Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
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Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Procès-verbal de la prestation de serment dans la salle du Jeu de paume.
Le serment du Jeu de paume est un engagement d’union pris le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de paume, à Versailles, par les 578 députés du Tiers état lors des États généraux de 1789. En réalité, seuls 300 sont présents. Face aux pressions de Louis XVI, ils firent serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution. Cet engagement, dénué d'existence juridique dans le cadre de l'Ancien Régime prévalant encore, a un impact symbolique et politique très fort, qui en fait un moment important des préludes de la Révolution française. Préfigurant la souveraineté nationale et la séparation des pouvoirs, il amènera la réunion des trois ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-États) en une « Assemblée nationale constituante », dont sera issue l'abolition de la féodalité (4 août 1789), la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789), et les grands principes de la Constitution (fin 1791).
Le serment du Jeu de paume est un engagement d’union pris le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de paume, à Versailles, par les 578 députés du Tiers état lors des États généraux de 1789. En réalité, seuls 300 sont présents. Face aux pressions de Louis XVI, ils firent serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution. Cet engagement, dénué d'existence juridique dans le cadre de l'Ancien Régime prévalant encore, a un impact symbolique et politique très fort, qui en fait un moment important des préludes de la Révolution française. Préfigurant la souveraineté nationale et la séparation des pouvoirs, il amènera la réunion des trois ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-États) en une « Assemblée nationale constituante », dont sera issue l'abolition de la féodalité (4 août 1789), la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789), et les grands principes de la Constitution (fin 1791).
Invité- Invité
Re: Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Le serment du Jeu de paume est un engagement d’union pris le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de paume, à Versailles, par les 578 députés du Tiers état lors des États généraux de 1789.
Les raisons
Face aux pressions du roi de France Louis XVI, ils décident de prêter serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution: C'est le début de la souveraineté nationale et de la séparation des pouvoirs. Il amènera la réunion des trois ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-États) en une « Assemblée nationale constituante », dont sera issue l'abolition de la féodalité et des privilèges le 4 août 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen le 26 août 1789.
Les débuts
Au début de la Révolution française, une dispute a lieu entre entre le tiers état d’une part, le roi et les ordres privilégiés (Clergé et Noblesse) d’autre part. Cette Assemblée souhaite des réformes qui permettront d’accéder au pouvoir : souveraineté nationale, fin de la société d’ordres, égalité devant l’accès aux emplois publics, grandes libertés et égalité devant la justice.
Le 6 mai 1789, les députés du tiers état veulent de se réunir avec les représentants des deux autres ordres. Après un mois de discussion et de négociation, ils décident de prendre l’initiative en invitant leurs collègues à les rejoindre et vont accepter. Les députés du tiers sont en danger, ils décident le 17 juin de se proclamer "Assemblée nationale". Les députés du clergé, majoritairement de simples curés, soutiennent ce coup d’État notamment l'abbé Emmanuel-Joseph Sieyès sans violence et décident le 19 juin de se joindre à eux.
Louis XVI résiste. Il prévoit de réunir, le 22 juin, les députés des trois ordres lors d’une séance royale où il casserait toutes les décisions du Tiers. Le 20 juin 1789, sous prétexte de réparations à faire pour la prochaine séance, les gardes interdisent aux députés du tiers état, l’accès à la salle de l’hôtel des Menus Plaisirs, où se tenaient les états généraux donc ils vont se réunir dans la salle du Jeu de paume, à Versailles ordonné par Maximilien de Robespierre.
Aidé par le député Jean-Joseph Mounier, l'abbé Emmanuel-Joseph Sieyès rédige la formule du serment du Jeu de paume, « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ».
Ce texte est lu par Jean-Sylvain Bailly.
Ce serment est voté à la majorité.
Le 23 juin, le tiers montre sa volonté de tenir son serment. Prenant la parole devant l’Assemblée, Louis XVI casse les décisions du tiers et interdit aux trois ordres de siéger en commun. Il promet pourtant quelques réformes (égalité devant l’impôt, abolition de la taille, des corvées, des lettres de cachet, etc.) et conclut en enjoignant aux représentants de se retirer.
