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Le baron Jean-Pierre de Batz

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Le baron Jean-Pierre de Batz Empty Le baron Jean-Pierre de Batz

Message par Invité Sam 21 Déc 2013, 13:00

Pierre-Louis de Batz (1755-1822) est issu d'une illustre famille de Gascogne. Il est grand sénéchal d'Albret et député de la Noblesse de Nérac aux Etats généraux.
Il a une vie aventureuse à bien des égards.
Il prend part à plusieurs conspirations qui visent à faire évader la famille royale . Il reste fidèle aux Bourbons et leur sert d'agent sous l'Empire. Ses services seront récompensés par Louis XVIII sous la Restauration.

Bien à vous.

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Message par Mme de Sabran Ven 20 Nov 2015, 23:03

;

En parlant du fameux baron de Batz ...   Very Happy

Le baron Jean-Pierre de Batz Batz_t10

Mais une force occulte, celle d’un autre acteur, est là, qui veille à contrer tous ces projets. Un homme mystérieux, royaliste convaincu, sera responsable de tous les échecs en semant la zizanie et la haine parmi les révolutionnaires. C’est lui qui fut l’instigateur de cette loi du Maximum si funeste au régime. Ce terrible vengeur de l’ombre s’appelle le baron Jean de Batz.
C’est probablement lui qui avait organisé, huit mois plus tôt, l’assassinat de Le Peletier de Saint-Fargeau, cet ancien noble qui avait voté la mort de Louis XVI. Par cet acte le baron de Batz envoyait un signal clair à tous les nobles qui avaient agi de même.
On donnera à ses interventions la dénomination vague de “conjuration de l’étranger”, parce que nul ne pouvait deviner d’où venaient les coups. En réalité il fallait cacher aux sans-culottes l’importance qu’avait prise cet homme en soudoyant d’authentiques révolutionnaires. Ils n’auraient pas admis que leurs idoles fussent achetées par un royaliste.
On avait la sensation qu’une main mystérieuse cachée dans l’obscurité tenait les fils.
Ce justicier de l’ombre allait se poser en vengeur impitoyable de la famille royale. Utilisant les mêmes armes que ses ennemis, cet homme invisible va mener un combat acharné, cruel et sans faille contre Robespierre et la Convention. On se demande encore aujourd’hui comment un personnage investi d’un tel pouvoir de nuisance a pu demeurer une ombre dans l’histoire de la Terreur. Il fut l’impresario occulte de la Révolution. Sous les coups de butoir qu’il assénera indirectement et par personnes interposées, en un an, tous les “géants de la Révolution” vont disparaître.
Détenteur de sommes d’argent considérables, le baron de Batz va monter une étonnante organisation antirévolutionnaire où collaboreront des nobles, des ecclésiastiques et surtout des hommes du peuple.
Deux de ses affidés exécuteront ses plans. L’un est un grand seigneur de nationalité suédoise, le comte Hans Axel de Fersen, amoureux de la Reine depuis toujours ; l’autre, vraisemblablement tout autant amoureux d’elle, le chevalier Alexandre de Rougeville. Le premier sera trop loin pour être efficace, mais le deuxième, doté d’un courage physique hors du commun, mènera au sein même de ce Paris de la Terreur une action qui le fera entrer dans la légende et dont Alexandre Dumas s’inspirera pour en faire un héros de roman.
Le baron de Batz, toujours insaisissable, dresse alors un projet machiavélique : n’ayant pu sauver le Roi Louis XVI sur le chemin de l’échafaud, il sait désormais qu’il ne peut combattre les révolutionnaires de front. Grâce à ses millions il deviendra le pivot de la Révolution en achetant à prix d’or les principaux responsables des factions de l’Assemblée. Il va déstabiliser l’ensemble de la Convention. En attendant, il ordonne à Rougeville de sortir la Reine de la Conciergerie. L’entreprise paraît utopique. Qu’à cela ne tienne, on les achètera tous : administrateurs de police, membres du Comité de sûreté générale et du Comité de salut public, gardiens, concierges, gendarmes même. Rougeville ne sera aidé dans son entreprise, “ni par des comtes, ni par des ducs, ni par des généraux, mais par quatre perruquiers, deux épiciers, deux charcutiers, deux convoyeurs, deux serruriers, trois pâtissiers, deux marchands de vin, deux maçons, un limonadier, un fripier, un peintre en bâtiment, un jardinier et un râpeur de tabac…”

