André-Boniface-Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, dit « Mirabeau-Tonneau »

Quelle famille !!
Je demande cette fois-ci : le fils cadet ! André-Boniface-Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, dont une rare " gravure animée " sera prochainement présentée à l'occasion de la vente aux enchères "Révolution !"

Rare gravure caricaturale d'André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau (1754-1792), dit aussi “Mirabeau Tonneau” ou “Mirabeau-Cravates”
Anonyme
Vers 1790
H. 42 x L. 35 cm (avec cadre)



Note au catalogue :

Gravure découpée, aquarellée, et contrecollée sur un montage articulé formant un petit mannequin mouvant. Le corps formé par trois tonneaux, les bras et les jambes s'ouvrant par l'action d'une ficelle.
Légendée au centre : “A cet ardeur de boire, à ce ventre en tonneau qui ne conoitrai le cadet Mirabeau”.
Exposition : Musée Carnavalet, juillet 1939, 150e anniversaire de la Révolution.



* Source et infos complémentaires : Giquello & Associés - Paris, vente du 21 janvier 2023


A suivre, sa biographie illustrée (qui vaut le détour)...

André Boniface Louis Riquetti (ou Riqueti), vicomte de Mirabeau, dit « Mirabeau-Tonneau » puis « Mirabeau-Cravates »,

André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, dit « Mirabeau-Tonneau » puis « Mirabeau-Cravates », né le 30 novembre 1754 à Paris et mort le 15 septembre 1792 à Fribourg-en-Brisgau, est un militaire, journaliste et homme politique français.

André-Boniface-Louis Riqueti (1754-1792), vicomte de Mirabeau
Anonyme
Dessin, 1789-91
Extrait de Dessins originaux pour la collection de portraits de députés éditée chez Le Vachez
Image : Bibliothèque nationale de France

Biographie :

Fils de Victor Riquetti de Mirabeau, marquis de Mirabeau (dit « l'ami des hommes ») et de Marie-Geneviève de Vassan, frère cadet d'Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, il épouse, en juillet 1788, Marie-Louise-Adélaïde Jacquette de Robien (1756-1814), fille de Pierre Dymas, comte de Robien, procureur syndic des États de Bretagne de 1754 à 1784 et d’Adélaïde-Jeanne-Claudine Leprestre de Châteaugiron.

Marie-Louise-Adélaïde-Jacquette de Robien, vicomtesse de Mirabeau
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
Huile sur toile, 1774
Signé en bas, à gauche : "Mlle Vigée 1774"
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

En garnison à Rennes, il s'y rend rapidement impopulaire par ses punitions imitées de l'armée prussienne. Un ancien élève du collège de Rennes raconte :

« La discipline militaire consistait à battre les soldats à coups de canne, de courroies, de plat de sabre, de baguettes de fusil, de verges d’osier […]. J’ai vu sur le rempart de Rennes, le vicomte de Mirabeau, colonel du régiment de Touraine […] présider lui-même au supplice des militaires qu’il faisait passer par les verges. Il les suivait pas à pas, pour s’assurer de leurs effroyables souffrances […].

Il avait épousé, pour sa riche dot, une demoiselle portant l’un des plus beaux noms parlementaires du pays […]. En rentrant à demi-ivre d’un repas de corps, le colonel rudoya sa femme et la battit; mais il avait affaire à une Bretonne de vieille race. Pendant qu’il cuvait son vin, la mariée appela sa femme de chambre, grande fille de Guérande, forte comme un muletier. Toutes deux le roulèrent dans ses draps, et, comme il était monstrueusement gros, elles l’entortillèrent si bien qu’il ne put s’en dépêtrer; alors, prenant ce qui leur tomba sous la main, elles le battirent sans pitié, comme il le faisait à ses malheureux soldats. »

Caricature anonyme du vicomte de Mirabeau, dit Mirabeau-Tonneau
Gravure anonyme, 18e siècle
Image : Commons wikimedia

Député des États généraux, quand il vint soumettre à son père un projet de discours, celui-ci lui jeta comme une gifle à travers la figure : « Quand on a un frère comme le vôtre aux États Généraux et qu’on est vous, on laisse parler son frère et l’on garde le silence ». Il s'oppose à la réunion des ordres et à l'abolition des privilèges (4 août 1789).


André-Boniface-Louis de Riqueti : vicomte de Mirabeau
Wilbrode-Magloire-Nicolas Courbe (graveur), d'après Charles-Toussaint Labadye (dessinateur du modèle)
Estampe 1789-1791
Image : Bibliothèque nationale de France

Lors de l'enterrement de son père à Argenteuil le 13 juillet 1789, il se présente comme « vicomte de Mirabeau, colonel commandant du régiment de Touraine infanterie », chevalier de Saint-Louis et chevalier honoraire de Saint-Jean de Jérusalem, membre de la Société de Cincinnati et député de la noblesse du Limousin aux états généraux.

Victor Riquetti, marquis de Mirabeau (1715-1789), père du comte et du vicomte de Mirabeau
Joseph Aved
Huile sur toile, 1743
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

André Boniface était presque aussi débauché que son célèbre frère aîné. Obèse, son ivrognerie lui vaut le surnom de « Mirabeau-Tonneau ». Rapidement conscient de n’être que l’ombre de son frère Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, le malheureux André-Boniface constata : « Dans une autre famille, je passerais pour un mauvais sujet et un homme d’esprit, dans la mienne je suis un sot et un honnête homme».

