Conférence : Napoléon et Marie Antoinette, histoire(s) d'un rendez vous manqué (Charles-Éloi Vial)

Un sujet inédit et intéressant, intelligemment présenté par l'auteur de la nouvelle biographie de référence de Marie-Antoinette et diffusée sur la chaîne YT de la Fondation Napoléon :

Napoléon et Marie Antoinette histoires d'un rendez vous manqué
Charles-Éloi Vial
Conférence, Fondation Napoléon (Fev. 2024)
Durée : 54 mn


Présentation:

A l'occasion de la sortie de sa biographie sur Marie-Antoinette, Charles-Eloi Vial nous explique qu'écrire une biographie de la dernière reine de France, c’est un peu comme parler de Napoléon : les mêmes questionnements assaillent l’historien, les sources posent les mêmes questions et appellent à des critiques comparables. Mieux encore, les acteurs sont souvent les mêmes, les lieux également, et tout le monde, à commencer par l’Empereur en personne, a un avis à donner sur l’Autrichienne. Effectivement, les deux personnages se sont peut-être croisés, ou du moins le jeune Bonaparte a sans doute aperçu la souveraine, mais au-delà de ce détail, ils ont bien plus en commun que l’on pourrait le croire : après l’enfermement et le martyr, dans les deux cas on retrouve un mythe qui déchaîne les passions, et dont l’élaboration parallèle à partir de la Restauration en dit long sur le XIXe siècle et sur son rapport au passé, Mémorial de Sainte-Hélène d’un côté et Mémoires de Mme Campan de l’autre. Étudier Marie-Antoinette, c’est aussi mieux comprendre la légende napoléonienne, l’histoire ne reculant décidément devant aucun paradoxe.

Charles-Éloi Vial, archiviste paléographe, docteur habilité en histoire, est conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Auteur de plusieurs ouvrages sur le Premier Empire, dont Napoléon et les bibliothèques : livres et pouvoir sous le Premier Empire (CNRS, 2021) et Sauver l’Empire : 1813, la fin de l’Europe napoléonienne (Perrin, 2023).

Conférence filmée et illustrée à revoir ici :

La nuit, la neige a écrit: Un sujet inédit et intéressant, intelligemment présenté par l'auteur de la nouvelle biographie de référence de Marie-Antoinette et diffusée sur la chaîne YT de la Fondation Napoléon :

A l'occasion de la sortie de sa biographie sur Marie-Antoinette, Charles-Eloi Vial nous explique qu'écrire une biographie de la dernière reine de France, c’est un peu comme parler de Napoléon : les mêmes questionnements assaillent l’historien, les sources posent les mêmes questions et appellent à des critiques comparables. Mieux encore, les acteurs sont souvent les mêmes, les lieux également, et tout le monde, à commencer par l’Empereur en personne, a un avis à donner sur l’Autrichienne. Effectivement, les deux personnages se sont peut-être croisés, ou du moins le jeune Bonaparte a sans doute aperçu la souveraine,

Cette uchronie séduit à ce point Charles-Eloi Vial qu'il a fait figurer dans le livret central d'iconographie de sa Marie-Antoinette le singulier tableau de Victor Philippe Auguste de Fauque de Jonquières qui figure une délivrance officielle de la reine de sa prison.  A ses côtés nous reconnaissons Marie-Thérèse et le petit Louis-Charles.  


...    que voici dans une meilleure définition.


Victor Philippe Auguste de Fauque de Jonquières (1816-1885),
Napoléon Bonaparte libérant les prisonniers du Temple accompagné de Nicolas Frochot, préfet de la Seine et de Paris,
huile sur toile, signée et datée 1860.

Un tableau étonnant ! Vendu aux enchères en 2022, et préempté par le musée des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.

Dans son livre La famille royale au Temple, page 419 et suivante, l'auteur précise notamment :



(...) Quelques jours après sa prise de pouvoir, le 15 novembre 1799 (24 brumaire an VIII), le nouveau Premier Consul tint à visiter les prisons de la capitale. Il fut suffisamment impressionné par son inspection du vieux donjon pour en parler à son secrétaire Bourrienne : "Quand j'étais au Temple, je n'ai pu me défendre d'un souvenir pour ce malheureux Louis XVI ; c'était un brave homme ; mais trop bon, trop doux ; cela ne savait pas manier les hommes (...). Il y a trop de souvenirs dans cette prison-là, je la ferai abattre un jour".

Lors de sa visite, il fit aussi libérer quelques prisonniers bretons et vendéens, exerçant pour la première fois le droit grâce.


Dans les mois qui suivirent, alors que Bonaparte consolidait son pouvoir, bon nombre d'émigrés furent incarcérés dans l'ancienne prison royale, où les aménagements de 1792 menaçaient ruine. Le mur d'enceinte s'effondrait, les papiers peints tombaient en lambeaux et les cloisons de bois des appartements royaux grouillaient d'insectes. Lucien Bonaparte, comme ministre de l'Intérieur, eut le mérite de lancer quelques travaux de réfection.
(...)

A l'été 1800, les rumeurs dans Paris prétendaient que le Temple renfermait jusqu'à 900 personnes. Dans la réalité, les chiffres étaient moins importants : seuls 201 prisonniers étaient incarcérés sur place en fructidor an VIII (août 1800). Un an plus tard, il y en avait en revanche 487. La série d'arrestations consécutive à l'attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800 avait contribué à remplir les cellules d'opposants au Premier Consul, qu'ils soient blancs ou d'anciens rouges (...)

Ainsi donc la scène de Bonaparte visitant la prison n'est pas entièrement imaginée.    Comme c'est intéressant !  Merci, cher ami, pour toutes ces précisions. Louis XVI,  un brave homme, mais trop bon, trop doux ...   Napoléon évoquera ( à Sainte-Hélène ) une quasi-omerta sur Marie-Antoinette à la Cour de Vienne .