Les Soixante-Seize jours de Marie-Antoinette à la ...

https://books.google.fr/books?isbn=2330003404
Paul Belaiche-Daninos - 2012 - ‎Fiction

L'indispensable G. Lenôtre a publié " Le Baron de Batz, un conspirateur royaliste pendant la Terreur " , d'après des documents inédits, en 1912, chez Perrin.

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Message par Mme de Sabran Ven 20 Nov 2015, 23:09

.

Portrait par Beauchesne : Very Happy

"Peu de jours après, Michonis était entré dans un complot tendant à enlever de sa prison la malheureuse veuve. Le baron de Batz était encore le chef de cette hasardeuse entreprise. Les recherches dont il était l'objet depuis la tentative du 21 Janvier n'avaient point éloigné de Paris cet intrépide serviteur d'une cause que le malheur rendait si belle, et qui exerçait en outre sur les âmes magnanimes la séduction irrésistible du péril. La lutte opiniâtre de cet homme contre le pouvoir redoutable qui opprimait la nation est une des merveilles de ce temps. Partout présent et toujours invisible, aussi habile à dresser ses embûches qu'à esquiver celles de l'ennemi, il avait à sa dévotion les agents les plus prudents, et à ses gages les espions les plus actifs. Sa parole était plus insinuante encore que sa bourse n'était persuasive; et, avec une admirable adresse, il avait gagné plusieurs membres de la Commune et de la Convention, qui, si les circonstances ne leur permirent point de lui apporter une coopération efficace, lui restèrent du moins fidèles par un inviolable silence. Conspirateur acharné, ses entreprises manques, il les recommençait avec une nouvelle ardeur, et il restait intrépidement dans cette ville où sa tête était mise à prix. Son nom entraînait toujours de graves mesures, des perquisitions sévères. l'insaisissable conjuré avait des asiles impénétrables dans Paris et dans les environs; mais son gîte le plus habituel et peut-être le plus sûr était chez Cortey, épicier, rue de la loi, recommandé par sa réputation de civisme aux suffrage de ses concitoyens, qui l'avaient nommé capitaine-commandant de la garde nationale de la section Lepelletier."

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Message par Mme de Sabran Dim 22 Nov 2015, 14:46

Fleurdelys a écrit:

Dans mon livre de La dernière année de Marie Antoinette de Imbert de Saint-Amand P: 115
Je lis que baron de Batz a tenté avec ses complices de sauver le roi quand on le conduisait à son supplice.


" Tout à coup, au moment où le cortège passe sur les boulevards dans l`espace compris entre la porte St-Matin et St Denis, sept ou huit jeunes gens,qui débouchent de la rue Beauregard, fendent la foule, et se précipitent vers la voiture, le sabre à la main, en criant : « A nous qui veulent sauver le roi !» De ce nombre est le royaliste intrépide, le baron de Batz, suivi de son secrétaire Devaux.
Chevaleresque et stérile tentative! Personne n`ose suivre les courageux conspirateurs. Voyant que leur voix ne trouve pas echo, ils renoncent à leur projet, et retournent dans les rues voisines. Mais en détachement de gendarmes les poursuit. Pendant que l`inssaisisable baron de Batz parvient à s`échapper, plusieurs de ses complices sont atteints, et ils payeront de leur tête leur généreuse audace.»

Voilà, dommage qu`ils n'aient pas réussi !


