Colliers portés par les serviteurs noirs.

Qui aurait des renseignements  sur cette"  pratique " de faire porter aux serviteurs noirs de gros colliers dorés .....? Désolée pour la comtesse de Rupelmonde  

Ce sont tout simplement des colliers d'esclave, au sens propre comme au figuré.

Extrait de Wikipedia - Représentation de l'esclavage dans l'art européen

Aspects iconographiques de l'esclavage

(...)
En Europe, de nombreux portraits des membres de la haute société européenne les montrent en compagnie d'esclaves, souvent des enfants, que nous pouvons reconnaître par le port d'un collier en argent considéré comme un collier d'esclave. La représentation du collier en argent est généralement associée à celle d'autres vêtements luxueux, témoignant de l'adresse de l'artiste et de la richesse du maître. De tels colliers étaient en vogue dans les maisons de certains riches Européens aux XVIIe et XVIIIe siècles ; ils étaient gravés du nom du propriétaire. On retrouve ces colliers dans certaines peintures contemporaines.
Chaînes, fers, menottes, colliers d'esclaves, sont les marqueurs iconographiques familiers de l'esclavage, la chaîne brisée étant particulièrement représentative de la sortie de l'esclavage.


Ne pas confondre avec la mode des colliers "en esclavage".

Il semble bien que la possession de jeunes serviteurs noirs perdura durant le dernier quart du XVIIIe siècle. C'était même devenu une mode à laquelle Louis-Sébastien Mercier consacra quelques lignes.

Le singe, dont les femmes raffolaient, admis à leurs toilettes, […] a été relégué dans les antichambres. La perruche, la levrette, l’épagneul et l’angora […] ces êtres chéris ont perdu leur crédit. Les femmes ont pris de petits nègres […] l’enfant noir vit sur les genoux des femmes […] tandis que le père travaille péniblement ce sucre que le Négrillon boit dans la même tasse avec sa riante maîtresse.  

Il semble aussi que beaucoup de ces enfants d'esclaves portaient encore ces colliers monstrueux. En voici des exemples :


Gallerie (sic) des Modes, 1779.


Jeune nègre de Madame la duchesse de Chartres, Carmontelle, Musée Condé, Chantilly.


Narcisse, nègre du duc d'Orléans, vers 1770, Carmontelle, Musée condé, Chantilly.

À propos de ce dernier la comtesse de Genlis écrivit:
Nous avons, au Palais-Royal, un petit nègre qui fait nos délices ; il succède à un autre, qui, devenu grand, est relégué maintenant dans l’antichambre, Narcisse à treize ans et n’est plus maintenant qu’un domestique ; Scipion à sept ans, et c’est le petit nègre des quatre parties du monde le plus caressé et le plus gâté. Il règne depuis quatre ans dans le salon du Palais-Royal, au milieu du plus beau cercle.



Portrait de Zamor ou de Narcisse, André Pujos dessinateur, Musée Carnavalet.

Le jeune Zamor, probable descendant d'une ethnie africaine déportée en esclavage au Bengale, reste le plus connu pour avoir été le nègre de Madame du Barry, femme à la mode s'il en était. Comme ses contemporaines, elle l'habillait somptueusement, non par bonté d'âme, mais pour aller bien dans le décor. Devenu grand, Zamor passa de marionnette chérie à simple domestique comme tous ses congénères. Puis la Révolution venue avec ses idées nouvelles sur la condition des noirs, il se vengea.

Je termine avec ce portrait équestre de Marie-Antoinette par Brun de Versoix où figure un jeune serviteur noir, mais sans collier cette fois.

Marie-Antoinette chassant à courre, vers 1783, Louis-Auguste Brun, dit Brun de Versoix, Collections du Château de Versailles.

Merci beaucoup pour ces informations MJ et LNLN !

Ces colliers sont d'autant plus odieux que, sauf erreur de ma part, ils sont purement symboliques, l'esclavage n'ayant pas d'existence légale en France métropolitaine alors (à l'exception de quelques zones portuaires de transit stratégiques pour le commerce triangulaire).

Merci pour votre aide . Et l'ajout de certains exemples que je n'avais pas.

Quelle abomination ...  

A la télévision nous nous souvenons tous de cette poignante fresque " Roots ", une mini-série réalisée par Marvin J. Chomsky en 1977 et de son héros Kunta Kinte au cou enserré par ce fameux collier, comme ses frères.

Gouverneur Morris a écrit: Ces colliers sont d'autant plus odieux que, sauf erreur de ma part, ils sont purement symboliques, l'esclavage n'ayant pas d'existence légale en France métropolitaine alors (à l'exception de quelques zones portuaires de transit stratégiques pour le commerce triangulaire).

C'est tellement vrai, mon cher Momo, que lorsque la Réunion a engagé une politique mémorielle au 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1998, dans la production de monuments liés à l'esclavage le collier d'esclave d'Alain Padeau a remporté la palme.  Ce collier géant, premier de ce genre commémorant l'émancipation, a été installé à Saint-Paul.
L'œuvre est une sculpture en fer de plus d'une tonne, entouré par 192 noms d'esclaves. Outil de torture directement lié à la mise en servitude des millions de personnes victimes de l'esclavage, il constitue un symbole fort d'une grande signification puisque, ouvert, il renvoie à la liberté inespérée et finalement accordé à ces personnes mises en esclavage.


Le monument d'Alain Louis Padeau est inauguré le 20 décembre 1999, à l'occasion de la cérémonie commémorant la proclamation de l'abolition de l'esclavage sur l'île.
Situé face à la mer, par là où arrivaient les colons et leurs navires négriers qui débarquaient les esclaves, le monument représente un collier d'esclave ouvert, symbole de l'abolition et donc de la liberté rendue aux nouveaux citoyens.
https://memoire-esclavage.org/le-collier-desclave

Gouverneur Morris a écrit: Ces colliers sont d'autant plus odieux que, sauf erreur de ma part, ils sont purement symboliques

Tout à fait d'accord avec vous, quel affreux stigmate que ces colliers dont on affublait sottement les enfants.
Effectivement tout esclave amené en métropole devait être déclaré par son propriétaire, et devenait libre. Ce n'était malheureusement pas toujours respecté.

Oui, une abomination.....Mentalités XVIII ....
Dans le film " Jefferson à Paris", un regard inintéressant sur la "liberté " des serviteurs noirs vivant en France .