Le souverain parti, les gardes semblent vouloir disperser par la force les députés du Tiers qui refusent d’obéir. Quelques députés de la noblesse, dont La Fayette mettent la main à l’épée. C’est à ce moment que Mirabeau aurait dit la fameuse phrase, dont plusieurs versions existent: « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! ».
Le roi capitule. « Eh bien, dit-il, s’ils ne veulent pas s’en aller, foutre !!! qu’ils restent ! »
Le 27 juin, il ordonne aux privilégiés des deux autres ordres de se joindre au tiers, en une chambre.
... ainsi que deux belles photos de Nikko :
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
La chaine Arte diffuse en ce moment une série de documentaires intitulés Quand l'histoire fait dates.
C'est intéressant, d'autant plus que le format n'est pas très long (une vingtaine de minutes).
Présentation :
Entre élan du récit, réflexion critique et animations ludiques, Patrick Boucheron revisite l’histoire à travers le prisme des grandes dates, inscrites dans les manuels scolaires et la mémoire collective.
Infos complémentaires : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-015950/quand-l-histoire-fait-dates/
L'un des épisodes était consacré au fameux Serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Captures d'écran des procès verbaux de cette séance historique, l'un conservée aux Archives nationales et l'autre à l'Assemblée nationale :
C'est intéressant, d'autant plus que le format n'est pas très long (une vingtaine de minutes).
Présentation :
Entre élan du récit, réflexion critique et animations ludiques, Patrick Boucheron revisite l’histoire à travers le prisme des grandes dates, inscrites dans les manuels scolaires et la mémoire collective.
Infos complémentaires : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-015950/quand-l-histoire-fait-dates/
L'un des épisodes était consacré au fameux Serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Captures d'écran des procès verbaux de cette séance historique, l'un conservée aux Archives nationales et l'autre à l'Assemblée nationale :
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 18160
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Le serment du Jeu de Paume, de Jacques-Louis David
Voici qui me donne l'occasion d'étoffer ce sujet, et prochainement présenté en vente aux enchères...
JACQUES-LOUIS DAVID (PARIS 1748-1825 BRUXELLES) ET ATELIER
Etude pour le Serment du Jeu de Paume
graphite, plume et encre noire et brune, filigrane 'D&C BLAUW/ IV' et sa contre marque blason surmonté d'une fleur de lys
50,5 x 77 cm (19 7/8 x 3/8 in.)
Provenance :
Baron Dominique Vivant Denon (1747-1825), Paris, sa marque de collection (Lugt 779) ; possiblement sa vente après-décès, Paris, Hôtel Drouot, 1er mai 1826, lot 856 'Croquis au crayon et au lavis, pour diverses figures du serment du jeu de paume' ou lot 857 'autres croquis à la plume et au lavis, pour le même sujet'.
Le Serment du Jeu de Paume : genèse d’un tableau inachevé
D’un large format, la présente étude est à mettre en relation avec la célèbre composition révolutionnaire de Jacques-Louis David, le Serment du Jeu de Paume. Le 5 mai 1789, les Etats Généraux se réunissent à Versailles dans l’hôtel des Menus Plaisirs. Le 17 juin, le Tiers-Etat se constitue en Assemblée nationale, rejoint, deux jours plus tard, par le Clergé. Le 20 juin, les députés trouvent porte close et décident de se réunir au Jeu de Paume. Les membres de l’Assemblée installent ainsi un mobilier de fortune et le président Bailly, entouré des secrétaires et des 630 députés, prononce le fameux serment, qui enjoint aux députés de ne plus se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France.
Début mars 1790, selon une inscription dans un carnet de croquis (P. Stein, Jacques-Louis David. Radical draftsman, exhib. cat., New York, Metropolitan Museum of Art, 2022, p. 186), David et son ami le député Edmond Dubois-Crancé proposent à la commission du club des Jacobins (aussi connu sous le nom de Société des Amis de la Constitution) que l’artiste réalise un ambitieux tableau du Serment du Jeu de Paume, en l’honneur de l’Assemblée Nationale.