A qui le dites-vous ! Le baron Jean-Pierre de Batz 3826491292
Plaque au 52 Rue Beauregard (2e arr), commémorant la tentative d'évasion

Le baron Jean-Pierre de Batz 1024px12

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Message par Mme de Sabran Lun 23 Nov 2015, 15:42

;

Le baron de Batz soi-même ( :Le baron Jean-Pierre de Batz 2028181902 ) nous écrivait, à la Conciergerie :

« Jean-Pierre de Batz , qui très tôt abandonnera son second prénom , naît en Gascogne, à Goutz les Tartas , le 26 janvier 1754, d’un père lieutenant criminel de la Sénéchaussée et d’une mère de famille honorable. A l’âge de 18 ans, le tout petit jeune homme ( il mesure moins d’un mètre soixante ), aux yeux gris, au nez aquilin et au menton pointu s’engage dans le Reine-Dragons. 6 ans plus tard, il accède au grade de capitaine. L’un de ses camarades , Louis de Saint Mauris , dont le père est ministre de la guerre , lui fait connaître la capitale. Jean s’y plaît tant qu’il quitte l’armée. A Paris, à Versailles, il recherche davantage la compagnie des financiers que celle des seigneurs ; c’est qu’il aime les chiffres et le calcul avec une nette préférence pour l’addition et la multiplication . Les banquiers qu’ils fréquente découvrent en ce gascon un esprit prompt non seulement à comprendre les plus subtiles combinaisons mais encore à leur trouver des variantes quelque peu téméraires et toujours fructueuses.

Le monde de la finance se passionne pour le sort et surtout les actions d’une entreprise d’envergure ; cette compagnie des Indes qui avait détenu le monopole du commerce dans les océans Pacifique et Indien jusqu’en 1769 , époque où Louis XV , rendant le commerce libre , l’avait condamnée à mort , refusait le verdict. Les tractations , les pourpalers n’en finissaient pas. Allait-on , oui ou non, lui rendre son monopole ? Jean de Batz parie pour l’affirmative ; il achète des actions à bas prix , grâce aux prêts d’un Suisse , le futur ministre Clavière , joue « à la hausse « sous les regards narquois d’un autre financier , l’abbé Sahuguet d’Espagnac qui , lui, joue « à la baisse ». En 1785, Batz et Clavière triomphent : le ministre Calonne a rétabli la Compagnie dans ses prérogatives . D’Espagnac et ceux qui l’ont suivi , tel le fils naturel du prince de Kaunitz , Berthold Proli , futur ami d’Hébert , se retrouvent sans un sol. Batz ne s’arrête pas là ; il fonde deux compagnies royales d’assurances, s’occupe de celle des Eaux et de celle des Bois du Nord.

La bourse bien garnie, il s’avise que le Trésor royal est en difficulté , imagine des projets d’emprunts auxquels Louis XVI lui-même s’intéresse. Le jeune gascon se voit déjà ministre.
En attendant , il obtient , par protection , le grade de colonel mais demeure à Paris où il mène une vie fastueuse dont les échos glorieux parviennent jusque dans sa province natale, qui, à l’heure de la convocation des Etats Généraux , l’élit, pour la représenter. Là, Batz se heurte , dès l’abord , à Philippe d’Orléans qu’il considère déjà comme l’ennemi le plus farouche du Roi que le gascon vénère. C’est sans plaisir que , le 4 août 1789, Batz abandonne ses « privilèges » ; il se console à la pensée de ses solides comptes dans des banques anglaises.
A l’Assemblée constituante , son expérience des finances lui vaut d’être chargé de la « liquidation de la dette publique ». Il s’agit de rembourser aux divers magistrats les sommes versées par eux pour acquérir leurs charges que les nouvelles lois suppriment. Ce faisant , le baron parvient à renflouer quelque peu , en secret, la cassette royale.

Au « retour de Varennes », la Reine , manquant plus que jamais d’argent , appelle Batz au secours. Le 3 août 1791, elle écrit à Madame de Lamballe :

« Je désirois vivement mon cher cœur , de voir M. de Batz ; ce n’a pas été facile , car on est bien mal entouré . Nous sommes parvenus enfin à nous rejoindre et tout a été entendu, quoique en raison de l’embarras des affaires, ce ne fut pas chose non plus aisée. »



Vraiment , le baron de Batz aurait dû être à la place de Necker !
Louis XVI avec lui aurait été mieux servi.

