Evelyne Lever : Marie-Antoinette
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Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Je ne connais pas la manip adéquate mais je pense que cette historienne mérite tout un sous-dossier à son nom compte tenu de tout ce qu'elle a écrit sur notre reine et pas que.
Sa bio de 1991 fut un grand moment de mon enfance.
Sa bio de 1991 fut un grand moment de mon enfance.
Invité- Invité
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
J'irais jusqu'à dire que Marie-Antoinette est un peu son filon, sa vache à lait ...
Que nous réserve-t-elle encore ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Sujet renommé avec le titre de cette bio seule.
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Les autres bouquins de l’historienne seront traités et distribués selon les thèmes et les styles...
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La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
La nuit, la neige a écrit:
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Tu as bien fait, c'est parfait ainsi .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Merci, Marie-Antoinette, je vais le télécharger sur votre recommandation, j'hésitais jusque là.........
En ce qui concerne la biographie de Marie-Antoinette, j'en suis à la lecture du dernier tiers, en 1789;
Jusqu'ici, je n'ai trouvé qu'un travail fin et soigneux, bien documenté;
En ce qui concerne la biographie de Marie-Antoinette, j'en suis à la lecture du dernier tiers, en 1789;
Jusqu'ici, je n'ai trouvé qu'un travail fin et soigneux, bien documenté;
Invité- Invité
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Je viens de terminer le premier travail d'Evelyne Lever consacré à Marie-Antoinette, sa biographie parue chez Fayard en 1991. Rien de bien nouveau pour certains spécialistes du forum, mais je vous soumettrai quand même mon analyse de ce livre et les réflexions inspirées par sa lecture, pour résumer en quelques mots (avant une plus longue description) : une biographie universitaire soignée mais manquant d'âme et de souffle, où quelques interprétations de l'auteur ouvrent des failles qui parfois même se retournent contre le sujet de ce livre !
To be continued...
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Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Avec plaisir, nous sommes tout ouïe !Eddy2000 a écrit:
To be continued...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Eddy2000 a écrit:Je viens de terminer le premier travail d'Evelyne Lever consacré à Marie-Antoinette, sa biographie parue chez Fayard en 1991. Rien de bien nouveau pour certains spécialistes du forum, mais je vous soumettrai quand même mon analyse de ce livre et les réflexions inspirées par sa lecture, pour résumer en quelques mots (avant une plus longue description) : une biographie universitaire soignée mais manquant d'âme et de souffle, où quelques interprétations de l'auteur ouvrent des failles qui parfois même se retournent contre le sujet de ce livre !
To be continued...
Confronté à l'écriture d'une biographie, il est préférable que le romancier s'évapore...cependant le biographe doit parfois ne pas juste être un transcripteur froid et distancié...la biographie d'Evelyne Lever est un travail sérieux et érudit (certes pas à jour des dernières recherches "scientifiques"), au style limpide et clair, même si plutôt académique, un ouvrage universitaire soigné où 4 parties assez distinctes se détachent : la jeunesse de Marie-Antoinette, Marie-Antoinette Dauphine, Marie-Antoinette Reine, Marie-Antoinette Reine face à la Révolution !
La partie sur sa jeunesse peut apparaître trop succincte et manquant un peu de développements. Un certain manque d'empathie et d'interrogations de la part de l'auteur se fait déjà sentir et va malheureusement hanter le reste du livre.
La partie sur Marie-Antoinette Dauphine va caractériser la direction prise par l'oeuvre : Marie-Antoinette, présentée comme une inconséquente frivole, pas assez cultivée et réfléchie pour prendre conscience de son futur rôle de Reine. La mise en exergue constante du désappointement ressenti par Mercy-Argenteau et Marie-Thérèse d'Autriche face à l'attitude de Marie-Antoinette, auquel semble souscrire l'auteur sans mise en perspective gêne : quid de la responsabilité de Marie-Thérèse d'Autriche qui a insuffisamment veillé à l'éducation de sa fille, quid aussi des éventuelles interrogations que peut susciter son rôle de "pièce d'échecs" (Marie-Antoinette) sur l'échiquier politique de Marie-Thérèse d'Autriche ? Pouvait-elle vraiment espérer que dans le Royaume de France et sa codification extrême, sa fille, qu'elle avait insuffisamment préparée, pourrait devenir aussi facilement le "deus ex machina" de cette intrigue ? Mme Lever ne s'interroge jamais sur ce fait, qui pourtant conditionne tout ce sujet !
