention, dit Richard, laissons croître l'arbre et attendons ses fruit. Louis XVI n'a que vingt ans et notre charmante Reine n'est encore qu'une enfant. Si du moins elle me laissait mes serres ! ».
« Si encore elle aimait les anémones », dit le marquis.
Et ils se séparément tristement...
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Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Empty Re: Claude Richard, jardinier de Marie-Antoinette

Message par Mme de Sabran Lun 18 Oct 2021, 11:13

Merci, cher M. Ventier, pour ce petit passage très romancé.  Very Happy

Notre Grâce nous emmène en promenade jusqu'aux abords de la bien jolie maison de Richard.  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette 693620883  
...   également appelée " Pavillon de Jussieu " .
Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Othoma10
Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Logo_v10
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4568-trianon-la-maison-du-jardinier-richard?highlight=richard
MARIE ANTOINETTE a écrit:
J'ai commandé le livre paru en 2009 de notre Ami BERRY, déjà auteur des Après-midi de LOUIS XVI !!!!!(humour)
sur le "clan" RICHARD......

Comme l'ami BERRY est trop modeste pour présenter ses oeuvres qui sont de grande qualité !!!!! j'ai dévoré en un après-midi ce petit livre évoquant la Famille RICHARD, jardiniers du ROI et de ses différents lieux... VERSAILLES, ST GERMAIN, AUTEUIL et constater que le personnel du château se mariait ensemble pour conserver les revenus - une fille RICHARD ayant épouse LE FILS DU SERRURIER !!!!!!

Livre très complet et très clair permettant de rencontrer les différents CLAUDE et ANTOINE et les replacer dans leur siècle !!!! et aussi connaitre les descendants qui ont été des botanistes et médecins de valeur.

Je conseille de lire et posséder ce livre pour enrichir nos collections sur le PETIT TRIANON !!!!

Amicalement                                      MARIE ANTOINETTE  Eventaille  Eventaille  

Le voici : Very Happy

 Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette 1540-110

UNE DYNASTIE DE JARDINIERS ET DE BOTANISTES : LES RICHARD
De Louis XV à Napoléon III

Jean Dominique Bourzat
Collection : Acteurs de la Science

Antoine Richard et son fils Claude sont connus pour avoir réalisé les jardins du Petit Trianon. Huit générations se succèdent en exerçant les métiers de jardinier, de botaniste ou de médecin. Ils deviennent à partir de la Révolution jusqu'au début du Second Empire des botanistes et des médecins renommés, notamment Louis Claude Marie Richard et son fils Achille, tous deux botanistes, professeurs de médecine et académiciens, qui marqueront de façon durable l'enseignement de la botanique...

Date de publication : novembre 2009

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Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Empty Re: Claude Richard, jardinier de Marie-Antoinette

Message par Mme de Sabran Mer 20 Oct 2021, 11:21

Voici un  petit extrait de Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette 1905-211
Les Botanistes et la Flore de France, trois siècles de découvertes .
le chapitre consacré à Louis-Claude, Marie RICHARD (1754-1821)
Cuvier (Georges), “Éloge historique de M. Richard”, Mémoires de l’Académie des Sciences (Institut), (...)

Du temps de Louis XIV déjà, l’arrière grand-père de Louis-Claude Richard a la charge de la Ménagerie de Versailles.

Louis-Claude Richard naît à Versailles le 4 octobre 1754
, parmi les plus belles plantes du royaume, au Trianon,
où il “suce la botanique avec le lait”.  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette D_02ba12

Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Img-610

Jardiniers depuis plusieurs générations Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette 001610   , les Richard forment une famille dont la célébrité égale au XVIIIème siècle celles des Cassini ou des Jussieu. À sa naissance, le grand-père de Louis-Claude Richard, Claude Richard, est jardinier en chef du Jardin du Trianon, où il loge ; son père, Louis Richard, est jardinier en chef du Jardin royal d’Auteuil.

Louis-Claude Richard grandit au Trianon, où réside également Michel Adanson (1727-1806)   Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz434
au titre de “botaniste royal”.
Bernard de Jussieu  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz435 (1699-1777), professeur de botanique au Jardin royal, à Paris, est également directeur du Jardin du Trianon.
L’expression “sucer la botanique avec le lait” fait donc référence à l’ascendance de Louis-Claude Richard mais également aux discussions auxquelles il assiste au cours de son enfance entre son grand-père, son père, Michel Adanson et Bernard de Jussieu. Louis Richard estime cependant que l’horticulture n’est pas un avenir sûr et décide d’envoyer son fils au collège afin qu’il y étudie le latin et la rhétorique.   study
L’archevêque de Paris, qui remarque l’intelligence de l’adolescent, propose à ses parents d’assurer sa protection à condition qu’il entre dans les Ordres. Un tel avenir enchante ses parents mais ne séduit absolument pas Louis-Claude Richard qui, après de vives querelles avec son père, quitte le toit familial. Il a tout juste quatorze ans.