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Message par Mme de Sabran Lun 23 Nov 2015, 15:47

"A l’avènement de L’Assemblée législative , Jean de Batz retrouve sa liberté. Louis XVI va l’employer dans la diplomatie secrète. Tout d’abord, le baron parvient à procurer quelques millions au souverain. Pour traiter ces affaires , il emploie des « commis » tant en France qu’à Londres, à Bruxelles , à Vienne ou à Genève ; parmi ceux-ci figurent Berthold Proli, Clavière et les frères Dobruska qui, réfugiés à Paris, deviendront les « frères Frei ». En mars 1792, Batz part pour la Belgique ; en mai, on le retrouve à Coblentz . Nul doute que les missions dont Louis XVI le charge soient consciemmement remplies , car le 1er Juillet 1792, le Roi inscrit ces mots dans son livre-journal : « Retour et parfaite conduite de M. de Batz auquel je redois 512 000 livres. »

Batz, agent secret de Louis XVI...

"Avant même de savoir si « l’issue « serait « favorable » à Brunswick , Batz a quitté Verdun . Le 18 septembre , il se fait délivrer , à Boulogne sur Mer où il avait fondé , du temps des Bois du Nord , une maison de commerce, un passeport du nom de Jean Batz , négociant, puis s’embarque pour Londres où il traite des « affaires « importantes dont l’une porte sur 25 000 livres sterling et dont il fait profiter , une fois de plus, son ami , le ministre Clavière. Beaucoup d’argent et des appuis lui seront nécessaires, il le sait , dans les jours à venir. Le 26 octobre 1792, le revoilà en France , le temps de faire estampiller son passeport pour éviter une inscription sur la liste des émigrés. Cinq jours plus tard, il est à Londres. Le 18 décembre , ses bases pécuniaires solidement assurées , une liste de royalistes fidèles demeurés à Paris dans sa poche, le négociant Jean de Batz débarque dans le port d’Ostende. C’est sans doute en Belgique que lui parvient un billet de Louis XVI, daté du 2 janvier. Le Roi prévoit l’issue fatale de son procès et appelle le baron au secours :

« Convaincu de l’importance des services qu’on peut attendre de la fidélité de M. Le Baron de Batz et de son attachement au Roi et à la famille royale, nous l’invitons à rentrer en France pour y chercher et y tenter tous les moyens pour délivrer le Roi, la Reine et leur famille… »


Incroyable Louis XVI !

"Le 10 janvier , le « négociant » est à Paris, y distribue à pleines mains son argent et celui des Anglais pour infléchir le vote des députés. Lorsque Louis XVI est condamné par une voix de majorité , il ne reste au baron qu’un espoir : délivrer le monarque par la force. La voiture prévue pour transporter Louis XVI jusqu’au lieu du supplice est celle du maire de Paris, Chambon, que Batz ne connaît pas. Le baron obtient donc de son ami et obligé Clavière qu’il impose le choix de sa voiture personnelle. Batz y fait-il , hâtivement, opérer quelques aménagements pour en faciliter l’accès et pour favoriser l’enlèvement du Roi ? Les Lézardière , le père et ses deux fils font partie du complot. Ils avaient hébergé ( et hébergeront encore ) le confesseur choisi par le souverain ; cet abbé Edgeworth est averti de ce qui se prépare ; il en informera son auguste pénitent ; le Roi se tiendra prêt…Six ou Sept cents jeunes gens , des royalistes fidèles , doivent se trouver , parfaitement armés , au lieu du rendez-vous, boulevard Bonne-Nouvelle, à la hauteur du terre plein de Cléry ; Dumouriez , venu jusqu’à Paris sous le prétexte d’un congé a promis son appui …conditionné par un début de réussite. Tout ira bien.

Tout alla mal. 3 jours après la mort du Roi , le cœur en berne, Jean de Batz est de retour à Londres . S’il n’a pas réussi à délivrer son souverain , il se jure du moins , de sauver sa famille. Il lui faut de l’argent, énormément d’argent ; certaines complicités , à Paris , promettent d’être onéreuses.

Dès le 9 février 1793, le « négociant » débarque à Boulogne sur Mer ; le 13 , Batz arrive à Paris. Bientôt , le substitut du procureur de la Commune Hébert fera sa connaissance. "


Eh bien voilà, il a dû chercher à acheter Hébert.
Il suffisait d'y mettre le prix car Hébert était assez vénal.