Car en effet, Marie-Antoinette devenue Reine, Mme Lever nous abreuve alors de manière conséquente des différentes récriminations épistolaires de Mercy-Argenteau, Marie-Thérèse d'Autriche ou bien Joseph II envers Marie-Antoinette, des échanges épistolaires entre ces quatre personnes (sans oublier la relation Kaunitz-Mercy) mais en oubliant toujours semble-t-il un élément prépondérant : Marie-Antoinette n'était que LA FEMME de Louis XVI et donc son sujet, certes le premier, mais son sujet ! Il ne tenait qu'à lui et à son caractère de l'écarter de toute forme de décision ! Dans ces conditions, ne peut-on pas considérer que si Marie-Antoinette n'a pas eu le rôle prépondérant souhaité par Mercy-Argenteau, Marie-Thérèse d'Autriche, Joseph II ou bien Kaunitz, a-t-elle pour autant totalement démérité, a-t-elle abandonné tout rôle à ce sujet ? Les échecs "diplomatiques" rencontrés par l'Autriche (ex: Bavière) ne suffisent pas à caractériser ce fait d'une part et ne peuvent lui être imputés totalement d'autre part. Mme Lever manque ici d'analyse critique, de recul, certainement justifiés par son manque d'empathie.
La partie sur la Révolution est plus assurée. Mme Lever évite de céder au côté "Chronique des événements" et présente bien les enjeux politiques et l'impossibilité pratique qu'avait sans doute Marie-Antoinette à pouvoir envisager de manière acceptable la possibilité d'une monarchie constitutionnelle. Cependant, j'ouvre ici une parenthèse, une fois encore la responsabilité lui échappe comme une ombre que l'on ne peut jamais rattraper...que l'on partage ou pas son sentiment contre-révolutionnaire, il n'appartenait pas à Marie-Antoinette de sauver la monarchie...c'était à Louis XVI d'intensifier les échanges avec Mirabeau, sans doute à lui de s'entretenir avec Barnave, de sonder La Fayette...que Marie-Antoinette n'ait pu comprendre l'intensité de ce sentiment et de cette volonté révolutionnaires, peut lui être reproché...mais dans un principe d'efficacité, ce manque d'anticipation revenait encore plus à Louis XVI, qui lui en tant que Roi, devait toujours être dans un principe d'action. Cet aparté terminé, on ne peut blâmer Mme Lever, qui dans cette dernière partie, temporise justement son propos, présentant ici le Roi et la Reine, à la fois acteurs et jouets des circonstances, dont les circonvolutions politiques échoueront dans un théâtre d'ombres.
Se dégage au final une impression, tout au long de la lecture de ce livre, et encore plus, une fois celui-ci refermé...en présentant de manière trop ostensible une Marie-Antoinette dont l'intelligence, le sens politique et la culture sont aussi souvent pris en défaut, en se contentant d'une analyse aussi froide et désincarnée de son rôle politique réduit, en ne prenant pas le recul critique qu'aurait procuré une mise en perspective que confère l'empathie, on revient finalement à notre analyse première. Le livre de Mme Lever est un travail universitaire soigné et sérieux, mais qui manque cruellement d'âme et de souffle. Difficile de ne pas l'attribuer au manque d'empathie, ressenti par le lecteur, pour l'auteur envers son sujet, en l'occurrence Marie-Antoinette, ce qui me conduit à la réflexion finale suivante : je ne recommanderai pas ce livre comme première lecture poussée sur ce sujet, car j'ai bien peur que le manque "d'émotion" conféré par cet ouvrage puisse dissuader certains lecteurs de vouloir approfondir le sujet, ce qui est certainement au final le défaut majeur de cette biographie.
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Tout à fait d'accord avec vous, cher Eddy, la forme " roman " est complètement impropre à la démarche historique . C'est une tentation à laquelle cèdera pourtant Mme Lever lorsqu'elle écrira un imaginaire Journal d'une reine , Marie-Antoinette, même en se targuant de sources historiques. Pardon, mais je trouve que c'est sans intérêt aucun . Cela me rappelle Le destin d'une reine de Victoria Holt, rédigé de même à la première personne.
