Jean-Pierre Claris de Florian
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Jean-Pierre Claris de Florian
J’aimerais vous présenter ici le chevalier de Florian, qu’on connaît encore vaguement grâce à ses Fables. De son vivant il était célèbre, surtout à Paris, où il a côtoyé les grands de son temps. Plusieurs œuvres de sa main sont dédicacées à la reine Marie-Antoinette, au duc de Penthièvre et sa fille Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (duchesse de Chartres et plus tard duchesse d’Orléans), et puis aussi à la princesse de Lamballe.
Jean-Pierre Claris de Florian naît le 6 mars 1755 à Sauves, dans le Languedoc. Il est le premier enfant de Gillette Salgues et François de Claris, chevalier de Florian, qui, étonnamment pour l’époque, ont contracté un mariage par amour, de surcroit un mariage mixte : Gillette étant protestante, et François catholique.
Florian perdra sa mère en 1757, qui mourra dans les couches en donnant au monde un troisième enfant, qui ne survivra pas non plus.
Il ne lui reste que son petit frère né en 1756, mais qui n’est pas en bonne santé ; déjà depuis sa naissance il est tout contrefait et ne vivra pas longtemps.
Grâce à un caractère vigoureux et un esprit vif hérités par sa mère, Florian tiendra bon, pourtant il oscillera toute sa vie entre joie et mélancolie ; la prose qu’il écrira plus tard le reflète assez bien.
Il lui est permis de passer beaucoup de temps au château de ses ancêtres : le château de Florian, situé en piémont cévenol, en la présence de son grand-père. Les magnifiques paysages dorés par le soleil du Midi s’imprègnent dans son esprit, lorsqu’il fait des randonnées à travers les champs et les montagnes dans les environs du château. Plus tard, dans sa pastorale intitulée « Estelle », considérée comme le premier roman régional, Florian évoque son beau pays du Languedoc : « (…) je veux célébrer ma patrie, je veux peindre ces beaux climats où la verte olive, la mûre vermeille, la grappe dorée, croissent ensemble sous un ciel toujours d’azur ; où, sur de riantes collines, semées de violettes et d’asphodèle, bondissent de nombreux troupeaux ; où enfin un peuple spirituel et sensible, laborieux et enjoué, échappe aux besoins par le travail, et aux vices par la gaieté. (…) Je te salue, ô belle Occitanie, terre de tous les temps aimée des peuples qui t’ont connue. »
Lorsque Florian a dix ans, son oncle quelque peu exubérant Philippe Antoine de Claris, qui s’appelle lui-même « marquis de Florian », l’amène à Ferney pour qu’il fasse connaissance à Voltaire :
Le marquis a épousé une des nièces de Voltaire et il est donc parenté au « Grand Patriarche ». Dans le domaine de Ferney, Florian fait connaissance également à l’épouse de son oncle, sœur de Mme Denis. Ces deux femmes, ainsi que Voltaire lui-même, tombent tout de suite sous le charme de ce « Florianet » gai et espiègle. Mme de Florian se chargera de parfaire l’éducation du petit Florian, tandis que Voltaire fait naître en lui le goût pour le théâtre, renforcé encore par l’arrivée de Mlle Clairon à Ferney pendant l’été de 1765. Elle est une grande amie de Voltaire et considérée à cette époque comme la déesse de l’art dramatique. Tout ceci évoquera en Florian un tel engouement pour la scène théâtrale que, dans les années suivantes, il ne se lassera jamais de monter sur scène lui-même, à partir de 1779 également dans les pièces de théâtre de sa propre main.
Le séjour de Florian à la cour de Voltaire durera trois ans. Son oncle, soucieux de la carrière de son neveu, l’amènera à Paris, où il vit dans son hôtel loué rue d’Anjou-au-Marais (l’actuelle rue Pastourelle). Florian se fait introduire par le marquis et la marquise dans leur cercle d’amis où brillent l’esprit et la joie-de-vivre. Il y a là les Suard, les d’Argental, le marquis de Thibouville ainsi que Marmontel, le chevalier de Chastellux et de Saint-Lambert. Le va-et-vient de ce cercle spirituel a sans doute stimulé Florian d’entamer lui-même une carrière littéraire.
Mais pour l’instant il lui faut une situation qui lui permettra de pourvoir dans ses besoins matériels. Dès que le marquis de Florian a eu vent d’un poste de page qui s’était libéré dans la suite du duc de Penthièvre, il court avec son neveu à Luciennes (actuellement Louveciennes) par une belle matinée du printemps 1768, où le duc se trouvait au chevet du lit de son fils le prince de Lamballe, qui se mourait dans des douleurs atroces suite à une maladie vénérienne contractée auprès d’une des filles de plaisir qu’il fréquentait assidument. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour apporter ses lettres de recommandation, pourtant le duc était plutôt favorable à la candidature de Florian malgré la petite taille de ce dernier :
« J’avais beau me hausser sur la pointe des pieds, dans les grandes bottes fortes que j’avais, racontera Florian, je ne gagnais pas assez de pouces pour paraître digne de l’état pagique ; cependant le prince me sut gré de ma bonne volonté, et, pour me prouver la sienne, il consentit à me prendre à l’essai. »
Aussitôt les deux cents ans de noblesse prouvés et la pension de 600 livres assurée, Florian entrait au service du bon duc de Penthièvre. Il fallait qu’il passe son noviciat au château de Versailles sous la férule d’abbés incompétents et prétentieux, selon ses propres dires.
Dans la Maison du duc, plongée dans le deuil et la mélancolie depuis la mort du fils unique du duc de Penthièvre, Florian apparaît comme une lueur de vie, apportant un rayon de soleil du Midi.
Rapidement il sait conquérir tous les cœurs, notamment ceux de la fille du duc, Louise-Marie Adélaïde, et de sa belle-fille la princesse de Lamballe. Il égaie leurs soirées avec ses rires et ses boutades.
Après quelques mois, Florian devra accompagner le duc lui-même dans tous ses déplacements. Ce sera la course entre bon nombre de châteaux, car les possessions du duc sont immenses. Ainsi Florian allait être confronté aux fastes de la vie de cour.
Fêtes, cérémonies et réceptions se succèdent. Aussi Florian assistait-il au mariage de Louise-Marie Adélaïde avec le duc de Chartres en 1769, et l’année suivante il suit le duc de Penthièvre à La Muette pour accueillir la dauphine Marie-Antoinette. Il sera de toutes les fêtes à Versailles et ailleurs. Lors de l’entrée du dauphin et de la dauphine à Paris, il se trouve dans la loge de la duchesse de Chartres et de la princesse de Lamballe. Touché par le drame de l’incendie qui se produit, causant des centaines de morts, il écrira son premier ouvrage littéraire sous la forme d’une homélie, suite à un pari avec le duc de Penthièvre pour savoir si le « Pulcinella » si gai et vif (ainsi que le duc le désignait) était capable de rédiger une homélie. Il s’en sortit très bien, le duc est épaté et Florian gagna le pari.
Mais sa vraie carrière littéraire débutera avec un genre plus joyeux : le théâtre.
Début 1779 Florian travaille sans relâche pour terminer la rédaction de sa première pièce de théâtre qu’il intitulera « Les deux billets », montée sur scène en février de la même année à la Comédie Italienne. Il y introduit le personnage d’Arlequin, tombé dans l’oubli avec la disparition de Marivaux en 1763. Un Arlequin un brin naïf et plein d’humour.