Mais ce n’est qu’en octobre 1790 que le projet commence, prévu pour être financé par une souscription nationale. Mais deux éléments mettent le projet en péril : le peu d’enthousiasme financier des souscripteurs et la fin de l’unanimité des révolutionnaires de 1789.
En effet, de nombreux députés de l'Assemblée nationale sont considérés comme des traîtres à la Révolution quelques années plus tard (Mirabeau, par exemple). C'est entre autres pourquoi, après de multiples croquis, esquisses et études dessinées, David abandonne son immense toile inachevée, aujourd’hui conservée à Versailles (musée national des châteaux de Versailles et du Trianon, inv. MV 5841 ).
Le serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789
Jacques-Louis David (peintre) ; fond d'architecture de Charles Moreau (peintre)
Huile sur toile, lavis de bistre et crayon noir, 1791-92
H. 370 ; L. 654 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Historique : Partie conservée de la toile commandée à David par la Société des amis de la Constitution, 20 octobre 1790 ; commande confirmée par l'Assemblée Constituante pour être placée dans la salle des séances, 28 septembre 1791 ; dans l'église des Feuillants Saint-Honoré où David avait son atelier, il reste dans l'atelier Topino-Lebrun, 1791-1802 ; en dépôt au Louvre, en mauvais état, 25 juillet 1803 ; demeure au Louvre, 1803-1820 ; resté inachevé, roulé, découpé, il est rendu par le vicomte de Senone, secrétaire général des Musées, qui le remit alors à M. Delahaye, fondé de pouvoir de David exilé, à David en échange des Sabines et de Léonidas, 1820 ; déposé dans l'atelier de Gros jusqu'à la mort de David ; les héritiers de David essaient en vain de le vendre 15000 francs lors de la vente du 17 avril 1826 (n°12) ; acquis par l'Etat, 2400 francs pour le Louvre, à la vente des oeuvres de David, n°8, 19 mars 1835 ; collection Louis-Philippe ; envoyé à Versailles, 14 juillet 1848 (...)
Le présent dessin, réalisé par un membre de l’atelier de Jacques-Louis David puis très probablement retouché parle maître lui-même, s’inscrit dans cette démarche de multiplication des études d’atelier, aussi bien pour les figures que pour l’architecture, les études de draperies, les mises au carreau, ou encore les études peintes. Il nous offre un précieux témoignage de cette grande entreprise picturale davidienne, rendue caduque par le cours tumultueux de l’Histoire, avant que d'être achevée. En dehors de cette immense toile non achevée, mentionnée plus haut (...), la composition entière et détaillée nous est principalement connue grâce à l’étude dessinée la plus aboutie de ce projet, en dépôt au musée du château de Versailles et exposée récemment au Metropolitan Museum of Art de New York (fig. 1 ; inv. M.V. 8409 ; Stein, op. cit., 2022, n° 53 ).
Le serment du Jeu de Paume
Jacques-Louis David (dessinateur)
Plume, encre, lavis et rehauts de blanc sur crayon sur papier, 1791
H. 65,5 ; L. 101 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
L’originalité des techniques utilisées dans l’atelier de David
Avant l’avortement de ce projet ambitieux, Jacques-Louis David s’entoure, dans son atelier, de plusieurs architectes, peintres, dessinateurs et élèves. Cette collaboration avec d’autres artistes est avérée et Antoine Schnapper, dès 1990, indique que l’étude de composition d’ensemble conservée aux Harvard Art Museums de Cambridge (fig. 2 ; inv. 1943.799) a été exécutée avec ‘la collaboration de Charles Moreau (1762-1810), élève et ami de David œuvrant dans son atelier, à la fois peintre et architecte’ (Schnapper, Jacques-Louis David, cat. exp., Versailles, musée national du château de Versailles, 1990, p. 248).
Study for "The Oath of the Tennis Court"
Jacques-Louis David (1748-1825)
Brown and black ink and graphite, squared in graphite, on off-white antique laid paper, c. 1790
66.2 x 99 cm (26 1/16 x 39 in
Given by the artist to his student José de Madrazo y Agudo; his son Federigo de Madrazo y Kuntz (...)