Chirurgien célèbre, Antoine Petit (1722-1794)  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz436    est titulaire des chaires d’Anatomie et de Chirurgie (...)
Louis-Claude Richard part habiter à Paris, dans le quartier latin. Pour gagner sa vie, il recopie et dresse des plans de jardins pour des architectes. Dans le même temps, il suit les cours publics du Collège de France et du Jardin du roi. À cette époque, le Jardin du roi passe insensiblement de son statut d’école de médecine, concurrente de la faculté de médecine de Paris, à ce qui deviendra sa véritable raison d’être grâce à la Révolution, un Musée d’histoire naturelle.

Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette 99487410

Louis-Claude Richard assiste directement à cette lente mutation. Avant la création de la chaire d’Anatomie des animaux et de celles de Zoologie, au Muséum, en 1793, ces disciplines n’existent pas en tant que telles. Dans les cours d’anatomie, Antoine Petit (1722-1794) enseigne exclusivement l’anatomie humaine.
Il n’y a guère que Félix Vicq d’Azyr  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz438  (1748-1794), son suppléant, pour faire quelques démonstrations sur l’anatomie d’autres animaux.
La zoologie dépend pour l’heure des démonstrations de Louis Daubenton Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz439   (1716-1800), garde du Cabinet du roi, où sont conservées les collections d’histoire naturelle.
Pour la botanique, au Jardin royal, Louis-Claude Richard retrouve Bernard de Jussieu, qui lui permet de consulter son herbier et sa riche bibliothèque.
Il rencontre également Antoine-Laurent de Jussieu Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz440   (1748-1836)
et André Thouin Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz441   (1747-1824)
qui replantent alors les parterres de l’école de botanique suivant les familles naturelles établies par Bernard de Jussieu ; il y est d’autant plus sensible que son grand-père a effectué le même travail vingt années auparavant, au Trianon. Comme tous les élèves qui fréquentent le Jardin royal à cette époque, Louis-Claude Richard est convaincu qu’une grande partie de l’histoire naturelle du monde reste encore à découvrir. Il ne cesse de répéter que son unique désir est de voyager. L’occasion ne tarde pas à se présenter.

Au début des années 1780, le marquis de Castries Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz442  , ministre de la Marine, fait part à l’Académie de son désir d’envoyer dans les colonies des Amériques un homme qui soit capable d’en décrire les richesses et d’y faire des essais de cultures, notamment de plantes à épices. L’Académie propose à Louis-Claude Richard d’effectuer ce voyage. Avant son départ, Louis XVI lui assure que son voyage lui sera intégralement remboursé, compte tenu des services rendus par sa famille à la couronne de France depuis plusieurs générations.

Le 6 mai 1781, avide, il embarque pour la Guyane. Il y reste huit années. À partir de Cayenne, où il est en charge du Jardin royal, il visite toute la Guyane, mais également le Brésil et les Antilles (Montserrat, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Thomas, Saint-Domingue, Marie-Galante, etc.). Ignorant la peur et les dangers, Louis-Claude Richard va partout où il peut aller. Il dessine – magnifiquement, paraît-il, mais il ne reste rien de ses carnets –, collecte et observe tout : minéraux, plantes, squelettes, peaux et coquillages (dont il dessine les animaux qui sont à l’intérieur, fait rare pour l’époque). Au bout de huit années, lorsque sa bourse est épuisée, il décide de rentrer en France. Il débarque au port du Havre au printemps 1789. Avec lui, il rapporte des caisses remplies de curiosités naturelles dont un herbier riche de quatre mille plantes.

En huit années, la France a bien changé. Personne ne reconnaît Louis-Claude Richard qui ne reconnaît lui-même plus personne, notamment dans les ministères où il tente en vain d’obtenir le remboursement de ses frais de voyage. Quant au roi, il a d’autres inquiétudes et n’est pas d’humeur à entendre sa requête ; au Jardin royal, ses collections n’intéressent pour ainsi dire personne   Shocked , du moins pas pour le moment.
Louis-Claude Richard, qui a vécu plusieurs mois avec des Indiens Galibis Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz444
dans la forêt vierge, se sent étranger dans son propre pays. Ses quinze frères et sœurs ne peuvent rien pour atténuer ce sentiment. Il devient aigri.