Après tant de saisons théâtrales de drames larmoyants et de tragicomédies lassantes, cette pièce légère au langage pur et vrai a été accueillie à Paris comme un soulagement. Son succès est tel que même la reine en demande la lecture à Versailles.
D’autres pièces suivent, des échecs mais aussi d’autres succès, comme la pièce de théâtre intitulée « Le bon ménage », représentée à Versailles devant Leurs Majestés le 28 décembre 1782 et dédicacée à Marie-Antoinette, ce qui est assez curieux quand on connaît la vie intime du couple royal :
Entretemps Florian a tout fait pour s’assurer des revenus fixes en obtenant du duc de Penthièvre, non sans difficultés, une place de gentilhomme dans son service. Il en avait grand besoin, car son père étant criblé de dettes, il a fallu vendre le château de Florian, et payer les dettes les plus urgentes aux créanciers impatients. Quand son père mourra en 1784, Florian continuera à rembourser les dettes de son père et de son grand-père jusqu’à la fin de ses jours afin de sauver l’honneur de sa famille.
Florian a vingt-sept ans, et sa carrière littéraire prend son envol : à l’instar de Marie-Antoinette travestie en villageoise dans son Hameau, la princesse de Lamballe et la duchesse de Chartres habillées en gaulle, et Mme Vigée-Lebrun les portraiturant toutes dans leurs habits champêtres, coiffées d’un chapeau de paille, Florian remet au goût du jour la pastorale. En 1783 il fait éditer une traduction libre de la pastorale « Galatée » de Cervantès, qui devient rapidement un grand succès de librairie :
Ouvrage qu’il dédie à la duchesse de Chartes (dans mon édition de 1788 devenue duchesse d’Orléans) :
L’année d’après, en 1784, il fait éditer ses « Nouvelles », dont la charmante dédicace s’adresse à la princesse de Lamballe, qu’il fréquente souvent à l’hôtel de Toulouse ou dans sa demeure à Passy pour égayer les soirées solitaires de la princesse avec ses propos charmants et ses bouts rimés :
Dans ces « Nouvelles » figure d’ailleurs une poésie qui commence ainsi :
« Plaisirs d’amour ne durent qu’un instant
Chagrins d’amour durent toute la vie… »
Mise en musique plus tard par le compositeur Martini, cette romance est devenue célèbre.
Florian, le grand enfant aimable et espiègle, ne se contente pourtant pas de simplement plaire au public avec ses écrits. Une ambition le ronge : il veut une renommée officielle. Et où la chercher mieux qu’à l’Académie Française ? Etre membre des Académies de Madrid et de Florence ne lui suffit apparemment pas.
Le seul inconvénient c’est son âge, même si quelques prédécesseurs étaient moins âgés que lui lorsqu’ils y entraient.
C’est peut-être dans ce but, afin d’affronter les membres critiques et sérieux de l’Académie, qu’il publiait en 1786 son roman historique « Numa Pompilius, second roi de Rome » qui se veut un nouveau Télémaque, sérieux et moralisant. Ce qui fit dire à l’académicien La Harpe : « C’est parce qu’il y a un Télémaque qu’il ne fallait pas en faire un second. » Florian avait donc visiblement raté son coup.
Toutefois, il lui reste encore un espoir : le couple royal. Ayant pris Louis XVI comme exemple pour son roi Numa bon et vertueux, il en était venu à dédicacer son roman à Marie-Antoinette, avec les paroles que voici :
Jean-Luc Gourdin, dans sa très belle biographie dédiée à Florian, se demande à juste titre quelle mouche aurait bien pu piquer Florian pour dédicacer son ouvrage à une reine cible de toutes les calomnies à cette époque où le scandale du collier avait déjà retenti dans toute l’Europe.
Vu ses ambitions, il est très probable que ce fut dans le but d’obtenir des voix pour une future candidature à l’Académie Française.
Quoiqu’il en soit, le 4 mars 1786 Florian court à Versailles pour présenter son livre au roi et à la reine. Louis XVI se montre très élogieux, contrairement à Marie-Antoinette, qui aurait dit dans son intérieur : « Quand je lis Numa, il me semble que je mange de la soupe au lait. »
Après coup, Florian a peut-être dû regretter d’avoir dédicacé son roman à la reine. Il le regrettera sans nul doute pendant la Révolution, mais nous y reviendrons plus tard.
Tout ceci ne l’empêche pas de poursuivre ses ambitions. Car non seulement Florian veut-il être parmi les Quarante à l’Académie, aussi rêve-t-il d’être lieutenant-colonel et d’obtenir la croix de Saint-Louis. Une gourmandise de distinctions qui va bientôt être récompensée.
Fin 1787 le cardinal de Luynes, qui avait béni le mariage malheureux de la princesse de Lamballe vingt ans plus tôt, se meurt et il laissera un fauteuil vacant à l’Académie Française. Cette fois-ci Florian se sent prêt pour tenter sa chance. Lucide, il écrit à son ami Boissy d’Anglas : « (…) j’ai déjà mis en jeu mes princes, mes princesses, mes amis. J’ai cru longtemps que le travail seul devait conduire aux récompenses ; je m’amende, et, pour cette seule fois, je vais employer d’autres moyens. » Moyens plus que nécessaires, car il remporte le siège à l’Académie avec quinze voix contre quatorze pour son rival M. Vicq d’Azyr, médecin de la reine, « qui ne sait écrire que des ordonnances » comme le dit Florian sur un ton sarcastique.
C’est le 14 mai 1788 que Florian donne son discours de réception à l’Académie Française dans une ancienne salle du Vieux-Louvre mise jadis à disposition de l’Académie par Louis XIV. Dans l’audience se trouvent le petit-fils du Roi-Soleil le duc de Penthièvre, sa fille et sa belle-fille. Florian reconnaît dans son discours que c’est plutôt le petit-neveu de Voltaire que les Quarante ont voulu accueillir au sein de l’Académie, pour honorer la mémoire du grand philosophe. Ensuite il se répand en louanges pour le duc de Penthièvre et ses deux filles.
Quant à la récompense militaire, une fois devenu lieutenant-colonel des Dragons de son duc protecteur, c’est encore grâce au duc de Penthièvre que Florian obtint la croix de Saint-Louis des mains du roi sans entrave aucune. Il a simplement fallu que le duc envoie un gentil mot au ministre de la Guerre, le comte de Brienne, lui-même ami avec Mme de La Briche, qui était une grande amie de Florian, et le tour fut joué.
On peut donc considérer Florian comme véritable enfant gâté du siècle des Lumières ; tout lui semble réussir parfaitement grâce à son réseau social qu’il a habilement su mettre à son profit pour faire valoir ses talents littéraires qu’il possédait sans aucun doute, plus que ses talents militaires, qui étaient quasi inexistants.
Au comble de sa gloire, va paraître une dernière pastorale : « Estelle » que j’ai déjà évoqué au début de mon récit.
Hélas, le zénith de la carrière de Florian coïncide avec les nuages sombres qui s’amoncellent au-dessus de la France, et l’heure n’est plus aux pastorales. Même s’il faut reconnaître que dans ce petit ouvrage de Florian dégage toute sa sensibilité poétique dans les belles descriptions ciselées des paysages de son enfance, ses contemporains se lassaient un peu de ne voir que des gens bons et vertueux dans ses écrits pastoraux. Ce qui fit écrire au poète Lebrun cette épigramme venimeuse :
« Dans ton beau roman pastoral,
Avec tes moutons pêle-mêle,
Sur un ton bien doux, bien moral,
Berger, bergère, auteur, tout bêle.
