Linda Cristal (1931-2020)

Linda Cristal, de son vrai nom Marta Victoria Moya Peggo Burges est une actrice argentine née le 23 février 1931 à Buenos Aires et décédée le 27 juin 2020 à Beverly Hills en Californie.



Linda Cristal passe d'abord sa jeunesse en Argentine. Son père est Antonio Moya Burges est un immigrant que l'on présentera comme français, un homme de presse qui publie des magazines. Sa mère Rosario Pego sera présentée comme italienne. Les documents consultés ultérieurement établiront qu'ils étaient tous les deux de nationalité espagnole. Dans plusieurs interviews, Linda Cristal a déclaré que son père était entré en conflit avec un gang criminel et avait dû fuir avec sa famille à Montevideo, en Uruguay ; d'autres sources parlent de problèmes politiques quant à l'origine de cette fuite.  À l'âge de 13 ans, ses deux parents meurent d'une intoxication au monoxyde de carbone dans leur voiture.



À l'adolescence, Linda Cristal étudie le chant et le piano au conservatoire Franklin en Uruguay. Lors d'un voyage au Mexique avec son frère aîné, elle est repérée par le producteur Miguelito Alemán qui lui offre un petit rôle dans l'un de ses films. Sous le nom de Linda Cristal, la jeune femme tourne huit films avec l'acteur et producteur Raúl de Anda.



C'est à cette époque que l'actrice décide de tenter sa chance à Hollywood. Elle apprend par une petite annonce parue dans un journal mexicain que United Artists cherche une actrice mexicaine parlant anglais. Elle a 17 ans et ne parle pas anglais. Elle se présente pourtant au casting, obtient le script et un contrat de sept ans. Son premier film américain sera donc un western réalisé par George Sherman, "Comanche", sorti en 1956 avec Dana Andrews.



Le cinéaste Blake Edwards la repère et l'engage deux ans plus tard dans sa comédie "Vacances à Paris", ("The perfect furlough" en 1958), où elle donne la réplique à Tony Curtis et Janet Leigh. Elle incarne une star argentine, Sandra Roca, qui accompagne le caporal Paul Hodges à Paris. Grâce à ce rôle, elle remporte l'année suivante le prix de la révélation de l'année aux Golden Globes.



À la fin des années 1950, elle apparaît majoritairement dans des westerns. Après être apparue dans "Duel dans la sierra" ("The last of the fast guns", 1958), "Le tueur au visage d'ange" ("The Fiend Who Walked the West", 1958), elle apparaît dans "La fin d'un voyou" ("Cry tough»,1959), drame sur les Portoricains à New York.



Linda Cristal tente de briser son image sensuelle d'actrice latino en jouant Cléopâtre dans "Les légions de Cléopâtre" ("Le legioni di Cleopatra"), peplum italien signé Vittorio Cottafavi. Au moment où le film s'apprête à sortir aux Etats-Unis, la 20th-Century Fox annonce qu'elle vient de signer un contrat mirobolant avec Elizabeth Taylor pour la future super production de Joseph L. Mankiewicz, Cléopâtre. Le studio Fox rachète le film de Linda Cristal, le renomme "Les légions du Nil" et lui réserve une sortie limitée en novembre 1960.



Elle joue ensuite aux côtés de John Wayne dans "Alamo" qui l'avait demandée pour le rôle. Elle enchaîne avec un western de John Ford "Les deux Cavaliers" ("Two rode together", en 1961) dans le rôle d'une noble mexicaine kidnappée, face à James Stewart et Richard Widmark.



À la télévision, Linda Cristal restera l'indomptable Victoria Cannon, dans la série télévisée "Le Grand Chaparral". Elle apparaît aussi dans la série western "Rawhide" où le jeune Clint Eastwood fait ses premières armes.



C'est dans "Mr. Majestyk" que Linda Cristal donne son dernier rôle marquant. Signé Richard Fleischer (le réalisateur de "Soleil vert"), ce polar en forme de western moderne sorti en 1973 lui permet de s'offrir une romance avec Charles Bronson. Elle incarne une jolie journalière mexicaine, Nancy Chavez, qui va aider un vétéran du Vietnam reconverti en cultivateur de pastèques à affronter un tueur de la mafia et ses sbires. "Mr. Majestyk" est très souvent cité parmi les films préférés de Quentin Tarantino. En 1988, Linda Cristal sortira une dernière fois de sa retraite pour la série télé "General Hospital".



Linda Cristal s'est mariée en 1950 avec l'acteur argentin Tito Gómez. Le mariage sera annulé après 5 jours. Le 24 avril 1958 à Pomona (Californie), elle épouse Robert Champion, un homme d'affaires dont elle divorce le 9 décembre 1959. En 1960, elle se remarie avec Yale Wexler, un ancien acteur qui travaille dans l’immobilier dont elle divorce en décembre 1966. Elle a eu deux enfants avec lui : Gregory S. Wexler et Jordan R. Wexler



Que dire de Linda Cistal ? Elle était un rêve de cinéaste et de cinéphile.



Elle fut une fabuleuse Cléopâtre (si peu historique, certes...) dans le film de Vittorio Cottafavi, "Les légions de Cléopâtre" ("Le legioni di Cleopatra", 1959)







dont j'avais pu écrire sur ce forum : "Impossible de ne pas parler de Linda Cristal qui épouse ici réellement le rôle de Cléopâtre et qui au-delà de l'Histoire, incarne ici toutes les figures du mythe cléopâtrien (sauf celui de la mère) tour à tour mystérieuse, sensuelle, charnelle, vénéneuse, dangereuse, majestueuse, tendre, triste, perdue, forte, pleine de grandeur, incarnation de la beauté et sacrifiée. Si elle n'est peut-être pas la meilleure Cléopâtre historique, elle est peut-être celle qui incarne le mieux le mythe !" (voir critique complète ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t5220-cleopatre-reine-d-egypte.

Merveilleuse dans le chef-d'oeuvre de John Wayne, "Alamo", dans le rôle de Graciela Carmela Maria 'Flaca' de Lopez y Vejar :





Inoubliable dans un autre chef-d'oeuvre, "Les deux cavaliers" ("Two rode together"), réalisé par John Ford, avec James Stewart et Richard Widmark, l'un des plus grands westerns de l'Histoire du cinéma, avec cette fin si émouvante, dans le rôle d'Elena de la Madriaga :













Alors, que dire d'autre ? Un rêve, je disais...

En passant, quelques très belles photographies de Linda Cristal :


















"Cléopâtrien" n'est-ce pas ?