Confronté à l'écriture d'une biographie, il est préférable que le romancier s'évapore...cependant le biographe doit parfois ne pas juste être un transcripteur froid et distancié...la biographie d'Evelyne Lever est un travail sérieux et érudit (certes pas à jour des dernières recherches "scientifiques"), au style limpide et clair, même si plutôt académique, un ouvrage universitaire ...
Oui, c'est une mauvaise accroche .La partie sur sa jeunesse peut apparaître trop succincte et manquant un peu de développements. Un certain manque d'empathie et d'interrogations de la part de l'auteur se fait déjà sentir et va malheureusement hanter le reste du livre.
Ce n'est pas faux ... reconnaissons-le .La partie sur Marie-Antoinette Dauphine va caractériser la direction prise par l'oeuvre : Marie-Antoinette, présentée comme une inconséquente frivole, pas assez cultivée et réfléchie pour prendre conscience de son futur rôle de Reine.
Je crois que c'est Alexandre Maral qui appelle Marie-Antoinette " une reine qui déroge " ( c'est dur, très dur même) constatant le refus de Marie-Antoinette de la fonction souveraine de se plier à l'étiquette ( machine à rééduquer les reines , selon Joël Félix ) , mais bien heureuse de jouir de tous les avantages de sa position sans en admettre les contraintes.
On a beaucoup dit que Louis XVI n'était pas fait pour le métier de roi, Marie-Antoinette de son côté fuira comme lui la Cour et son devoir de représentation.
A Trianon, quel leurre de vouloir vivre comme une particulière : " Ici, je suis moi ".
Quand on lit la correspondance secrète Mercy / Marie-Thérèse, on en reste abasourdi.La mise en exergue constante du désappointement ressenti par Mercy-Argenteau et Marie-Thérèse d'Autriche face à l'attitude de Marie-Antoinette,
Marie-Antoinette ne pousse tout de même pas telle une herbe folle. Ainsi la comtesse Von Brandis un peu trop faible est-elle remplacée par la comtesse Lerchenfeld plus stricte . Marie-Antoinette est déjà adorablement indocile et enjôle son monde ! Ce qu'elle fera toute sa vie.auquel semble souscrire l'auteur sans mise en perspective gêne : quid de la responsabilité de Marie-Thérèse d'Autriche qui a insuffisamment veillé à l'éducation de sa fille,
Mais toute l'attention de Marie-Thérèse se concentre d'abord sur ses fils en général, Joseph en particulier, l'héritier, le futur empereur . Les filles serviront sa politique matrimoniale. Et d'ailleurs, il y en a une telle floppée avant Marie-Antoinette ! De là à croire que la petite passe un peu à l'as ... en tous cas, disons jusqu'à la perspective mirobolante du mariage français.
Tout est là d'un côté comme de l'autre. Louis XV, Bernis, Pompadour ( Choiseul viendra plus tard ) veulent ardemment ce renversement des alliances. Marie-Thérèse compte bien, de surcroit, que sa fille conduira son mari, à sa guise, dans la voie des intérêts de l'Autriche.quid aussi des éventuelles interrogations que peut susciter son rôle de "pièce d'échecs" (Marie-Antoinette) sur l'échiquier politique de Marie-Thérèse d'Autriche ?
Bien sûr qu'elle l'espérait .Pouvait-elle vraiment espérer que dans le Royaume de France et sa codification extrême, sa fille, qu'elle avait insuffisamment préparée, pourrait devenir aussi facilement le "deus ex machina" de cette intrigue ? Mme Lever ne s'interroge jamais sur ce fait, qui pourtant conditionne tout ce sujet !
Elle était d'autant plus fondée à le croire que Kaunitz avait été son ambassadeur en place à Paris avant Mercy. Il connaissait bien le terrain et le futur Louis XVI duquel il avait la plus piètre opinion .
Il faut lire la correspondance croisée Mercy / Joseph / Kaunitz pour se rendre compte à quel point extrême .