Puis, bergers, auteur, lecteur, chien
S’endorment de moutonnerie.
Pour réveiller ta bergerie,
Oh ! Qu’un petit loup viendrait bien ! »
:
Ayant vécu en temps de paix dans sa bulle princière, Florian ne s’était jamais préoccupé de politique. C’est donc malgré lui que Florian fut entrainé dans le tourbillon révolutionnaire qui effaça petit à petit tout ce qui lui était cher : amis, société, littérature. Avec ses qualités pour plaire dans la société, son amabilité, ses facéties spirituelles et son goût pour la solitude studieuse, Florian n’avait pas suffisamment de ressources pour faire face aux heures sombres de la Révolution. Mais comme je n’ai pas vécu ces moments de grands troubles et de terreur, je me garde bien de critiquer le comportement de Florian pendant la Révolution.
S’il avait accueilli la Révolution avec enthousiasme comme tant d’autres nobles, Florian semblait paralysé par la Terreur, incapable d’agir, évidemment en risquant sa tête à cause de son passé d’enfant gâté de l’Ancien Régime.
Mais dans la ville de Sceaux on aime encore bien le ci-devant gentilhomme du duc de Penthièvre, et on l’y invite en août 1789 à devenir commandant en chef de la milice bourgeoise. C’est dans cette qualité qu’il préside l’année d’après à la Fête de la Fédération.
Quand l’indiscipline gagne ses troupes suite aux événements politiques néfastes pour la Monarchie après la fuite manquée de la famille royale, Florian n’aimerait rien de plus au monde que de se défaire rapidement de son titre de commandant en chef de la milice bourgeoise.
Quant à son travail littéraire, il semble que la Révolution n’ait pas de prise sur son inspiration créatrice. En mai 1792 paraissent les « Nouvelles nouvelles », suite des « Nouvelles » publiées en 1784 :
Et enfin, après tant d’années de rédaction, poussé aussi par le duc de Penthièvre qui préférait que Florian se mette à écrire des fables plutôt que des comédies, il fait publier en décembre 1792 bon nombre de fables dans un seul recueil. Un véritable bestseller dans cette période si peu encline aux agréments de la lecture, au moment où tout le monde ne demande que les gazettes pour suivre le jugement de Louis Capet :
Le jour tragique de l’horrible assassinat de la princesse de Lamballe en septembre de cette année, Florian n’était pas à Paris mais au château d’Hornoy entouré de ses amis. Sous le choc par tant de barbarie, les détails de sa mort atroce lui furent heureusement épargnés. D’un seul coup il voit ébranlé tout espoir d’un revirement de la situation politique dans un pays où les assassinats ne restent pas seulement impunis mais sont de surcroît encouragés.
Le doux Florian si rayonnant de bonheur autrefois, commence à avoir des accès d’humeur et sombre dans la dépression.
Quand survient la mise à mort de Louis XVI et ensuite le décès du duc de Penthièvre, Florian voit mettre sous doubles scellés l’hôtel de Toulouse où il avait son appartement. Dès lors, il se voit obligé de quitter la capitale. Il choisit de vivre caché à Sceaux, mais non pas au château du feu duc, mis sous scellé également. N’a-t-il pas écrit dans une de ses fables : « Pour vivre heureux, vivons cachés ? ».
Florian écrit à Mme de La Briche qu’il a fait ses adieux à la société et qu’il ne veut désormais consacrer du temps qu’à l’étude de l’histoire et sa traduction du Don Quichotte, entamée déjà en 1792.
Quand tous les nobles seront proscrits sans exception, et la loi des suspects de la Convention entrera en vigueur, Florian voit que la route vers Paris se barre définitivement.
Alors, dans sa naïveté, Florian, s’estimant bon citoyen républicain, commet une grande imprudence, qui mènera à son incarcération : aidé par son ami le député Boissy d’Anglas, il rédigera une requête adressée au Comité de salut public de la Convention nationale en juin 1794, où il formule la demande d’un passeport qui lui permet d’aller à Paris pour faire des recherches afin d’écrire une histoire ancienne au service de l’éducation nationale de la République et pour voir son éditeur en vue de la publication prochaine de son Don Quichotte.
Lors de l’audience accordée à Boissy d’Anglas par le Comité d’Instruction publique, il présente la requête de Florian. Aussitôt le député Bouquier, auteur dramatique à l’opéra national, célèbre pour ses « sans-culottides », se lève et commence à réciter par cœur la dédicace de Numa Pompilius qui se termine par :
« Reine, votre nom seul assure mon succès,
De Louis, de Vous, des Français
On croira que j’écris l’histoire. »
Bouquier s’exclame : « Que pouvons-nous attendre de bon ou d’utile de l’auteur de ces vers esclaves ? »
Inutile d’insister après cette remarque qui résonne comme une sentence et un appel à la guillotine, Boissy d’Anglas doit battre la retraite et annoncer la nouvelle désastreuse à son ami.
Voilà déjà que le mois suivant, le 14 juillet justement, on frappe à la porte de Florian à Sceaux où l’on l’arrête au nom du Comité du salut public. Il est conduit à la prison de Port-Libre, ancienne abbaye de Port-Royal.
Florian y reste incarcéré jusqu’à la chute de Robespierre, vivant chaque jour dans l’incertitude s’il va devoir monter dans la charrette en direction de l’échafaud. Néanmoins, il parvient encore à entamer une nouvelle œuvre littéraire : « Guillaume Tell ou la Suisse libre », mais les privations endurées dans sa prison, entouré de vacarme, de pleurs et de cris, ont fatalement eu un impact sur la qualité du récit.
La chute de Robespierre étant une certitude, Boissy d’Anglas parvient enfin à faire libérer son ami. Florian se fait reconduire à Sceaux par son fidèle valet Mercier, où il reprend vite ses multiples projets littéraires, mais pas pour longtemps, car sa santé altère à vue d’œil et le 13 septembre 1794 Florian meurt des suites d’une tuberculose contractée déjà quelques années auparavant, mais aggravée par sa détention, ce qui a précipité sa disparition soudaine.
Dans la ville de Sceaux, on a redonné le sourire imprégné du soleil du Midi à Florian en gardant sa mémoire vivante à travers les siècles. A proximité de cette statue :
chaque année au mois de mai, à la Sainte Estelle, ont lieu les Fêtes félibréennes de Sceaux où « la ville de Sceaux fibre au son des flûtes et des tambourins provençaux, aux échos des poésies méridionales, aux couleurs chatoyantes des costumes du pays du soleil »
Sources :
Jean-Luc Gourdin « Florian le Fabuliste, 1755-1794 » aux Editions Ramsay, Paris, 2002
Michel Cointat « Florian 1755-1794, Aspects méconnus de l’auteur de Plaisirs d’amour », Editions L’Harmattan, 2007
Rosny A.J. « Vie de J-P. de Florian, Tome XV des oeuvres complètes », Imprimerie de Didot le Jeune, 1797
PS : j’ai également écrit un article sur Florian et ses goûts champêtres, qui sera prochainement publié dans la Gazette du XVIIIème, à obtenir sans frais par e-mail en adressant un e-mail à esprit.xviii@gmx.fr
Jean-Pierre Claris de Florian naît le 6 mars 1755 à Sauves, dans le Languedoc. Il est le premier enfant de Gillette Salgues et François de Claris, chevalier de Florian, qui, étonnamment pour l’époque, ont contracté un mariage par amour, de surcroit un mariage mixte : Gillette étant protestante, et François catholique.
