Le Pacte de Famine
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Le Pacte de Famine
J'écrivais, à la Conciergerie,
le Mar 25 Sep 2012 - 12:27
FRANCE-INTER aujourd'hui !!!
par Jean Lebrun
de 13h30 à 14h
La marche de l’histoire
l'émission du mardi 25 septembre 2012
Le blé pendant la Révolution française :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
Le pain est essentiel pour les Français et le souverain indispensable à sa distribution. En cas de pénurie, c'est à lui d'intervenir. Boulanger, ce n'est pas un métier comme les autres mais roi encore moins : non content de guérir -le roi thaumaturge- il lui faut nourrir : le roi... panetier !
Mais l'économie de subsistance est fragile, sujette à disettes. Si le pain manque, n'est-ce pas la faute du souverain qui serait passé du mauvais côté, du côté des affameurs ? Peu à peu, le soupçon gagne.
Le pacte entre le roi nourricier et le peuple inquiet a commencé de se rompre bien avant la Révolution. Laquelle n'a pu que relever le rôle que le souverain ne pouvait plus tenir. L'administration des grains, c'est une affaire de longue durée dans l'histoire .
... pas un mot sur Orléans ... Pourtant la disette factice a été évoquée, notamment par Prévot de Beaumont au sujet duquel je trouve une tartine sur Google ... mais comme dénonçant un pacte de famine royal ( ??? !!! )
Bien, je prends mon petit café tranquillement, avec deux orangettes, et je verrai cela plus tard ...
Or donc :
Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt de Beaumont, né à Beaumont-le-Roger le 24 novembre 17261 et mort à Bernay le 22 décembre 1823 est un avocat français.
Après des études de droit, Le Prévost se fixa à Paris où il occupa une position honorable en qualité de secrétaire et d’avocat du clergé de France.
En 1768, le hasard lui fit prendre connaissance de documents qui ne laissaient aucun doute sur l’existence d’un pacte de famine qui ne visait rien moins que d’acheter à bas prix et d’accaparer le blé de France et de le stocker afin de le faire enchérir les années de bonne récolte, et de le rendre plus cher encore les années de disette, afin de revendre à un prix exorbitant ce qui était gardé dans des magasins hors du royaume et notamment dans les îles de Jersey et Guernesey.
Le Prévost de Beaumont dénonça ce pacte de famine au Parlement de Rouen. Il accusa également le contrôleur général des finances Clément Charles François de L’Averdy d’avoir créé un monopole du commerce du blé et de s’être enrichi personnellement. Les révélations de Jean Charles Guillaume Le Prévost dérangeaient tellement qu’il fut arrêté le 17 novembre 1768 et conduit à la Bastille. Ceci lui valut d’être emprisonné pendant 21 ans sous les règnes de Louis XV et Louis XVI dans cinq prisons françaises : la Bastille de 1768 à 1769, le donjon de Vincennes les 15 années suivantes, Charenton en 1784, Bicêtre jusqu’en 1787, et enfin Bercy de 1787 à 1789. Il a laissé le récit de sa captivité, édité en 1791 sous le titre Prisonnier d’État Jean Charles Guillaume Le Prévost ou tableau historique de la captivité de J.C. G. Le Prévost de Beaumont.
Libéré, le 5 septembre 1789, de la prison de Bercy, où l’avait fait conduire le lieutenant de police Louis Thiroux de Crosne il se remit à écrire, maintenant après 21 années de sévices divers dans les prisons royales, les accusations qui l’avaient fait embastiller. Il n’avait plus pour vivre qu’une modique pension qui lui avait été accordée par l’État en dédommagement de son injuste captivité ...
Je ne connaissais pas ce monsieur . Merci WIKI !
La nuit, la neige, toujours placide ( : )
Merci Elie, je vais écouter cette émission en replay.
Bah...les choses ne changent guère, n’est-ce pas ?
Les spéculateurs font leur beurre sur le dos des masses. C’est encore le cas aujourd’hui, avec les denrées alimentaires de base : blé et autres céréales, riz etc...
Moi :
Trouvé sur le Net !
Dans le Pacte de famine, drame historique en cinq actes, publié en 1857 par P. Foucher et E. Berthet, Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt de Beaumont, héros martyr du despotisme royal, prête son identité au huitième vrai-faux prisonnier libéré de la Bastille au soir du 14 juillet .
Je ne vous rapporte cette anecdote que pour le fun, bien sûr ! Wink
Dans Les secrets de la Bastille tirés de ses archives, Frantz Funck-Brentano écrit que les prisonniers libérés étaient très exactement au nombre de sept, quatre faussaires, le jeune comte de Solages et deux fous .
Il ajoute ( ) :
Il y en eut un huitième, et qu'il serait bien regrettable d'oublier car il est le plus intéressant de tous : un malheureux vieillard qui fut trouvé chargé de chaînes, à moitié nu, avec des cheveux et une barbe de divinité fluviale, au fond d'un cachot où ne pénétrait pas la lumière et dont les murailles suintaient l'humidité ... ( ... )
Des gravures contemporaines nous en ont conservé l'émouvant tableau . Le misérable vieillard, qui gisait là depuis des années et des années, fut comme de juste porté en riomphe par les amis de la liberté aux acclamations d'un peuple en délire .