Pour ce trio infernal ( quatuor avec Marie-Thérèse ) , il était clair comme de l'eau de roche que Marie-Antoinette allait faire de son mari très exactement tout ce qu'elle voudrait ... c'est à dire ce que eux-mêmes voudraient et lui commanderaient.
Absolument. Et c'est là que le bât a blessé : Louis XVI, tant qu'il a soutenu la politique de Vergennes, n'a jamais cédé à Marie-Antoinette.Car en effet, Marie-Antoinette devenue Reine, Mme Lever nous abreuve alors de manière conséquente des différentes récriminations épistolaires de Mercy-Argenteau, Marie-Thérèse d'Autriche ou bien Joseph II envers Marie-Antoinette, des échanges épistolaires entre ces quatre personnes (sans oublier la relation Kaunitz-Mercy) ...
Elle-même soutenait Joseph de toute bonne foi puisqu'elle croyait son mariage garant de l'alliance franco-autrichienne. Que se passait-il ?! Elle ne comprenait plus.
Sa position était un cauchemar, elle était écartelée entre le véritable chantage affectif auquel se livrait Vienne et ce mari buté qui ( dans son esprit à elle n'est-ce pas, mettons-nous à sa place ) bafouait ni plus ni moins l'alliance.
Eh oui ! Quoi que pense, que dise, que fasse Marie-Antoinette, elle ne peut rien contre le dernier mot de Louis XVI. C'est lui qui tranche.Mme Lever nous abreuve alors de manière conséquente des différentes récriminations épistolaires de Mercy-Argenteau, Marie-Thérèse d'Autriche ou bien Joseph II envers Marie-Antoinette, des échanges épistolaires entre ces quatre personnes (sans oublier la relation Kaunitz-Mercy) mais en oubliant toujours semble-t-il un élément prépondérant : Marie-Antoinette n'était que LA FEMME de Louis XVI et donc son sujet, certes le premier, mais son sujet !
Ainsi l'écrit-elle à Mercy, le 19 août 1788 :
Je crains beaucoup que l' Archevêque ne soit obligé de partir tout à fait, et alors quel homme prendre pour mettre à la tête de tout ? Car il en faut un , surtout avec M. Necker.Il lui faut un frein. Le personnage au-dessus de moi n'en est pas en état, et moi. quelque chose qu'on dise et qui arrive, je ne suis jamais qu'en second, et malgré la confiance du premier, il me le fait sentir souvent.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1739p225-marie-antoinette-se-melait-elle-de-politique
C'est vrai.Il ne tenait qu'à lui et à son caractère de l'écarter de toute forme de décision ! Dans ces conditions, ne peut-on pas considérer que si Marie-Antoinette n'a pas eu le rôle prépondérant souhaité par Mercy-Argenteau, Marie-Thérèse d'Autriche, Joseph II ou bien Kaunitz, a-t-elle pour autant totalement démérité, a-t-elle abandonné tout rôle à ce sujet ? Les échecs "diplomatiques" rencontrés par l'Autriche (ex: Bavière) ne suffisent pas à caractériser ce fait d'une part et ne peuvent lui être imputés totalement d'autre part. Mme Lever manque ici d'analyse critique, de recul, certainement justifiés par son manque d'empathie.
Bien entendu, c'était atavique, " dans ses gènes " si j'ose dire, Marie-Antoinette rejetait en bloc la Révolution.La partie sur la Révolution est plus assurée. Mme Lever évite de céder au côté "Chronique des événements" et présente bien les enjeux politiques et l'impossibilité pratique qu'avait sans doute Marie-Antoinette à pouvoir envisager de manière acceptable la possibilité d'une monarchie constitutionnelle. Cependant, j'ouvre ici une parenthèse, une fois encore la responsabilité lui échappe comme une ombre que l'on ne peut jamais rattraper...
A qui le dites-vous !que l'on partage ou pas son sentiment contre-révolutionnaire, il n'appartenait pas à Marie-Antoinette de sauver la monarchie...c'était à Louis XVI d'intensifier les échanges avec Mirabeau, sans doute à lui de s'entretenir avec Barnave, de sonder La Fayette
Hélas, Louis XVI esquivait, fuyait ( je ne sais pas comment il faut dire ) ses responsabilités. Elles étaient trop lourdes pour lui, trop insurmontables. Il baissait les bras . Je pense à cet épisode effarant où à bout de patience, à bout de forces, il tombe dans les bras de Montmorin en pleurant, et les voilà qui pleurent tous les deux ensemble ( sur leur incapacité ?! ) .