Durant toute la Révolution, il vit retiré du monde et en acquiert une misanthropie dont il ne se départira plus. D’ailleurs, l’un des rares botanistes qu’il fréquente est Jean-Pierre Bergerel (1752-1813), également connu pour être peu sociable. Seul réconfort dans cette période difficile, Louis-Claude Richard se marie en 1790. Son épouse lui donne un fils, le botaniste Achille Richard.
Achille Richard (1794-1852) Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz443 grandit au milieu des collections de son père qui lui transmet très tôt (...)

En octobre 1795, Louis-Claude Richard obtient la chaire de Botanique de l’école de santé de Paris (qui devient l’école de médecine puis la faculté de médecine). Depuis longtemps et bien qu’il porte un intérêt certain à toute l’histoire naturelle – son entrée à l’Institut en section de zoologie en témoigne – la botanique est la seule discipline qui le passionne et en laquelle il excelle.
À l’école de médecine, il fonde un Jardin botanique dans lequel il entretient de nombreuses plantes rares et exotiques, notamment des orchidées. Ses cours magistraux sont complétés par des herborisations à la campagne, dans les environs de Paris. Il n’est pas rare que ces excursions soient suivies par plusieurs centaines d’élèves, comme celles d’Antoine-Laurent de Jussieu, titulaire de la chaire de “Botanique à la campagne” du Muséum national d’histoire naturelle.

Comme Bernard de Jussieu et Michel Adanson, les deux maîtres de son enfance, Louis-Claude Richard ne publie quasiment pas ses travaux. Pressé par quelques-uns de ses amis, il laisse néanmoins des descriptions minutieuses de familles de plantes (il est l’auteur des Butomées, Equisétacées, Lycopodiacées et Characées). Il réalise également la quatrième édition du Dictionnaire élémentaire de botanique (1798) de Pierre Bulliard (1752-1793) et collabore à la Flora boreali-americana (1803) d’André Michaux (1746-1803).
L’ouvrage majeur de Louis-Claude Richard est incontestablement l’Analyse du fruit considéré en général (1808) qui l’élève au rang des plus grands carpologues, dans la lignée de Joseph Gærtner Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz445  (1732-1791). Louis-Claude Richard y définit beaucoup de termes nouveaux encore utilisés aujourd’hui, comme la glume, par exemple, pour désigner l’enveloppe florale des Graminées.
À partir de 1818, à cause de souffrances qui ne cessent de grandir, Louis-Claude Richard doit régulièrement confier ses cours à son fils Achille.
C’est à cette époque qu’il est immortalisé , grâce à la description du genre Richardia  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz447
par le botaniste allemand Karl Kunth  Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Tzolz446    (1788-1850), l’un de ses admirateurs et fidèle ami de son fils Achille. Louis-Claude Richard décède le 7 juin 1821, après être resté alité plusieurs mois.

Thuillier (Jean-Louis), Flore des environs de Paris   Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Image260
2ème éd., Paris : Perronneau, an VII [1799], p (...)
Louis-Claude Richard est l’auteur et le découvreur d’une espèce de la flore de France, Juncus pygmaeus L. C. M. Richard in Thuillier, présente dans l’ouest et le sud de l’Europe, ainsi qu’en Afrique du Nord. Jean-Louis Thuillier (1757-1822), qui avait une instruction semble-t-il limitée, a été aidé par Louis-Claude Richard pour la rédaction de sa Flore des environs de Paris. Ainsi, Louis-Claude Richard s’est-il en quelque sorte dicté à lui-même la définition suivante du Juncus pygmaeus : “Jonc pygmée. Annuel, très petit, glabre. Fleurs agrégées en petites têtes pauciflores, sessiles et pédonculées. Calyces linéaires et striées. Fl. idem ; en juillet et août. Se trouve dans l’étang de Saint-Hubert. C’est Richard, prof, de botanique qui, le premier, a découvert cette plante”.

Claude Richard,  jardinier de Marie-Antoinette Unname95
le Juncus pygmaeus

Bibliographie
Cuvier (Georges), “Éloge historique de M. Richard”, Mémoires de l’Académie des Sciences (Institut), t. 7, 1825, pp. CXCVI-CCX1I.

Jussieu (Antoine-Laurent de), Funérailles de M. Richard, [s.1] : [s.n.], 1821, 5 p.

https://books.openedition.org/mnhn/1926?lang=fr

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