Florian perdra sa mère en 1757, qui mourra dans les couches en donnant au monde un troisième enfant, qui ne survivra pas non plus.
Il ne lui reste que son petit frère né en 1756, mais qui n’est pas en bonne santé ; déjà depuis sa naissance il est tout contrefait et ne vivra pas longtemps.
Grâce à un caractère vigoureux et un esprit vif hérités par sa mère, Florian tiendra bon, pourtant il oscillera toute sa vie entre joie et mélancolie ; la prose qu’il écrira plus tard le reflète assez bien.
Il lui est permis de passer beaucoup de temps au château de ses ancêtres : le château de Florian, situé en piémont cévenol, en la présence de son grand-père. Les magnifiques paysages dorés par le soleil du Midi s’imprègnent dans son esprit, lorsqu’il fait des randonnées à travers les champs et les montagnes dans les environs du château. Plus tard, dans sa pastorale intitulée « Estelle », considérée comme le premier roman régional, Florian évoque son beau pays du Languedoc : « (…) je veux célébrer ma patrie, je veux peindre ces beaux climats où la verte olive, la mûre vermeille, la grappe dorée, croissent ensemble sous un ciel toujours d’azur ; où, sur de riantes collines, semées de violettes et d’asphodèle, bondissent de nombreux troupeaux ; où enfin un peuple spirituel et sensible, laborieux et enjoué, échappe aux besoins par le travail, et aux vices par la gaieté. (…) Je te salue, ô belle Occitanie, terre de tous les temps aimée des peuples qui t’ont connue. »
Lorsque Florian a dix ans, son oncle quelque peu exubérant Philippe Antoine de Claris, qui s’appelle lui-même « marquis de Florian », l’amène à Ferney pour qu’il fasse connaissance à Voltaire :
Le marquis a épousé une des nièces de Voltaire et il est donc parenté au « Grand Patriarche ». Dans le domaine de Ferney, Florian fait connaissance également à l’épouse de son oncle, sœur de Mme Denis. Ces deux femmes, ainsi que Voltaire lui-même, tombent tout de suite sous le charme de ce « Florianet » gai et espiègle. Mme de Florian se chargera de parfaire l’éducation du petit Florian, tandis que Voltaire fait naître en lui le goût pour le théâtre, renforcé encore par l’arrivée de Mlle Clairon à Ferney pendant l’été de 1765. Elle est une grande amie de Voltaire et considérée à cette époque comme la déesse de l’art dramatique. Tout ceci évoquera en Florian un tel engouement pour la scène théâtrale que, dans les années suivantes, il ne se lassera jamais de monter sur scène lui-même, à partir de 1779 également dans les pièces de théâtre de sa propre main.
Le séjour de Florian à la cour de Voltaire durera trois ans. Son oncle, soucieux de la carrière de son neveu, l’amènera à Paris, où il vit dans son hôtel loué rue d’Anjou-au-Marais (l’actuelle rue Pastourelle). Florian se fait introduire par le marquis et la marquise dans leur cercle d’amis où brillent l’esprit et la joie-de-vivre. Il y a là les Suard, les d’Argental, le marquis de Thibouville ainsi que Marmontel, le chevalier de Chastellux et de Saint-Lambert. Le va-et-vient de ce cercle spirituel a sans doute stimulé Florian d’entamer lui-même une carrière littéraire.
Mais pour l’instant il lui faut une situation qui lui permettra de pourvoir dans ses besoins matériels. Dès que le marquis de Florian a eu vent d’un poste de page qui s’était libéré dans la suite du duc de Penthièvre, il court avec son neveu à Luciennes (actuellement Louveciennes) par une belle matinée du printemps 1768, où le duc se trouvait au chevet du lit de son fils le prince de Lamballe, qui se mourait dans des douleurs atroces suite à une maladie vénérienne contractée auprès d’une des filles de plaisir qu’il fréquentait assidument. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour apporter ses lettres de recommandation, pourtant le duc était plutôt favorable à la candidature de Florian malgré la petite taille de ce dernier :
« J’avais beau me hausser sur la pointe des pieds, dans les grandes bottes fortes que j’avais, racontera Florian, je ne gagnais pas assez de pouces pour paraître digne de l’état pagique ; cependant le prince me sut gré de ma bonne volonté, et, pour me prouver la sienne, il consentit à me prendre à l’essai. »
Aussitôt les deux cents ans de noblesse prouvés et la pension de 600 livres assurée, Florian entrait au service du bon duc de Penthièvre. Il fallait qu’il passe son noviciat au château de Versailles sous la férule d’abbés incompétents et prétentieux, selon ses propres dires.
Dans la Maison du duc, plongée dans le deuil et la mélancolie depuis la mort du fils unique du duc de Penthièvre, Florian apparaît comme une lueur de vie, apportant un rayon de soleil du Midi.
Rapidement il sait conquérir tous les cœurs, notamment ceux de la fille du duc, Louise-Marie Adélaïde, et de sa belle-fille la princesse de Lamballe. Il égaie leurs soirées avec ses rires et ses boutades.
Après quelques mois, Florian devra accompagner le duc lui-même dans tous ses déplacements. Ce sera la course entre bon nombre de châteaux, car les possessions du duc sont immenses. Ainsi Florian allait être confronté aux fastes de la vie de cour.
Fêtes, cérémonies et réceptions se succèdent. Aussi Florian assistait-il au mariage de Louise-Marie Adélaïde avec le duc de Chartres en 1769, et l’année suivante il suit le duc de Penthièvre à La Muette pour accueillir la dauphine Marie-Antoinette. Il sera de toutes les fêtes à Versailles et ailleurs. Lors de l’entrée du dauphin et de la dauphine à Paris, il se trouve dans la loge de la duchesse de Chartres et de la princesse de Lamballe. Touché par le drame de l’incendie qui se produit, causant des centaines de morts, il écrira son premier ouvrage littéraire sous la forme d’une homélie, suite à un pari avec le duc de Penthièvre pour savoir si le « Pulcinella » si gai et vif (ainsi que le duc le désignait) était capable de rédiger une homélie. Il s’en sortit très bien, le duc est épaté et Florian gagna le pari.
Mais sa vraie carrière littéraire débutera avec un genre plus joyeux : le théâtre.
Début 1779 Florian travaille sans relâche pour terminer la rédaction de sa première pièce de théâtre qu’il intitulera « Les deux billets », montée sur scène en février de la même année à la Comédie Italienne. Il y introduit le personnage d’Arlequin, tombé dans l’oubli avec la disparition de Marivaux en 1763. Un Arlequin un brin naïf et plein d’humour.
Après tant de saisons théâtrales de drames larmoyants et de tragicomédies lassantes, cette pièce légère au langage pur et vrai a été accueillie à Paris comme un soulagement. Son succès est tel que même la reine en demande la lecture à Versailles.
D’autres pièces suivent, des échecs mais aussi d’autres succès, comme la pièce de théâtre intitulée « Le bon ménage », représentée à Versailles devant Leurs Majestés le 28 décembre 1782 et dédicacée à Marie-Antoinette, ce qui est assez curieux quand on connaît la vie intime du couple royal :
Entretemps Florian a tout fait pour s’assurer des revenus fixes en obtenant du duc de Penthièvre, non sans difficultés, une place de gentilhomme dans son service. Il en avait grand besoin, car son père étant criblé de dettes, il a fallu vendre le château de Florian, et payer les dettes les plus urgentes aux créanciers impatients. Quand son père mourra en 1784, Florian continuera à rembourser les dettes de son père et de son grand-père jusqu’à la fin de ses jours afin de sauver l’honneur de sa famille.