... aurait dû être dans un principe d'action ....que Marie-Antoinette n'ait pu comprendre l'intensité de ce sentiment et de cette volonté révolutionnaires, peut lui être reproché...mais dans un principe d'efficacité, ce manque d'anticipation revenait encore plus à Louis XVI, qui lui en tant que Roi, devait toujours être dans un principe d'action.
et au milieu de conseils contradictoires qui les ont perdus.Cet aparté terminé, on ne peut blâmer Mme Lever, qui dans cette dernière partie, temporise justement son propos, présentant ici le Roi et la Reine, à la fois acteurs et jouets des circonstances, dont les circonvolutions politiques échoueront dans un théâtre d'ombres.
Peut-être. Trop d'empathie constitue peut être un piège pour l'historien dans lequel Mme Lever se garde de tomber ? Elle met de la distance entre elle et son sujet, je suppose dans un esprit scrupuleux d'impartialité, exposant les personnages, les dates, les événements, sans un frémissement d'émotion, sans prendre parti . Comme, tenez, dans le cas Fersen où elle faisait montre d'une grande froideur avant les fameux décryptages. Elle s'est réchauffée depuis .une analyse aussi froide et désincarnée ... Le livre de Mme Lever est un travail universitaire soigné et sérieux, mais qui manque cruellement d'âme et de souffle. Difficile de ne pas l'attribuer au manque d'empathie
Par contre, où Mme Lever m'a interloquée, choquée même, c'est dans l'affaire du Collier. Elle n'exclue pas la possibilité que Marie-Antoinette cachée dans un fourré ait assisté à la mascarade du rendez-vous nocturne dans lequel se fourvoie Rohan !!! Comment ! De quoi !!! Cette assertion me ferait presque hurler car il s'ensuivrait tout naturellement de ce raisonnement que Marie-Antoinette était de connivence avec les protagonistes de tout ce binz !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Ce n'est pas faux ... reconnaissons-le . Hop!
Je crois que c'est Alexandre Maral qui appelle Marie-Antoinette " une reine qui déroge " ( c'est dur, très dur même) constatant le refus de Marie-Antoinette de la fonction souveraine de se plier à l'étiquette ( machine à rééduquer les reines , selon Joël Félix ) , mais bien heureuse de jouir de tous les avantages de sa position sans en admettre les contraintes.
On a beaucoup dit que Louis XVI n'était pas fait pour le métier de roi, Marie-Antoinette de son côté fuira comme lui la Cour et son devoir de représentation.
A Trianon, quel leurre de vouloir vivre comme une particulière : " Ici, je suis moi ".
Je ne nie pas son caractère frivole ! Son non-respect de l'Etiquette ne me gêne pas, au sens où pour moi, Marie-Antoinette est l'une des premières incarnations de la "femme moderne", certes dans son cas de caractère frivole. Encore une fois, il ne tenait qu'à Louis XVI de moins lui accorder d'avantages. Dans ce système de l'Ancien Régime, Marie-Antoinette ne fait que dépoussiérer une fonction et la moderniser, mais les rênes du pouvoir appartiennent à Louis XVI (excusez-moi, le constitutionnaliste revient au galop) : de manière concrète, son rôle politique n'est pas à négliger quand on pense à toutes ces reines françaises oubliées et invisibles !
Marie-Antoinette ne pousse tout de même pas telle une herbe folle. Ainsi la comtesse Von Brandis un peu trop faible est-elle remplacée par la comtesse Lerchenfeld plus stricte . Marie-Antoinette est déjà adorablement indocile et enjôle son monde ! Ce qu'elle fera toute sa vie.
Mais toute l'attention de Marie-Thérèse se concentre d'abord sur ses fils en général, Joseph en particulier, l'héritier, le futur empereur . Les filles serviront sa politique matrimoniale. Et d'ailleurs, il y en a une telle floppée avant Marie-Antoinette ! Eventaille De là à croire que la petite passe un peu à l'as ... en tous cas, disons jusqu'à la perspective mirobolante du mariage français.