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Message par Mme de Sabran Lun 23 Nov 2015, 16:01

.

Reinette :

Alors ça, je suis épatée. Je ne pensais pas que Louis XVI aurait pu avoir les moyens d'appeler au secours en plein procès. Ce qui m'étonne, c'est qu'il n'avait pas droit au papier, plumes, etc. Hormis avec ses avocats. Est-ce l'un d'eux qui a fait passer le message ?

Vraiment, je croyais Batz un petit chevalier fidèle au roi, qui l'avait protégé le 20 juin 1792, mais sans plus. Pas au point que Louis XVI et Marie-Antoinette le connaissent personnellement et fassent appel à lui directement.

Mme de Chimay :

Moi non plus, je ne savais pas tout cela. J'en apprends beaucoup en lisant le livre de Marina Grey.

La nuit, la neige :

Cette "information-rumeur" n'était pas nouvelle, et était largement reprise dans les journaux et autres gazettes...
De même, les quelques feuilles monarchistes clandestines poussaient aussi dans ce sens.

D'autres projetaient aussi de sauver le roi, comme le comte d'Antraigues, au réseau très actif et bien implanté, qui rabattait des fonds d'Angleterre (via le gouvernement, mais qui ne souhaitait pas à ce que cela soit officiel) ou encore d'Espagne pour (tenter de) corrompre les hommes de pouvoir ; Danton faisait aussi savoir qu'il pouvait sauver le roi, en échange de quelques millions etc.

Mme de Sabran :

Le comte d'Antraigues est en étroite liaison avec la noblesse émigrée à l'étranger, et notamment Vaudreuil qui lui écrit , le 19 août 1791 : .. Vous pouvez être sûr qu'il ( le comte d'Artois ) prise bien et votre zèle et votre talent . Votre travail avec Las Casas est d'une utilité importante; continuez-le avec la même ardeur .

Et puis, toujours Vaudreuil à d'Antraigues, voici une défense véhémente de Marie-Antoinette, trois jours plus tard :

Je veux vous gronder de trop croire les bruits qu'on se plaît à répandre relativement à la Reine . On ne veut assez calculer quelle est sa position affreuse, et, si elle a l'air d'écouter les enragés, c'est à coup sûr pour les tromper et les endormir . Ne mandait-on pas les mêmes choses avant son évasion ? Elle les trompait alors, elle les trompe à présent, soyez-en sûr et très sûr . Elle est mère et femme; serons-nous assez barbares pour ne lui pas pardonner des terreurs que ses infâmes ennemis n'ont que trop justifiées?
Mais je vous garantis qu'elle est bien loin de s'opposer aux secours que nous implorons . Vous dites qu'on se dégoûte d'attendre, et je suis loin de blâmer une impatience que je partage; mais ne soyons pas injustes en décriant une princesse malheureuse, qui a bien prouvé, par les efforts qu'elle a fait pour rompre ses fers, qu'elle en sent toute la pesanteur .
D'ailleurs, c'est Louis XVI et Antoinette que nous voulons replacer sur le trône; il faut donc dissimuler leurs torts, et non les exagérer .


J'aime beaucoup cette lettre ! Very Happy
Vaudreuil y apparaît loyal au couple royal, et sage, lui qui passe trop souvent ( à juste raison ) pour exalté et tempétueux .

Mme de Chimay :

" Les femmes peuvent être utiles dans le plan " évasion " ; elles sont indispensables à condition qu'elles soient jolies. Batz peut compter sur tout un réseau féminin comprenant des grands noms de l'aristocratie comme des femmes du demi-monde. La maîtresse de de Batz , Marie Grandmaison est amie avec Caroline Rémy qui vit avec Fabre d'Eglantine,...

Laissant à ses agents le soin d'en trouver d'autres, Batz s'occupe un instant de sa sécurité. Il se fait fabriquer des passeports sous des identités différentes. Il faut prévoir aussi des logements..."