Florian a vingt-sept ans, et sa carrière littéraire prend son envol : à l’instar de Marie-Antoinette travestie en villageoise dans son Hameau, la princesse de Lamballe et la duchesse de Chartres habillées en gaulle, et Mme Vigée-Lebrun les portraiturant toutes dans leurs habits champêtres, coiffées d’un chapeau de paille, Florian remet au goût du jour la pastorale. En 1783 il fait éditer une traduction libre de la pastorale « Galatée » de Cervantès, qui devient rapidement un grand succès de librairie :
Ouvrage qu’il dédie à la duchesse de Chartes (dans mon édition de 1788 devenue duchesse d’Orléans) :
L’année d’après, en 1784, il fait éditer ses « Nouvelles », dont la charmante dédicace s’adresse à la princesse de Lamballe, qu’il fréquente souvent à l’hôtel de Toulouse ou dans sa demeure à Passy pour égayer les soirées solitaires de la princesse avec ses propos charmants et ses bouts rimés :
Dans ces « Nouvelles » figure d’ailleurs une poésie qui commence ainsi :
« Plaisirs d’amour ne durent qu’un instant
Chagrins d’amour durent toute la vie… »
Mise en musique plus tard par le compositeur Martini, cette romance est devenue célèbre.
Florian, le grand enfant aimable et espiègle, ne se contente pourtant pas de simplement plaire au public avec ses écrits. Une ambition le ronge : il veut une renommée officielle. Et où la chercher mieux qu’à l’Académie Française ? Etre membre des Académies de Madrid et de Florence ne lui suffit apparemment pas.
Le seul inconvénient c’est son âge, même si quelques prédécesseurs étaient moins âgés que lui lorsqu’ils y entraient.
C’est peut-être dans ce but, afin d’affronter les membres critiques et sérieux de l’Académie, qu’il publiait en 1786 son roman historique « Numa Pompilius, second roi de Rome » qui se veut un nouveau Télémaque, sérieux et moralisant. Ce qui fit dire à l’académicien La Harpe : « C’est parce qu’il y a un Télémaque qu’il ne fallait pas en faire un second. » Florian avait donc visiblement raté son coup.
Toutefois, il lui reste encore un espoir : le couple royal. Ayant pris Louis XVI comme exemple pour son roi Numa bon et vertueux, il en était venu à dédicacer son roman à Marie-Antoinette, avec les paroles que voici :
Jean-Luc Gourdin, dans sa très belle biographie dédiée à Florian, se demande à juste titre quelle mouche aurait bien pu piquer Florian pour dédicacer son ouvrage à une reine cible de toutes les calomnies à cette époque où le scandale du collier avait déjà retenti dans toute l’Europe.
Vu ses ambitions, il est très probable que ce fut dans le but d’obtenir des voix pour une future candidature à l’Académie Française.
Quoiqu’il en soit, le 4 mars 1786 Florian court à Versailles pour présenter son livre au roi et à la reine. Louis XVI se montre très élogieux, contrairement à Marie-Antoinette, qui aurait dit dans son intérieur : « Quand je lis Numa, il me semble que je mange de la soupe au lait. »
Après coup, Florian a peut-être dû regretter d’avoir dédicacé son roman à la reine. Il le regrettera sans nul doute pendant la Révolution, mais nous y reviendrons plus tard.
Tout ceci ne l’empêche pas de poursuivre ses ambitions. Car non seulement Florian veut-il être parmi les Quarante à l’Académie, aussi rêve-t-il d’être lieutenant-colonel et d’obtenir la croix de Saint-Louis. Une gourmandise de distinctions qui va bientôt être récompensée.
Fin 1787 le cardinal de Luynes, qui avait béni le mariage malheureux de la princesse de Lamballe vingt ans plus tôt, se meurt et il laissera un fauteuil vacant à l’Académie Française. Cette fois-ci Florian se sent prêt pour tenter sa chance. Lucide, il écrit à son ami Boissy d’Anglas : « (…) j’ai déjà mis en jeu mes princes, mes princesses, mes amis. J’ai cru longtemps que le travail seul devait conduire aux récompenses ; je m’amende, et, pour cette seule fois, je vais employer d’autres moyens. » Moyens plus que nécessaires, car il remporte le siège à l’Académie avec quinze voix contre quatorze pour son rival M. Vicq d’Azyr, médecin de la reine, « qui ne sait écrire que des ordonnances » comme le dit Florian sur un ton sarcastique.
C’est le 14 mai 1788 que Florian donne son discours de réception à l’Académie Française dans une ancienne salle du Vieux-Louvre mise jadis à disposition de l’Académie par Louis XIV. Dans l’audience se trouvent le petit-fils du Roi-Soleil le duc de Penthièvre, sa fille et sa belle-fille. Florian reconnaît dans son discours que c’est plutôt le petit-neveu de Voltaire que les Quarante ont voulu accueillir au sein de l’Académie, pour honorer la mémoire du grand philosophe. Ensuite il se répand en louanges pour le duc de Penthièvre et ses deux filles.
Quant à la récompense militaire, une fois devenu lieutenant-colonel des Dragons de son duc protecteur, c’est encore grâce au duc de Penthièvre que Florian obtint la croix de Saint-Louis des mains du roi sans entrave aucune. Il a simplement fallu que le duc envoie un gentil mot au ministre de la Guerre, le comte de Brienne, lui-même ami avec Mme de La Briche, qui était une grande amie de Florian, et le tour fut joué.
On peut donc considérer Florian comme véritable enfant gâté du siècle des Lumières ; tout lui semble réussir parfaitement grâce à son réseau social qu’il a habilement su mettre à son profit pour faire valoir ses talents littéraires qu’il possédait sans aucun doute, plus que ses talents militaires, qui étaient quasi inexistants.
Au comble de sa gloire, va paraître une dernière pastorale : « Estelle » que j’ai déjà évoqué au début de mon récit.
Hélas, le zénith de la carrière de Florian coïncide avec les nuages sombres qui s’amoncellent au-dessus de la France, et l’heure n’est plus aux pastorales. Même s’il faut reconnaître que dans ce petit ouvrage de Florian dégage toute sa sensibilité poétique dans les belles descriptions ciselées des paysages de son enfance, ses contemporains se lassaient un peu de ne voir que des gens bons et vertueux dans ses écrits pastoraux. Ce qui fit écrire au poète Lebrun cette épigramme venimeuse :
« Dans ton beau roman pastoral,
Avec tes moutons pêle-mêle,
Sur un ton bien doux, bien moral,
Berger, bergère, auteur, tout bêle.
Puis, bergers, auteur, lecteur, chien
S’endorment de moutonnerie.
Pour réveiller ta bergerie,
Oh ! Qu’un petit loup viendrait bien ! »
:
Ayant vécu en temps de paix dans sa bulle princière, Florian ne s’était jamais préoccupé de politique. C’est donc malgré lui que Florian fut entrainé dans le tourbillon révolutionnaire qui effaça petit à petit tout ce qui lui était cher : amis, société, littérature. Avec ses qualités pour plaire dans la société, son amabilité, ses facéties spirituelles et son goût pour la solitude studieuse, Florian n’avait pas suffisamment de ressources pour faire face aux heures sombres de la Révolution. Mais comme je n’ai pas vécu ces moments de grands troubles et de terreur, je me garde bien de critiquer le comportement de Florian pendant la Révolution.