Je persiste à penser que Marie-Thérèse se montre inconséquente et dans cette affaire se fourvoie : si on a de si grands desseins pour l'un de ses enfants, elle aurait dû surveiller son éducation de beaucoup plus près, le caractère frivole de Marie-Antoinette n'étant certainement pas un secret pour elle (du moins je l'espère, dans le cas contraire cela ne ferait que redoubler ses erreurs).
Bien sûr qu'elle l'espérait .
Elle était d'autant plus fondée à le croire que Kaunitz avait été son ambassadeur en place à Paris avant Mercy. Il connaissait bien le terrain et le futur Louis XVI duquel il avait la plus piètre opinion .
Il faut lire la correspondance croisée Mercy / Joseph / Kaunitz pour se rendre compte à quel point extrême .
Pour ce trio infernal ( quatuor avec Marie-Thérèse ) , il était clair comme de l'eau de roche que Marie-Antoinette allait faire de son mari très exactement tout ce qu'elle voudrait ... c'est à dire ce que eux-mêmes voudraient et lui commanderaient.
Je vais être un peu dur, mais il y a là une grande naïveté de sa part : la Cour Française et le système politique de la France étaient parmi les plus codifiés et stricts d'Europe ! Croire qu'une adolescente, légère et sensible, pas si bien formée intellectuellement, va pouvoir s'arroger tous les pouvoirs dans un tel système relève du fantasme et du rêve ! Je persiste à penser qu'il s'agissait d'une gageure impossible, sauf le cas où Marie-Antoinette aurait "tenu" sexuellement Louis XVI, ce qui était vraisemblablement impossible ! La stratégie de Marie-Thérèse ressemble ici assez à un château de cartes ou de sable ! Je persiste à penser, qu'au vu même des circonstances, Marie-Antoinette s'est plutôt bien défendue !
... aurait dû être dans un principe d'action.
Oui, ou devait...
Peut-être. Trop d'empathie constitue peut être un piège pour l'historien dans lequel Mme Lever se garde de tomber ? Elle met de la distance entre elle et son sujet, je suppose dans un esprit scrupuleux d'impartialité, exposant les personnages, les dates, les événements, sans un frémissement d'émotion, sans prendre parti . Comme, tenez, dans le cas Fersen où elle faisait montre d'une grande froideur avant les fameux décryptages. Elle s'est réchauffée depuis .
Oui, cela peut être un piège si elle devient excessive. Dans le cas particulier de Marie-Antoinette, je crois qu'il faut en faire un peu preuve, afin de pouvoir faire une analyse correcte de son rôle.
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Plutôt que frivole, je dirais qu'elle était jeune tout simplement.Eddy2000 a écrit:
Je ne nie pas son caractère frivole ! Son non-respect de l'Etiquette ne me gêne pas, au sens où pour moi, Marie-Antoinette est l'une des premières incarnations de la "femme moderne", certes dans son cas de caractère frivole.
C'est même ce qui, à mes yeux, la rend si attachante et émouvante. Marie-Antoinette garde une part d'enfance, si longtemps ! Elle veut s'amuser, s'étourdir . Mais pourquoi ? Son tourbillon de dissipations, comme dit Mercy, est une fuite, selon Waresquiel : elle se fuit elle-même parce qu'elle n'a aucune confiance en elle, elle ne se croit pas aimée, elle est dans un vide abyssal de tendresse .
Elle arrive à s'extirper de cette enfance mal digérée et devenir une vraie femme grâce à l'amour de Fersen et les conseils de Mme de Polignac ( les discussions oiseuses, comme les appelle Mercy aux aguets et bien désappointé de n'y pouvoir mais ).
De même, posséder un petit chez elle, rien qu'à elle, se donner les moyens matériels de s'isoler pour défendre son intimité, ça oui c'était ruer dans les brancards et un pied de nez aux vieilles barbes qui l'insupportaient ... un parfum de scandale flottait .