Image : Harvard Art Museums/Fogg Museum, Bequest of Grenville L. Winthrop
Le présent dessin est un nouveau et précieux témoignage inédit de la pratique artistique davidienne. Le député Edmond-Louis-Alexis Dubois-Crancé (1747-1814), qui correspond sur le dessin au personnage modifié sur un morceau de papier silhouetté avec les pieds campés dans le sol et le bras droit levé sera finalement inversé dans la version finale et mis à la place de Maximilien Robespierre (1758-1794) avec sa tête rejetée en arrière et ses mains sur la poitrine.
Le même positionnement de Dubois-Crancé au sol et Robespierre debout sur la chaise derrière lui, deux amis chers de David, se retrouve sur un dessin du maître, rehaussé de lavis gris et d’un aspect plus pictural, conservé en collection particulière française (fig. 3; Stein, op. cit., 2022, n° 52).
Studies of Dubois-Crancé and Robespierre for “The Oath of the Tennis Court”
Jacques Louis David
Pen and black ink, brush and gray wash, over black chalk (left), pen and black ink over black chalk (right), on two joined sheets
ca.1790–91
Collection particulière, France
Image : Pinterest
Ce placement des deux députés ne sera pas retenu mais plutôt inversé dans la composition finale, Robespierre se retrouvant au sol et Dubois-Crancé debout. Il est intéressant de rapprocher cette inversion des vicissitudes de la Révolution et de la situation politique de David : ce dernier, député à la Convention et soutien de Robespierre, accompagne la chute de ce dernier à la fin de la Terreur, et se retrouve en prison. Peut-être le changement de composition, avec un Robespierre descendu de sa chaise, vise-t-il à atténuer le passé robespierriste de David ?
Cette modification de la position d’un personnage à l’aide d’un ajout de papier est un intéressant témoignage des hésitations de l’artiste et de son processus créatif. Cette technique est propre à David et se retrouve sur le dessin le plus abouti de la composition d’ensemble, où un morceau de papier silhouetté autour des figures centrales, dont le président Bailleul, a été découpé et posé par-dessus, à la manière d’un repentir.
Une provenance prestigieuse : la collection du Baron Dominique-Vivant Denon
De même que le dessin en collection particulière représentant Dubois-Crancé et Robespierre et cité précédemment, la présente étude a appartenu à l’un des plus célèbres élèves de David et graveur de cette composition en 1794, Dominique-Vivant Denon.Les deux feuilles portent son cachet de collection, répertorié par Frits Lugt sous le numéro L. 779.
Dominique Vivant Denon
Pierre-Adolphe Hall
Miniature sur ivoire, 1786
Image : Christie's
Notre sujet : Dominique Vivant, baron Denon (1747-1825)
Avant d’être un collectionneur infatigable, directeur des arts au service de Napoléon et premier directeur du Louvre, Vivant Denon fut un artiste passionné d’estampes, qu'il utilisait ‘comme un carnet de notes autobiographiques’ (A. Goetz, ‘Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon, cat. exp., Paris, musée du Louvre, 1999-2000, p. 71). Les soubresauts de la Révolution l'amènent à ‘graver et surtout publier, pour le compte du Comité de salut public, les costumes républicains dessinés par David’ (U. van de Sandt, Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon, cat. exp., Paris, musée du Louvre, 1999-2000, p. 75). C’est probablement dans ce contexte, en tant que proche de David, qu’il entre en possession du présent dessin, mis au carreau à la plume et encre brune.
Les dimensions de la feuille, prises au niveau des traits d’encadrements, correspondent à la taille de la gravure du Serment du Jeu de Paume d’après David, réalisée par Dominique -Vivant Denon au début de l’année 1794, avant la chute de Robespierre en août 1794 (Paris, Bibliothèque nationale de France, cabinet des Estampes, cote : AA5/suppl. relié – David ; op. cit., 1999-2000, n° 55).