S’il avait accueilli la Révolution avec enthousiasme comme tant d’autres nobles, Florian semblait paralysé par la Terreur, incapable d’agir, évidemment en risquant sa tête à cause de son passé d’enfant gâté de l’Ancien Régime.
Mais dans la ville de Sceaux on aime encore bien le ci-devant gentilhomme du duc de Penthièvre, et on l’y invite en août 1789 à devenir commandant en chef de la milice bourgeoise. C’est dans cette qualité qu’il préside l’année d’après à la Fête de la Fédération.
Quand l’indiscipline gagne ses troupes suite aux événements politiques néfastes pour la Monarchie après la fuite manquée de la famille royale, Florian n’aimerait rien de plus au monde que de se défaire rapidement de son titre de commandant en chef de la milice bourgeoise.
Quant à son travail littéraire, il semble que la Révolution n’ait pas de prise sur son inspiration créatrice. En mai 1792 paraissent les « Nouvelles nouvelles », suite des « Nouvelles » publiées en 1784 :
Et enfin, après tant d’années de rédaction, poussé aussi par le duc de Penthièvre qui préférait que Florian se mette à écrire des fables plutôt que des comédies, il fait publier en décembre 1792 bon nombre de fables dans un seul recueil. Un véritable bestseller dans cette période si peu encline aux agréments de la lecture, au moment où tout le monde ne demande que les gazettes pour suivre le jugement de Louis Capet :
Le jour tragique de l’horrible assassinat de la princesse de Lamballe en septembre de cette année, Florian n’était pas à Paris mais au château d’Hornoy entouré de ses amis. Sous le choc par tant de barbarie, les détails de sa mort atroce lui furent heureusement épargnés. D’un seul coup il voit ébranlé tout espoir d’un revirement de la situation politique dans un pays où les assassinats ne restent pas seulement impunis mais sont de surcroît encouragés.
Le doux Florian si rayonnant de bonheur autrefois, commence à avoir des accès d’humeur et sombre dans la dépression.
Quand survient la mise à mort de Louis XVI et ensuite le décès du duc de Penthièvre, Florian voit mettre sous doubles scellés l’hôtel de Toulouse où il avait son appartement. Dès lors, il se voit obligé de quitter la capitale. Il choisit de vivre caché à Sceaux, mais non pas au château du feu duc, mis sous scellé également. N’a-t-il pas écrit dans une de ses fables : « Pour vivre heureux, vivons cachés ? ».
Florian écrit à Mme de La Briche qu’il a fait ses adieux à la société et qu’il ne veut désormais consacrer du temps qu’à l’étude de l’histoire et sa traduction du Don Quichotte, entamée déjà en 1792.
Quand tous les nobles seront proscrits sans exception, et la loi des suspects de la Convention entrera en vigueur, Florian voit que la route vers Paris se barre définitivement.
Alors, dans sa naïveté, Florian, s’estimant bon citoyen républicain, commet une grande imprudence, qui mènera à son incarcération : aidé par son ami le député Boissy d’Anglas, il rédigera une requête adressée au Comité de salut public de la Convention nationale en juin 1794, où il formule la demande d’un passeport qui lui permet d’aller à Paris pour faire des recherches afin d’écrire une histoire ancienne au service de l’éducation nationale de la République et pour voir son éditeur en vue de la publication prochaine de son Don Quichotte.
Lors de l’audience accordée à Boissy d’Anglas par le Comité d’Instruction publique, il présente la requête de Florian. Aussitôt le député Bouquier, auteur dramatique à l’opéra national, célèbre pour ses « sans-culottides », se lève et commence à réciter par cœur la dédicace de Numa Pompilius qui se termine par :
« Reine, votre nom seul assure mon succès,
De Louis, de Vous, des Français
On croira que j’écris l’histoire. »
Bouquier s’exclame : « Que pouvons-nous attendre de bon ou d’utile de l’auteur de ces vers esclaves ? »
Inutile d’insister après cette remarque qui résonne comme une sentence et un appel à la guillotine, Boissy d’Anglas doit battre la retraite et annoncer la nouvelle désastreuse à son ami.
Voilà déjà que le mois suivant, le 14 juillet justement, on frappe à la porte de Florian à Sceaux où l’on l’arrête au nom du Comité du salut public. Il est conduit à la prison de Port-Libre, ancienne abbaye de Port-Royal.
Florian y reste incarcéré jusqu’à la chute de Robespierre, vivant chaque jour dans l’incertitude s’il va devoir monter dans la charrette en direction de l’échafaud. Néanmoins, il parvient encore à entamer une nouvelle œuvre littéraire : « Guillaume Tell ou la Suisse libre », mais les privations endurées dans sa prison, entouré de vacarme, de pleurs et de cris, ont fatalement eu un impact sur la qualité du récit.
La chute de Robespierre étant une certitude, Boissy d’Anglas parvient enfin à faire libérer son ami. Florian se fait reconduire à Sceaux par son fidèle valet Mercier, où il reprend vite ses multiples projets littéraires, mais pas pour longtemps, car sa santé altère à vue d’œil et le 13 septembre 1794 Florian meurt des suites d’une tuberculose contractée déjà quelques années auparavant, mais aggravée par sa détention, ce qui a précipité sa disparition soudaine.
Dans la ville de Sceaux, on a redonné le sourire imprégné du soleil du Midi à Florian en gardant sa mémoire vivante à travers les siècles. A proximité de cette statue :
chaque année au mois de mai, à la Sainte Estelle, ont lieu les Fêtes félibréennes de Sceaux où « la ville de Sceaux fibre au son des flûtes et des tambourins provençaux, aux échos des poésies méridionales, aux couleurs chatoyantes des costumes du pays du soleil »
Sources :
Jean-Luc Gourdin « Florian le Fabuliste, 1755-1794 » aux Editions Ramsay, Paris, 2002
Michel Cointat « Florian 1755-1794, Aspects méconnus de l’auteur de Plaisirs d’amour », Editions L’Harmattan, 2007
Rosny A.J. « Vie de J-P. de Florian, Tome XV des oeuvres complètes », Imprimerie de Didot le Jeune, 1797
PS : j’ai également écrit un article sur Florian et ses goûts champêtres, qui sera prochainement publié dans la Gazette du XVIIIème, à obtenir sans frais par e-mail en adressant un e-mail à esprit.xviii@gmx.fr
Dernière édition par Comte d'Hézècques le Lun 11 Aoû 2014, 23:25, édité 1 fois
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Merci, mon cher Félix, pour ce splendide exposé, évocation d'un personnage si attachant, le séduisant chevalier de Florian ! :n,,;::::!!!:
C'est un régal !!! boudoi30
Je lui avais ouvert un sujet à la Conciergerie .
J'ai sauté le mur prestement afin de bouturer : impossible de retrouver !!! :::!!!ùùù^^^^:
En revanche, n'est-ce pas toi qui y écrivais :
Félix ( ??? ) a écrit:Mer 18 Déc - 23:37
Moi je vide mon escarcelle sans trop réfléchir quand cela concerne la princesse de Lamballe . :
Mais à vrai dire, le prix fut raisonnable... j'ai même récemment trouvé pour peu d'argent le recueil des Nouvelles de Florian édité en 1787, écuyer de la princesse de Lamballe, qu'il avait dédié à la princesse par une jolie dédicace rimée, déjà évoquée au boudoir aux pages dédiées justement à Florian si je ne me trompe pas.