Les rênes du pouvoir ! Louis XVI les tenait si mollement . Il les lâche dès 1787. Il n'avait pas la carrure... malheureusement, il avait encore le dernier mot. Comme ce soir, à Varennes, où il faudrait forcer le passage et poursuivre la route . Il renonce: Il n'y a plus de roi en France. Et ce fut pareil le 10 août.Encore une fois, il ne tenait qu'à Louis XVI de moins lui accorder d'avantages. Dans ce système de l'Ancien Régime, Marie-Antoinette ne fait que dépoussiérer une fonction et la moderniser, mais les rênes du pouvoir appartiennent à Louis XVI (excusez-moi, le constitutionnaliste revient au galop) :
Certainement. C'est elle qui, forcée et contrainte, s'empare des rênes du pouvoir quand éclate la Révolution, les Mirabeau, Barnave and Co ne s'y trompent pas et négocient avec elle. Mais elle " ne vient toujours qu'en second " et n'a pas le pouvoir décisionnaire .de manière concrète, son rôle politique n'est pas à négliger quand on pense à toutes ces reines françaises oubliées et invisibles !
Sur son rôle politique, notre passionnant sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1739-marie-antoinette-se-melait-elle-de-politique?highlight=politique
Marie-Thérèse table sur la réputation de faiblesse ( presque d'imbécillité selon Kaunitz et Mercy ) du futur Louis XVI. Cela palliera la légèreté de Marie-Antoinette dûment corrigée par Mercy.Je persiste à penser que Marie-Thérèse se montre inconséquente et dans cette affaire se fourvoie : si on a de si grands desseins pour l'un de ses enfants, elle aurait dû surveiller son éducation de beaucoup plus près, le caractère frivole de Marie-Antoinette n'étant certainement pas un secret pour elle (du moins je l'espère, dans le cas contraire cela ne ferait que redoubler ses erreurs).
C'était vrai sous Louis XIV, déjà beaucoup moins sous Louis XV, et qu'en reste-t-il sous Louis XVI qui commence par soutenir des ministres et puis les renvoie sous la pression courtisane ?Je vais être un peu dur, mais il y a là une grande naïveté de sa part : la Cour Française et le système politique de la France étaient parmi les plus codifiés et stricts d'Europe !
S'arroger tous les pouvoirs, sûrement pas, mais mener son mari par le bout du nez.Croire qu'une adolescente, légère et sensible, pas si bien formée intellectuellement, va pouvoir s'arroger tous les pouvoirs dans un tel système relève du fantasme et du rêve !
Elle ne pouvait pas le tenir sexuellement par une emprise amoureuse, mais, contournons cet écueil, elle pouvait le dominer par la conscience qu'avait " le pauvre homme " justement de ses complexes sexuels. Pauvre Loulou ! Est-ce que vous me suivez ? Attention, hein ! Je n'y crois pas. Du moins pas volontairement. Car il aurait fallu pour cela qu'elle soit mauvaise, perfide, machiavélique, une manière de mante religieuse ... non .Je persiste à penser qu'il s'agissait d'une gageure impossible, sauf le cas où Marie-Antoinette aurait "tenu" sexuellement Louis XVI, ce qui était vraisemblablement impossible !
Marie-Antoinette n'était que bonté. D'ailleurs elle éprouvait une forme d'affection, sinon de tendresse, pour ce mari dont elle écrivait avec beaucoup de lucidité " le roi n'est pas en état ".
Là nous sommes d'accord. Marie-Antoinette me fait penser à la petite chèvre de M. Séguin qui ne meurt qu'après s'être battue comme une lionne, jusqu'au bout.La stratégie de Marie-Thérèse ressemble ici assez à un château de cartes ou de sable ! Je persiste à penser, qu'au vu même des circonstances, Marie-Antoinette s'est plutôt bien défendue !
Pour Marie-Antoinette, elle me semble couler de source ( sauf à être un coeur sec ).Oui, l'empathie peut être un piège si elle devient excessive. Dans le cas particulier de Marie-Antoinette, je crois qu'il faut en faire un peu preuve, afin de pouvoir faire une analyse correcte de son rôle.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Je ne sens pas beaucoup de désaccords entre nous, à vrai dire !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Evelyne Lever : Marie-Antoinette
Eh bien ! Quel dialogue érudit, chers amis !!
La nuit, la neige- Messages : 18132
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