Le Serment du Jeu de Paume
Dominique Vivant Denon, d'après Jacques-Louis David
Gravure en taille-douce, 1794
Image : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie
Ce morceau d’histoire inédit, d’un large format, intimement lié au projet gravé et représentant l’une des plus célèbres compositions révolutionnaires de Jacques-Louis David est un précieux témoignage du processus créatif de l’artiste venant retravailler et ajuster en permanence non seulement ses propres œuvres mais également celles de la main des artistes de son atelier.
* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente du 22 novembre 2022
JACQUES-LOUIS DAVID (PARIS 1748-1825 BRUXELLES) ET ATELIER
Etude pour le Serment du Jeu de Paume
graphite, plume et encre noire et brune, filigrane 'D&C BLAUW/ IV' et sa contre marque blason surmonté d'une fleur de lys
50,5 x 77 cm (19 7/8 x 3/8 in.)
Provenance :
Baron Dominique Vivant Denon (1747-1825), Paris, sa marque de collection (Lugt 779) ; possiblement sa vente après-décès, Paris, Hôtel Drouot, 1er mai 1826, lot 856 'Croquis au crayon et au lavis, pour diverses figures du serment du jeu de paume' ou lot 857 'autres croquis à la plume et au lavis, pour le même sujet'.
Le Serment du Jeu de Paume : genèse d’un tableau inachevé
D’un large format, la présente étude est à mettre en relation avec la célèbre composition révolutionnaire de Jacques-Louis David, le Serment du Jeu de Paume. Le 5 mai 1789, les Etats Généraux se réunissent à Versailles dans l’hôtel des Menus Plaisirs. Le 17 juin, le Tiers-Etat se constitue en Assemblée nationale, rejoint, deux jours plus tard, par le Clergé. Le 20 juin, les députés trouvent porte close et décident de se réunir au Jeu de Paume. Les membres de l’Assemblée installent ainsi un mobilier de fortune et le président Bailly, entouré des secrétaires et des 630 députés, prononce le fameux serment, qui enjoint aux députés de ne plus se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France.
Début mars 1790, selon une inscription dans un carnet de croquis (P. Stein, Jacques-Louis David. Radical draftsman, exhib. cat., New York, Metropolitan Museum of Art, 2022, p. 186), David et son ami le député Edmond Dubois-Crancé proposent à la commission du club des Jacobins (aussi connu sous le nom de Société des Amis de la Constitution) que l’artiste réalise un ambitieux tableau du Serment du Jeu de Paume, en l’honneur de l’Assemblée Nationale.
Mais ce n’est qu’en octobre 1790 que le projet commence, prévu pour être financé par une souscription nationale. Mais deux éléments mettent le projet en péril : le peu d’enthousiasme financier des souscripteurs et la fin de l’unanimité des révolutionnaires de 1789.
En effet, de nombreux députés de l'Assemblée nationale sont considérés comme des traîtres à la Révolution quelques années plus tard (Mirabeau, par exemple). C'est entre autres pourquoi, après de multiples croquis, esquisses et études dessinées, David abandonne son immense toile inachevée, aujourd’hui conservée à Versailles (musée national des châteaux de Versailles et du Trianon, inv. MV 5841 ).
Le serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789
Jacques-Louis David (peintre) ; fond d'architecture de Charles Moreau (peintre)
Huile sur toile, lavis de bistre et crayon noir, 1791-92
H. 370 ; L. 654 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Historique : Partie conservée de la toile commandée à David par la Société des amis de la Constitution, 20 octobre 1790 ; commande confirmée par l'Assemblée Constituante pour être placée dans la salle des séances, 28 septembre 1791 ; dans l'église des Feuillants Saint-Honoré où David avait son atelier, il reste dans l'atelier Topino-Lebrun, 1791-1802 ; en dépôt au Louvre, en mauvais état, 25 juillet 1803 ; demeure au Louvre, 1803-1820 ; resté inachevé, roulé, découpé, il est rendu par le vicomte de Senone, secrétaire général des Musées, qui le remit alors à M. Delahaye, fondé de pouvoir de David exilé, à David en échange des Sabines et de Léonidas, 1820 ; déposé dans l'atelier de Gros jusqu'à la mort de David ; les héritiers de David essaient en vain de le vendre 15000 francs lors de la vente du 17 avril 1826 (n°12) ; acquis par l'Etat, 2400 francs pour le Louvre, à la vente des oeuvres de David, n°8, 19 mars 1835 ; collection Louis-Philippe ; envoyé à Versailles, 14 juillet 1848 (...)