Honoré Gabriel Riqueti (1749-1791), comte de Mirabeau
Jean-Antoine Houdon
Marbre de couleur, 1791
Version du buste exécuté d'après le masque mortuaire du modèle moulé le 3 avril 1791 par le sculpteur
Image : Musée du Louvre / Pierre Philibert

Écrivain possédant de l'esprit, auteur d'innombrables bons mots, il fut aussi le collaborateur du journal les Actes des Apôtres avec Jean-Gabriel Peltier.

Le 4 février 1790, lorsque, Louis XVI annonce qu'il adopte les principes de la constitution, il brise son épée et s'écrie : « Puisque le roi renonce à son royaume, un gentilhomme n'a plus besoin d'épée pour le défendre ».  
Après la mutinerie du régiment de Touraine en juin 1790 où sa conduite autoritaire et maladroite exaspère les soldats, il doit se justifier devant l'Assemblée qui le renvoie devant le Conseil de guerre : il donne sa démission de député en août 1790 et émigre en Allemagne.


Au mois de novembre, il se rend à Turin auprès du comte d’Artois. Ce n’est pas pour lui faire sa cour, mais pour lui demander de l’autoriser et de l’aider à lever une légion. Il devance d’au moins sept mois l’organisation par le prince de Condé d’une armée à Worms.

Le comte d’Artois ayant accepté la création à ses frais de la légion, Mirabeau commence à recruter dans la région de Chambéry. Alors qu’il est à la tête de 100 officiers et de 300 hommes, il décide de rejoindre Condé. Leur regroupement se fait, à partir du 14 mars 1791, en Pays de Bade, dans la partie allemande des États du cardinal de Rohan, à Ettenheim et ses environs. Aussitôt arrivé, Mirabeau recrute, ouvrant des bureaux aussi bien en Allemagne qu’à la frontière suisse, tandis que des émissaires discrets prospectent Colmar et Sélestat.

Charles-Philippe de France, comte d'Artois
Henri-Pierre Danloux
Huile sur bois, 1796-97
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot


La presse républicaine de Strasbourg se déchaîne contre Mirabeau et ses hommes qui n’ont pourtant rien entrepris encore, n’ayant ni équipement, ni armes. Les volontaires affluent de partout. La légion s’étoffe : de 640 fantassins et 134 cavaliers au 26 août, elle passe à 730 et 148 respectivement le 26 octobre 1791.
La troupe de Mirabeau part de Renchen le 23 février 1792 pour gagner par étapes Waldenbuch, où, sous la protection du régiment de Hohenlohe, elle va être complètement formée et instruite. Là va lui parvenir la nouvelle de la déclaration de guerre de la France à l’Autriche, le 24 avril 1792.

Mirabeau en chef d'une légion
Caricature anonyme
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

L’armée de Condé et la Légion noire sont mises à la disposition du prince Esterhazy, commandant l’armée du Rhin. Chargé de commander l'avant garde de l'armée de Condé, une partie du régiment de Berwick-Irlandais suit ses officiers et sort de Landau, avec armes et bagages et rejoignent l’armée des princes. Le vicomte de Mirabeau les incorpore à sa légion. Il engage le combat le 13 août 1792, avec les Français occupant Fort-Louis mais ce n’est qu'une escarmouche sans conséquence.

Il meurt des suites d'une attaque d'apoplexie ou, selon une autre version, en s'embrochant sur l'épée d'un de ses officiers pendant une altercation. Sa dépouille repose dans un ancien cimetière protestant de Fribourg-en-Brisgau.

Les officiers de La Légion de Mirabeau
Johann Jakob Schillinger (1750-1829)
Gouache, vers 1792
Image et infos complémentaires : Jean-Claude Dey, expert

De gauche à droite :
Le marquis d'Aubonne, premier lieutenant des grenadiers commandés par le baron de Corsac ; un volontaire de la compagnie « la Générale » commandée par le capitaine de Blaire ; un maréchal des logis chef de la compagnie des uhlans commandée par le capitaine de Bellerose ; M. le vicomte de Mirabeau en uniforme de chasseurs à pied ; son fils unique, âgé de trois ans, capitaine de « la Générale à cheval »   ; M. le comte de Vitré, capitaine cornette, commandant « la Générale à cheval » ; M. Bernard, capitaine aide-major de cavalerie ; M. le marquis de Garigand, lieutenant-colonel, commandant du bataillon des volontaires ; M. le comte Alexandre d'Ollone, colonel commandant de la cavalerie ; un soldat de la compagnie des Voltigeurs ou Enfants perdus ; un maréchal des logis chef des hussards commandés par le capitaine de Gaule ; M. le baron de Kruchy, capitaine commandant les chasseurs à pied ; M. le comte d'Eberstein, capitaine commandant les volontaires à cheval.

La Légion Noire, dite aussi Les Mirabeau groupe près de 3 000 hommes lui survit. Le marquis de la Feronnière la commande; car le fils de Mirabeau ne peut lui succéder car il n’a que quatre ans.
La vicomtesse de Mirabeau vend la légion noire de Mirabeau au comte Roger de Damas. Il devient propriétaire et colonel de la légion, à charge pour lui de verser chaque année, pendant 10 ans, 3 000 livres à Victor-Claude, fils d'André-Boniface-Louis Riquetti de Mirabeau. Désormais cette légion porte le nom de Damas a une histoire glorieuse jusqu’en avril 1798, où ses diverses unités sont incorporés dans les régiments de l’armée de Condé lorsque celle-ci est prise à la solde de la Russie.
(...)

* Source textes (extraits) :

Wikipedia - André-Boniface-Louis Riquetti de Mirabeau

Wikipedia - La Légion noire de Mirabeau