Mon livre le plus ancien date de 1705, le Virgile travesti de Scarron .
déjà évoquée au boudoir aux pages dédiées justement à Florian :
Ouf ! Je ne suis pas complètement gaga ...
Le critique Dussault (1769-1824) écrit dans ses Annales littéraires :
Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux ; la hutte de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres et les domine de plusieurs degrés .
.
Mme de Sabran- Messages : 55508
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Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Comte d'Hézècques a écrit:
« Plaisirs d’amour ne durent qu’un instant
Chagrins d’amour durent toute la vie… »
« Pour vivre heureux, vivons cachés ? ».
L'on pourrait citer encore :n,,;::::!!!: :
« Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » (Le Vacher et le Garde-chasse) :4869:
ou bien « L'asile le plus sûr est le sein d'une mère » (La Mère, l'Enfant et les Sarigues).
Quant aux expressions « éclairer sa lanterne » ou « rira bien qui rira le dernier », elles sont tirées respectivement des fables Le Singe qui montre la lanterne magique et Les deux Paysans et le Nuage.
Mme de Sabran- Messages : 55508
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Comte d'Hézècques a écrit:
Florian perdra sa mère en 1757, qui mourra dans les couches en donnant au monde un troisième enfant, qui ne survivra pas non plus.
Il ne lui reste que son petit frère né en 1756, mais qui n’est pas en bonne santé ; déjà depuis sa naissance il est tout contrefait et ne vivra pas longtemps.
Florian n'eut donc pas le bonheur de connaître sa mère. Ce sentiment de la tendresse filiale, qui le possédait si entièrement, il le peignit plus tard, en termes éloquents dans le préambule de son poème de "Ruth", couronné par l'Académie Française, en 1784. Le père de Florian, inconsolable, ne voulut pas se remarier, et se voua à l'éducation de ses enfants (le second fils mourut très jeune).
( Alain Gurly )
.
Mme de Sabran- Messages : 55508
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Un grand merci pour cette biographie.
Je découvre aussi que nous devons à Florian des expressions devenues aujourd'hui courantes. :n,,;::::!!!:
Je découvre aussi que nous devons à Florian des expressions devenues aujourd'hui courantes. :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Merci beaucoup Félix pour cette bio ! Un régal ! :\\\\\\\\:
Gouverneur Morris- Messages : 11796
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Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Merci beaucoup, comte d’Hézècques, pour ce passionnant exposé.
Très intéressant...
Il faudra nous en parler !
Très intéressant...
Oh ! Oh ! Mais qu’est-ce donc que cette Gazette du XVIIIème ?Comte d'Hézècques a écrit:
PS : j’ai également écrit un article sur Florian et ses goûts champêtres, qui sera prochainement publié dans la Gazette du XVIIIème
Il faudra nous en parler !
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
"La Gazette" est le premier journal moderne, fondé par Théophraste Renaudot, qui reprend les événements importants de l'Europe, de la Cour et de la ville, s'étoffant avec les décennies, ajoutant les dernières parutions, des informations diverses ....
Lucius- Messages : 11656
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Age : 33
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Lucius a écrit:"La Gazette" est le premier journal moderne, fondé par Théophraste Renaudot, qui reprend les événements importants de l'Europe, de la Cour et de la ville, s'étoffant avec les décennies, ajoutant les dernières parutions, des informations diverses ....
C’est à dire que Felix nous disait que son prochain article sera publié dans "La Gazette du XVIIIème" ; je voulais donc savoir qu’est-ce que cette gazette-ci ?
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Merci Lucius
J'évoque justement dans mon article à paraître dans la Gazette du XVIIIème le dernier séjour que Florian a passé au château du Marais pendant l'été 1793.
Adélaïde Prévost, comtesse de La Briche, avait le même âge que Florian (née en 1755, et morte 50 ans après la mort de Florian, en 1844) donc pas si vieille à l'époque où Florian fréquentait son salon littéraire Il paraît que Florian fut épris d'elle depuis que Mme de La Briche était devenue veuve en 1785. En 1780 elle avait épousé Alexis Janvier de La Live (à ne pas prononcer à l'anglaise : ) de La Briche, introducteur des ambassadeurs de Louis XVI, qui était 20 ans plus âgé qu'elle.
Florian lui a donné un exemplaire de son Estelle accompagné de cette dédicace :
« Estelle a vos yeux noirs, vos longs cheveux d'ébène, votre visage si doux. Vous êtes ma muse et mon modèle. »
Jean-Luc Gourdin la décrit ainsi dans sa biographie sur Florian : « C'est une jeune femme aux grands yeux bruns, élancée, gracieuse. Elle a reçu une éducation des plus soignées ; son esprit est celui des salons, sa sensibilité celle de son siècle, sa raison badine et séduisante. Musicienne accomplie, elle possède un caractère vif et rieur que même la folle gaieté ne parvient pas à effrayer. Sa bonté est capable de rendre heureux tout ce qui l'entoure
(...) »
(portrait de Mme de La Briche peint par Mme Labille-Guiard, 1787)
JAG a déjà partagé le portrait que Mme Vigée-Lebrun a peint d'elle, dans la rubrique que voici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t733p225-galerie-virtuelle-de-mme-vigee-le-brun?highlight=Vig%C3%A9e+-Lebrun
C'est grâce à son oncle riche, décédé sans postérité en 1783, que Mme de La Briche rentre en possession du charmant château du Marais, où, à l'instar de ses belles-soeurs la comtesse d'Houdetot et Mme d'Epinay, elle ouvre un salon littéraire pendant l'été. Pendant l'hiver, elle accueille son cercle d'amis dans son hôtel à Paris, rue de la Ville l'Evêque.
A propos des sentiments que Florian aurait eu pour elle, Mme de La Briche en parle dans ces termes dans ses mémoires, rédigées pendant la Révolution :
« Une des idées qui m'étonna le plus, fut celle que l'on eut sur M. de Florian. Je l'avais vu de tous les temps, et il avait toujours montré une estime et une opinion de moi, que sa gaieté et sa tournure originale rendaient souvent un sujet de plaisanterie. Mais, qu'on me vît libre, ce qui n'avait paru que gai devint sérieux, et j'appris qu'on lui supposait le projet de me plaire et de m'épouser. Je ne puis dire s'il l'eut ou non ; mais ceux qui me connaissaient ne pouvaient croire que j'y consentisse jamais. »
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Mme de Sabran a écrit:
Merci, mon cher Félix, pour ce splendide exposé, évocation d'un personnage si attachant, le séduisant chevalier de Florian !
Avec plaisir Eléonore. Je me rappelle en effet du sujet dans le ci-devant boudoir, mais il n'était pas très complet, et vu que j'ai collectionné pratiquement toute l'oeuvre de Florian, il fallait que je partage mes lectures avec vous, surtout que Florian avait dédicacé deux de ses ouvrages à Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit:
Florian n'eut donc pas le bonheur de connaître sa mère. Ce sentiment de la tendresse filiale, qui le possédait si entièrement, il le peignit plus tard, en termes éloquents dans le préambule de son poème de "Ruth", couronné par l'Académie Française, en 1784. Le père de Florian, inconsolable, ne voulut pas se remarier, et se voua à l'éducation de ses enfants (le second fils mourut très jeune).