Le présent dessin, réalisé par un membre de l’atelier de Jacques-Louis David puis très probablement retouché parle maître lui-même, s’inscrit dans cette démarche de multiplication des études d’atelier, aussi bien pour les figures que pour l’architecture, les études de draperies, les mises au carreau, ou encore les études peintes. Il nous offre un précieux témoignage de cette grande entreprise picturale davidienne, rendue caduque par le cours tumultueux de l’Histoire, avant que d'être achevée. En dehors de cette immense toile non achevée, mentionnée plus haut (...), la composition entière et détaillée nous est principalement connue grâce à l’étude dessinée la plus aboutie de ce projet, en dépôt au musée du château de Versailles et exposée récemment au Metropolitan Museum of Art de New York (fig. 1 ; inv. M.V. 8409 ; Stein, op. cit., 2022, n° 53 ).
Le serment du Jeu de Paume
Jacques-Louis David (dessinateur)
Plume, encre, lavis et rehauts de blanc sur crayon sur papier, 1791
H. 65,5 ; L. 101 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
L’originalité des techniques utilisées dans l’atelier de David
Avant l’avortement de ce projet ambitieux, Jacques-Louis David s’entoure, dans son atelier, de plusieurs architectes, peintres, dessinateurs et élèves. Cette collaboration avec d’autres artistes est avérée et Antoine Schnapper, dès 1990, indique que l’étude de composition d’ensemble conservée aux Harvard Art Museums de Cambridge (fig. 2 ; inv. 1943.799) a été exécutée avec ‘la collaboration de Charles Moreau (1762-1810), élève et ami de David œuvrant dans son atelier, à la fois peintre et architecte’ (Schnapper, Jacques-Louis David, cat. exp., Versailles, musée national du château de Versailles, 1990, p. 248).
Study for "The Oath of the Tennis Court"
Jacques-Louis David (1748-1825)
Brown and black ink and graphite, squared in graphite, on off-white antique laid paper, c. 1790
66.2 x 99 cm (26 1/16 x 39 in
Given by the artist to his student José de Madrazo y Agudo; his son Federigo de Madrazo y Kuntz (...)
Image : Harvard Art Museums/Fogg Museum, Bequest of Grenville L. Winthrop
Le présent dessin est un nouveau et précieux témoignage inédit de la pratique artistique davidienne. Le député Edmond-Louis-Alexis Dubois-Crancé (1747-1814), qui correspond sur le dessin au personnage modifié sur un morceau de papier silhouetté avec les pieds campés dans le sol et le bras droit levé sera finalement inversé dans la version finale et mis à la place de Maximilien Robespierre (1758-1794) avec sa tête rejetée en arrière et ses mains sur la poitrine.
Le même positionnement de Dubois-Crancé au sol et Robespierre debout sur la chaise derrière lui, deux amis chers de David, se retrouve sur un dessin du maître, rehaussé de lavis gris et d’un aspect plus pictural, conservé en collection particulière française (fig. 3; Stein, op. cit., 2022, n° 52).
Studies of Dubois-Crancé and Robespierre for “The Oath of the Tennis Court”
Jacques Louis David
Pen and black ink, brush and gray wash, over black chalk (left), pen and black ink over black chalk (right), on two joined sheets
ca.1790–91
Collection particulière, France
Image : Pinterest
Ce placement des deux députés ne sera pas retenu mais plutôt inversé dans la composition finale, Robespierre se retrouvant au sol et Dubois-Crancé debout. Il est intéressant de rapprocher cette inversion des vicissitudes de la Révolution et de la situation politique de David : ce dernier, député à la Convention et soutien de Robespierre, accompagne la chute de ce dernier à la fin de la Terreur, et se retrouve en prison. Peut-être le changement de composition, avec un Robespierre descendu de sa chaise, vise-t-il à atténuer le passé robespierriste de David ?