Il s'appelait le comte de Lorges . Tout cela est d'une certitude absolue; les documents du temps, Mémoires et images, ne permettent pas de le contester; et ce qui est non moins certain et non moins incontestable, c'est que ce comte de Lorges n'a jamais existé .
( Les secrets de la Bastille tirés de ses archives, Frantz Funck-Brentano )
Au terme du Pacte de famine, ses auteurs reprennent cet élément romanesque complètement farfelu, et font de Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt de Beaumont ce vénérable vieillard, bouffé aux mites, croupissant à la Bastille :
M. de Beaumont a été transporté à la Bastille, où il a souffert les mêmes traitements qu’à Vincennes... De là, il a été envoyé à Charenton, et confondu avec les malheureux fous de cette maison, puis à Bicêtre, où il a été confondu avec les assassins, enfin il a été ramené à la Bastille, et il a été oublié ...
Suit le récit épique et grandiose de la prise de la Bastille ... Enfin, Jules ( Beaumont junior ) pénètre dans le trou à rat infect où survit son père, à ses côté le brave Boyrel ...
A la lueur des torches que portaient ses compagnons, car le jour pénétrait seulement dans ce souterrain par un étroit soupirail qui brillait à la voûte comme une étoile près de s’éteindre, il aperçut, gisant sur un peu de paille, une pauvre créature écrasée sous le poids de ses chaînes. C’était un vieillard maigre, jaune, aux membres roidis par l’humidité du cachot. Il était vêtu d’un de ces sarreaux de toile grossière, costume ordinaire des prisonniers de la Bastille. Une longue chevelure blanche et une barbe blanche presque aussi longue que la chevelure, empêchaient de voir son visage profondément sillonné de rides. Il porta péniblement à ses yeux sa main décharnée, comme si l’éclat subit des lumières eût blessé sa vue.
( ... )
Alors Boyrel, dont les yeux étaient pleins de larmes, se mit à genoux devant le vieillard.
– Ami, soupira-t-il, c’est la liberté.
Le prisonnier ne répondit pas ; mais une expression de béatitude céleste se montra sur son visage, comme si un ange se fût penché sur lui pour glisser à ses oreilles des consolations divines.
– Vos sens ne vous trompent pas, Prévot de Beaumont, continua Boyrel, devinant sa pensée ; c’est un homme qui vous parle, c’est un frère...
– Qui êtes-vous donc ? demanda le vieillard après un nouveau silence.
– Je suis, dit Boyrel avec plus de force et avec un accent solennel, je suis un envoyé du peuple que vous avez tant aimé, et je viens vous dire : Prévot de Beaumont, levez-vous, vous êtes libre !
Le prisonnier sembla retrouver une partie de ses facultés ; il s’agita sur la paille.
( ... )
– Attendez, oui, je commence à me souvenir... les pauvres avaient faim, n’est-ce pas ? partout la misère, des figures hâves, des haillons, des cris de rage... moi j’eus pitié de ces souffrances : oui, c’est cela. Il y avait une ligue entre quelques méchants ; moi je voulus briser cette ligue. Oh ! j’y suis maintenant ; le pacte de Famine ! je voulais anéantir le Pacte de Famine !...
***
Pour continuer sur la disette et la rareté du pain, un événement trop peu connu: l'assassinat du boulanger François.
Il suit de quelques jours le transfert de la famille royale de Versailles aux Tuileries .
Un boulanger fut pendu et décapité par le peuple sur la place de Grève à Paris, le 21 octobre 1789. Aussitôt après, l’Assemblée nationale constituante institua la loi martiale. À première vue, cette action nous apparaît comme un lynchage cruel de la part d’émeutiers, mais il s’agissait d’une sanction sociale contre eux. Les députés de la Constituante décidèrent de traiter la violence du peuple par la force, c’est-à-dire la loi martiale.
Osterreich :
Reste à savoir si pendant et après la terreur, cette pauvre femme a continué à toucher cette pension de 600 livres...
Quelle folie dans cette période !!!
Kiki :
Je ne connaissais pas cette histoire en effet. Montlosier a écrit un ouvrage en 4 tomes critiquant la monarchie et vantant les mérites de l'Empire.
Moi :
J'avoue n'avoir pas encore lu Montlosier . On y trouve donc des anecdotes peu connues et pourtant d'importance !
Qui d'autre mentionne ce supplice du boulanger François ?
François Dominique de Reynaud, comte de Montlosier, né à Clermont-Ferrand le 16 avril 1755 et mort dans la même ville le 9 décembre 1838, est un homme politique français. Ses colères contre les hommes de son propres camp le rendent inclassable et cachent une pensée profonde et innovatrice qui a posé les fondements d'une droite moderne dépassant le cadre strict de la Contre-Révolution.
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