Quel homme pratique et précieux ce baron de Batz ...
Et le baron de Batz est mort tranquillement au XIXème siècle. L'Ennemi n°1 de la Révolution, celui contre lequel Robespierre n'a cessé de se battre (si on regarde bien l'action de Batz, c'est exactement celle qu'a contrecarrée l'Incorruptible) est sorti vivant de la Terreur.
Stupéfiant! Plus fort qu'eux tous les révolutionnaires réunis. Sauf que malheureusement, il a échoué...

Kiki :

"Absolument ! C'était un homme formidable , d'une audace et d'une témérité folle !
Il n'hésitait pas à brouiller les pistes à souhait; savait merveilleusement utiliser les différents logements des membres de son réseau , ce qui précipitera d'ailleurs la mort de sa maîtresse Marie Grandmaison. Elle passera sur l'échafaud pour avoir refusé de trahir la retraite du baron.

Reinette :

Oui c'est dommage. Mais Batz était pour le roi, le vrai et Antraigues était du côté des émigrés qui pour la plupart avaient rejeté leur roi légitime. Notamment une certaine Enflure qui ne rêvait que de prendre la place de son frère.

Mais un autre homme fait la même chose que Batz et lui fait concurrence si je puis dire. Cet homme est le Comte d'Antraigues, émigré depuis 1790 . IL dirige tantôt depuis Venise , tantôt depuis l'un des cantons , tout un réseau d'espions disséminés de par la France.
Les deux hommes, Batz et d'Antraigues ne s'aiment guère. Peut-être est-ce dû au fait qu'ils aient courtisé la même femme. Le Comte d'Antraigues " roule" pour les Princes et les gouvernements étrangers ( Espagne et Angleterre ).
Et il se fait payer par ces gouvernements étrangers pour les informations qu'il leur donne.
Cette façon de faire répugne à Batz , lui qui est si désinteressé...Et puis lui, au moins , risque sa vie . Il fait l'évenement au lieu de le décrire comme d'Antraigues !
Les deux réseaux resteront parallèles ; c'est dire qu'ils ne collaboreront jamais. "

Dommage pour la monarchie...

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Message par Mme de Sabran Lun 23 Nov 2015, 16:11

:

Mme de Chimay :

« Le projet « évasion « paraît en bonne voie . La liste des policiers et des municipaux qui ont accès au Temple et qui, grassement payés ou pas, promettent leurs concours s’allonge de jour en jour. Il y a là 4 administrateurs de la police : l’inspecteur Marino, Dangé , un épicier bien connu de Cortey, chargé de l’inspection des prisons, Froidure et Soulès , des juges interrogateurs fort liés avec le procureur de la Commune Chaumette mais royalistes de cœur et surtout Michonis, un vieil ami d’Hébert , qui joint à ses activités de limonadier celles « d’administrateur des fonds extraordinaires de la police municipale et celles plus précieuses encore « d’inspecteur des prisons ». Le fait que Michonis et Dangé aient siégé parmi les « juges » lors des massacres de septembre ne gêne aucunement le réaliste Batz. Il ne compte pas s’en faire des amis et tout individu capable d’exécuter ses « hautes œuvres » a son utilité ; si un jour il la perd, le baron …l’oubliera.

Pour le projet « chute du régime », Batz hésite quelques jours sur le parti à prendre : avec ou contre « les hommes d’état » ? Dans les fragments de ses Mémoires retrouvés au château de Mirepoix , on peut lire ces lignes :

« Cependant , la Gironde, les Vergniaud, les Brissot, les Pétion et tout ce qu’on appelle Girondin et Brissotin ne voulurent point la République ; ils ne voulaient pas non plus Louis XVI , mais ils voulaient une minorité et la France à gouverner en conseil de régence au nom de l’enfant royal. Dix années de suprématie flattaient leurs regards ambitieux , ce projet était le dernier auquel ils s’arrêtèrent et ce n’était pas le plus insensé.. »


"Les dix années de « régence girondine » qui devaient s’écouler jusqu’à la majorité de Louis XVII ( la Constituante de 1791 avait reporté l’âge de la majorité des souverains de France de 13 à 18 ans ) parurent finalement trop longues à l’impétueux gascon. Il fallait rétablir la monarchie, la vraie, plus rapidement. Le meilleur moyen pour y parvenir n’était-il pas d’anéantir , d’abord, cette Gironde formant l’indiscutable majorité de la Convention qui ne pouvait ensuite , que s’écrouler d’elle-même ? Tant pis pour des amis comme le ministre Clavière qui sombrerait avec les « hommes d’état » !