Cette modification de la position d’un personnage à l’aide d’un ajout de papier est un intéressant témoignage des hésitations de l’artiste et de son processus créatif. Cette technique est propre à David et se retrouve sur le dessin le plus abouti de la composition d’ensemble, où un morceau de papier silhouetté autour des figures centrales, dont le président Bailleul, a été découpé et posé par-dessus, à la manière d’un repentir.
Une provenance prestigieuse : la collection du Baron Dominique-Vivant Denon
De même que le dessin en collection particulière représentant Dubois-Crancé et Robespierre et cité précédemment, la présente étude a appartenu à l’un des plus célèbres élèves de David et graveur de cette composition en 1794, Dominique-Vivant Denon.Les deux feuilles portent son cachet de collection, répertorié par Frits Lugt sous le numéro L. 779.
Dominique Vivant Denon
Pierre-Adolphe Hall
Miniature sur ivoire, 1786
Image : Christie's
Notre sujet : Dominique Vivant, baron Denon (1747-1825)
Avant d’être un collectionneur infatigable, directeur des arts au service de Napoléon et premier directeur du Louvre, Vivant Denon fut un artiste passionné d’estampes, qu'il utilisait ‘comme un carnet de notes autobiographiques’ (A. Goetz, ‘Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon, cat. exp., Paris, musée du Louvre, 1999-2000, p. 71). Les soubresauts de la Révolution l'amènent à ‘graver et surtout publier, pour le compte du Comité de salut public, les costumes républicains dessinés par David’ (U. van de Sandt, Dominique-Vivant Denon. L’œil de Napoléon, cat. exp., Paris, musée du Louvre, 1999-2000, p. 75). C’est probablement dans ce contexte, en tant que proche de David, qu’il entre en possession du présent dessin, mis au carreau à la plume et encre brune.
Les dimensions de la feuille, prises au niveau des traits d’encadrements, correspondent à la taille de la gravure du Serment du Jeu de Paume d’après David, réalisée par Dominique -Vivant Denon au début de l’année 1794, avant la chute de Robespierre en août 1794 (Paris, Bibliothèque nationale de France, cabinet des Estampes, cote : AA5/suppl. relié – David ; op. cit., 1999-2000, n° 55).
Le Serment du Jeu de Paume
Dominique Vivant Denon, d'après Jacques-Louis David
Gravure en taille-douce, 1794
Image : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie
Ce morceau d’histoire inédit, d’un large format, intimement lié au projet gravé et représentant l’une des plus célèbres compositions révolutionnaires de Jacques-Louis David est un précieux témoignage du processus créatif de l’artiste venant retravailler et ajuster en permanence non seulement ses propres œuvres mais également celles de la main des artistes de son atelier.
* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente du 22 novembre 2022
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
Serment du Jeu de Paume, Jacques-Louis David
La nuit, la neige a écrit: (...) après de multiples croquis, esquisses et études dessinées, David abandonne son immense toile inachevée, aujourd’hui conservée à Versailles
Parmi ces nombreux croquis, présentons notamment cet autre dessin, également conservé à Versailles. Le " coup de crayon " est bien différent du précédent.
Etude pour le Serment du Jeu de Paume
Jacques-Louis David
Vers 1790-91
Plume, encre noire, lavis gris et mine de plomb sur papier crème
Dimensions : H. 49 ; L. 60 cm
Image : RMN-GP Château de Versailles
Ou encore ces quelques autres, provenant de ses carnets de croquis conservés à Versailles et au Louvre :
Carnet de croquis pour le serment du Jeu de Paume (1790-1791)
étui en maroquin rouge et couverture cartonnée de couleur vert foncé
David Jacques Louis (1748-1825)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Images : RMN-GP Château de Versailles
Images : RMN-GP Château de Versailles
Images : RMN-GP Château de Versailles
Images : RMN-GP Château de Versailles
Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais - Photo M. Beck-Coppola
Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais - Photo L. Chastel
Et enfin la peinture à l'huile conservée au musée Carnavalet :
Serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Jacques-Louis David
Huile sur toile, après 1791
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Images : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Quelle enquête ! Quel travail de recherche ! Ce sujet passionnant est magnifiquement illustré.