( Alain Gurly )
En effet, pendant toute sa vie, il vivra avec le regret de n'avoir jamais connu sa mère. Les deux épouses de son oncle le marquis de Florian, mais aussi Mme Denis, ont été comme des mères pour lui. Plus tard encore, chez les femmes, même de manière amoureuse, il est séduit par celles qui remplissent à merveille ce rôle maternel...
Et voici le préambule de l'Eglogue de Ruth où Florian encense l'amour maternel :
Il a parfois fait croire que sa mère aurait des origines castillanes ce qui expliquerait son amour pour la langue et la littérature espagnoles. Son premier biographe y croit et nous présente sa mère comme une espagnole.
D'ailleurs, dans ses Mémoires d'un jeune espagnol qui sont éditées de façon posthume, Florian raconte sa jeunesse de façon hispanisée. Tous les noms de lieux et de personnes ont été espagnolisés. Les provinces et villes d'Espagne correspondent à la même disposition géographique que les régions et cités correspondantes en France.
Voltaire y devient Lope de vega, le duc de Pentièvre l'infant Don Juan, Egalité Don Joseph, la princesse de Lamballe Thérésia, et le château de Florian devient el castillo de Niaflor
Il y raconte l'anecdote de l'homme Don Cortillos qui est étonné de la petite taille de Florian quand il se présente comme page au service du duc de Penthièvre : « ça est trop petit monsieur. Cela ne peut pas monter à cheval. Depuis que le duc engage des brenaillons, je suis obligé d'acheter des bedaillons, pour faire monter ces merdaillons. » :
Ces mémoires sont encore fréquemment disponibles dans une belle édition de 1923, en vente sur eBay, AbeBooks ou Amazon, qui contient également les lettres que Florian a écrites à Mme de la Briche et Boissy d'Anglas.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
L'Espagne est le pays de cocagne, le royaume de Koush du XVIIIe. Une contrée fantasmée, celle des plus grand ridicules aux plus folles richesses. C'est un thème régulièrement repris dans les arts, pour situer une action hors du temps et de l'espace, permettant de tout tourner selon son imagination.
Pour ceux qui virent l'exposition de Watteau à Fragonard purent remarquer des scènes espagnoles tout à fait amusantes, car leur costume est lui aussi complètement fantaisiste, portant fraise et vertugadin, dans une coupe XVIIIe !
C'est une technique littéraire, comme aujourd'hui nous dirions ; "il était une fois, dans un royaume fort fort lointain ..."
La Russie est un peu dans le même cas, mais plus dans les arts que dans la littérature.
Pour ceux qui virent l'exposition de Watteau à Fragonard purent remarquer des scènes espagnoles tout à fait amusantes, car leur costume est lui aussi complètement fantaisiste, portant fraise et vertugadin, dans une coupe XVIIIe !
C'est une technique littéraire, comme aujourd'hui nous dirions ; "il était une fois, dans un royaume fort fort lointain ..."
La Russie est un peu dans le même cas, mais plus dans les arts que dans la littérature.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Effectivement ! N'oublions pas qu'un des grands héros du temps est espagnol. J'ai nommé Figaro !Lucius a écrit:L'Espagne est le pays de cocagne, le royaume de Koush du XVIIIe. Une contrée fantasmée, celle des plus grand ridicules aux plus folles richesses. C'est un thème régulièrement repris dans les arts, pour situer une action hors du temps et de l'espace, permettant de tout tourner selon son imagination.
Pour ceux qui virent l'exposition de Watteau à Fragonard purent remarquer des scènes espagnoles tout à fait amusantes, car leur costume est lui aussi complètement fantaisiste, portant fraise et vertugadin, dans une coupe XVIIIe !
C'est une technique littéraire, comme aujourd'hui nous dirions ; "il était une fois, dans un royaume fort fort lointain ..."
La Russie est un peu dans le même cas, mais plus dans les arts que dans la littérature.
Invité- Invité
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Don Quichotte reste aussi très à la mode, et évoque bien ce à quoi on pense lorsqu'on parle d'Espagne ; la fantaisie, l'exotisme, l'inhabituel, quyi permet aussi une plus grande licence .
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Oui c'est vrai que Don Quichotte était alors très à la mode. Beaumarchais n'a fait que reprendre un pays que tout le monde fantasmait.
Invité- Invité
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
C'est d'ailleurs étonnant de fantasmer ainsi un pays aussi proche ! La Russie, je veux bien .... mais l'Espagne !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Lucius a écrit:L'Espagne est le pays de cocagne, le royaume de Koush du XVIIIe. Une contrée fantasmée, celle des plus grand ridicules aux plus folles richesses. C'est un thème régulièrement repris dans les arts, pour situer une action hors du temps et de l'espace, permettant de tout tourner selon son imagination.
Pour ceux qui virent l'exposition de Watteau à Fragonard purent remarquer des scènes espagnoles tout à fait amusantes, car leur costume est lui aussi complètement fantaisiste, portant fraise et vertugadin, dans une coupe XVIIIe !
C'est une technique littéraire, comme aujourd'hui nous dirions ; "il était une fois, dans un royaume fort fort lointain ..."
La Russie est un peu dans le même cas, mais plus dans les arts que dans la littérature.
Pour les nobles, écrire et ensuite publier ses mémoires ou souvenirs avec les vrais noms des personnes qu'on a connues, cela ne se faisait pas, surtout si ces personnes vivaient encore. Florian a donc tout travesti afin de rendre les personnes et les lieux méconnaissables pour dire des vérités sur sa jeunesse qui feraient rougir de honte ses parents.
Les mémoires à lui se limitent aux dix-huit premières années de son existence. Il comptait sûrement écrire la suite plus tard, mais il n'avait pas trouvé le temps
Son grand-père et son père aimaient bâtir des châteaux en Espagne, surtout en matière d'argent. Florian a dû en payer le prix, en remboursant les énormes dettes de famille.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Pendant 7 minutes il était question de Jean-Pierre Claris de Florian aux Grosses Têtes de RTL ce mardi 28 mars :
http://www.rtl.fr/culture/medias-people/les-grosses-tetes-jouent-aux-devinettes-7787853355
Ca commence à 5'00.
J'ai pensé vous mettre le lien quand vers la fin de la séquence, Laurent Ruquier fait écouter le titre "Plaisir d'amour" interprété par Brigitte Bardot, Nana Mouskouri et Joan Baez.
Olivier, qu'un instant
http://www.rtl.fr/culture/medias-people/les-grosses-tetes-jouent-aux-devinettes-7787853355
Ca commence à 5'00.
J'ai pensé vous mettre le lien quand vers la fin de la séquence, Laurent Ruquier fait écouter le titre "Plaisir d'amour" interprété par Brigitte Bardot, Nana Mouskouri et Joan Baez.
Olivier, qu'un instant
Olivier- Messages : 1007
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
J'ai su immédiatement répondre à la question lorsque j'ai écouté cette émission en direct. :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
Olivier a écrit:
Pendant 7 minutes il était question de Jean-Pierre Claris de Florian Laurent Ruquier fait écouter le titre "Plaisir d'amour" interprété par Brigitte Bardot, Nana Mouskouri et Joan Baez.
Olivier, qu'un instant
Il n'est donc pas tombé dans les limbes de l'oubli, même chez Ruquier.
Merci, mon cher Olivier, c'est toujours si agréable d'évoquer Claris de Florian et son " Plaisir d'Amour " ! :;\':;\':;
Eléonore, le fait durer
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Pierre Claris de Florian
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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