" Le but de Batz est de provoquer l'insurrection, point de départ d'une contre révolution. Un seul député entrevoit le véritable danger . il s'agit d'un député du Tarn, un certain Lasource.
Dès le 12 mars , voici ce qu'il dit à la tribune : " Les artisans de ces troubles sont tous les coupables amis d'un régime détruit qu'ils pleurent et qui ne vous pardonneront jamais l'abolition de la royauté, l'établissement de la République et le supplice du tyran ( ...).Ce n'était ni de quelques hommes ni d'un côté qu'ils méditaient la perte , mais de la Convention toute entière ; ce n'était pas d'un coupement de têtes qu'il s'agissait mais d'une contrerévolution, du renversement de la République , du rétablissement de la Royauté. "
Le prétexte qu'ils ont eu pour tenter une première conspiration déjouée, ils l'auraient encore tout entier pour en tenter une seconde , qui pourrait avoir plus de succès."

"Pour en revenir à Hébert, il ne rencontrait pas très souvent son exigeant mentor. De Batz ne l'invitera jamais aux dîners de Charonne. Est-ce par prudence ou par un trop profond mépris secret pour celui qui osa tant insulter les souverains ? Nul ne le sait. en tout cas, le contact se faisait via des agents de liaison . "


"Une mission plus délicate dont Hébert est chargé est de se réconcilier avec Marat qui mène contre les hommes détat un combat parallèle. L'union , précisément fait la force ( d'ailleurs, c'est la devise belge ! ). Marat, mis en accusation par ses collègues girondins , se cachait avant que d'affronter le tribunal révolutionnaire qui l'acquittera. La rencontre avec Hébert a lieu à l'abri de tout regard, dans un souterrain. Le Père Duchesne narre cette entrevue avec Marat à ses lecteurs et il explique ainsi sa volte-face :

" Je n'ai pas toujours été d'accord avec Marat. Cependant , au fond, je n'ai cessé de lui rendre justice."


" Le rôle de Marat n'était évoqué ici qu'en toile de fond de la vie d'Hébert. un détail paraît intéressant à rapporter. Après la mort de ces deux journalistes influents , le comte d'Antraigues , le chef du " réseau passif des révolutionnaires " demandera à son correspondant et ami britannique , William Drake , confirmation des bruits selon lesquels le Père Duchesne aurait touché des subsides anglais. Lord Grenville répondra : " Je doute beaucoup que cela soit exact parce que je sais que nous sommes très circonspects ( ...). Nous n'avons guère employé d'hommes politiques en France , sauf Dumouriez et peut-être Marat. "

Cette lettre est datée du 18 avril 1794.

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Message par Mme de Sabran Lun 23 Nov 2015, 16:15

J'ai poursuivi ce bouturage dans le sujet dévolu à Hébert . Le baron Jean-Pierre de Batz 3826491292

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Message par Invité Mer 25 Nov 2015, 21:07

Que j'aimerais trouver le temps de lire tout cela ! Smileàè-è\':

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Message par La nuit, la neige Dim 10 Mar 2024, 21:58

Voici, avec ses couleurs, le portrait original qui a inspiré la gravure présentée ci-dessus. Le British Museum continue d'ignorer le nom du sujet qui est pourtant inscrit, même si à l'envers et très estompé, dans la bordure blanche : Jean-Pierre de Batz !
Le baron Jean-Pierre de Batz Capt1465
Head and shoulders of an unknown gentleman Le baron Jean-Pierre de Batz 3236493444
Louis Rolland Trinquesse
Red chalk, 18th century
Image : The Trustees of the British Museum

Le baron Jean-Pierre de Batz Capt1466

Idea J'en profite pour signaler ici ce court article biographique récemment rédigé par Philippe Delorme et titré :

Arrow Baron de Batz : l'intriguant qui voulait sauver Louis XVI
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Le baron Jean-Pierre de Batz Empty Re: Le baron Jean-Pierre de Batz

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