Toutes ces silhouettes nues très académiques donnent l'impression de statues antiques en mouvement.
Toutes ces silhouettes nues très académiques donnent l'impression de statues antiques en mouvement.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Emmanuel-Joseph Sieyès
L'un des grands acteurs de cette célèbre journée révolutionnaire, dont voici le portrait vendu ce jour aux enchères...
Il faisait partie d'un ensemble de portraits de figures de la Révolution, dessinés par Jean Urbain Guerin, avec notamment ceux de Robespierre, Lafayette et Mirabeau...Vingt deux portraits de profil de députés de l’Assemblée Nationale en 1789, qui furent gravés par Franz-Gabriel Fiesinger, en 1790, puis de nombreuses fois repris par la suite.
Emmanuel-Joseph Sieyès (Fréjus 1748 – Paris 1836)
Jean-Urbain GUERIN (Strasbourg 1761 – Obernai 1836)
Crayon noir et estompe
14,5 x 11,8 cm
Doublé sur un montage ancien, cachet du monteur (L.172) en bas au centre
(...)
Note au catalogue :
Emmanuel-Joseph Sieyès, abbé et intellectuel influent, joue un rôle crucial pendant la Révolution française. En 1789, il publie le célèbre pamphlet Qu'est-ce que le Tiers État ?, dans lequel il affirme que le Tiers État, représentant la majorité de la population, est la véritable nation et doit avoir un pouvoir politique significatif. Ce texte galvanise les sentiments révolutionnaires et incite les membres du Tiers État à revendiquer leurs droits.
Sieyès est également un acteur clé lors de la formation de l'Assemblée nationale et participe à la rédaction de la Constitution de 1791, qui établit une monarchie constitutionnelle. Cependant, son influence grandit véritablement après la chute de Robespierre en 1794.
En 1795, il devient un membre éminent du Directoire et défend une approche plus autoritaire face à l'instabilité politique.
Son rôle culmine avec le coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799), qu'il orchestre avec Napoléon Bonaparte. Sieyès espère établir un régime stable, mais Napoléon prend rapidement le contrôle, laissant Sieyès en retrait.
* Source et infos complémentaires : Millon - Paris, vente du 26 novembre 2024
Il faisait partie d'un ensemble de portraits de figures de la Révolution, dessinés par Jean Urbain Guerin, avec notamment ceux de Robespierre, Lafayette et Mirabeau...Vingt deux portraits de profil de députés de l’Assemblée Nationale en 1789, qui furent gravés par Franz-Gabriel Fiesinger, en 1790, puis de nombreuses fois repris par la suite.
Emmanuel-Joseph Sieyès (Fréjus 1748 – Paris 1836)
Jean-Urbain GUERIN (Strasbourg 1761 – Obernai 1836)
Crayon noir et estompe
14,5 x 11,8 cm
Doublé sur un montage ancien, cachet du monteur (L.172) en bas au centre
(...)
Note au catalogue :
Emmanuel-Joseph Sieyès, abbé et intellectuel influent, joue un rôle crucial pendant la Révolution française. En 1789, il publie le célèbre pamphlet Qu'est-ce que le Tiers État ?, dans lequel il affirme que le Tiers État, représentant la majorité de la population, est la véritable nation et doit avoir un pouvoir politique significatif. Ce texte galvanise les sentiments révolutionnaires et incite les membres du Tiers État à revendiquer leurs droits.
Sieyès est également un acteur clé lors de la formation de l'Assemblée nationale et participe à la rédaction de la Constitution de 1791, qui établit une monarchie constitutionnelle. Cependant, son influence grandit véritablement après la chute de Robespierre en 1794.
En 1795, il devient un membre éminent du Directoire et défend une approche plus autoritaire face à l'instabilité politique.
Son rôle culmine avec le coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799), qu'il orchestre avec Napoléon Bonaparte. Sieyès espère établir un régime stable, mais Napoléon prend rapidement le contrôle, laissant Sieyès en retrait.
* Source et infos complémentaires : Millon - Paris, vente du 26 novembre 2024
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
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